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30.novembre.201830.11.2018 // Les Crises

« Avoir une opinion n’est pas une fatalité ! »

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Un peu d’humour aujourd’hui….

Source : Agar, 19-11-2018

Vendu à plus de 13 millions d’exemplaires dans 38 pays, La Méthode simple pour arrêter d’avoir une opinion, d’Alain Care, plus qu’un succès de librairie, est un véritable phénomène de société.

Alain Care, comment expliquez-vous le succès de votre livre ?
C’est toujours difficile de répondre à ce genre de question, mais je pense que sa sincérité y est pour beaucoup. Je ne suis ni psychologue, ni médecin, ni addictologue, juste un homme ordinaire qui, comme mes lecteurs, a souffert pendant des années d’avoir des opinions.

Pas uniquement comme eux. Dans le livre, vous dites que vous étiez le pire de tous.
Oui. Depuis mon adolescence je tournais à trente, parfois quarante opinions par jour. C’était vraiment à la chaîne. Parfois, quand la colère issue de mon opinion précédente commençait à s’éteindre, je m’en servais pour allumer la suivante. Le pire est que j’étais conscient de dégoûter mes amis et ma femme, et de me faire du mal. J’ai même consulté un cardiologue suite à des douleurs de poitrine après la lecture d’une conversation sur Facebook. Il a été très clair : « arrêtez ou vous allez mourir. » Mais voilà, j’en étais incapable.

Alain Care

Vous racontez pourtant une tentative.
Oui. Un soir, je m’étais tellement égosillé contre le gouvernement dans mon podcast que j’ai été saisi d’une terrible quinte de toux, je n’arrivais plus à respirer. Je me suis vraiment fait peur. J’ai désactivé mon compte Twitter, je suis allé voir mon pharmacien qui m’a proposé des produits de substitution plus doux, comme d’écrire au courrier des lecteurs des magazines ou de parler à un interlocuteur imaginaire sous la douche. Mais cela n’a fait qu’entretenir la dépendance, et trois semaines plus tard je tweetais encore plus qu’avant.

Puis vous avez connu la révélation.
Oui. Je serais incapable d’expliquer comment ou pourquoi mais un soir, alors que je venais de regarder le débat sur CNews, j’ai réalisé que je n’avais pas besoin de ça. C’est tout. Jusqu’ici j’avais cherché sans succès à combattre la dépendance, à contrôler mes opinions, à maintenir leur expression dans des limites acceptables, parce que je pensais qu’il était inenvisageable de vivre sans avoir d’opinion. Alors qu’en fait c’est tout à fait possible et même très facile. Mais la plupart des gens ne s’en rendent pas compte et restent prisonniers toute leur vie.

Comment expliquez-vous cela ?
C’est un lavage de cerveau ! Depuis notre enfance, on nous répète sans arrêt qu’il faut s’exprimer, dire ce qu’on pense, voter, que la moindre de nos pensées est de la plus haute importance. On nous donne en exemple des individus à la mâchoire carrée et aux opinions arrêtées ou des révolutionnaires violents, on nous exhorte à défendre mordicus nos goûts les plus superficiels, comme notre préférence pour les iPhones ou les téléphones Android – et après on s’étonne que les gens se rendent malades. Toujours est-il que j’ai su ce soir-là que ma mission était de les guérir.

La méthode décrite dans votre livre, très proche des thérapies comportementales, nous a beaucoup intéressé à la rédaction.
J’ai dû la mettre au point de façon très empirique, rien n’existait. Il y a plusieurs techniques. Je propose tout d’abord à mes lecteurs de défendre une opinion tout à fait contraire à la leur, pour qu’ils réalisent l’arbitraire de leurs convictions. On passe ensuite à des exercices plus difficiles, comme de défendre l’une après l’autre deux opinions contradictoires, en passant de l’une à l’autre de plus en vite, en se coupant la parole à soi-même comme dans un talk show dont on serait le seul invité (« Taisez-vous ! Je ne peux pas vous laisser dire ça ! »). Au bout de quelques heures, le lecteur en vient à défendre simultanément deux opinions opposées, qui s’annulent. Il est sauvé.

Les rechutes sont-elles fréquentes ?
Elles restent rares, mais je mentirais en disant qu’il n’y en a pas. En général, c’est parce que les individus guéris se sentent isolés. Avoir des opinions est en effet un puissant vecteur de socialisation. Combien de fois vous est-il arrivé d’aller faire une pause à l’extérieur avec vos collègues de travail pour échanger quelques propos politiques ? Ou bien d’aborder une femme dans un bar en lui demandant « excusez-moi mademoiselle, avez-vous une opinion ? » Il faut en général quelques mois pour perdre la mauvaise habitude de recourir à ses opinions pour se rapprocher des autres. Le meilleur moyen de traverser cette période est de trouver quelque chose pour s’occuper l’esprit. Moi par exemple, je me suis mis à fumer.

Source : Perspectives Nihilistes, Agar, 19-11-2018

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Maxhno // 30.11.2018 à 06h59

Merde du coup je sais plus quoi dire.

114 réactions et commentaires

  • Catalina // 30.11.2018 à 06h51

    ah ben moi qui pensais que c’était une maladie rare …..
    parce que depuis que j’ai commencé ma vie active, j’ai croisé très peu de gens avec une opinon, deux opinions, c’est très très rare.
    Du coup, j’ai toujurs cru en effet que c’était une maladie, l’opinionite et que d’ailleurs, pour éviter les pavés ( pierres) des « copains », il valait mieux se taire ; pour moi, avoir une opinion rend muet. C’est très dur du coup de savoir si les autres en ont une…..ou 2 ou 3, peut-être que les plus silencieux sont comme M Care ? et comme il reste des fumeurs…Bref, merci, ce sujet va m’occuper toute la fin de semaine.
    ;o)

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  • Philippe30 // 30.11.2018 à 06h51

    Avoir une opinion est une chose importante , on a toujours une opinion sur les sujets.
    Par contre prendre à cœur , prendre parti fortement pour une opinion c’est vouloir avoir raison , c’est vouloir donner son avis en permanence là est je pense la confusion.

    On peux avoir une opinion , l’indiquer , donner son avis pour enrichir le débat tout simplement

    Sinon je n’ai pas d’opinion sur le sujet ….

      +9

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    • Marie // 30.11.2018 à 09h05

      Je ne pense pas que l’on ait une opinion sur « tous » les sujets, l’intérêt étant sélectif par essence. Faire partager une opinion est bien sûr autre chose, mais je pense que ce fait survient lorsque l’on est controversé. Quant au reste, « le vrai en ces lieux n’est point trop de raison, et c’est un bien grand tort que d’avoir trop raison ». On peut adhérer, non?

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      • kess // 30.11.2018 à 11h21

        Je ne connais pas la source de votre citation et son contexte et ne peux pas comprendre la premiere partie de la phrase « le vrai en ces lieux n’est point trop de raison ». Faites-vous reference a la citation de Marguerite Yourcenar : « c’est avoir tort que d’avoir raison trop tot »?

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  • Maxhno // 30.11.2018 à 06h59

    Merde du coup je sais plus quoi dire.

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    • Olivier1973 // 01.12.2018 à 12h02

      Exemple d’opinion: « mon adversaire est la finance. »

      En fait cette phrase a un but très précis: persuader les électeurs, c’est-à-dire influencer leur opinion, de voter pour lui. Les faits ont montrer le contraire. Et ce n’est pas une opinion.

      https://www.youtube.com/watch?v=I9Z-178kALY

      Il a vite repris ses « bonbons »… pour les apporter à qui vous savez.

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  • Alexis // 30.11.2018 à 07h00

    A mon sens, ce que souligne Alain Care c’est qu’aujourd’hui, avec Internet, on mélange expression brute d’une opinion et expression argumentée de celle-ci.
    Avant Internet, si vous vouliez faire part d’un avis ou d’une thèse, vous deviez l’argumenter : entretenir une discussion, rédiger un article, écrire un livre etc….
    Aujourd’hui on « twitte », on « publie » on « commente » et…..on ne vous demande plus d’argumenter ni de sourcer. Bref la contradiction devient extrêmement aisée, pour ceux qui vous lisent, dans la mesure où ils n’ont plus besoin de faire des recherches sur le sujet pour contre-argumenter, vu que vous même ne l’avez pas fait. Il n’y a donc plus de débat .
    Majoritairement, ces discussions dégénèrent rapidement en insultes et en invectives.
    Pour ma part, je pense que si l’on veut donner son opinion, on doit savoir étayer et ne pas être contradictoire, sinon il vaut mieux se taire le temps de mieux peaufiner son sujet. Plus le sujet est grave, plus ce travail me semble obligatoire.

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    • Jean // 30.11.2018 à 17h42

      Ce que vous dite est souvent vrai mais pas sur ce forum. La modération est parfois casse pieds mais ce désagrément est largement compensé par cet immense avantage.

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    • Myrkur34 // 02.12.2018 à 09h32

      Le fameux « Tourner sa langue 7 fois dans sa bouche avant de parler ». Ce qui a l’air simplissime au premier abord.

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  • Georges Clounaud // 30.11.2018 à 07h31

    « Je propose tout d’abord à mes lecteurs de défendre une opinion tout à fait contraire à la leur, pour qu’ils réalisent l’arbitraire de leurs convictions. »

    Chiche ! Je commence :
    – l’UE néolibérale est notre horizon indépassable. C’est la plus belle expression de la démocratie.
    – Macron a raison de dissoudre la France dans l’UE.
    – Moscovici est un grand visionnaire et le plus brillant de tous nos hommes politiques…

    Non, ce n’est pas possible ! Quelle sensation étrange ! J’oscille entre l’envie de vomir et celle d’exploser de rire….

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    • anatole27 // 30.11.2018 à 09h45

      Tu ne peux pas atteindre la claire lumière de l’esprit en un seul jour Georges
      tu verras qu’en pratiquant cet exercice pendant plusieurs années tu finiras par t’y faire

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      • Chris // 30.11.2018 à 11h49

        « tu finiras par t’y faire ».
        Sur ce sujet précis, c’est surtout : tu finiras par crever, les inconvénients de la biologie étant ce qu’ils sont. C’est ce qui arriva à l’Europe des nations portée par De Gaulle.
        Mais on me chuchote que les peuples, eux, ne meurent pas, quitte à endosser des gilets colorés pour rassembler leurs forces et lutter.

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    • kess // 30.11.2018 à 11h32

      Vous etes malhonnete. Sous le couvert de defendre une opinion contraire vous finissez par de la reductio ad absurdum. « Moscovici est un grand visionnaire et le plus brillant de tous nos hommes politiques », meme les europeistes ne sont pas si aveugles.

      Je pense que vous devriez vraiment essayer de vous entrainer si vous voulez guerir, je vous relance:
      – L’integration europeenne a apporte la paix au continent.
      – Les francais sont attaches a l’euro.
      – Il y a une communaute de culture au sein de l’Europe.
      – Le retour a une monnaie nationale serait, au moins les premieres annees, la cause de perturbations profondes dans l’economie francaise.
      – L’euro protege les etats par sa stabilite.

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      • chr bernard // 30.11.2018 à 11h44

        Mince alors ! Sans le savoir vous venez de réussir le même exercice que Georges !
        Un grand bravo, Kess !
        J’ai surtout aimé « L’UE a apporté la paix au continent » ; ce gag me fait toujours bien rire …

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      • Chris // 30.11.2018 à 12h30

        – L’intégration européenne a apporté la paix au continent : Et les guerres en Ex-Yougoslavie, Ukraine, troubles en Moldavie, dans les quartiers à dominance communautaires, etc…
        – Les Français sont attachés à l’euro : ils préfèrent payer 8 milliards/an d’un coup que de payer quelques frais de change quand ils utilisent leur Visa quelques rares fois à l’étranger (En tenant compte de l’inflation, il apparaît qu’au cours des 25 dernières années, les transferts nets de la France à l’Union européenne représentent environ 100 milliards d’euros : chiffres 2015)
        – Il y a une communauté de culture au sein de l’Europe : ouais, Mcdo, Starbuck coffee, facebook/Twitter pour dégueuler son narcissisme, Coca Cola, LGTB/Mariage pour Tous, GPA, Pacte mondiale de l’Immigration, tribunaux arbitraux, privatisations des services publics les rendant plus chers, cultures OGM, travailleurs détachés…
        – Le retour a une monnaie nationale serait, au moins les premières années, la cause de perturbations profondes dans l’économie française comme la dévaluation boursière, inflation, devise faible freinant les importations, épargne moindre. Mais son revers : meilleure compétitivité (retour des entreprises et emplois !), baisse des impôts, effacement de la dette, propre politique économique…
        – L’euro protège les états par sa stabilité : une stabilité qui creuse les déficits des économies du Sud.

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  • Hervé // 30.11.2018 à 07h32

    Géniale parodie!

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    • Daniel // 30.11.2018 à 10h59

      Merci à Alan Care,
      Grâce à lui j’ai choisi d’arrêter d’avoir des pensées réfléchies il y a de cela 3 ans : au moment d’une Conférence sur les Nouvelles Routes de la Soie, j’ai décidé d’arrêter d’être critique et de soutenir cette idée Mordicus (qu’elle soit bonne ou mauvaise).
      Merci pour sa contribution au salut public, j’ai arrêter d’enfumer mon auditoire (même quand je suis bourré, j’en parlais).
      Depuis je change de sujet : je parle de séparation bancaire, de crédit public productif, de nouveau Bretton Woods.
      De toute manière, si c’était les sujets d’avenir, cela se saurait !
      J’adapte tout le temps ce que je dis lors d’un dialogue avec autrui pour pourvoir avancer avec lui…

      En Fait, Merci à Alan Care de m’avoir libéré du TABAC
      …et de me laisser le temps de changer le Monde…

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  • Villegagnons // 30.11.2018 à 07h40

    Opinion vient d’opiner, c’est-à-dire donner raison à l’autre. Tout le contraire donc de poser une thèse (thésis) située par son corps dans un espace spatio-temporel (culturel).
    C’est tout le problème de la dialectique. Est-ce que se mettre d’accord c’est accorder à l’autre que c’est bien un autre ?
    Non c’est créer un faux espace entre nous deux. Ce faux espace est l’espace public ou espace politique. En amitié, on sait bien que nos differences sont fausses, que ce n’est pas ce que nous disons qui fait que nous nous aimons. On construit un espace privé ou l’accord et le désaccord ne sont pas la structure de nos échanges. La structure de nos échanges, c’est d’aimer être ensemble car nous y trouvons du plaisir. La structure de l’échange politique est le déplaisir ou nihismime.

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    • lemoine001 // 30.11.2018 à 11h35

      Extrait du lexique CNTRL du CNRS :

      Opiner : Dire son avis, son sentiment (dans une délibération, une assemblée). Il y a des affaires publiques, dont le public s’occupe avec pleine connaissance, sur lesquelles chacun consulté opine et donne son avis (Courier,Pamphlets pol., Pamphlet des Pamphlets, 1824, p.218).Il avait été réglé (…) que, pour abréger, le temps d’opiner de chaque docteur ne passerait point la demi-heure (Sainte-Beuve,Port-Royal, t.2, 1842, p.536):
      1. Chacun, là-dessus, est libre d’opiner à sa guise; chacun, au gré de ses préférences personnelles, peut opter pour la fréquence ou pour la rareté de ce singulier phénomène qu’est la vie. J. Rostand,La Vie et ses probl.,1939, p.195.

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      • lemoine001 // 30.11.2018 à 12h52
        • Villegagnons // 30.11.2018 à 14h28

          C’est exactement ça la dialectique. C’est prétendre que le tout et son contraire sont vrais puisque toute chose est composée d’être et de non-être.
          Pourquoi alors c’est l’être qui triompherait et pas le non-être ? Le bien plutôt que le mal si on introduit la morale ? Parce que seule la morale peut nous sauver du mal ? Non parce que le non-être n’existe pas. Donc l’opinion doit être ou bien vraie ou bien fausse. Tous les philosophes sauf Berkeley ont dit que l’opinion était fausse. Donc la somme des opinions est fausse, donc la notion de peuple est fausse.

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          • Michel LEMOINE // 30.11.2018 à 15h21

            Dire qu’une notion est fausse n’a aucun sens. Il vous appartient quand vous utilisez un mot qui a une longue histoire et un usage étendu d’en expliciter le sens. Voilà qui peut vous aider :
            http://www.cnrtl.fr/definition/Peuple

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            • Villegagnons // 30.11.2018 à 16h06

              Merci mais j’ai été un élève d’Henriette Walter notamment….Le modéle linguistique marche globalement sauf dans le cas de la suisse par exemple.On ne peut définir un peuple par sa langue ou sa culture.

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              Alerter
  • RGT // 30.11.2018 à 07h53

    Je dirais simplement que l’absence d’opinion mène à la dictature de la pensée et à la dictature tout court.

    C’est MON OPINION 😉

    Si plus personne (parmi les « moutons » du moins) n’a plus la moindre opinion alors seuls les « décideurs » seront en mesure d’exprimer leurs opinions VISIONS et il n’y aura plus le moindre garde-fou pour protéger les plus humbles.

    C’est d’ailleurs déjà la cas il me semble.

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    • douarn // 30.11.2018 à 08h17

      RGT, si vous pouviez me voir, vous verriez que j’opine du chef à la lecture de votre post.

      Par ailleurs si nous opinions tous du chef à tout ce qui est dit, cela signifierait que nous serions débarrassés de nos opinions. Je suis très envieux des personnages (publique, garde du corps, courtisans de tout poil) qui encadrent tel ou tel politique lors d’un discour à la tv. Ces bien-heureux miraculés n’arrêtent souvent pas d’opiner au verbiage de l’orateur.
      https://youtu.be/oXVU7LSxYu4?t=21

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  • Sandrine // 30.11.2018 à 08h21

    Nous vivons parait-il dans une démocratie d’opinion. Ce serait donc l’opinion qui gouvernerait.
    Ce faisant, » on » pense notre système beaucoup plus « démocratique » que des systèmes totalitaires à la Rousseau où à la Robespierre où c’est la volonté générale qui gouverne (avec les histoires de « vertu » et de « bien commun » qui vont avec)
    Une démocratie doit-elle nécessairement organiser l’arbitrage entre les différentes opinions que le peuple exprime ?

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    • Milsabord // 30.11.2018 à 09h20

      La « démocratie d’opinion » désigne la perversion médiatique qu’est devenue la consommation électorale. Nous devrions pouvoir organiser une démocratie d’intérêt référée au partage équitable du vivre-ensemble. Par exemple les gilets jaunes seraient certainement d’accord pour payer plus de taxes sur le GO si la charge fiscale était par ailleurs équitablement répartie et s’ils pouvaient en recueillir les bénéfices en terme de qualité du service public, par exemple s’ils pouvaient bénéficier de transports en commun à vil prix pour se rendre au travail ou en ville. Mais qui représente ces intérêts au niveau des instances républicaines ? Donc si nous sommes en « démocratie d’opinion », nous ne sommes pas en démocratie tout court.

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    • riton // 30.11.2018 à 10h41

       » .. des systèmes totalitaires à la Rousseau où à la Robespierre …  » ????

        +0

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      • Sandrine // 30.11.2018 à 12h01

        J’aursais du écrire totalitaire entre guillemets, ou « proto-totalitaire » cela aurait été plus juste

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        • RGT // 01.12.2018 à 23h46

          Personnellement je serais favorable à une « dictature à la Proudhon ».

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  • Claude // 30.11.2018 à 08h32

    Exercice : « On passe ensuite à des exercices plus difficiles, comme de défendre l’une après l’autre deux opinions contradictoires, en passant de l’une à l’autre de plus en vite… » Une pratique politicienne relativement banale et rémunératrice assez courante de nos jours…

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  • zx8118 // 30.11.2018 à 08h33

    Avoir une opinion ou ne pas en avoir telle est la question ou pas.

    Le problème est moins d’avoir une opinion que d’en avoir une qui soit la sienne en propre et non empruntée (aux propagandes en tout genre) mais aussi fondée en raison et non en passion.

    Autrement dit la rareté est moins l’absence d’opinion que l’absence de savoir. Une opinion vraie ou fausse pourra toujours se substituer à une autre, sous l’effet de la persuasion par exemple, tant qu’elle n’est pas arrimée par un raisonnement valide. C’est ainsi que l’on distingue depuis Platon le savoir de la simple opinion.

    La question de la vérité est également primordiale, il ne suffit pas que le discours soit cohérent encore faut-il qu’il décrive la chose telle qu’elle est. C’est la position réaliste défendue par Platon et Aristote, jusqu’à Bouveresse. Cf notamment ses conférences : Nietzsche contre Foucault.
    https://www.monde-diplomatique.fr/2016/03/BOUVERESSE/54934
    https://www.franceculture.fr/emissions/la-suite-dans-les-idees/contre-foucault

    Si la société marche sur la tête c’est peut-être parce que les idéologies ont remplacé le bon sens philosophique. Les gilets jaunes en ont davantage que les fausses élites au pouvoir.
    Il faut déboulonner les Foucault et autres imposteurs de la pensée (pour lesquelles la vérité est une construction surgissant de leurs propres discours).

      +6

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    • Sandrine // 30.11.2018 à 13h51

      Oui… Mais l’ideologie c’est toujours un peu quand même la philosophie des autres

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  • Alfred // 30.11.2018 à 08h33

    On peut dire que nous sommes inégaux face à cette tare. Certains se contentent d’une rare pensée de temps à autre sans jamais devenir accros et peuvent très bien s’en passer. Alors qu’il suffit à d’autres un ou deux essais (c’est dégoûtant au début) pour tomber dedans et être des penseurs jusqu’à la fin de leur vie (jusqu’à ce que mort s’en suive). C’est un choix à faire pour toute la vie: qu’il soit ancien ou actif un penseur reste un penseur jusqu’à la fin de sa vie… Quelle misère. Bénis soient ceux qui ne sont jamais tombés dans ce travers (l’éducation a un grand rôle à jouer et l’exemple aussi): ainsi sains et préservés ils peuvent devenir « premiers de cordée » (TM) voire députés LERM…

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    • Sandrine // 30.11.2018 à 08h54

      Il me semble que « pensée » et « opinion » sont deux choses différentes. La pensée cherche à atteindre la Vérité. L’opinion dit Une vérité, celle de celui qui l’exprime et qu’il pense être la sienne.
      D’où la charge émotionnelle qui gravite autour de l’expression d’opinions… Et bien souvent l’impossibilité du débat entre personnes d’opinions contraires. Immanquablement la discussion se termine par un « mais c’est Mon opinion » – sous entendu, si tu la discrédites, tu attaques ma personnalité, mon être propre.

        +3

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      • Alfred // 30.11.2018 à 12h23

        Une opinion n’est qu’une pensée personnelle (ou personnalisée) et la distinction n’est pas si grande. Ainsi professer « je n’ai pas d’opinions  » est déjà exprimer une opinion. A contrario il est des opinions par trop prédigerées ou qui relèvent du réflexe et qui sont donc à peine des pensées.
        (C’est mon opinion mais vous pouvez la démolir sans inquietudes).

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        • Sandrine // 30.11.2018 à 14h54

          Oui, vous avez raison, on peut dire les choses comme ça. C’est vrai qu’une opinion, pour être très « pensée » et très réfléchie n’en demeure pas moins une opinion. L’opposition n’est peut-être pas tant « opinion/pensée » que «opinion/connaissance ». La connaissance tend vers une exigence de vérité et d’universel ; avec l’opinion, c’est tout le contraire.

          Cela me rappelle une phrase bien connue de Jung : à la question «croyez-vous en Dieu », il a répondu « je ne crois pas, je sais ». Opinion ou connaissance ? Opinion, bien sûr (selon moi) car sa « connaissance » était liée à son expérience intime personnelle (donc toujours et encore forcément du domaine de la croyance..)

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    • Alfred // 30.11.2018 à 21h01

      Quand on a pas assez d’humour il faut souligner par des rires préenregistrés ou expliquer les blagues nulles. A la lectures d’autres commentaires qui ne semblent pas connaître la référence employée:
      https://allencarr.fr/la-methode-allen-carr/
      Un metit déficit humouristique mais c’est empathique.

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  • calal // 30.11.2018 à 08h40

    Ceux qui ont une opinion sont un segment de marche. Les autres segments de marche sont les passionnes de foot,les fashionistas,les amateurs de voitures.Le segment de ceux qui ont une opinion (politique) est un segment de niche, ils sont de moins en moins nombreux. Surement parce que le capital trouve ce segment peu rentable: entre un passionne de foot qui achete un maillot a 60e,une fashionista qui achete un habit ou un accessoire a 100 et un automobiliste qui achete une grosse bagnole a 40ke, l’amateur d’opinion politique avec son journal a 5e ou son bulletin de vote gratuit n’est vraiment pas sexy pour le capital…

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  • Pierre Kiroul // 30.11.2018 à 08h46

    Oui, il semble que la société actuelle nous impose d’avoir chacun une opinion sur tout, à tout moment, même si nous n’avons pas accès aux éléments objectifs qui nous permettraient d’approcher la vérité, et même si le sujet ne nous intéresse pas vraiment. Notre état de citoyen éveillé et la société l’exigent. Alors, puisque nous sommes soumis à la nécessité d’avoir une opinion, il nous est proposé et livré gratuitement (gratuitement ce n’est pas certain) des opinions toutes faites comme des idées prêtes à porter, dans le cadre de la bienpensance. Là, on ne risque pas de se tromper, car c’est la « vérité » officielle normalisée acceptée. Disons l’opinion moutonnière sans risques (contre tous on a forcément tort, avec tous on a forcément raison).
    Oui ! La solution proposée par Alain Care est en fin de compte la plus raisonnable. Ce n’est pas un scoop non plus (soyons sérieux) ! C’est de ne pas avoir d’opinion définitive dès que l’on a accès à un élément de réflexion, mais de réfléchir en permanence, et de transformer ce qui pourrait être une opinion en avis qui soit capable de s’adapter aux nouvelles informations que l’on pourrait découvrir, et qui pourraient nous rapprocher de la vérité. Enfin, si l’on n’a pas accès à des données qui nous permettent d’avoir un avis sur un sujet, se forcer à dire avec beaucoup d’humilité une phrase devenue presque honteuse : »Je ne sais pas ! »

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    • Mr K. // 30.11.2018 à 10h09

      Excellent!

      Ce que le philosophe Spinoza propose me semble-t-il (je ne connais quasiment rien de son œuvre), lorsqu’il parle de la nécessité de la « suspension du jugement ».

      Micro-trottoirs, émissions télévisées « people », …, où les interrogés se doivent d’avoir un avis sur tout, « au pied levé ».

      La plupart du temps dans ces conditions, on ne fait qu’exprimer, son, le « sens commun », c’est à dire des lieux communs simplistes venant de « l’air du temps », sans grande prise avec une réalité toujours complexe.

      C’est une incitation pour le téléspectateur à se satisfaire de jugements à l’emporte pièce auxquels le format télévisuel, par son cadencement infernal trop souvent obligé, donne des allures de pensée élaborée…

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      • calal // 30.11.2018 à 13h25

        les micros trottoirs sont forcement biaises puisque vous ne savez pas combien de personnes ont eventuellement repondu « je ne sais pas » (voir pire : »je m’en fous »?) et ont ete coupe au montage.Ces micros trottoirs sont symptomatiques de cette technique de manipulation « arbre qui cache la foret » .Quoique ce soit surement leur faible cout de production qui explique leur multiplication a l’ecran.

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  • Milsabord // 30.11.2018 à 08h59

    Ce cas d' »opiniomanie », relève d’une perversion de la pensée, une fétichisation narcissique à composante masochiste, puisque le sujet finit par en souffrir. Une telle pensée est forcément déracinée d’une ontologie fondatrice. Or l’ontologie articule l’entendement du monde et de la vie avec la conscience de soi et l’identité. A cette condition l’opinion consolide le Moi et subséquemment les relations aux autres au lieu d’avoir l’effet inverse dans sa version perverse.

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  • Wakizashi // 30.11.2018 à 09h04

    Suis-je le seul à voir que c’est une parodie ? A part Maxhno, qui est le seul à être drôle, tout le monde est tellement sérieux ici que c’en est comique…

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    • Alfred // 30.11.2018 à 09h22

      C’est parfait vous n’êtes pas fumeur sans doute.

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      • Wakizashi // 30.11.2018 à 10h02

        Je vois que vous évoquez la pensée dans un autre post. Avoir des opinions et des pensées est une chose ; l’attachement émotionnel à nos opinions et nos pensées en est une autre, qui procède de la défense de ce que l’on croit être notre identité. Autrement dit, énormément de gens identifient leur identité à leurs pensées et opinions. Remettre en cause leur opinion est donc vécu comme une remise en cause d’eux-mêmes.

        Une des grandes constantes que l’on retrouve dans toutes les formes de méditation, c’est le détachement vis-à-vis de nos pensées justement… Quand on observe les choses de près, il est impressionnant de réaliser à quel point nous sommes sous l’emprise de nos pensées, à quel point elles ont le pouvoir de nous rendre malheureux. La condition humaine, c’est la pensée compulsive.

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        • Paola44 // 30.11.2018 à 12h35

          Ça y est, vous voilà rattrapé par le sérieux à votre tour…

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    • anatole27 // 30.11.2018 à 09h36

      Tu ne comprends rien Wakizashi j’ai passé 40 ans de ma vie à faire de l’humour et en fait ce n’était qu’un moyen d’échapper à la réalité (en fait c’est pas tout à fait vrai)
      et donc je me dis qu’être un peu sérieux c’est pas forcément idiot
      encore faut il ne pas être SERIEUX et CON et là ca se complique
      d’ou l’idée PAS CON de faire du Micro SERIEUX comme ca si tu te plantes
      tu ne fais que des micros PLANTAGES
      tu peux tout à fait prendre l’option inverse
      et ne faire que de l’Hyper SERIEUX
      C’est un choix purement artistique entre
      Impressionisme et expressionisme

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  • daniel // 30.11.2018 à 09h11

    « Rien, il ne se passe rien. Cependant, tout arrive et c’est indifférent. »

    Ceci dit, je me suis bien amusé. Mais je n’ai pas d’opinion sur le sujet proposé.
    Vous pouvez ne pas être d’accord avec ma conviction.
    Libre à vous…
    C’est peut-être la raison expliquant l’élection de la Marche Arrière sans programme. Alors que le projet structuré de la France Insoumise a été victime d’opinions si tranchées.
    Condamner sans débats, voilà où nous mène le nihilisme.

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  • lemoine001 // 30.11.2018 à 09h21

    L’opinion est effectivement la plaie des discussions de comptoir. Mais pas seulement de comptoir malheureusement. On la trouve aussi bien sur les réseaux sociaux qu’au café philo.

    Mais qu’est-ce que l’opinion ? C’est une affirmation dont les termes ne sont pas définis, qui ne s’accompagne d’aucune argumentation, mais qui est si sûre d’elle-même qu’elle n’entend pas les objections, qu’elle ne voit pas ses faiblesses et ne se sent jamais si bien que dans un milieu où elle est partagée.

    Le débat sur le « mariage pour tous » a donné au niveau national le spectacle d’un débat d’opinion. Les uns disaient « la famille c’est une maman, un papa et leurs enfants ». Les autres répondaient qu’ils existaient des familles avec deux papas ou deux mamans ou même d’autres cas encore plus nouveaux. Personne ne s’est jamais avisé de définir ce qu’est une famille ou ce qu’est le mariage, si bien que le débat n’a jamais eu lieu. Deux opinions se sont affrontées s’en jamais échanger.

    Les protagonistes ne semblaient même pas savoir ce que c’est que définir. Ils décrivaient ou croyaient décrire, Ils ne définissaient pas. Car définir c’est dire à quel ordre d’objets appartient ce qu’on veut définir et qu’elle place il occupe dans cet ordre, ce qui le distingue des autres éléments du même ordre.

    A quel ordre d’objets appartient le mariage ? A quel ordre d’objets appartient la famille ?

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    • Villegagnons // 30.11.2018 à 09h43

      Ah bon ! alors par quel miracle dialectique remonte-t-on d’une opinion toute relative à un concept vrai ? Hegel dit que c’est en reduisant l’autre au statut d’esclave, Marx ne dit pas autre chose…il me faut des esclaves, un peuple, un prolétariat sinon ma dialectique ne fonctionne pas !

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      • lemoine001 // 30.11.2018 à 10h28

        Comment remonte-t-on de l’opinion au concept ? Vaste question !!

        A la question « qu’est-ce que le beau ? » Hippias répond à Socrate en évoquant tour à tour une belle jeune fille, un beau chaudron, une belle cavale. Socrate lui objecte qu’un exemple n’est pas un concept. Mais lui-même se révèle finalement incapable de produire le concept du beau.

        Je dirais qu’Hippias est pourtant plus prêt de répondre à la question que Socrate ou Platon. Dans le Menon, Socrate démonte la prétention de Menon à savoir ce qu’est la vertu. Mais que lui oppose-t-il ? — Ce que nous disent les prêtres et les prêtresses. Il signe ainsi la capitulation de la philosophie (sa philosophie) devant la religion. Au lieu de démonter ce disait Menon, il aurait fallu le soumettre à la critique. Il exemplifiait, il montrait, comme Hippias, le concept réalisé. Il fallait faire le travail de remontée du concept réalisé au concept pensé. C’est tout le travail de la philosophie.

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    • anatole27 // 30.11.2018 à 09h59

      On va dire que l’opinion est un globule blanc qui permet de protéger la super structure
      auquel tu t’identifies , en bien ou en mal (c’est pas le problème)
      Ne plus avoir d’opinions c’est pratiquer le lâcher prise ce qui exige de ne plus s’identifier
      une forme de voie spirituelle en quelque sorte (en enlevant la connotation religieuse)

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      • Villegagnons // 30.11.2018 à 10h18

        La notion de peuple est une construction mentale ( les parties de ce tout sont les opinions) pour que la bourgeoisie qui n’a nul statut social puisse se positionner. Les gilets jaunes disent « Nous ne sommes pas le peuple, nous sommes des hommes et de femmes » et nous ne voulons surtout pas représenter le peuple car il n’existe pas. Cela empêche les sociologues et les philosophes bourgeois d’introduire leurs niaiseries habituelles juste pour justifier leur statut social.

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    • Sandrine // 30.11.2018 à 14h31

      Je ne crois pas que les protagonistes du débat sur le mariage pour tous n’aient pas fait l’effort de définir le mariage. Le problème était au contraire qu’ ils avaient des définitions différentes du mariage et surtout de ce qui est souhaitable comme famille pour un enfant. Et chacun se referait, pour légitimer sa définition, à des sources d’autorité différentes et non reconnues comme telles par l’autre partie. Le plus significatif étant que chacun des deux groupes convoquait la science à l’appui de son opinion – avec des conclusions différentes, bien entendu.
      Le problème était plus un problème de source d’autorité que méthode d’argumentation.

      En l’occurrence chacune des deux parties aurait eu intérêt à se rappeler de la leçon de Socrate que vous rappelez plus haut : à savoir que la seule chose que l’on sait, c’est que l’on ne sait rien, que la plupart de ce que nous prenons pour des connaissances, n’est en réalité qu’une opinion légitimée par des croyances d’origine politico-religieuses.
      Je ne crois pas que Socrate propose une véritable porte de sortie à cette aporie de la pensée philosophique (mais je me trompe peut-être, je ne connais que très superficiellement les dialogues platoniciens)

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      • lemoine001 // 01.12.2018 à 20h07

        Je n’ai pas entendu une définition dans le sens où je l’entends sinon il ne pouvait qu’y avoir accord sur la définition. Si je dis que le mariage est un rite, qui me contredira ? Si je précise que c’est le rite de fondation d’une famille, que peut-on objecter à cela ? Cette définition est valable pour toutes les sociétés et pour tous les temps. Y-a-t-il quelque part un mariage qui ne soit pas un rite ? Ce qui est très divers ce sont les formes du rite, qui peut aller de l’enlèvement à la conduite de la mariée par son père devant l’hôtel etc.
        Quant à la famille c’est une institution sociale par laquelle se stabilise le rapport entre les sexes et les générations.
        Tout cela vous le trouverez expliqué en long et en large ici : https://lemoine001.com/2014/06/05/rapport-social-de-sexe-8-le-mariage-homosexuel/

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        • Villegagnons // 02.12.2018 à 10h56

          Le mariage n’a jamais été un rite sauf pour le colonialisme sociologique, il est devenu un sacrement tardivement dans l’Eglise chrétienne par exemple. Il n’est pas reconnu comme sacrement chez des chrétiens fondamentalistes par exemple.
          Ce livre en fait la description sociologique à la renaissance par exemple :
          https://www.cultura.com/le-mariage-au-temps-de-la-renaissance-9782252029428.html
          On y comprend sa fonction sociale non rituelle. Mais l »‘institution » du mariage est une bonne piste pour passer de la sphère privée à la sphère publique, oui. Marx a laissé mourrir au moins deux de ses enfants, le privé était passé dans le public chez lui…

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        • Sandrine // 02.12.2018 à 11h43

          @Lemoine, ah non, on ne peut en aucun cas se contenter de définir le mariage comme un rite. Vous confondez le jour du mariage avec les années passées dans le cadre du mariage. Le mariage homosexuel comme rite, tout le monde s’en fout. C’est le mariage homosexuel comme institution sociale qui pose problème.
          Dire que le mariage n’est qu’un rite, c’est de facto se ranger du côté de ceux qui sont pour le mariage homosexuel (car c’est passer sous silence son rôle fondateur d’institurion sociale).
          Contrairement à ce que vous dites, se mettre d’acord sur une définition préalable ne va pas de soi. Définir des termes implique forcément des présupposés culturels et idéologiques.

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          • lemoine001 // 02.12.2018 à 13h32

            Je distingue clairement mariage et famille. Chaque changement d’état dans les sociétés est marqué par un rite. Le passage d’une famille d’origine à la famille nouvelle que l’on fonde se fait pas le rite du mariage. Ensuite la question est celle de la famille. Qu’est-ce qu’une famille ? Peut-il y avoir des familles homosexuelles ?
            C’est l’exemple de ces questions que j’ai donné pour montrer la nécessité de clarifier ce qu’on pense. Cela pour dire qu’une opinion est une proposition non clarifiée (termes non définis) et non argumentée. A la différence d’une idée qui se doit d’être claire dans son contenu (défini) et argumentée sérieusement.
            Pour qu’un débat ait lieu, il faut que chacun donne la définition des termes qu’il emploie et avance ses arguments. Il vaut mieux arriver à des définitions communes mais à défaut chacun sait au moins de quoi l’autre parle. Autrement on ne peut pas se comprendre car on ne parle tout simplement pas de la même chose.

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            • Sandrine // 02.12.2018 à 16h53

              Je ne suis pas sure qu’on puisse opposer opinion et idée. Par exemple « opinion politique » et « idées politiques » est relativement synonyme (dans le langage courant en tout cas). Bien sûr pas au sens où Platon l’entend. Mais la théorie des idées de Platon, malgré son souci rationnel s’apparente, en dernière analyse, à une sorte de théologie (car personne n’a jamais prouvé scientifiquement que « le ciel des idées » existe). Certaines opinions peuvent être très rationnelles, très argumentées… mais n’en être pas moins fondées, en réalité, sur une « croyance », un postulat de départ dont l’exactitude n’a pas été prouvée (par exemple, « tout les hommes sont égaux » est une opinion qui peut être définie et argumentée de manière très rationnelle mais qui repose sur un postulat de départ non démontré – et en réalité d’origine religieuse)

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  • anatole27 // 30.11.2018 à 09h24

    En fait il y a un test assez facile pour savoir si vous avez encore des opinions
    personnellement j’ai encore un très long chemin à parcourir avant d’être guéri

    DAVOS 2012 6min10s

    https://www.youtube.com/watch?v=AjoewpFuyzU

    Moi ce que je retiens c’est ce que toi tu n’arrets pas de répéter que tu m’a répété 28 fois …
    qui peut se résumer de facon plus cynique
    si mettons 5 chinois ou indiens passent de la pauvreté à la classe moyenne
    et qu’en même temps
    2 américains ou européens font le chemin inverse
    et ben c’est ASSEZ JUSTE

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  • Deepnofin // 30.11.2018 à 09h34

    « Arrêter de penser, en fait, c’est facile !!! »

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    • Chris // 30.11.2018 à 12h46

      Facile ? Ben non, pas du tout !
      C’est facile si vos centres d’intérêt et savoirs sont extrêmement réduits et que vous adoptez les arguments du dernier parlant ou doigt mouillé… pour vous éviter un début de réflexion !
      Pour mener à bien une réflexion, encore faut-il avoir une matière fournie et vérifiée, pour en déceler les points d’accords et de contradictions… et trancher selon vos inclinaisons et choix de vie.

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  • Sharivan // 30.11.2018 à 09h38

    Moi globalement je suis d’accord avec tout le monde,
    même si il peut m’arriver d’avoir des divergences avec certain.

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  • Emmanuel // 30.11.2018 à 09h59

    C’est simplement le proverbe « tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler » qui devrait être pratiqué avec plus d’assiduité par tout le monde . Nos opinions valent elles d’être partagées a tout bout de champs ?? Je réagis assez peu car je maîtrise assez peu de sujet pour émettre une opinion. Donc je vous lis pour me la forger(mon opinion) ,mais je me retrouve souvent entre le marteau et l’enclume au final j’ai des doutes sur beaucoup de choses.
    Le silence est d’or

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    • Chris // 30.11.2018 à 12h53

      Vous avez raison, souvent mieux vaut se taire, encore qu’en ce qui me concerne, je m’alarme des esprits moutonniers (les zombies de Todd) et ne peux m’empêcher de placer quelques pétards pour les réveiller, les forcer… à réfléchir. Mais quelle épaisseur !

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  • aladin0248 // 30.11.2018 à 10h08

    Étonnant, tout ça. Je pense que toute discussion sérieuse doit présenter au moins deux points de vue opposés (thèse antithèse). Ensuite pour des sujets complexes, rien n’est plus difficile que la synthèse. On trouve beaucoup de très bonnes analyses sur internet, mais les bonnes synthèses sont rares. dans ce cas, je suspends mon jugement et je dis : »honnêtement, je n’ai pas d’opinion arrêté sur la question ». ou bien j’ai une opinion relative, mais je suis prêt à en changer si on me démontre de façon convaincante que j’ai tord. Si je ne suis pas vraiment convaincu sur un sujet, je me tais. La vie n’est pas simple.

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  • DocteurGrodois // 30.11.2018 à 10h44

    Ça me fait penser à la thèse de Jason Brennan dans son livre Against Democracy. Il divise les citoyens en trois espèces: les Hobbits, les Hooligans, et les Vulcans. En voici une traduction rapide:

    Les Hobbits:
    Généralement apathiques et désintéresses vis à vis de la politique. Ils n’ont pas d’opinions politiques fortes. Ils sont peu au courant des évènements et de l’info. Ils n’ont qu’une connaissance vague de l’Histoire.

    Les Hooligans:
    Ils ont des opinions politiques fortes et arrêtées. Ils sont capables d’articuler des arguments en faveur de leurs opinions, mais incapables de formuler des arguments d’un point de vue opposé. Ils consomment les media de façon partisane. Ils refusent d’admettre les preuves et la recherche qui contredisent leurs opinions préétablies. Les opinions politiques font partie de leur identité. Mépris pour ceux qui ne sont pas d’accord.

    Les Vulcans:
    Ils appréhendent la politique scientifiquement et rationnellement. Les opinions sont basées sur les sciences sociales et la philosophie. Leur conviction ne tient que jusqu’à preuve du contraire. Capables de défendre des points de vue opposés. Intéressés par la politique mais dépassionnés pour éviter d’être biaisés ou irrationnels. Ne méprisent pas ceux qui ne sont pas d’accord.

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  • jules vallés // 30.11.2018 à 10h54

    Mon opinion, c’est que fumer n’est pas bon pour la santé…, et l’opinion contraire… euh; je n’y arrive pas !
    C’est grave Docteur, suis-je incurable, dois-je faire une cure accélérée de dialectique ?

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    • DocteurGrodois // 30.11.2018 à 11h58

      Ce n’est pas une opinion, c’est fait indiscutable scientifiquement.
      Une opinion serait que sachant que fumer n’est pas bon pour la santé les fumeurs sont des imbéciles et que l’usage du tabac devrait être prohibé, ou si vous tolérez malgré tout que chaque individu majeur et responsable est libre d’en consommer, etc.

      En tant que Docteur ès Opinionologie Subjective je vous prescrirait effectivement quelques doses de Dialectine, mais ce n’est que mon opinion.

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    • Fritz // 30.11.2018 à 12h18

      Mon opinion, c’est que fumer rend beau et intelligent… C’est MON opinion, hein ! Et j’y tiens !!
      Touche pas à ma clope ! Touche pas à mon opinion !

      Quant à M. Care, je lui propose d’adhérer au PIF (Parti des Irréductibles Fumeurs), parti de masse dont je suis modestement le fondateur, le président d’honneur, le secrétaire général et le seul adhérent… Zut, encore un parti d’opinion.

        +6

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    • Charles // 30.11.2018 à 14h32

      Le fait que vous n’arriviez pas à penser plus loin vient de votre conviction que la santé doit être la pierre de touche avec laquelle il faut juger toute chose.

      Pour faire un peu de dialectique, posez-vous la question : la chose la plus importante dans la vie de l’homme doit-elle être la santé ? Si vous répondez oui, alors la discussion ne peut aller plus loin. Si vous pensez liberté, libre arbitre, drogue, complexité de l’être humain, diktats sociaux, matrice culturelle et sociale, etc., vous pouvez dépasser ce constat.

      Il y a mille manières de dépasser ce seul constat. Par exemple, les gueules cassées de 14-18 ont fait faire des avancées extraordinaires dans la chirurgie. Les accidents de la route aussi. Peut-être les pathologies liées à la cigarettes vont-elles faire faire des avancées décisives dans le soin du cancer et des affections respiratoires ? Peut-être avons-nous, grâce à la cigarette, pris de l’avance dans la lutte contre les maladies dues à la pollution ?

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  • koui // 30.11.2018 à 11h04

    trés drole. C’est vrai qu’il faut être capable de reconnaitre son ignorance et ne pas choisir, ou affecter un % de crédibilité à une opinion. Par exemple, affaire Skripal, russes coupables? 60%.

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    • Josephr // 30.11.2018 à 15h40

      Pas d’ac’
      Mon opinion, affaire Skripal, russes innocents? oui 40%

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  • caliban // 30.11.2018 à 11h51

    Savoir pourquoi on pense ce que l’on pense permet à chacun de passer du stade primaire de l’opinion à celui plus avancé de la réflexion.

    Dit autrement
    • l’opinion c’est parler de soi. C’est émettre un point de vue qui n’est rien d’autre qu’une vue à partir d’un point, en l’occurrence, soi-même.
    • la réflexion permet de dépasser le stade égocentrique de l’opinion, d’admettre la relativité de son point de vue et de le rendre perméable aux arguments raisonnés

    Se mettre à la place de l’autre (ou tenter de le faire) n’est une démarche que l’on ne peut pas entreprendre si on n’a pas commencé par soi-même, par la réflexion (au sens d’un miroir) sur sa propre place, sa propre subjectivité.

    J’espère que la lecture du billet humoristique diffusé par Les Crises permettra
    • à certains commentateurs de réaliser à quel point ils sont en mode égocentrés (ne traitent pas les sujets, parlent d’eux-mêmes de manière détournée)
    • à d’autres de s’interroger sur l’usage immodéré qu’ils font des petits pouces bleus
    • et à l’ensemble des usagers de s’interroger sur la part du web 2.0 dans la progression d’un détestable « règne de l’opinion »

      +1

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    • lon // 30.11.2018 à 18h16

      Heureusement que vous êtes là, Caliban , pour remettre dans le droit et froid chemin de la raison les égarements divers et compulsifs qui animent malheureusement un trop grand nombre de nos congénères sur ce blog

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    • caliban // 30.11.2018 à 19h58

      Ion,

      Vous m’avez certainement mal lu : j’invite à poursuivre la réflexion initiée par billet publié par Les Crises. Il ne s’agit pas pour moi de redresser des torts dont j’aurais bien du mal à m’exempter moi-même.

      Car il m’arrive bien souvent de céder à la tentation de donner mon opinion sur une publication ou de répondre à un commentaire sans intérêt. La preuve 🙂

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  • Francois marquet // 30.11.2018 à 12h01

    C’est une parodie, visitez « perspectives nihilistes » et régalez vous. Ceci dit, le sujet est plus profond qu’il n’en a l’air…

      +2

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  • Louis Robert // 30.11.2018 à 12h13

    « J’ai su ce soir-là que ma mission était de les guérir…. défendre l’une après l’autre deux opinions contradictoires, en passant de l’une à l’autre de plus en vite… Au bout de quelques heures, le lecteur en vient à défendre simultanément deux opinions opposées, qui s’annulent. Il est sauvé. »

    *
    Voilà bien une parodie qui convient parfaitement à notre époque du faux, de la fausseté, de la contrefaçon, du truqué, du falsifié, de l’imposture, époque de l’après-vérité, du « FAKE », de la tromperie, du relativisme, ultimement du nihilisme.

    Nous sommes ramenés aux sophistes, ces faux sages autrefois maîtres dans l’art de persuader, beaucoup d’entre eux se faisant fort de défendre n’importe quelle thèse avec succès, pour la contredire avec autant de bonheur quelques instants après, pouvoir prisé surtout des avocats et des politiciens, occupés davantage de pouvoir et d’intérêt personnel que de vérité. Comme c’est toujours le cas aujourd’hui, il va sans dire que les sophistes enseignaient volontiers leur « art » aux plus offrants.

    Leur ayant inlassablement fait avouer publiquement leur ignorance, Socrate montra jusqu’à la fin que seul l’esprit qui pense sauve. Accusé d’avoir ainsi corrompu la jeunesse, il fut condamné à boire la cigüe, rituel initiatique qui se perpétue, impérissable.

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  • Fritz // 30.11.2018 à 12h23

    Je fais glou glou je fais miam miam
    Je défile criant : paix au Vietnam
    Parce qu’enfin enfin j’ai des opinions

    (Jacques Brel)

    https://www.youtube.com/watch?v=I9Z-178kALY

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  • Leïla // 30.11.2018 à 12h33

    Je trouve l’article plutôt drôle.
    Cesser non pas d’avoir des opinions mais cesser de les clamer à qui ne veut pas l’entendre…et se mettre à fumer !
    Devenir un Sophiste, capable de défendre n’importe quel sujet….adieu Chomsky, Assange, Snowden, Mandela…
    D’un point de vu médicale, mon opinion est qu’il vaut mieux éviter de fumer que d’avoir des opinions.
    Comme le disait Desproges  » on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui « ….il en va de même des opinions…Non ?

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    • Fritz // 30.11.2018 à 14h16

      L’opinion d’Albert Einstein :
      « avant de répondre à une question, on devrait toujours allumer une pipe ».

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      • DocteurGrodois // 30.11.2018 à 14h28

        Le professeur Choron avait un avis similaire.

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  • Leïla // 30.11.2018 à 12h35

    Je trouve l’article plutôt drôle.
    Cesser non pas d’avoir des opinions mais cesser de les clamer à qui ne veut pas l’entendre…et se mettre à fumer !
    Devenir un Sophiste, capable de défendre n’importe quel sujet….adieu Chomsky, Assange, Snowden, Mandela…
    D’un point de vu médical, mon opinion est qu’il vaut mieux éviter de fumer que d’avoir des opinions.
    Comme le disait Desproges  » on peut rire de tout mais pas avec n’importe qui « ….il en va de même des opinions…Non ?

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  • Pierre D // 30.11.2018 à 12h38

    Il y bien a longtemps (avant la Ve), il y avait même une presse spécialisée pour ça. Du temps de la démocratie. C’était la « presse d’opinion »,

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    • Alfred // 30.11.2018 à 20h52

      Toute la presse est une presse d’opinion. La même opinion d’ailleurs.

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  • Jean // 30.11.2018 à 13h18

    Comment je fais docteur, car pour désirer ne pas avoir d’opinions il faut s’être fait une opinion sur l’opinion.

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    • caliban // 30.11.2018 à 14h53

      @Jean

      Tout n’est pas réductible à l’opinion. Ce serait faire une bien coupable confusion, et si les incitations (médiatiques notamment) sont nombreuses ce n’est pas une raison pour s’y plier.

      Par exemple la définition du mot « opinion » que vous trouverez dans le Larousse n’est pas une opinion mais l’explicitation d’un terme, fondée sur ses usages et son étymologie. Disposant de cette information vous pouvez retenir que Opinio est lié à opiner (du chef) et qu’il a trait à une réaction impulsive, comme celle consistant à presser sur les pouces bleus.

      Si vous poursuivez, vous pouvez vous interroger sur la différence entre opinion et réflexion, qui est l’action de « reporter son esprit sur quelque chose », et sous-entend un effort conscient. Il est polysémique, il s’applique aussi bien à l’esprit qu’à la physique, si bien qu’un miroir aussi réfléchit.

      Donc la question n’est pas d’avoir des opinions sur tout mais de se débarrasser de cette pseudo-omniscience pour préférer une réflexion construite, cohérente et consciente de ses limites.

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      • Jean // 30.11.2018 à 15h51

        Considérer qu avoir une opinion soit bon ou mauvais, n est-ce pas une opinion ?

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      • caliban // 30.11.2018 à 16h26

        Non, ce n’est pas une opinion. C’est une réflexion sur la différence entre les termes opinion / réflexion. C’est à dire un raisonnement qu’il est possible de contredire (par exemple vous pouvez discuter sur le bien fondé d’un retour sur l’étymologie) et qui aboutit à considérer qu’une réflexion est supérieure à une opinion.

        Si les deux termes désignaient la même chose, il n’y en aurait plus qu’un. C’est une loi du langage : la simplification.

        Au risque de me répéter. Une opinion consiste à donner son point de vue, elle permet de parler de soi, le sujet abordé est accessoire. On donne une opinion, mais on livre une réflexion : la première est gratuite, la seconde mérite plus de considération car elle le fruit d’un effort intellectuel conscient (ou qui tente de l’être).

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        • lon // 30.11.2018 à 18h19

          Mais osez vous répéter, Caliban , osez ..la sodomisation des coléoptères est une entreprise certes ardue et ingrate , mais ô combien gratifiante en fin de compte pour tout esprit rationnel qui se respecte

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        • Michel LEMOINE // 01.12.2018 à 08h30

          Effectivement une opinion et une idée ce n’est pas la même chose. On ne sort pas de l’opinion en renonçant à penser comme le propose l’article mais en s’élevant par un travail critique à l’idée. Une idée se construit le plus souvent par l’étude et le dialogue. Elle est capable de se justifier, de prouver qu’elle a des fondements solides, qu’elle s’enrichit dans la confrontation et même s’y consolide.

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          • lon // 01.12.2018 à 13h33

            Cher M Lemoine, je vous propose d’expliciter ces aimables différences sémantiques et la rigueur intellectuelle qui s’y attache à tous les pauvres bougres sur cette planète qui se font enfermer ou flinguer pour  » délits d’opinions  » . Je suis certain que du fond de leurs cellules ou de leurs cercueils ils se pencheront avidement sur votre vision des choses et peut-être , qui sait , cela leur aura permis de mourir moins idiots ..

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            • lemoine001 // 01.12.2018 à 17h49

              Il est fréquent de tenter de disqualifier les idées d’autrui en les qualifiant d’opinion. C’est ce que font ceux qui incriminent les opinions subversives de ceux qu’ils enferment ou qu’ils tuent. Il y a toujours la langue et la novlangue. Cette dernière consiste à mésuser du langage pour s’en servir pour disqualifier, pour empêcher de penser ou encore pour masquer ses actes.

              Ceci dit, il est beau de mourir pour ses idées. C’est toujours mieux que de mourir sans idées.

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          • caliban // 01.12.2018 à 14h46

            @Ion

            Vous pouvez bien entendu choisir de ne pas traiter la question abordée cet article (et bien résumée dans son titre). Mais – à la fois pour la qualité des échanges et à la fois pour votre propre réflexion – je ne pense pas qu’il soit judicieux de s’enfermer dans le cynisme et les provocations comme vous le faites.

            Donc, si on vous lis bien, vous pensez que critiquer les opinions c’est remettre en cause l’intelligence de ceux qui les émettent. Vous ne vous sentez pas trop à l’étroit dans ce genre de réflexion ?

            Je vous invite à réfléchir sur votre posture : compréhension difficile du terme opinion ? mauvaise appréhension des enjeux d’une société où les opinions seraient reines ?

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  • lon // 30.11.2018 à 18h08

    Article sympa et drôle avec une chute imparable …..cela dit , retour à la dure réalité, exprimer dans la vie courante des opinions telles qu’elles sont exprimées par la majorité des intervenants sur ce blog , c’est prendre conscience que l’esprit collectif est englué dans la mélasse mainstream coulant jour après jour dans une oreille et se refusant à sortir par l’autre , ce qui est toujours délicat et exige une certaine idée de son intégrité personnelle …pour les moins courageux ou les plus flemmards on peut s’entraîner à répéter « voui vous avez raison mais zalors kamême  » et conclure que  » toutes les zopinions se valent  » et qu’il y a  » des bons et des salauds partout c’est sûr  » .

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  • Subotai // 30.11.2018 à 19h01

    Une phrase que beaucoup ne savent plus dire:
    « Je ne sais pas. » 🙂

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    • Czerny // 30.11.2018 à 20h49

      Et admettre ainsi son ignorance ,subir les moqueries de ses proches ,risquer le déclassement social ,perdre l’estime de ses collègues au bureau (ou ailleurs ) être la risée des réseaux sociaux ? Ah non ! Plutôt mourir que de ne pas avoir une opinion .

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      • Subotai // 01.12.2018 à 01h12

        Ceci s’appliquant aussi aux commentaires sur Les Crises… ? 😀
        Il n’y aucune faiblesse à s’avouer ignorant puisque c’est le premier pas vers le savoir. 🙂

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  • Fritz // 30.11.2018 à 19h27

    « C’est mon opinion, et je la partage » (Joseph Prudhomme)

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  • Odjo // 01.12.2018 à 05h28

    Ça me rappelle un livre pour (enfants ) que j’ai lu plusieurs fois à mes enfants. Un livre de l’auteur américain Dr Suzz « Green eggs & ham »
    En gros c’est de te faire avalé ce que tu ne peux pas digérer . Il me semble que même ce livre avait une mission politique contre la guerre du Vietnam
    -Sam I am, do you like green egg & ham
    I do not like green eggs & ham Sam I am
    Would you like it here or there?
    I would not like ir here or there. ..etc…
    Histoire très informative sur les pouvoirs d’influences.
    J’ai utilisé ici cette formule  » Do you like the war etc ».. en envoyant un courrier à mon sénateur pour m’opposer à la guerre d’Ukraine et de Syrie…Au moins l’aide à ces pays furent limités mais on essayait de me faire avalé ça.

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  • Nietzsche // 01.12.2018 à 08h13

    En temps que prof de philo je ne fais que transcrire les opinions des autres, et effectivement quand on me demande ce que j’en pense personnellement, je suis un peu comme mes élèves, sous le charme des opinions des autres quand elles sont évidemment recherchées, argumentées, originales et surprenantes. Mais en réalité je ne dis jamais mon opinion car j’ai l’impression que cela ne sert pas à grand chose. D’autant plus que le milieu dans lequel je vis est rempli de gens avec des avis sur tout et n’importe quoi, et je trouve que cela ne sert à rien. Quand vraiment j’ai envi de dire quelque chose, j’use de la parole oraculaire de telle sorte que tout le monde peut y voir ce qu’il désire, ou mieux personne ne dit mot n’osant pas avouer qu’il ne comprend rien à ce que je raconte…

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    • lemoine001 // 01.12.2018 à 11h09

      En tant que prof de philo vous devez faire la chasse aux opinions. Il ne s’agit pas pour vous d’inculquer des idées à vos élèves mais de leur apprendre trois choses :
      1) bien lire : c’est-à-dire bien comprendre un texte, en dégager les idées principales, l’argumentation, les questions qu’il appelle. C’est le travail de commentaire de texte.
      2) bien écrire : savoir organiser un discours cohérent, bien et solidement argumenté, qui englobe tous les aspects d’une question, dont les concepts sont clairement explicités. C’est le travail de la dissertation
      3) bien penser : c’est la condition des deux premiers et le plus difficile. C’est un travail jamais fini qui exige de beaucoup lire, d’échanger et de toujours apprendre. Cela commence peut-être par comprendre qu’une philosophie est tout autre chose qu’une collection d’opinions. Il n’y a aucun intérêt à dire qu’on est d’accord avec Platon ou Descartes ou le contraire. Ce qu’il faut c’est comprendre comment ils pensaient, en quoi ils disent la pensée d’une époque, quelle est leur place dans l’histoire des idées et des modes de pensée.

      Bon courage !

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      • Ljubane // 02.12.2018 à 13h59

        Ce qui est dommage, c’est que le terme « opinion » soit si mal vu. Platon est en partie responsable puisqu’il considère l’opinion comme le contraire du terme « connaissance » (ou opinion droite selon les traductions). Disons qu’une connaissance cache mieux ses intentions qu’une opinion, en ce sens une connaissance est moins naïve non vis-à-vis de la réalité mais de l’auditeur. Cette mauvaise réputation de l’opinion (ce savoir populaire) est le symptôme d’un mépris de classe que certains intellectuels cultivent au nom de la vérité, ou de la morale (politiquement correct comme on dit maintenant). Alors que tout propos (connaissance ou opinion) a de la valeur pour celui qui sait l’accueillir et l’ausculter comme il se doit. Ce n’est jamais une individualité qui parle mais les forces sociales qui agissent dans toute subjectivité.
        Le livre de ce monsieur Care sur l’opinion semble intéressant non pas par rapport aux opinions qu’il porte sur les choses, mais sur l’analyse générale qu’il fait de l’opinion, comme symptôme justement d’un esprit français et de la manière dont cet esprit est éduqué, autrement dit des forces sociales qui l’habitent en tant que subjectivité.

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        • lemoine001 // 02.12.2018 à 22h17

          Pourquoi le savoir populaire relèverait-il de l’opinion ? Le savoir d’une bonne cuisinière est un véritable savoir. Il repose sur l’expérience partagée, sur l’expérimentation multiple. En revanche si je me mêlais de dire combien de lait il faut verser pour 100 grammes de farine quand on fait des crêpes ce serait au mieux une opinion.
          Il y a en revanche des domaines où je me sens capable d’émettre des avis fondés. Dans ces domaines je pense dire ce que je sais. Cela n’assure pas que ce que je dis est la vérité. C’est au moins ce que je pense être la vérité et je peux en exposer les raisons. Je peux aussi éviter tout malentendu sur ce que je dis (pourvu qu’on veuille bien le comprendre).

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  • Ando // 01.12.2018 à 15h07

    Preconiser d’avoir une opinion ou ne pas en avoir est encore une opinion. La question n’est pas d’avoir une opinion, c’est de ne pas s’identifier à celle ci.

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    • caliban // 01.12.2018 à 16h04

      Peut-être également savoir tourner sa langue 7 fois dans sa bouche avant d’exprimer son opinion 🙂
      Cela laisse un interstice pour la réflexion !

      Petit clin d’oeil au cinéma qui avait peut être déjà repéré le phénomène de l’opinion reine, sur le mode de la dérision et avec un sacrée brochette d’acteurs :
      https://www.youtube.com/watch?v=uZp18eKZniQ
      https://www.youtube.com/watch?v=lT-O9_1yC84

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      • Ando // 02.12.2018 à 17h13

        La réflexion est encore une opinion mais cette fois-ci faite pour soi-même. 🙂
        Pensée, opinion, réflexion, etc… tout ceci désigne la même chose.

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      • caliban // 02.12.2018 à 18h39

        @Ando

        Je ne pense pas que ces différents termes désignent la même chose :
        • la linguistique fonctionne selon la règle de la simplification, si ces trois termes étaient d’exacts synonymes il n’en resterait plus qu’un
        • l’étymologie nous renseigne sur les différences de sens que portent chacun de ces termes

        « La réflexion est encore une opinion mais cette fois-ci faite pour soi-même.  »
        Je crois que la réflexion a pour principale caractéristique d’être élaborée « par soi-même », cette caractéristique fait défaut à l’opinion qui est l’appropriation sans remise en cause d’un discours hétérogène.

        Du coup vous avez sans doute raison de souligner la part introspective qui est propre à la réflexion. En admettant que l’opposition entre opinion et réflexion ne soit pas justifiée, je pense que formuler les choses ainsi serait alors plus juste : « La réflexion est encore une opinion mais cette fois-ci faite PAR soi-même. »

        On peut tout de même admettre une hiérarchie sans risque de se tromper : la réflexion est supérieure en ce qu’elle peut discourir sur l’opinion, l’inverse n’a pas de sens.

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  • Myrkur34 // 02.12.2018 à 09h43

    Je crois qu’ils se sont fait leur opinion sur la civilisation moderne. J’espère qu’on les laissera tranquille jusqu’au bout de celle-ci.

    https://www.lemonde.fr/international/article/2018/11/30/north-sentinel-derriere-la-mort-d-un-missionnaire-une-longue-histoire-de-resistance_5391100_3210.html

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  • Villegagnons // 03.12.2018 à 06h30

    J’aimerai remercier les participants à ce forum de Les crises qui m’ont permis de situer mes réflexions sur la dialectique et surtout qui m’ont permis de retrouver la philosophie de John Locke. Je me sens désormais plus anglais que français et je souhaite un bon voyage à nos amis anglais. Quant à nous, il nous faudra revenir à la compréhension du modèle de Newton, ce sera un long voyage. Merci à tous donc.

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  • Jac // 03.12.2018 à 13h49

    Il est génial cet homme ! Et apparemment il a trouvé un large public même parmi ceux
    (dont je suis) qui n’ont lu ou ne liront jamais son livre.

    En somme, il condamne d’une certaine manière les journaux en ligne et innombrables sites d’opinion ( tel les Crises) qui sollicitent nos réactions (hâtives et superficielles puisqu’on ne peut y disserter), qui n’existent que par nos opinions….
    Et quant à moi – bien que candidate à aucune élection ni travaillant pour le compte d’une société de sondage ou service marketing- ce sont les opinions que je préfère bien souvent plus que les articles.

    Tel M. Jourdain qui faisait de la prose sans le savoir, serait-il un philosophe qui s’ignore ? Parce que ce qu’il préconise comme « traitement thérapeutique » à cette intox moderne n’est-ce pas tout simplement LA philosophie ?

    Zut ! Suis-je entrain d’émettre une énième opinion ??? Faut-il que je me soigne ??? lol

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    • Berns // 05.12.2018 à 00h00

      c’est souvent ce que je préfère aussi, lire ce que j’appellerai plutôt « les commentaires », un commentaire n’est pas forcément une opinion… mais les lire permet souvent d’enrichir ses connaissances
      Sinon, j’ai mis 2 jours à lire ceux de cet article, c’est aussi contraignant et tout autant compulsif. Une drogue pour certains. une soif de découverte.

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