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30.novembre.201830.11.2018 // Les Crises

Défense « et en même temps » armée européenne : Billevesées et calembredaines… Par Guillaume Berlat

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 26-11-2018

« On gouverne mieux les hommes par leurs vices que par leurs vertus » (Napoléon Bonaparte). Que n’a-t-on entendu aussi souvent le mot « armée européenne » dans les bouches les plus autorisées et éminentes, que celles d’Emmanuel Macron, de Donald Trump, d’Angela Merkel, de Jens Stoltenberg1 qu’au cours des dernières semaines ! Une sorte de sésame pour le meilleur des mondes excipé pour conjurer le mauvais sort, pour discréditer les affreux nationalistes qui ont tendance à proliférer aux quatre coins de l’Europe et de la planète.

Une sorte de direct du droit qui met son adversaire au tapis par KO pour un long moment. Au diable, le terme de « défense européenne », trop ringard, trop connoté vieux monde !

Le Beaujolais nouveau, cru Jupiter est arrivé. On peut lire sur l’étiquette de sa bouteille : « Armée européenne ». Il est très agréable à déguster en bouche, très gouleyant. Il fait partie des délices du palais du nouveau monde. Même sœur Angela, qui ne le trouvait pas suffisamment à son goût hier encore, vient aujourd’hui de l’adopter2. Seul ce vieux grincheux de Frère Donald y voit malice et se répand en propos peu amènes sur cette nouvelle marotte jupitérienne, sur cette piquette gauloise.

De quoi en perdre son latin ! Rappelons, pour fixer le cadre du débat que la problématique de la défense européenne est un vieux serpent de mer dont on retrouve les prémisses dans l’immédiat après-guerre. Elle est également une pomme de discorde entre Européens mais entre la France et les États-Unis. En définitive, et même si le sujet est sérieux, elle constitue une vaste blague au sens où l’entend Gustave Flaubert avec Bouvard et Pécuchet à propos de l’arboriculture.

LA DÉFENSE DE L’EUROPE : UN VIEUX SERPENT DE MER

Comme souvent les « succès » (relatifs dans le cas d’espèce) actuels de la construction européenne dans le domaine de la défense ne peuvent être compris qu’à la lumière des échecs d’hier.

L’échec de la communauté européenne de défense (CED) : une idée française rejetée par la France

En été 1950, pressé par la menace communiste concrétisée par le déclenchement en juin de la guerre de Corée, Jean Monnet, commissaire général du Plan français et inspirateur du plan Schuman, envisage d’organiser la défense de l’Europe dans un cadre supranational comparable à celui contenu dans la proposition Schuman. Dans le même temps, les États-Unis demandent à leurs alliés de préparer le réarmement de la RFA. Jean Monnet présente son projet à René Pleven, président du Conseil français et ancien ministre de la Défense, qui le soumet à l’Assemblée nationale le 24 octobre 1950. Le projet envisage la mise en place d’une armée européenne permettant d’intégrer les futures unités allemandes dans un ensemble placé sous une autorité européenne unique, militaire et politique. Ce projet suscite de très vifs débats en France. Accepté par la plupart des États occidentaux, le projet de Communauté européenne de défense (CED) est rejeté en août 1954 par l’Assemblée nationale française. Finalement, le refus de l’Assemblée nationale française de ratifier le traité instituant la CED entraîne également automatiquement l’abandon du projet de Communauté politique européenne dont il est le corollaire institutionnel. La consternation est générale en Europe occidentale et aux États-Unis. La France, qui s’était fait le champion de la cause européenne depuis plusieurs années, est sérieusement discréditée par cet abandon. La déception est immense et appelle une réaction rapide3.

Dès l’automne 1954, au lendemain du rejet par les parlementaires français de la Communauté européenne de défense (CED), certains dirigeants des pays du Benelux s’appliquent à relancer un projet communautaire qui propose des solutions aux problèmes spécifiques de l’intégration économique. Traumatisés par l’échec de la CED, ils refusent de laisser l’unification européenne s’enliser. Négociés à Val Duchesse depuis juin 1956 au sein de la conférence intergouvernementale pour le Marché commun et l’Euratom, les traités instituant la Communauté économique européenne (CEE) et la Communauté européenne de l’énergie atomique (CEEA) sont signés le 25 mars 1957 par les représentants des six pays membres de la Communauté européenne du charbon et de l’acier (CECA), respectivement la République fédérale d’Allemagne (RFA), la Belgique, la France, l’Italie, le Luxembourg et les Pays-Bas. Ainsi débute l’aventure de la Communauté économique européenne (CEE) qui se transformera en Union européenne (UE) le 1er novembre 1993 après la ratification du traité de Maastricht (il prévoit l’union économique et monétaire, grâce à une monnaie unique européenne qui sera ultérieurement appelée l’euro). De Six membres, elle passe en 2018 à 28 membres, 27 après le départ du Royaume-Uni.

L’essai (pas transformé) de la politique européenne de défense : beaucoup de bruit pour rien

Rappelons les institutions mises en place sur les questions de défense au lendemain de la Seconde Guerre mondiale ! Elles expliquent, en grande partie, la problématique actuelle.

Le Traité de collaboration en matière économique, sociale et culturelle et de légitime défense collective, signé à Bruxelles le 17 mars 1948 par la France, le Royaume-Uni, la Belgique, les Pays-Bas et le Luxembourg. Il entre en vigueur le 25 août 1948. Bien que ce traité ne prévoie qu’une « coopération » entre les parties contractantes « qui s’exercera notamment par le Conseil Consultatif prévu à l’article 7 » et qu’il ne stipule pas la création d’une organisation internationale, dans les faits, l’organisation issue du traité sera appelée « Organisation du traité de Bruxelles » ou « Union occidentale ». Elle se transformera plus tard en « Union de l’Europe occidentale » (UEO)4 et sera définitivement absorbée par l’Union européenne. De profundis !

Plus important dans le domaine de la défense européenne est ce qui se passe Outre-Atlantique. Le 4 avril 1949, douze ministres des Affaires étrangères signent à Washington le traité instituant l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN). Aux Cinq du pacte de Bruxelles (pays du Benelux, France et Grande-Bretagne) s’ajoutent les États-Unis, le Canada, le Danemark, l’Islande, l’Italie, la Norvège et le Portugal. En réalité, l’explosion, en septembre 1949, de la première bombe atomique soviétique et le déclenchement, en juin 1950, de la guerre de Corée ont accéléré la mise en place de la structure militaire intégrée de l’OTAN. Après la chute du mur de Berlin, l’OTAN va absorber les anciens État membres du Pacte de Varsovie, à l’exception de l’ex-URSS avec laquelle est mise en place un organe de consultation qui a pour nom Conseil OTAN-Russie (COR). L’Alliance atlantique comporte 28 États membres, le Monténégro l’ayant rejoint en 2017.

A partir de 1998, avec le sommet franco-britannique de Saint-Malo, pour sa part, l’Union européenne a engagé le processus d’élaboration d’une politique européenne de sécurité et de défense. Moteur de cette évolution avec pour objectif la création d’une véritable Europe de la Défense, la France s’emploie à promouvoir un rôle accru de l’Union européenne dans le domaine de la défense et à appuyer le développement de la politique de sécurité et de défense commune (PSDC, depuis 2007), qui, en pleine cohérence avec les autres instruments européens d’action extérieure, apporte une réelle valeur ajoutée à la gestion des crises5.

Les objectifs de la PSDC sont définis par l’article 42 du traité sur l’Union européenne (TUE). Celui-ci stipule que l’UE peut avoir recours à des moyens civils et militaires en dehors de l’Union « afin d’assurer le maintien de la paix, la prévention des conflits et le renforcement de la sécurité internationale conformément aux principes de la charte des Nations unies ». Sans remettre en cause le caractère spécifique des politiques de sécurité et de défense de chaque État membre (notamment dans le cadre de l’OTAN dont 22 des 28 pays de l’Union sont membres), la PSDC poursuit également l’objectif, à terme, d’une défense commune (art. 42 TUE). Plusieurs structures permanentes participent à la PSDC : constitué de représentants des États, le Comité politique et de sécurité (COPS) exerce, sous l’autorité du Conseil et du Haut-représentant, le contrôle politique et la direction stratégique des opérations de gestion des crises. Il reçoit des conseils et des recommandations du Comité militaire de l’UE (CMUE). L’État-major militaire de l’UE (EMUE) planifie, exécute et met en œuvre les décisions. La capacité civile de planification et de conduite (CPCC) assure la direction des opérations civiles. Enfin l’Agence européenne de défense (AED) vise à améliorer les capacités militaires des États membres.

Voici pour la théorie. Qu’en est-il de la pratique depuis la fin du siècle dernier à l’année 2018 ? Le moins que l’on puisse dire est que le fossé est abyssal entre la parole et les actes si tant est que les intentions des uns et des autres aient identiques.

LA DÉFENSE DE L’EUROPE : UNE ÉTERNELLE POMME DE DISCORDE

Si la problématique de la mise en place d’une authentique défense européenne relève encore aujourd’hui du vœu pieu, c’est qu’elle est toujours l’otage d’un désaccord intellectuel récurrent et d’une absence de volonté politique d’une immense majorité des 27/28.

Un désaccord intellectuel récurrent : la soumission à l’Alliance atlantique

« On connaît dans les grandes cours, un autre moyen de se grandir, c’est de se courber » nous rappelle utilement ce grand maître de la diplomatie française que fut Talleyrand ! Et, c’est justement de cela dont il s’agit lorsque l’on parle de « défense européenne », vocable générique destiné à désigner la volonté (ou l’absence de volonté) des Européens de concevoir leur défense de manière autonome, souveraine, indépendante de celle de l’OTAN, dominée par les États-Unis. D’abord, tous nos partenaires récusent, depuis le départ de la construction européenne, l’idée purement française d’une « Europe puissance ». Le général de Gaulle parlait d’une « Europe européenne », ce qui en creux signifiait une Europe indépendante des États-Unis, y compris dans le domaine de la défense. Faute d’écho de ses partenaires, il en a tiré les conclusions qui s’imposaient pour la France : développement d’une force de dissuasion nucléaire et retrait de la structure militaire intégrée de l’OTAN en 1966. Ensuite, nos partenaires ont toujours considéré le principe même d’une défense européenne comme n’allant pas de soi, pour ne pas dire qu’ils y étaient purement et simplement opposés. La raison est simple : l’OTAN (en d’autres termes les Américains) leur fournit une assurance tout-risque peu onéreuse alors qu’une défense européenne ne serait qu’une simple assurance au tiers peu efficace et très dispendieuse. Sous-jacente est l’idée qu’il ne faudrait surtout pas fâcher l’Oncle Sam, très à cheval sur la question. En un mot comme en cent, la défense de l’Europe est du ressort des Américains et certainement pas des Européens. Ce qui signifie le rejet d’une Europe puissance et indépendante à la française au profit d’une Europe grand marché et soumise aux caprices de Washington6. Tel est le défi insurmontable de la France à Bruxelles lorsqu’elle met et remet sur la table son projet de défense européenne non subordonnée à l’OTAN, faire boire un âne qui n’a pas soif !7 Un remake du mythe de Sisyphe8. Nous en avons des exemples quotidiennement avec les rebuffades qu’essuie Emmanuel Macron avec son projet de refondation de l’Europe (Cf. son discours lyrique de la Sorbonne), en général et avec son projet « d’armée européenne » (Cf. sa déclaration sur Europe 1 du 6 novembre 2018) en particulier. Le problème se corse encore plus lorsque fait défaut au sein de l’équipe Europe le désir de jouer collectif, l’affectio societatis9.

Une absence de volonté politique : la politique du chien crevé au fil de l’eau

« Le volontarisme en diplomatie comme en d’autres domaines est efficace étant bien entendu que les objectifs sont clairement définis et que tous les moyens pour y parvenir sont mobilisés »10. Il va sans dire, mais cela va mieux en le disant, que le volontarisme, la pugnacité de tous les présidents de la République française pour faire avancer leur double projet d’une Europe puissance et son corollaire, une défense européenne s’est heurtée et se heurte toujours au mieux à un mur d’incompréhension, au pire à un rejet pur et simple. La seule exception tient aux actions dites de développement des « capacités civiles » (le mou à l’Europe et le dur à l’OTAN) et de quelques « capacités militaires » (amélioration de la projection des forces en opération, renforcement de l’information et du renseignement spatial, de la protection des forces et de leurs moyens et de leur efficacité en opération, de l’interopérabilité)11. Mais, il y a pire avec la pire décision prise par Nicolas Sarkozy en 2007 pour la crédibilité de la France sur la question de la défense européenne.

En effet, il faudra attendre l’arrivée au pouvoir en 2007 pour que « Sarko l’américain » brise le tabou en reprenant en 2009 le chemin perdu du Saint des Saints en se rangeant sous la coupe du Pentagone. Les Américains décident, les Français exécutent comme des idiots utiles. En échange, nous recevons un commandement à Norfolk en Virginie (SACT ou Commandement Suprême Allié de la Transformation). Tout est bien qui finit bien pour la France ! Le président de la République multiplie les attentions à l’endroit de ses interlocuteurs américains. Mais, contrairement à ce qu’il escomptait (ceci ne relevait-il pas de la vulgaire farce ?), les Américains et autres Britanniques ne font pas le moindre pas en direction de la politique européenne de sécurité et de défense. L’argument est imparable en période de restrictions budgétaires, pourquoi faire mal au Berlaymont ce que l’on fait parfaitement à Evere !

C’est le règne du circulez, il n’y a rien à voir. Quant à François Hollande qui avait critiqué la décision de Nicolas Sarkozy alors qu’il était le chef de l’opposition, il n’y trouve rien à redire dès qu’il prend ses fonctions à l’Élysée. Il fait même rédiger un rapport par Hubert Védrine qui souligne les inconvénients d’un nouveau départ de la structure intégrée12.

Tout est bien qui finit bien. Jupiter écrase la main de Donald Trump mais essuie ses avanies successives sur les questions de défense européenne, y compris à l’occasion des cérémonies commémoratives du centième anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale.

C’est dans ce contexte qu’il convient de replacer le débat (même si le mot est un peu fort) sur la défense européenne relancé à plusieurs reprises par le président de la République, Emmanuel Macron, y compris à travers son idée récente – peu populaire à Washington – d’une « armée européenne ».

LA DÉFENSE DE L’EUROPE : UNE VASTE BLAGUE

Au tropisme jupitérien d’une défense européenne indépendante pouvant aller jusqu’à la constitution d’une « armée européenne », s’oppose toujours celui des autres Européens – avec quelques légères nuances pour l’Allemagne – d’une défense européenne reposant sur une armée américaine.

Un tropisme jupitérien : de la défense européenne à l’armée européenne

La formule un peu abrupte d’Emmanuel Macron (« Nous devons nous protéger à l’égard de la Chine, de la Russie et même des États-Unis d’Amérique », précitée du 6 novembre 2018), qui se situe dans le droit fil de ses déclarations antérieures va dans le même sens, à savoir celui de « sa volonté de reprendre le leadership d’une Europe indépendante, y compris dans le domaine de la défense »13. Le 10 novembre 2018, dans un entretien accordé à CNN, il revenait sur sa priorité donnée à l’Europe de la défense : « Je ne veux pas voir les pays européens augmenter le budget de défense pour acheter des armes américaines ou autres… », visant explicitement l’acquisition récente d’avions de combat américains F-35 au détriment d’équipements européens. En visite sur le porte-avions Charles-de-Gaulle, dans la nuit du 13 au 14 novembre 2018, Emmanuel Macron a de nouveau plaidé pour une défense européenne plus « autonome » vis-à-vis de l’allié américain. Reconnaissons à Emmanuel Macron le mérite de la constance en ce domaine ! Il est peut-être le seul à être cohérent sur ce sujet au sein de l’Union à 27/28. Force est de reconnaître que s’est piégé à Bruxelles en refusant de jouer le jeu institutionnel. Les idées françaises ne s’y imposent pas comme par miracle. Elles doivent être soumises à nos partenaires, discutées, convaincre. Le cavalier seul qu’Emmanuel Macron pratique sur le plan national échoue sur la scène européenne. Cette énorme bourde ne s’explique-t-elle pas par la méconnaissance de la chose européenne par ses collaborateurs. Ce qui est d’autant plus incompréhensible que son conseiller diplomatique, Philippe Etienne est un ancien du circuit bruxellois. De deux choses l’une, ou bien c’est un incompétent notoire, ou bien il n’a pas l’oreille de Jupiter. Tout ceci est inquiétant !

Ceci étant dit, cet activisme sur la question de la défense européenne mérite d’être replacé dans un contexte plus large et plus électoraliste, celui des prochaines élections au Parlement européen du 26 mai 2019. Le moins que l’on puisse dire est que les choses ne se présentent pas sous les meilleurs auspices pour la République en marche à coup de verticalité et d’arrogance dans un contexte de jacquerie fiscale (Cf. le mouvement des « gilets jaunes »). Compte-tenu de ce qui précède, Jupiter tente de donner des gages aux proeuropéens en leur proposant de faire l’Europe, « y compris l’Europe de la défense » et aux souverainistes (qu’il avait vilipendés jusqu’ici) en leur disant « mais une Europe indépendante ». Ce que l’on appelle la diplomatie du en même temps qui connait vite ses limites sur la scène européens ! C’est qu’au fil du temps et de sa compréhension de la France d’en bas, Emmanuel Macron a évolué sur sa conception de l’Europe. Après avoir opposé de manière caricaturale les « progressistes » et les « nationalistes », il essaie désespérément de les concilier en évoquant une « Europe qui protège davantage les travailleurs »14. Il fait appel à l’ancienne garde des Républicains pour tenter de sauver les meubles15. Il est vrai que son approche manichéenne lui revenait en boomerang au lieu de le conforter dans son grand dessein européen. La constance est un gage de succès, la diplomatie du fil de l’eau et de la godille est le gage de l’échec.

Un tropisme européen : de la défense européenne à l’armée américaine

« En diplomatie, les seuls traités durables seraient les traités conclus entre les arrière-pensées » nous rappelle le Comte de Saint-Aulaire en 1953. Et sur la question de la défense européenne, les arrière-pensées ne manquent pas tant du côté de nos partenaires que du côté de Jupiter.

Nos partenaires européens évoluent entre diplomatie de l’exclusion et diplomatie du dos rond. Même s’ils commencent à prendre conscience des limites de l’engagement américain en Europe (« l’OTAN est obsolète » de Donald Trump, l’appel à meilleur partage du fardeau du président américain, ses diatribes contre l’Union européenne, l’Allemagne et plus récemment contre la France…) et des risques que fait peser Washington sur le multilatéralisme (retrait de l’accord nucléaire iranien, de l’accord sur le climat conclu lors de la COP21, du traité FNI, de plusieurs accords commerciaux, retrait de l’UNESCO, critique sévère du fonctionnement de l’OMC…). Ils commencent à prendre conscience que l’Union européenne doit en finir avec ses prudences de gazelle et changer de pied pour être un interlocuteur qui compte sur le grand échiquier international. Mais, à ce jour, rien de concret sur le plan des actes tant l’atlantisme est profondément inscrit dans leur A.D.N.. Depuis son élection, Emmanuel Macron tente de relancer une Europe de la défense moribonde. En un mot, le constat est partagé : des risques nouveaux menacent la sécurité du continent. Mais les pays européens sont en désaccord sur à peu près tout. Et une large partie d’entre eux s’en remettent d’abord, voire exclusivement, à l’OTAN16. Quelle ligne rouge faudra-t-il que Donald Trump franchisse pour que l’électrochoc produise tous ses effets ? Nous n’en sommes pas encore à ce stade. Du côté allemand, en dépit des déclarations de la chancelière en faveur d’une coopération avec la France, les milieux allemands de la Défense considèrent la création d’une « armée européenne » comme irréaliste et contre-productive. Ce rapprochement se heurte à des cultures politiques, stratégiques et industrielles différentes des deux côtés du Rhin17. Du côté britannique, le secrétaire d’État à la défense, G. Williamson évoque « une idée complètement folle » qui « menacerait la paix et la sécurité à long terme ». Même si le propos est excessif, il n’en traduit pas moins une pensée répandue chez nos partenaires.

Les arrière-pensées françaises sont également légions. Sur la question de la contribution de l’OTAN à la défense européenne, nos dirigeants pratiquent le grand écart permanent entre l’indépendance d’une Europe de la défense et la prééminence de l’Alliance atlantique (Cf. les déclarations du président de la République et de sa ministre des Armées, Florence Parly surnommée idéfix18). Rappelons que, dans son discours sur la refondation de la Sorbonne, il se prononce pour une défense européenne en concertation avec l’OTAN, le membre de phrase qui tue. Ce qui signifie en clair que tout change pour que rien ne change ! La servitude volontaire a encore de beaux jours devant elle. En réponse au tweet de Donald Trump sur ses propos « insultants » (Amérique vue comme un ennemi potentiel au même titre que la Chine et la Russie, proposition d’armée européenne…), Emmanuel Macron s’empresse de dire que son projet viendrait renforcer l’Alliance. Que et qui doit-on croire ? La défense européenne relève-t-elle du gadget électoraliste ou bien d’un projet d’envergure de refondation de l’Europe : refonte de l’euro pour en faire une monnaie d’échange international, taxation des GAFAM, réciprocité en matière d’extraterritorialité du droit américain ?

Nous ne sommes qu’à moitié rassurés en apprenant que l’ex-secrétaire général de la défense et de la sécurité nationale, Louis Gauthier (magistrat de la Cour des comptes, toujours les mêmes rapports rédigés par les membres de la Caste), doit remettre son rapport sur la défense européenne d’ici à la fin de l’année au président Emmanuel Macron. Il enfonce quelques portes ouvertes : « Les Européens sont sous le coup de plusieurs électrochocs qui ont eu lieu ces dernières années : invasion de la Crimée par la Russie, en 2014, attentats djihadistes, en 2015, cyberattaques WannaCry et NotPetya, en 2017… Ce qui relevait, dans nos rapports, de l’analyse prévisionnelle est devenu un constat : l’Europe est fragile »19. Et d’en remettre une couche quelques jours plus tard : « Louis Gauthier : 2019 sera une année cruciale pour la défense européenne »20. Encore un membre des grands corps qui excelle dans la pratique de l’enfoncement des portes ouvertes. Nous sommes encore moins rassurés en découvrant les propos stupides de notre incompétente ministre en charge des Affaires européennes, Nathalie Loiseau au JDD du 18 novembre 2018 à propos des résultats qui sont remis au président de la République sur le millier de consultations citoyennes européennes tenues en France21. On y découvre que les Français veulent que l’Europe les protège. Quel scoop ! Toujours les mêmes méthodes de gouvernement : commande de rapports insipides à des membres des grands corps (« La Noblesse d’État ») et de sondages aussi inutiles mais toujours aussi coûteux (Cf. ceux qui valent quelques problèmes aux anciens collaborateurs de Nicolas Sarkozy à l’Élysée).

« L’Europe cherche, avec raison, à se donner une politique et une monnaie communes, mais elle a surtout besoin de se donner une âme », nous rappelle fort justement André Frossard. D’âme, elle n’en a toujours pas en dépit des propos rassurants d’Emmanuel Macron devant le Bundestag (18 novembre 2018). De volonté, elle n’en a toujours pas en dépit des déclarations lénifiantes de nos fédérastes indécrottables, meilleur carburant des « populistes ». De cap, elle n’en a toujours pas en dépit des incantations jupitériennes (passablement affaibli sur la scène intérieure depuis l’affaire Benalla et les manifestations des « gilets jaunes » comme sa collègue Angela qui se rapproche de plus en plus de la sortie). De la confusion ne peut naître un nouvel élan salvateur en Europe. « À ceux qui rappellent qu’il n’est pas de démocratie sans souveraineté des peuples, il (Emmanuel Macron) répond donc par un concept magique : la souveraineté européenne…

L’idée d’une armée européenne est certes aussi séduisante intellectuellement que vague dans ses contours, mais elle a le mérite de poser le problème de l’indépendance de l’Europe »22. [Pour mémoire, Emmanuel Macron parle d’être « plus souverain en européen » et de « doter l’Europe des outils de sa souveraineté »]23. Indépendance, tel est le mot fondamental si l’Europe veut exister et peser sur la scène internationale. Mais nous en sommes encore loin tant la servitude volontaire tient le haut du pavé dans nombre de capitales européennes et la diplomatie de l’incantation et du verbe est reine à l’Élysée. En définitive, et sauf évènement majeur imprévu, les idées chères à Emmanuel Macron de défense européenne, d’armée européenne doivent être religieusement rangées dans la catégorie des billevesées et des calembredaines.

Guillaume Berlat
26 novembre 2018

1 Secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN), de nationalité norvégienne.
2 Nicolas Barotte, Angela Merkel plaide pour une « vraie armée européenne », Le Figaro, 14 novembre 2018, p. 7.
3 www.cvce.eu/education/unit-content/
4 www.cvce.eu/obj/traite_de_bruxelles_17_mars_1948-fr
5 www.defense.gouv.fr/dgris/action-internationale/l-ue-et-la-psdc/l-union-europeenne-et-la-politique-de-securite-et-de-defense-commune
6 Guillaume Berlat, Défendre l’Europe ou défendre l’OTAN, www.prochetmoyen-orient.ch , 11 décembre 2017.
7 Guillaume Berlat, Défense européenne : vie et mort d’un mythe, www.prochetmoyen.ch , 26 février 2018.
8 Essai d’Albert Camus publié en 1942. Il fait partie du « cycle de l’absurde ».
9 L’ »affectio societatis », est une locution d’origine latine utilisée pour désigner l’élément intentionnel indispensable à la formation du lien qui unit les personnes qui ont décidé de participer au capital d’une société qu’elle soit civile ou commerciale, www.dictionnaire-juridique.com/definition/affectio-societatis.php .
10 Hervé de Charrette, Opération raisins de la colère. L’histoire secrète d’un succès diplomatique français, CNRS éditions, 2018, p. 160.
11 www.ladocumentationfrancaise.fr/dossiers/d000131-l-europe-de-la-defense/le-dispositif-prevu-pour-la-politique-europeenne-de-securite-et-de-defense
12 Guillaume Berlat, L’atlantisme : une passion française, www.prochetmoyen-orient.ch , 11 décembre 2017.
13 Jacques Julliard, L’Union de l’Europe démontrée par Donald Trump, Marianne, 16-22 octobre 2018, p. 6.
14 Louis Haushalter, Le virage contraint de Macron, Marianne, 16-22 novembre 2018, pp. 91-92.
15 Arthur Berdah/Marion Mourgue, En difficulté, Macron accélère et élargit ses consultations pour les Européennes, Le Figaro, 22 novembre 2018, p. 6.
16 François Bonnet, Défense européenne : un fantôme qui parle le « volapük intégré », www.mediapart.fr , 18 novembre 2018.
17 Thomas Schnee, Pourquoi les Allemands rejettent l’armée européenne de Macron, www.mediapart.fr , 16 novembre 2018.
18 Florence Parly (propos recueillis par Alain Barluet), « Il faut faire avancer l’Europe de la défense le plus vite et le plus loin possible », Le Figaro, 23 novembre 2018, pp. 1 et 7.
19 Emmanuel Paquette/Romain Rosso, « L’Europe est fragile et doit se défendre », www.lexpress.fr , 16 novembre 2018.
20 Louis Gauthier, « 2019 sera une année cruciale pour la défense européenne », Le Figaro, 22 novembre 2018, p. 18.
21 Union européenne : voici les résultats des consultations des Français, www.lejdd.fr , 18 novembre 2018.
22 Natacha Polony, Quand Macron découvre enfin l’Europe, Marianne, 16-22 novembre 2018, p. 4.
23 Discours du président de la République, Emmanuel Macron devant le Bundestag, Berlin, 18 novembre 2018.

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 26-11-2018

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Commentaire recommandé

Fritz // 30.11.2018 à 07h55

Bon article de M. Berlat, j’ajouterai trois grains de sel :
1) Les prémices de la « défense européenne » ne remontent pas à l’immédiat après-guerre, mais à la Seconde Guerre mondiale, avec la « croisade européenne contre le bolchevisme ». Emmanuel Macron peut se réclamer avec fierté de glorieux précédents : la LVF, la division Azul, la division Skanderbeg, la division Wallonie, la division Charlemagne, au nom si européen…

2) La signature du Pacte Atlantique (4 avril 1949) n’a pu être motivée par la peur suscitée par l’explosion de la première Bombe A soviétique (fin août 1949), ni par la guerre de Corée qui commence en juin 1950. En revanche, la signature du Pacte de Varsovie (1955) était bien motivée par la menace représentée par l’OTAN, qui venait d’intégrer la RFA. Les Russes n’ont pas oublié les invasions occidentales de 1812 et 1941.

3) En 1966, la France ne s’est pas retirée du commandement militaire intégré de l’OTAN : elle est bel et bien sortie de l’OTAN, c’est-à-dire de la structure militaire intégrée correspondant au Pacte Atlantique. La presse de l’époque et les propos du général de Gaulle à Peyrefitte sont très clairs là-dessus. Et d’ailleurs, l’OTAN est elle aussi sortie de la France, en déménageant son QG en Belgique, en même temps que les soldats US évacuaient leurs bases françaises.

43 réactions et commentaires

  • Linder // 30.11.2018 à 06h38

    L’article ne mentionne qu’en passant l’article 42 du traité de l’Union Européenne. Il passe donc l’essentiel :

    Voici l’alinéa 2 : ». La politique de sécurité et de défense commune inclut la définition progressive d’une politique de défense commune de l’Union. Elle conduira à une défense commune, dès lors que le Conseil européen, statuant à l’unanimité, en aura décidé ainsi. ainsi. Il recommande, dans ce cas, aux États membres d’adopter une décision dans ce sens conformément à leurs règles constitutionnelles respectives. La politique de l’Union au sens de la présente section n’affecte pas le caractère spécifique de la politique de sécurité et de défense de certains États membres, elle respecte les obligations découlant du traité de l’Atlantique nord pour certains États membres qui considèrent que leur défense commune est réalisée dans le cadre de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) et elle est compatible avec la politique commune de sécurité et de défense arrêtée dans ce cadre.  »

    L’unanimité est attendue ? Mais les intérêts des états étant divergeants, cette unanimité est impossible.

    Mais surtout, la compatibilité, affirmée à l’avance, signifie « SOUMISSION », soumission à l’OTAN.

    La défense européenne existe, c’est l’OTAN. L’OTAN assure la paix en Europe comme la triple alliance a assuré la paix de la France, au moins jusqu’au 27 juin 1914.

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  • Kiwixar // 30.11.2018 à 07h13

    Je vais être sarcastique : une armée européenne est indispensable pour défendre les « valeurs européennes » notamment écologiques et imposer une taxe co2 (payable en pétrole/gaz) aux producteurs d’hydrocarbures responsables des changements climatiques et de la disparition des petits oiseaux.

    Le sous-sol de la Terre étant une ressource COMMUNE à tous les pays, il est légitime de demander aux pays qui forent cours pour pomper ce bien commun qu’ils partagent leur trouvaille avec les pays qui sinon devraient forer très long et très en biais. L’armée européenne fera oeuvre d’un noble altruisme en s’assurant que les foreurs courts partagent équitablement et écologiquement ce bien commun, tout en payant une contribution au budget de l’UE supervisant ce projet d’intérêt général.

    Evidemment, cet altruisme écologique de l’Europe n’est pas organisé contre un quelconque pays en particulier, d’ailleurs la Russie peut se proposer de participer de son plein gré à ce programme européen, car l’Europe c’est la paix quand on obéit volontairement aux injonctions suggérées par cette armée européenne de défense de nos « valeurs ».

      +9

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  • DUGUESCLIN // 30.11.2018 à 07h16

    Pour qu’une armée européenne existe, il faudrait d’abord que l’union européiste soit représentative de l’ensemble de l’Europe et de toute l’Europe. Il faudrait que les européistes défendent les intérêts des peuples d’Europe et non pas les intérêts de financiers apatrides. Il faudrait que les européistes se libèrent de la mentalité impérialiste anglo-américaine de domination du monde par la force, la finance et le mensonge.
    Une petite armée européiste prête à se battre contre un autre pays européen devenu militairement supérieur ça n’a pas de sens. Le petit européisme armé anti-européen et russophobe contre la vraie Europe, c’est ridicule.
    Une armée européenne aurait un poids réel si elle était celle d’une alliance européenne de l’Atlantique à l’Oural et qui serait garante des souverainetés dans le monde, respectueuse des peuples, de leur ressources et de leurs cultures.
    Autrement dit une Europe armée de paix et d’équilibre qui par sa puissance imposerait le respect des intérêts de chacun plutôt que l’ingérence. Une alliance armée, qui garantirait les échanges et le respect plutôt que la domination la soumission et l’exploitation des pays plus faibles, qui tiendrait à distance les rapaces qui bombardent tout ce qui s’oppose à eux.

      +24

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    • DUGUESCLIN // 30.11.2018 à 08h30

      Pour qu’une armée européenne ait un sens il faudrait qu’elle implique tous les pays d’Europe.
      Qu’elle soit un équilibre entre l’Asie et l’Amérique. Qu’elle soit la force d’un nouvel ordre mondial. Celui du respect des souverainetés.
      Sinon ce sera une taxation supplémentaire qui enrichira les marchands d’arme, et que le peuple, déjà surtaxé, devra supporté. Passer des gilets jaunes aux gilets rouges, c’est que veut notre élu par défaut? Payer pour en plus s’exposer à des menaces de guerre intra-européenne, c’est vraiment la dernière chose que nous ne pourrions accepter.
      L’européisme des technocrates, valets des financiers, ça commence à bien faire.

        +7

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      • Dominique65 // 02.12.2018 à 12h35

        « Pour qu’une armée européenne ait un sens il faudrait […] Qu’elle soit la force d’un nouvel ordre mondial. Celui du respect des souverainetés. »
        Les dernières aventures françaises, Libye, Syrie, montrent que le respect des souverainetés est le dernier des soucis de sa « défense ». Macron veut-il imposer son peu de respect pour les lois internationales au reste de l’UE ? Quant à l’UE, elle refuse toute souveraineté aux pays la composant.

          +2

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  • Kiwixar // 30.11.2018 à 07h27

    D’un point de vue capitaliste, les dépenses militaires ont des avantages :
    – ce sont des biens consommables (dépenses permanentes)
    – c’est l’Etat (le contribuable) qui paie, donc si on veut maintenir le sans-dents au niveau de subsistance (ou en-dessous), il suffit d’ajuster le niveau de dépenses militaires
    – il suffit de faire un peu peur pour augmenter les dépenses (donc les recettes)
    – on peut imposer la fabrication locale pour des raisons de sécurité, en parsemant quelques usines sur tout le territoire, afin que les locaux défendent d’eux-mêmes la fabrication (donc les dépenses)
    – des programmes spéciaux faramineux (F-35) permettent des niveaux de profit que le secteur privé ne permet pas

      +14

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  • LBSSO // 30.11.2018 à 07h45

    « Allons ! Donnez votre armée ! ».

    « Il serait inadmissible que la défense nationale française , la direction de l’effort militaire français, puissent être assurées par quelqu’un d’autre qu’un français. Cela serait intolérable. Du moment qu’il s’agit de la défense de notre territoire, il n’y a que des Français qui puissent en être responsables. Ce que l’on est en train de faire dans le mystère me paraît bien inquiétant ».
    (14 11 1949)
    « Je crois, en effet, que l’Alliance sera d’autant plus grande et plus forte que les grands Etats s’uniront sous la forme de la coopération où chacun porte sa charge, plutôt que sous celle de l’intégration où les peuples et les gouvernements se trouveront peu ou prou dépouillés de leur rôle et de leur responsabilité dans le domaine de leur propre défense »
    (23 03 1959)
    «Enfin dernières en date , ces pressantes invitations : « l’Allemagne doit se refaire ses forces .On fondra les siennes avec les vôtres dans un organisme apatride dont disposera le commandement américain et qui , par la force des choses, ne pourra manquer de devenir l’instrument militaire de la politique germanique. Allons ! Donnez votre armée ! ». Il est répondu : « Voilà , pour être dissous dans ce monstrueux organisme, ce qui depuis mille ans , a été l’armée française ! Voilà même , de notre cru, un projet « d’armée européenne » où la notre disparait corps et âme ! ».
    (Dernières assises du RPF)

    Extraits de discours de De Gaulle

      +29

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    • D’Aubrac // 30.11.2018 à 10h00

      Extraits dont la substance est toujours d’actualité.
      On peut compter sur la pertinence de la pensée de de Gaulle s’agissant des questions de fond.
      Merci.

        +8

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      • LBSSO // 30.11.2018 à 13h19

        « Dérisoire », un adjectif si modeste.

        @D’Aubrac,
        j’ai retenu par cœur (*) une phrase , contrairement à celles ci-dessus que j’ai recherchées dans mes bouquins.Je vous la livre pour vous remercier de votre commentaire et la partager avec les lecteurs du blog . Sans doute la connaissez-vous déjà:

        « Il n’est pas interdit d’imaginer qu’un jour tous les peuples de notre continent n’en feront qu’un et qu’alors il pourrait y avoir un gouvernement de l’Europe, mais il serait dérisoire de faire comme si ce jour était venu »
        (23 7 1964, j’ai cherché la date…)

        « Dérisoire »… et je me permettrais d’ajouter…dangereux.

        (*) Lors d’un petit débat public auquel j’assistais lors de la campagne sur Maastricht, un conférencier défendait le traité.Une personne, âgée, d’évidence modeste, reprend les mots de la phrase ci-dessus mais sans en faire une citation, sur un ton normal.Le conférencier le remballe, d’un ton un peu surplombant .C’est alors que la personne se lève et imitant la voix du général, reprend les mots précédents et nomme son auteur. Il ajouta que de Gaulle avait certainement apprécié « de là où il est, c’est à dire un peu plus haut que cette estrade » la réponse du conférencier. 🙂

        Ps: merci @Fritz pour votre réponse sincère.

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        • Fritz // 30.11.2018 à 14h18

          Merci, @LBSSO. Belle anecdote, et combien révélatrice.

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  • Fritz // 30.11.2018 à 07h55

    Bon article de M. Berlat, j’ajouterai trois grains de sel :
    1) Les prémices de la « défense européenne » ne remontent pas à l’immédiat après-guerre, mais à la Seconde Guerre mondiale, avec la « croisade européenne contre le bolchevisme ». Emmanuel Macron peut se réclamer avec fierté de glorieux précédents : la LVF, la division Azul, la division Skanderbeg, la division Wallonie, la division Charlemagne, au nom si européen…

    2) La signature du Pacte Atlantique (4 avril 1949) n’a pu être motivée par la peur suscitée par l’explosion de la première Bombe A soviétique (fin août 1949), ni par la guerre de Corée qui commence en juin 1950. En revanche, la signature du Pacte de Varsovie (1955) était bien motivée par la menace représentée par l’OTAN, qui venait d’intégrer la RFA. Les Russes n’ont pas oublié les invasions occidentales de 1812 et 1941.

    3) En 1966, la France ne s’est pas retirée du commandement militaire intégré de l’OTAN : elle est bel et bien sortie de l’OTAN, c’est-à-dire de la structure militaire intégrée correspondant au Pacte Atlantique. La presse de l’époque et les propos du général de Gaulle à Peyrefitte sont très clairs là-dessus. Et d’ailleurs, l’OTAN est elle aussi sortie de la France, en déménageant son QG en Belgique, en même temps que les soldats US évacuaient leurs bases françaises.

      +37

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    • Le Rouméliote // 30.11.2018 à 09h49

      D’ailleurs les Anglo-Saxons n’ont jamais compris la différence essentielle entre OTAN et Pacte Atlantique, tant pour eux, que les deux termes, l’un diplomatique, l’autre l’organisation militaire des buts diplomatiques fixés par le Pacte, sont identiques. Toute politique de défense doit constituer un appui à une politique étrangère : l’OTAN est le bras armé de la diplomatie américaine, c’est clair. Durant les années 1920/30, les dirigeants français ne l’avaient pas compris en construisant la Ligne Maginot (politique militaire défensive) et en organisant des alliances de revers contre l’Allemagne (politique étrangère offensive), d’où 1940 ! Une armée européenne n’a aucun sens, sinon d’être une armée supplétive de celle des États-Unis, en l’absence de politique étrangère européenne commune. Macron est donc un collabo, adepte de la célèbre affiche : »Populations abandonnées, faites confiance au soldat allemand ! »

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    • LBSSO // 30.11.2018 à 10h07

      G Berlat, un perdreau de l’année ?

      Votre point 2:
      Remettons les choses dans l’ordre
      – 4 avril1949 : signature du Pacte Atlantique donnant naissance au Conseil de l’Atlantique nord (CAN), principal organe de décision politique.
      – Août 1949: bombe A soviétique.
      – Juin 1950 : guerre de Corée.
      – Fin 1950: le CAN décide la création d’une organisation militaire intégrée permanente
      G Berlat ne fait pas donc d’anachronisme.Il écrit précisément « la première bombe atomique soviétique et le déclenchement, en juin 1950, de la guerre de Corée ont ACCÉLÉRÉ la mise en place de la structure militaire intégrée de l’OTAN »
      Vous transformez ses propos :« ont accéléré la mise en place de la structure » ne signifie pas comme vous l’écrivez « ont motivée la signature ». On signe puis on effectue la mise en place et si nécessaire on l’accélère.
      Ainsi vous corrigez des propos de G Berlat ( pour défendre une juste thèse : OTAN avant pacte de Varsovie ) qu’il n’a pas formulés.

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    • LBSSO // 30.11.2018 à 10h13

      G Berlat, un perdreau de l’année (suite et fin) ?
      Votre point 3 :
      -Préambule: L’OTAN est l’acronyme de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (texte du 4 avril 1949).
      -Déclaration de De Gaulle 21 02 1966 :
      « Eh bien ! Si la France considère, qu’encore aujourd’hui, il est utile à sa sécurité et à celle de l’Occident qu’elle soit alliée à un certain nombre d’États, notamment à l’Amérique, pour leur défense et pour la sienne dans le cas d’une agression commise contre l’un deux, si la déclaration faite en commun à ce sujet, sous forme du Traité de l’Alliance Atlantique signé à Washington le 4 avril 1949, reste à ses yeux toujours valable, elle reconnaît, en même temps, que les mesures d’application qui ont été prises par la suite ne répondent plus à ce qu’elle juge satisfaisant, pour ce qui la concerne (…). »
      Le Traité de l’Alliance Atlantique du 4 avril 1949 reste pour De Gaulle toujours valable .Il le dit clairement ici (et ailleurs). Mais,Il sort de son Organisation. Dans OTAN , De Gaulle se retire de  » l’O »rganisation (commandement militaire intégré) mais adhère toujours au « TAN » .Aussi, il crée la force atomique et demande au siège de » l’O  » de déménager. C’est un entre-deux.
      Ici, vous reprenez donc à tord G Berlat pour soutenir, encore une fois, une thèse juste (volonté d’indépendance de la France de cette époque).

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      • Fritz // 30.11.2018 à 12h02

        Ce grain de sel n° 3 n’était pas dirigé contre M. Berlat, mais contre ceux qui nous répètent : « en 1966 la France n’est pas sortie de l’OTAN, elle s’est seulement retirée de son commandement intégré », comme pour minimiser le geste infâme de Chirac et Sarkozy qui ont remis la France dans l’OTAN.
        En fait, la Farnce était sortie de l’OTAN, comme le rappelait encore M. Balladur dans une tribune du Figaro en décembre 1980. En revanche, de Gaulle a maintenu la France dans l’Alliance atlantique : « l’Alliance oui, l’OTAN non ! « , disait-il à Alain Peyrefitte.
        Les deux sont bien distincts, comme vous le soulignez à juste titre dans votre première mise au point qui rétablit la chronologie. Pour ceux qui confondraient l’Alliance atlantique et l’OTAN, il y a un précédent : la France de 1914 faisait partie de la Triple Entente, mais il n’y avait pas d’organisation militaire intégrée, et il fallut attendre 1918 pour avoir un commandant interallié (Ferdinand Foch).

        Je pense qu’aujourd’hui, un homme d’État soucieux de rétablir notre indépendance nationale devrait sortir de l’OTAN, mais aussi dénoncer le Pacte atlantique.

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  • Kokoba // 30.11.2018 à 08h15

    Une armée Européenne n’a aucun sens actuellement.
    Rappelons une évidence : l’armée obéit au politique. Hors l’Union Européenne n’a aucune politique. Ce n’est même pas un pays.
    Nos imbéciles de politiques font tout à l’envers. Il faudrait d’abord contruire l’Europe en vrai pays, avec un vrai gouvernement démocratique, des frontières, une politique extérieure. Et ensuite, ce pays pourrait avoir une armée.

    J’imagine que certains à Bruxelles aimeraient avoir un bras armé directement au service de l’oligarchie. Mais ils vont vite se rendre compte des limites. Le jour où on enverra des soldats Allemands mourir en Afrique pour les intérets de Bolloré, çà va rapidement les énerver (armée professionelle ou pas).

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    • Kiwixar // 30.11.2018 à 10h18

      « armée obéit au politique. Hors l’Union Européenne n’a aucune politique »

      L’UE a une politique oligarchique au profit des multinationales et de leurs actionnaires. L’ « armée européenne » serait donc un bras armé de ces multinationales. Google, Bayer ou les Iles Caymans sont embêtés par un pays démocratique réfractaire? Hop, l’armée européenne lui tombe dessus. Un pays gênant (la Hongrie) souhaite soutirer des impôts à Apple ou Microsoft (hérésie!), hop, quelques bombardements de F35.

      Les Gilets Jaunes souhaitent changer la Constitution Française pour la rendre démocratique (votations, Constitution écrite par les citoyens)? Hop, l’armée européenne tire dans le tas.

      Oui, car de plus en plus, dans nos pays « démocratiques », l’armée agit à l’intérieur des frontières.
      Evidemment, aucun militaire français ne tirera sur ses compatriotes. Par contre, un Lithuanien, un Roumain ou Slovaque? Tirer sur un Gilet Jaune? Ils sont bien visibles. Voilà le rôle premier d’une armée européenne : maintenir l’ordre dans l’UE en cas de trouble grave (émeutes anti-oligarchiques).

      Pas étonnant que Putijer remette le sujet sur le tapis juste quand les Gilets Jaunes l’embêtent.

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    • JMD // 30.11.2018 à 14h39

      Une armée européenne n’a pas de sens.
      Une armée des nations européennes oui au vu des intérêts de plus en plus divergents des Etats-Unis et de l’Europe
      Thinkerview : général Vincent Desportes
      https://www.youtube.com/watch?v=yKjsOzPaHKg

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  • Christian Gedeon // 30.11.2018 à 08h16

    Ce sujet est un piège à…. parce qu on parle de quelquechose qui n’existe pas,tout simplement. Il y en Europe deux armées qui ressemblent à quelquechose la française et la britannique. Et une série de sous armées l’italienne l espagnole et la polonaise. Une armée c’est d’abord une volonte et ensuite un budget. Absence des deux. Donc ce n’est pas la peine de se fatiguer sur ce sujet.

      +10

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  • calal // 30.11.2018 à 08h59

    J’ai toujours eu peur que macron,ex-banquier, prenne des decisions « irreversibles » et graves en engageant la france dans des traites internationaux ou europeens lourds de consequence.Cette question d’une « armee europeenne » confirme mes craintes.Mais 20 millions de francais ont pense au second tour de la presidentielles que Macron allait prendre de meilleures decisions que marine Lepen sur toutes ces questions .

    Si l’on est respectueux du contrat social lie a la democratie, on respecte cette decision meme si l’on peut s’etonner qu’apres ces memes francais s’abstiennent en masse lors de l’election ulterieure des deputes.PArce que ce sont les deputes qui avalisent ou non au final des decisions de ce genre. Les francais par leur abstention ont donne une majorite parlementaire et les coudees franches a macron pour toutes les revisions de constitution qu’il veut,en particulier pour cette « armee europeenne ».

    LEs gilets jaunes sont peut etre le symptome que ces abstentionnistes se rendent compte de la gravite de leur erreur.C’est sans doute pour cela que certains reclament une dissolution de l’assemblee nationale. MAcron gagnerait en legitimite democratique s’il y concedait.S’il en sortait avec toujours une majorite,toutes les reformes suivantes qu’il entreprendrait seraient incontestables sur le plan de la legitimite democratique,meme la cession du bouton nucleaire ou du droit de veto de la france au conseil de securite.
    Je ne pense pas qu’il dissoudra.Que les citoyens apprennent de leurs erreurs en en payant les consequences…

      +6

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    • Alfred // 30.11.2018 à 21h13

      Calal, je suis le premier à maudire les imbéciles qui ont laissé élire Macron mais je vous trouve trop sévère : direz vous d’un enfant qui traverse la route sans regarder et qui meurt écrasé « qu’il apprenne de ses erreurs »? Non. Il en est de même de la France et des français. Il ne faut pas le laisser aller si loin, quelque soit l’erreur commise par les français car certains actes sont définitifs. Nous paierons la résolution bde certains problèmes mis en place par cet exécutif dans le sang.
      Il est indispensable d’obtenir une dissolution de l’Assemblée même si ça prend six mois.
      Trois ans de dynamitage par des gens (presideent ET élus LREM) qui n’ont plus rien à perdre (ils sont assurés de ne faire qu’un mandat) et tout à gagner (servir l’argent pour pantoufler) à nous trahir, c’est du suicide.
      Si les français n’ont un minimum d’instinct de survie c’est dissolution ou révolution.

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  • Babar // 30.11.2018 à 09h13

    Pourquoi ne pas « ressortir » de l’OTAN?

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  • max // 30.11.2018 à 09h33

    Je ne sais pas si c’est réalisable mais je vois de nombreux aspects qui devront être abordés.
    Le premier est la langue et je ne vois que l’Anglais qui est commun a tous et les français ont souvent trainés les pieds pour l’utiliser.
    Le second est que les avantages doivent être supérieurs aux inconvénients pour les participants.
    Ce qui ouvre un autre débat, la spécificité française, sa force nucléaire et son siège a l’ONU.
    Ce sont les derniers attributs de la puissance de la France, y renoncera t’elle pour l’Allemagne ?
    Pour des raisons parfois égocentriques la France a souvent évoqué ces deux perspectives comme miroir aux alouettes vis-à-vis de l’Allemagne.
    La GB eu la sagesse de ne faire aucune allusion de ce genre et soulignant son particularisme.
    La France se trouve de plus en plus piégé par ses discours pro-européens et l’Allemagne lui demande de passer aux actes.
    La France se trouve également piégé par ses appels récurant a une modification du rôle de l’ONU (afin d’affaiblir la Russie et la Chine) sans se rendre compte qu’elle est le maillon faible parmi les cinq membres du conseil de sécurité.
    En attendant, les particularismes des nations composants l’UE est supérieur à l’idée d’UE heureusement soit-dit.

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  • Louis de Constance // 30.11.2018 à 11h15

    Les Européens peuvent discutailler autant qu’ils le peuvent, ils ne feraient pas le poids , militairement, contre une quelconque invasion de la Russie ou des USA; ces derniers ne le feraient que par défiance et pour défendre leurs intérêts vitaux . Soyons réalistes dans l’identification de nos ennemis mortels immédiats qui ne sont ni Moscou, ni Pékin, ni Washington. Non, nos ennemis mortels , ceux qui veulent remplacer notre civilisation par la leur sont les Islamistes ! Et ils sont parmi nous, à l’intérieur de nos territoires et à l’extérieur ; ça fait beaucoup . Les Américains les combattent déjà à eux tout seul. Ou presque . Une armée européenne ? Avec quel budget? Quel commandement et surtout quel mental ?

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    • Chris // 30.11.2018 à 13h59

      Tiens, Loulou se dévoile !
      Les Islamistes ? Ces mercenaires – pas toujours commodes (1) – que l’Occident à produit à tour de bras à l’aide de la fabrique et finances saoudiennes ?
      (1) Les Américains les combattent déjà à eux tout seul. J’ai failli m’étrangler de rire.
      Un commentaire qui me fait penser irrésistiblement à cette chanson de Brel : « non Jeff, t’es pas tout seul, arrête de chialer parce qu’une trois quarts putain t’a claqué dans les mains ».
      A force de putasser à tous les étages, les Occidentaux récoltent ce qu’ils ont semé…

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    • Linder // 30.11.2018 à 17h17

      En cas d’invasion de la Russie ? C’est méconnaître la guerre moderne. La Russie ne peut pas envahir l’Allemagne, encore moins la France. Elle peut envoyer des missiles, mais pas de troupes au sol : ce seraient des cibles faciles et les lignes logistiques seraient encore plus fragiles.

      Les pays industrialisés ne peuvent plus se faire la guerre entre eux : un exemple très simple : en 1999, quand l’OTAN a agressé la Serbie, elle a employé des bombes libérant du graphite sur des câbles hautes tensions à proximité immédiate des centrales électriques.

      Cela fait 0 mort direct et cela provoque un court circuit; il faut plusieurs jours pour nettoyer les câbles et rétablir l’électricité. Un pays sans électricité est très vite à genou.

      La Russie, comme l’Allemagne comme la France peuvent faire de telles bombes. Elles ne peuvent donc pas réellement s’attaquer l’un l’autre de peur de se retrouver sans électricité.

      Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres qui montrent que la confrontation directe entre puissances industrialisées n’est pas dans l’esprit des militaires, qui connaissent, eux, leur sujet.

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      • moshedayan // 01.12.2018 à 18h38

        Les bombardements sur la Serbie, désolé pour ma part, ils ont bien fait des morts, il suffit de se renseigner.
        La Serbie a cédé parce qu’effectivement les bombardements étaient efficaces et beaucoup omettent que plusieurs ponts furent détruits sur le Danube, ce qui l’asphyxiait et poussait les Etats riverains à faire pression sur la Serbie.
        A l’honneur de l’Armée yougoslave, un avion américain furtif fut abattu…

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        • Fritz // 01.12.2018 à 19h07

          Les Serbes ont même sorti une blague sur le F-117 abattu par leur DCA : « Excusez-nous, nous n’avions pas vu qu’il était invisible ».

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        • Linder // 02.12.2018 à 16h17

          Vous ne m’avez pas bien lu. Je sais que les bombardements de l’OTAN font des morts. Merci, de le préciser, mais je ne pense pas qu’une seule personne lisant régulièrement ce blogue puisse s’imaginer que ce ne soit pas le cas.
          Je parle d’une arme spécifique : les bombes à graphites. Je dis qu’on ne peut pas attaquer un pays qui en possède, car ils vous en enverra sur vos centrales, sans hésiter, alors qu’il hésitera sûrement à envoyer des bombes nucléaires.

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      • Fritz // 01.12.2018 à 19h21

        @Linder : les bombes de l’OTAN ont détruit un pays industrialisé (les raffineries de Pancevo, dès les premiers jours) et elles ont tué des centaines de civils yougoslaves. Citons le bombardement d’Aleksinac, sur le pont ferroviaire de Grdelica (au moment où passait un train de passagers), sur un autobus à Lužane, sur le marché et l’hôpital de Niš ; le pont de Varvarin, et deux bombardements meurtriers à Surdulica dont un sur le sanatorium…

        En mémoire de ces victimes, vous pouvez écouter cette chanson :
        https://www.youtube.com/watch?v=PoPWWYyf1x8

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        • Linder // 02.12.2018 à 16h23

          Frtiz, je lis avec intérêt vos commentaires réguliers, lisez les miens avant de les commenter. 0 mort par les bombes à graphites. n’attaquez pas un pays qui peut vous en envoyer et la France, l’Allemagne, la Russie peuvent le faire. Avec des drones, c’est même sans doute possible de faire une telle attaque par saturation des défenses et de priver tout un pays d’électricité, sans que ces bombes ne tuent qui que ce soit. Mais bien sur, 48H00 sans électricité, cela va faire des morts, mais ce ne sera pas les bombes; pas directement en tout cas; comme détruire les infrastructures d’eau en Irak, cela tuera des centaines de milliers de personnes, mais ce ne seront pas des morts directes.
          Et bien sur, je sais que l’OTAN n’a pas employer que des bombes à graphites mais aussi beaucoup de bombes à uranium appauvri (mais c’est sans risque pour la santé, une étude épidémiologique de 2 mois et indépendante, faite par des pays de l’OTAN, l’a démontrer (et je me sens maintenant obligé de dire que je suis ironique).

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        • Le Rouméliote // 02.12.2018 à 16h43

          @Fritz : Merci pour ce lien. Cette chanson magnifique est en grec : musique de Goran Bregovič et paroles de Lina Nikolakopoulou. Pour les sous-titres en français : https://www.youtube.com/watch?v=5apDH_WSrXI
          Ce n’est pas la meilleure interprétation, mais les paroles valent la musique.

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          • Fritz // 02.12.2018 à 21h39

            @ Le Rouméliote : merci beaucoup.
            @ Linder : je viens de relire votre commentaire informatif. Je me souviens de ces bombes à graphite, une belle hypocrisie, même s’il vaut mieux être privé de courant que déchiqueté par une bombe classique. J’ai tiqué sur un seul point : la Serbie était en 1999 un pays industriel, cela n’a pas empêché l’OTAN de larguer des bombes classiques contre ses usines et ses raffineries.

            Je suppose que vous vouliez dire qu’une guerre classique est impensable entre des pays aussi développés que la Russie, l’Allemagne et la France. Vous le démontrez, mais qui sait ? Un événement comme le bombardement de la Serbie était impensable, lui aussi, quelques années, voire quelques mois avant le 24 mars 1999.

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  • UnKnown // 30.11.2018 à 11h49

    Avant d’avoir une « armée européenne », il faudrait déjà avoir une politique étrangère européenne, qui elle, n’existe pas et n’existera probablement jamais dans une Europe à 27. La Pologne, la Hongrie ou les Pays Baltes, n’auront jamais les mêmes problématiques internationales que l’Espagne ou la France (ni les mêmes intérêts).
    Au placard cette idée, ou alors ne rassembler qu’une poignée d’Etats ayant des intérêts communs et des armées pouvant agir de manière homogène (Par exemple l’Espagne, Italie, France, et voir même la Grèce, ont des intérêts communs, notamment et rassemble à eux 4 la plus grosse Marine de Guerre de la Méditerranée). On pourrait même parler des forces Aériennes Françaises, Allemandes, Espagnoles et Italiennes, qui s’entraident régulièrement au niveau de la logistique (envoi de C-130 Allemand au Mali pour augmenter les capacités logistiques de la mission Française).
    Mais ça ne dépassera que rarement la coordination ou l’entraide ponctuelle.

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  • Kiwixar // 30.11.2018 à 12h00

    L’armée « européenne » est destinée à mater la population européenne.

    Comme on n’envoie pas des CRS locaux pour mater une manif, on ne peut pas utiliser l’armée française pour mater les Gilets Jaunes. Par contre, un soldat « européen » (lithuanien, roumain ou autre), pas de problème pour aller tirer dans un tas de Français réfractaires et « anti-européens ».

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  • christian gedeon // 30.11.2018 à 14h03

    Parmi les excellents et inattendues surprises de cette semaine;l’attitude de la chancelière allemande à propos de la mise en scène ridicule de la mer d’Azov. Elle a littéralement envoyé Porochenko sur les roses pour ce qui concerne l’envoi de bâtiments de l’OTAN sur place.Alors là,bravo.et rebravo. L’autre excellente surprise,si j’ose dire est qu’après les bruits de couloirs dur une reddition de l’Italie en rase campagne sur son budget,l’Italie ait tenu bon,malgré l’augmentation du spread entre taux allemands et italiens…y aurait il eu négociation de dernière minute? çà n’empêche pas les voyous de l’ue d’annoncer les sanctions prochaines dans des termes quasiment mafieux.

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  • ima // 30.11.2018 à 14h52

    Premier gros problème qui situe bien les limites de l’auteur :
    « L’idée d’une armée européenne est certes aussi séduisante intellectuellement… » Non ce n’est pas du tout séduisant , même intellectuellement, ça signifie qu’on remet notre indépendance et notre souveraineté (rôle essentiel des armées) entre les mains d’un conglomérat aux contours mal définis, pouvant nous entraîner dans des conflits où nous n’avons rien à faire.
    Ils essaieront tout pour faire passer leur idée d’abandon de la Nation !

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  • serge // 30.11.2018 à 15h01

    Dans le contexte actuel et qui dure depuis un moment, une armée européenne ne serait que des troupes d’auxiliaires des US. Probablement que ceux-ci seraient ravis de n’avoir que des officiers et quelques pilotes de bombardiers stratégiques américains dans les (800) bases installées aux 4 coins du monde et tout le reste, la piétaille, en lieu et place de leurs troupes à eux. Et bien évidemment tous formés sur des matériels US bien obligeamment achetés par chacun des états européens, ce qui est somme toute déjà le cas, pour d’évidentes raisons de formation et de synergie.
    De plus elle serait sur le modèle de l’OTAN, au sens que la partie Atlantique Nord étant déjà fortement dévoyée (voir l’ex-Yougoslavie, l’Afghanistan, les flottes en est méditerranée…) n’aurait pas besoin d’être élargie pour apporter un renfort aux rodomontades US en mer de Chine par exemple.
    Bref, outre l’aspect bien décrit par d’autres commentaires concernant l’aspect pratique d’envoyer des lituaniens mater des italiens au cas où, la dilution de l’esprit « défense du territoire » permettait une création de milice inter-états sur budget public, ce qui est quand même le summum de l’enfumage.

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  • damien // 30.11.2018 à 23h08

    Avant de parler d’armée ou de défense européenne sur le fond ou sur la forme, il faudrait déjà être d’accord sur la définition des menaces qui pèsent sur l’Europe pour les 50 ans qui viennent. La menace est-elle une invasion de chars russes ? la menace est-elle une pluie de missiles iraniens ? La menace est-elle 1 milliard d’africains à naître sur des terres en voie de désolation ?

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    • Catalina // 30.11.2018 à 23h42

      la menace est-elle l’hégémonie américaine qui ne supporte pas de déchoir ? le dollar qui ne peut plus raquetter le monde entier ?
      Damien, vos peurs ne sont pas fondées sauf par la télé et les medias, lisez et servez-vous de votre cerveau, vous verrez, au début, c’est dur, mais ensuite, on se sent mieux.
      Vous m’avez bien fair rire avec vos chars russes et les bombes iranniennes, merci !!!

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  • Catalina // 30.11.2018 à 23h29

    EUROGENDFOR, pas d’armée européenne mais ? la police européenne arrive. Preuve d’une dictature de l’UE ?
    « Donc, en pratique, cela signifie qu’en Italie, par exemple, (mais aussi dans d’autres pays européens, NDT), dans la rue il y aura de vrais policiers qui n’auront plus à répondre de leurs actions ni devant l’état Italien ni devant la commission européenne. »

    https://lesobservateurs.ch/2014/11/21/arriva-eurogendfor-gestapo-al-soldo-dei-burocrati-di-bruxelles-prove-di-dittatura-ue/

    En résumé des mercenaires sans foi et il faut le dire, insousmis aux lois !!! et qui pourront tuer sans avoir de compte à rendre à personne…
    Seront-ils là demain, à Paris ?

    C’est quoi ça ? et comment que ça peut exister ??

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  • moshedayan // 01.12.2018 à 19h19

    L’analyse de Guillaume Berlat me paraît bien légère; critiquable quand elle s’appuie sur la chronologie des faits.
    L’Armée européenne a bien un sens pour votre président E. Macron et la chancelière A. Merkel, il s’agit d’une future co-gestion de la défense germano-française, intégrant le siège au Conseil de sécurité de l’ONU et la dissuasion nucléaire française.
    A Verdun, votre président a été très clair : la Russie est l’ennemie future.
    G. Berlat a quand même un mérité : il rappelle comment vos dirigeants actuels travaillent leurs projets contre la Russie, en prétextant la question de Crimée qui est une terre russe.
    Or cette terre russe fut donnée administrativement par l’apparatchik communiste Khrouchtchev, par simple décret ! Ukrainien, lui-même, et impliqué dans nombre de répressions. Très beau retournement non !) , au nom des « valeurs démocratiques de la France ???
    J’ajoute encore que la diplomatie française soutient la clique nationaliste et antisémite à Kiev; comme elle soutient au fond MBS en Arabie saoudite….

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