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PsyOps américaines : en 1982, la « menace » des sous-marins soviétiques en Suède

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Dans les années 1980, l’Union soviétique aurait pris la Suède pour cible en envoyant des sous-marins dans les archipels et les bases navales suédois, ce qui a contraint le Premier ministre Olof Palme à mettre un terme à sa politique étrangère ambitieuse. La « menace soviétique imminente » a radicalement changé l’opinion publique suédoise. Vingt ans plus tard, les déclarations des dirigeants américains et britanniques, notamment le secrétaire américain à la Défense de l’époque, Caspar Weinberger, et le ministre britannique de la Marine de l’époque, Keith Speed, montrent que ces opérations étaient menées par des sous-marins américains et britanniques qui testaient les défenses côtières suédoises.

Source : Taylor and Francis Online, Ola Tunander
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le secrétaire américain à la Marine de l’époque, John Lehman, et le secrétaire suédois de l’enquête sur les sous-marins, Mathias Mossberg, indiquent que ces opérations étaient également des opérations de désinformation et des opérations psychologiques. D’anciens ministres suédois de la Défense ont déclaré qu’il « était erroné de désigner l’Union soviétique », ce qui indique que les sous-marins les plus visibles pouvaient provenir de l’Ouest. L’article de Ralf Lillbacka paru dans Intelligence and National Security en 2010 ne tient pas compte de ces informations. Les preuves techniques dont nous disposons aujourd’hui attestent que des sous-marins occidentaux ont opéré dans les archipels suédois. Ces preuves confirment les déclarations des dirigeants responsables.

Introduction

Après l’échouage d’un sous-marin soviétique de classe Whiskey dans l’archipel proche de la base navale suédoise sud de Karlskrona, le 27 octobre 1981, les intrusions agressives de sous-marins a eu lieu dans les profondeurs des archipels densément peuplés de la Suède. Le Premier ministre suédois de l’époque, Olof Palme, a vivement protesté contre les intrusions soviétiques. La commission parlementaire sur la défense sous-marine (1983), dirigée par l’ancien ministre de la Défense et des Affaires étrangères, Sven Andersson, a déclaré qu’en octobre 1982, six sous-marins du Pacte de Varsovie, presque certainement des sous-marins soviétiques (dont trois de faible taille), s’étaient aventurés dans l’archipel de Stockholm et dans sa base navale Est à Muskö. Des sous-marins midgets avaient rampé sur le fond de la mer (Note 1), comme si les Soviétiques arrivaient avec des « chars sous la mer » pour attaquer la Suède par le bas. Le journal télévisé montrait les eaux du palais royal et indiquait : « Centre de Stockholm. Ici, il y avait des sous-marins soviétiques. » (2) Lynn Hansen a écrit dans une étude pour le bureau du secrétaire américain à la Défense que les « Spetsnaz soviétiques » [commandos pour des opérations spéciales, NdT] avaient des « mini-sous-marins rampant au fond du canal de Stockholm, à un jet de pierre du palais royal. » (3) Le commandant John Moore auteur du Jane’s Fighting Ships a déclaré en 1984 que cette offensive soviétique était « l’une des choses les plus importantes qui se passaient actuellement dans le monde. » (4) Milton Leitenberg a écrit trois ans plus tard pour le Center for Strategic and International Studies, basé à Washington :

« D’autres programmes militaires soviétiques externes, en Afghanistan ou en Afrique, peuvent être documentés par la communauté internationale, dûment attribués à l’Union soviétique et évalués en fonction des objectifs de la politique étrangère soviétique. Les opérations sous-marines dans les eaux suédoises sont à la fois secrètes et infirmées. Il s’agit des premières initiatives militaro-politiques soviétiques contre un État d’Europe occidentale depuis la crise de Berlin de 1960-1961. » (5)

Dans un rapport de 1990 pour l’armée de l’Air américaine, Gordon McCormick écrit :

« Depuis 1980, les sources suédoises indiquent qu’entre 17 et 36 opérations étrangères ont été menées en moyenne chaque année. Pour la première fois, des intrus soviétiques ont commencé à pénétrer au cœur des zones de défense côtière de la Suède, y compris les ports et les principales bases navales du pays. Le plus souvent, ces opérations impliquent désormais l’utilisation de plusieurs sous-marins, mini-sous-marins et nageurs de combat opérant de manière coordonnée. » (6)

L’Union soviétique semblait avoir pris la Suède pour cible, ce qui changea totalement la mentalité suédoise. Le Premier ministre Palme fut contraint de mettre fin à sa politique étrangère ambitieuse, à sa politique de détente et à son dialogue avec Moscou. Il fut contraint de sacrifier son ministre des Affaires étrangères, Lennart Bodström, parce que ce dernier avait exprimé des doutes sur les sous-marins. Dans le climat politique des années 1980, les doutes de Bodström sont devenus un scandale national, mais à la fin des années 1990, il s’est avéré que le ministre de la Défense de Palme, Anders Thunborg, avait eu les mêmes doutes : « C’était une erreur de pointer du doigt l’Union soviétique », a-t-il déclaré (8). La commission sur les sous-marins de 1995, dirigée par le professeur Hans G. Forsberg et dont le secrétaire était l’ancien chef du renseignement militaire, le général de division Bengt Wallroth, a exprimé le même point de vue. Contrairement à la commission de 1983, ils avaient affirmé qu’il n’avait pas été possible de pointer du doigt un Etat spécifique comme auteur des intrusions. (9). Le ministre de la défense, Thage G. Peterson, a déclaré que le Premier ministre Palme avait eu un différend avec Sven Andersson, le président de la commission de 1983. (10) La commission avait en effet forcé le Premier ministre à blâmer l’Union soviétique contre sa volonté. Plus tard, il s’est avéré que le vice-ministre de la Défense d’Andersson, Karl Frithiofson, avait soutenu au cours de ces années que les sous-marins provenaient de l’Ouest. (11) Le chef des armées, le général de corps d’armée Nils Sköld, a également évoqué des sous-marins occidentaux. (12) Le ministre de la Défense Thage G. Peterson a fait référence à son homologue, le secrétaire américain à la Défense William Perry, qui a indiqué en 1996 que les sous-marins présents dans les eaux suédoises pouvaient provenir de l’Ouest. (13)

En 2000, l’ancien secrétaire américain à la Défense, Caspar Weinberger (1981-1987), a déclaré à la télévision suédoise que l’Occident avait fait naviguer des sous-marins « régulièrement » et « fréquemment » dans les eaux suédoises afin de « tester » les défenses côtières suédoises à la suite de consultations entre les marines américaine et suédoise. Weinberger a déclaré qu’après l’incident du « Whiskey sur les rochers » en 1981, il était devenu nécessaire d’envoyer régulièrement des sous-marins dans les eaux suédoises. C’est également ce que nous avons fait, a-t-il déclaré. (14) L’ancien ministre britannique de la Marine, Sir Keith Speed, a confirmé la déclaration de Weinberger. Il a déclaré que la Royal Navy avait utilisé ses sous-marins de classe Porpoise et Oberon pour des missions dans les eaux suédoises. Ces opérations ont été menées en accord avec la marine suédoise, mais « [n]ous n’aurions pas nécessairement dit [précisément où, car] cela n’aurait pas été très judicieux, ni de votre point de vue, ni du nôtre », a-t-il déclaré. (15)

Ces déclarations ont conduit à la nomination d’une nouvelle commission d’enquête sur les sous-marins, dirigée par l’ambassadeur Rolf Eke’us et dont le secrétaire est l’ambassadeur Mathias Mossberg. J’y ai participé en tant qu’expert civil. La conclusion de cette enquête (2001) était tout d’abord que le sous-marin de 1981 (le « Whiskey sur les rochers ») n’avait pas nécessairement pénétré dans les eaux suédoises de manière délibérée. L’opération de sauvetage soviétique avait commencé loin dans la mer Baltique, loin du sous-marin échoué. (16) Deuxièmement, les opérations étrangères dans les eaux suédoises ont très probablement été menées à la fois par l’Union soviétique et les États occidentaux. (17)

J’ai écrit un volume en suédois en 2001 (18) ainsi qu’un livre pour la série Frank Cass Naval History : The Secret War against Sweden – US and British Submarine Deception in the 1980s (2004) [La guerre secrète contre à la Suède – désinformation sur les sous-marins américains et anglais dans les années 1980, NdT], avec une préface du commandant régional, le général de brigade Lars Hansson, chef de la zone de défense côtière de Stockholm. (19) J’ai soutenu que les opérations dans les eaux suédoises avaient probablement été menées à la fois par l’Union soviétique et les États occidentaux, et que les opérations américaines et britanniques s’inscrivaient très probablement dans le cadre d’une opération psychologique (PSYOP), et non d’un simple « test » des défenses suédoises, comme l’avait déclaré Weinberger. C’est également le point de vue présenté par l’enquête du gouvernement danois, Denmark during the Cold War (2005) [Le Danemark durant la Guerre froide, NdT], qui s’est appuyée dans une large mesure sur les informations contenues dans mon ouvrage Secret War. (20) Une conclusion similaire a été présentée par l’histoire finlandaise de la Guerre froide (21) et par le président finlandais Mauno Koivisto, qui s’est référé à mes contributions et a écrit un article et un chapitre de livre décrivant les opérations comme des « provocations » occidentales. (22) En 2007, j’ai contribué au projet suédois d’histoire de la Guerre froide en publiant un volume intitulé Spelet under ytan [Le jeu sous la surface], préfacé par l’auteur de l’enquête gouvernementale danoise, Frede P. Jensen, et par les auteurs de l’histoire de la Guerre froide de la Finlande et de la Norvège, Pekka Visuri et Jacob Børresen. (23)

La même année, les responsables de la Marine suédoise de 1982 – le chef de la Marine Per Rudberg, le chef d’état-major et conseiller militaire de la Commission de 1983, Bror Stefenson, son chef du groupe d’analyse navale, Emil Svensson, et le chef des opérations du district militaire oriental, Göran Wallen – ont écrit un article soutenant que la collaboration étroite de la Suède avec l’Occident pouvait expliquer les intrusions soviétiques dans les eaux suédoises. (24) En collaboration avec le Collège de la défense nationale, ils ont organisé un séminaire en 2008 pour tenter de rejeter l’idée d’opérations sous-marines menées par les États-Unis et le Royaume-Uni. (25) Mais en 2009, le secrétaire suédois chargé de l’enquête sur les sous-marins, Mathias Mossberg, a publié un livre (dont le titre a été traduit en anglais ainsi : In Dark Waters: How the Swedish People were Deceived by the Submarines (En eaux troubles : comment le peuple suédois a été trompé par les sous-marins) (26) , qui indique que les opérations américano-britanniques menées en collaboration avec un membre de la direction de la Marine suédoise constituent l’explication la plus probable. La couverture du livre contenait un texte rédigé par le responsable de l’enquête de 2001 sur les sous-marins, l’ambassadeur Ekeus.

Deux universitaires du Swedish National Defence College, Kent Zetterberg et Gunnar Aselius, ont mis en doute la plausibilité d’un tel jeu américano-britannique. (27) Toutefois, dans une interview accordée à Arte, le secrétaire américain à la Marine, John Lehman (1981-87), a déclaré qu’il n’était pas en désaccord avec ce que Weinberger avait dit. Mais Lehman a ajouté que les décisions avaient été prises par un « comité de désinformation » sous la direction du directeur de la Central Intelligence Agency (CIA) William Casey (voir ci-dessous). Comme le nouveau volume franco-américain sur l’espionnage sous-marin (28), le rapport d’enquête du gouvernement danois, le secrétaire suédois à l’enquête sur les sous-marins et l’ancien président finlandais, Lehman indique que les opérations sous-marines dans les eaux suédoises étaient des PSYOP américano-britanniques, bien qu’il reconnaisse également la possibilité d’activités soviétiques et ouest-allemandes.

En 2010, Ralf Lillbacka a présenté une hypothèse dans Intelligence and National Security sur les activités sous-marines dans les eaux suédoises. Il a réfuté l’idée de PSYOP occidentales. Il pense que ces opérations pourraient avoir été une forme de PSYOP soviétique qui a d’abord amené les Suédois à s’adapter aux rapports sur les sous-marins, puis à ridiculiser ces signalements de sous-marins, lorsque la marine suédoise s’est avérée incapable de les traquer. (29) Il n’a utilisé aucun document original pour étayer ses affirmations. Au lieu de cela, il se réfère à deux livres vieux de 25 ans (qui s’appuient principalement sur des articles de journaux et d’anciens documents officiels) (31), à un officier danois qui n’a pas étudié les documents de cette période (32), et à quelques contributions rédigées par les officiers de Marine suédois susmentionnés (33), dont l’accent unilatéral sur les intrusions soviétiques a été rejeté par des enquêtes suédoises ultérieures. Lillbacka a également mal compris les preuves empiriques. Il est nécessaire de présenter certaines de ces preuves pour corriger l’image qu’il dépeint.

Les preuves empiriques et les enquêtes officielles

La Commission de défense sous-marine de 1983 s’est appuyée sur les informations de l’amiral Stefenson et du commandant Svensson. Elle a déclaré que l’opération Ha rsfja rden à la base navale de Musko Est (1-14 octobre 1982) comprenait six sous-marins du Pacte de Varsovie, très probablement soviétiques. Les enquêtes de 1995 et de 2001 n’ont trouvé aucune preuve d’intrusion soviétique (à l’exception du sous-marin Whiskey en 1981), et l’enquête de 2001 a trouvé des preuves qui indiquaient même une activité occidentale.

La Commission de 1983 avait déclaré que les observations visuelles étaient la preuve de l’existence de sous-marins soviétiques, mais l’observation visuelle la plus claire (10 février 1982) n’était, selon un rapport top secret du chef de la base navale Est, manifestement pas celle d’un sous-marin du Pacte de Varsovie. La description et le dessin révèlent un sous-marin ouest-allemand de type 206. (35) Une pièce jointe au rapport du groupe d’analyse navale (1er octobre 1982) montre le dessin d’un observateur représentant un périscope sombre à sommet plat et un mât similaire, séparés par une distance de 1 à 1,5 mètre. Ces éléments seraient caractéristiques des sous-marins soviétiques. (36) Mais cette information s’applique également à plusieurs sous-marins occidentaux. Et pourquoi un sous-marin soviétique rendrait-il son périscope bien visible dans des eaux parfaitement calmes pendant une minute ou plus (à 5 nœuds) à quelques mètres d’un navire de la Marine suédoise en chasse, à l’intérieur de la zone d’accès restreint de la base navale ? Ce n’est pas ainsi qu’un capitaine de sous-marin est censé mener une opération secrète (voir ci-dessous). L’Union soviétique ne disposait pas de ces petits submersibles secs capables de fonctionner en immersion pendant une semaine et de pénétrer dans les archipels et les bases navales suédoises. (37) Il s’agissait peut-être plutôt d’une tentative occidentale de provoquer une chasse aux sous-marins afin de tester les défenses suédoises et d’améliorer l’état de préparation de la Suède. Immédiatement après la première observation d’un périscope à l’intérieur de la base navale, le chef d’état-major, le vice-amiral Bror Stefenson, s’est tourné vers l’officier de presse de la Marine, le commandant Sven Carlsson, et lui a ordonné de préparer un centre de presse à la base navale de Berga pour 500 journalistes. (38) La Suède est un petit pays et, à l’époque, 500 journalistes impliquaient un événement d’envergure mondiale. Les chaînes de télévision mondiales sont arrivées et le New York Times a évoqé la chasse au sous-marin à Stockholm en première page. (39) La menace soviétique est entrée dans le salon de chaque Suédois.

Une autre pièce jointe parle d’un kiosque haut de sous-marin, à 15 nœuds au crépuscule (4 octobre 1982). Ce rapport indique que le kiosque mesurait environ 10 mètres de haut, plus haut que large. (40) Bien sûr, aucune voile de sous-marin n’était aussi haute, mais un « kiosque très haut » indiquerait plutôt, par exemple, un sous-marin britannique de classe Porpoise ou Oberon, et non un sous-marin soviétique, car tous les sous-marins soviétiques avaient des kiosques relativement bas. (41) L’observateur militaire aurait vu le kiosque dans toute sa largeur passer dans un passage étroit. L’artillerie côtière a préparé une attaque, mais le sous-marin a plongé. Après le contact, un patrouilleur a largué deux grenades sous-marines. Comme pour l’observation précédente, il a été classé comme « sous-marin certain ». (42) Si l’on se fie au rapport, il s’agirait plutôt d’un sous-marin conventionnel occidental.

Plus tôt le même jour, un observateur militaire avait vu un petit sous-marin (20-30 mètres) en surface dans un chenal étroit (12 mètres de profondeur et 25 mètres de largeur) avec un haut mât juste derrière le kiosque. (43) Le dessin du rapport est presque une copie des sous-marins des forces spéciales italiennes, les Cosmos (avec trois classes différentes : 23, 25 et 28 mètres), qui auraient pu opérer sous le commandement de l’US Navy. On peut aussi penser au NR-1 américain (41 mètres) si l’observateur s’est trompé sur la taille du sous-marin, mais il ne s’agit certainement pas d’un sous-marin soviétique. Si l’on se fie au dessin de l’observateur, il s’agit d’un sous-marin occidental. (44)

Le lendemain, un sous-marin laissant échapper un peu de pétrole juste sous la surface (à 15 mètres du fond) a été mesuré à l’aide d’un échosondeur. La longueur a été estimée à 35-40 mètres. (45) Cela ne correspond qu’au NR-1 américain (35-40 mètres si l’on exclut la partie arrière très étroite qui pourrait ne pas être visible à l’échosondeur) avant qu’il ne soit rallongé de trois mètres dans les années 1990. (46) Les sous-marins Cosmos mesuraient entre 23 et 28 mètres. Plusieurs sous-marins mesuraient entre 44 et 55 mètres (suédois, ouest-allemand, danois, norvégien et italien), mais aucun navire soviétique connu à l’époque ne mesurait entre 20 et 76 mètres. Le dernier projet A615 Québec M-321 (56 mètres) aurait été démoli en 1981. (47) La longueur, 35-40 mètres, exclut tous les sous-marins soviétiques connus. Une observation faite le 7 octobre d’un petit kiosque de sous-marin (3-4 mètres) avec des marques blanches (voir ci-dessous) correspond également à ce petit sous-marin. (48)

Dans un document de l’US Armed Services Committee sur les intrusions dans les eaux suédoises, le chef du renseignement naval, l’amiral John Butts, déclare que le sous-marin soviétique de 1981 était « authentique », mais le texte sur l’origine nationale des sous-marins de 1982 à la base navale de Muskö est toujours classifié. (49) Cependant, une fuite sur la chaîne de télévision ABC a déclaré peu de temps après :

Les sous-marins américains violent régulièrement les eaux territoriales d’autres pays lors de la collecte de renseignements. La plupart des missions ultrasecrètes se déroulent dans les eaux de l’Union soviétique, mais selon des sources militaires actives et à la retraite, certaines missions ont été menées dans les eaux territoriales de nations considérées comme amies des États-Unis […] Les missions sont menées par des sous-marins d’attaque à propulsion nucléaire spécialement équipés et, dans certains cas, par un mini-sub à propulsion nucléaire appelé NR-1 (MINI-SUB). Il est doté d’un équipage de sept personnes, de roues sur sa face inférieure pour ramper sur le fond. Il est décrit par la Marine comme un navire de recherche. (50)

A partir de 1984, la Marine suédoise a pu prendre plusieurs images sonar de sous-marins de 25 à 30 mètres. Un rapport top secret de l’état-major de la Défense, datant de 1987, affirmait que ces sous-marins ne pouvaient être qu’une classe secrète de sous-marins soviétiques dont le nombre était estimé à 8. (51) Le cabinet du Premier ministre et l’ancien chef du renseignement militaire, le général de division Bengt Wallroth (devenu en 1995 secrétaire de la commission des sous-marins), ont tous deux contesté ces informations. Ils ont trouvé étrange que ces observations aient été faites dans les archipels suédois, où les sous-marins sont difficiles à détecter, alors qu’il n’y a eu aucune observation du côté soviétique ou le long de la route entre l’Union soviétique et la Suède, où ils auraient été beaucoup plus faciles à détecter. (52) Ces sous-marins de 25 à 30 mètres semblent avoir été transportés dans les eaux suédoises, par exemple par des navires civils, ce qui indiquerait que les sous-marins proviennent de l’extérieur de la mer Baltique. Il n’y a toujours pas d’informations sur ces sous-marins soviétiques. Un premier Pyranja (Projekt 865, 28 mètres) a été testé en août 1986. Il a été réceptionné par la Marine soviétique à la fin de l’année 1988. (53) Les images du sonar suédois témoignent de la présence de petits sous-marins, mais elles semblent exclure les sous-marins soviétiques. C’est également l’avis du secrétaire de la commission d’enquête sur les sous-marins, Mathias Mossberg (54), et du capitaine Peter Huchthausen, ancien attaché naval américain à Moscou et spécialiste du renseignement de la Marine américaine sur les sous-marins soviétiques. (55) Il existait cependant un certain nombre de sous-marins de cette taille en Occident, principalement les sous-marins italiens Cosmos (23-28 mètres) (56), qui étaient utilisés pour des opérations dans des ports et des bases navales à l’étranger, et des navires italiens avaient déjà été transportés sur des navires marchands civils reconstruits. (57) Les SEAL [commandos pour des opérations spéciales, NdT] de l’US Navy et le COMSUBIN italien opéraient en étroite collaboration et plusieurs petits sous-marins auraient facilement pu être transférés dans les eaux suédoises par les Américains. Les images sonar suédoises sont aujourd’hui considérées comme des preuves de l’activité occidentale.

La Commission de 1983 a déclaré que les services de renseignement suédois avaient révélé l’existence de sous-marins soviétiques. Cependant, l’agence suédoise de renseignement, Försvarets Radioanstalt (FRA), a indiqué au ministère de la Défense qu’elle n’avait capté aucun signal pertinent lui permettant de désigner un État spécifique (58). La Marine suédoise a déclaré avoir capté cinq signaux censés provenir de sous-marins. Parmi ces signaux, trois faisaient référence à des sous-marins possiblement ouest-allemands et deux à des sous-marins possiblement du Pacte de Varsovie, mais les deux derniers auraient pu être envoyés depuis l’extérieur des eaux territoriales suédoises. Il n’y a pas de controverse sur ces faits, comme l’a démontré la commission sur les sous-marins de 1995, dont le secrétaire était l’ancien chef de la FRA, Bengt Wallroth. (59) Les affirmations de la commission de 1983 sur la défense contre les sous-marins étaient toutes fausses.

Cependant, un autre type de signal a été signalé. Le 11 octobre 1982, à 12h20, le passage d’un gros objet métallique sous-marin au-dessus du barrage de mines de la base de défense côtière de Mälsten, à la sortie de la base navale de Muskö, a été confirmé. (60) Les forces de défense côtière ont fait exploser une mine de 600 kg, qui aurait endommagé un sous-marin passant par là. Une heure et vingt minutes plus tard, un hélicoptère, le Y46, a signalé une petite tache verte à la surface, à moins de 100 mètres de la position de l’explosion de la mine. La tache s’est agrandie rapidement et a suivi les courants vers le nord-ouest. Une heure plus tard, elle se trouvait à près d’un kilomètre plus au nord et était décrite comme une fine pellicule verte concentrée qui couvrait une surface estimée à 70 000 m2 (les rapports Mälsten et Y46 sont détaillés, mais quelqu’un avait retiré les 36 photographies et les échantillons des archives). (61) Une telle fine pellicule verte est indicative d’un type de signal visuel de détresse (VDS, Visual Distress Signal) utilisé uniquement par les sous-marins américains et britanniques. Depuis le milieu des années 1970, ce type de VDS peut être capté par satellite ou par avion à travers les nuages, car il a été rendu sensible à la détection radar. (62) Les sous-marins soviétiques utilisaient des fusées rouges ou de la fumée rouge comme VDS, mais jamais une tache verte. (63) Ce VDS est la preuve d’un sous-marin américain ou britannique endommagé. (64) Dans les heures qui ont suivi, l’opérateur du sonar de la base de défense côtière a signalé des bruits de cliquetis et d’autres bruits que l’on pensait provenir des travaux de réparation. (65)

En 2008, les spécialistes militaires suédois des écoutes, Arne Asklint et Rolf Andersson (ce dernier était l’opérateur du sonar lors de cet événement) ont trouvé un signal sous-marin codé de 21,3 KHz sur la bande enregistrée dans la soirée du même jour (11 octobre 1982). Le signal a duré un tiers de seconde à l’intérieur d’un « drapeau » haute fréquence (12,5-20 KHz) d’une durée de 10 à 20 secondes, avec un bruit atteignant 90 dB. (66) La position de ce sous-marin se trouvait à quelques kilomètres au sud-sud-est de la base de défense côtière de Mälsten où la Marine suédoise venait d’enregistrer des contacts sonar et un contact infrarouge avec un sous-marin. Certains ont avancé que le signal pouvait être un signal déformé provenant d’un « sonar de plongée » d’un hélicoptère. Les spécialistes de ces sonars ont cependant affirmé que cela était techniquement impossible (sans reconstruire le sonar). En outre, aucun hélicoptère utilisant ce type de sonar ne se trouvait dans la zone. Les positions de l’hélicoptère étaient bien documentées. (67) Asklint et Andersson ont conclu que le signal provenait d’un sous-marin situé dans les eaux intérieures suédoises (la partie intérieure des eaux territoriales). Cependant, la configuration du signal a révélé qu’il avait été envoyé par un émetteur utilisant la bande des 400 Hz. Les sous-marins diesel soviétiques en mer Baltique utilisaient toujours 330 Hz, tandis que les sous-marins occidentaux utilisaient 400 Hz. (68) Les sous-marins nucléaires soviétiques utilisaient également 400 Hz, mais aucun d’entre eux n’a jamais été en mer Baltique au cours de ces années (1981-85), selon les rapports des services de renseignement militaire danois documentant tous les passages soviétiques dans le détroit danois. (69) Cela signifie que ce signal était également la preuve de l’existence d’un sous-marin occidental. Un sous-marin américain/britannique endommagé a peut-être été contacté par un autre sous-marin occidental situé plus loin. Le chef de

la défense suédoise, le général Lennart Ljung, écrit dans son journal le lendemain : « Pas d’autres informations sur un sous-marin éventuellement endommagé. » (70) Le chef de la Marine suédoise, l’amiral Per Rudberg, écrit dans son journal : « Un sous-marin essaie peut-être d’entrer en contact avec un sous-marin endommagé dans le Danziger gatt [le détroit étroit de Mälsten]. (71) Après l’incident, le Premier ministre Palme a déclaré au chef de l’opposition, Ulf Adelsohn, que la Marine avait eu un contact avec « un sous-marin avéré qui était ici peut-être pour aider un autre sous-marin ayant été gravement endommagé ». (72) Les preuves techniques dont nous disposons aujourd’hui prouvent que des sous-marins occidentaux ont opéré dans les archipels suédois.

La commission de 1983 sur les sous-marins a considéré qu’un enregistrement de 3,47 minutes d’une hélice tournant à un rythme élevé (environ 200 tours par minute) était la preuve acoustique la plus importante de la présence d’un sous-marin soviétique dans les eaux suédoises. Cet enregistrement a été décrit comme ayant été réalisé à la base de défense côtière de Mälsten vers 18 heures le 12 octobre.73 L’opérateur sonar Anders Karlsson avait signalé qu’il avait enregistré un « certain sous-marin » à ce moment-là.74 Cependant, Karlsson a découvert plus tard qu’il ne s’agissait pas de son enregistrement.75 Le canal du haut-parleur de la bande a révélé que cette séquence avait été enregistrée plusieurs heures auparavant (par un opérateur inconnu). Aucune annonce n’a été faite sur le canal du haut-parleur pour cet enregistrement.76 En 2007, le commodore Emil Svensson, ancien chef du groupe d’analyse navale et conseiller de la Commission de 1983, a déclaré dans un documentaire télévisé qu’il s’agissait de la preuve la plus importante de la marine suédoise concernant l’intrusion d’un sous-marin soviétique.77 Dans le même programme télévisé, l’ancien chef du renseignement militaire norvégien, le contre-amiral Jan Ingebrigtsen, a déclaré que les services de renseignement norvégiens avaient analysé la bande en 1982. Ils ont découvert que cet enregistrement provenait au contraire d’un navire de surface, a-t-il déclaré.78 Cela a incité l’Institut suédois de recherche sur la défense (FOI) à procéder à une nouvelle analyse en 2008. Le FOI est parvenu à la conclusion que le son provenait probablement du petit bateau taxi Amalia utilisé par un couple de journalistes.79

La nouvelle analyse (réalisée en 2008-10) des enregistrements de 1982 a également montré qu’un sous-marin passait très près des sonars de fond entre 17h50 et 18h20 environ. Il s’agit du « sous-marin avéré » mentionné plus haut, exactement comme l’avait déclaré l’opérateur du sonar en 1982. Deux des experts suédois les plus expérimentés en matière de signaux sous-marins, Arne Asklint et Rolf Andersson, affirment qu’il ne fait aucun doute que les sons enregistrés sur cette bande doivent être classés dans la catégorie « sous-marin avéré ». (80) Ils ont passé en tout 60 ans de leur vie à écouter les sous-marins, et ce sous-marin est passé très près des sonars. Des bruits métalliques et de cliquetis, des pompes, des bruits de gouvernail et des valves hydrauliques sont audibles, mais aucun bruit clair d’hélice ni de pompe fonctionnant en continu (comme c’est le cas pour un sous-marin nucléaire) n’est perceptible. Ce profil audio indique certainement un sous-marin conventionnel avec des hélices silencieuses et, par conséquent, plus probablement un sous-marin conventionnel occidental, peut-être un sous-marin britannique de classe Porpoise ou Oberon, car les hélices des sous-marins soviétiques à l’époque étaient encore très bruyantes. (81) La position du sous-marin (ou plutôt d’une vanne hydraulique sur le sous-marin) est d’environ 80 mètres à l’ouest-sud-ouest du sonar no.2 à 18h07, et elle est à 30-40 mètres au sud du sonar no.2 à 18h08. Il s’agit d’une preuve de la présence d’un sous-marin à l’intérieur de l’archipel suédois (très probablement le même sous-marin qui a envoyé un VDS US/UK la veille). Les sons émis par une petite hélice pendant de très courts intervalles pourraient provenir d’un petit submersible. La nuit suivante, l’opérateur sonar Anders Karlsson interprète et rapporte des sons comme une opération d’amarrage d’un plus petit navire sur son « sous-marin-mère » (MOSUB). (82)

Le quatrième argument avancé par la Commission de 1983 était qu’aucun submersible occidental n’était capable de ramper et de laisser des empreintes sur le fond marin. C’est également l’argument avancé par le rapport top secret de l’état-major de la Défense de 1987. (83) L’ancien chef du renseignement militaire, Bengt Wallroth, a affirmé dans une réponse à ce rapport que l’Union soviétique et les États occidentaux étaient en mesure de dissimuler leurs petits navires utilisés à des missions spéciales. La conclusion du rapport de l’état-major de la Défense de 1987 a été réfutée par Wallroth et le Premier ministre Ingvar Carlsson. (84) En 2008, de grandes parties du très secret rapport d’analyse des fonds marins de 1983 ont été déclassifiées, notamment des dessins et des mesures exactes d’empreintes laissées par des submersibles suivis et par des roues, des patins et des quilles de submersibles rampant sur le fond de la mer. Ces informations nous permettent de nous faire une bonne idée des submersibles potentiellement impliqués. Les pages concernant une « épave en acier » et une « épave de 16 mètres » au fond de la mer sont toujours classifiées. (85)

Les Soviétiques et les pays occidentaux disposaient de submersibles à chenilles télécommandés, opérés à partir de navires mères. Les empreintes d’un tel submersible ont été trouvées à quelques mètres de l’observation d’un sous-marin de 35 à 40 mètres (voir ci-dessus), au plus profond de la zone d’accès restreint de la base navale. Ce submersible a dû être amené par quelque chose, et le sous-marin susmentionné est le seul candidat, ce qui désigne le NR-1 américain comme le probable MOSUB. Les dimensions des patins, des roues et de la quille sont identiques à celles de trois submersibles américains ou américano-italiens d’une taille de 10 à 15 mètres. (86) On pourrait bien sûr imaginer que l’Union soviétique possédait des navires inconnus aux dimensions identiques, mais cela me semble peu probable. La distance et la largeur des deux patins d’un submersible sont identiques à celles du Deep Quest américain (12 mètres), le prédécesseur du DSRV (15 mètres). Les empreintes d’une quille sont identiques à celles du 3GST9 italien (10 mètres), mais son prédécesseur plus grand de la fin des années 1970 pourrait avoir eu le même type de quille. (87) Ces empreintes ne constituent pas une preuve de l’existence de ces navires spécifiques, mais l’information ne peut pas être négligée. Il existe des informations détaillées sur le Deep Quest de 1967 à 1980, mais il n’y a pratiquement rien sur ses allées et venues de 1981 à 1989, date à laquelle il a été offert au Naval Undersea Museum. (88)

Ce dernier navire italien aurait disparu en 1982. (89) Un troisième navire suspect est le DSRV américain Avalon (15 mètres) qui avait été transporté à l’arrière de plusieurs sous-marins américains et britanniques. Il a été reconstruit pour des opérations sous-maries de 480 heures en 1982, (90) il a également été utilisé pour des opérations spéciales secrètes, (91) et il possédait une nacelle de 70 à 80 cm de large sous la coque. La nacelle dissimulerait une « roue de nez » rétractable qui éloignait le DSRV du fond (comme le NR-1) pour protéger sa cloche de transfert. (92) Des empreintes sur le fond marin d’un grand sous-marin et de deux petits submersibles (l’un avec une double « roue de nez » de 60 cm de large) ont été trouvées près du sonar n° 5 (à la base de défense côtière de Mâlsten), où un sous-marin conventionnel et un petit navire avaient été enregistrés. Il y a des indications qu’un petit submersible (par exemple un DSRV) s’est amarré à un MOSUB plus grand, (93) et il y a eu une observation d’un petit kiosque rond de sous-marin identique à celle d’un DSRV. (94) Cependant, le seul MOSUB connu qui a été reconstruit pour transporter en permanence un DSRV ou un navire similaire est le HMS Porpoise britannique qui aurait opéré en mer Baltique. Il a été retiré des opérations régulières en 1982. Il a coulé en 1985 (prétendument à cause d’un essai de torpille). Une photo du HMS Porpoise datant de 1982 ou plus tard montre un sous-marin peint pour les opérations secrètes du DSRV (avec une grande marque blanche sur le kiosque pour permettre au DSRV de le trouver sous la surface) (95) et avec une structure permanente pour transporter un DSRV sur son dos. La photo montre également des dommages sur le kiosque du sous-marin. (96)

Aucun submersible soviétique sec (capable de fonctionner en immersion pendant plus de quelques heures) n’est connu pour avoir jamais utilisé un MOSUB conventionnel soviétique. Le ministre britannique de la Marine, Keith Speed, a déclaré qu’un sous-marin de la classe Porpoise avait été utilisé pour des opérations dans les eaux suédoises, et un capitaine de sous-marin de la Royal Navy m’a dit que ce sous-marin était le HMS Porpoise. (97) Cependant, un DSRV et un MOSUB conventionnel auraient eu besoin d’un transpondeur pour se retrouver. En novembre 1982, les Suédois ont trouvé sur une bande un signal de 24 KHz émis régulièrement. La position de l’émetteur a été identifiée comme étant très proche (25 mètres au sud-sud-est) du sonar no.5. Lorsque la Marine s’est rendue à cette position (1 km au sud-est de Mälsten), elle a trouvé sur le fond un petit objet cylindrique de 30 cm de long et de 10 cm de diamètre, fixé à une plaque de béton de 40 cm de large. Le film vidéo et les dessins de l’objet ont été déclassifiés. (98) L’objet ressemble à un transpondeur, il sonnait comme un transpondeur, et il a été trouvé sur le fond parmi des empreintes de submersibles et d’un sous-marin qui auraient eu du mal à se réunir sans transpondeur. Dans le journal du chef de la Défense, le général Ljung, lui et le chef de la Marine, l’amiral Rudberg, parlent de l’objet comme s’il s’agissait d’un transpondeur. Il serait désormais possible de prouver la nationalité des sous-marins intrus, affirment-ils, et ils ajoutent que cela « pourrait devenir extrêmement sensible sur le plan politique. » (99) Lillbacka affirme dans son article qu’il pourrait s’agir d’un « obus d’artillerie mis au rebut » que la Marine a trouvé par hasard à cet endroit précis. Cet argument a été présenté par le contre-amiral Göran Wallen. (100) Le film vidéo et les dessins ne confirment pas cette hypothèse, et nous avons de bonnes raisons de croire qu’il s’agissait d’un transpondeur provenant d’un État occidental comme les États-Unis ou le Royaume-Uni, car un transpondeur soviétique aurait été présenté au public comme une preuve d’intrusion soviétique. (101)

Ralf Lillbacka et les amiraux suédois

Ralf Lillbacka écrit que j’ai considéré « des observations, qui se sont avérées erronées par la suite, comme indiquant des intrusions de l’OTAN ». Il s’agit notamment de l’observation d’un périscope à proximité d’une visite navale américaine qui s’est avérée être une farce [réf. Göran Wallen], d’observations correspondant à des classes de sous-marins soviétiques interprétées comme des sous-marins occidentaux [réf. Michael Clemmesen], d’enregistrements sonar lors de l’incident de Harsfjärden qui se sont avérés être un navire civil et un hydrophone défectueux [réf. Emil Svensson] ». (102) Tout cela est faux.

Tout d’abord, je n’ai pas mis l’accent sur « l’enregistrement sonar » de 3,47 minutes susmentionné qui s’est avéré être un navire civil. J’ai toujours mis l’accent sur l’enregistrement d’une demi-heure d’un « sous-marin avéré » à 18h00. (103) Cependant, le commodore Emil Svensson, que Lillbacka utilise comme source fiable, a présenté cet enregistrement comme une preuve de l’existence d’un sous-marin, un sous-marin soviétique. La déclaration de Svensson concernant l’enregistrement de 3,47 minutes a même donné lieu à une controverse diplomatique entre la Suède et la Russie au milieu des années 1990. En 2007 encore, Svensson a affirmé que cet enregistrement était la « preuve de la Marine suédoise la plus convaincante de l’existence d’un sous-marin soviétique » (104), un enregistrement qui « s’avère maintenant être un navire civil », pour reprendre les termes de Lillbacka. En tant qu’expert civil de l’enquête de 2001 sur les sous-marins, j’ai proposé de procéder à une nouvelle analyse des cinq enregistrements d’une heure réalisés du 11 au 14 octobre 1982. Nous (la commission d’enquête) avons décidé de laisser les deux experts suédois des bruits de sous-marins, Arne Asklint et Rolf Andersson, analyser les bandes. La source de Lillbacka, Göran Wallen, s’est chargée de cette partie de l’enquête, mais il n’a pas demandé à Asklint et Andersson d’analyser les bandes. Wallen s’en est tenu à l’idée que l’enregistrement de 3,47 minutes prouvait qu’il s’agissait d’un sous-marin et que c’était le seul enregistrement d’un sous-marin pendant ces événements. (105) Ce n’est qu’en 2008, lorsque la liberté d’information est devenue possible et qu’Asklint et Andersson ont pu faire leurs analyses, que Svensson et Wallen ont été contraints de changer leur point de vue sur la question.

Deuxièmement, Lillbacka s’appuie également sur l’argument de Svensson selon lequel le son rythmique du sonar n° 5 était dû à un « hydrophone défectueux ». (106) Le son ne pouvait être entendu que par le sonar n° 5, selon Svensson. Ce point fut considéré comme important. Le chef de la base de défense côtière de Mälsten, Sven-Olof Kviman, a déclaré que le passage d’un sous-marin avait été confirmé à 23 heures le 13 octobre. Un objet métallique sous-marin est passé au-dessus du barrage de mines de Mälsten, a-t-il déclaré. (107) Cela s’est produit trois heures après que le chef d’état-major, l’amiral Bror Stefenson, a ordonné un cessez-le-feu pour les mines. La base de défense côtière a retrouvé son droit d’utiliser la force exactement deux heures après le passage du sous-marin (à 01h00). (108) Kviman avait reçu l’ordre de laisser le passage libre au sous-marin. Kviman et son chef pour la zone de défense côtière de Stockholm, le général de brigade Lars Hansson, étaient furieux. Après le passage à 23h00, l’opérateur sonar Anders Karlsson a enregistré un son rythmique approchant du sonar n°5, situé un kilomètre plus loin. Svensson était le proche conseiller de Stefenson, et lorsqu’il explique que le son rythmique provient d’un « dysfonctionnement de l’hydrophone », il ne s’agit peut-être pas d’un simple analyste neutre. Si l’on écoute attentivement la bande, on peut entendre le son rythmique également via le sonar no. 4. Les notes relatives à cet incident dans les journaux de guerre de la base de défense côtière et de la base navale sont détaillées, mais les pages mêmes qui couvrent cet événement dans le journal de guerre de l’état-major de la Défense ont été supprimées. (109) Les Premiers ministres, le chef de la Défense, le chef du district militaire oriental et le chef de la défense côtière de Stockholm ont tous soutenu ou ordonné l’utilisation de la force (les mines de 600 kilos) au moment le plus critique, alors que le chef d’état-major de la Défense, le vice-amiral

Bror Stefenson, et le chef des opérations du district militaire oriental, Göran Wallen, ont plutôt proposé/ordonné des cessez-le-feu. Lorsque le chef d’état-major de la Défense, Lennart Ljung, décide d’activer les mines le 7 octobre, Stefenson est furieux. Hans von Hofsten a fait référence à Stefenson en disant qu’il « avait un accord [avec un officier anonyme] pour ne pas utiliser les mines ». (110) Le ministère soviétique des Affaires étrangères a demandé au haut diplomate suédois et plus tard au ministre des Affaires étrangères Jan Eliasson : « Pourquoi n’utilisez-vous pas plus de force contre ce que vous pensez être des sous-marins ? » (111) Le dirigeant soviétique Youri Andropov a déclaré au président finlandais Mauno Koivisto en juin 1983 qu’il devait dire aux Suédois qu’ils devaient « couler tous les sous-marins pénètrant dans leurs eaux ». (112) De cette façon, les Suédois pouvaient voir par eux-mêmes qui était responsable.

Troisièmement, Lillbacka fait confiance au général de brigade danois Michael Clemmesen, lorsque ce dernier affirme que j’ai interprété « des observations correspondant à des classes de sous-marins soviétiques […] comme des sous-marins occidentaux ». Je parle d’un sous-marin de « 35-40 mètres de long ». Clemmesen propose qu’il pourrait s’agir d’un sous-marin soviétique de classe Québec (56 mètres) (113), bien que la longueur d’un Québec ne soit pas comparable à celle du sous-marin de Harsfjärden et que la classe Québec n’existe plus (le dernier Québec aurait été retiré du service en 1981). (114) Le fait que les descriptions de sous-marins et de kiosques faites par les observateurs correspondent à des sous-marins occidentaux, et non à des sous-marins soviétiques, n’est plus controversé. Le seul problème est de savoir si les observateurs qui ont vu les sous-marins sont crédibles ou non. Göran Wallen ne fait plus confiance aux descriptions des observateurs, y compris celle d’un grand kiosque de sous-marin le 4 octobre (voir ci-dessus), qui a été classée comme un « sous-marin avéré » et indique plutôt un sous-marin occidental. Le chef des armées, le général de corps d’armée Nils Sköld, a déclaré publiquement en 1987 qu’il y avait eu un passage de deux sous-marins (dont un sous-marin endommagé) de la mer Baltique par le Oresund (détroit danois) deux semaines après l’incident de Harsfjärden. Ils venaient presque certainement de l’Ouest, a-t-il déclaré. (115) Wallen a fait valoir que la déclaration de Sköld n’avait aucune substance. (116) Après la déclassification des documents relatifs aux observations visuelles (qui montrent tous des descriptions correspondant à des sous-marins occidentaux), Wallen affirme désormais que les observateurs responsables sont moins dignes de confiance. (117)

Quatrièmement, Lillbacka se réfère à Göran Wallen et affirme que « l’observation d’un périscope à proximité d’un dispositif naval américain [s’est révélée] être une farce ». (118) J’ai dit que le président de la Commission de défense contre les sous-marins de 1983, l’ancien ministre des Affaires étrangères et ministre de la Défense, Sven Andersson, avait pris très au sérieux cette observation d’un « périscope gris argenté » dans le centre de Stockholm : premièrement, parce qu’il faisait confiance aux deux observateurs ; deuxièmement, un rapport publié trois jours plus tard parlait d’un flot de bulles et, quelques secondes plus tard, un petit kiosque de sous-marin (1 x 1,5 m) apparaissait à la surface, à deux kilomètres plus loin (le dessin du kiosque est similaire à celui du sous-marine américain Alvin) (119), et troisièmement, il y avait une preuve technique (120). J’ai souligné le fait que la Commission de 1983 n’a jamais mentionné que cette observation d’un « périscope gris argenté » avait été faite à une centaine de mètres du croiseur américain USS Belknap et de la frégate USS Elmer Montgomery lors de leur visite à Stockholm du 25 au 27 septembre. J’ai également dit qu’il était peu probable que ce périscope et ce kiosque de sous-marin proviennent d’un submersible soviétique, car un tel navire aurait dû être amené par un navire-mère. Il n’y avait pas de navire soviétique dans la zone. En revanche, plusieurs navires américains étaient présents à Stockholm. Mais Göran Wallen a soutenu que l’observation du périscope était une plaisanterie sous la forme d’un plongeur nageant avec un périscope exactement à l’endroit où l’observation a eu lieu. Il y a même eu une courte émission de télévision montrant la photo d’un faux périscope avec Emil Svensson déclarant qu’il était désormais clair que le périscope de Stockholm n’était rien d’autre qu’une farce. (121) Cependant, cette photo a été prise bien plus tard en automne : les feuilles des arbres étaient brunes, et non vertes-jaunes comme sur le film de la visite navale, et la photo montrait un quai de Stockholm vide, alors que le jour de l’observation du périscope, l’USS Belknap de 167 mètres aurait rempli toute la photo. (122) Tant Svensson que Wallen ont dû admettre que que leurs déclarations antérieures étaient fausses.

Cinquièmement, Lillbacka écrit que j’ai parlé des intrusions de sous-marins dans les eaux suédoises en termes d’opérations de l’OTAN, mais ces opérations ont en fait été menées sur une base bilatérale après des consultations de Marine à Marine entre les États-Unis et la Suède et entre le Royaume-Uni et la Suède, comme l’ont déclaré à la fois Caspar Weinberger et le ministre britannique de la Marine Keith Speed. (123) Weinberger parlait en termes « d’OTAN », mais cela « ne signifie pas nécessairement l’OTAN en tant qu’organisation formelle, mais plutôt des opérations américaines et britanniques en coopération avec un ou plusieurs alliés », m’a dit l’ancien président du Comité militaire de l’OTAN, le général Vigleik Eide. Il a lu mon manuscrit de La guerre secrète contre la Suède (2004) avant qu’il ne soit imprimé, et il a souligné le fait que ces opérations « auraient été trop sensibles pour être menées par le biais du système de l’OTAN ». (124) En outre, l’ancien secrétaire général de l’OTAN George Robertson a déclaré que les opérations dont le secrétaire Weinberger a parlé ne concernaient pas l’OTAN ; il s’agissait d’une question « entre pays individuels », et il a ajouté : « Si des secrétaires à la Défense à la retraite [Caspar Weinberger] veulent s’exprimer, c’est leur prérogative ». (125) Ces opérations étaient menées sous l’égide des États-Unis et du Royaume-Uni, et non sous celui de l’OTAN, mais elles auraient été coordonnées par le commandant des sous-marins de l’Atlantique Est de l’OTAN (COMSUBEASTLANT), qui fournissait à chaque sous-marin des secteurs pour ses opérations dans le temps et dans l’espace. Cependant, le commandant national britannique des sous-marins, le Flag Officer Submarines, agent de liaison de la Royal Navy avec les Suédois pour ces mêmes opérations (voir ci-dessous), avait en plus de sa « casquette Royal Navy », une « casquette OTAN » en tant que COMSUBEASTLANT. C’est lui et son adjoint américain qui ont coordonné ces opérations. Le commandant national britannique pour ces opérations et le commandant coordinateur de l’OTAN étaient la même personne. (126)

Le problème auquel la Submarine Inquiry de 2001 a été confrontée peut être illustré par l’exemple suivant : l’accès aux photos de sous-marins (127) et aux archives du Naval Analysis Group n’a pas seulement été refusé à la Submarine Inquiry ; des documents trouvés par la Submarine Inquiry ont également été secrètement écartés ou détruits. Son secrétaire, Mathias Mossberg, a trouvé un document concernant la manière dont certains amiraux devaient coordonner leur langage après l’entretien avec Weinberger en 2000. Il s’agissait certainement d’un document important, car la commission d’enquête sur les sous-marins avait été nommée à la suite de l’entretien avec Weinberger. L’ambassadeur Mossberg a trouvé le document dans les archives de la base navale de Muskö, et il allait en faire une copie lorsque l’expert militaire de la commission d’enquête sur les sous-marins, le contre-amiral Göran Wallen, a dit à Mossberg que la commission d’enquête avait déjà ce document au ministère de la Défense, où se trouvait la commission d’enquête. Mais ce n’était pas le cas. Lorsque Mossberg est revenu aux archives de la base navale de Muskö pour récupérer le document, celui-ci n’existait plus, il avait été retiré. (128) Le Premier ministre avait donné à la commission d’enquête sur les sous-marins un accès total à toutes les archives – tous les documents secrets et top secrets – mais un groupe au sein de la Marine a « annulé » cette décision. Pourquoi les officiers qui ont refusé à l’enquête officielle sur les sous-marins l’accès aux documents ou informations les plus importants (comme le « document Weinberger » de Muskö, les photographies de sous-marins et les analyses des enregistrements) sont-ils aussi ceux qui désignent l’Union soviétique comme responsable des intrusions ? Et pourquoi ces officiers sont-ils aussi ceux qui ont mis en doute la crédibilité des observations visuelles ? Pourquoi les officiers qui ont proposé/ordonné des cessez-le-feu avant les passages de sous-marins probables sont-ils les mêmes que ceux qui ont des liens étroits avec les États-Unis et le Royaume-Uni et qui ont rejeté la responsabilité des intrusions sur les Soviétiques ?Pourquoi le dirigeant soviétique Youri Andropov a-t-il dit aux Suédois qu’ils devaient couler tous les sous-marins qui entraient dans les eaux s alors que les officiers supérieurs suédois, qui accusaient les Soviétiques, tentaient de limiter l’usage de la force ? Pourquoi l’officier qui a nié le plus ouvertement les propos de Speed et de Weinberger concernant la collaboration entre les États-Unis, le Royaume-Uni et la Suède dans le cadre des opérations sous-marines menées par les États-Unis et le Royaume-Uni dans les eaux suédoises est-il celui-là même que Keith Speed (voir ci-dessous) désignait comme leur agent de liaison suédois pour ces mêmes opérations ?

Déclarations américaines et britanniques concernant leurs opérations dans les archipels suédois

Chaque année, dans les années 1980, les chefs du renseignement naval américain ont présenté un rapport écrit à la commission des forces armées de la Chambre des représentants. Les chefs ont donné des détails sur la menace navale soviétique dans le monde entier, y compris dans la mer Baltique, mais ils n’ont jamais mentionné les intrusions de sous-marins soviétiques dans les eaux suédoises. Le ministre suédois de la Défense, Thage G. Peterson, a déclaré que si l’Union soviétique avait été responsable des intrusions massives en Suède, si les Soviétiques avaient avancé leurs positions dans la région de la mer Baltique, comme l’ont affirmé plusieurs auteurs, les États-Unis auraient réagi. Mais ils ne l’ont jamais fait, affirme Peterson. En mars 2000, Caspar Weinberger (secrétaire américain à la Défense, 1981-1987) a parlé pendant 15 minutes de la présence de sous-marins occidentaux dans les eaux suédoises :

Weinberger : A ma connaissance, il n’y a pas eu d’intrusion directe [de sous-marins américains/occidentaux] ou de test des eaux ou des défenses suédoises sans consultation avec les Suédois. Vous parlez d’un accord : Je ne pense pas qu’il y ait eu d’accord, mais je pense qu’il y a eu des consultations qui ont permis de comprendre que – pour un cas particulier, une situation spécifique, une manœuvre particulière – il y aurait un accord pour que cela puisse se faire. C’était tout à fait dans l’intérêt de la Suède. […]

Télévision suédoise : A quel niveau se situaient ces consultations ?

Weinberger : En général, elles se déroulaient de Marine à Marine, de la Marine américaine à la Marine suédoise, je crois. La Marine suédoise fait partie du gouvernement suédois et la Marine américaine fait partie du gouvernement américain. Les responsables des deux parties discutaient, se consultaient et des accords en découlaient pour s’assurer qu’ils recevaient toute l’aide nécessaire à la protection de leur souveraineté dans leurs eaux. Si, par exemple, la Suède avait déclaré qu’il ne devait y avoir aucune intrusion dans cette zone au cours de ce mois, l’OTAN l’aurait certainement respecté.

Télévision suédoise : Mais d’autres régions seraient alors autorisées ?

Weinberger : Eh bien, cela dépend entièrement de la réponse des fonctionnaires chargés des négociations. Ce que je dis, c’est qu’à aucun moment, à ma connaissance, l’OTAN n’a simplement envoyé un sous-marin directement dans les eaux suédoises sans consultations, discussions préalables et accords sur la possibilité de le faire. Dans ces circonstances, il ne s’agissait pas d’un problème urgent. Cela faisait partie d’une série de tests de défense réguliers et programmés que l’OTAN effectuait et devait effectuer pour être responsable et fiable. […]

Télévision suédoise : Lorsque ce sous-marin « Whiskey sur des rochers » s’est trouvé au milieu d’une zone interdite, il a fallu 12 heures à la Marine suédoise pour s’en apercevoir.

Weinberger : Eh bien, il s’agissait d’une violation manifeste, et les sous-marins peuvent pénétrer là où ils ne sont pas désirés, et c’est exactement la raison pour laquelle nous avons procédé à ces essais défensifs et à ces manœuvres défensives pour nous assurer qu’ils ne pourraient pas le faire sans être détectés. Ce sous-marin en question se trouvait dans les eaux suédoises. Il s’est échoué dans une zone où l’on ne pouvait pas nier qu’il se trouvait dans les eaux suédoises. Il était visible de tous et c’est exactement le genre de chose que l’OTAN essayait de tester pour empêcher que cela ne se produise. La Suède avait tout intérêt à ce que cela ne se reproduise pas. […] Il était nécessaire de tester fréquemment les capacités de tous les pays, non seulement dans la Baltique – qui est très stratégique, bien sûr – mais aussi dans les eaux méditerranéennes et asiatiques et dans tout le reste. […]

Télévision suédoise : A quelle fréquence cela a-t-il été fait en Suède ?

Weinberger : Je ne sais pas. Suffisamment pour répondre aux exigences militaires et s’assurer qu’ils étaient à jour. Nous savions que les Soviétiques avaient besoin d’un nouveau type de sous-marin. Nous devions alors vérifier si nos défenses étaient suffisantes pour y faire face. Et tout cela se faisait régulièrement, sur une base convenue. (131)

Après l’incident du « Whiskey sur les récifs », il est devenu nécessaire pour les puissances occidentales, selon Caspar Weinberger, d’opérer des sous-marins occidentaux dans les archipels suédois « fréquemment » comme « dans le cadre d’une série régulière et routinière de tests de défense ». Immédiatement après cette interview, Associated Press a interviewé le maréchal de l’air Sir John Walker, ancien chef des services de renseignement de la défense britannique. Il a déclaré que les pays de l’OTAN voulaient tester les forces anti-sous-marines suédoises :

John Walker : Si vous deviez opérer dans l’archipel de Stockholm, vous vouliez vous assurer que les Suédois ne vous attaqueraient pas avec des torpilles. [L’Ouest était] autorisé à effectuer un certain nombre d’intrusions au cours d’une période donnée. (132)

Sir Keith Speed (ministre britannique de la Marine, 1979-81 et membre de la commission parlementaire de la Défense, 1983-87) a confirmé la déclaration de Weinberger à la télévision suédoise. Il a déclaré que les sous-marins britanniques testaient également les défenses côtières suédoises. Cela s’est fait après des consultations entre la Marine britannique et la Marine suédoise. À la télévision suédoise, on lui a demandé s’il pouvait confirmer que ces essais avaient eu lieu dans les eaux suédoises.

Keith Speed : Eh bien, tout ce que je sais, c’est qu’à l’époque où j’étais ministre de la Marine, il y a dix-neuf ans, le genre de choses que Weinberger décrivait était le genre de choses que j’attendais du gouvernement britannique ; en effet, à ma petite échelle, je permettais que cela se produise également. En d’autres termes, nous ne faisions pas ce genre de tests sur les défenses ou la formation d’autres pays, appelez cela comme vous voulez, sans l’accord global des deux parties.

Télévision suédoise : Mais les tests ont été effectués en Suède. C’est ce que vous confirmez ?

Keith Speed : Oui.

Télévision suédoise : Vous le confirmez ?

Keith Speed : Oui.

On a également demandé à Speed quel type de sous-marin aurait été utilisé pour ces tests. Il a répondu qu’ils avaient utilisé « les sous-marins de classe Oberon et Porpoise », parce qu’ils étaient « moins coûteux », «plus petits », « très silencieux » et « peut-être politiquement plus acceptables pour certaines personnes dans les pays de la mer Baltique, qui n’étaient pas très satisfaits de la propulsion nucléaire ». (133) Speed poursuit :

Keith Speed : Si quelque chose se produit comme le « Whiskey sur les récifs », ce ne serait pas une très bonne idée qu’un sous-marin britannique fasse un exercice dix jours après cet incident en 1981. Cela aurait été politiquement sensible. Détendons-nous. Peut-être y réfléchirons-nous dans quelques mois. C’est le bon sens. […] Nous ne dirions pas forcément que nous serions précisément ici. Parce que si nous leur disions cela, et si nous essayions de sonder ou de tester vos défenses, cela n’aurait pas été très raisonnable, ni de votre point de vue, ni du nôtre. […] Il pourrait bien y avoir des exercices de pénétration. Les sous-marins peuvent-ils entrer dans le port de Stockholm et y faire presque surface ? Pas tout à fait, mais ce genre de choses. Jusqu’où pourrions-nous aller sans que vous vous en rendiez compte ? (134)

Il est fort probable que très peu de personnes aient été impliquées dans ces opérations, du moins du côté suédois. Dans la même émission télévisée que l’interview de Keith Speed, le porte-parole de Jane’s à Londres, Paul Beaver, a souligné, comme John Walker, « la nécessité pour quelqu’un du haut commandement suédois » d’être averti par les Britanniques afin que « les Suédois ne vous attaquent pas immédiatement avec des torpilles ». (135) Nous avons vu que deux amiraux du haut commandement suédois ont donné l’ordre de ne pas utiliser les mines (qui pourraient peut-être même couler un sous-marin) et, bien sûr, de ne pas utiliser les torpilles (qui couleraient facilement un sous-marin) mais d’attaquer l’intrus avec deux grenades sous-marines qui permettraient presque certainement au sous-marin endommagé de survivre. Interrogé sur l’interview de Weinberger et sur les événements concernant le sous-marin suédois, le secrétaire américain à la Marine, John Lehman, a nié que le sous-marin endommagé ait « provoqué une onde de choc dans la marine américaine ». Il a déclaré : lorsque l’histoire complète des missions dangereuses des sous-marins américains sera racontée, « ce sera une histoire tout à fait remarquable ». (136) Ni l’US Navy ni la Royal Navy ne se sont inquiétées des pertes en vies humaines tant que ces pertes n’étaient pas rendues publiques. Au cours des années 1980, l’US Navy a perdu au total 5 865 hommes (la plupart d’entre eux sont morts dans des accidents), et en 1982, l’US Navy a perdu 562 hommes. Trente-trois hommes sont morts dans des zones « inconnues/non signalées ». (137) Il n’y avait aucun problème pour cacher les pertes, mais l’US Navy et la Royal Navy devaient obtenir des garanties de la part des Suédois qu’ils ne rendraient pas les pertes publiques. Il est très probable que cela faisait partie du marché. Plusieurs personnes ont parlé de plongeurs ou de sous-mariniers décédés, mais rien de tout cela n’a été confirmé.

Dans le Sunday Times de 2008, Keith Speed a confirmé une fois de plus les opérations des sous-marins britanniques dans les eaux suédoises. Le Sunday Times a demandé si des opérations britanniques avaient eu lieu dans les eaux suédoises. Speed a répondu : « Oui, mais je ne peux pas en dire plus car je suis lié par la loi sur les secrets officiels jusqu’à ma mort. » (138) Cependant, dans la partie de l’interview que l’éditeur n’a pas publiée, le Sunday Times a demandé quelles personnes étaient informées du côté suédois. Il s’avère que ces personnes étaient les homologues des Flag Officers Submarines et du Chief of Defence Staff de la Royal Navy, c’est-à-dire le Swedish Chief of the Submarine Flotilla (ou Chief of the Coastal Fleet s’il était officier sous-marinier) et le Swedish Chief of the Defence Staff, qui en 1978-87 était toujours un vice-amiral :

Sunday Times : Avez-vous parlé au gouvernement suédois ? A un ministre ?

Keith Speed : Non, c’était une question de Marine à Marine. Le chef d’état-major de la Défense ou l’officier général des sous-marins l’a dit à son homologue suédois et c’était à eux d’en informer leur gouvernement.

Sunday Times : L’ont-ils fait ?

Keith Speed : C’était leur affaire. Je ne sais pas. (139)

Les commentaires de Speed nous donnent une idée assez précise des personnes qui ont été informées du côté suédois. La responsabilité d’informer le Premier ministre ou le ministre de la Défense incombait à la Marine suédoise. Toutefois, il est peu probable que l’agent de liaison de la Marine suédoise avec les Britanniques s’en charge, car il n’a probablement pas reçu le feu vert du Cabinet. Cela signifierait également que le Cabinet et le peuple suédois croiraient que les sous-marins chassés provenaient de l’Union soviétique, car personne ne pouvait imaginer que ces sous-marins étaient britanniques ou américains.

Tout était vu à travers le prisme du « Whiskey sur les récifs » de 1981.

Cela signifie que les opérations américaines et britanniques doivent également être comprises en termes « d’opérations de désinformation ». Les sous-marins occidentaux semblaient être des sous-marins soviétiques. Ces opérations américaines et britanniques ont certainement renforcé le moral de la Marine et de la population dans son ensemble. Elles semblent avoir été une PSYOP majeure qui a totalement changé la Suède. En 1976, 6 % de la population suédoise percevait l’Union soviétique comme une menace directe et 27 % la percevait comme une menace ou comme inamicale à l’égard de la Suède. Au printemps 1980, après l’invasion soviétique en Afghanistan, malgré la montée de la tension mondiale, ces chiffres n’ont augmenté que de façon marginale, passant à 8 % et 33 %. Après l’incident du « Whiskey sur les récifs » en octobre 1981, 34% de la population suédoise a perçu l’Union soviétique comme une menace directe et 71% a perçu les Soviétiques comme une menace ou comme inamicaux envers la Suède. Après l’incident de Harsfjärden à la base navale de Muskö (octobre 1982) et la forte protestation suédoise contre l’Union soviétique (avril 1983), ce changement est devenu encore plus spectaculaire. 42% des Suédois considèrent l’Union soviétique comme une menace directe et 83% comme une menace ou un ennemi pour la Suède. Ces chiffres sont restés élevés pendant plusieurs années. (141) En trois ans, le nombre de Suédois qui perçoivent l’Union soviétique comme une menace directe est passé de 8 à 42% et le nombre de ceux qui perçoivent l’Union soviétique comme une menace ou un ennemi pour la Suède est passé de 33 à 83%. Ce n’est qu’en 1987 que ce dernier chiffre est tombé en dessous de 70 % (142), malgré la réconciliation entre Mikhaïl Gorbatchev et Ronald Reagan. Les incidents des sous-marins ont totalement changé l’opinion des Suédois sur l’Union soviétique.

Mais le spectacle des kiosques et des périscopes de sous-marins dans les eaux suédoises pourrait également avoir été un signal adressé à Moscou. Lors du débat norvégien, le contre-amiral Ole Kr. Thomesen (commandant des forces navales alliées en Norvège du Nord, 1987-93) a déclaré qu’il ne croyait pas aux nombreux rapports sur les périscopes émanant de la communauté côtière, car les capitaines de sous-marins soviétiques étaient des professionnels. Ils n’auraient jamais permis que leurs périscopes soient observés longuement. Les sous-marins soviétiques « ne seraient jamais détectés visuellement, parce que ces sous-marins sont exploités comme les sous-marins doivent l’être », a-t-il affirmé. (143) Le contre-amiral Kjell Amund Prytz (chef de la flotte côtière, 1985-1989, commandant des forces navales alliées du sud de la Norvège, 1989-1992 et chef de l’état-major de la Marine royale norvégienne, 1992-1995) a testé la communauté côtière entre 1985 et 1989 en montrant les périscopes de ses propres sous-marins le long de la côte. 53% des rapports des pêcheurs faisaient référence à des sous-marins norvégiens ou à des sous-marins alliés connus. (144) Prytz a conclu que les rapports de la communauté côtière étaient largement crédibles. Il estime qu’il est probable que les Soviétiques aient opéré dans les eaux norvégiennes, mais il ajoute : « Les sous-marins britanniques et américains ont peut-être reçu l’ordre de se montrer le long de la côte norvégienne pour envoyer un signal à Oslo et à Moscou ». (145)

Ce double signal a également été évoqué par l’ancien secrétaire américain à la Marine, John Lehman (1981-1987), dans une interview encore inédite accordée à la chaîne de télévision franco-allemande Arte. Lehman commence par évoquer l’importance de ce que l’on appelle le « Deception Operation Committee » ou « Deception Committee » des États-Unis, sous la direction de William Casey, directeur de la CIA. Ce comité aurait pris des décisions concernant ces opérations. Certaines de ses opérations aujourd’hui déclassifiées (le programme Star Wars, la simulation d’attaques massives de bombardiers sur l’Union soviétique et la technologie des gazoducs qui a provoqué la plus grande explosion non nucléaire jamais enregistrée en Sibérie en 1982) ont été mentionnées dans le livre de Peter Schweizer, Victory (1994). (146)

Arte : Je crois que Peter Schweizer a parlé d’un « comité de tromperie ». (147)

Lehman : En fait, pendant la période de transition [novembre 1980-janvier 1981], Bill Casey, qui est devenu directeur de la CIA, a convaincu le président Reagan qu’en plus de l’important renforcement militaire, auquel il s’était déjà engagé et qu’il avait accepté, il fallait déployer un effort majeur avec ce que certains ont appelé le « comité de la tricherie ». Nous devrions développer la capacité militaire de l’OTAN pour qu’elle soit plus importante. En recourant à la tromperie, nous pourrions faire croire aux Soviétiques qu’elle est déjà importante […]. Certaines [de ces opérations] n’ont toujours pas été déclassifiées. (148)

Selon Lehman, l’une de ces opérations impliquait le submersible Alvin « dans des zones, devrions-nous dire, proches de l’Union soviétique ». Il a également mentionné le NR-1, mais il n’a pas précisé où ces opérations avaient eu lieu. (149) En 2007, lors d’une conférence en Norvège, je lui ai donné un imprimé de l’interview de Caspar Weinberger à la télévision suédoise. Lehman m’a dit que ces opérations dans les eaux suédoises avaient été décidées par le « Deception Operation Committee » de Casey, (150) et il a laissé entendre qu’il s’agissait de PSYOP. Mais dans l’interview d’Arte, il indique qu’elles pourraient également avoir été dirigées vers Moscou. Arte poursuit :

Arte : En ce qui concerne les flancs, il y a les crises des sous-marins suédois. Caspar Weinberger a reconnu que des sous-marins américains, ou du moins occidentaux, s’étaient trouvés dans les eaux suédoises. Cela faisait-il également partie de la tromperie à l’égard des Soviétiques ?

Lehman : Je ne peux pas dire à ce stade si c’était intentionnel ou non, mais nous voulions que les Soviétiques sachent que nous pouvions faire des choses là où ils ne pensaient pas que nous pouvions le faire. Et nous ne voulions pas qu’ils en apprennent trop, évidemment, mais s’ils ne savaient rien du tout, vous n’auriez pas obtenu le bénéfice de la dissuasion. Nous avons donc essayé de trouver un équilibre pour ne pas compromettre ce que nous faisions et que nous ne voulions pas qu’ils sachent. En revanche, nous avons tenté d’atténuer leur paranoïa en leur montrant un peu de notre cheville. Ils se disaient alors : « S’ils font ça, qu’est-ce qu’ils pourraient bien faire d’autre », ce qui les rendait vulnérables. Je ne peux pas faire de commentaires sur des opérations spécifiques. Je sais que le secrétaire Weinberger semble avoir reconnu quelque chose. Je ne serais pas en désaccord avec lui, mais vous savez, je ferais mieux de ne pas faire de commentaires à ce sujet. (151)

Arte évoque le sous-marin endommagé dans l’archipel de Stockholm en 1982 et demande à Lehman pourquoi ce sous-marin a été appelé « U-2 sous-marin ». (152) [U-2 par analogie à l’avion-espion Lockheed U-2 dont un exemplaire sera abattu le 1er mai 1960 au-dessus de l’URSS]. Le secrétaire d’État Lehman répond qu’il y a eu des allégations selon lesquelles non seulement des sous-marins américains mais aussi d’autres pays de l’OTAN ont pénétré dans des ports navals et que « l’incident suédois aurait été classé dans cette catégorie ». Le sous-marin endommagé ou au moins un navire considérablement endommagé en Suède en 1982 n’était soi-disant pas des États-Unis mais d’un autre pays de l’OTAN (bien qu’il aurait été sous commandement américain pour être appelé un « U-2 sous-marin »). Toutefois, pour démentir formellement ce qu’il vient de dire, il ajoute : « Si c’était vrai » (153). L Sunday Times a également interrogé le secrétaire d’État Lehman sur les opérations américaines dans les eaux suédoises. Il a répondu : « Je ne vais pas confirmer ou infirmer cela. […] C’est top secret pour les raisons que vous pouvez imaginer. » (154)

John Lehman était au courant de l’interview de Weinberger et a déclaré que ces opérations dans les eaux suédoises avaient été décidées par le « Deception Operation Committee » de Casey, mais il n’a pas voulu entrer dans les détails. Il n’a pas voulu dire quels officiers suédois avaient été informés. Il ressort clairement de l’interview d’Arte que les opérations américaines (ou américano-italiennes) et britanniques dans les eaux suédoises n’étaient pas seulement des « opérations de test », comme le prétendent Weinberger et Keith Speed ; il s’agissait également « d’opérations de désinformtation » ou PSYOP, et l’importance de ces dernières devient évidente lorsque Lehman place ces PSYOP sur un pied d’égalité avec l’énorme renforcement militaire (par exemple, la Marine de 600 navires). Cela n’a pas encore été reconnu. Les intrusions de sous-marins ont contraint le Premier ministre Olof Palme à renoncer à son « Ostpolitik européenne », ce qu’il appelait la « sécurité commune », parce que les prétendues « intrusions soviétiques » l’obligeaient à mettre fin à tout dialogue avec Moscou. Toutefois, ce n’est pas le « comité des opérations de tricherie » qui dirigeait ces opérations. Des hauts fonctionnaires américains, tant du côté politique qu’au sein de la CIA, m’ont dit que ces opérations étaient menées par un bureau de liaison CIA-Navy (anciennement un bureau CIA-Defense Intelligence Agency (DIA) avec des officiers de la DIA issus du Naval Intelligence) sous la direction du secrétaire à la Marine John Lehman. Ce bureau national de reconnaissance sous-marine (NURO) menait principalement des opérations à l’intérieur de l’Union soviétique, mais « certaines missions ont été menées dans les eaux territoriales des nations considérées comme amies des États-Unis », principalement dans les eaux suédoises, racontent-ils. L’une de ces opérations menées en 1982 a donné lieu à un incident, qu’un haut responsable de la CIA a décrit comme un « U-2 sous-marin ». (155)

Il est tout à fait possible qu’il y ait eu des activités soviétiques dans les eaux suédoises, mais il est moins convaincant de spéculer sur des sous-marins soviétiques menant des opérations psychologiques dans les eaux suédoises, comme l’a fait Lillbacka, sans avoir de preuves de cette activité. Ce que nous savons, c’est que des dirigeants responsables confirment les opérations des sous-marins américains et britanniques dans les eaux suédoises et que des preuves matérielles et des déclarations de dirigeants suédois appuient fortement cette confirmation. Certains dirigeants ont pu considérer ces opérations comme faisant partie des tests réguliers effectués par les États-Unis et le Royaume-Uni sur les défenses côtières occidentales dans le monde entier. D’autres ont pu mettre l’accent sur les opérations spécifiques contre la Suède en tant que PSYOP visant à modifier la politique étrangère de la Suède. Nous savons que l’opinion publique suédoise a radicalement changé au cours de ces années, presque certainement à cause des opérations sous-marines. Il s’agissait d’opérations de tromperie idéales, capables de duper les Suédois, et de PSYOP idéales, capables de changer l’opinion publique et la politique internationale.

Notes sur le contributeur

Ola Tunander est professeur de recherche à l’Institut de recherche sur la paix d’Oslo (PRIO), en Norvège. En 1989, il a obtenu un doctorat pour sa thèse sur la stratégie maritime des États-Unis et a été nommé maître de recherche au PRIO, dont il a dirigé le programme de politique étrangère et de sécurité. En 2000, il a été nommé enseignant chercheur. Il a contribué à des revues telles que Review of International Studies, Geopolitics et Cooperation & Conflict et a été évaluateur pour des revues telles que International Security et Millennium. Il est l’auteur et l’éditeur de 12 ouvrages, dont Cold Water Politics :The US Maritime Strategy and Geopolitics of the Northern Front (Sage, 1989), The Barents Region : Cooperation in Arctic Europe (Sage, 1994), Geopolitics in Post-Wall Europe : Security, Territory and Identity (Sage, 1997), et The Secret War against Sweden – US and British Submarine Deception in the 1980s (Frank Cass, 2004). Il a été expert civil auprès de la commission d’enquête du gouvernement suédois sur les intrusions sous-marines (2000-1).

Source : Ola Tunander (2013) Subs and PSYOPs : The 1982 Swedish Submarine Intrusions, Intelligence and National Security, 28:2, 252-281, DOI : 10.1080/02684527.2012.699294

NOTES

1SOU 1983:13, Att mo¨ ta uba˚tshotet – Uba˚tskra¨ nkningar och svensk sa¨ kerhetspolitik. Beta¨ nkande av uba˚ tsskyddskommissionen (Stockholm: Fo¨ rsvarsdepartementet 1983); SOU 1983:13 (Unofficial translation), Countering the Submarine Threat – Submarine Violations and Swedish Security Policy (Stockholm: Ministry of Defence 1984); ‘Rapport’, Swedish TV2, 26 April 1983.

2‘Aktuellt’, Swedish TV 1, 18:00, 26 April 1983; ‘Rapport’, Swedish TV 2, 19:30, 26 April 1983.

3Lynn Hansen, Soviet Navy Spetsnaz Operations on the Northern Flank: Implications for Defense of Western Europe, Stratech Studies SS84-2, Study prepared for the Office of the Secretary of Defense/Net Assessment (College Station, TX: Texas Engineering Experiment Station of Texas A&M University System 1984) p.viii.

4Interview with John Moore, Dagens Nyheter, Stockholm, 23 August 1984.

5Milton Leitenberg, Soviet Submarine Operations in Swedish Waters (New York: Praeger 1987) pp.156–7.

6Gordon H. McCormick, Stranger than Fiction – Soviet Submarine Operations in Swedish Waters, R-3776-AF, A Project AIR FORCE report prepared for the United States Air Force, Rand Corporation, January1990, p.v.

7Lars Olof Lampers, Bodstro¨ maffa¨ ren och det sa¨ kerhetspolitiska debattklimatet i Sverige 1982–1985 (Stockholm: Statsvetenskapliga Institutionen, Stockholm University 1996).

8Anders Thunborg, ‘Oha˚ llbart att peka ut Sovjetunionen’, Dagens Nyheter, 6 May 2001.

9SOU 1995:135, Uba˚tsfra˚gan 1981–1994 – Rapport fra˚n uba˚tskommissionen (Stockholm: Fo¨ rsvarsdepartementet 1995).

10Thage G. Peterson, Resan mot Mars – Anteckningar och minnen (Stockholm: Bonniers 1999) p.555.

11E-mail from Karl Frithiofson’s son, Ola Frithiofson, 29 March 2011.

12Anders Hasselbohm, ‘Fem a˚ r och tva˚ ma˚ nader efter Ha˚ rsfja¨ rden kommer bekra¨ ftelsen: Skadad uba˚ t smo¨ g ut genom O¨ resund’, Dagens Industri, 16 December 1987.

13Peterson, Resan mot Mars, pp.555–7.

14Interview with Caspar Weinberger, ‘Striptease’, Swedish TV2, 7 March 2000.

15Interview with Keith Speed, ‘Striptease’, Swedish TV2, 11 April 2000.

16SOU 2001:85, Perspektiv pa˚ uba˚tsfra˚gan – Hanteringen av uba˚tsfra˚gan politiskt och milita¨ rt (Stockholm: Statens Offentliga Utredningar, Fo¨ rsvarsdepartementet 2001), pp.64– 93.

17SOU 2001:85, pp.344, 369.

18Ola Tunander, Harsfjärden – Det hemliga uba˚tskriget mot Sverige (Stockholm: Norstedts 2001).

19Ola Tunander, The Secret War against Sweden – US and British Submarine Deception in the 1980s (London: Frank Cass 2004). The book was published by the Naval Policy and History Series, edited by Geoffrey Till.

20Danish Institute for International Studies (DIIS), Danmark under den kolde krig – Den sikkerhedspolitiske situation 1945–1991, Volume 3 1979–1991 (Copenhagen: DIIS 2005) pp.478–91.

21Pekka Visuri, Suomi kylmassasodassa (Helsinki: Otava 2006).

22Mauno Koivisto, ‘Uba˚ tshysterin orsakade mig pla˚ ga’, Svenska Dagbladet, 3 September 2008; Mauno Koivisto, Grannar – Fra¨ ndskap & friktion (Stockholm: Atlantis/So¨ derstro¨ ms 2008) pp.168–72.

23Ola Tunander, Spelet under ytan – Teknisk bevisning i nationalitetsfra˚gan fo¨r uba˚tsoperationen mot Sverige 1982, Gothenburg University and Stockholm University, Forskningsprogrammet Sverige under kalla kriget, no. 16, first published 2007, http://www.prio.no/sptrans/1166172596/spelet%20under%20ytan%20.pdf4

24Per Rudberg, Bror Stefenson, Emil Svensson and Go¨ ran Walle´n, ‘Sovjet litade inte pa˚ va˚r neutralitet’, Svenska Dagbladet, 2 October 2007.

25Herman Fa¨ ltstro¨ m (ed.), Uba˚tsoperationer och kra¨ nkningar under det kalla kriget (Stockholm: Swedish Defence College, Fo¨ rsvaret under det kalla kriget, No. 15, 2008).

26Mossberg, I mo¨ rka vatten.

27Gunnar A˚ selius, ‘Konspiration eller panikreaktion? Sverige och uba˚ tskra¨ nkningarna under 1980-talet’, Historisk tidskrift 129/4 (2009) pp.651–4; Kent Zetterberg, ‘Recension’, Forum Navale 66 (2010) pp.112–21; Ola Tunander, ‘Ra¨ ttelse – Nationella Operationer vs. NATO-operationer’, Historisk tidskrift 130/2 (2010) pp.283–5.

28Peter Huchthausen and Alexandre Sheldon-Duplaix, Hide and Seek: The Untold Story of Cold War Espionage at Sea (Hoboken, NJ: Wiley 2009).

29Ralf Lillbacka, ‘A Swedish Ebbinghaus Illusion? Submarine Intrusions in Swedish Territorial Waters and Possible Soviet Deception’, Intelligence and National Security 25/5 (2010) pp.656–81.

30Ibid., p.673.

31Wilhelm Agrell, Bakom uba˚tskrisen. Milita¨ r verksamhet, krigsplanla¨ ggning och diplomati i O¨ stersjo¨ omra˚det (Stockholm: Liber Fo¨ rlag 1986); Leitenberg, Soviet Submarine Operations in Swedish Waters.

32Michael Hesselholt Clemmesen, ‘Koldkrigsudredningen – Danmark under den kolde krig’, Forum for forsvarsstudier (Copenhagen: Forsvarsakademiet, December 2005).

33Emil Svensson, Under den fridfulla ytan (Stockholm: Marinlitteraturfo¨ reningen 2006); Fa¨ ltstro¨ m, Uba˚tsoperationer och kra¨ nkningar under det kalla kriget (with contributions by Admiral Bror Stefenson, Rear Admiral Go¨ ran Walle´n and Commodore Emil Svensson). Lillbacka also refers to Fredrik Bynander, The Rise and Fall of the Submarine Threat: Threat Politics and Submarine Intrusions in Sweden 1980–2002 (Uppsala: Uppsala University 2003), which uses interviews with Admiral Stefenson.

34SOU 1983:13; SOU 1995:135, pp.142–6; ‘Rapport’, Swedish TV2, 26 April 1983.

35The document is published in Mossberg, I mo¨ rka vatten, pp.72–5, 200–6.

36MAna Ha˚rsfj 1982 (Marinens Ananlysgrupp Rapport fra˚n Harsfjärdsincidenten [The Naval Analysis Group Report for the Harsfjärden incident] under Commander Emil Svensson). The report covers the period 27 September–15 October 1982, attachment 15.

37MAna Harsfj, attachment 41; Tunander, Spelet under ytan, Ch. 2.

38SOU 2001:85, pp.316–17.

39New York Times, 6–14 October 1982.

40MAna Ha˚ rsfj, attachment 25.

41Ola Tunander, Spelet under ytan, pp.68–70.

42Ibid.; SOU 1995:135, p.140.

43The length of the submarine was described as two-thirds of a local ferry, which would mean 20–30 metres. MAna Harsfj, attachment 21; Tunander, Spelet under ytan, pp.65–8.

44Tunander, Spelet under ytan, pp.65–8.

45CO¨ rlBO WD (CO¨ rlBO Krigsdagbok [Chief Naval Base East, Rear Admiral Christer Kierkegaard, War Diary], 27 September–15 October 1982) at 10:35, 5 October 1982.

46Lee Vyborny and Don Davis, Dark Waters: An Insider’s Account of the NR-1 – The Cold War’s Undercover Nuclear Sub (London: Ebury, Random House 2002).

47See Project A615 on 5http://www.deepstorm.ru/4 (accessed 21 June 2012).

48CO¨ rlBO War Diary at 15:25, 7 October 1982; see also MAna Ha˚ rsfj, attachment 37.

49Department of Defense, Prepared statement of Director of Naval Intelligence, Rear Admiral John L. Butts, 28 February 1984, Hearings on H.R. 5167 Before the Committee on Armed Sevices House of Representatives Ninety-eighth Congress, Part 3 of 7, Seapower and Strategic and Critical Materials Subcommittee Title 1 (Washington DC: US Government Printing Office 1984) p.676.

50John McWethy, ‘World News Tonight’, ABC, 21 March 1984.

51Defence Staff, Rapport om undervattensverksamhet som riktats mot va˚rt land [Report about Subsurface Activity Directed Against Our Country], signed by Chief of Defence Bengt Gustafsson and Chief of Staff Thorsten Engberg, Stockholm, Defence Staff, 25 November 1987; see also Carl Bildt, ‘Uba˚ tskra¨ nkningarna mot Sverige – bakgrund, mo¨ nster och motiv’, Speech, 12 April 1990 by MP Carl Bildt, Kungliga krigsvetenskaps-akademiens handlingar och tidskrift 1 (1991) pp.29–56.

52Notes for the government briefing in December 1987 by the ‘Government Group’ (Jan Eliasson, Hans Dahlgren and Bengt Wallroth) headed by Major General Bengt Wallroth, Chief of the International Division, Ministry of Defence (CFo¨ /INT). ‘Undervattensverksam- het – fo¨ rekomst, omfattning och inriktning tidsma¨ ssigt och geografiskt (det s.k. ‘‘mo¨ nstret’’ i verksamheten) samt nationalitetsbesta¨ mning’, The Eke´us Inquiry Files 50:3, National Archives, Stockholm 2001. See also draft notes made by Ambassador Hans Dahlgren for the ‘Government Group’ briefing of the government, December 1987, ‘Om nationalitetsbes- ta¨ mning’, The Eke´us Inquiry Files 49:3, National Archives, Stockholm 2001.

53See Project 865, 5http://www.deepstorm.ru/DeepStorm.files/45-92/dss/865/list.htm4 (ac- cessed 21 June 2012); Tunander, Spelet under ytan, Ch. 6, pp.261–2.

54Mossberg, I mo¨ rka vatten.

55Huchthausen and Sheldon-Duplaix, Hide and Seek, pp.281–3.

56Cosmos SX 506 (23 metres) was sold to several Western countries, at least from the early 1970s. Cosmos SX 756-W (25 metres) existed from the late 1970s and Cosmos MG 110 (28 metres) from the 1980s. The more advanced Cosmos MG 120-ER (extended range) has also been sold to several countries. The number of Cosmos used by various naval special forces is still very secret, but Annati wrote in 1996 that Cosmos had sold submarines to many navies (Massimo Annati, ‘Underwater Special Operations Craft’, Military Technology no. 3 (1996) pp.85–9), which also would include the earlier Cosmos SX 404 SX (17 metres). The British built one Piranha (27 metres) in 1978; Michael Welham, Combat Frogmen – Military Diving from the Nineteenth Century to the Present Day (Wellingborough: Patrick Stephens Limited 1989), see also Anders Hasselbohm, Uba˚tshotet – En kritisk granskning av Ha˚rsfja¨ rdsinci- denten och uba˚tsskyddskommissionens rapport (Stockholm: Prisma 1984) pp.112–14. West Germany built two Type 202 (23 metres) in 1966, but they were decommissioned after a year for political reasons. Whether they have been deployed again from the late 1970s, I do not know.

57Tunander, Spelet under ytan, Ch. 6, pp.261–322; Huchthausen and Sheldon-Duplaix, Hide and Seek, p.88. During World War II, the Italians used rebuilt merchant ships for these kind of operations, but also during the Cold War mini-subs were transported to the area of operations by the use of merchant ships or conventional submarines; Richard Compton-Hall, ‘Re-emergence of the Midgets’, Military Technology 10 (1987) pp.39–46; Gino di Birindelli, ‘The Occult Component of Naval Warfare’, Defence Today, July 1980, pp.289–93. Also former chiefs of military intelligence within NATO have confirmed to me about the use of rebuilt merchant ships for the transport of mini-subs.

58SOU 1995:135, pp.139–40, 160–2, 238–40.

59Ibid.

60CMS WD (CMS Krigsdagbok [War Diary of Chief of the Mine Troops and the Chief of Ma¨ lsten Coastal Defence Base Lieutenant Colonel Sven-Olof Kviman), 6–15 October 1982.

61Ibid.; CMS2 WD (CMS2 Krigsdagbok [War Diary of Chief of the Mine Barrage MS2 Lieutenant Johan Eneroth]), 6–15 October 1982; Y46 Report, drawing and notes made by the personnel on the helicopter Y46 after its reconnaissance trip to Ma¨ lsten-Ma˚ sknuv on 11 October 1982. See also Tunander, The Secret War against Sweden, pp.125–34; Tunander, Spelet under ytan, pp.163–77; SOU 2001:85, pp.123–5.

62Naval Research Laboratory, 1998, 75th Anniversary: Awards for Innovation. Celebrating 75 Years of Science and Technology Development for the Navy, NRL 1923–1998, Washington, p.47, 5http://www.nrl.navy.mil/content_images/75awards.pdf4 (accessed 21 June 2012), see also 5http://www.nrl.navy.mil/NewsRoom/images/75highlights.pdf4 (accessed 21 June 2012); US Navy Operation Specialist (NRTC September 2000, NAVEDTRA 14308), vol. 1. Ch. 13 (Search and Rescue); and Appendix 1 (References), 5http://www.globalsecurity.org/military/library/policy/navy/nrtc/14308_ch13.pdf4 (ac- cessed 21 June 2012); 5http://www.globalsecurity.org/military/library/policy/navy/nrtc/ 14308.htm4; ‘Submarine Launched Markers’, 5http://www.thalesgroup.com/Countries/ Australia/Documents/Submarine_Launched_Markers4 (accessed 21 June 2012).

63Letter about methods used by submarines to attract attention in case of emergency (in Sweden, NATO and the Soviet Union) for Ambassador Eke´us’ Submarine Inquiry written by Commodore Bo Rask, Chief of First Submarine Flotilla, Swedish Royal Navy, 19 July 2001, The Eke´us Inquiry Files, National Archives, Stockholm.

64A Swedish officer, Go¨ ran Walle´n, proposed that it might have been a bottle of green paint on the sea floor that happened to reach the surface (one hour after the mine explosion). Go¨ ran Walle´n, PM fo¨ r Uba˚ tsutredningen 2001-10-07, The Eke´us Inquiry Files 222:4, National Archives; Go¨ ran Walle´n, Harsfjärden 1982 – Fakta i ma˚ let’, Tidskrift i Sjo¨ va¨ sendet 1 (2002) p.40.

65CMS WD, 11 October 1982.

66‘Nyckeln till Ha˚ rsfja¨ rden’, Uppdrag granskning, Swedish TV 1, 11 June 2008. Tunander, Spelet under ytan, Ch. 4, pp.178–83.

67Ibid.

68Ibid.

69Forsvarets Efterretningstjeneste, Rapporter om Fla˚ deaktivitet [Danish Military Intelligence Service, Monthly Reports on Naval Activities], January–December 1981–85, Danish Defence Intelligence Archives, Copenhagen. The fact that the Soviet Navy did not operate nuclear submarines in the Baltic Sea is not controversial inside NATO.

70Diary of the Chief of Defence, General Lennart Ljung, 12 October 1982, Military Archives, Stockholm.

71Chief of Navy, Per Rudberg’s Diary, 14 October 1982. This section was shown in the Swedish TV 1, ‘Uppdrag granskning’, 11 June 2008.

72Ulf Adelsohn, Partiledare – Dagbok 1981–1986 [Diary of the Conservative Party Leader Ulf Adelsohn 1981–86] (Malmo: Gedins Fo¨ rlag 1987) p.97.

73Emil Svensson (Ordfo¨ rande [Chairman]), ‘Slutrapport Uba˚ tssamtalen’ [Final Report – The Submarine Talks (with the Russian Counterpart)], 24 January 1995; MAna Ha˚ rsfj.

74CMS WD, 18:00, 12 October 1982; see also Protocol from the Speaker channel (see below).

75Tunander, Spelet under ytan, p.230.

76Protocol for the speaker channel on the tapes recorded at Ma¨ lsten between 11 October and 28 October (the tapes had one channel for each of the five microphones plus one speaker channel for comments from the sonar operator). The tapes were sent to FOA and were called ‘FOA 0’ – ‘FOA 11’; Protokoll made by Chef MUSAC Peter Gnipping June 2001 for Ambassador Rolf Eke´us Submarine Inquiry, The Eke´us Inquiry Files, National Archives, Stockholm. See also the tape ‘FOA 1’ between 18 and 22 minutes (each tape is 60 minutes).

77‘Uba˚ tar, lo¨ gner och ljudband’, Uppdrag granskning, Swedish TV 1, 3 October 2007.

78Ibid. Actually, Norwegian Intelligence argued that they were not able to identify the type of vessel that was recorded, but it was not a conventional/nuclear Soviet submarine they said (personal conversation 2000–4).

79Erland Sangfelt and Gunnar Sundin, ‘Resultat av analysuppdrag, HKV 23 321:61522 MTRL ref 252:3301’, Technical Report, Fo¨ rsvars- och sa¨ kerhetssystem, Totalfo¨ rsvarets forskningsinstitut FOI (Stockholm 2008); see also 5http://www.foi.se/nyheter/Press–nyheter/ Pressmeddelanden/?pid=2161994 (accessed 21 June 2012).

80‘Nyckeln till Ha˚ rsfja¨ rden’, Uppdrag granskning, Swedish TV 1, 11 June 2008; Tunander, Spelet under ytan, Ch. 5, pp.205–28.

81Ibid.

82Ibid.

83SOU 1983:13; SOU 1995:135, pp.146–9, 276–7; Defence Staff, Rapport om under- vattensverksamhet som riktats mot va˚rt land.

84Notes for the government, December 1987 by the ‘Government Group’ (Bengt Wallroth et al., see above.); Ingvar Carlsson, Ur skuggan av Olof Palme (Stockholm: Hjalmarson & Ho¨ gberg 1999).

85Report from the diving and monitoring of the sea-floor after the Ha˚ rsfja¨ rden incident 6 March 1983; Chefen fo¨ r 6 Minro¨ jningsavdelningen Dick Bo¨ rjesson till chefen fo¨ r marinen Per Rudberg, Rapport efter genomfo¨ rda so¨ kfo¨ retag i STOCKHOLMS ska¨ rga˚ rd samt i HA˚ RSFJA¨ RDEN i samband med uba˚ tsincident, handla¨ ggare MS/Und O¨ rlkn N-O Jansson och C6mro¨ javd tja¨ nstesta¨ lle, Kn K Pejdell, 6 March 1983, partly declassified 22 September 2008; Tunander, Spelet under ytan, Ch. 3, pp.105–58.

86Tunander, Spelet under ytan, Ch. 3, pp.105–58.

87Ibid.

88Naval Undersea Museum writes in an email, 18 April 2012: ‘Deep Quest, built by Lockheed, was offered to the museum in 1989 and transferred to us in 1995’. Undersea Quarterly writes: ‘Deep Quest was . . . located at the Museum in 1995’, 5http:// on0ar.dyndns.org:7373/cmd?cmd READ NAVNET 1464 (accessed 21 June 2012).

89I have a photo from 1980 of this Italian vessel (from its producer Maritalia, later GSE). According to a Russian website, this vessel was produced in 1978 and it disappeared in 1982, 5http://target.ucoz.ru/publ/103-1-0-2314 (accessed 21 June 2012).

90NavSource Online, Submarine Photo Archive, 5http://www.navsource.org/archives/08/ 08546.htm4 (accessed 21 June 2012).

91John P. Craven, The Silent War – The Cold War Battle Beneath the Sea (New York: Simon & Schuster 2001) p.276.

92Tunander, Spelet under ytan, pp.126–8.

93Report from the diving and monitoring of the sea-floor, 6 March 1983 (see above).

94MAna Ha˚ rsfj, attachment 41; Tunander, Spelet under ytan, Ch. 2.

95According to US Navy Chief Scientist John Craven, who developed the DSRV system; Craven, The Silent War, p.276.

96David Miller and John Jordan, Modern Submarine Warfare (London: Tiger Books 1987) p.57. A large version of this photo was available on the net up to the date of proofreading. However, very beautiful photos of the Porpoise rebuilt for carrying a DSRV and another small vessel are available on 5http://bagsy-thecaptainslog.blogspot.no/2011/05/above-us- waves.html4 (accessed 21 June 2012). The Porpoise was supposedly put on the disposal list in 1983 5http://www.submarineheritage.com/gallery_porpoise59.htm4 (accessed 21 June 2012).

97Interview with Speed, Swedish TV2.

98‘Nyckeln till Ha˚ rsfja¨ rden’, Uppdrag granskning, Swedish TV 1, 11 June 2008; Tunander, Spelet under ytan, pp.184–92.

99Diary of the Chief of Defence, General Lennart Ljung, 6 December 1982, Military Archives, Stockholm.

100Lillbacka, ‘A Swedish Ebbinghaus Illusion?’ p.674; ‘Nyckeln till Ha˚ rsfja¨ rden’, Uppdrag granskning, Swedish TV 1, 11 June 2008; SOU 2001:85, p.127.

101Tunander, Spelet under ytan, pp.184–5.

102Lillbacka, ‘A Swedish Ebbinghaus Illusion?’ pp.673–4.

103Tunander, The Secret War against Sweden, pp.137–41.

104‘Uba˚ tar, lo¨ gner och ljudband’, Uppdrag granskning, Swedish TV 1, 3 October 2008; ‘Sista beviset faller i uba˚ tsfra˚ gan’, Uppdrag granskning, Swedish TV 1, 21 November 2007.

105Go¨ ran Walle´n, ‘Replik till Tunander’, Forum Navale 66 (2010) pp.67–84; Ola Tunander, ‘Fra˚ n ‘‘sa¨ ker’’ kra¨ nkning till ‘‘fantasifull’’ observato¨ r: Replik till Bror Stefenson och Go¨ ran Walle´n’, Forum Navale 66 (2010) pp.85–100.

106Svensson, Under den fridfulla ytan, pp.124–5.

107Special technical report about incidents at Ma¨ lsten Coastal Defence Base, 14 October 1982, signed by Sven-Olof Kviman and Per Andersson.

108CMS WD, 14 October 1982.

109Ibid.; CO¨ rlBO WD, 14 October; SOU 2001:85, p.118.

110Hans von Hofsten, I kamp mot o¨ verheten: O¨ rlog och debatt (Stockholm: T. Fischer & Co 1993) p.83.

111SOU 2001:85, pp.186–7.

112Koivisto, Grannar, p.171.

113Clemmesen, ‘Koldkrigsudredningen’, p.101.

114Clemmesen admits that NATO sources say that the Quebec-class submarines might all have been retired in 1982. See also Project A615 (on 5http://www.deepstorm.ru/4) with the last vessel retired in 1981.

115Hasselbohm, ‘Fem a˚ r och tva˚ ma˚ nader efter Ha˚ rsfja¨ rden kommer bekra¨ ftelsen.

116Walle´n, ‘Replik till Tunander’, pp.67–84.

117Ibid.

118Fredrik Palmaeus and Emil Svensson, Swedish TV4, 12 March 2008; Go¨ ran Walle´n, ‘Observation av periskop pa˚ Stockholms stro¨ m 1982–09–26’ in Herman Fa¨ ltstro¨ m, Uba˚tsoperationer och kra¨ nkningar under det kalla kriget (Stockholm: Swedish Defence College, Fo¨ rsvaret under det kalla kriget, No. 15, 2008) pp.64–8.

119MAna Ha˚ rsfj, attachment 6; see also Aftonbladet, 1 October 1982.

120CO¨ rlBO WD, 30 September 1982; Interview with Sven Andersson, ‘Aktuellt’, SVT1, 26 April 1983; Sven Andersson, ‘Extra Rapport’, SVT2, 26 April 1983; Tunander, Spelet under ytan, pp.47–50, 86–7.

121Walle´n, ‘Observation av periskop pa˚ Stockholms stro¨ m 1982-09-26’; Palmaeus and Svensson, Swedish TV4.

122Tunander, Spelet under ytan, pp.47–50, 86–7.

123Interview with Weinberger, Swedish TV2 (2000); Interview with Speed, Swedish TV2.

124Eide quoted in Tunander, The Secret War against Sweden, p.259.

125Ibid.; see also Aktuellt, Swedish TV 1, 29 March 2000.

126See Keith Speed below; Tunander, Spelet under ytan, pp.352–7.

127See Lars Lindberg, former chief editor of Norrla¨ ndska Socialdemokraten, writes that he was shown a clear photo of a mini-submarine in To¨ re Harbour, 1987, 5http://toppmotet.se/ 2011/04/lognerna-om-ubaten-i-torefjarden/4 (accessed 21 June 2012) and a series of very clear photos of a small sail from a min-sub were allegedly taken along the coast of Norrland in 1989, 5http://forum.skalman.nu/viewtopic.php?f¼22&t¼40951&sid¼c3069de1ca73a- b4470e646457bf3cc954 (accessed 21 June 2012), but the Submarine Inquiry was never shown these photos.

128Mossberg, I mo¨ rka vatten, p.178.

129Written statements of the Director of Naval Intelligence, Hearings before the Committee on Armed Sevices, House of Representatives (Washington, DC: US Government Printing Office, Department of Defense 1981–89).

130Peterson, Resan mot Mars, pp.555–7.

131Interview with Caspar Weinberger, ‘Striptease’, Swedish TV2, 7 March 2000.

132Interview with John Walker, Associated Press, 08.38 pm, 7 March 2000.

133Interview with Speed, Swedish TV2; Leif Holmstro¨ m, Chief of the Swedish Sound Analysis (MUSAC) told the 2001 Inquiry that his opposite number in the Royal Navy had confirmed to him that the Swedish recording of a submarine in 1988 at Musko¨ was an Oberon class. ‘It is one of ours’, he exclaimed; Mossberg, I mo¨ rka vatten, p.131; Lars Borgna¨ s, Nationens intresse (Stockholm: Norstedts 2011) pp.39–48; Tunander, The Secret War against Sweden, p.242.

134Interview with Speed, Swedish TV2.

135Interview with Paul Beaver, ‘Striptease’, Swedish TV2, 11 April 2000.

136Interview with John Lehman for the TV Channel Arte, February 2009 (see below).

137Department of Defense, Worldwide Active Duty Military Personnel Casualties, October 1, 1979 – June 30 1991 (Washington, DC: US Government Printing Office 1991) pp.3, 30.

138Pelle Neroth, ‘Margaret Thatcher Told Navy to Raid Swedish Coast’, Sunday Times, 27 January 2008.

139Pelle Neroth, email to the editor of Sunday Times forwarded to Ola Tunander, 8 February 2008.

140Go¨ ran Stu¨ tz, Opinion 87 – En opinionsunderso¨ kning om svenska folkets insta¨ llning till na˚gra samha¨ lls- och fo¨ rsvarsfra˚gor ho¨ sten 1987 (Stockholm: Styrelsen fo¨ r psykologiskt fo¨ rsvar December 1987) p.64.

141Ibid.

142Ibid.

143Jacob Børresen, Gullow Gjeseth and Rolf Tamnes, Norsk forsvarshistoria (bind 5) – Allianseforsvar i endring (Bergen: Eide Forlag 2004) pp.43–4.

144Roald Gjelsten, ‘Fra invasjonsforsvar til resursforvaltning og fredsoperasjoner’ in Bjørn Terjesen, Tom Kristiansen and Roald Gjelsten (eds.) Sjørforsvaret i krig og fred: Langs kysten og pa˚ havet gjennom 200 a˚r (Oslo: Fagbokforlaget 2010) p.415.

145Børresen, Gjeseth and Tamnes, Norsk forsvarshistoria, pp.43–4.

146Peter Schweizer, Victory: The Reagan Administration’s Secret Strategy that Hastened the Collapse of the Soviet Union (New York: Atlantic Monthly Press 1996); see also Huchthausen and Sheldon-Duplaix, Hide and Seek.

147Schweizer wrote about operations decided by this committee. He did not mention the committee itself or its name, but in addition to Casey he names National Security Advisor Richard Allen, Deputy Secretary of Defense Fred Ikle´ and Undersecretary of State William Schneider as officials involved in these operations. Casey even turned up for a very secret visit in Stockholm during the submarine crisis in 1983; Schweizer, Victory, pp.163–5.

148Interview with John Lehman, February 2009 (the quote originates from a not yet produced documentary for Arte, Ilona Grundmann Filmproduction, Wiesbaden, Germany).

149Ibid.

150Conversation with John Lehman, US Maritime Strategy Conference, Bødø, August 2007; see also Huchthausen and Sheldon Duplaix, Hide and Seek, p.285.

151Arte interview with John Lehman, February 2009.

152Huchthausen, and Sheldon-Duplaix, Hide and Seek, p.285; Tunander, Spelet under ytan, pp.394–400.

153Arte interview with John Lehman, February 2009.

154Pelle Neroth, email to the editor of Sunday Times forwarded to Ola Tunander, 8 February 2008.

155Huchthausen and Sheldon-Duplaix, Hide and Seek, p.285; Tunander, Spelet under ytan, pp.394–400; about NURO, see Sherry Sontag and Christopher Drew with Annette Lawrence Drew, Blind Man’s Bluff – The Untold Story of American Submarine Espionage (New York: HarperCollins 1998) pp.83, 164, 206.

Source : Taylor and Francis Online, Ola Tunander, 13-07-2012

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Fritz // 20.04.2024 à 11h01

Merci pour cet article substantiel, qui s’appuie aussi sur des sources en langue suédoise. Comment transformer une puissance neutre en avant-poste de l’OTAN. Mission réussie, pour le moment, mais rira bien qui rira le dernier.

7 réactions et commentaires

  • Auguste Vannier // 20.04.2024 à 10h52

    J’avoue que je n’ai pas eu le courage de lire attentivement tout ce copieux et très documenté article. Mais je savais déjà que la thèse était fondée: Psyop, manipulations et actions clandestines en tout genre, ont été intenses pendant la guerre froide. Nous observons que non seulement elles n’ont jamais cessé, mais qu’elles se sont même intensifiées et généralisées comme « méthodes » de géopolitique, avec une mention spéciale pour la superpuissance US, dont désormais plus rien ne nous étonne.
    On peut s’attendre à tout ,même au déclenchement d’une guerre nucléaire…

      +11

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  • Fritz // 20.04.2024 à 11h01

    Merci pour cet article substantiel, qui s’appuie aussi sur des sources en langue suédoise. Comment transformer une puissance neutre en avant-poste de l’OTAN. Mission réussie, pour le moment, mais rira bien qui rira le dernier.

      +15

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    • Araok // 21.04.2024 à 08h15

      Bonjour cher ami
      « Mission réussie, pour le moment, mais rira bien qui rira le dernier » écrivez vous. Pouvez-vous préciser votre pensée ? Merci

        +0

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      • Fritz // 21.04.2024 à 15h20

        Bonjour Araok,
        pensez-vous que l’OTAN soit éternelle ? Je pense que ce truc abject disparaîtra avant cinq ans, dix ans maximum, avec tous les pays qui ont eu la lâcheté d’y rester, ou l’ignominie d’y rentrer.

          +0

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  • Orbun // 21.04.2024 à 02h36

    Bonjour,
    J’avais entendu parlé d’une commission parlementaire suédoise dans les années 2005 qui concluait à une « conspiration «  de l’état-major de la marine suédoise.
    Il y a deux ans avec la candidature de la Suède à l’OTAN, j’avais cherché à retrouver cette information, mais je n’avais pas réussi à retrouver ces informations (internet contient beaucoup de choses mais sait défendre l’accès de ces informations vu comme complotiste)
    Merci à Elucid !
    Quand j’étais plus jeune dans les années 80 je ne comprenais pas pourquoi ces chasses aux sous-marins soviétiques n’aboutissaient pas. Je me disais que les suédois ne voulaient pas se créer de trop gros problèmes avec l’URSS du fait de leur neutralité. Je me disais que Nessie s’était échappé de son loch.
    D’un autre côté, certaines informations très discrètes semblaient dire que cela pouvait venir des USA, je ne voyais pas l’intérêt de telles actions de la part des USA.
    J’étais encore bien naïf.

      +8

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  • landstrykere // 21.04.2024 à 13h53

    Un très grand merci pour ce résumé touffu et sourcé.
    Ola Tunander dorénavant un bonhomme assez âgé représente cette génération passée d’universitaires suédois qui n’étaient pas sous la houlette des parapluies d’ONG, « fondations », boîtes à idées (tinques-tanques….) ,entre reliées par étages et sous-étages entre elles bien que sous façades se présentant sui generui, des officines d’influences américaines en Europe, depuis le NED et USAID.
    Il a toujours travaillé en cherchant des sources premières, en étalant tout sur la table et en observant les rapports entre des évènements.

    Les nouvelles générations sont virtuellement toutes pré-formatées par les influences américaines, et les rapports étroits entre scandinaves et universités américaines. Celà donne les dirigeants actuels en Suède et en Finlande par exemple.
    Il est saisissant de constater comment en une vingtaine d’années Finlande et Suède sont passés de postures politiques neutres et posées à un rôle de chien-chien aboyeur dans le style des trois pays baltes.
    Jamais, jamais, même sous Staline, la frontière finno-russe ne fut fermée. Or c’est le cas dorénavant et il semble pour lontemps. La frontière estonienne reste ouverte, selon moi évidemment pour conserver un chemin d’inflitration pour agents ukrainiens et une voie optionnelle pour les personnels consulaires sans faire le tour par la Turquie. De même la petite frontière Kirkenes-Mourmansk.

    Bref, la Suède revenue au temps des Teutoniques et des guerres contre la Russie.

      +4

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  • Hugo // 22.04.2024 à 02h00

    ßonsoir,
    Ceci explique probablement pourquoi, quand Sverige avait encore toute sa tête •))°!°((• et sa neutralité séculaire, ƒurent clandestinement menées des manœuvres communes avec les u$a, ƒinement baptisées « Aurora » par dérision envers le croiseur russe du même nom ((Авро́ра)), dont la mutinerie, en 1915, préluda à la Révolution bolchévique.

    Malheureusement pour eux, un train convoyant secrètement des chars ((TROP)) lourds de l’O.T.A.N., depuis la Norvège vers l’île de Gotland, versa dans un virage, libérant quantités de matériels dissimulés dans ses ƒlancs.

    Comme d’habitude se vériƒia l’adage Romain, « QVOS PERDERE VVLT IVPITER DEMENTAT ».

      +3

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