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30.janvier.202430.1.2024 // Les Crises

Bruxelles menace de frapper l’économie hongroise si Viktor Orbán oppose son veto à l’aide à l’Ukraine

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La stratégie de l’UE vise à saboter l’économie hongroise si Budapest bloque une nouvelle aide à l’Ukraine. Viktor Orbán, le premier ministre hongrois, s’est engagé à bloquer l’utilisation du budget de l’UE pour fournir une aide financière de 50 milliards d’euros à l’Ukraine, lors d’un sommet d’urgence des chefs d’État et de gouvernement qui se tiendra jeudi.

Source : Financial Times
Traduit par les lecteurs du blog Les-Crises

L’UE sabotera l’économie hongroise si Budapest bloque une nouvelle aide à l’Ukraine lors d’un sommet cette semaine, selon un plan confidentiel élaboré par Bruxelles qui marque une escalade significative dans la bataille entre l’UE et son État membre le plus pro-russe. Dans un document rédigé par des fonctionnaires de l’UE et consulté par le Financial Times, Bruxelles a défini une stratégie visant à cibler explicitement les faiblesses économiques de la Hongrie, à mettre en péril sa monnaie et à provoquer un effondrement de la confiance des investisseurs dans le but de nuire à « l’emploi et à la croissance » si Budapest refuse de lever son veto contre l’aide à Kiev. Viktor Orbán, le premier ministre hongrois, s’est engagé à bloquer l’utilisation du budget de l’UE pour fournir une aide financière de 50 milliards d’euros à l’Ukraine lors d’un sommet d’urgence des chefs d’État et de gouvernement qui se tiendra jeudi. S’il ne recule pas, les autres dirigeants européens devraient s’engager publiquement à interrompre définitivement tout financement de l’UE à Budapest, dans l’intention d’effrayer les marchés, de provoquer une ruée sur le forint et de faire grimper en flèche le coût des emprunts du pays, indique Bruxelles dans le document. C’est l’Europe qui dit à Viktor Orbán, ça suffit, il est temps de rentrer dans le rang.

« Vous avez peut-être un pistolet, mais nous avons le bazooka« , a déclaré Mujtaba Rahman, directeur pour l’Europe de l’Eurasia Group, une société de conseil. Le document déclare qu' »en cas d’absence d’accord lors du [sommet] du 1er février, d’autres chefs d’Etat et de gouvernement déclareraient publiquement qu’à la lumière du comportement peu constructif du premier ministre hongrois […] ils ne peuvent imaginer que » les fonds de l’UE soient fournis à Budapest. Sans ces fonds, « les marchés financiers et les entreprises européennes et internationales pourraient être moins intéressés par des investissements en Hongrie« , peut-on lire sur le document. Une telle sanction « pourrait rapidement entraîner une nouvelle augmentation du coût du financement du déficit public et une chute de la monnaie« .

János Bóka, le ministre hongrois de l’UE, a déclaré au FT que Budapest n’était pas au courant de la menace financière, mais que son pays ne cédait pas à la pression. « La Hongrie n’établit pas de lien entre le soutien à l’Ukraine et l’accès aux fonds de l’UE, et refuse que d’autres parties le fassent« , a-t-il déclaré. La Hongrie a participé et continuera à participer de manière constructive aux négociations. Toutefois, signe de la pression croissante exercée sur Budapest pour qu’elle trouve un compromis, M. Bóka a déclaré que Budapest avait envoyé une nouvelle proposition à Bruxelles samedi, précisant qu’elle était désormais ouverte à l’utilisation du budget de l’UE pour le paquet Ukraine et même à l’émission d’une dette commune pour le financer.

Le document, rédigé par un fonctionnaire du Conseil de l’UE, l’organe bruxellois qui représente les États membres, expose les vulnérabilités économiques de la Hongrie, notamment son « déficit public très élevé« , son « inflation très forte« , la faiblesse de sa monnaie et le niveau le plus élevé de l’UE en ce qui concerne le service de la dette par rapport au produit intérieur brut. Il explique comment « l’emploi et la croissance […] dépendent dans une large mesure » des financements étrangers qui reposent sur des niveaux élevés de financement de l’UE. Un porte-parole du Conseil de l’UE a déclaré qu’il ne commentait pas les fuites. Bruxelles a déjà exercé son influence financière sur des États membres, comme avec la Pologne et la Hongrie pour des questions d’État de droit et avec la Grèce pendant la crise de la zone euro, mais une stratégie visant explicitement à saper l’économie d’un État membre constituerait une nouvelle étape importante pour l’Union.

Trois diplomates de l’UE ont déclaré au FT que de nombreux pays soutenaient ce plan. « L’humeur est devenue plus dure« , a déclaré l’un d’entre eux. « Quel genre d’union avons-nous si nous permettons ce genre de comportement ? » Un autre a déclaré : « Les enjeux sont importants. C’est du chantage« . M. Bóka a déclaré au FT que Budapest souhaitait « explorer la possibilité d’une solution plus constructive et européenne » et a proposé de soutenir le plan de 50 milliards d’euros s’il obtenait un droit de veto annuel sur les paiements.

D’autres pays de l’UE ont déjà refusé cette suggestion, craignant qu’Orbán ne cherche à la bloquer chaque année pour obtenir de nouvelles concessions. Mais l’un des diplomates a ajouté qu’il n’y avait « aucune chance » que M. Orbán obtienne un droit de veto sur le financement. M. Bóka a déclaré que « la pression politique sur la Hongrie est continue et forte« , mais qu’elle n’a pas influencé les négociations de son gouvernement. « Nous avons dû faire un pas et nous espérons que l’autre partie fera preuve de la même flexibilité« , a-t-il ajouté.

Alors que 26 États membres ont un plan B pour envoyer de l’argent à Kiev en dehors du budget de l’UE, cela nécessiterait la ratification des parlements nationaux, ce qui entraînerait des retards et de l’incertitude. Plusieurs capitales se sont demandé s’il était possible d’utiliser l’article 7 du traité sur l’Union européenne, qui permettrait à Bruxelles de priver Budapest de ses droits de vote ou, selon un diplomate, de bloquer le versement de l’argent. Mais d’autres ont rejeté cette idée, car elle nécessite un soutien unanime et de nombreux pays sont réticents à l’idée de déployer une sanction aussi grave.

Bóka a déclaré qu’il était important que l’unité de l’UE soit « préservée« , ajoutant : « C’est pourquoi nous sommes prêts à faire des compromis tant qu’ils n’affectent pas nos intérêts vitaux ». Il a toutefois ajouté que si l’effort de compromis échouait, la proposition initiale de la Hongrie d’un fonds séparé pour l’Ukraine en dehors du budget de l’UE serait la préférence de Budapest.

Source : Financial Times – 29-01-2024
Traduit par les lecteurs du blog Les-Crises

Commentaire recommandé

Denis Monod-Broca // 30.01.2024 à 08h49

L’UE se comporte comme une foule, irresponsable comme toutes les foules, guidée par ses plus bas instincts comme toutes les foules, soudée par son hostilité à la Russie, unie par le sang ukrainien répandu, ne supportant pas celui qui rompt son unanimité…

La France, si elle était lucide et courageuse, si elle était fidèle à elle-même, si elle savait encore penser, sortirait de cette foule haineuse et aveugle.

16 réactions et commentaires

  • Denis Monod-Broca // 30.01.2024 à 08h49

    L’UE se comporte comme une foule, irresponsable comme toutes les foules, guidée par ses plus bas instincts comme toutes les foules, soudée par son hostilité à la Russie, unie par le sang ukrainien répandu, ne supportant pas celui qui rompt son unanimité…

    La France, si elle était lucide et courageuse, si elle était fidèle à elle-même, si elle savait encore penser, sortirait de cette foule haineuse et aveugle.

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    • utopiste pragmatique // 30.01.2024 à 10h44

      Il s’agit bien de bas instincts et d’irresponsabilité, mais êtes-vous certain que c’est le sang ou l’unanimité qui sont les motivations qui guide « l’Union Européenne » ? Moi je ne vois qu’avidité et démence.

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      • Denis Monod-Broca // 30.01.2024 à 14h44

        La démence est une conséquence du reste, je ne me prononcerai pas. La cupidité joue en effet un rôle éminent, c’est vrai, dans notre monde mondialisé livré à la compétition de tous contre tous. Mais il ne s’agit pas vraiment de ça ici. Il s’agit de faire bloc, tous ensemble, contre un coupable désigné, en l’affaire la Russie, et autour d’une victime, l’Ukraine, dont le sacrifice devrait (devait) assurer notre victoire et notre salut. Dans ces cas-là, l’unanimité est très importante, car un seul contestataire fait ressortir ce que tout cela a de foncièrement irrationnel, de radicalement contraire à tous les principes que nous prétendons par ailleurs défendre.

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  • Sylphe // 30.01.2024 à 09h58

    EU se comporte de plus en plus de manière dictatoriale.
    Elle gette notre argent par les fenêtres pour un clan de nazillons corrompus jusqu’à l’os.
    L’Ukraine à perdu la guerre, et l’OTAN avec.
    Malheureusement, la Hongrie est trop faible pour arrêter cette folie.

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    • Fritz // 07.02.2024 à 16h39

      C’est fou, mais je fais confiance à la Hongrie pour briser cette unanimité démente et mortifère. Après tout, la Hongrie est le pays qui a défié les blocs : en 1956 quand Imre Nagy a proclamé la neutralité hongroise face aux chars du Pacte de Varsovie, ce qui lui coûtera la vie ; en 1989 quand elle a levé le rideau de fer. Dans son ouvrage récent, Todd est relativement optimiste concernant la Hongrie.

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  • Dominique65 // 30.01.2024 à 10h32

    J’ai du mal à comprendre les motivations de l’ « UE ». Si les pays la composant veulent envoyer du financement à l’Ukraine, qu’ils le fassent ! D’ailleurs ils sont plusieurs à déjà le faire. Sous la présidence d’Ursula tout le monde doit être bien en rang et aucune tête ne doit dépasser. Il y a bien une raison invoquée, le retard que peut prendre la mobilisation des fond, mais ce n’est pas crédible : les retard qu’entraîne le refus d’Orbán sont bien plus longs. La vérité que je vois, c’est que le passage par la démocratie des États risquerait de montrer un engagement des populations bien plus faible, et c’est peut-être une litote, que celui de l’UE, à poursuivre le massacre des soldats ukrainiens et russes.

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    • azuki // 30.01.2024 à 20h44

      Il y en a dans le sous-sol qui ne rêvent que de déclarer ouvertement la guerre aux Russes, et l’Italie va diriger une des plus grandes manœuvres militaires assez ouvertement dirigées contre les Russes. Une position de refus d’Orban est inadmissible dans ce contexte agressif. Imaginez un lander qui aurait refusé «l’effort de guerre» du temps ou Hitler préparait sa guerre, ça la pose mal. Bien entendu l’Ukraine n’est qu’un prétexte et «sacrifier jusqu’au dernier Ukrainien» est considéré comme une vertu.

      De toute manière ça sent très mauvais pour nous, système finissant et en décomposition, qui sombre dans la corruption institutionnalisée et la violence a tous les niveaux de la société.

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  • bm607 // 30.01.2024 à 10h56

    AInsi donc l’uE veut contraindre financièrement un pays de l’uE pour filer du pognon… à un pays qui n’est pas de l’uE !
    La logique d’ursula est impénétrable.
    l’u€ fait donc à la fois preuve d’un comportement clairement dictatorial (dès qu’un vote ne lui convient pas, elle utilise tous les moyens pour le contourner. Ce n’est pas nouveau, CF Lisbonne..) et d’une volonté de mettre son nez partout (en quoi le conflit en Ukraine concerne-t-il l’u€ ? Certes on peut toujours trouver des arguments pour tout et pour son contraire, comme par exemple l’oTAN qui réussit a justifier qu’il ait des avis sur les frictions entre Taïwan et la Chine -vous ne saviez pas que Taïwan était dans l’Atlantique nord ?).
    Ce sont d’évidents symptômes d’une mégalomanie délirante (mais elle a l’exemple de son maître, les u$A, qu’elle copie servilement).
    Et après ça on va nous abreuver de « la démocratie blablabla.. ».
    Stupide, ridicule.
    Comme l’u€ en général, qu’il faudrait quitter au plus vite ça se confirme chaque jour.

    BM

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    • Pascalcs // 31.01.2024 à 14h50

      Quitter ce bateau ivre qu’est l’UE et laisser couler sans gilet de sauvetage les psychopathes qui l’administrent est une priorité absolue que certains s’évertuent à mettre en évidence depuis des années. Hélas, l’électeur français, toujours en retard d’une guerre vu le formatage médiatique et psychologique auquel il est quotidiennement soumis depuis le CP, n’arrive pas à s’y résoudre.

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  • Patrique // 30.01.2024 à 11h03

    Comme d’habitude les journalistes mentent. La Hongrie n’est en rien « pro-russe », elle est pro-hongroise. Et l’intérêt de la Hongrie c’est de ne pas donner son argent à l’Ukraine, c’est d’acheter le pétrole et le gaz le moins cher donc en Russie, c’est de ne pas déclencher de guerre nucléaire, etc…Tout le contraire de ce que fait la très pro-états-unienne UE.

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  • vl̩tava // 30.01.2024 à 11h17

    Chantage à la Hongrie.Que pense de ça Bruxelles?
    https://insolentiae.com/trahison-joe-biden-suspend-les-projets-de-gnl-gaz-et-frappe-leurope-en-plein-coeur/
    Trahison. Joe Biden suspend les projets de GNL (gaz) et frappe l’Europe en plein coeur.
    par Charles Sannat | 29 Jan 2024 |
    Ce qui se passe aux Etats-Unis est à peine croyable.
    Reprenons le fil des évènements.
    Les USA poussent les Européens à prendre des sanctions très fortes contre la Russie et notamment à stopper nos importations de gaz et de pétrole.
    L’Allemagne s’effondre en termes de production industrielle et c’est la crise énergétique en Europe avec des prix qui flambent et la peur de la pénurie et de la coupure de courant.
    Pour être certains que l’Allemagne n’irait pas reprendre du bon gaz russe, les Américains finissent par faire sauter les gazoducs Nordstream et accusent la Russie au passage.

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    • azuki // 30.01.2024 à 20h47

      Tu oublie le crime de haute trahison du Chancelier qui a donné son indispensable accord pour ce sabotage du pipeline payé par le contribuable Allemand…

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  • pinaute // 30.01.2024 à 13h43

    L’UE va déloquer la subvention sanctionnée de la Hongrie et Orban mettra dans la balance sa signature sur ce don de 50 milliards criminel de l’europette pour l’Ukraine. L’occasion est trop belle pour récupérer du fric qui manque beaucoup à son pays. Le chantage pratiquée par l’UE est devenu la méthode pour imposer à toutes les provinces du groupe ses volontés. Et dire que cet argent dans la cagnotte n’est que la somme des impôts payés par les membres provinciaux de cette patente européenne. Les européettes unifiées ont un urgent besoin de l’Intelligence artificielle pour guider leurs décisions car il est évident qu’il y a un manque de cerveau en santé dans ce coin du monde.

      +8

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  • RGT // 31.01.2024 à 11h57

    Finalement Viktor Orban devrait être encensé par tous les « gueux » ayant le malheur de vivre dans des pays subissant la dictature de la Komission…

    Quant aux menaces de ladite komission, elles ne seront rien en terme économique pour les hongrois comparé au désastre actuel des décisions passées de l’UERSS qui ont déjà atteint leur objectif : détruire l’économie €uropéenne pour le plus grand profit de nos « amis » américains.

    Finalement la France a fait la plus grande co****** de son histoire en aidant ces colonies à acquérir leur indépendance.

    Si elles étaient encore sous la tutelle de la perfide Albion la situation serait sûrement moins critique.
    Comme d’habitude, les dirigeants sont des ânes et ne prennent leurs décisions que pour assouvir leurs intérêts immédiats sans réfléchir sur le long terme…

    Désormais, c’est toute l’€urope qui est une colonie US qui alimente en permanence l’économie de cet empire au détriment des populations.

    Merci Viktor Orban de tenter de nous sauver de ce massacre si bien orchestré.

    Désormais les USA ne veulent plus financer le merdier dans lequel ils ont (avec les perfides anglois) dans leur désir de détruire la Russie et ce sont bien sûr les idiots de dirigeants €uropéens sur ordre de la Komission qui vont se ruiner encore plus pour le plus grand profit de l’oncle Sam.

    N’oubliez jamais que Vitor Orban a été formé par Soros via « l’Open Society », donc il maîtrise parfaitement les magouilles de cette organisation criminelle et sait comment contrer sa corruption….

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  • Fabrice // 01.02.2024 à 07h11

    On voit la démocratie à l’européenne être à l’œuvre car rien ne saurait empêcher le sacrifice des Ukrainiens jusqu’aux derniers, de finir de ruiner réellement les pays européens pour tenter illusoirement de ruiner la Russie pour satisfaire notre « ami » américain qui n’a jamais autant fait de bénéfices pour son complexe militaire et gazier tout en s’assurant l’assujettissement d’une majorité du continent.

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  • Turan // 07.02.2024 à 16h43

    « Bruxelles menace »

    La triste réalité d’une institution en décrochage éthique et moral. On ne débat plus, on n argumente plus. On menace. C’est tout ce qu’il reste.Triste.

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