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17.août.201317.8.2013 // Les Crises

Chomsky : Les États-Unis sur le déclin

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Voici le dernier article de Noam Chomsky publié en 2011, au titre évocateur… Comment mieux résumer les choses ?

Dans le Political Science Quaterly, Giacomo Chiozza écrit : « Il est courant d’entendre que les Etats-Unis, qui il y a seulement quelques années dominaient le monde comme un colosse, sans pouvoir équivalent face à eux, avec un attrait incomparable, sont maintenant sur le déclin. Ils font face à leur ultime détérioration ».

Cette opinion est largement partagée. Avec un certain fondement, quoiqu’il faille la qualifier. Pour commencer, le déclin s’est installé dans l’immédiat après deuxième guerre mondiale, dans la foulée du niveau sans précédent de pouvoir atteint à ce moment là. Le remarquable triomphalisme à la fin de la guerre du Golfe, au début des années quatre-vingt-dix, tenait surtout de l’illusion.

Que ce déclin soit grandement auto-induit est une autre conviction, au moins chez ceux et celles qui ne sont pas tout-à-fait aveugles. Le mauvais spectacle dont nous avons été témoins cet été depuis Washington, qui a dégouté la nation et confondu le monde entier, n’a pas son pareil dans toute l’histoire de la démocratie parlementaire. Ses partisans ont fini par en avoir peur. Les grands pouvoirs corporatifs qui ont aidé à faire élire ces extrémistes commencent à s’inquiéter de ce qu’ils pourraient bien jeter à terre l’édifice qui leur a permis d’accumuler richesse et privilèges, c’est-a-dire l’État protecteur qui dorlote leurs intérêts.

La montée du pouvoir corporatif (en ce moment surtout financier) sur la société, a atteint un point tel que les partis politiques, qui n’ont presque plus rien à voir avec les partis que nous avons connu, sont beaucoup plus à droite que la population sur la plupart des problèmes débattus.

Pour le peuple, le premier problème intérieur est le manque d’emploi. Dans l’état actuel des choses on ne pourra venir à bout de cette crise que par un plan gouvernemental majeur de stimulation de l’économie. Il faut aller beaucoup plus loin que ce qui a été fait jusqu’ici et qui a à peine réussi à contrer les baisses de dépenses des États et des collectivités locales. Malgré tout, il est probable que cette initiative limitée à permis de maintenir des millions d’emplois.

Le déficit est la première préoccupation des institutions financières. D’où qu’il n’y ait que ce sujet qui soit débattu publiquement. Un sondage du Washington Post et de la chaine ABC News rapporte qu’une large majorité de la population (72% vs 27%) favorise la taxation des très riches pour résoudre ce problème. Les coupes dans les programmes sociaux (Medicaid et Medicare) sont rejetées par la vaste majorité ; (69% dans le cas de Medicaid et 78% pour ce qui est de Medicare). Il est pourtant plus que probable que ces coupes seront adoptées.

Le Program on International Policy Attitudes a mené une enquête pour savoir quels moyens le public favoriserait pour l’élimination du déficit. Son directeur, Steven Kull écrit : «Il est clair que l’administration Obama et les Républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, ont des solutions complètement opposées aux priorités et aux valeurs de la population pour ce qui concerne le budget».

Ce sondage illustre une profonde division : « Alors que le public favorise des coupes importantes dans les budgets de la défense, l’administration et la Chambre des représentants proposent de modestes augmentations. La population veut aussi plus d’investissements dans l’éducation, la formation professionnelle et le contrôle de la pollution contrairement à la position des législateurs.

L’ultime ‘compromis’ (il vaudrait mieux dire la capitulation face à l’extrême droite), est complètement à l’opposé. D’ailleurs il est presque assuré qu’il va mener à un ralentissement de la croissance au seul bénéfice des riches et des grandes entreprises qui affichent déjà des profits record, mais au détriment de tous les autres.

Il n’est jamais question non plus du fait que le déficit pourrait être éliminé, comme l’a démontré l’économiste Dean Baker, si nous nous débarrassions de notre système de soins privés complètement non fonctionnel. Il nous faudrait pour cela, en adopter un semblable à ceux des autres pays industrialisés qui coûtent moins cher per capita avec des résultats comparables sinon meilleurs.

Les institutions financières et les grandes pharmaceutiques sont trop puissantes pour qu’une telle option soit considérée. Mais pourtant, il ne s’agit pas tout-à-fait d’une utopie. Il y a aussi d’autres options sensées économiquement qui, pour les mêmes raisons, sont évacuées du débat ; comme une taxe minime sur les transactions financières.

Entre temps on gratifie régulièrement Wall Street de nouveaux cadeaux. Le House Appropriations Committee a diminué le budget requis par la Securities and Exchange Commission qui est responsable de la lutte à la fraude financière. La nouvelle Consumer Protection Agency ne s’en sortira pas intacte non plus.

Le Congrès concocte de nouvelles armes dans sa bataille contre les générations à venir. Le New York Times rapporte que l’American Electric Power, un joueur majeur dans la production et la distribution d’électricité au pays, à dû mettre de côté « le plan le plus important de captation de dioxyde de carbone d’une de ses centrales au charbon.
Elle voulait donner un coup d’accélérateur à sa contribution à la baisse des émissions de gaz à effet de serre, donc au réchauffement de la planète». C’est l’opposition des Républicains à la protection de l’environnement qui l’a acculée à cette décision.

On ne peut pas dire pour autant que les interventions contraires à nos propres intérêts soient d’invention récente même si elles sont de plus en plus importantes. On les retrouve déjà dans les années soixante-dix quand l’économie politique nationale a subit des transformations majeures qui mirent fin à ce qu’on appelle communément «l’âge d’or» de l’État capitaliste. Les deux changements les plus importants ont été la financiarisation de l’économie (virage des investissements de la production industrielle vers la finance, les assurances et l’immobilier) et la délocalisation de la production. Ce triomphe de l’idéologie du marché libre a été renforcé par la suite par les dérégulations, l’introduction de nouvelles règles de gestion des entreprises qui ont lié les rémunérations de leurs dirigeants au profit à court-terme et d’autres rêgles du genre.

Il en est résulté une concentration de la richesse dans les mains de 1% de la population, qui a produit une augmentation conséquente de leur pouvoir politique, et leur a permis en plus d’accélérer leur appropriation de la richesse nationale. Ce sont majoritairement des dirigeants de grandes entreprises , des gestionnaires de fonds à risques (hedge funds) et d’autres de cette sorte. Pendant ce temps les revenus de la vaste majorité de la population ont stagné.

Pour leur part les coûts des campagnes électorales ont fait des bonds fabuleux. Les deux partis politiques, Démocrates et Républicains, se sont liés encore plus étroitement aux entreprises. Comme le dit l’économiste Thomas Ferguson dans le Financial Times, ce qui subsistait de démocratie a été ainsi affaibli puisque les deux formations ont à toutes fins pratiques, mis aux enchères les sièges du Congrès. Elles ont adopté une pratique commerciale des grandes boites de ventes au détail que sont Wall Mart, Best Buy ou Target : «Dans aucune autre législature du monde développé vous ne verrez comme ici, les partis politiques afficher le prix de leur vote sur des lois déterminantes en cours d’adoption». Ceux qui auront contribué le plus aux fonds de leur parti remporteront la mise.

Selon Ferguson, les débats dans ce contexte : « deviennent la répétition sans fin d’une poignée de slogans qui ont été conçus pour atteindre des investisseurs nationaux et autres groupes d’intérêts particuliers. Leurs contributions au financement des partis est indispensable». Tant pis pour le bien du pays !

Les nouvelles institutions financières de l’ère post- âge d’or ont été largement responsables de la crise financière de 2007. Avant cette époque elles avaient gagné un joli pouvoir économique ; elles avaient triplé leur part des profits d’entreprises. Après le crash un certain nombre d’économiste ont commencé à enquêter sur leur fonctionnement en termes purement économiques. Le lauréat du Prix Nobel, Robert Solow estime que leur impact a probablement été négatif : « Leurs succès ont vraisemblablement peu à voir avec l’efficience de l’économie réelle. En plus, ce désastre permet le transfert de la richesse des mains des contribuables à celles des financiers».

En réduisant ce qu’il nous reste de démocratie, les institutions financières installent les outils pour poursuivre un processus mortel. Elles continueront aussi longtemps que leurs victimes consentirons à souffrir en silence.

Le plus récent ouvrage de N.Chomsky a pour titre : «9-11 : Tenth Anniversary». Il est professeur émérite en linguistique et philosophie au Massachussetts Institute of Technology à Cambridge, Mass.

© Noam Chomsky


Source : www.noam-chomsky.fr, avec près d’une centaine d’articles de Chomsky en français…


Je termine par un peu d’humour, avec une émission américaine The Daily Show de Jon Stewart, qui a fait une excellente émission sur les riches (merci à Sandrine pour l’info).

Elle est évidemment en anglais, mais un best of en français a été fait : « Il ne faut pas taxer les riches »

Voici la version complète, à mourir de rire (2 parties) :

 

25 réactions et commentaires

  • yoananda // 17.08.2013 à 02h33

    Chomsky, comme beaucoup d’autres ne comprends pas qu’il n’y a pas une mais DES Amériques : plusieurs pays au sein du même territoire.
    Il y a une Amérique qui se porte plutôt bien, et une autre qui ne va pas très bien.
    C’est le biais d’analyse des humanistes qui voient l’humanité comme « une et indivisible », alors qu’elle ne l’est pas.
    Voila pourquoi rien ne se passe malgré toutes les aberrations apparentes du système.

    Il y a des frontières invisibles. Je suppose qu’il en a toujours été ainsi, et que parfois ces frontières bougent ou sont abattues. Mais elles perdurent dans la mesure ou les gens les ignorent. Et dans notre monde sur-informé la pauvreté en matière de vrai connaissance n’a peut-être jamais été aussi grande, tant nous nageons dans un brouillard épais.

    Si les gens voyaient les choses telles que Chomsky, en effet, demain ce serait la révolte. Mais sa voie ne porte pas bien loin finalement … elle donne bonne conscience a quelques bobos bien gras et leur permet de dormir encore plus tranquille.

    Mais bon … sait-on jamais. Je pense qu’il faudra encore en passer par un grand traumatisme collectif, qui n’arrangera rien au final. Et continuera comme ça pendant encore longtemps avant que la biologie ne fasse enfin évoluer ce que nous sommes.

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    • Patrick Luder // 17.08.2013 à 08h18

      Tant que la populace a à manger et un toit pour dormir, elle n’ouvre pas les yeux sur les mécanismes qui les conditionnes, au mieux, la populace essaie de protester contre quelques symptômes un peu désagréables … c’est assez négatif comme vision, mais tellement vrai !

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      • Christophe Vieren // 26.08.2013 à 11h26

        Cela a quelque chose de rassurant : le peuple (je préfère à « populace » à connotation péjorative) n’a pas besoin de grand chose pour être heureux, ou tout au moins se satisfaire de sa condition : un toit, de la nourriture, la liberté de se déplacer, un peu de soleil. Le souhait de toujours plus – exacerbé par le mimétisme – n’est peut-être finalement pas si prégnant que cela.

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    • Sebastian // 18.08.2013 à 00h22

      « Et dans notre monde sur-informé la pauvreté en matière de vrai connaissance n’a peut-être jamais été aussi grande, tant nous nageons dans un brouillard épais. »
      Voici ce que « yoananda » a écrit.
      Si je peux me permettre, lisez donc « La fabrique du consentement » de Noam Chomsky et Edward Herman, c’est en partie le propos de ce pavé passionnant.

      « Si les gens voyaient les choses telles que Chomsky, en effet, demain ce serait la révolte. Mais sa voie ne porte pas bien loin finalement … »
      Voici ce que « yoananda » a écrit.
      Pour information, il n’y a pas du tout de voie Chomsky. Pour la partie politique de Chomsky, il s’agit d’analyses très fouillées.

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  • toll // 17.08.2013 à 06h54
    • Mat // 18.08.2013 à 00h17

      Jean-Marc Jancovici n’est pas vraiment d’accord avec cette vision « idyllique » de la transition énergétique allemande.

      Lire son article sur cet thème ici :
      http://www.manicore.com/documentation/transition_allemagne.html

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      • toll // 18.08.2013 à 14h17

        Jancovici me parait assez bidon depuis des années…

        A la radio, il y a une une dizaine d’années, il soutenait que les écarts de richesse de la population ne posaient aucun problème car soutenant que la richesse des uns ne compenserait jamais la pauvreté des autres.

        Il triture les chiffres d’une façon invraisemblable, il n’est pas crédible…

        Je n’accorde aucune confiance à ce bonhomme dont je serais curieux de savoir pour qui il roule.

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        • Mat // 20.08.2013 à 10h06

          Je ne suis pas d’accord, pour moi Jancovici est plutôt exemplaire en matière de rigueur.
          Donnez-moi des exemples précis d’erreurs sur son site http://www.manicore.com pour me démontrer que je me trompe.(évidemment l’erreur est humaine et il peut il y en avoir, mais ça reste marginal)

          Il peut effectivement avoir dit des conneries par le passé (encore que j’aimerais bien avoir la citation exacte). En tout cas, son site, ses conférences, ses livres sont pour moi loin d’être « bidons ».

          Après tout le monde sait qu’il a entre-autres comme clients EDF (ce qui pourrait expliquer sa défense du nucléaire). Mais l’important, c’est que ses raisonnements soient exacts, et il me semble que c’est le cas.

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      • Patrick Luder // 18.08.2013 à 23h24

        De deux choses l’une …

        Jancovici changera de discours lors du prochain accident nucléaire Européen majeur, ce qui, statistiquement, risque bien d’arriver une fois.

        J’attend au contour, les discours de Jancovici. lorsque le démantèlement des centrales atomiques confrontera les populations et au coût astronomique à supporter, et au débat sans fin sur la gestion (et encore une fois les coûts) des déchets radioactifs.

        Jancovici semble pourtant intelligent, ce qui rend ses discours pro-nucléaires plus que suspects …

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        • Rycochet // 19.08.2013 à 17h19

          APatrick Luder et Toll

          C’est facile de vitupérer le nucléaire et j’aimerais aussi qu’on puisse s’en passer. Mais par quoi le remplacer?
          Et qu’on ne me parle pas des énergies intermittentes et fatales (soleil, vent) qui marchent mal et pas quand on en a besoin!
          Ah bien sûr, il faut faire des économies d’énergie. Mais outre le fait qu’on n’a pas commencé à en faire, de combien faudrait-il diminuer notre consommation pour compenser la perte du pétrole ET du nucléaire?
          Merci de vos propositions constructives

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          • WhereIsMyMind // 20.08.2013 à 10h19

            il est vrai que si on avait de vrai anti-nucléaire qui chiffrait un projet énergétique cohérent, ça aurait plus de poids….
            Personnelement, appart le solaire thermique, de la biomasse (qui est fort limitée), de l’hydraulique (on est +/- au max) et un peu d’éolien…. je vois que le nucléaire.

            De plus chiffré la valeur de l’énergie… c’est qqch qui va beaucoup changer à l’avenir. De plus, il y a assez peu de recherche qui est faite dans la destruction des déchets nucléaires par bombardement. (attention, je ne dis pas que ça soit possible à court therme!).

            En gros, pas de projet énergétique national/européen cohérent, donc pas d’investissement long therme en adéquation avec ce projet. Un va vers le tout renouvellable, et se gamelle à moitier, l’autre fonce dans le nucléaire, les autres font un peu de tout…. mais avec ça, pas de vrai avancée dans le domaine

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        • Mat // 20.08.2013 à 10h40

          On est pas mal hors sujet, mais :

          Jancovici ne changera pas de discours, même après un accident nucléaire en Europe, pour la simple et bonne raison que les énergies que le nucléaire remplace (électricité à base de charbon et gaz principalement) font déjà plus de morts aujourd’hui que l’accident qui interviendrait causerait (et il ne dit pas qu’un accident nucléaire ne peut pas arriver à nouveau).

          L’idée, c’est d’arbitrer entre différents risques, et différents avantages/inconvénients au niveau de la balance commerciale, des emplois, de l’indépendance énergétique, etc. Et sur ces points, qu’on le veuille ou non, le nucléaire est à prendre en compte

          Comme il dit, l’énergie, cela sert à transformer le monde, ce n’est jamais « propre », même les énergies renouvelables.

          Concernant les démantèlements : 1/ il faut arrêter de dire qu’on ne sait absolument pas combien ça coûte: des démantèlements complets ont déjà eu lieu aux Etats-Unis. 2/ une provision pour payer les coûts de démantèlement et le stockage est mis de côté pendant la durée de vie de la centrale 3/ Même en gonflant les coûts des démantèlements par rapport aux prévisions, cela reste absorbable sur la durée de vie d’une centrale nucléaire.

          Concernant les déchets: c’est un problème, mais cela reste très localisé. Le gaz, le charbon, le pétrole ça crée aussi des « déchets » comme entre autre CO2, et là comment on fait?

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  • Patrick Luder // 17.08.2013 à 08h39

    La perfusion permanente de la FED est aussi un puissant anesthésiant. Peut-être que sans perfusion, les USA auraient connu un crise d’une ampleur considérable, mais ce pays toujours à l’avance sur le reste du monde, aurait trouvé de nouvelles ressources pour avancer dans une nouvelle économie locale (j’aimerais dire durable) et donc forcément moins dirigée vers les « multinationnales » … on ne remplace pas une physiothérapie par un comas artificiel …

    Pour ceux qui n’ont pas le temps de lire Chomsky, son blog (français) présente un condensé à la page http://www.noam-chomsky.fr/pepites/

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    • yoananda // 17.08.2013 à 11h57

      Local comment ?
      en dehors de quelques sectes communautaires et dino-survivalistes de l’époque de la guerre froide, la plupart des USA ont une infrastructure étalée qui demande beaucoup de pétrole pour rouler ne serait-ce que pour aller au travail.

      Je vois mal comment ils peuvent modifier quoi que ce soit a cause de leur urbanisme. En Europe on peut rélocaliser, mais eux, la seule solution c’est d’imprimer de l’argent pour acheter gratuitement du pétrole, quitte a faire la guerre a ceux qui ne veulent plus vendre en dollar.

      Oups … c’est justement ce qu’ils font, non ? lol

      Mais avec les révolutions arabes qui tournent au vinaigre, il y a de quoi s’inquiéter légèrement.
      De plus d’ici 2020 on va atteindre le pic énergétique tout confondu, et la, ca va commencer a rigoler moins (déjà que le premier avertissement de 2005 a provoquer la megacrise qu’on connait)

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      • Patrick Luder // 18.08.2013 à 23h31

        @yoananda pourquoi détourner la partie importante de mon post? Ce que j’essaie de souligner, c’est que la création monétaire soutiens artificiellement les multinationales, au détriment de l’économie réelle qui, si on ne l’assassine pas, est très bien capable d’innover et de recréer un tissus économique dense et directe …

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  • Lisztfr // 17.08.2013 à 11h28

    « Dans l’état actuel des choses on ne pourra venir à bout de cette crise que par un plan gouvernemental majeur de stimulation de l’économie. »

    Non :

    1) On ne viendra à bout de cette crise par aucun moyen.
    2) Des plans de stimulation, il y en a déjà eu et ça ne marche pas, ça dure le temps de l’injection. Exemple, les subprimes étaient fondamentalement une stimulation de l’économie par le crédit, et sans doute le meilleur plan jamais fait parce qu’il offrait un pouvoir d’achat aux pauvres. Donc tout ce qui permet de consommer a crédit à été fait. Et un plan de stimulation a crédit, s’il est à crédit ne relancera rien du tout ! Il faut penser autrement toutes ces questions !

    Les Keynésiens sont amusant un moment, mais tout ceux qui ne comprennent pas Say et l’impossibilité d’en sortir, feraient mieux de s’occuper d’autre chose que d’économie, et ça va jusqu’aux soit-disant prix nobels (Et avant Say il y a bien d’autres choses qui sont très graves). On parle souvent ici de faire face au réel, le réel c’est que ça va s’écrouler pour des raisons mathématiques, parce que le revenu c’est la production et ne peut donc dépasser la production. Donc il faut non seulement envisager la croissance zéro, mais la récession et ce jusqu’à la destruction du système, car il n’y aucun moyen de le sauver.

    Il faut comprendre que la crise de surproduction est irrémédiable, donc l’inadéquation entre production et consommation ne sera pas surmontée dans ce système.

    Les kéynésiens ne vont jamais jusqu’au bout de leurs analyses et c’est bien dommage.

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    • yoananda // 17.08.2013 à 16h10

      En effet,
      les plans de relance, ça fait plus ou moins 30 ans qu’on y a droit, de manière plus ou moins discrète (via subventions, exemptions, et autres artifices).

      Ca ne fonctionnera pas mieux parce que la methode roosevelt qui a fonctionné « par chance » était adaptée a une autre époque : économie de guerre (donc dirigée et très motivée) + boom pétrolier.

      Nous sommes :
      * a la fin du pétrole (le pétrole pas cher décline rapidement, et bientôt d’ici 5 ans, le pétrole tout court)
      * la croissance est aspirée par la chindia (pour faire simple) du fait qu’il n’y a plus de barrières
      * la surpopulation mondiale et l’exploitation exponentielle des ressources ne peut pas durer indéfiniment. Imprimer de l’argent n’y changera rien, on touche les limites du système.

      C’est quand même assez pathétique qu’un esprit aussi brillant que Chomsky ne parviennent pas à le voir. Je sais bien que les théories malthusiennes n’ont pas la cote, mais il faudrait quand commencer par se poser des questions un jour, après 5 ans de crises et 3 QE et tout le reste.
      Je sais que presque tout le monde croit que c’est une question de salaires en baisse parce que le capital aspire trop d’argent, et que tout le monde pense que c’est à cause de la dérégulation toussa toussa, mais ce n’est que l’arbre qui cache la forêt.

      Et quasi personne ne cherche à voir derrière, car peut-être, ça fait un peu trop peur, et ce ne n’est pas très vendeur. Il est plus séduisant de s’en tenir à des théories populistes qui sont portées par la climat contestataire de notre époque, mais qui ne mèneront a rien si ce n’est un bain de violence.

      En attendant le mur, rien n’est fait pour l’éviter.

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  • yt75 // 17.08.2013 à 16h37

    Un autre extrait du daily show vraiment bien foutu, sur l’indépendance énergétique :

    http://www.thedailyshow.com/watch/wed-june-16-2010/an-energy-independent-future

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  • Lisztfr // 17.08.2013 à 19h55

    Si je reprends le schéma de Marx M-A-M, (le processus du capital, marchandise-argent-marchandise), certains l’inversent mais cela revient au même : On y décèle une sorte d’éternel retour, il n’y a ni incrémentation ni décrémentation dans ce schéma et c’est symptomatique d’une pensée qui ne voit pas l’avenir, et surtout une butée dans l’avenir.

    Bien plus intéressant est le schéma Revenu-Production-Revenu, keynésien, global ; mais on enseigne toujours l’autre, inepte et trivial. Ce schéma macro-économique permet de poser toutes les questions, l’autre, micro-économique représente une simple oscillation de la valeur entre deux formes.

    La seule bonne question c’est Say qui la pose, mais personne ne s’en est aperçu, pas même les kéynésiens parce que pour eux, sur le long terme nous sommes tous morts :

    http://www.site-moliere.com/pieces/tartuf23.htm

    DORINE

    Sur cette autre union quelle est donc votre attente?

    MARIANE

    De me donner la mort si l’on me violente.

    DORINE

    Fort bien: c’est un recours où je ne songeais pas;
    Vous n’avez qu’à mourir pour sortir d’embarras;
    Le remède sans doute est merveilleux. J’enrage
    Lorsque j’entends tenir ces sortes de langage.

    Keynes : Non seulement géographiquement sa vison « globale », ce n’est que l’Amérique (ou une abstraction pure) donc il n’y a aucune vision des rapports internationaux et si on laisse tout cela dans l’ombre, tout ce qui est de l’ordre des crédits entre Etat etc, des économies d’appoint, et de la demande externe qui en résulte est confondu dans … une sorte d’horizon mystique. C’est pareil pour Galbraith, « The big Crash » ne concerne que les USA, et est d’ailleurs largement anecdotique, plus anecdotique que sociologique. Ce n’est pas un livre étayé statistiquement. Il ne dit pas pourquoi la guerre a permis la sortie de crise (horizon mystique), je pense que c’est par la création d’argent, on peut le lire ailleurs.

    Il n’y a pas d’économiste sérieux, ni d’amour heureux, pour reprendre Aragon, que celui qui commence par dire que ça ne marche pas.

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    • yoananda // 17.08.2013 à 21h45

      L’économie a pris une impasse mathématique depuis Walras car les seules équations qu’on sait résoudre sont les équations linéaires. Hors l’économie est un système chaotique.
      Le seul a avoir vu au dela c’est nicholas georgescu-roegen.

      Pour Say, c’est possible, j’ai un peu oublié son approche de l’économie.

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    • yt75 // 19.08.2013 à 10h04

      « La seule bonne question c’est Say qui la pose, »

      A quoi faites vs référence exactement ?

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  • LAURENT SALSE // 17.08.2013 à 21h08

    Cela fait 30 ans qu’on parle du déclin US … mais qui d’autres que les USA peuvent projeter une force navale de 11 porte-avions géants et de plus de 4.000 aéronefs ? Qui d’autres que les USA peut déployer 500.000 soldats en IRAK pendant 10 ans (+ 15.000 en Afghanistan pendant le même labs de temps !!!).
    Tant que les USA parviendront à imposer (par la force) au reste du monde d’acheter leur pétrole en Dollars (Saddam et Kadafi ont bien essayé ….) et qu’ils pourront soutenir le développement de leurs approvisionnements quels que soit le prix en termes de conflits (notamment avec les Russes, cf. La Syrie) parler de Déclin les USA est un fantasme …

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    • Mat // 19.08.2013 à 00h56

      Oui, sauf que le pétrole, après le pic pétrolier, ça va devenir très compliqué d’en obtenir autant qu’aujourd’hui, même pour les Etats-Unis!

      Il reste peut-être quelques petites années de répit grâce au pétrole non-conventionnel, mais ça ne va pas durer ad vitam æternam.

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  • Mat // 18.08.2013 à 17h36

    Comme déjà dit par d’autres commentateurs, cela pose problème que la croissance soit un objectif pour Chomsky… Injecter de l’argent dans l’économie ne va pas résoudre tous les problèmes, mais plutôt créer des bulles spéculatives et de l’endettement.

    Pour quiconque prend en compte la finitude du monde, la croissance ne peut plus être un objectif en soit, et il faudrait vraiment que cela soit acquis par tous. (et ce n’est pas une idéologie de gauche ou de droite, c’est un fait physique)
    Il faut obligatoirement retourner à un niveau de prélèvement des ressources et à un niveau de pollution soutenables pour la planète, sans quoi on aboutira dans tous les cas à un effondrement de nos civilisations. (Lire Dennis Meadows, « les limites de la croissance dans un monde fini »)

    Si l’on prélève moins de ressources, le PIB va mécaniquement diminuer (voir le système productif selon Jancovici http://www.manicore.com/documentation/energie.html)
    Si le PIB diminue, il va de soi que c’est aux très-riches de faire le plus d’efforts, et pas aux pauvres de devenir encore plus pauvres.
    Dans les analyses d’Olivier Berruyer, on voit bien qu’il existe des sommes colossales d’argent (patrimoine ou revenus) qui sont accaparées par un relativement petit nombre de personnes. Cela n’est plus supportable dans un monde en décroissance.

    Il est donc indispensable de lutter contre les inégalités, contre les super-pouvoirs des financiers, des multinationales, et des très riches en général…Et sur ces points on ne peut qu’être d’accord avec Chomsky.

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  • Jean-Eudes // 19.08.2013 à 15h11

    Je suis d’accord avec Yoananda, il y a des Amériques et il faut s’intéresser à cette complexité et non pas à ce qu’une minorité veut nous faire croire…

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