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7.février.20167.2.2016 // Les Crises

« Tout n’est pas de la faute à Poutine », par Stephen Cohen

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Source : Oriental Review, 07-12-2015

Prof. Stephen COHEN (USA)

Transcription du discours du Professeur Stephen Cohen au « Center for Citizen Initiatives » au San Francisco Commonwealth Club, le 18 novembre, 2015.

…Je suis ravi de me retrouver ici à San Francisco en votre compagnie. Plus on s’éloigne de Washington et des médias dominants, plus les présentations deviennent aimables !

Quelques-uns parmi vous savent peut-être que notre petit groupe, qui a protesté contre la politique américaine depuis le début de la crise ukrainienne il y a deux ans, se sont vus décrire en termes sévères et désobligeants comme des “apologistes de Poutine, des idiots utiles de Poutine, les meilleurs amis de Poutine en Amérique.”

Paris aurait dû changer tout cela, mais pour ces gens-là, il n’en fut rien. Je suis allé sur Internet ce matin et c’était toujours le même son de cloche. Alors, permettez-moi de commencer en disant quelques mots à mon sujet.

Ma réponse à ces accusations est la suivante, “Non, c’est moi qui suis un patriote de la sécurité nationale américaine, et pas vous… » en fait, je l’ai été depuis que j’ai commencé à étudier la Russie il y a quelque 50 ans.

J’ai débuté au Kentucky, puis je suis allé à l’Université d’Indiana, et de vieux amis ici présents peuvent témoigner que je mon attitude était la même il y a nombre d’années. En chemin, je suis arrivé à la conviction – il n’importe pas de savoir pourquoi et comment – que la sécurité nationale américaine passe par Moscou. Ceci signifie qu’un Président américain doit avoir un partenaire au Kremlin – pas un ami, mais un partenaire. C’était vrai au temps de l’Union Soviétique, c’est vrai aujourd’hui.

Et cela demeure vrai quels que soit le danger existentiel ou la menace mondiale grave que vous montiez en épingle. Pour certains, c’est le changement climatique, pour d’autres, les droits humains, pour d’autres [la nécessité] d’étendre la démocratie. Pour moi, depuis un bout de temps, c’est la nouvelle forme de terrorisme qui frappe le monde aujourd’hui. Ces terroristes ont cessé d’être des « acteurs non-étatiques. » Ces types sont organisés, ils ont une armée, ils ont un état auto-proclamé, ils ont d’amples ressources et ils ont la faculté de nous faire beaucoup de mal en diverses parties du monde. Tout le monde semble avoir oublié le 11-septembre et Boston, mais Paris devrait nous rappeler ce qui est en jeu.

Pour moi, donc, le terrorisme international est la menace, aujourd’hui, dans le monde, qui devrait être la priorité de l’Amérique en fait de sécurité nationale. Et je veux dire qu’il devrait être la top priorité pour le Président des Etats-Unis, qu’il ou elle soit un Républicain ou une Démocrate. C’est la menace existentielle représentée par cette nouvelle forme de terrorisme, de guerres civiles menées par des zélotes religieux, ethniques – et, pire que tout, ces types veulent désespérément mettre main basse sur des matières premières dans le but de fabriquer des armes de destruction massive. Le contenu d’une seule tasse de matière radioactive dans un de ces avions du 11-septembre aurait rendu le bas-Manhattan inhabitable, à ce jour.

Les terroristes d’aujourd’hui utilisent des armes conventionnelles, bombes, mortiers et armes à feu. Mais si à Paris ils avaient eu à leur disposition une seule tasse de matière radioactive, il aurait fallu évacuer Paris. C’est ça la vraie menace, aujourd’hui. Cette sorte de menace ne peut pas être diminuée, contenue et encore moins éradiquée à moins d’avoir un partenaire au Kremlin. Voici le premier et le dernier mot de toute cette histoire. Notez encore une fois que je n’ai pas dit un « ami, » mais un partenaire. Nixon et Clinton nous rebattaient les oreilles avec leur « cher ami Brejnev, » et leur ami Eltsine; tout cela, c’était du théâtre. Je me moque que nous aimions ou non le leader du Kremlin; ce qu’il nous faut, c’est reconnaître nos intérêts communs pour former un partenariat – comme deux personnes qui font des affaires ensemble établissent un contrat. Ils ont les mêmes intérêts et ils doivent pouvoir se faire confiance – car si l’une des deux viole le contrat, les intérêts de l’autre sont compromis.

Nous n’avons pas cela avec la Russie, même après Paris, et c’est en substance ce dont nous avons besoin, comme je ne cesse de le dire depuis quelques années. On me rétorque que mes vues sont « pro-Poutine » et non-patriotiques, ce à quoi je réponds : “Non, ceci est la plus haute forme de patriotisme au regard de la sécurité nationale américaine.”

Je vais donc soulever quelques points aujourd’hui, très rapidement et plutôt crûment, plutôt que de prononcer une leçon. Cela m’intéresse moins de faire la leçon que d’apprendre ce que d’autres ici présents ont à dire.

Mon premier point est le suivant: La chance d’un partenariat stratégique durable Washington-Moscou a été perdue au courant des années 1990 après la fin de l’Union Soviétique. En fait, on a commencé à la perdre plus tôt, car Reagan et Gorbatchev nous avaient offert l’opportunité d’un partenariat stratégique entre 1985-89. Et elle prit fin pour de bon sous l’administration Clinton, et ce ne fut pas du fait de Moscou. Elle prit fin à Washington — elle a été gâchée et perdue à Washington. Et elle fut si mal perdue qu’à présent, depuis ces dernières années à tout le moins (et je soutiendrais, depuis la guerre de Géorgie en 2008), nous nous sommes littéralement retrouvés dans une nouvelle Guerre Froide avec la Russie. Nombre de gens en politique et dans les médias ne veulent pas l’appeler ainsi, parce que s’ils admettent : « Oui, nous sommes dans une Guerre Froide, » il leur faudrait expliquer ce qu’ils ont fait durant ces vingt dernières années. Alors, ils préfèrent dire : « Non , ce n’est pas une Guerre Froide.”

Et voici mon nouveau point. Cette nouvelle Guerre Froide a tout le potentiel nécessaire pour être encore plus dangereuse que les quarante ans de Guerre Froide précédente, et ce, pour différentes raisons. Tout d’abord, pensez-y. L’épicentre de la Guerre Froide précédente se trouvait à Berlin, et non à proximité de la Russie. Il y avait une vaste zone tampon entre la Russie et l’Occident en Europe de l’Est. Aujourd’hui, l’épicentre est en Ukraine, littéralement aux frontières de la Russie. C’est le conflit en Ukraine qui a provoqué cela et politiquement, l’Ukraine demeure une bombe à retardement. La confrontation aujourd’hui est non seulement aux frontières de la Russie, mais elle se passe au coeur de la « civilisation slave » russo-ukrainienne. Il s’agit d’une guerre civile aussi profonde par certains aspects que la Guerre de Sécession américaine.

Nombre d’antagonistes en Ukraine ont été élevés dans la même foi, parlent le même langage et sont de mariage mixte. Quelqu’un a-t-il une idée combien il y existe de mariages mixtes russo-ukrainiens aujourd’hui ? Des millions. Presque toutes les familles sont mixtes. Ceci continue d’être une bombe à retardement et peut causer encore du dégât, et amener de plus grands dangers encore. Le fait est que ceci se passe juste à la frontière de la Russie et, de fait, au cœur même de l’âme russo-ukrainienne… ou du moins de la moitié de l’âme ukrainienne… et comme une moitié de l’Ukraine désire appartenir à l’Europe de l’Ouest, cela n’en devient que plus dangereux…

Le point suivant est encore pire: vous vous souviendrez qu’après la crise des missiles de Cuba, Washington et Moscou développèrent certaines règles de conduite mutuelle. Ils reconnurent combien ils avaient périlleusement frôlé une guerre nucléaire, et ils adoptèrent des « en-aucun-cas, » encodés soit dans des traités, soit dans des accords non-officiels. Chacun des deux côtés savait où passait la ligne rouge de l’autre. Les deux côtés ont trébuché dessus à l’occasion, mais ils se retiraient immédiatement parce qu’ils étaient mutuellement d’accord qu’il s’agissait de lignes rouges. AUJOURD’HUI IL N’Y A PAS DE LIGNES ROUGES.

Une des choses que Poutine et son prédécesseur, le Président Medvedev, ne cessent de dire à Washington est: Vous franchissez nos Lignes Rouges ! Et Washington dit et continue de dire:“Vous n’en avez pas, de lignes rouges. C’est nous qui avons des lignes rouges et nous pouvons avoir autant de bases que nous voulons autour de vos frontières, mais vous ne pouvez pas avoir de bases au Canada ou au Mexique. Vos lignes rouges n’existent pas!” Ceci illustre clairement le fait qu’aujourd’hui, il n’y existe pas de règles de conduite mutuelles.

Ces dernières années, par exemple, il y a déjà eu trois guerres par procuration entre les Etats-Unis et la Russie; la Géorgie en 2008, l’Ukraine début 2014, et avant Paris …. Il semblait bien que la Syrie serait la troisième. Nous ne savons pas encore quelle position Washington prendra sur la Syrie. Hollande a pris sa décision; il a déclaré une coalition avec la Russie. D’après ce qu’on comprend à Moscou, Washington “est silencieux ou opposé à une coalition avec Moscou.

Un autre point important: Aujourd’hui, il n’y existe absolument aucune force politique ni aucun mouvement anti-Guerre Froide ou Pro-Détente aux Etats-Unis, aucun !––ni au sein de nos partis politiques, ni à la Maison Blanche, ni au Département d’Etat, ni dans les médias dominants, ni dans les universités ou les “think tanks [groupes de réflexion].” Je vois qu’une collègue, ici, opine du chef, car nous nous souvenons que, durant les années 1970 et au long des années 1980, nous avions des alliés jusqu’à la Maison Blanche même, parmi les aides du Président. Nous avions des alliés au Département d’Etat, et nous avions des Sénateurs et des Membres de la Chambre des Représentants qui étaient pro-détente et qui nous soutenaient, qui eux-mêmes élevaient la voix, et qui écoutaient nos points de vue avec attention. Rien de tout cela n’existe aujourd’hui. Sans cette forme d’ouverture et de plaidoyer au sein d’une démocratie, que pouvons-nous faire? Nous ne pouvons pas lancer des bombes pour attirer l’attention ! Nous ne pouvons pas nous faire publier dans les médias dominants, nous ne pouvons pas faire entendre notre voix dans le pays. Cette absence de débat au sein de notre société est extrêmement dangereuse.

Mon point suivant sera une question: Qui est responsable de cette nouvelle Guerre Froide? Je ne pose pas la question pour pointer du doigt qui que ce soit. Ce qui m’intéresse, c’est un changement dans la politique des Etats-Unis qui ne peut venir que de la Maison Blanche, quoique le Congrès pourrait y aider. Mais il faut que nous sachions ce qui a mal tourné dans les relations USA-Russie après la fin de l’Union Soviétique en 1991, et pourquoi… sinon il n’y aura pas de nouveau mode de pensée possible. Et il n’y aura pas de nouvelle politique. Au point où nous en sommes, il n’y a aucun mode de pensée nouveau dans l’élite américaine politico-médiatique. On s’est beaucoup mis à penser au sein du Parlement Européen. Il y a beaucoup d’angoisse en France et en Allemagne, et même Cameron à Londres s’est mis à reconsidérer.

L’attitude de l’establishment politico-médiatique américain actuel est que cette nouvelle Guerre Froide est entièrement de la faute de Poutine – entièrement, sous tous ses aspects. Nous, en Amérique, nous ne nous sommes trompés en rien. A chaque étape, nous avons été vertueux et sages et Poutine était agressif et un méchant bonhomme. Alors, qu’y aurait-il à repenser? C’est l’affaire de Poutine de repenser, pas la nôtre.

Je ne suis pas d’accord. Et c’est cela qui amené ces scandaleuses attaques sur ma tête et sur celles de mes collègues. J’ai été élevé au Kentucky selon l’adage « il y a deux versions de toute histoire.” Et ces gens disent, “Non, cette histoire, l’histoire des relations russo-américaines, n’a qu’une seule version. Il est inutile d’en considérer la moindre portion avec le regard de la partie adverse. Contentez-vous d’aller sur la place publique et de répéter la « narrative conventionnelle de l’élite dominante. » Si nous continuons dans cette voie, et ne portons pas attention pas à la situation existante, nous allons avoir un autre “Paris,” et pas seulement aux Etats-Unis.

C’est pourquoi je dis que nous devons être des patriotes de la sécurité nationale américaine et tout reconsidérer. Pour une raison quelconque, l’administration Clinton a déclaré une politique du “gagnant-emporte-tout” à l’encontre de la Russie post-soviétique. Elle a dit : “Nous avons gagné la Guerre Froide.” Ce n’est pas vrai. L’ex-ambassadeur à Moscou durant l’ère Reagan-Gorbatchev, Jack Matlock, explique dans ses livres tout ce qui s’est passé, à chaque étape des négociations avec Gorbatchev. La réalité, c’est que l’administration Clinton a adopté des politiques mal avisées de par son approche du « gagnant-emporte-tout. »

Quelles furent les conséquences de cette politique ? Il y en eut beaucoup. La pire fut qu’elle ruina la chance d’un partenariat stratégique avec la Russie à un tournant décisif de l’histoire.

Les quatre politiques U.S. qui ont le plus offensé les Russes:

1) La décision d’étendre l’OTAN jusqu’à la frontière même de la Russie: ça n’a aucun sens de dire que Poutine a violé l’ordre de l’après-Guerre-Froide en Europe. La Russie a été exclue de l’ordre de l’après-Guerre-Froide en Europe du fait de l’expansion de l’OTAN. La Russie a été repoussée « quelque part au-delà » (au-delà d’une zone de sécurité). La Russie insistait: « Procédons à un arrangement de Sécurité Pan-Européenne comme Gorbatchev et Reagan le proposaient. » Les expansionnistes de l’OTAN dirent : « Ceci n’a rien de militaire, c’est une question de démocratie et de libre échange, ce sera bon pour la Russie, avalez le poison et souriez ! » Et quand les Russes n’avaient pas le choix, dans les années 1990, ils l’ont fait; mais lorsqu’ils sont redevenus plus forts et se sont retrouvés dans la possibilité de choisir, ils ont cessé de subir en silence.

La Russie commença à se défendre, comme l’aurait fait tout dirigeant russe qui aurait été sobre et qui avait le soutien de son pays. Je ne dis pas ça pour rire. A la fin, Eltsine pouvait à peine marcher. Il a été poussé hors de la présidence, il n’a pas démissionné volontairement. Mais le fait est que n’importe qui aurait pu prédire cette situation dans les années 1990 – et certains d’entre nous l’ont fait, souvent et aussi fort qu’il nous était permis.

2) Le refus de la part des Etats-Unis de négocier au sujet des missiles de défense: les missiles de défense sont maintenant un projet de l’OTAN. Ceci veut dire que les installations de missiles de défense, sur terre ou sur mer (celles sur mer étant les plus dangereuses) font maintenant partie de l’expansion de l’OTAN et de son encerclement de la Russie. La défense anti-missiles fait partie de ce système de défense. Les Russes sont absolument certains que ce sont leurs capacités de représailles nucléaires qui sont visées. Nous disons : « Oh, non, cela concerne l’Iran, cela ne vous concerne pas. » Mais allez donc vous entretenir avec Ted Postel à l’MIT [Massachussetts Institute of Technology]. Il explique que les missiles de défense des dernières générations sont des armes offensives qui peuvent frapper les installations russes. Entre-temps, nous accusons la Russie de développer à nouveau des missiles de croisière; et ils ont recommencé à le faire parce que nous sommes retournés à une course aux armements « œil-pour-œil, dent-pour-dent, » pour la première fois depuis nombre d’années.

3) Le fait de nous mêler des affaires intérieures de la Russie au nom de la promotion de la démocratie: en plus de financer les programmes d’ « opposition politique » du National Endowment for Democracy partout en Russie et en Ukraine––êtes-vous conscients du fait que lorsque Medvedev était Président de Russie et que Mme Clinton et Michael McFaul procédèrent à leur merveilleuse « réinitialisation, » (c’était un jeu diplomatique truqué, si vous en regardez les conditions), le Vice-Président Biden se rendit à l’Université d’Etat de Moscou et déclara que Poutine ne devait pas retourner à la Présidence. Il le lui répéta ensuite à la figure. Imaginez Poutine venant ici dans les semaines à venir et disant à Rubio ou à Clinton d’abandonner la course pour la Présidence!

Reste-t-il encore des lignes rouges quand il est question de notre attitude envers la Russie ? Avons-nous le droit de dire et de faire tout ce que nous voulons ? Ceci s’étend à tous les domaines, et certainement à la politique. La Maison Blanche ne peut simplement pas se taire, harcelée comme elle l’est par les lobbies anti-russes accrédités et les médias dominants. Nous croyons tous en la démocratie, mais que cela nous plaise ou non, nous ne pourrons pas imposer la démocratie à la Russie; et si nous pouvions le faire, nous ne serions peut-être pas contents des résultats produits.

Alors posez-vous la question, y-a-t-il une position sur la Russie qui devrait être prudemment repensée, dans l’après-Paris? Et la Russie aurait-elle à tout le moins quelques intérêts légitimes dans le monde ? Et si oui, lesquels ? Qu’en est-il de leurs frontières? Ont-ils des intérêts légitimes en Syrie?

4) Mon dernier point est un espoir prescriptif (avant Paris, je ne pensais pas qu’il y avait d’espoir du tout). Maintenant il y existe encore une chance de réaliser le partenariat perdu avec la Russie, au moins dans trois domaines :

  • L’Ukraine: vous savez ce que sont les Accords de Minsk. Ils furent formulés par Angela Merkel, François Hollande, le Président ukrainien Poroshenko et le Président Poutine. Ils demandent une fin négociée de la guerre civile en Ukraine. Ils reconnaissent que le conflit a été principalement une guerre civile et seulement de manière secondaire une question d’agression russe. Je n’ai que faire de ce que disent les médias dominants américains – c’était principalement une guerre civile ukrainienne. Mettre fin à cette guerre civile serait hautement producteur de sécurité aujourd’hui.
  • La Syrie: avant Paris, je pensais qu’il n’y avait presque aucune chance d’une coalition de l’Amérique avec la Russie. En partie parce que… et je ne donne pas fort dans l’analyse psychologique, mais au moins en partie parce qu’Obama a une fixation sur Poutine. Il lui en veut, et il parle de lui d’une manière qui n’est pas très judicieuse. Mais avec Paris, et Hollande annonçant qu’il y a maintenant une coalition franco-russe, et l’Allemagne qui est d’accord, je dirais que presque toute l’Europe occidentale est montée à bord, il y existe une chance, mais seulement si la Maison-Blanche en saisit l’opportunité. Nous serons fixés très bientôt.
  • La fausse idée que la menace nucléaire s’est arrêtée avec l’Union Soviétique: en fait, la menace est devenue plus diversifiée et plus compliquée. C’est une chose que les élites politiques ont oubliée. Ce fut encore un mauvais service rendu par l’administration Clinton (et jusqu’à un certain point par le premier Président Bush, lors de sa campagne de réélection) que de dire que les dangers nucléaires de la Guerre Froide qui avait précédé n’existaient plus après 1991. La réalité est que la menace a augmenté, soit par inattention ou par accident, et qu’elle est plus dangereuse maintenant que jamais.

L’année dernière, la Russie s’est retirée de l’Initiative Nunn-Lugar dont vous vous souvenez peut-être qu’elle fut l’un des articles de législation les plus sages jamais passés par le Congrès. Durant les années 1990, nous avons donné de l’argent à la Russie pour immobiliser et sécuriser leur matériel de fabrication d’armes de destruction massive. De plus, nous avons payé des salaires à leurs scientifiques qui savaient fabriquer et utiliser ces matériels, et qui autrement auraient pu aller vendre leur savoir et trouver des emplois en Syrie, au Yémen ou au Caucase. La Russie s’est retirée, mais a déclaré qu’elle veut renégocier Nunn-Lugar selon des termes différents. La Maison Blanche a refusé. Après Paris, on espère qu’Obama aura pris le téléphone et dit : “Je vais vous envoyer quelqu’un, finissons ce boulot.”

Malheureusement, les rapports semblent indiquer que la Maison Blanche et le Département d’Etat pensent avant tout à la manière de contrer les actions de la Russie en Syrie. Ils s’inquiètent, d’après les rapports, de ce que la Russie diminue le leadership américain dans le monde.

ET VOICI LA CONCLUSION: Nous, aux Etats-Unis, ne pouvons plus diriger le monde tout seuls, si tant est que nous le pûmes jamais. Bien avant Paris, la mondialisation et d’autres développements se sont produits qui ont mis fin au monde monopolaire, dominé par les Etats-Unis. Ce monde est fini. Un monde multipolaire a émergé sous nos yeux, non seulement en Russie mais dans cinq ou six capitales dans le monde. Le refus obstiné de Washington d’embrasser cette réalité nouvelle fait maintenant partie du problème, et non partie de la solution.

Voilà où nous en sommes aujourd’hui…. Même après Paris.

Le Professeur Stephen F. Cohen est un spécialiste américain de l’étude de la Russie à l’Université de Princeton et à New York University. Son travail universitaire est centré sur l’histoire de la Russie depuis la Révolution Bolchévique et les relations de la Russie avec les Etats-Unis.

Traduction : Anne-Marie de Grazia

Source : Oriental Review, 07-12-2015

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

DUGUESCLIN // 07.02.2016 à 07h07

Mais chez nous que se passe-t-il? Un pouvoir soutenu par 20 % de 50 % de votants?
Des lois votées en catimini. Des débats occultés et des pseudo spécialistes qui sont d’accords sur le fond avec un semblant de désaccord sur la forme.
Tout contradicteur chez nous est insulté, ridiculisé, accusé tantôt de complotiste, d’identitaire ou d’extrêmiste. Le débat contradictoire n’existe pas chez nous.
Où est le totalitarisme?
Les russes ne sont pas rancuniers, ils comprennent que nous subissons une propagande injuste et ils en ont une bonne connaissance.
Mes voyages fréquents en Russie me permettent d’en être témoin. Nos politiques, s’ils étaient des vrais représentants du peuple devraient aller sur place. Mais ils préfèrent continuer à débiter leurs âneries au service de leurs maîtres de l’ombre.
Ceci dit je ne reproche pas à M. Stephen Cohen de faire l’effort d’une compréhension plus juste d’une réalité qu’on nous cache.

42 réactions et commentaires

  • vincent // 07.02.2016 à 04h53

    Bien qu’il soit judicieux dans son analyse, certains éléments témoignent quand même d’une limite (consciente ou non) dans sa façon de penser le monde. Il admet le monde multi polaire, et critique l’entêtement de Washington. Cependant je crois que le problème est d’une autre nature que la simple volonté de domination US du monde. C’est le modèle capitaliste sans foi ni loi qui continue à régner sans partage sur ce monde qui pose problème.
    Il ne peut y avoir de partenariat Russie Occident sans une remise en question par l’occident de son action depuis plus d’un siècle, et du modèle de société qu’elle a proposé.

    Pour Cohen, la Russie ne semble pas démocratique, et au delà d’une coopération géostratégique pour les deux grands, il ne propose rien, rien qui ne soit constructif pour le monde, c’est les intérêts de chacun encore et toujours au détriments des autres. Et c’est cette façon de penser qu’il faut changer.

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    • vincent // 07.02.2016 à 05h01

      La Russie a quand même évoluée depuis l’URSS, Poutine est autant présent que les familles Bush et Clinton l’ont été à leur tour.
      Les Russes, sont je pense, plus ouvert à la coopération constructive et à l’idée d’un modèle alternatif de société que ne le seront jamais les américains. (c’est mon sentiment cela peut être complètement faux) Je crois que l’échec de l’URSS a rendu les Russes peut être moins arrogants et plus sage dans leur rapport avec le monde. C’est une leçon que l’occident a hélas besoin, l’occident et le système capitaliste, nécessaire pour voir de notre côté du monde enfin une remise en question pleine et entière de notre modèle de société.
      Donc je crois que Cohen se trompe de problème en optant uniquement pour la « sécurité » de son pays via un partenariat avec Moscou, et le reste du monde? Qui s’en préoccupe? Attention je ne dis pas « interventionnisme », je dis que la coopération doit s’étendre à tous les pays avec équité, et pas uniquement qu’entre les puissants.

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    • Dominique // 07.02.2016 à 14h34

      « certains éléments témoignent quand même d’une limite (consciente ou non) dans sa façon de penser le monde. »
      En effet. On peut lire « nous ne pourrons pas imposer la démocratie à la Russie ». J’ai du mal à comprendre en quoi la Russie est moins une démocratie que les États-Unis. Toute deux ne sont pas loin d’une ploutocratie, encore qu’elle est institutionnalisée par le financement des campagnes présidentielles aux USA et que l’oligarchie russe a été mise en place avec la complicité de ces mêmes USA. Dans la pensée de Cohen, il semblerait que la démocratie ne soit rien d’autre que l’American way of live.

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      • Judge Dredd // 08.02.2016 à 10h17

        La démocratie selon les USA réside dans l’acceptation par le pays dominé de la soumission du « pouvoir politique » au « pouvoir financier ».
        -le Qatar et l’Arabie Saoudite sont des démocraties.
        -la Russie et l’Iran ne sont pas des démocraties.
        Le régime politique importe peu, tant que « l’épice circule » (amateurs de Dune, c’est pour vous). SI l’épice circule, on parle alors de démocratie.
        En dehors de ça, l’article est intéressant: certains américains doivent commencer à comprendre que la détestation qu’ils provoquent partout dans le monde est en train d’évoluer vers une forme trop dangereuse, même pour eux.

          +2

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  • François // 07.02.2016 à 05h23

    Un des meilleurs article que j’ai lu sur le sujet par un homme qui apparement connaît parfaitement l’histoire et la mentalité des deux pays, c’est à mon sens une référence merci de nous l’avoir diffuse
    La situation est devenue tellement grave qu’il est impérieux, de commencer à s’occuper de la sécurité du monde

      +22

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  • DUGUESCLIN // 07.02.2016 à 07h06

    En attendant le Président de la Fédération de Russie a le soutien de plus de 85 % de sa population.
    Ceux qui pensent que les russes sont mal informés, se trompent ils ont tort. Les débats télévisuels sont réellement contradictoires, pas comme chez nous. Les russes sont informés et s’informent de tout ce qui se dit chez nous. Ils ont l’expérience d’un temps où la propagande était utilisée par le pouvoir et sont mieux armés que nous pour s’en défendre.
    Faire croire aux russes que leur président est une sorte de dictateur est vécu comme une insulte pour eux, car c’est une façon indirecte de leur dire qu’il ne sont que des abrutis ignares qui soutiennent un pouvoir totalitaire.

      +80

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    • Nerouev // 07.02.2016 à 09h59

      Il y a actuellement des débats politiques télévisés avec notamment des Ukrainiens très ukrainiens et un américain (parlant couramment le russe) très pro-américain.

        +17

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    • vincent // 07.02.2016 à 16h58

      C’est ce que sous entende pas mal de journaliste chez nous quand ils parlent de la propagande russe, car apparemment les russes sont décidément trop bête pour se faire leur propre idée de l’information. Par contre chez nous dès que l’on commence à mettre en doute les propos de nos médias on passe pour des complotiste.

      En résumé : les russes ne doivent pas croire leur médias car c’est de la propagande, en France par contre ne devons les croire, parce que je suppose qu’ils disent la vérité.

      j’aime ces contradictions qui révèlent la bêtise de nos journalistes.

      Par ailleurs Coluche le soulevait bien y a 30 ans, les journalistes ne croient pas les mensonges des hommes politiques, mais ils les répètent.

        +19

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  • DUGUESCLIN // 07.02.2016 à 07h07

    Mais chez nous que se passe-t-il? Un pouvoir soutenu par 20 % de 50 % de votants?
    Des lois votées en catimini. Des débats occultés et des pseudo spécialistes qui sont d’accords sur le fond avec un semblant de désaccord sur la forme.
    Tout contradicteur chez nous est insulté, ridiculisé, accusé tantôt de complotiste, d’identitaire ou d’extrêmiste. Le débat contradictoire n’existe pas chez nous.
    Où est le totalitarisme?
    Les russes ne sont pas rancuniers, ils comprennent que nous subissons une propagande injuste et ils en ont une bonne connaissance.
    Mes voyages fréquents en Russie me permettent d’en être témoin. Nos politiques, s’ils étaient des vrais représentants du peuple devraient aller sur place. Mais ils préfèrent continuer à débiter leurs âneries au service de leurs maîtres de l’ombre.
    Ceci dit je ne reproche pas à M. Stephen Cohen de faire l’effort d’une compréhension plus juste d’une réalité qu’on nous cache.

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    • Louis JULIA // 07.02.2016 à 09h16

      En Russie, cela fait partie de la culture et de l’enseignement que de s’intéresser à ce que fait l’occident, avec une place toute particulière pour la France. L’inverse existe-t-il? Non. Ceux qui s’intéressent àla Russie le font pour des raisons diverses, essentiellement personnelles. L’enseignement du russe est squelettique. Dans mon département de Haute-Savoie, je n’ai jamais connu que deux lycées qui l’enseignent (un à Annecy et un à Thonon). Il aura fallu attendre 2006 pour que deux de plus le fassent : Passy et Bonneville. Les lycéens russes connaissent et lisent les principaux auteurs de la littérature française, qu’en est-il de la réciproque?

        +53

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      • Vareniky // 07.02.2016 à 17h45

        De plus ce n’est pas parce que l’on parle le russe que cela donne pour autant la possibilité d’analyser comme un Russe, puisque même certains Russes analysent leur pays avec des lunettes occidentales du dominant.

          +7

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  • patrickluder // 07.02.2016 à 07h42

    Stephen Cohen mentionne  » Paris » comme si les seuls événements marquants de cette dernière décennie sont les attentats … c’est un peu réducteur et tristounet, non ?

    Le vieux monde diplomatique ne voit rien d’autre que la guerre froide … ils n’ont aucune vision d’équité entre les peuples, et de développement durable, vivement que la nouvelle génération arrive au pouvoir, ce n’est qu’alors que le démantèlement des armes de destruction massives pourra avoir lieu, car je ne suis pas plus rassuré que de telles armes soient aux mains de pouvoirs actuellement en place (France – Etats-Unis) plutôt qu’entre les mains de l’EI !

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    • amideg // 07.02.2016 à 09h07

      C’était une réaction « à chaud, » lors d’une conférence, cinq jours après les attentats…

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    • Chris // 07.02.2016 à 11h59

      Il mentionne Paris (aux lendemains de sévères attentats). c’est une manière de se raccrocher aux trop rare branches d’une ligne politique différente de celle de Washington. Même si j’ai des doutes sur les réelles intentions d’Hollande…

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    • anne jordan // 08.02.2016 à 08h38

       » la nouvelle génération  » ? laquelle ?
      celle des tweet, , des selfies ; des charlie ?
      ou bien celle de la ZAD ,des faucheurs volontaires , des déboulonneurs ?
      m’est avis que la 2 e n’a même pas envie de venir au pouvoir !

        +4

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      • anne jordan // 08.02.2016 à 08h56

        ce post ( plus haut ) s’adressait à @Patrickluder !

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  • tchoo // 07.02.2016 à 08h39

    c’est du pragmatisme étatique, les états n’ont pas d’amis mais des partenaires avec lequels ils ont des intérêts pour coopérer
    Considérer les Russes comme l’incarnation du mal conduira le monde au chaos, si un jour se retrouve à la tête de la Russie, quelqu’un avec moins de sang-froid que Poutine, quoique l’on pense de lui par ailleurs.
    Le pire est toujours possible

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  • philbrasov // 07.02.2016 à 08h59

    Je pense que l’auteur, fait une part trop belle a l’OTAN… A part qq excites dans les pays baltes et polonais… Je suis pas sur que les tous les signataires aient une envie irrésistible de s’attaquer a l’ours russe…

    Ah oui tous ont signe la charte..
    Comme tous ont signes les traites européens…
    Mais dans les faits que voit-on…
    Du cote de l’OTAN, une Turquie qui fait ce qu’elle veut.. Une Hongrie pas loin de quitter l’Otan, et plus généralement tous les pays de la middle europa, ne sont pas prêts a mourir pour un nouveau Dantzig qu’ils soit en Grèce en Turquie ou en Lettonie…..
    On voit ce qu’il en est pour Schengen, en Europe… Début de la fin de cette Europe que les peuples ne veulent plus.
    Le monde multipolaire en marche que constate l’auteur, verra la fin progressive de l’OTAN…
    c’est irrémédiable..

      +17

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    • Chris // 07.02.2016 à 12h04

      Je ne peux guère blâmer les Etats-membres signataires de la charte de l’OTAN, qui rappelons-le, est une organisation de défense de ses membres (article 5).
      Les enrôler à des attaques tout azimut contre les récalcitrants au régime américain à travers le monde, n’est pas le rôle de l’OTAN. Et pourtant, c’est ce qui se passe depuis 2001.

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      • Charles Michael // 07.02.2016 à 19h01

        Ouais, faut pas trop se fier à l’Otan et l’article 5 laisse un beau flou sur l’automacité des réactions solidaires et sous quelle forme et taille.

        en fait un autre « machin » qui sert d’abord à diriger l’ europe du Bien et à fourguer du matos militaire US. L’exemple du F-35 acheté d’avance par UK, Allemagne, Pays-bas, Belgique, etc… en est le point culminant.

        m’agace j’ai pas réussi à caser « nenufar » dans ce commentaire; j’aurai pourtant aimé participer à cette grande réforme.

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  • Max // 07.02.2016 à 09h11

    La différence entre lui et les faucons est plus sur la méthode que sur l’objectif.
    Prenons simplement les années 1990 qu’il évoque, période durant laquelle 6-7 millions de russes périrent a cause du pillage de la Russie par les USA via Eltsine.
    L’aide que les USA dans les années 1990 se limitèrent a ce qu’il en dit : Durant les années 1990, nous avons donné de l’argent à la Russie pour immobiliser et sécuriser leur matériel de fabrication d’armes de destruction massive.
    Mais pendant la même période les USA pillèrent la Russie, volèrent ses secrets scientifiques, firent mourir de faims et de froids des millions de russes beaucoup étant des enfants en provoquant son effondrement avec l’aide d’Eltsine.
    Ce qu’il reproche aux différents dirigeants des USA depuis l’effondrement de l’URSS n’est donc pas l’objectif mais la manière.
    Si, Stephen Cohen avait eu l’oreille des différents présidents des USA, la réalité russe d’aujourd’hui serait autre.
    La Russie aurait été mise sous contrôle des USA/OTAN par le soft power.
    Elle serait pleinement intégrée à l’économie mondiale sans autonomie et serait une simple colonie.
    Poutine ne serait pas au pouvoir.
    La Sibérie serait détachée de la Russie.
    L’OTAN n’étant plus perçue comme une menace, L’US-Navy aurait ses entrées à Sébastopol.
    La Russie serait peut été même en phase d’intégration dans l’OTAN
    Ce qui a sauvé la Russie ce sont les Faucons des USA et ca nous a conduit a la situation actuelle.
    D’une manière cruelle et involontaire, ils ont sauvé la Russie.

      +37

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    • Nerouev // 07.02.2016 à 11h38

      J’avoue que votre analyse, disons par l’absurde comme on dirait en mathématiques, est très intéressante. A cette époque il s’en est fallu de peu que la Russie désintégrée ne soit complètement acquise aux USA. Mais je crois que la Russie profonde n’était pas morte et que d’une façon ou d’une autre elle serait renée, ce qu’on peut voir par la côte de popularité de Poutine. D’ailleurs Gorbatchev a élu domicile aux USA, ce qui est étonnant pour un homme de cette trempe d’un point de vue Occidental.

        +13

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    • Chris // 07.02.2016 à 12h09

      Analyse par l’absurde peut-être, mais qui s’appuie pleinement sur le ressort psychologique des peuples !
      A mettre en parallèle avec la réaction des peuples européens qui commencent à se rebiffer contre le pouvoir totalitaire et erratique de Bruxelles. Soft power ou pas, la tension de l’élastique est simplement plus longue/souple, mais elle est là.

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  • Nerouev // 07.02.2016 à 09h25

    Stephen Cohen, dit ici ce que nous savons tous sur ce site, mais un tel discours sincère et objectif dans la bouche d’un américain n’a rien à voir avec nos spécialistes de la Russie au CNRS comme Marie Mendras et les autres. Le vrai problème c’est que 1991 est devenu une fausse victoire pour les USA et qu’ils ont perdu la possibilité de tout dominer ; la couleuvre est difficile à avaler. Et par conséquent les recommandations de Brzezinski deviennent une épreuve de rattrapage comme on peut le voir en Ukraine par deux fois, en Géorgie, et maintenant en Syrie, ou encore en Europe avec le TAFTA, avec toutes les menaces qui à nouveau planent sur la Terre dans son ensemble. Les USA ne sont pas prêts à abandonner leur commerce de tout ce qui peut se vendre et malheureusement les armes pour tous.

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  • Theoltd // 07.02.2016 à 09h34

    Je recommande vivement de lire cet article paru sur le site « Le grand soir » en 2012. Il permet de se faire une idée de ce qu’est la « politique » américaine, et ou tout cela va finir par nous conduire.
    http://legrandsoir.info/frappe-contre-la-syrie-cible-la-russie.html

    La dernière grande chasse du 21 eme siècle est ouverte!

      +17

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    • Nerouev // 07.02.2016 à 09h48

      J’avais déjà défendu cette thèse sur ce site. Le gaz Qatari vers Nabucco, c’est priver l’Europe du gaz Russe.

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    • morane DURANTON // 07.02.2016 à 13h48

      Bonjour, effectivement article extrêmement intéressant et éclairant…Monsieur Berruyer pourrait peut être le remettre en sur le site pour une relecture par le plus grand nombre ?…

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  • Michel Ickx // 07.02.2016 à 09h41

    Le professeur Cohen s’adresse aux américains. Il ne faut pas l’oublier. Ce qui peut nous sembler manquer dans son diagnostique ne l’est que pour notre vérité européenne que je partage par ailleurs.

    Il insiste sur la sécurité, il parle de pragmatisme et d’erreurs commises après la chute de l’empire soviétique. Il parle d’une injustice dans le cas des lignes rouges. Ce sont des arguments auxquels ses congénères sont sensibles.

    Les attaquer sur leur modèle économique, sur leur hégémonie et leur exceptionnalisme qui leurs sont si chers, et sur d’autres points de vue auxquels nous adhérons en Europe, rendrait tout débat impossible chez eux.

    Car ces valeurs qui nous choquent sont le fondement d’un pays qui n’a pas d’autres archétypes historiques. En ce sens de nombreux citoyens peuvent entendre son discours pragmatique et sécuritaire.

    Un pays dont l’ultime ligne de défense consiste en l’admission d’une attaque préventive contre l’ennemi qu’il se crée, ne reconnait plus de lignes rouges. De ce fait il perd sa propre sécurité.

    Laissons donc le professeur Cohen parler à ses concitoyens comme il sait le faire, et cherchons le meilleur discours pour influencer nos concitoyens, et par eux nos gouvernants, afin de reconstruire notre maison européenne sur des bases moins utopiques.

    Car, à vouloir dire ce que nous concevons comme toute la vérité, ne peut être entendu que par nous-mêmes.

    Et nous en sommes déjà convaincus.

      +26

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  • Max // 07.02.2016 à 14h03

    Effectivement, vous avez raison, l’URSS avait besoin de temps.
    Chronologiquement ca donne quoi ?
    Accord de Munich de Septembre 1938 (soit 1 année avant le pacte Germano-Soviétique)
    http://www.lepoint.fr/histoire/evenements/les-accords-de-munich-lorsque-la-paix-mene-a-la-guerre-10-10-2013-1741186_1616.php
    Très intéressantes explications du journal Le Point.
    Depuis 1937 conflit entre l’URSS et le Japon
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_sino-japonaise_(1937-1945)
    Le pacte Molotov Ribbentrop est signé le 23 aout 1939 et est un pacte de non agression.
    Il a permit a l’URSS de se concentrer sur le Japon et de défaire l’armée japonaise.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Khalkhin_Gol
    Et a l’Allemagne d’envahir la Pologne mais dans ce dernier cas ce fut aussi grâce aux accords de Munich.
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Campagne_de_Pologne_(1939)
    Cela dit, je n’ai aucune sympathie pour Staline ou l’URSS.

      +1

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  • Theoltd // 07.02.2016 à 14h09

    Francois, lisez Chomsky avant de revenir troller ce blog. La Russie (actuelle) n’a ni envahit l’Irak causant la mort de 200000 enfants, ni l’Afghanistan, ni n’a plongée le proche orient dans le Chaos, ni créée Daesh. Elle n’a pas financé et formé les escadrons de la mort au Guatemala. Et dans son histoire, elle n’a jamais utilisé l’arme atomique, ni fourni d’essence a Hitler, ni financé son parti. Meme si tout ne fut pas glorieux. Et que des horreurs furent commises. Nous en sommes tous conscients. mais actuellement, c’est juste une autre échelle.

      +20

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  • Lolo // 07.02.2016 à 14h31

    Une info importante concernant l’Ukraine.

    Attention tout de même, ça sent l’enfumage à des kilomètres (mais bon à quoi d’autre s’attendre venant du pouvoir en place à Kiev? ).

    Donc voilà l’info: les autorités ukrainiennes ont affirmé avoir découvert des armes qui ont très probablement été utilisées (selon leur version hein…) pour tuer des manifestants lors du Maidan, dont un sniper (Ça sent la tentative de faire gober a l’opinion publique l’idée que ce sniper aurait été utilisé lors du fameux massacre de civils par des snipers dont ils n’ont jamais retrouvé la trace).

    Les numéros de séries des armes ont tous été effacés!

    http://www.afp.com/fr/info/ukraine-les-autorites-affirment-avoir-retrouve-les-armes-ayant-servi-tuer-des-manifestants-en-2014

      +3

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    • Vareniky // 07.02.2016 à 18h09

      Je l’ai déjà écris plusieurs fois sur ce site, à Kiev tous les ukrainiens éduqués savaient qu’il y avaient des armes sous les tentes. Il suffit de connaitre le peuple Ukrainien et sa véritable histoire, pas celle racontée par les Galiciens, minoritaires des bordures des frontières de l’Ouest.
      La grande majorité du peuple Ukrainien était un peuple doux, tolérant, éduqué, ce qui n’est plus le cas depuis une dizaine d’années, depuis Maidan 1.01
      Lors des violences de Maidan 2.01 ils disaient tous à l’époque « Ce n’est pas nous ça »

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  • Pampita // 07.02.2016 à 18h07

    Quand on voit comment il fait pleurer la clique turco-saoudienne, il a même carrément raison…
    http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/02/djihadistes-en-pleurs-cheikhs-en-sueur-sultan-mort-de-peur.html

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    • Vénus // 08.02.2016 à 09h50

      Merci Pampita pour ce lien, maintenant je comprends pourquoi les grands médias accusent ces derniers jours la Russie des bombardements de civils à Alep, il s’agit sans doute des terroristes modérés.

        +1

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  • totor // 07.02.2016 à 18h25

    tiens, tiens, ça bouge un peu côté monnaies: http://goo.gl/tKEM3O

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  • Louis Robert // 07.02.2016 à 20h42

    « ET VOICI LA CONCLUSION: Nous, aux Etats-Unis, ne pouvons plus diriger le monde tout seuls, si tant est que nous le pûmes jamais. »

    +

    L’éminent historien britannique Eric Hobsbawm confirme: « L’ère des empires est révolue. Au XXIème siècle, nous devrons trouver une autre façon d’organiser ce monde globalisé. » (« On Empire »)

      +2

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  • Franck // 08.02.2016 à 09h28

    Merci de corriger cette horrible faute de conjonction de coordination dans le titre. On ne dit pas « à » quelqu’un, mais « de » quelqu’un lorsque cela provient de lui. Je m’adresse « à », je parle « de ».
    .
    De la même manière, on ne dit pas « à » une profession, comme « au » coiffeur, mais « chez » le coiffeur, et ce, bien que l’on puisse aller « au » salon de coiffure.
    .
    Ceci étant dit, je pense qu’à la prochaine réforme, ça aussi ça va sauter 🙂

      +1

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  • Andrae // 08.02.2016 à 18h15

    Stephen Cohen est l’invité une x semaine du John Batchelor show. C’est quasi le seul expert sur la Russie ‘respectable’ aux USA, bien sur marginalisé à outrance et taxé d’être apologiste pour Poutine. Mais accepté dans ce type de media.

    http://tunein.com/radio/The-John-Batchelor-Show-p138426/

    Il y parle très librement, c’est bon. En anglais bien sur, mais mesuré, compréhensible, clair, langage simple. .

    Il est l’epoux de Katrina van den Heuvel, une super belle star des médias, et actuellemt éditrice (et propriétaire – au moins 50%?) du “the Nation” – journal influent ‘de gauche’, disons. Elle est active dans bcp de domaines: livres, editing, cause des femmes, parutions fréquentes sur la TV mainstream, ABC, CNN, etc. Articles dans le Washington Post, le NY Times, etc. A la tête de fondations, management de fonds de recherche, etc.

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  • Aladin // 09.02.2016 à 10h07

    Juste une anecdote d’un observateur assidu de la Russie depuis plus de 25 ans. Au début de ma présence en Russie en 1990, le russe de la rue me parlait de l’escadrille « Normandie-Niemen » et maintenant il me dit « mistral ». Nous les français, nous sommes en train de perdre notre âme russe. Et, tout cela parce qu’un président a refusé de livrer une commande dument négociée et financée.
    N’oubliez jamais que le russe a une excellente mémoire

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    • thmos // 09.02.2016 à 18h21

      il existe encore un vague souvenir de Normandie Niemen ds l’armée de l’air ( une réunion officielle il ya peu ) mais après avoir rencontré un heureux pilote de Mirage 2000, un crétin béat d’admiration pour les qatari qui l’embauchaient, je pense que seuls les Russes s’en souviendront bientôt. N’a-t-on pas entendu Merkel craindre que Poutine ne gâche la commémo du D day en …Normandie !!! « les Russes n’ont pas libéré la France » éructait Brice Couturier quand Régis Debray osa lui rappeler que la guerre contre les nazis s’est joué à l’est… ( 9 soldats allemands tués sur 10 par les balles russes … compta par la Wermacht , pas du pipeau de l’INSEE je-suis-charlie … )

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  • thmos // 09.02.2016 à 18h07

    quand bien même si ces missiles US sur le continent européen seraient dédiés à l’Iran ( qui n’a pas d’armes nucléaires ) – pourquoi un tel arsenal contre ce pays ? quel est le danger ? Pourquoi nier cette stratégie de « containment » de « Heartland » pourtant évidente, factuelle ? hélas en France ni en Europe il n’éxiste plus de parti(e) pour la détente, le pacifisme est suspect, inexistant, Sarko force la France dans l’OTAN en 2009 peu après avoir baffoué le référendum de 2005, çà aussi constitue une sacrée provo pour les russses. Mais les français auraient toujours les mêmes rêves de Prisunic que leurs grands-parents, l’american dream et ses guerres …

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  • Bruno // 10.02.2016 à 12h23

    Comment faire passer une russophobe enragee (cf. Poutine = Hitler), esclave de la haute finance, pour une victime. Merci le Monde pour ce grand moment de storry telling.

    http://www.lemonde.fr/elections-americaines/article/2016/02/10/hillary-feministe-a-contretemps_4862443_829254.html

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