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14.mai.201714.5.2017 // Les Crises

[Vidéo] Frédéric Lordon, « Nos disques sont rayés », Théâtre du Rond-Point + Le centrisme, erreur anthropologique

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Source : Youtube, Frédéric Lordon, février 2017

Source : Youtube, Frédéric Lordon, février 2017


Le centrisme, erreur anthropologique et Bayrou, vote révolutionnaire

Source : Mouvements, Frédéric Lordon, 08-03-2007

Par Frédéric Lordon

François Bayrou offre peut-être la possibilité de rompre, à son corps défendant, avec l’indifférenciation droite-gauche, c’est-à-dire le déni de la conflictualité fondamentale de la vie politique.

Ceci est un exercice. Y voir un « appel-à-voter-machin » serait l’affliger du pire des contresens. Ceux qui, intuitu personae, lancent des appels-à-voter-machin sont d’ailleurs, avec leurs commanditaires quand ils en ont, les seuls à ne pas se rendre compte du ridicule de leur posture – pour ne pas même parler de son absence totale d’effet. Ici, il s’agit d’autre chose. Que veut dire la faveur apparemment incompréhensible dont jouit le candidat centriste ? Quelles tares profondes de notre vie politique révèle-t-elle ? Réponse : l’indifférenciation droite-gauche, c’est-à-dire le déni de la conflictualité fondamentale de la vie politique, auxquels le social-libéralisme, dérivant toujours plus à droite, a si bien œuvré. Qu’arrive-t-il à une société quand sont déniés, car déclarés « dépassés », les clivages structurants de sa conflictualité politique ? Réponse : le retour du refoulé – violent. On peut lire cette analyse sans penser à la conjoncture électorale immédiate. On peut aussi la prolonger dans ce registre pour lui faire donner ses dernières conséquences. Car, paradoxe, portant cette affliction à son degré maximum, le candidat centriste offre peut-être la possibilité d’en sortir – à son corps défendant et en contradiction formelle avec son propre projet, ça va sans dire… Ce texte n’est pas une « consigne autorisée » de plus ; il propose un argument. La seule chose à faire est d’y entrer et de voir jusqu’où on est prêt à le suivre. Si les réactions sont vives, c’est peut-être qu’il aura touché quelque point sensible…

On se doute qu’il faut avoir quelques sérieux arguments en stock avant de jeter à la tête d’un mouvement politique la qualification « d’erreur anthropologique »… Si pourtant il y a lieu de l’envisager, c’est parce que l’utopie centriste de réconciliation et de paix politique perpétuelle procède d’un contresens d’une profondeur telle qu’on peut bien dire qu’il touche à des choses si fondamentales de la vie collective qu’elles méritent d’être appelées « anthropologiques ».

Mais que peut bien être cet « essentiel » de l’existence des groupes que le centrisme méconnaît au point qu’on puisse voir en lui, et à rebours de l’image superficielle d’inoffensive modération qu’on en a le plus souvent, un réel péril ? Cet essentiel c’est le problème de la violence. La violence est le fait social fondamental, elle est la condition primordiale de la coexistence des hommes, ce contre quoi la vie collective doit en permanence lutter pour se maintenir. Or la violence est partout. Comme le pouvoir, dont Michel Foucault a montré qu’il n’était pas réduit à la seule figure polaire du souverain surpuissant, mais que, par capillarité, il s’insinue dans toute l’épaisseur des rapports sociaux, on peut dire de la violence qu’elle est dense dans la société. Violence et domination entre patrons et employés, violence et domination entre représentants et représentés, violence et domination entre chefs et subordonnés, entre clients et fournisseurs, professeurs et élèves, propriétaires et locataires, curés et ouailles, et, hors de toute dénivellation hiérarchique ou sociale, entre concurrents, entre collaborateurs même – et jusque dans le couple amoureux ou entre deux amis. La violence ne règne pas seule dans les rapports sociaux, elle n’y a pas toujours le dessus, mais elle les hante tous. C’est pourquoi elle est le péril social par excellence, le ferment de la décomposition explosive des groupes, leur menace permanente. Parce qu’elle a cette profondeur, parce qu’elle est inscrite comme possibilité au cœur même des rapports engendrés de la coexistence des hommes, les groupes n’ont pas d’autre choix que de « faire avec ». Son essentialité rendant tout à fait impossible la solution qui rêverait de l’extirper définitivement, ne restent disponibles que les diverses voies de son accommodation, c’est-à-dire des mises en forme qui la rendront supportable. Lutter mais dans des jeux sociaux et selon leurs règles instituées, s’efforcer de triompher mais dans des compétitions socialement organisées, conquérir mais dans les formes admises de la conquête, telles sont les stratégies de sublimation et de symbolisation qui peuvent seules permettre aux groupes de persévérer en dépit des pulsions violentes de leurs membres.

Le centrisme comme dénégation de la violence politique

C’est peut-être en politique, c’est-à-dire quand il s’agit de s’emparer de l’imperium et d’occuper la place d’où l’on décide pour tous, que la violence est potentiellement portée à son comble… et que les dispositifs de son accommodation sont les plus nécessaires. C’est en pensant à ce travail civilisationnel de la mise en forme qu’on peut trouver la démocratie le plus admirable des régimes – et non pas en cédant au lyrisme des droits de l’homme ou aux illusions du sujet-électeur libre et souverain. Pour tous ceux qui ne sont pas décidés à croire aux miracles de la représentation, aux fictions électorales de la souveraineté des citoyens libres et égaux, ou à l’immaculée conception de la volonté générale, il reste que la démocratie s’offre comme l’un des plus remarquables appareils institutionnels de mise en forme de pulsions parmi les plus violentes puisqu’elles ont pour objet la conquête du pouvoir politique. Aux nécessairement grands violents qui ont l’ambition de s’en saisir, la forme démocratie impose ses compétitions réglées, ses contentions, et ses symbolisations.

Mais qu’on ne s’y trompe pas : en aucun cas elle n’éradique ou ne dépasse la conflictualité politique fondamentale qu’elle n’a pour objet que de faire vivre sous un régime de violence sublimée, supportable par le groupe. La démocratie se transforme en illusion quand certains en interprètent la tranquillité propre comme la possibilité d’oublier l’affrontement. Nous y voilà. Car le centrisme a fait de ce contresens le cœur de sa croyance politique. Prendre la pacification démocratique pour le dépassement de la guerre, c’est commettre la plus tragique des erreurs car on peut être certain que la conflictualité niée ici fera résurgence ailleurs, aussi sûrement que le mal-refoulé est voué à faire retour… c’est-à-dire sous les formes les moins contrôlables et potentiellement les plus monstrueuses. Cette véritable plaie politique, en quoi consistent l’oubli de la violence à accommoder et la confusion entre conflictualité régulée et conflictualité surmontée, est à l’œuvre dans la société française depuis bientôt deux décennies. Toutes les convergences larvées du social-libéralisme et du libéral-libéralisme gouvernementaux, toutes les alternances sans alternatives, tous les clubs de « raisonnables » qui s’en font le relais dans le débat public, tels les Fondation Saint-Simon (aujourd’hui disparue mais réincarnée), les Cercle Vauban, confondus dans leur projet de faire se rapprocher la gauche intelligente et la droite modérée, ou l’inverse, nourrissent cette calamité, et travaillent à donner pour dépassés les clivages structurants de la violence politique démocratiquement accommodée, telle qu’elle a été remarquablement symbolisée sous la forme de la polarité droite-gauche. Aux innocents les mains pleines : tous ces gens trop heureux de se retrouver subrepticement d’accord sur les grandes orientations de la politique publique, et notamment de la politique économique – pour faire simple : l’Europe de la concurrence, la financiarisation, les orthodoxies budgétaire et monétaire – et n’ayant plus à mettre en scène que des différences secondes, avec d’autant plus d’ostentation d’ailleurs que celles-ci sont tendanciellement évanescentes, œuvrent en fait, mais visiblement sans le savoir, au démantèlement d’un régime historique de régulation de la violence politique… et sans rien lui substituer puisqu’ils sont persuadés de faire « enfin » accéder le pays à un régime d’unanimité coordonnée par la raison experte, un « moderne » au delà du conflit en quelque sorte.

Or la violence ne connaît ni les impasses ni les culs-de-sac : barrée ici, elle resurgira là – mais sous quelle forme ? On connaît malheureusement la réponse : la conflictualité privée d’expression « officielle » se trouve toujours des émonctoires, et la violence niée dans le champ politique mainstream s’est logiquement redirigée vers de nouveaux entrants qui se sont précisément donné pour stratégie d’en récupérer le flot à haute pression. Front National est le nom de ce lieu ou s’accumulent et tournoient toutes les colères qui n’ont pas trouvé de débouché ailleurs, c’est-à-dire dans un système politique qui maintenant les nie puisqu’il a décrété que les conflits, archaïques (leur mot préféré), étaient passés de mode, qu’il n’y avait plus lieu de se mettre en colère mais de simplement et paisiblement constater l’inéluctable accord. Le centrisme porte à son point le plus haut cette tendance néfaste du champ politique mainstream et parachève, à la stupéfaction d’ailleurs de ses principaux protagonistes, PS en tête, la « grande convergence », logiquement accomplie comme « grande dissolution » de tous les clivages. Le ralliement à Bayrou de groupes de hauts fonctionnaires passés par les cabinets socialistes, vrais acteurs de la dérive indéfinie du PS vers le libéralisme, c’est-à-dire véritables opérateurs, quoique méconnus, de la convergence indifférenciatrice, est à cet égard d’une implacable logique. Que pouvait-on attendre d’autre de technocrates parfaitement dépolitisés, c’est-à-dire politiques mais de la pire manière, à savoir sans conscience de l’être, sinon ce réflexe ému de reconnaissance de leur « lieu naturel », et cette expression de bonheur à l’idée de rejoindre enfin, pour parler de nouveau comme Aristote, leur entéléchie politique : un cabinet Bayrou. Certes ils ont, depuis longtemps déjà, le pouvoir socialiste « à leur main », mais, signe supplémentaire de leur rejet de la conflictualité politique, porté jusqu’à l’ulcération, ils ne supportent même plus les moulinets et la rhétorique de gauche du candidat socialiste, pourtant strictement limités aux périodes électorales. Même la comédie de l’affrontement, c’est encore trop…

Le centrisme comme eucharistie laïque

Le pire dans cette affaire tient sans doute au fait que le centrisme peut compter sur le secours de forces collectives très puissantes qui travaillent le corps social en profondeur et sont le co-produit, mais inversé, de la violence fondamentale : les forces du désir de paix. Parce que les individus ont confusément conscience de cette omniprésente violence, la « grande réconciliation » est la plus tenace de leurs fictions consolatrices. L’amour, l’amitié, la famille sont sans cesse imaginés comme des havres de paix, des lieux où il sera possible de se reposer des agressions harassantes de la violence environnante. Un sociologue durkheimien qui passerait par là y ajouterait l’eucharistie dominicale, ce moment où il est explicitement dit que les fidèles communient, c’est-à-dire, on excusera la tautologie, fusionnent, pour un court moment, en une communauté qui suspend les clivages sociaux et délivre des fatigues de la lutte. Quand ils croient à la communion en Dieu, ajouterait ce sociologue, les fidèles communient en fait entre eux. Et ce n’est pas tant l’idée du corps du Christ qui les émeut, comme ils le pensent, mais l’unanimité fusionnelle où ils se trouvent rassemblés, expérience bouleversante à proportion de la prégnance de l’expérience inverse : celle du conflit et de ses tensions. Quand bien même ils sont usuellement recouverts par un quotidien de violences plus ou moins bien sublimées, ce sont là des attracteurs très puissants de la vie fantasmatique collective. Dans certaines circonstances favorables, ils peuvent même passer à une échelle plus large dans la vie sociale réelle. Nous y sommes. Comme « réconciliation de la droite et de la gauche », dépassement des « camps » et au-delà de la guerre partisane, le centrisme c’est la vie politique conçue sur le modèle d’une eucharistie à grande échelle, la transsubstantiation en moins. A ses tenants qui, sans surprise, se revendiquent chrétiens-démocrates, il faudra juste rappeler que vient toujours un moment où la messe est finie et où il faut sortir de l’église. Pour retourner dans le monde social tel qu’il est – c’est-à-dire traversé de conflits…

Mais pour l’heure il y a trop de profits politiques, et trop facilement ramassés, à tenir le discours de l’affect commun pacificateur. Comme si le corps social oscillait entre des états de fatigue et d’énervement, les seconds, qui portent à l’affirmation de puissance et au conflit, semblent en ce moment dominés par les premiers qui donnent l’avantage aux promesses de réconciliation. Il ne faut pourtant pas s’y tromper : cette conjoncture est nécessairement transitoire – elle n’est qu’un temps de pause dans le processus d’accommodation de la violence. Mais, de ces moments de fatigue, les plus habiles savent tirer le parti maximum. Quand elle ne passe pas par le centrisme politique, l’investissement du registre de la morale ou de la charité en est la stratégie la plus typique : contre la politique « qui divise » et fatigue, la morale est reposante puisque réputée productrice de commun et de communauté. Contre la politique qui sépare, dont, sans surprise, la forme la plus dénigrée est la forme partisane – précisément celle qui accommode la violence politique, et à laquelle on sait bien peu gré des immenses services civilisationnels qu’elle nous rend – le caritatif-moral rassemble et rassure la communauté sans cesse inquiétée de ses propres divisions. Il n’est que de voir l’empressement à s’y précipiter de ceux – acteurs, vedettes, philanthropes désireux de faire oublier les spoliations qui les ont enrichis… – dont le business model exige qu’ils restent au contact du plus grand nombre et ne s’aliènent aucune fraction importante de leur « marché ». Il y a toujours foule pour exploiter l’unanimité compassionnelle – mais on attend encore la vedette de cinéma qui se montrera sur un piquet de grève… L’affect commun d’unanimité est un filon. La compassion et le centrisme qui, chacun à leur manière, ont parfaitement compris tout l’avantage de nier les conflits et d’en appeler au « dépassement des clivages », en sont les deux modes d’exploitation les plus caractéristiques.

C’est pour ne pas le voir – ça non plus – que les « centrisateurs », ces non centristes, en général socialistes, qui ne rêvent que du centre, ne saisissent pas l’étrange paradoxe qui fait la fortune de la campagne Bayrou. Car après tout il y a bien quelque chose de surprenant à ce que le candidat centriste tonde la laine sur le dos de ses compétiteurs, et rafle la mise de la convergence indifférenciatrice, à laquelle ces derniers n’ont pourtant cessé d’œuvrer – qui plus est en les faisant passer pour des parangons du système conflictuel ! Il est vrai que le profil extrêmement brutal du candidat de droite aide beaucoup à cette opération dont la principale victime est évidemment Ségolène Royal. Le paradoxe tient donc à ce que le centriste est considéré par le corps électoral comme « solution » possible d’une pathologie politique directement issue de l’indifférenciation droite-gauche… alors même qu’il porte cette indifférenciation à son point culminant ! En d’autres termes, Bayrou est choisi alors qu’il propose en plus pur ce qui tourmente pourtant la société française et lui fait chercher désespérément des solutions autres ! Cherchant de « l’autre », la voilà donc qui se précipite dans le « super même » – faudra-t-il invoquer une sorte de nécessité dialectique bizarre voulant qu’il faille parcourir la courbe de l’indifférenciation jusqu’à l’écoeurement pour qu’il puisse se produire un dépassement ?…

Destructions, auto-destructions et reconstructions (post-)centristes

De fait l’illusion politique du centrisme au pouvoir est vouée à crever, et sans doute assez rapidement – ceci sans même invoquer les difficultés de son équation parlementaire. Car, un paradoxe s’ajoutant à l’autre, le centrisme, heureusement, est à lui-même sa propre vaccine, c’est-à-dire la dose supplémentaire, mais convenablement conditionnée, d’agent pathogène qui va tuer l’agent pathogène. C’est pourquoi paradoxalement il faut l’encourager ! En effet les solutions politiques qu’il se propose de mettre en œuvre sont aussi ineptes que celles qui les ont précédées – en fait, à peu de choses près, ce sont simplement les mêmes. Aussi, ne touchant à rien de ce qui produit conflits et colères depuis deux décennies, à savoir les formidables tensions qu’imposent au corps social les contraintes de la mondialisation parfaitement acceptées, et même mieux : intégrées, par la grande alliance des raisonnables, le centrisme de gouvernement est voué à lui voir revenir en pleine face la violence déniée que ré-engendre perpétuellement une configuration du capitalisme elle-même d’une violence inouïe – à laquelle vrais et faux centristes sont bien décidés à ne surtout pas s’attaquer de front. Cette anticipation pénible ne doit pas pour autant conduire à considérer que le vote Bayrou serait une expérience politique consentie avec légèreté, aux frais des catégories sociales les plus exposées à cette violence-là – n-ième variation sur le thème des conseilleurs qui ne sont pas les payeurs. Car, à ces catégories-là, l’alternative social-libérale n’offrira strictement rien de mieux. Y aura-t-il un plan social de moins avec Royal qu’avec Bayrou ? Y aura-t-il un jeune de banlieue de moins maltraité par la police de Royal que par celle de Bayrou ? Y aura-t-il un sans papier de moins reconduit à la frontière dans des charters Royal que dans des charters Bayrou ? Y aura-t-il une suppression de poste de prof, de chercheur, d’infirmière de moins, une fermeture d’hôpital de moins, une privatisation de moins – une résistance au néolibéralisme de plus – sous présidence Royal que sous présidence Bayrou ? Poser ces questions, c’est y répondre – et par là prendre la mesure du degré d’échouage où se trouve rendu le parti socialiste. Neutre du point de vue des politiques publiques, la candidature Bayrou ne l’est cependant pas du point de vue de ses effets dans le champ politique. Car, le pathétique joker épuisé et l’illusion du renversement du même par le même volatilisée, c’est peut-être cette fois l’indifférenciation politique elle-même qui viendra en accusation, et ceci d’autant plus que la dénégation de la convergence social-libérale aura volé en éclat dans l’instant même où entrera au gouvernement de Bayrou un wagon de sociaux-démocrates, décidés par l’opportunité historique à joindre enfin le geste à la parole – car ils y pensent tellement fort et depuis si longtemps ! Mais faire sous Bayrou ce qu’ils auraient fait sous Royal, ce ne sera pourtant pas tout à fait la même chose. Car d’une part l’électorat socialiste enfin dessillé saura désormais à quoi s’en tenir. Et d’autre part, il y a fort à parier que le PS ne résistera pas à la combinaison, il est vrai léthale, d’un nouvel échec au premier tour suivi d’une sécession d’une de ses fractions ralliant l’expérience « historique » centriste. Or, redisons-le, à politiques publiques invariantes, l’élection de Bayrou à la place de Royal a pour vertu de mettre le champ politique sens dessus dessous. A supposer qu’il en reprenne le motif, Bayrou ne réduira pas la fracture sociale d’un iota, mais pour la fracture politique, pardon ! on peut compter sur lui : ouverte, et pas qu’un peu. Or jusqu’ici la seule perspective de remise en mouvement des structures politiques résidait dans l’arrivée du FN au pouvoir, événement dont la probabilité suffisamment faible demeurait, en fait, la meilleure garantie de la reproduction du mainstream – il n’est que de voir les empressements à sécuriser pour Le Pen la place de troisième homme… inoffensif. Un Bayrou met à bas tous ces calculs, et sort le champ politique de sa glaciation pour lui faire connaître une salutaire débâcle, qui plus est – et c’est un immense mérite – dans des formes incontestablement moins répugnantes que s’il s’agissait d’en passer par un Le Pen.

La gauche de gouvernement ayant, ces deux dernières décennies, déserté avec constance son rôle politique historique, et démontré son incapacité à se reconstruire en dépit même des gifles électorales les plus retentissantes (22 avril 2002, 29 mai 2005), force est de constater que son maintien dans l’existence est maintenant le principal obstacle à la reconstitution d’une vraie gauche. Ce que la reconduction d’un président « socialiste » rend tout à fait impossible, l’élection d’un président Bayrou pourrait le faire avec d’assez bonnes chances de succès : tuer le PS – en fait déjà cérébralement mort – et créer les conditions d’une re-création de la gauche. Résumons nous : Bayrou tue Ségo au premier tour, Sarko au deuxième, le PS au troisième, et lui-même au quatrième… Pour un centriste réputé mollasson, on avouera qu’il ne manque pas d’abattage.

On connaît les préventions dont font généralement l’objet ce genre de stratégies de vote qualifiées au mieux de « révolutionnaires », et le plus souvent de « politique du pire », pour être mieux disqualifiées. Mais précisément : qui est pire que qui ? Bayrou que Royal ? La question est à coup sûr décisive car rien n’est plus détestable que les grandioses calculs politiques en chambre au mépris des populations qui en payeront tous les coûts « intermédiaires » en attendant la réalisation des « bénéfices de long terme » – ces politiques de la patience aux frais d’autrui, dans lesquels, par parenthèses, on reconnaîtra le type même des stratégies social-libérales européennes. Or, pour la première fois depuis très longtemps, la réponse à cette question ôte au « vote révolutionnaire » tout caractère révolutionnaire puisqu’elle rend quasiment nul le « sacrifice » à consentir. Ségolène Royal, candidate de droite par complexion personnelle, d’un parti passé à droite par déviation collective, en tout cas par la fraction de ses élites agissantes – ministres probables, futurs membres de cabinets ministériels, précepteurs « experts », etc. – est hélas aussi à droite que Bayrou, comme l’atteste, outre ce qu’on sait du PS au pouvoir, les tendances de sa propre campagne, entre sa course à l’échalote sur l’identité nationale, ses palinodies sur la loi Fillon (le 1er tour n’est même pas passé…), ses inclinations en matière de mœurs, etc. Seuls le poids des habitudes et une tenace illusion nominale – car c’est une fausse continuité d’appellation qui fait encore, contre toute évidence, prendre au sérieux « socialiste » dans « parti socialiste » – empêchent de prendre acte de cet état politique des choses, et nourrissent encore les résistances quasi psychanalytiques du déni de réalité : « tout de même Bayrou, c’est la droite ; tout de même Royal, c’est la gauche ». Si la première partie de la proposition est incontestable, la seconde n’a plus pour elle que les forces résiduelles, mais néanmoins puissantes, du mensonge à soi-même.

La disparition du PS comme condition de la reconstruction de la gauche

Mais, pour pénible qu’elle soit d’abord, l’abandon de cette fiction devrait en fait être libératrice. Dès lors qu’elle nous soulage de tous les coûts psychiques du fétichisme nominal – « tout de même Royal, c’est la gauche » –, elle nous délivre des culpabilités d’un vote qui n’a en fait rien de révolutionnaire mais tout de rationnel, et nous fait voir plus objectivement les potentialités d’une « situation Bayrou » : (1) à coût équivalent pour les populations qui ne souffriront pas moins avec Royal qu’avec Bayrou ; (2) la présence au pouvoir d’un homme de droite produit au moins, d’emblée, son « bénéfice » classique, à savoir le maintien à bon niveau du pouvoir de mobilisation de la gauche mouvementiste – là où la tétanie de la « solidarité » lui fait avaler toutes les couleuvres de la trahison social-libérale ; (3) mais surtout : le schisme du parti socialiste, dont l’aile droite ne résistera pas à « l’appel historique » de la raison centriste, redonne à la conjoncture politique une fluidité jamais vue en cinquante ans et rouvre des degrés de liberté inouïs qui peuvent seuls produire une reconstruction de la gauche. Car il faut avoir des capacités d’apprentissage singulièrement basses pour continuer d’espérer, contre deux décennies d’expérience, que cette reconstruction pourra s’opérer d’elle-même, qui plus est avec le parti socialiste au pouvoir ! Sauf à tragiquement surestimer les capacités propres des différentes forces de gauche à se réorganiser, comme l’atteste éloquemment la volatilisation de la dynamique pourtant impressionnante du 29 mai, plus encore sous les formidables contraintes institutionnelles imposées par les institutions de la Vème, qui aboutissent à neutraliser de fait le PC et les Verts, ne faut-il pas constater qu’à défaut d’une impulsion dynamique de l’ampleur du « choc Bayrou », il n’est malheureusement qu’une seule force – et encore ! – qui soutienne les mouvements de recomposition à gauche : la montée à des niveaux toujours plus hauts de la souffrance sociale… Ce genre de rude constat a au moins la vertu de relativiser les accusations de « vote révolutionnaire »… et peut-être même d’en inverser la charge ! Le vote révolutionnaire de fait, sinon d’intention, mais en tout cas avec tous ses cyniques attendus, n’est-ce pas plutôt celui qui aboutit, par défaut de perspective stratégique, à laisser les détériorations de la situation sociale « faire le travail » et passer le point critique pour produire un sursaut de gauche ? Le vrai vote révolutionnaire, de ce point de vue, c’est le vote Royal, et pour le coup il n’est pas joli joli…

Les mathématiciens parlent de discontinuité par passage à la limite quand la prolongation d’une tendance à son point ultime a pour effet de la renverser brutalement et au tout dernier moment. Bayrou, évidemment à son corps défendant, s’offre à produire cette discontinuité à la limite du processus de centrisation, de mortelle indifférenciation, non pas de la vie politique du pays, car le clivage droite-gauche n’a rien perdu de sa force objective, mais de la vie de la classe politique du pays, qui, elle, a cessé de prendre ce clivage au sérieux et, ne faisant plus que le parler, moyennant d’ailleurs des oblats verbaux de plus en plus rares, l’a finalement laissé en déshérence. Il s’offre à le faire dans des conditions de tumulte très acceptables et par un processus de restructuration des forces politiques bien civilisé. Comment peut-on imaginer que pareille restructuration, c’est-à-dire pareille revitalisation du clivage droite-gauche, ou plus exactement pareille ré-expression, pareille sortie de la dénégation du clivage droite-gauche, pourrait s’opérer spontanément en l’état actuel du principal responsable de son effacement, à savoir le parti socialiste ? Le constat n’est pas drôle mais on n’y échappera pas : la reconstruction de la gauche ne s’opérera que sur les cendres du parti socialiste. Que des partis anciens doivent mourir pour que du nouveau paraisse, après tout ça n’est pas une découverte, et particulièrement à gauche – il a bien fallu se débarrasser de la SFIO… Or voici que s’annonce un dynamiteur paradoxal, conjoignant des propriétés tout à fait contradictoires : finalement très peu dangereux pour la société, il a néanmoins un pouvoir de destruction réel mais digitalement ciblé – n’est carbonisé que ce qui porte l’étiquette « parti socialiste ». Quand les seules solutions de remise en mouvement prenaient jusqu’ici la figure détestable de l’extrême-droite, voici qu’il s’en présente une plutôt aimable et même probablement assez rigolote – car il va y avoir de la pantalonnade dans l’air… Ça mérite tout de même d’être étudié…

Les utopies de dépassement de la violence sont généralement le passeport pour les plus grandes violences. Qui n’en a vu le niveau graduellement monter dans la société française, et sous les formes les plus variées, dont la plus caractéristique est bien sûr l’ascension continue de l’extrême-droite ? Qui ne voit que la reconduction de l’alternance duopolistique des vrais-faux ennemis politiques, UMP et PS, et particulièrement l’oubli du PS d’être de gauche – une boulette sans doute – intensifie le malaise profond qui vient du défaut d’expression d’un clivage pourtant structurant de la vie politique – structurant parce qu’il est lui-même la solution de sublimation la plus robuste d’une violence fondamentale, dont jamais les sociétés ne se débarrasseront. Par une légèreté dont ils sont hélas accoutumés, les journalistes ont lu le texte de Pierre Bourdieu « Pour une gauche de gauche » comme un appel à « une gauche de la gauche ». Mais il n’en est rien. Qu’il y ait une gauche à la gauche du parti socialiste, ça Bourdieu le savait, et tout le monde avec lui. Mais c’est tout autre chose qu’il appelait de ses vœux : que ce qu’on appelle la gauche fût vraiment, et comme son nom l’indique, de gauche ! Or, que pareille tautologie dût faire l’objet d’un rappel spécifique, c’est bien qu’une évidence s’était perdue en route… Nier qu’il y ait affrontement entre des solutions de droite et des solutions de gauche, ou bien n’y consentir que dans les mots, et de plus en plus faiblement, c’est de fait laisser le terrain aux seules solutions de droite, une fois sur deux à peine ripolinées de « social » – « il faut plus de social » bafouillent gravement les hiérarques socialistes quand se profile le gadin électoral. C’est aussi abandonner tous ceux qui se trouvent d’un certain côté du conflit, et surtout les abandonner à leur propre violence puisqu’elle n’est plus prise en charge par personne. Mais voilà que les inconscients qui ont, sans le dire, et même en feignant le contraire, laissé dépérir le clivage droite-gauche, sont doublés par plus inconscient qu’eux, qui se propose cette fois à haute et intelligible voix de le déclarer officiellement caduc ! Or ce pourrait être le pas de trop, celui qui, au surplus aidé par les reclassements politiques grotesques, mais puissamment révélateurs, qu’il annonce à court terme, pourrait faire retrouver les voies d’une grammaire politique de très longue période, une grammaire de la violence sublimée et mise en forme, du conflit regardé en face, la seule qui puisse nous éviter de verser progressivement dans la violence de moins en moins contrôlée, de plus en plus décivilisée, celle contre laquelle il n’y a plus grand-chose à faire. S’il faut en passer par Bayrou – contre son propre projet ! – pour ré-apprendre à dominer les démons dont nous ne nous déferons jamais, puisqu’ils sont au cœur même de la société des hommes, alors ainsi soit-il !

P.-S.

Il faudrait être singulièrement inconscient pour ne pas voir d’ici l’énormité des malentendus, plus ou moins bien intentionnés, des contresens, des désorientations, peut-être même des haut-le-cœur que ce texte ne manquera pas de produire. Aussi, ses thèses délivrées et tous ses éventuels effets d’incompréhension produits, n’est-il sans doute pas inutile d’en rappeler les véritables intentions. Je n’aurais pas un instant songé à faire part de l’idée d’un vote possible, si celui-ci ne s’était trouvé parfaitement adéquat – mais comme pur instrument – à une analyse que j’aurais pu développer à l’identique hors de toute conjoncture électorale. Mais des opportunités de cette nature ne se présentent pas si fréquemment – la dernière en date remonte à 1981 lorsque Coluche, quoique très consciemment lui, s’apprêtait à mettre le champ politique sens dessus dessous – et c’est sans doute cette rencontre d’une analyse et d’une conjoncture qui m’a décidé à franchir un pas, dont, en principe, je souhaitais bien me garder. Si ceux qu’on appelle les « intellectuels », le plus souvent avec une grande légèreté, ont quelque titre à intervenir en une période électorale, ça n’est sûrement pas pour éclairer les foules de leurs avis souverains, mais pour tenter, si c’est possible, d’apporter à la discussion publique quelques éléments d’analyse. Si l’on voulait bien faire abstraction un instant de l’épouvantail Bayrou, il y a deux choses qui mériteraient d’être vraiment retenues : 1. L’indifférenciation politique, dont le socialisme de gouvernement porte la plus grande part de responsabilité, le parachèvement de cette indifférenciation sous la forme de la dénégation centriste du clivage droite-gauche procèdent, l’une comme l’autre, d’une tragique méconnaissance des nécessités de l’économie générale de la violence. Or, ignorée, celle-ci se venge, et sous des formes qui ne sont parfois pas belles à voir. 2. La perspective d’une recomposition endogène de la gauche (de gauche) est une chimère. On peut bien continuer de la poursuivre, mais dans vingt ans nous y serons encore. Qu’un événement politique aussi considérable, porteur d’une aussi grande impulsion dynamique que le 29 mai 2005, se soit révélé aussi improductif en offre la démonstration définitive. Ce sinistre constat enregistré, on peut dire les choses un peu plus précisément encore : il n’est pas de recomposition possible à gauche tant que le parti socialiste demeurera en l’état. Comme rien n’indique la présence d’aucune force de mutation interne, le dernier service qu’il puisse nous rendre est de disparaître. Et comme, cela non plus, il ne le fera pas de lui-même, il faut qu’un choc venu de l’extérieur l’y « aide ». Jusqu’à présent le seul candidat à l’administration d’un tel choc était Le Pen – et c’était la garantie de la reproduction. Voici qu’il s’en présente un autre. Voilà l’essentiel. Pour le reste, tout est offert à la discussion, et notamment les prémisses de mon argument. Un Bayrou président produirait-il nécessairement la fracture du PS ? Et celle-ci une recomposition à gauche ? Il faudrait être insensé pour l’assurer. Mais une probabilité existe. Or quelle est l’« alternative » ? Royal présidente. C’est-à-dire la reconduction du même – la glaciation de la gauche (la vraie). Mon argument est qu’entre la certitude du même et une probabilité de mouvement, je choisis la probabilité. On pourra discuter aussi des coûts politiques réels, en termes de bien-être des diverses catégories de la population, de substituer Bayrou à Royal – les sous-estimé-je ? etc. A tous ceux dont le sentiment de refus catégorique n’aurait pas été apaisé par le caractère purement instrumental, désubstantialisé, défait de toute adhésion, en fait même radicalement opposé à lui, d’un vote Bayrou, peut-être apparaîtra-t-il qu’entre mille motifs d’être détesté ce texte a au moins une vertu : porter à s’interroger sur le fait qu’on le déteste ! Or c’est sans doute parce que la thèse du « choc externe » oblige à rompre avec les fictions de la recomposition de gauche « par nos propres moyens » qu’il produira cet effet – il est vrai qu’il y a de quoi être attristé. Mais si cet affect triste permettait de poser à nouveau et sur des bases plus réalistes que des espérances cent fois déçues, des incantations cent fois envolées, le débat de la gauche à reconstruire, alors il n’aurait pas été totalement vain.
Source : Mouvements, Frédéric Lordon, 08-03-2007

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Commentaire recommandé

subnihilo // 14.05.2017 à 07h00

Ah ! Lordon ! Toujours aussi lucide et vivifiant.

Un petit rayon de soleil en cette matinée de dimanche pluvieux et de pantomime à l’Elysée.

57 réactions et commentaires

  • subnihilo // 14.05.2017 à 07h00

    Ah ! Lordon ! Toujours aussi lucide et vivifiant.

    Un petit rayon de soleil en cette matinée de dimanche pluvieux et de pantomime à l’Elysée.

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  • Jeanne L // 14.05.2017 à 08h26

     » L’histoire n’a été jusqu’à nos jours QUE l’histoire de la LUTTE de classes ».

    La formule me semble-être le résumé du texte de 2007 que l’on aurait pu republier en 2012 lors de l’élection du « père-la synthèse » et qui convient avec l’élection de Macron en ce mai 2017..
    Bien entendu la démocratie « sublime » la violence, mais en cela elle est une « dictature » du monde de la « finance », de la « concurrence libre et non faussée » de l’exploitation légale et généralisée.
    La lutte est oubliée au profit de « postures de barrages » ou de « dégagisme » effréné qui débouchent sur la soupe consensuelle.
     » Ter repetita ne « placent » pas toujours » comme dit Asterix, même dans  » l’apaisement  » et la célébration pyramidale.

      +4

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    • calal // 14.05.2017 à 14h37

      quelque part la lutte des classes etait pour moi necessaire pendant la periode « germinal » de la construction du capitalisme: je ne concois pas que quelqu’un qui travaille ou qui a travaille pendant toute sa vie,creve de faim comme un chien dans la rue en france 20 ans apres l’an 2000. apres,a l’heure du rsa,de l’ame et de la cmu,est ce que davantage de protection sociale sont necessaire?ce supplement de protection sociale que je qualifierai de « superflue » ou de « confort »,peut se construire dans une negociation ou dans une « gestion de marche ».

      est ce que ce niveau que je qualifierai de « minimal » est il toujours acquis actuellement,le sera t il encore a l’avenir? a priori j’ai l’impression que oui .

        +0

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  • Xtf17 // 14.05.2017 à 08h37

    D’une lucidité presque prémonitoire !
    Remplacez Bayrou par Macron, Royal par Hamon, et nous y sommes. Enfin…?
    Manquait en 2007 la réelle perspective de la refonte bourdieusienne de la gauche de gauche : avec France Insoumise c’est aussi chose faite !
    La suite promet d’être enfin intéressante.

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  • isidor ducasse // 14.05.2017 à 08h59

    Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément.

    Alors moi ces analyses politico-socio-psychanalytique, ce brouillard dans l’enfumage actuel du type : « Le pire dans cette affaire tient sans doute au fait que le centrisme peut compter sur le secours de forces collectives très puissantes qui travaillent le corps social en profondeur et sont le co-produit, mais inversé, de la violence fondamentale » quelle pensée précise !
    Mais, purée, expliquez-moi avec des mots simples ce que dit F.Lordon.
    Et par pitié…..quelles analyses de ce « rebelle » de la pensée unique constamment promu, se sont avérées vrai.
    Merci

      +32

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    • vert-de-taire // 14.05.2017 à 10h22

      Simple :
      F.L. prend une perspective marxienne (et/ou marxiste je ne sais plus) de description de la société couplée d’une perspective spinozienne.
      en mots crus : une prise en compte des (vrais) pouvoirs – que procure la détention du capital (forces de coercitions en république) et domination et/ou influence des affects sur chacun (influence de l’histoire de chacun et de la propagande formidable qu’il reçoit en continu sur ses comportements i.e. ses (rétro) actions sur la société).

      Pour comprendre Lordon il faut le lire lentement (dans mon cas) et bien comprendre le jeu des forces de pouvoir qui façonnent nos sociétés. Sans cet arrière plan en effet, on ne comprend rien.
      Cet exercice est d’autant plus difficile qu’il est justifié par une désinformation époustouflante et très sophistiquée. Car dénoncer ce pouvoir capitaliste est rendu extrêmement difficile par la manipulation des cerveaux lesquels n’ont plus les mots pour le dire.
      J’espère être clair.

        +24

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      • UnKnown // 15.05.2017 à 14h36

        Pour comprendre Lordon il faut surtout avoir mangé des classiques de philosophie et ne pas faire attention au style (qui balance assez de mots pour qu’on y trouve quelque chose qui correspond à ce qu’on a envie de voir.). Si on n’est pas du même sérail, alors on ne comprend rien ou on croit lire un exercice de philosophie Marxiste post-moderne (enfin malgré tout ce que je me force à lire du bonhomme, désolé, tout retombe toujours dans la même église).
        Il a le mérite de me rappeler pourquoi j’étais allergique aux cours de philo (désolé, mais on a le droit de ne pas aimer cette discipline)

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    • vert-de-taire // 14.05.2017 à 10h23

      (suite)
      Pour étayer mes propos je vous invite à lire voir des gens comme Franck Lepage qui démontre avec brio et humour comment le capitalisme nous manipule en brouillant la sémantique; donc en nous privant de mots pour penser la chose.
      Quelques exemples : la notion de hiérarchie dans une entreprise n’ a pas changé depuis des millénaire pourtant le mot hiérarchie a été gommé du vocabulaire.
      Une rapide enquête autour de vous montrera que la plupart de nos contemporains ‘croient’ que seule l’entreprise est créatrice de richesses. Bien évidement, chacun de nous travaille et participent donc à la création de richesse. Les chômeurs comme les retraités inclus.

      Il faut une foutue puissance de propagande (trompeuse) pour que tant de gens se laissent prendre aux mensonges des capitalistes.

      Si ce que je dis là vous semble abscons ou faux, c’est la preuve de votre abrutissement – c’est un fait, pas une accusation ni le moindre mépris mais la reconnaissance de l’extraordinaire capacité de tromper d’un système d’une intelligence reconnue.

        +15

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      • UnKnown // 15.05.2017 à 17h26

        Ce n’est ni abscons ni faux, ce n’est juste que votre avis donné anonymement sur internet.
        Il y a du bon et du sectaire qui tantôt m’amuse, tantôt m’effraie tant il est à mille lieues des préoccupations des gens. Comme à chaque fois que l’on regarde les commentaires suite à un article de Lordon.

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    • Jac // 14.05.2017 à 17h14

      Réponse à Isidore Ducasse

      Ah ah ah ! Je suis d’accord.

      Un exemple de mots qui se disent aisément pour schématiser un point de vue (perso) :

      Bayrou, dans son programme présidentiel (2012), proposait au chapitre « économie » que se développe la culture intensive, et au chapitre « écologie » (émergente alors dans les programmes politiques) qu’on développe la culture bio…. (authentique, allez vérifier si vous pouvez)

      Autrement dit : un rang de salades uniformes nourries aux pesticide et un rang de carottes, poireaux, navets, chou, hibou, genou…. avec petites coccinelles comme pesticide, lesquels rangs se répétant disons… tous les mètres sur des hectares. Lol

      Os, entre autre os qui nous obligeait à manger bcp de salades : il aurait fallu mettre des « barbelés » entre les rangs suffisamment étroits pour empêcher les petites coccinelles de voleter sur les rangs de salades et de contaminer ainsi les légumes bio….

        +1

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      • Jac // 14.05.2017 à 23h06

        à la décharge de London, un texte dit oralement est plus « audible » que le même texte écrit (lapalissade).
        Car la lecture demande plus d’effort personnel aux lecteurs que les discours en demandent aux spectateurs, surtout quand ces discours sont aguicheurs (ce pourquoi ce site censure les commentaires aux arguments trop longs, mais comment se faire comprendre sans l’exposé d’arguments suffisamment divers pour étayer une pensée ?)

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    • Rémi BRARD // 15.05.2017 à 09h38

      C’est pourtant clair, pourtant je n’ai pas fait science po .
      Au fait: avérées vraies (féminin pluriel)

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      • isidor ducasse // 15.05.2017 à 17h25

        Merci pour la faute, pourriez-vous m’éclairer !
        Qui sont : » les forces collectives très puissantes qui travaillent le corps social »

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        • MadMax // 18.05.2017 à 09h50

          Oui, moi aussi je trouve que ce n’est pas très compréhensible comme prose. Mais il faut le voir comme une grande fresque très détaillée dans laquelle s’agite tout un monde. Pour comprendre les détails, il faut s’en approcher et étudier une sous-partie précisément. Un peu plus loin que votre passage, on peut voir le passage suivant:
          « Et ce n’est pas tant l’idée du corps du Christ qui les émeut, comme ils le pensent, mais l’unanimité fusionnelle où ils se trouvent rassemblés, expérience bouleversante à proportion de la prégnance de l’expérience inverse : celle du conflit et de ses tensions. Quand bien même ils sont usuellement recouverts par un quotidien de violences plus ou moins bien sublimées, ce sont là des attracteurs très puissants de la vie fantasmatique collective. »
          Lordon parle donc de ce souhait qu’on les hommes de se libérer de la conflictualité permanente de la société. Souhait qui peut se concrétisé dans le vote pour une personne qui dit qu’elle peut dépasser cette conflictualité. Le problème c’est que ce n’est pas possible.

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  • lemoine001 // 14.05.2017 à 09h07

    Le ni droite ni gauche : une erreur anthropologique ! Toute suite les grands mots, sans même avoir analysé ce que signifie être de gauche aujourd’hui ! En effet que veut-on dire quand on se déclare de gauche ? Les mots de droite et de gauche, de progressisme et de conservatisme sont brouillés. Il faut les clarifier avant de les utiliser. Lordon se lance sans avoir fait ce travail.

    C’est ce travail que j’ai voulu faire ici : https://lemoine001.com/2014/04/02/sur-le-resultat-des-elections/

    C’est beaucoup trop long pour être publié ici et je ne sais pas le résumé, d’autant que cela couvre l’article et le commentaire. Désolé, je ne suis pas de la génération twitter !

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    • gracques // 14.05.2017 à 10h38

      Très bon blog et article nécessaire….. mais je’pense que Lordon n’est pas incompatible avec Lemoine .bien au contraire.
      Un intellectuel explique les choses , il ne les faits jamais bouger , tout juste peut il les rendre plus claire à ceux qui les vivent.

        +4

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    • vert-de-taire // 14.05.2017 à 17h27

      c’est mal connaître Lordon.
      Il a donné des (ses) définitions, en particulier, il dit que la gauche se différencie(de ‘la droite’) en luttant contre le pouvoir capitaliste envahissant, c’est à dire en façonnant la société suivant SES besoins et non ceux de la population. Cela fait une belle différence entre droite et gauche.
      D’un coté le choix du libre-arbitre déterminant un vivre ensemble à priori, de l’autre se coltiner le capitalisme comme contrainte à priori déterminant une société compatible.
      On peut voir le fossé.

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      • lemoine001 // 14.05.2017 à 18h54

        C’est sa définition de la gauche mais le problème n’est pas de savoir quel usage M. Lordon fait du mot mais comment ceux qui se disent de gauche l’emploient. Par exemple, on entend couramment dire que P. Bergé est de gauche, en quoi est-il de gauche pour ceux qui le présentent ainsi ? Et l’usage du mot, comme de tout mot, n’est pas immuable : comment évolue le mot « gauche » en politique ?
        Il faut rappeler qu’il n’y a pas de police du vocabulaire. Si le PS se dit de gauche, qui peut l’en empêcher. Ce qu’il faut observer c’est que le même PS ne dispute pas à LO le titre de parti des travailleurs. Pourquoi ? comment se pense-t-il de gauche sans être au service des travailleurs ?

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        • Caton l’Ancien // 15.05.2017 à 19h48

          Lordon est un universitaire. Il est courant, pour un universitaire de poser une définition d’un mot et d’employer ce mot selon cette définition, de façon relativement indépendante de l’usage courant. Par exemple, « légitime » signifie, chez Bourdieu, autre chose que ce que ce mot signifie dans le langage courant.

          Après, certes, nombre de personnes emploient « gauche » à tort et à travers, essentiellement pour mentir quant à ses intentions politiques. Mais je ne crois pas qu’il soit bon de déserter ce mot puisque les idées que ce mot désignent continuent d’être pertinentes et il y a donc besoin d’un mot pour les désigner (et choisir un nouveau mot va largement être source de confusion).
          Quant à « Si le PS se dit de gauche, qui peut l’en empêcher ? « , laissez moi répondre d’abord par une autre question « Si le PS dit que 2+2=5, qui peut l’en empêcher ? » puis par une réponse tant à votre question qu’à la mienne « tout un chacun, en affirmant voire démontrant le contraire ».

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  • Nicolas Anton // 14.05.2017 à 09h33

    Lordon l’utile énervé révolutionnaire choisi qui hurle régulièrement avec les loups du système à l’antifascisme et à l’antiracisme. Aux peuples défaits par 40 ans d’ultralibéralisme leur sont pointées au-dessus de la tête ces 2 armes de destruction massive pour les enjoindre par la rhétorique du sage en haut de son phare debout de comprendre où se trouve le politiquement correct bon pour leur assiette. Le bobo de gauche désormais s’empresse de dire qu’il faut vite changer le rapala socialiste. De gauche du centre gauche de l’extrême gauche ou en orbite autour de Mars ils sont tous des chevaux de Troie prêts à livrer l’armée de réserve du capitalisme. Mouais mais ça s’était avant.

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    • georges glise // 14.05.2017 à 11h28

      je suis désolé que comme beaucoup d’autres vous utilisiez une construction fautive du verbe enjoindre. en bon français, on n’enjoint à quelqu’un de faire ou de ne pas faire quelque chose, vous auriez donc dû écrire leur enjoindre et non pas les enjoindre. je me permets cette remarque parce que pour ceux qui aiment la langue française, cette construction fautive est déplaisante.

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      • Jac // 14.05.2017 à 17h54

        Ah Georges ! Je vous reconnais là ! (depuis Marianne 2007, clin d’œil )

        Vous avez raison de corriger, une chose mal dite peut être mal interprétée. J’en parle en connaissance de cause, je fais souvent les frais de mes erreurs dans mon choix de verbes mal construits ou non appropriés; mais il fut un temps grâce à vous (entre autres) j’ai appris à me corriger. Merci !

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  • Grub // 14.05.2017 à 09h39

    Des idées intéressantes noyées comme d’habitude dans un verbiage copyright. Fonder un raisonnement sociologique en nous disant que des bourgeois du 16ème n’aurait pas chanté la marseillaise. Les preuves si ce n’est ses apriori sociaux. Lordon c’est tordre les événements pour qu’ils rentrent dans son schéma de pensée.

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  • yann // 14.05.2017 à 09h45

    Ce que Lordon ne veut pas voir c’est qu’il y a une mutation de la lutte droite gauche. Elle a changé d’aspect pour prendre la forme d’une lutte entre souveraineté nationale et globalisme. Et le problème c’est que les grilles de lectures sont floutées par cette réalité. Beaucoup de personnes se pensent de gauche tout en étant pro-européen alors qu’il ne peut y avoir à aucun moment une politique de gauche au sein de la construction européenne. L’institutionnalisation du libéralisme comme seule doctrine politique et économique viable avec l’euro et l’UE entraine cet effacement de la logique électorale droite gauche. C’est pourquoi il faut effectivement passer au-dessus de cette question pour préalablement rendre à notre nation son indépendance. Sans quoi les Lordon et autre penseurs de la gauche continueront à gesticuler dans le vide. Et quoiqu’il en pense pour sortir de l’UE Lordon et la gauche auront besoin du FN et de ses électeurs.

      +13

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    • vert-de-taire // 14.05.2017 à 17h56

      Heu non.
      Lordon voit très bien ce globalisme et autres nationalismes. il suffit de l’écouter.
      ce que vous ne voyez pas chez Lordon c’est qu’il voit fort bien que bcp de gens se font berner par les slogans sur le souverainisme. Bcp pensent que la France perd son indépendance à cause de terrorisme, islamisme, etc .. alors que c’est de fait les capitalistes qui décident de son sort. Lordon voit combien le capitalisme se dissimule derrière les usuels instincts reptiliens qu’il stimule astucieusement pour cacher son emprise, par ailleurs triviale – il n’a plus besoin de se cacher cf Macron, nous sommes trop abrutis de croyances. On peut faire le parallèle avec l’église catholique qui, autrefois, se payait sur la bête – prêches et dîmes – on dirait aujourd’hui média de masse et marché du travail.

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    • Jac // 14.05.2017 à 23h16

      « Beaucoup de personnes se pensent de gauche tout en étant pro-européen alors qu’il ne peut y avoir à aucun moment une politique de gauche au sein de la construction européenne »

      Ah si ! il y a une gauche européenne !
      Par exemple la multiplicité des “normes” pour protéger des nuisances malsaines les citoyens lambda (qui sont aussi heureusement des consommateurs) : si ce n’est pas de gauche ça, il faut m’expliquer….
      Mais normes qui servent en réalité les grandes surfaces (le grand marché), seules à avoir les moyens de les respecter toutes dans leur intégralité et donc à ne pas être pénalisées, parce que par exemple reconnaître la viande avariée sous cellophane -norme hygiénique- n’est possible pour personne. Mais la gauche en France, suivie ou précédée (je ne sais pas) par nombreux autres états européens pour satisfaire tous les mécontentements démocratiques, y a donné plus de « possible » en imposant l’étiquetage : et alors ? Que la viande bovine soit Limousine ou Charolaise, ça change quoi si on ne connaît pas l’éleveur ? Ah si ! Ca change qu’on est content et qu’on achète toujours plus….. en grande surface.
      Même les produits bio en grande surface sont sous emballage plastique (recyclé…) : cherchez l’erreur

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      • Jac // 14.05.2017 à 23h18

        (suite) Mon boucher du coin, lui, s’il me vend de la viande avariée, même sans étiquetage, même sans papier d’emballage hygiénique, il m’entendra ! ainsi que nombreux autres qui se seront fait berner ; et il se remettra en question s’il veut conserver sa clientèle sans besoin pour cela de normes européennes…. Qu’il soit de gauche ou de droite et que je le sois ou non : ça c’est du concret.
        (et moi, j’apprendrai en même temps qu’il se remettra en question à ne plus être cruche en achetant sa viande)

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        • Jac // 14.05.2017 à 23h26

          Je réponds ceci ci-dessus pour dire que l’union européenne n’empêche pas qu’on choisisse individuellement nos commerçants.

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    • BALLEAUCENTRE // 15.05.2017 à 11h17

      Yann : effectivement « il ne peut y avoir une politique de gauche au sein de la construction européenne » pour peu que les aspirations du peuple gauche français ne se retrouvent pas au sein de la construction européenne.
      Mais peut-on en dire autant du peuple droite nationale?
      Je pense que oui. Le probleme ne se pose pas comme ca à mon avis.

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    • Baruch // 15.05.2017 à 20h18

      Sa définition de la gauche n’a pas changée depuis plusieurs années (je n’ai pas retrouvé la vidéo bien plus ancienne ou il disait déjà ceci :

      https://www.youtube.com/watch?v=koJPnlFFanE

      Clair et simple

      Bien à vous

        +1

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      • Yves Delacroix // 16.05.2017 à 19h22

        Il a raison sur un point : la « gauche » c’est le progrès; mais toujours dans son acception libérale. Ce qui est de gauche un moment passe à « droite », lorsque les progressistes l’estiment dépassé.
        Sur le centrisme, il se trompe… il en existe deux types : un par exclusion des extrêmes (Bayrou, Macron) et un par addition (Bonaparte, Mussolini)

          +0

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  • Gérard // 14.05.2017 à 09h55

    c’est vrai que « l’expression » de F.Lordon est spéciale, pour moi c’est du « destop à neurone », sa lecture ou son écoute nécessite il est vrai un poil de concentration mais à l’arrivée, on a l’impression de sortir d’une cure de remise en forme mentale. Un vrai plaisir.
    Merci monsieur Lordon

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  • some // 14.05.2017 à 10h46

    C’est trop long pour ce qu’il dit, la première question se résumait à: à faire trop de centrisme la baignoire déborde par les côtés, sur les extrêmes.

    Je vais m’accrocher pour la suite, mais je préférais qu’il s’interroge sur cette polarisation comme une volonté, et non comme une simple conséquence.

    Oui je sais il y à des airs de …. la dedans.
    Mais cette polarisation mène à la création de deux superbes machines de propagande qui vont bouffer notre universalisme et sa créativité par la superposition médiatique entre votants et prétendants.

      +0

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  • RGT // 14.05.2017 à 10h51

    Frédéric Lordon président !!!

    Le seul problème, c’est qu’il ne veut pas, ce qui est la meilleure preuve de son honnêteté et surtout de son absence totale de vouloir « faire carrière » dans ce panier de crabes qui, au final et quelque soit la couleur du logo de leur « parti » ne veille qu’à son propre intérêt en se moquant totalement de ceux qui les ont portés au pouvoir.

    Je ne connais AUCUN politicien professionnel qui pourrait caresser l’espoir de ressortir « vivant » d’un débat avec Frédéric Lordon, même avec l’aide d’une meute de chiens de garde.

    Il se ferait littéralement laminer quelque soient les sujets évoqués et repartirait la queue encore plus basse que Chirac face à Marchais en 71 https://www.youtube.com/watch?v=QwSXG4uDyvM ou quelques années plus tard Fabius face à Chirac en 85 https://www.youtube.com/watch?v=R-heCsogD68 .

    Les interventions de Frédéric Lordon devraient être obligatoires, ne serait-ce que pour éveiller l’esprit critique de tous les citoyens.

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  • georges glise // 14.05.2017 à 11h35

    lorsqu’on a des textes très longs comme celui-ci, il serait judicieux de nous en donner un abstract.

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  • olivier // 14.05.2017 à 11h36

    « En France il y a deux partis de gauche dont l’un que l’on nomme par convention la droite »
    Maurice Druon.

    Comprendre cela, c’est comprendre ce qui manque à Lordon pour sortir de l’intellectualisme et prendre pied dans le monde réel.

      +2

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    • Alfred // 14.05.2017 à 11h57

      On lit assez souvent ce commentaire (vous êtes au moins le deuxième récemment sur les crises) que je ne comprends pas vraiment. Qu’est ce que cela apporte par rapport à ceux qui prétendent que tous les partis qui nous ont gouverné (PS compris) sont de droite ?

        +8

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      • olivier // 14.05.2017 à 17h29

        La place manque ici. Ne pas la comprendre c’est ne pas comprendre l’histoire, « rester incarcérer dans la prison du présent, sans levier pour remuer nos certitudes ».

        Quelques pistes : définir les termes. Droite et Gauche ? Qu’est-ce ? quand ? pourquoi ces noms ?

        Auteurs : René Rémond (La Droite en France de 1815 à nos jours), Albert Thibaudet (mouvement sinistrogyre du capitalisme) André Siegfried (la droite moderne est toujours une ancienne gauche)…

        Outils : Votre curiosité et un moteur de recherche.

        Annexe : Conservatisme, progressisme, humanisme, socialisme, royalisme, nationalisme, Hegel, Marx, Proudhon, Maurras, Barres, Peguy, la doctrine sociale de l’église …

        « L’ère nouvelle enfantera des enfants qui ne tiendront plus au passé par aucune habitude de l’esprit. L’histoire leur offrira des récits étranges, presque incompréhensibles, car rien dans leur époque n’aura eu d’exemple dans le passé, et rien du passé ne survivra dans leur présent ».
        Paul Valéry

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        • Alfred // 14.05.2017 à 19h14

          En dépit de votre grande culture vous ne répondez pas à ma question, et ce que je devine de pauvre dans ces thèses me donne envie de remettre à plus tard le temps de les approcher (et d’exercer ma curiosité sur d’autres sujets).
          Sans aller jusqu’à résumer ce qu’il vous reste en vous de ce que vous avez lu, vous auriez pu donner votre réponse personnelle à la dernière​ question. Vous y confronter aurait été l’occasion de voir qu’elle n’est pas si superficielle et de donner à vos idées une belle exposition.

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  • Louis Robert // 14.05.2017 à 12h16

    En marche? Peut-être, mais vers où?

    La France est désormais en marche vers le Parti unique… celui de Davos, qui se donne, déjà, des airs « populistes » pour ces lendemains qui, on le sait, toujours chantent.

    « Allez, mémère, on avance!… »

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  • Betty // 14.05.2017 à 14h25

    « On peut se demander si la situation politique française n’est pas à la veille d’une mutation semblable et si, loin d’être éternel, le « marais » qui la caractérise depuis cent soixante-dix ans n’est pas promis à une fin prochaine. Il est maintenant banal de dire que, dans les nations industrielles très développées, à niveau de vie élevé, proche de l’abondance, les structures de la société globale tendent à faire l’objet d’un consensus général. Les luttes politiques se déroulent de plus en plus à l’intérieur d’un système qui n’est pas mis en cause, plutôt que contre le système. La masse de la population se détourne des méthodes violentes, à droite comme à gauche. Dans chaque tendance, les modérés l’emportent nettement sur les extrémistes. Le slogan « ni réaction ni révolution », ne porte plus guère, parce qu’il n’y a plus guère de réactionnaires ni de révolutionnaires, et que les craintes engendrées par les uns et les autres ont presque disparu. » Duverger Maurice 1964 – http://www.persee.fr/docAsPDF/rfsp_0035-2950_1964_num_14_1_403411.pdf

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    • vert-de-taire // 14.05.2017 à 18h12

      C’est oublier les mutations en cours :
      – les effets de la dévastation de la planète au nom du profit (des actionnaires).
      – la fin des ressources naturelles à bas prix qui permettaient de forts rendements du capital
      – la fin de nouvelles mises en esclavages de nouvelles populations pour trouver de meilleurs rendements; on travaille sur de bcp plus faibles marges – les esclavages sont actés, (cf le grand nombre et la situation des précaires aux USA, et comment cela se propage en UE)
      – la très faible efficacité des mesures financières pour activer l’économie versus la puissance de ses moyens : l’injection par milliards de monnaie de singe pour éviter un effondrement immédiat et catastrophique du Système

      Les mutations pas à pas du Système ne sont plus possibles, les mutations adviendront désormais par catastrophes.

        +3

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  • Grégory // 14.05.2017 à 14h57

    C’est vraiment le cliché de l’intellectuel de gauche, le type qui a une grosse machine à penser entièrement tributaire de la qualité de l’info qu’il met en entrée. Quand c’est de bonnes données, ça donne de bonnes analyses. Quand il n’y a pas de donnée, par exemple sur la réalité sécuritaire, ça donne ce moment surréaliste ou il se demander pourquoi des tireurs d’élites.

    Ben Frédéric, parce qu’il y a des armes à feu en banlieue. Il y en a même beaucoup. Moi on m’a proposé d’acheter une Kalash pour 300€ dans une banlieue tellement proche de Paris qu’elle s’appellait XVème arrondissement. Certes, trouver des munitions aurait été un poil plus dur mais ce qu’il faut retenir c’est que les gens qui en ont ras la casquette, ils ont parfois moyen de faire plus de dégât qu’un taser ou qu’un flash ball. Il y a quelques années, impossible pour Frédéric Lordon d’ignorer que suite, certes au très irresponsable pilotage sarkozien de l’épisode des policiers se sont fait tirer dessus quand ça a chauffé. Alors à quoi joue-t-il en faisant l’étonné, en ne parlant que de la montée de la violence coté police ? Ces trucs là sont toujours transactionnels. l’impulsion vient d’un coté mais la montée se fait des deux. Si on veut une désescalade, il faut considérer les deux cotés. Et il faut prendre le point de vue des policiers aussi.

      +2

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    • vert-de-taire // 14.05.2017 à 18h21

      La violence des banlieues est facile à résoudre. Il suffit de plus de démocratie et solidarité. Donc ce n’est pas un problème économique mais purement politique.
      Les faibles moyens qu’avait mis en place la gauche ont été pulvérisés par Sarkozy en toute connaissance de cause : maintenir une violence bouc-émissaire.

      La violence volontairement suscitée est donc une pure escroquerie intellectuelle voulue par la classe politique au pouvoir.

      La violence policière est d’un tout autre ordre. C’est une conséquence de la première décision et par là sert à montrer que la droite (et ensuite la ‘gauche’ qui lui emboîte le pas) montre à ses électeurs (trompés) combien elle s’active à protéger les bons français contre la racaille.

      Un pur cynisme qui traverse l’histoire et surtout les fascismes.

        +5

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  • lemoine001 // 14.05.2017 à 15h15

    Lordon est toujours aussi dogmatisant. Après avoir fait de « la violence » une espèce de trait anthropologique, le voilà qui sort de son chapeau le trait inverse « les forces du désir de paix ». Si bien que cette violence, qui est partout en puissance, n’est nulle part en acte. Du coup tout le monde est plus ou moins centriste, puisqu’être centriste c’est refuser que la violence soit le « fait social fondamental ». Le centrisme revendiqué parait même la position la plus honorable puisqu’elle est celle des plus grandes « forces de paix ».

    Cela pose encore une question : peut-on dire que les travailleurs qui défendent leurs droits ou réclament une amélioration de leur condition sont dans la violence ? Est-ce être violent que de demander l’augmentation du SMIC ?

    Je trouve l’argumentation de Lordon assez confuse car qui est dans le paradoxe dans cette affaire : sinon lui-même !

      +4

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  • Jac // 14.05.2017 à 15h16

    8/8

    Mon constat perso :
    Plus on a besoin d’argent plus on accepte de se laisser corrompre en laissant dominer sa raison par l’abrutissement d’un travail contraint, quitte à accepter de travailler pour un « chef » dont les objectifs sont contraires aux nôtres, à savoir : nous ôter toute liberté en nous faisant croire que le travail « libère » (celui auquel il nous contraint) pour s’octroyer le pouvoir à lui seul et, donc, sa seule liberté.
    C’est ainsi que certains ont créé l’esclavage pour des travaux pénibles et quotidiennemet répétitifs sur la quasi totalité du jour, système dans lequel la culture intellectuelle était interdite aux esclaves au bénéfice des seules élites.
    Quelle est la différence avec aujourd’hui ? (salariés comme travailleurs indépendants : la compétition et l’obligation de la performance accapare la pensée de façon permanente et obsessionnelle jusqu’au burn out -nouvelle « maladie professionnelle » dans les faits-)
    Si ce n’est qu’on a retiré les chaînes aux esclaves pour leur faire croire qu’ils sont libres.

      +2

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    • humdebut // 14.05.2017 à 21h01

      Il n’y a pas de censure, mais si vous ne souhaitez pas vous exprimer, libre à vous ! cxela dit, ne trollez pas non plus !

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  • Ernest // 14.05.2017 à 16h23

    Lordon, ou les précieuses ridicules : tant de circonlocutions et d’hyperboles maniérées pour ça : « la sortie de l’euro, oui, mais non parce que, il faut quand même discuter avec nos partenaires européens, et blablabla »… Lordon, le chantre de l' »euroscepticisme », c’est à dire la caution de gauche de l’euro-atlantisme triomphant.

      +2

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    • Gigi // 16.05.2017 à 12h08

      Salut,
      En effet, pas tres clair cette histoire de prevenir nos voisins qu’on veut sortir de l’UE mais qu’on aimerait bien qu’ils fassent pareil et comme ca on pourrait faire une grande Europe de « gauche » et qu’on aurait donc pas besoin d’en sortir. Curieux de tout comprendre de Spinoza et de pas comprendre que ce blabla repose au mieux sur une logique pour le moins floue.
      @+ G
      PS : la leçon grecque a du mal a etre comprise; la peur des colonels européens peut-etre (a la decharge des grecs).

        +0

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  • Suzanne // 14.05.2017 à 17h41

    Lordon c’est à l’oral, pas à l’écrit qu’il faut en goûter toute la substance. C’est par essence un orateur, un prof dans le plus noble sens du terme, j’envie beaucoup ses étudiants, je ne sais pas s’ils se rendent compte de la chance qu’ils ont. L’écouter avec attention, essayer de le comprendre, c’est prendre une douche de cerveau, le rendre plus performant.

    C’est vrai qu’à l’écrit c’est plus dur, et pourrait devenir ennuyeux. Mais je proteste contre ceux qui voudraient rabaisser la langue française à une suite de membres de phrases qui ne demandent aucun effort pour être compris.

    Et l’idée est limpide : pour des humains, être ensemble est difficile, crée de la violence, l’affrontement d’idées et de courants de pensée, affrontement régulé et symbolique, évite que cette violence ne s’exprime de manière trop brute. Vouloir faire centre, c’est gommer toutes les différences, les disputes, les discussions entre gens pas d’accord. C’est permettre la vraie violence destructrice.

      +6

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    • Jac // 15.05.2017 à 00h26

      oui, et un orateur peut ajuster spontanément son texte aux questions ou à la réaction de son public. Ce que peut difficilement faire un essayiste par exemple, puisque ce qu’il écrit sur papier n’est corrigible que par un autre essai (et l’essayiste sera traité unanimement par la critique -de presse ou de lecteurs- de « fossoyeur » ou « menteur » ou « vendu »… selon le cas, parce qu’il se serait soi-disant contredit…)

      Ceci dit, l’idée limpide que vous en avez retiré me plait beaucoup. Je suis d’accord avec vous.

        +1

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  • Alfred // 15.05.2017 à 19h48

    Juste pour signaler la réponse de sapir à Zemmour
    http://russeurope.hypotheses.org/6002
    Comme d’habitude un brin au dessus de la mêlée..

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  • matamaure // 16.05.2017 à 10h48

    Trump, Le Pen et l’extrême-droite désignés comme « violences tératologiques » !

    Mouais….

    Combien d’émeutes de ses électeurs après la défaite de Marine Le Pen au 2d tour ?
    Qui manifeste dans la violence ?
    Qui remplit les prétoires, les morgues et les hôpitaux ?

      +1

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  • Xavier Préjean // 19.05.2017 à 08h21

    Parlant de la violence: « Qui n’en a vu le niveau graduellement monter dans la société française, et sous les formes les plus variées, dont la plus caractéristique est bien sûr l’ascension continue de l’extrême-droite ? »

    Lordon, typique de la gauche munie d’oeillères confondant éternellement l’effet et la cause. Car qui sème aujourd’hui la violence et la mort dans nos rues de manière brutale et aveugle? L’extrême-gauche qui saccage, tabasse et veut même tuer du poulet à coup de cocktails Molotov? les islamistes qui mitraillent et écrabouillent des innocents par centaines? Non bien sûr, c’est les « fachos », l’extrême-droite qu’on vous dit ! Or les fascistes d’aujourd’hui, vêtus de noir, sont Antifas ou Islamistes.

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  • Michel Martin // 19.05.2017 à 15h35

    Comment suivre un argumentaire comme celui de Lordon? Pourquoi si peu le comprennent? Parce que c’est mal conçu ou parce que c’est mal énoncé? Parce que les lecteurs sont trop ignorants? Faut-il donc changer les lecteurs pour que Lordon soit enfin compris?
    Ce que je ressens à la lecture de son texte: un enivrement, il s’enivre et nous enivre de paroles qui nous font nous prendre pour des dieux tout puissants.
    Oui, je veux aussi lutter contre la domination capitaliste individualiste (qui s’appuie, favorise et se nourrit de l’individualisme) aveugle. Mais je ne vois aucun moyen de développer la moindre action à partir de ce que raconte Lordon.

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  • Opps’ // 19.05.2017 à 19h11

    Toujours brillant l’apôtre , avec ses raisonnements à plusieurs niveaux lui permettant de naviguer subtilement dans plusieurs logiques, à la fois dans un certain concret et aussi dans des généralités, donc avec des concepts qui n’ont pas le même sens selon.

    Ainsi au début , son procès du centrisme et de ses illusions , assez recevable, omet le fait que le centrisme depuis 58 n’a jamais eu le pouvoir car le système bipolaire ne l’a jamais permis : il s’agit donc bien d’une nouveauté , et de quelque chose d’inédit qui a été souhaité (et cette question ne l’intéresse d’ailleurs pas du tout puisqu’il a un discours type à dévider).
    L’avenir dira la petite vérité de cette singularité politique , mais Lordon prend un peu les français pour des cons quand il pense que les ambiguïtés et les limites de cette ‘aventure’ échappent à l’électeur moyen.

    Plus loin, également sa description d’un état d’urgence où nous aurions perdu nos libertés , qu’il compare à des périodes n’ayant rien à voir, montre bien les limites de son analyse , au fond , sans finesse.

    Il est heureux que quelques lecteurs ,dont les idées sont probablement différentes des miennes , voient bien , non pas l’escroquerie mais le mensonge extrêmement charpenté et la technique sophiste (dans son sens négatif car les pré-socratiques sophistes , détruit par l’immense Platon, sont des précurseurs oubliés à de nombreux points de vue) dans lequel il se meut, avec son côté pince-sans-rire assez bien troussé

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  • Opps’ // 19.05.2017 à 19h42

    Le commentaire sur la supposée complaisance des média qui feraient la campagne de Macron mais aussi favoriseraient Marine Le Pen , est vraiment édifiant.

    – Le ‘système’ ‘voudrait’ le front national : en effet BFM et LCI auraient de nettes complaisance pour celui-ci car le fond serait extrême-droitier
    – Le front national ne serait pas l’ennemi du système, d’où un traitement au fond de faveur de la presse en général
    – Le medef ayant reçu Marine LePen serait la preuve que nous assistons à un rapprochement entre le Front national et le Capital
    – Le ‘système’ mettant « tout ses efforts à ne pas laisser s’exprimer une différence significative de gauche » est la preuve « qu’il pourrait parfaitement s’accommoder du Front national » (36’13 »)
    – L’arrivée au pouvoir le M.L.P serait même une aubaine pour remonter les ventes d’une presse en perdition (surtout Libé le Monde L’obs’)

    … Quand même … sous couverts d’idées paradoxales , à contre-courant , subtilement subtiles et censées dévoiler des ‘vérités’ cachées … : quelles analyses sommaires et peu intéressantes

    PS/ Restent quelques aspects bien vu sur l’euro et l’Europe , déjà exprimés depuis longtemps par des économistes radicaux de droites ou gauches

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