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16.mars.202216.3.2022 // Les Crises

Changement climatique : Des scientifiques redoutent la hausse des niveaux de méthane

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Des données récentes du gouvernement américain mettant en évidence la croissance rapide des concentrations de méthane dans l’atmosphère au cours des dernières années inquiètent de plus en plus certains scientifiques, qui craignent que la crise climatique causée par l’homme n’ait activé une boucle de rétroaction hostile, qui pourrait entraîner un réchauffement planétaire irréversible.

Source : Scheer Post, Jake Johnson
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Des recherches publiées en janvier par la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) ont démontré que les concentrations de méthane dans l’atmosphère – un gaz à effet de serre 80 fois plus puissant que le dioxyde de carbone sur une période de 20 ans – ont dépassé les 1 900 parties par milliard en 2021, qui a été la quatrième année la plus chaude jamais enregistrée.

Comme le rapportait Nature mardi, « L’augmentation des émissions de méthane a ralenti au tournant du millénaire, mais a amorcé une hausse rapide et inexpliquée vers 2007. »

« Ce pic a amené de nombreux chercheurs à s’inquiéter de ce que le réchauffement climatique est en train de créer un mécanisme de rétroaction qui entraînera une libération toujours plus importante de méthane, ce qui rendra encore plus difficile le contrôle de la hausse des températures », a noté le média. « Les hypothèses pour expliquer [l’envolée de méthane] vont de la progression de l’exploitation du pétrole et du gaz naturel ainsi que de celle des émissions des sites de déchets jusqu’à la prolifération des troupeaux de bétail et l’activité accrue des microbes dans les zones humides. »

Euan Nisbet, spécialiste des sciences de la Terre au Royal Holloway de l’université de Londres, a déclaré à Nature que « les niveaux de méthane augmentent à un rythme dangereux », alors que les puissances du monde entier refusent de mettre fin à l’extraction du charbon, du gaz naturel et autres sources de pollution.

« Le réchauffement alimente-t-il le réchauffement ? C’est une question incroyablement importante, a déclaré Nisbet. Pour l’instant, pas de réponse, mais ça y ressemble beaucoup. »

Les scientifiques craignent depuis longtemps que la combustion continue de combustibles fossiles ne déclenche une réaction en chaîne dont les conséquences – notamment un réchauffement climatique toujours plus important – ne soient irréversibles.

Alors que les chercheurs continuent de travailler pour établir dans quelle mesure l’activité humaine est responsable du pic alarmant des niveaux de méthane dans l’atmosphère de ces dernières années, certains scientifiques ont déjà mis en garde contre le fait de qualifier certaines causes d’émissions de méthane – comme le dégel du pergélisol – comme causes « naturelles », alors qu’elles sont le plus souvent le fait du réchauffement induit par l’homme.

« Quelle que soit l’issue de cette énigme, l’humanité n’est pas tirée d’affaire, a souligné Nature ce mardi. Sur la base de leur dernière analyse des tendances isotopiques, l’équipe [du scientifique Xin Lan de la NOAA] estime que les sources anthropiques telles que le bétail, les déchets agricoles, les décharges et l’extraction de combustibles fossiles sont responsables d’environ 62 % des émissions totales de méthane depuis 2007 jusqu’en 2016. »

Les derniers chiffres de la NOAA ont été publiés quelques mois après que le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a averti dans son rapport phare de 2021 que les niveaux de méthane dans l’atmosphère sont actuellement plus élevés qu’à n’importe quel moment de ces 800 000 dernières années.

En dépit de ce constat alarmant, les responsables politiques mondiaux n’ont pris que peu de mesures pour lutter efficacement contre les émissions de méthane lors du sommet sur le climat COP26 en novembre. Alors que des dizaines de nouveaux pays ont rejoint l’engagement de réduction des émissions de méthane de 30 % par rapport aux niveaux de 2020 d’ici la fin de la décennie, les groupes de défense du climat ont fait valoir que « les promesses ne sont que des mots sur un papier dépourvus de toute action concrète pour les rendre réels. »

Dans le cadre des négociations de la COP26, l’administration Biden a dévoilé des normes visant à réduire les émissions de méthane des États-Unis, mais les critiques ont déclaré que ces mesures étaient loin d’être suffisantes. Les États-Unis sont le deuxième plus grand émetteur de méthane au monde.

« Depuis trop longtemps, nous connaissons les effets néfastes de ce puissant polluant qui piège la chaleur, nous savons que les activités pétrolières et gazières continuent d’en être une source majeure et nous savons qu’il existe déjà des solutions pour réduire rapidement les émissions dans l’ensemble du secteur. Pourtant, les activités pétrolières et gazières continuent de rejeter des émissions de méthane à un niveau inacceptable et totalement évitable », a déclaré Julie McNamara, directrice politique adjointe du Programme sur le climat et l’énergie de l’Union of Concerned Scientists.

« Une réduction rapide des émissions de méthane, a ajouté McNamara, entraînera à court terme des progrès climatiques considérables et indispensables. »

Source : Scheer Post, Jake Johnson, 09-02-2022
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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10 réactions et commentaires

  • Isabelle // 16.03.2022 à 09h21

    Ouf ! Enfin on parle de methane! Mais de façon mondialisé.
    Les gens ordinaires savent que c’esr le gaz de Paris. Avec les avantages (cuisson, chauffage, ….) et les problèmes (accidents, malades et morts). Et une enorme augmentation du chaleur sur Paris, un couvercle de cocotte minute…
    Les gens ordinaires ont lu en juin 2021 le rapport du laboratoire de l’université Paris-Sarclay, les articles du Figaro et de Reporterre.
    Mais Airparif ne surveille pas le CH4, parce que le methane est un gaz « naturel » (saisi, y a des vaches ..) et en septembre 2021, la mairie de Paris POURRAIT parler d’une éventuelle question.
    N’oublier pas qu il n’y a plus de plan architecte des conduites de gaz, et que la Ville a signé un contrat de fonctionnement pour 10 ans
    Isabelle

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    • RGT // 19.03.2022 à 10h31

      Vous ne confondez pas le méthane et le monoxyde de carbone (CO) qui provient d’une combustion incomplète de charbon dans un gazogène ?

      Le CO est HAUTEMENT TOXIQUE car il se lie de manière irréversible avec la molécule d’hémoglobine ce qui entraîne l’impossibilité de pouvoir ensuite transporter l’O2 dans l’organisme. Le SEUL moyen est de remplacer RAPIDEMENT le sang contaminé SINON c’est de très graves problèmes de santé allant jusqu’à LA MORT même si la personne n’est plus en contact avec le CO.

      Et comme le CO est totalement INODORE et que ce problème a été constaté rapidement ce gaz a été le premier à avoir été « parfumé » avec un additif très malodorant pour que les personnes exposées puissent « sentir le gaz » et prendre les précautions nécessaires. Cet additif est désormais présent dans TOUS les gaz combustibles qu’ils soient toxiques ou non, les risques d’explosion étant les plus probables.

      Le méthane n’est PAS toxique, comme le CO2, l’azote, l’eau ou l’argon.
      Par contre on se NOIE si la pression partielle de l’oxygène dans le mélange est trop faible.

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    • Christophe Vieren // 19.03.2022 à 12h52

      En effet, comme RGT, je crois que vous confondez les émanations de gaz issus de la combustion de CH4 avec ce dernier.
      Ce dernier n’est a priori pas émis à Paris et ne peut donc contribuer à un effet de serre local, d’autant qu’avec les déplacements des masses d’air, l’effet de serre local est rarement supérieur à celui du voisinage.
      Comme indiqué dans l’article les sources anthropiques sont en effet : le bétail (rôts des ruminants, bovins et ovins), les déchets agricoles, les décharges et l’extraction de combustibles fossiles (dont gaz de schiste et schiste bitumineux canadiens, …), lesquels sont responsables d’environ 62 % des émissions totales de méthane depuis 2007 jusqu’en 2016. On pourrait rajouter la riziculture. Le reste est naturel : fonte du pergélisol, marécages, …

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  • Somebulles // 16.03.2022 à 12h18

    C’est exactement ce qui inquiète le plus gael Giraud.
    https://youtu.be/guhNz08z_co

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  • Damien // 16.03.2022 à 19h20

    « L’augmentation des émissions de méthane a ralenti au tournant du millénaire, mais a amorcé une hausse rapide et inexpliquée vers 2007 »
    ce qui correspond au déploiement de l’industrie du gaz de schiste aux USA il me semble ??

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    • Christophe Vieren // 19.03.2022 à 12h58

      Oui, en effet, l’augmentation du cheptel mondial de bovins et l’extraction de pétroles/gaz non conventionnels expliqueraient en grande partie cette augmentation.
      Sinon, voir cet article qui explicite un article, paru dans Sciences, basé sur des mesures satellites des panaches de méthane (ne détectent pas les sources diffuses), essentiellement dûs aux fuites, sous estimées, des installations pétrogazières.
      La majorité de ces événements ultra-émetteurs ont été détectés dans 15 pays, dont les États-Unis (en particulier au Texas), la Russie, l’Iran, l’Algérie, le Kazakhstan et le Turkménistan (comprenant un tiers de ces événements, à lui seul). Les détections ne sont pas possibles à de plus hautes latitudes (Russie, canada). En 2021, selon l’AIE, ces fuites ont représenté 6 % des émissions totales de méthane de l’activité pétro-gazière de ces pays,
      https://www.actu-environnement.com/ae/news/methane-emissions-energie-aie-fuites-satellites-39180.php4#xtor=ES-6

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  • RGT // 19.03.2022 à 11h09

    Ça fait largement plus de 10 ans que je relaie les alertes de scientifiques concernant le méthane.

    Et comme la mission du GIEC est centrée sur la SEULE évolution du climat cet organisme se contente de signaler dans ses rapports les SEULS problèmes liés au réchauffement climatique.

    Mais hélas les « bienfaits » des activités humaines ne se limitent pas seulement à ce problème et il serait AUSSI nécessaire d’alerter sur TOUTES LES pollutions diverses et variées que les humains déversent allègrement dans TOUT l’environnement, les microplastiques actuellement désignés n’étant que la petite partie émergée de l’iceberg.

    Par contre, comme pour l’utilisation des combustibles fossiles une lutte efficace contre ces pollutions entraîneraient une catastrophe économique et pas seulement pour les « élites » qui profitent abondamment de la « fête du slip ».

    L’humanité fonce à pleine vitesse dans le mur.
    Soit elle continue et c’est le crash violent, soit elle freine et descend de la voiture pour continuer à pied mais de nombreux passagers mourront d’épuisement en cours de route.

    Et n’espérez pas remplacer le moteur thermique par un moteur électrique : Pour fabriquer les moteurs et les batteries il faut extraire des métaux rares dont l’extraction est très polluante (lithium, terres rares, cuivre, etc…) et de toutes façons il faudra bien AUSSI trouver des sources d’énergie (largement insuffisantes) pour les alimenter.

    Quant aux rêves de sphères de Dyson et autres il faudrait largement plus d’énergie pour les fabriquer (si c’est réalisable) que toute l’énergie accessible à l’humanité.

    Ce n’est pas parce qu’une solution est THÉORIQUEMENT RÉALISABLE qu’elle peut être réalisée.
    C’est bien la différence entre le rêve et la réalité.
    Pour l’instant, la seule solution consiste à « baisser la voilure » et se concentrer sur ce qui est NÉCESSAIRE à la survie de L’ENSEMBLE DE L’ÉCOSYSTÈME, même si la majorité des humains (qui n’ont rien demandé mais qui profitent indirectement de la situation) doivent être sacrifiés pour atteindre ce but.

    En parlant de sacrifice, il serait judicieux de commencer par ceux qui causent le plus de problèmes mais malheureusement ils sont intouchables.

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  • Isabelle // 20.03.2022 à 10h48

    Merci beaucoup. Pour vous. Et aussi le texte des Crises!
    Je reprends ce dernier billet . Sacrifices ? je parle des résultats à faire surle changement climatique pour les Parisiens.
    Et c est à faire rapidement : diminuer le methane.
    Il y a l’article de Reporterre du 3 juillet 2021 ‘Paris laisse fuir son methane puissant gaz à effet de serre’. Il resume le compe rendu de l universite d’Orsay: le CH4 sur Paris, c’esr les égouts (33 %), les conduits (63%), les chaudières (4%). Et une augmentation enorme de chaleur. Et en plus, ça se lie avec l’ozone (je devait apprendre la chimie)
    C est important . Pour moi avec une capacite limitée poumons/cœur, pour l’arbre a côté de l immeuble (et de la conduite), pour le gaz qui explose (une rue du 9e, pas loin d une amie). Ca devient politique.
    Et un énorme de travail pour la Ville !

    Et c ‘est pour ça que je parle du CH4, et non du CO2.
    Merci encore.
    Isabelle

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    • Christophe Vieren // 20.03.2022 à 14h15

      Merci Iabelle pour cette article de Reporterre. J’ignorais en effet l’existence de ces fuites à Paris. J’ai cependant du mal à évaluer si ces 190 t annuelles, soit 0,00003% des émissions mondiales (600 millions de tonnes) est important. Toujours est-il que si on peut les éviter à moindre coût, il faut évidemment le faire.
      En revanche dans l’article je n’ai rien trouvé sur la chaleur que trop duré c’est fuite de methane sur la création d’ozone (CH4=> O3 ???).

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    • Christophe Vieren // 20.03.2022 à 14h35

      Après une rechercje sucincte, j’ai trouvé en effet le rôle néfaste du CH4 sur l’ozone tropospherique.
      Sur le seul article que j’ai lu et qui concerne Bruxelles, il semble que son rôle rsdye minoritaire. Extrait :  » Aucun plafond spécifique n’a été défini pour la RBC en ce qui concerne le CO et le CH4, largement minoritaires au sein de ces émissions. »
      Source : https://environnement.brussels/lenvironnement-etat-des-lieux/rapports-sur-letat-de-lenvironnement/synthese-2011-2012/air/emission-0

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