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Trump-Macron : Une humiliation française ! Par Guillaume Berlat

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 30-04-2018

La réciprocité est une grande règle qui préside à la conduite des relations internationales, surtout dans le domaine du protocole et des usages. Donald Trump était officiellement invité à Paris à l’occasion des festivités du 14 juillet 2017. Aujourd’hui, c’est tout naturellement à Emmanuel Macron d’être l’hôte de marque des États-Unis à la faveur de la visite officielle de trois jours (23-25 avril 2018) qu’il effectue dans ce pays, la première de son quinquennat1. Ce déplacement intervient alors que plusieurs conflits durs empoisonnent le climat social en France.

Comme les symboles comptent parfois autant que la substance dans les usages diplomatiques, Emmanuel Macron offre en cadeau à Donald Trump un jeune chêne, signe de la vigueur des relations entre les deux pays. Pour ce qui est du contexte géostratégique de cette visite, elle intervient quelques jours après les frappes tripartites contre de prétendus sites clandestins de production d’armes chimiques en Syrie, juste après l’annonce par Kim Jong-un, le leader nord-coréen de la suspension des essais nucléaires et balistiques en même temps qu’une nouvelle orientation économique pour son pays ainsi qu’une rencontre entre les deux présidents coréens (27 avril 2018) et quelques semaines avant une décision importante de l’administration américaine sur l’accord nucléaire avec l’Iran du 14 juillet 2015.

C’est dire que les deux présidents ne manquent pas de sujets de discussion touchant aux grands équilibres mondiaux ! Sur la base d’une relation particulière entre les deux présidents, Emmanuel Macron entend s’attaquer aux racines du mal (la liste des différends est longue) à travers cette visite officielle qui se veut refondatrice du lien transatlantique2.

MACRON-TRUMP : UNE RELATION PARTICULIÈRE3

En dépit de tout ce qui les oppose, existe, encore à ce stade, une estime mutuelle entre Emmanuel Macron et Donald Trump.

Une opposition de style. En dépit des apparences trompeuses et des échanges d’aimabilités diplomatiques facilités par la parfaite maîtrise de la langue anglaise de Jupiter (Cf. son discours devant le Congrès), « tout sépare les deux hommes sans les opposer ». D’un côté, un tonitruant magnat de l’immobilier, un démagogue assumé chantre de « l’America First » et de l’unilatéralisme. De l’autre, un brillant énarque, représentant de ces élites haïes des populistes, héraut d’une Europe ouverte et du multilatéralisme. Mais, ces visons aux antipodes n’empêchent pas des convergences de fond structurelles sur des sujets comme la Syrie (appui français aux frappes du 14 avril 2018 sur des sites chimiques et participation de Paris aux travaux du « Small Group »)4 ; le Mali (la France reçoit un appui logistique non négligeable de Washington) ; la lutte contre le terrorisme (depuis les attentats du 11 septembre 2001 la coopération entre Services fonctionne parfaitement) ; la Corée du nord (même si la France a été dépassée par le rapprochement entre les deux pays)…

Une estime mutuelle. Même si Emmanuel Macron a porté des jugements sévères sur la présidence tweeter de Donald Trump (entretien au magazine Times de novembre 2017), la communication est bonne entre les deux chefs d’État. Avant les frappes conjointes en Syrie, ils se sont entretenus quotidiennement au téléphone pendant ce psychodrame. Jupiter l’aurait conduit à plus de discrétion dans son expression publique et à plus de retenue dans la séquence militaire. Après quelques débuts difficiles (la fameuse poignée de main virile de l’ambassade des États-Unis à Bruxelles en marge du sommet de l’OTAN du 25 mai 2017), le courant passe depuis la visite officielle de Donald Trump à l’occasion du centenaire de l’entrée en guerre des États-Unis dans le premier conflit mondial et la participation du couple présidentiel aux cérémonies du 14 juillet 2017, à un dîner à quatre au restaurant le Jules Vernes à la tour Eiffel.

D’instinct les deux animaux politiques se flairent et se reconnaissent. Ils ont été élus à la surprise générale après avoir cassé les codes politiques de leurs pays respectifs. C’est ce que Jupiter déclare lors de son entretien à Fox News à la veille de sa visite : nous sommes tous deux des « francs-tireurs » entretenant une relation personnelle forte. Emmanuel Macron sait déchiffrer le côté théâtral de son interlocuteur et sait jouer. Il incarnerait le meilleur espoir de canaliser les ardeurs de son homologue, de le modérer sur certains points. En un mot, ils seraient les meilleurs amis du monde5.

MACRON-TRUMP : LES RACINES DU MAL

Malgré les échanges d’amabilités et de belles photos6, la relation entre Donald Trump et Emmanuel Macron (« bromance » pour « brother » et « romance »7) reste marquée par plusieurs désaccords sur les sujets internationaux et économiques qui n’ont pas encore affecté les échanges bilatéraux.

Iran. Principal point d’achoppement, la question de l’avenir de l’accord sur le programme nucléaire de Téhéran menace de rompre la lune de miel qui se prolonge entre les deux présidents, tous les deux arrivés au pouvoir en 2017. Signé le 14 juillet 2015 par l’Iran, les Etats-Unis, la Russie, la Chine, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et l’Union européenne, le JCPOA (Plan d’action global conjoint) a mis en place un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d’une levée progressive des sanctions contre Téhéran. Donald Trump, qui n’a pas mâché ses mots depuis son élection sur cet accord, a donné aux signataires européens jusqu’au 12 mai pour « réparer les affreuses erreurs » de ce texte, faute de quoi il refusera de prolonger l’assouplissement des sanctions américaines contre la république islamique. Pour tenter de convaincre le président américain de préserver cet accord, Emmanuel Macron propose depuis plusieurs mois, avec ses partenaires allemands et britanniques, d’adopter de nouvelles sanctions contre les activités balistiques de l’Iran et son rôle dans la région, pour l’heure en vain. Il déclare qu’il n’y a pas de plan B mais propose de conclure un nouvel accord8.

Commerce international. La question du commerce a poussé Emmanuel Macron, pour la première fois, à hausser véritablement le ton fin mars contre son homologue américain, qui a décidé d’imposer des taxes sur les importations d’acier et d’aluminium. « On parle de tout par principe avec un pays ami qui respecte les règles de l’OMC. On ne parle de rien par principe lorsque c’est avec un fusil sur la tempe », a-t-il déclaré. Face à une stratégie américaine qu’il juge « mauvaise », l’Union européenne « doit être unie et déterminée, elle n’est pas la variable d’ajustement du commerce mondial, elle n’en est pas non plus le maillon faible ou le défenseur naïf », a-t-il ajouté. Donald Trump a donné fin mars à l’Union européenne et six pays jusqu’au 1er mai pour négocier des exemptions permanentes aux tarifs de 25% sur l’acier et de 10% sur l’aluminium qu’il a décidé d’instaurer pour mettre un terme aux « agressions » commerciales dont Washington est selon lui victime. La question est importante tant elle remet en question les règles du commerce international voulues par les Américains et qu’ils rejettent aujourd’hui sans la moindre concertation préalable avec leurs partenaires de l’OMC.

Climat. Neuf mois après son appel « Makeourplanetgreatagain », Emmanuel Macron tente, une nouvelle fois, de convaincre Donald Trump de rester engagé par les dispositions de l’accord de Paris conclu lors de la COP21 mais les chances d’y parvenir paraissent minces. Depuis son annonce fracassante de se désengager de cet accord qui doit permettre de contenir le réchauffement de la planète sous la barre des 2° C, le président américain n’a pas modifié d’un iota sa position à l’égard de ce texte qu’il juge « mauvais ». Les Etats-Unis pourraient revenir au sein de l’accord si ce dernier était révisé, a-t-il répété à plusieurs reprises, une hypothèse rejetée par les autres pays signataires, au premier rang desquels la France qui a exclu tout « détricotage ». Donald Trump estime que ce texte nuit aux intérêts économiques américains, est destructeur d’emplois et désavantage les Etats-Unis par rapport à la Chine notamment.

Responsables de 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les Etats-Unis se sont engagés dans le cadre de cet accord à réduire d’ici 2025 de 26 à 28% leurs émissions par rapport à 2005. Dans une interview à CBS en décembre, Emmanuel Macron s’était dit « assez certain que [son] ami le président Trump [allait] changer d’avis dans les mois ou les années à venir ». Pour l’heure, la résistance s’organise aux Etats-Unis dans la société civile, certains Etats et des entreprises faisant entendre leur voix discordante. Fin mars, l’ONU a estimé qu’« indépendamment de la position du gouvernement, les Etats pourraient être en mesure d’atteindre leurs engagements en tant que pays ». La question est d’importance, mettant en exergue la capacité ou non d’un État de respecter ou non ses engagements (Pacta sunt servanda). Fait intéressant à relever, le médiatique ministre de la transition écologique et solidaire, Nicolas Hulot n’a pas été convié à faire le voyage à Washington9.

Jérusalem. La décision de Donald Trump de reconnaître Jérusalem comme la capitale d’Israël et d’y transférer son ambassade, qui a mis le feu aux poudres dans la région début décembre, a été dénoncée par Emmanuel Macron – dans des termes modérés. « C’est une décision regrettable, que la France n’approuve pas et qui contrevient au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU », avait réagi le chef de l’Etat. En décembre, au côté du président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à Paris, il avait estimé que les Etats-Unis s’étaient avec cette décision « marginalisés ». « Je l’ai dit à mon ami Donald Trump (…) au moment où de manière unilatérale, il a annoncé la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël, je pense qu’il n’a pas aidé à la résolution du conflit, à la situation, je ne pense même pas qu’il ait aidé à l’amélioration de la situation sécuritaire, pour vous parler très franchement », a-t-il renchéri en mars. « A un moment donné du processus, la reconnaissance de Jérusalem comme capitale d’Israël et de la Palestine, adviendra, mais ça doit venir au bon moment »10. Là encore, nous sommes au cœur de l’unilatéralisme américain. Amérique qui attend de ses partenaires et adversaires le strict respect des engagements qu’ils ont souscrits mais qui s’autorise à les fouler aux pieds sans la moindre retenue.

Comme on peut le constater, la liste des désaccords sur la substance est conséquente. En quoi, la visite du président de la République a-t-elle pu contribuer à les réduire, voire à les surmonter sur le long terme et non par des communiqués lénifiants mais creux ? La presse américaine semble plus sceptique sur la capacité d’influence jupitérienne que son homologue française.

MACRON-TRUMP : LA MÉSENTENTE CORDIALE

Le moins que l’on puisse dire est que le pari de Jupiter, en dépit d’une préparation du terrain et d’une visite dense, est manqué tant la diplomatie tactile a ses limites. Cette visite constitue une claque pour l’ambassadeur de France à Washington.

Le pari de Jupiter. Les visites d’État à Washington étant rares – la première d’un dirigeant étranger depuis l’installation du 45ème président des Etats-Unis à la Maison Blanche-, Donald Trump avait tout intérêt à mettre les petits plats dans les grands pour accueillir Emmanuel Macron pour sa première visite officielle outre-Atlantique. La rareté fait le prix. En effet, Jupiter est le seul chef d’État ou de gouvernement européen à entretenir une relation virile mais confiante avec son homologue américain. Angela Merkel et Theresa May n’apprécient guère le machisme de l’homme à la mèche blonde englué dans toutes sortes de scandales politiques et sexuels. Bruno Le Maire, le ministre courtisan par excellence, explique à qui veut l’entendre qu’Emmanuel Macron « a même réussi à devenir le seul interlocuteur de Trump en Europe. Une belle prouesse ».

D’autres s’empressent d’ajouter que cette visite ressemble au mariage de la carpe et du lapin au-delà de l’opération séduction jupitérienne qui cherche à étendre l’influence de la France aux États-Unis, voire à se substituer à la Perfide Albion. Le couple Trump-Macron a remplacé le tandem Obama-Merkel, qui avait structuré les relations transatlantiques pendant huit ans. Leur relation tourne à une bataille d’egos et de communication… sans résultat tangible11. Quant à Angela Merkel, qui s’est rendue à Washington le 27 avril 2018, le moins que l’on puisse dire est qu’elle fait dans la sobriété sauf pour ce qui est de la diplomatie économique qu’elle pratique avec discrétion et efficacité.

La préparation du terrain. En parfait communicant qu’il est, Emmanuel Macron a choisi de parler à l’Amérique profonde, à la veille de sa visite officielle depuis son bureau de l’Élysée, via la chaîne de télévision très prisée qu’est Fox News (entretien de 30 minutes en anglais). Une sorte de présentation de sa position sur les principaux sujets de discussion avec son homologue américain.

« Mon objectif est de mettre en avant la longue histoire entre nos deux pays, fondée sur les valeurs auxquelles nous sommes attachés, en particulier la liberté et la paix », déclare le président français à Chris Wallace. « Je défendrai le multilatéralisme devant le Congrès, ce qui veut dire jouer tous ensemble pour réduire l’influence de quelques États voyous et dictateurs brutaux ». Sa « relation spéciale » avec le président américain tiendrait à trois raisons. Premièrement, « probablement parce que nous sommes tous deux des francs-tireurs, nous ne faisons pas partie du système politique traditionnel ». Deuxièmement, nous sommes sur la même ligne sur des dossiers internationaux importants, en particulier la lutte antiterroriste et le combat contre l’État islamique (EI). Et troisièmement, nous avons une « relation personnelle forte ». La poignée de main musclée de leur première rencontre ? « C’était très direct, un moment très naturel et amical », assure Jupiter, qui concède avoir « observé certaines victimes » de la manière dont Trump tire vers lui ceux qu’il salue. Le passage qui intéresse le plus la chaîne engagée derrière le président américain avait déjà été dévoilé en hors-d’œuvre. « Ce n’est pas à moi de juger ou d’expliquer à votre peuple ce que devrait être votre président ou si, à cause des enquêtes et des polémiques, il est moins crédible. Je ne me demande jamais s’il achèvera son mandat », assure le président français. « Je travaille avec lui car nous sommes tous les deux engagés au service de nos pays ». Sur la Syrie, Emmanuel Macron réitère la nécessité pour les États-Unis et les Occidentaux de « rester présents, pas nécessairement avec des troupes américaines, ce peut être aussi via la diplomatie ». Pour « bâtir la nouvelle Syrie », le rôle des États-Unis, des alliés, des pays de la région « et même de la Russie et de la Turquie » sera très important. « Si nous partons après la défaite de l’EI, nous laisserons le terrain au régime iranien, à Bachar el-Assad et à ces gens-là, qui prépareront la prochaine guerre et alimenteront les nouveaux terroristes ». La menace américaine d’imposer des tarifs douaniers à l’Europe sur l’acier (25%) et l’aluminium (10%) à compter du 1er mai promet quelques échanges directs entre Trump et Macron: « J’espère qu’il ne les mettra pas en oeuvre et accordera une exemption à l’UE », dit le Français. « On ne livre pas une guerre commerciale à ses alliés. Où sont vos priorités ? Vous avez besoin d’alliés et nous sommes votre allié » Il ajoute : « Je suis un type facile à comprendre, je suis très simple et direct : vous ne pouvez pas faire la guerre à tout le monde, la Chine, l’Europe, la Syrie, l’Iran… Allons ! Ça ne marche pas comme ça ». De même sur l’accord nucléaire avec l’Iran, que Washington menace de dénoncer le 12 mai prochain: « Cet accord est-il parfait ? Non, dit le président. Mais quelle est votre meilleure option ? Je ne la vois pas. Je n’ai pas de plan B sur la question nucléaire. C’est pourquoi je dis : gardons le cadre qui existe car c’est mieux qu’une situation à la nord-coréenne. Pour autant, je ne suis pas satisfait de la situation en ce qui concerne l’Iran. Je veux lutter contre leur programme de missiles balistiques et contenir leur influence régionale », assure-t-il, préconisant de « compléter » l’accord sans le détruire. Emmanuel Macron prêche aussi la prudence sur la Corée du Nord, tout en faisant crédit à « la pression » de l’Administration Trump et au rôle de la Chine. Emmanuel Macron : « Je n’ai pas de plan B sur l’accord nucléaire avec l’Iran ». « Nous ne devons jamais être faibles avec Vladimir Poutine. Si on est faible, il en profite ». Sur ce dernier, le président français mâche moins ses mots que son homologue américain : « C’est un homme fort, un président fort, il veut une grande Russie, son peuple est fier de ses politiques. Il est extrêmement dur avec les minorités et ses opposants. Sa conception de la démocratie n’est pas la mienne, mais j’ai une discussion permanente avec lui. Ne soyons pas naïfs : il est obsédé par le fait d’interférer dans nos démocraties. Nous ne devons jamais être faibles avec Vladimir Poutine. Si on est faible, il en profite, c’est le jeu. Il produit beaucoup de « fake news », il a une puissante propagande et il cherche à fragiliser nos démocraties parce qu’il pense que c’est bon pour son pays. Je le respecte, je le connais, je veux travailler avec lui en sachant tout cela ».

La fin de l’entretien est consacrée à l’explication des réformes menées en France au public américain. Emmanuel Macron se dit guidé par ce qui est « juste et efficace » dans son programme « d’émancipation » visant à créer « une France plus forte et mieux adaptée aux nouveaux défis, en particulier ceux du digital et de l’économie verte ». « Aucune chance » que les grèves et les protestations « légitimes » le fassent fléchir, assure-t-il. « Si l’on suit les sondages, on ne réforme jamais ». Or, « lucide et engagé », le président déclare, en écho à celui qui l’accueille lundi en visite d’État à Washington : « I’m here to make my country great again » (Je suis là pour rendre sa grandeur à la France)12.

Le contenu de la visite. Comme dans ce genre de visite d’État, il importe de distinguer entre deux volets. Le volet protocolaire, même si le symbole est important dans la diplomatie, qui restera dans l’histoire et dans les médias : dîner à quatre, dîner officiel à la Maison Blanche, échange de cadeaux et aimabilités appuyées, poignées de main plus ou moins chaleureuses ou viriles, discours officiels (devant le Congrès), diplomatie gastronomique (gigot jambalaya, tarte aux nectarines)13. Il donne la tonalité de la visite14. Le volet politique dont nous ne savons toujours pas tout ce qui s’est dit tant lors des discussions en tête-à-tête ou en format élargi aux proches collaborateurs. L’on nous dira ce que l’on veut bien nous dire surtout sur les sujets de désaccord (commerce international, climat, nucléaire iranien…)15. Le procédé le plus classique consiste à insister sur les points de consensus (Syrie, coopération militaire, renseignement) pour masquer les points de consensus, les communicants du président ayant une certaine dextérité en la matière. D’autant que la diplomatie du bon docteur Coué d’Emmanuel Macron atteint rapidement ses limites face au poids de l’administration et des lobbies particulièrement puissants aux États-Unis. Ses excellentes relations personnelles ne permettent, au mieux, que quelques amodiations à la marge de la position américaine mais pas de tsunami diplomatique. Il ne faut pas croire au père Noël. Un supertanker ne peut être facilement dérouté de son cap. Nous touchons ainsi aux leurres du bougisme16. Ainsi qu’aux limites d’une diplomatie de la canonnière (Syrie)17, d’une diplomatie de la sanction (Russie)18 qui est à l’opposé de la position traditionnelle de la France. La conférence de presse conjointe a mis en exergue les fossés existants entre les deux présidents sur le commerce international et surtout sur l’Iran, Donald Trump ne faisant pas dans la dentelle. C’est une vérité d’évidence que l’on ne peut minorer artificiellement. Le camouflet fut de taille pour Jupiter obligé d’avaler son chapeau19. On doit bien rire sous cape à Berlin et à Londres – sans parler de Moscou – de celui qui disait, à ses conseillers, avant son départ pour Washington : « je suis content d’être l’un des rares chefs d’État à avoir une relation à peu près équilibrée avec Donald Trump ». Pour l’Iran, il repassera. Sa réplique molle a été aussitôt stigmatisée à Téhéran où l’on croit encore à la valeur des accords internationaux signés, ratifiés et appliqués (Pacta sunt servanda, une fois encore). Dans ces conditions, comment convaincre le dirigeant nord-coréen de se priver de son assurance tout-risque que constitue son arsenal nucléaire s’il n’a aucune certitude sur la levée des sanctions par les États-Unis ?20 Au-delà du cas spécifique de l’Iran, c’est tout le système de la sécurité collective mis en place en 1945 qui est remis en cause par la position américaine avalisée de facto par la France. Sans parler de la confiance, ingrédient indispensable à la paix et à la sécurité internationales, qui est minée par de tels comportements irresponsables. Petites causes, grands effets. Le moins que l’on puisse dire est les brillants experts français en droit international sont muets comme des carpes en dépit des coups de canifs portés à la Charte de l’ONU.

Les limites de la diplomatie tactile. Rabroué vertement par Donald Trump, Emmanuel Macron se paie deux séances de rattrapage devant le Congrès (avec « standing ovations »)21 et l’université Georges Washington (avec des étudiants séduits). Mais, tout ceci ne peut masquer les limites, pour ne pas dire l’échec de la visite. Sur le nucléaire iranien, Jupiter dit tout (il n’y a pas de plan B à l’accord du 14 juillet 2015) et son contraire (il présente les contours d’un éventuel plan B). La diplomatie du en même temps a ses raisons que la raison ne connaît. Bien évidemment, cette volte-face n’est passée inaperçue ni à Téhéran et à Moscou, ni dans certaines capitales européennes comme à Berlin22. Cette visite démontre amplement la duplicité du langage diplomatique jupitérien en particulier sur l’Europe, terme que l’on n’a peu, pour ne pas dire pas entendu sur les rives du Potomac. On ne peut vanter les immenses mérites de la « souveraineté européenne » à Athènes, Paris et à Strasbourg et se comporter comme un vulgaire « souverainiste » (que l’on critique sans cesse) lorsque l’on se rend à Washington pour baiser la babouche du maître du monde. On ne peut vanter les immenses vertus du multilatéralisme pour gouverner les relations internationales et pratiquer l’unilatéralisme le plus cru, le cavalier seul que l’on dénonce chez les autres. On ne peut célébrer la gloire du couple franco-allemand et ignorer superbement Berlin lors des rencontres avec les grands de ce monde. En forçant le trait, on peut dire que Jupiter a creusé la tombe de l’Europe à Arlington, a enterré le cadavre chaud de cette vieille dame sans fleurs, ni couronnes.

La porte pour l’ambassadeur-gaffeur. Claque pour Jupiter mais aussi claque magistrale pour son ambassadeur de France dignitaire à Washington, Gérard Araud qui conclut son séjour sur une bérézina flagrante, et cela à quelques semaines d’une retraite amplement méritée. Ce diplomate atypique s’est fait remarquer par ses diatribes incroyables contre les dirigeants libyen, syrien et russe lorsqu’il était ambassadeur auprès de l’ONU à New-York. Il a eu le grand mérite de porter, à son paroxysme, la diplomatie de l’invective et de l’insulte. Ce polytechnicien-énarque néo-conservateur bon teint n’a toujours rien compris à l’essence même de la diplomatie. Lui qui avait envoyé un tweet ravageur après l’élection de Donald Trump en contradiction avec les usages de la profession, tweet qu’il avait été contraint de retirer sur ordre de Paris. Il avait également menacé de démissionner en cas de victoire de Marine Le Pen aux dernières élections présidentielles de mai 2017. On peut toujours rêver. Mais, il n’a jamais été sanctionné pour toutes les fautes lourdes qu’il a commises au cours des dernières années. Et cela pour diverses raisons tenant à son appartenance à l’élite administrative, à son macronisme appuyé et à bien d’autres réseaux. Comprenne qui pourra ! Mais, ne rêvons pas, cela continuera à l’avenir comme dans le passé moralisation de la vie publique ou pas. La poudre de perlimpinpin a encore de beaux jours devant elle dans la République en marche arrière… des castes et des intouchables.

Mais, nous sommes pleinement rassurés par les communicants de Jupiter qui expliquent sans trembler que le président français est resté cohérent et qu’il n’y a pas eu de reculade de sa part. L’honneur est sauf. Une belle Marseillaise et les citoyens français pourront dormir du sommeil du Juste avant de nouveaux exploits au Kremlin…

« Il faut une science politique nouvelle à un monde tout nouveau » écrit Alexis de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique en 1840. Or, c’est bien ce dont le monde de ce début du XXIe siècle a besoin pour relever les multiples défis auxquels il est confronté. La visite d’Emmanuel Macron aux États-Unis participe à l’évidence de cette approche réformatrice de la gouvernance mondiale mise en place après la Seconde Guerre mondiale avec l’adoption de la Charte de Sans Francisco sous la férule américaine. Le défi américain était de taille23. Malheureusement pour les Candide, Emmanuel Macron croit pouvoir être en même temps martial et moral. Il pensait ramener à la raison Donald Trump sur l’Iran et le climat. La cible est manquée. La diplomatie ne s’apparente pas à un tour de magie, à un jeu de bonneteau. Elle suppose un travail patient autour de quelques objectifs simples avec quelques alliés sûrs. Les cavaliers seuls conduisent droit dans le mur : « les illusions de la puissance, la déroute de l’influence »24.

La conférence de presse conjointe montre un Donald Trump ravi (il enlève les pellicules du col du veston de Jupiter de manière peu élégante25) et un Emmanuel Macron à l’air renfrogné (il peine à faire contre mauvaise fortune bon cœur) tel le premier de la classe qui obtient une très mauvaise note. On jugera sur les résultats, mais pour l’instant, cette visite d’État symbolise la soumission la plus complète du président français face au complexe militaro-industriel américain et les délires d’un président autoritaire26. Peut-être le président de la République va-t-il commencer à comprendre que la diplomatie est une exigeante leçon de modestie et d’humilité ! En fin lettré qu’il est, le chef de l’État gagnerait à méditer cet avertissement de Georges Bernanos : « l’humilité épargne les affres de l’humiliation ». À Washington, Macron est devenu micron. En fait d’amener Donald Trump a quia, c’est Emmanuel Macron qui est allé à Canossa. Jupiter a avalé son chapeau dans ce que l’on peut qualifier d’humiliation française !

Guillaume Berlat

30 avril 2018

1 Mathieu Magnaudeix, Macron aux États-Unis. Une visite pour l’image, www.mediapart.fr , 22 avril 2018.
2 Éditorial, Une visite à double tranchant, Le Monde, 27 avril 2018, p. 19.
3 Gilles Paris/Marc Semo, Macron-Trump, des amis sans affinités, Le Monde, 22-23 avril 2018, pp. 1-2-3.
4 René Backmann, Syrie : l’Élysée pris au piège de la diplomatie, www.mediapart.fr , 21 avril 2018.
5 Marc Endeweld/Alain Léauthier, Macron-Trump, les meilleurs amis du monde, Marianne, 20-26 avril 2018, p. 32 à 37.
6 Olivier O’Mahony/Danièle Georget/Bruno Jeudy, Macron, l’ami américain, Paris Match, 26 avril-2 mai 2018, pp. 36 à 43.
7 Patrick Saint-Paul, La « bromance », et après ?, Le Figaro, 26 avril 2018, p. 1.
8 Gilles Paris/Marc Semo, Trump et Macron se cherchent sur l’Iran, Le Monde, 26 avril 2018, p. 2.
9 Hulot privé de voyage, Le Canard enchaîné, 25 avril 2018, p. 2.
10 Agence Reuters, Les pommes de discorde dans la relation « amicale » Trump-Macron, 20 avril 2018.
11 Mathieu Magnaudeix, Macron-Trump, le tango des egos, www.mediapart.fr , 26 avril 2018.
12 Philippe Gélie, Emmanuel Macron sur Fox News : « I’ll make France great again ! », www.lefigaro.fr , 23 avril 2018.
13 Solenn de Royer/Marc Semo, Trump-Macron : les symboles avant les désaccords, Le Monde, 25 avril 2018, p. 6.
14 Maurin Picard, Les médias américains entre glamour et sarcasmes, Le Figaro, 26 avril 2018, p. 2.
15 Gilles Paris/Marc Semo, À Washington, Macron affiche ses divergences avec Trump, Le Monde, 27 avril 2018, p. 3.
16 Natacha Polony, Macron ou les leurres du bougisme, Le Figaro, 14-15 avril 2018, p. 17.
17 Renaud Girard, Les Russes ne sont pas responsables de tous nos maux, Le Figaro, 3 avril 2018, p. 15.
18 Nicolas Baverez, Moyen-Orient : l’engrenage, Le Figaro, 16 avril 2018, p. 19.
19 Erik Emptaz, Macron ; « Trump, plus qu’un ami… un vrai fou allié », Washington d’ici, Le Canard enchaîné, 25 avril 2018, p. 1.
20 Christophe Ayad, L’avoir ou pas (la bombe), Le Monde, 27 avril 2018, p. 19.
21 Philippe Gélie, Macron applaudi en allié critique de Trump, Le Figaro, 26 avril 2018, pp. 2-3.
22 O.B.-K., Bye-bye Angela, Le Canard enchaîné, 25 avril 2018, p. 8.
23 Renaud Girard, Le défi américain du président Macron, Le Figaro, 17 avril 2018, p. 17.
24 Caroline Galacteros, Les illusions de la puissance, la déroute de l’influence, Le Figaro, 17 avril 2018, p. 16.
25 Solenn de Royer, Entre les deux présidents, la diplomatie des « hugs », Le Monde, 27 avril 2018, p. 3.
26 Lonesome Cowboy, Les embarrassantes embrassades de Donald Trump et d’E. Macron, Le Blog de Lonesome Cowboy, www.mediapart.fr , 25 avril 2018.

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 30-04-2018

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Commentaire recommandé

Toff de Aix // 02.05.2018 à 07h51

Je crois que le pire, dans tout ce que je viens de lire, est que macron est sincèrement persuadé de ce qu’il dit.

Il est sincèrement persuadé que Trump est son ami, que les Usa sont puissants, dangereux mais raisonnables, que bashar El Assad est responsable de la situation en Syrie, que Poutine ne pense qu’à manipuler nos démocraties..il croit également sincèrement que nous sommes de grandes démocraties, que son action est juste envers les français, qu’il a les coudées franches pour détruire les services publics, que le capitalisme le plus forcené, celui de la finance et de l’exploitation sans limites de la biosphère, pourra durer éternellement grâce à la croissance verte.

Il croit vraiment tout cela. Il est sincère. Mon dieu, on est vraiment mal.

40 réactions et commentaires

  • Toff de Aix // 02.05.2018 à 07h51

    Je crois que le pire, dans tout ce que je viens de lire, est que macron est sincèrement persuadé de ce qu’il dit.

    Il est sincèrement persuadé que Trump est son ami, que les Usa sont puissants, dangereux mais raisonnables, que bashar El Assad est responsable de la situation en Syrie, que Poutine ne pense qu’à manipuler nos démocraties..il croit également sincèrement que nous sommes de grandes démocraties, que son action est juste envers les français, qu’il a les coudées franches pour détruire les services publics, que le capitalisme le plus forcené, celui de la finance et de l’exploitation sans limites de la biosphère, pourra durer éternellement grâce à la croissance verte.

    Il croit vraiment tout cela. Il est sincère. Mon dieu, on est vraiment mal.

      +78

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    • Arcousan09 // 02.05.2018 à 09h53

      En caniche bien dressé il va japper, sur ordre, et montrer ses petits crocs … non mais !!!

        +17

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    • Kiwixar // 02.05.2018 à 10h11

      A mon avis, il est un acteur de théâtre à qui on a confié le rôle de sa vie (vendre la France) avec le cachet qui va avec. Dans 4 ans il tire sa révérence, à moins que l’impresario lui confie à nouveau le rôle principal dans la Saison 2.

        +52

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      • vlois // 02.05.2018 à 17h51

        L’impressario qui avait deja dit que ce sera Macron a deja dit que ce sera une femme et j’ai vu deja quelques manoeuvres dans ce sens, mais peut etre que je me trompe.

          +4

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      • Mike // 03.05.2018 à 10h40

        Tout à fait d’accord : Cf Obama !

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    • Chris // 02.05.2018 à 14h59

      « Si nous partons après la défaite de l’EI, nous laisserons le terrain au régime iranien, à Bachar el-Assad et à ces gens-là, qui prépareront la prochaine guerre et alimenteront les nouveaux terroristes »
      Quel magnifique exemple d’inversion de la preuve ! Du grand Orwell.

        +21

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    • Traroth // 03.05.2018 à 11h29

      Vous supposez que Macron est stupide. C’est un mauvais calcul, je pense. Ne confondez pas cynisme et stupidité.

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      • ceusette // 03.05.2018 à 17h26

        Vous avez raison, mais il arrive que les cyniques se surestiment aussi, ce qui les conduit à des erreurs.

          +1

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      • Chris // 05.05.2018 à 11h47

        Et même s’il l’était (stupide), d’autres pensent pour lui !

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  • TC // 02.05.2018 à 07h55

     » Peut-être le président de la République va-t-il commencer à comprendre que la diplomatie est une exigeante leçon de modestie et d’humilité !  »

    Notre petit roquet est trop arrogant pour cela. Il ne vit que par gesticulations devant les grands (ses discours au parlement européen ou devant le congrès américain), signe de son impuissance à faire entendre sa voix (auprès de Merkel ou de Trump) et autoritarisme devant les petits (sa politique intérieure), « ceux qui ne sont rien ».

    A n’en pas douter, l’Histoire ne retiendra rien de lui.

      +23

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  • Christian Gedeon // 02.05.2018 à 08h10

    Résumons… Trump est Trump,Macron en même temps humilié et arrogant,ét Merkel( tiens donc) « discrète et efficace ». En gros,les Français ont un élu un imbecile a l’ego hypertrophié qui joue à etre ridicule au plan international et quasiment autocrate au plan national…comment dire? Il ne serait pas un peu desiquilibre,cet article de M. Berlat? Je dis ça juste comme ça,en passant.

      +7

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    • calal // 02.05.2018 à 08h43

      je crois au contraire qu’il faut regarder la verite en face.On (nous en tant que collectif) est nul et on aura ce que l’on merite…

        +20

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      • Christian Gedeon // 02.05.2018 à 10h19

        Écoutez,  » je ne suis pas Macron » comme on dit maintenant. Mais ce qui esr excessif est insignifiant. Et je trouve l’article de M. Berlat excessif. Et ce qui m’a particulièrement dérange ,c’est la comparaison avec la chancelière « discrète et efficace » . Ben voyons! Critiquer la dérive « ultraliberale » de M. Macron ést une chose. Et franchement ses réformettes sont périphériques,on s’en rendra compte avant longtemps. Il reste un centralisateur dans la droite ligne de ses predécesseurs. Mais de là à en faire un pantin ridicule,faut pas pousser pépere dans les orties quand même.

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        • R.C. // 02.05.2018 à 19h09

          Toujours la même rengaine sur l’insignifiance et l’excès dès lors qu’on critique le mari de Brigitte…

          L’insignifianr, c’est Macron, grenouille prétentieuse qui se gargarise d’avoir le fessier dans la même mare que les boeufs.

          L’excessif, c’est l’image (narcissique) que Macron a de lui même. Il se prend pour un grand manipulateur. Ça marche en France, face à des masses anesthésiées par des médias complices. Mais sur la scène internationale, le comédien amateur – formé par Madame Trogneux – risque d’avoir de graves mécomptes et faire bide sur bide ! Déjà, les sifflements du poulailler ont retenti…

          La rage de l’artiste vexé va se reporter contre ce qui est à sa portée et à sa merci : la société française qu’il entend contraindre d’une main de fer.
          Marianne, femme malmenée et battue par le concubin d’occasion auquel elle s’est imprudemment abandonnée l’an dernier aura-t-elle le courage de porter plainte et de lui claquer la porte au nez ?

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      • caliban // 02.05.2018 à 10h51

        @Christian Gedeon

        « Et franchement ses réformettes sont périphériques,on s’en rendra compte avant longtemps. »
        … la réforme du Code du travail, une réformette ?

        Ce qui est excessif est insignifiant dites-vous ? 🙂

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        • Emmanuel // 02.05.2018 à 20h38

          J’ai toujours trouvé idiote la formule  » ce qui est excessif est insignifiant « , principalement parce que l’appréciation d’un excès est très subjective, or justement la formule en question fait peu de cas des tempéraments, des manières, des circonstances et des objectifs personnels dans leur immense variété.
          Dès lors, on aura vite fait de passer pour un excessif insignifiant à tout brin de désaccord avec le censeur du jour. L’excès, comme l’enfer, c’est les autres.
          Quant à la détestable condescendance contenue dans cette formule, inutile même de la souligner.
          Bien entendu, les mal comprenant me renverront l’ascenseur, m’accusant d’être moi-même prétentieux, condescendant, etc., alors qu’en réalité j’ai mis en exergue la diversité des personnalités comme un fait indéniable et fondamental, à l’opposé de la prétention normative sous-tendue par cette sotte (et pompeuse) soi-disant égalité : excès égale insignifiance.

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        • caliban // 02.05.2018 à 22h32

          Cette expression populaire signifie bêtement que la tempérance est toujours bonne conseillère.
          C’est donc une tautologie, aucune personne se fiant à la Raison ne peut la mettre en doute.

          Vous aurez certainement remarqué que les figures de rhétoriques de ce type sont courantes sur les forums. Une autre m’agace particulièrement. Elle consiste – dans le même registre du bon sens asséné – à commencer son propos contradictoire par « c’est plus compliqué que cela ». Commencer par une évidence un propos prétendant se défier des évidences … comment dire ? Cela sent l’enfumage.

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  • METZGER // 02.05.2018 à 09h04

    Si on veut parler de honte, Hollande et Sarko me faisaient plus honte que lui.
    Si on se place du point de vue politique extérieure, il fait le job.
    Si on veut critiquer sa politique, c’est celle de Bruxelles. Il a été élu pour cela.
    Et c’est contre l’agit-prop répulsif créé autour des souverainistes qu’il a été élu.
    On est mal, car il va falloir boire le calice jusqu’à la lie !
    On peut lui envoyer un shampoing à l’oxyde de Zinc ( anti-pelliculaire ) …

      +7

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    • caliban // 02.05.2018 à 11h16

      @Metzger
      « Si on se place du point de vue politique extérieure, il fait le job. »
      C’est très discutable 🙁

      M. Macron est allé bien plus loin que ses prédécesseurs puisqu’il est le premier Président à attaquer un pays souverain sans aucune résolution de l’ONU. C’est une jurisprudence majeure dans la diplomatie internationale puisque désormais
      • nos partenaires peuvent officiellement ranger la France parmi les pays voyous
      • il ne reste plus que 2 pays parmi les membres permanents à respecter le Droit international, la Russie et la Chine (sic !)

      Autant dire, un sal coup pour l’ONU

        +39

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      • Chris // 02.05.2018 à 15h10

        Premier ? Non, Sarko l’a précédé puisqu’outrepassé la résolution de l’ONU en Libye.
        Nous sommes un état voyou au sens de la Charte de l’ONU issue du procès de Nuremberg.

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      • caliban // 02.05.2018 à 17h17

        @Chris

        Vous avez bien raison de rappeler cet épisode honteux pour la France et qui entraîne actuellement la Sarkozie devant les tribunaux.

        Toutefois, sans d’aucune façon vouloir euphémiser cette criminelle intervention en Libye, je crois qu’une distinction doit être faite car concernant les frappes en Syrie
        • la mise sur la touche du Conseil de Sécurité a été patente (là où en Libye il a été mis devant le fait accompli)
        • il n’y a eu aucune concertation avec les deux autres membres permanents

        Bien qu’il ne faille jamais insulter l’avenir, celui de l’ONU semble désormais vraiment compromis avec un adversaire comme l’OTAN.

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        • marc // 02.05.2018 à 19h29

          je ne pense pas que l’onu ait beaucoup souffert, sinon elle l’aurait dit… elle reste là à essayer de faire avancer avec pugnacité des processus de paix pour la syrie qui sont concurrents à ceux organisés avec les russes…

            +0

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        • caliban // 02.05.2018 à 22h38

          @Marc

          L’avenir nous le dira. J’ai quand même l’impression que la mise hors-jeu de l’ONU est actée pour la région et je ne donne pas cher des discussions relatives à l’accord iranien (prochain dossier).

            +1

          Alerter
    • ceusette // 03.05.2018 à 17h38

      « Il fait le job » de Bruxelles. En fait, malgré, je dois reconnaître, un certain pragmatisme au début de son mandat, en se montrant moins idéologique que ses prédécesseurs, l’essentiel de sa politique extérieure est un cuisant échec. Sur la plupart des questions, il a échoué, c’est ce qu’on a du mal à réaliser. Même si son image n’est pas forcément mauvaise à l’extérieur (il présente mieux que nos deux clowns présidents précédents, il fait plus « Ken »), concrètement, sa politique n’a rien apporté.

        +2

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  • Maxhno // 02.05.2018 à 09h04

    Macron est en passe de réussir ses objectifs, le CAC 40 réalise sa meilleure année depuis 10 ans, le nombre de banquiers millionnaires atteint de nouveaux records et la France rayonnent de nouveau au niveau international.
    Pour le Français moyen c’est autre chose, le néolibéralisme (Macro)–attalinien va envoyer les 600 000 bagnoles des plus pauvres à la casse grâce au nouveau contrôle technique et sans aucun justificatif statistique sur le bénéfice en matière de sécurité routière ( même le 80 km/h est plus consistant…), les retraités se font raquetter et les travailleurs sont dans la rue tous les semaines pour défendre les peus qu’ils leur restent.

      +38

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    • Christian Gedeon // 02.05.2018 à 10h22

      Rappelez moi sous quel président les forces financières ont été libérées de pratiquement tout contrôle? Un certain François,pas le Pape,l’autre.

        +5

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      • Philippe13 // 04.05.2018 à 09h54

        Rappelez-moi, sous ce dénommé François, qui était son conseiller spécial (pour les affaires économiques, il me semble), puis son ministre des finances ?

          +0

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        • christian gedeon // 04.05.2018 à 17h13

          Ah,non…. on s’est mal compris. je parlais du plus ancien,le préféré des banquiers,le chéri des sicav monétaires, celui sous lequel l’industrie française a été mise à poil,le pote de Pellat(mort) de Beregovoy (mort) de Groussouvre(mort),celui qui a tout signé,tout libéralisé. Vous vous rappelez,l’homme de (sans rire) l’union de la Gauche… vous ne le saviez pas,que c’était lui destructor du textile,de la sidérurgie et de la machine outil en France? ben voilà,je vous l’apprends. le main dans la main avec Helmut,ce n’était pas mignon,çà?

            +2

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  • Duracuir // 02.05.2018 à 09h43

    Franc tireur… Mouhahahahaha

    Trump a été élu CONTRE tout ce que l’empire US compte d’establishment.

    Macron a été élu AVEC tout ce que la France compte d’establishment.

      +45

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  • Kiwixar // 02.05.2018 à 09h48

    Je ne comprends pas trop pourquoi Berlat s’obstine d’appeler Macron « Jupiter ». Critiquer un poil tout en léchant les bottes? Sérieusement… Jupiter? C’est un peu comme si un joueur de foot de 5e division affichait « Pelé » ou « C.Ronaldo » sur son maillot.

    C’est un hommage, d’accord mais on voit mal le journaliste de la gazette locale écrire que « Ronaldo a marqué 2 buts contre Bergerac ce week-end ».

      +12

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    • Alfred // 02.05.2018 à 10h25

      ça n’est pas très clairement de l’humour? personne ne peut dire « jupiter » sans que ce soit de l’humour tinté de mépris.

        +11

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      • Kiwixar // 02.05.2018 à 10h47

        Si c’est de l’humour (ah bon? pas clair pour moi) Berlat devrait écrire « Zupiter », ça irait bien mieux avec l’image du gamin tenu par la main.

          +13

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        • Alfred // 02.05.2018 à 14h00

          Franchement si ce n’est pas de l’humour c’est que le niveau moyen de qi dans ce pays est descendu à 35. J’ai deja peine à imaginer que quiconque décrive même un personnage qu’il aime bien comme un « Napoléon » ou un « Alexandre » tant cela a un aspect à la fois flagorneur, excessif et pompeux (bref ridicule). Mais alors « Jupiter ». Et après quoi? Dieu?! Et après ? Déjà se faire traiter de Jupiter c’est être carbonisé. En être flatté c’est être digne d’un mépris absolu.

            +8

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  • Dominique // 02.05.2018 à 13h36

    Lorsque Macron dénonce Assad fils comme quelqu’un qui alimente le terrorisme et prépare une nouvelle guerre, il peut dire ce qu’il veut sur la Russie et Poutine : il s’est grillé. Plus personne n’écoute.

      +20

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  • Louis Robert // 02.05.2018 à 14h31

    Devant Trump dont le sourire railleur jusqu’à l’indécence et l’absence de manières simplement convenables en disaient si long, Macron n’est pas de taille, pas davantage que ne l’est la « nouvelle » France en marche devant les États-Unis. Vu de l’étranger, spectacle d’une tristesse infinie.

    Je prédis que le moment venu (déjà?), Macron sera dévoré par Trump, tout comme la France le sera (l’a été?), gloutonnement et sans états d’âme, par les États-Unis. Soyez-en sûrs, nous y reviendrons…

      +9

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  • Chris // 02.05.2018 à 14h52

    « Responsables de 15% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, les Etats-Unis se sont engagés dans le cadre de cet accord à réduire d’ici 2025 de 26 à 28% leurs émissions par rapport à 2005 »
    Un défi d’autant plus irréalisable, si America first retrousse les manches pour ré-industrialiser le pays ! Comment faire revenir les industries si les normes sont nettement plus restrictives donc couteuses ? Trump qui n’est pas un imbécile y a certainement pensé…

      +3

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  • serge // 02.05.2018 à 16h25

    C’est doublement une humiliation française. D’abord parce que Trump, à la suite d’Obama et de Bush, empile les amendes aux entreprises françaises et les rachats d’actifs stratégiques (demander aux US une autorisation pour équiper de chaudières nucléaires nos sous-marins et porte-avions c’est quand même fort). Donc il peut sourire et taper dans le dos de Macron. Ensuite, les en-cours d’adaptation de nos voies de communication aux matériels OTAN (donc US), les augmentations de budget à ce même OTAN exigées et l’obligation de servir de supplétif aux US pour toutes leurs gué-guerres, juste rentables pour eux, sont bien dans les tuyaux et donc second sourire de Trump. Que notre POTF se sente guilleret dénote quand même une rare stupidité (mais bon, il n’est que financier), d’autant qu’il n’est même pas sûr s’avoir un strapontin chez Goldman Sachs quand il aura fini son CDD France.

      +19

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  • channy // 02.05.2018 à 20h25

    @des échanges d’aimabilités diplomatiques facilités par la parfaite maîtrise de la langue anglaise de Jupiter (Cf. son discours devant le Congrès) »

    Vu la » delicious » boulette qu’il vient de faire en Australie sa maitrise de l’anglais est loin d’être parfaite
    Au moins il aura réussi à faire rire les Australiens

      +4

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  • moshedayan // 03.05.2018 à 08h07

    ( Qu’il reste à Paris selon moi) Macron projette son prochain voyage « médiatique », mais il n’a rien à faire à Moscou , vu tout ce qu’il réalise depuis un certain temps et ses propos sur l’Iran, puisqu’il a accepté le principe américain d’une renégociation du traité signé.
    Du reste, je pense que son Protocole négocie durement les conditions de son accueil en Russie, parce qu’il craint de plus en plus fortement que le Kremlin lui mette en face les nombreux désaccords qui s’accumulent, lors des entretiens et lors de la Conférence de presse de bilan.
    Ainsi ne soyez pas étonnés, si vous apprenez l’annulation de ce voyage. La chose qui inquiète votre président, c’est l’effet désastreux pour quelques milieux d’affaires français qui eux sont intéressés à travailler en Russie et qui voudront lui présenter la note. Mais il compte aussi sur les hommes d’affaires de l’armement qui tiennent vos médias pour mener un intense « tir de barrage » sur la Russie, « état voyou… encore une fois » ! et sur un verrouillage intérieur « bonapartiste ».

      +3

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  • hybris772 // 07.05.2018 à 00h56

    Il y a bien un point commun entre ces 2 personnages assez antipathiques tout droit sortis de la dernière école de management néolibérale à la mode:l’impudence, l’impudence d’une élite auto-proclamée et sûre d’elle-même.Leur impudence les mènera à l’échec car nous attendons, en régime démocratique, que nos représentants qu’ils défendent l’intérêt général et non pas leur vision narcissique du monde.

      +1

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