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8.janvier.20208.1.2020 // Les Crises

Davantage d’austérité pour les pays en voie de développement : C’est une mauvaise nouvelle, et cela ne s’impose pas – Par Isabel Ortiz et Thomas Stubbs

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Source : Consortium News, Isabel Ortiz & Thomas Stubbs, 03-12-2019

Alors que l’Occident remet en question les politiques d’austérité dévastatrices, c’est pourtant cela qui devient la nouvelle norme pour le reste du monde, écrivent Isabel Ortiz et Thomas Stubbs.

Des manifestants anti-austérité devant le parlement grec en 2011. (Kotsolis, CC BY-SA 3.0, Wikimedia Commons)

Après des années d’austérité, un certain nombre de pays de la zone euro envisagent à présent des politiques budgétaires expansionnistes. Et au Royaume-Uni, les dépenses publiques devraient revenir aux niveaux observés pour la dernière fois dans les années 1970. Mais l’austérité sévit ailleurs dans le monde, y compris dans certains des pays les plus pauvres.

Depuis 2010, les gouvernements du monde entier ont fait des coupes dans les dépenses publiques. De nouvelles recherches ont révélé qu’environ 75 % de la population mondiale, soit 5,8 milliards de personnes, vivront d’ici 2021 dans des pays soumis à l’austérité.

Cette nouvelle vague d’austérité commencera l’année prochaine et touchera 130 pays, dont la plupart se trouvent dans les pays en voie de développement. Pas moins de 69 pays connaîtront une « contraction excessive », réduisant les dépenses en dessous des niveaux observés avant la crise financière mondiale de 2007. La liste comprend des pays qui ont de très importants besoins tant humains que dans le cadre du développement, comme le Burundi, Djibouti, l’Érythrée, l’Irak, la République du Congo et le Yémen.

Marché au Burundi, 2012 (EC/ECHO/Martin Karimi)

Plutôt que d’investir dans une reprise vigoureuse avec pour objectif d’apporter la prospérité aux citoyens, les gouvernements réduisent les retraites, les salaires du secteur public (y compris ceux des enseignants et des travailleurs de la santé), l’aide sociale et la protection des travailleurs. Pourtant, les conséquences sociales des politiques d’austérité sont déjà douloureusement évidentes. Des millions de personnes seront ainsi poussées vers la pauvreté, dont un grand nombre de femmes, d’enfants et de personnes handicapées.

Conseiller en austérité

Dans les pays en voie de développement, le Fonds monétaire international (FMI) conseille aux gouvernements d’entreprendre des réformes d’austérité soit dans le cadre de ses missions de surveillance régulières, soit lorsque les pays doivent adhérer à ses programmes d’ajustement structurel pour emprunter de l’argent.

Bien que le FMI prétende dans ces programmes protéger les dépenses sociales, des recherches indépendantes prouvent le contraire. Les réformes politiques mandatées par le FMI ont entraîné des réductions des dépenses publiques en matière d’éducation et de santé (pdf), une augmentation des inégalités de revenus (pdf), une réduction des droits du travail (pdf), une diminution de l’accès aux soins de santé et une augmentation de la mortalité néonatale dans les pays en voie de développement.

Au-delà de ces effets directs sur la protection sociale, il existe un autre problème moins reconnu. En supprimant des postes de fonctionnaires qualifiés, les prescriptions d’austérité du FMI ont sapé la capacité administrative des gouvernements (pdf) à fournir des services publics efficaces pour l’avenir. Des données récentes montrent également que les réformes fiscales imposées par le FMI ne se traduisent pas par une augmentation des recettes publiques (pdf). Elles remanient simplement la provenance des recettes : une augmentation de taxes régressives sur les produits et services et moins provenant d’autres sources. Cela représente un transfert de responsabilité sur les membres les plus pauvres de la société.

Manifestants en Équateur, octobre 2019. ( Noticias, CC BY 3.0, Wikimedia Commons)

Les réunions annuelles du FMI et de la Banque mondiale, qui viennent de s’achever, ont été l’occasion de faire le point sur les conséquences destructrices de l’austérité. Dans le sillage des manifestations généralisées contre le programme du FMI en cours en Équateur, dans la continuité des protestations antérieures en Argentine, la nécessité d’une voie alternative était particulièrement pressante. Les observateurs critiques espéraient un leadership intellectuel et des engagements concrets pour sortir de l’austérité. Ce qu’ils ont obtenu, c’est plutôt la même chose en plus intense : des déclarations inventées de toutes pièces sur la nécessité de renforcer les dépenses sociales, mais avec pour résultat un resserrement de la ceinture fiscale.

Il n’est pas nécessaire que l’austérité devienne la « nouvelle normalité ». L’une des conclusions les plus troublantes après la dernière décennie d’austérité est que ces réductions budgétaires n’ont jamais été réellement nécessaires. Les gouvernements auraient pu – et auraient dû – adopter d’autres options politiques. Ces mesures auraient apporté la prospérité aux citoyens et évité la vague actuelle de mécontentement social.

Même dans les pays les plus pauvres, les gouvernements peuvent créer un espace fiscal. Les services publics et les investissements peuvent être financés par une imposition progressive, une répression des flux financiers illicites, une meilleure gestion de la dette, des cadres macroéconomiques plus souples et – dans le cas des pays les plus pauvres – par des pressions en faveur d’une aide accrue. Par exemple, plus de 60 pays ont ces dernières années renégocié leur dette souveraine, ce qui a permis aux gouvernements de consacrer moins d’argent au remboursement de la dette et plus aux dépenses nécessaires au développement.

Ces stratégies d’augmentation du financement sont conformes aux objectifs de développement durable, sur lesquels 193 pays se sont mis d’accord en septembre 2015 aux Nations Unies, avec des engagements spécifiques pour une éducation universelle, une politique de santé et de protection sociale.

Pour atteindre ces objectifs de développement qui ont été acceptés au niveau international, il faut mettre en sommeil les néfastes politiques d’austérité de la dernière décennie. Plus important encore, cela implique de reconnaître qu’un avenir d’austérité est une catastrophe évitable.

Isabel Ortiz, ancienne directrice de l’Organisation internationale du travail et de l’UNICEF, est directrice du Programme de justice sociale mondiale à « Initiative for Policy Dialogue » de l’Université Columbia.

Thomas Stubbs est maître de conférences au département Relations Internationales à Royal Holloway, Université de Londres, et il est chercheur associé en économie politique au « Centre for Business Research », Université de Cambridge.

Source : Consortium News, Isabel Ortiz & Thomas Stubbs, 03-12-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Dominique Gagnot // 08.01.2020 à 09h34

Reste à savoir combien de ces 56% (?) vont à des dépenses réellement destinées au public…

26 réactions et commentaires

  • Dominique Gagnot // 08.01.2020 à 08h14

    « … Les plus riches sont maintenant confrontés aux désastres écologiques, conséquence de cette financiarisation qui a poussé à faire n’importe quoi pour « faire de l’argent ».
    Leur solution est d’éliminer le plus grand nombre des habitants de la planète, leur permettant du même coup de disposer de l’ensemble de ses ressources.

    Leur méthode est de déclencher des conflits mortifères, nous étrangler économiquement, nous priver des ressources élémentaires, et nous pousser au désespoir. » Extrait de http://bit.ly/capitalisme

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  • KelKON // 08.01.2020 à 09h17

    Comment parler d’années d’austérité en zone euro quand un pays comme la France dépense allègrement 56% de son PIB en dépenses publics ?
    Il faudrait passer à 70, 80, 90 ou 100% pour mettre fin à l’austérité ?
    Bienvenue au pays de la liberté (de taxer)!

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    • Dominique Gagnot // 08.01.2020 à 09h34

      Reste à savoir combien de ces 56% (?) vont à des dépenses réellement destinées au public…

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      • VVR // 08.01.2020 à 16h44

        Si, a tout hasard, la question n’est pas rhétorique…

        Selon l’OCDE, le taux de prélèvement est de 46%, selon Eurostat c’est 48% (ça dépend de ce que l’on compte comme prélèvement). Dépensés a hauteur de 500 Mds pour la Secu, 330 pour l’état, 140 pour les collectivités locales,

        Pour la secu, c’est 227 Mds de pensions de retraite, 190 Mds pour la santé, 30 Mds de prestations familiales, et 30 de plus pour les petits postes (arrêts de travail, maladie professionnelle etc). Le coût de fonctionnement la chose est de 13 Mds.

        Pour l’état, le gros du budget c’est l’éducation et la recherche: 100 Md en tout, 75% pour le primaire et le secondaire. Cela représente un coût par élève très similaire a l’Allemagne, mais largement inférieur a la Suède, la Grande Bretagne, ou les USA par exemple.

        Suivent la Police et Armée, 64 Mds.

        Les diverses missions sociales pour 52 Milliards (12 Mds de pensions d’invalidité, 6 Mds de prime d’activité, 13 Mds pour les seules aides au logement, 2 Mds pour les dispositifs d’hébergement et de logement adapté, 12 Mds d’aides a l’emplois).

        La dette: 42 Mds, directement dans les caisses des banques.

        L’ecologie représente 12 Mds, mais principalement dans des missions qui n’ont rien a voir, comme les aides pour les zones enclavées, l’entretient des infrastructures, la prévention des risques d’incidents nucléaires et chimique.

        Pour les collectivités locales, 22 Mds de plus pour l’enseignement (le prof est au niveau national mais la cantine c’est du local), 12 Mds d’aide aux familles, 11 Mds pour le RMI / RSA, etc.

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        • Dominique Gagnot // 08.01.2020 à 17h19

          Dans un autre registre incalculable mais lié au capitalisme, il faudrait comptabiliser les « externalités » :
          Désastres écologiques (ça coûte combien une planète) et sociaux…
          Pour dire que la comptabilité capitaliste est folle, puisqu’elle ne compte pas l’essentiel.

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        • jjb79 // 09.01.2020 à 21h39

          Comment peut-on prendre en compte le budget de la sécu qui touche toute la population française ?
          Dans les autres pays, c’est carte bleue et assurance individuelle qui ne sont pas pris en compte.
          Il faudrait revoir la façon de présenter les choses pour ne plus être malhonnête avec ce cas.

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      • KelKON // 09.01.2020 à 09h45

        Pour répondre au (?) : ne pas confondre prélèvements et dépenses.
        Les dépenses: 56,4% du pib.
        Source (c’est le site du gouvernement): https://www.performance-publique.budget.gouv.fr/finances-publiques/grandes-caracteristiques-finances-publiques/s-informer/structure-depense-publique#.XhbngiTfslQ

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    • Dominique Gagnot // 08.01.2020 à 09h53

      Par ailleurs on dépense d’autant plus que ça va mal, à cause de l’austérité capitaliste.
      Le top : la guerre menée par le gouvernement contre le peuple pèse sur les dépenses publiques !

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    • Themisto // 08.01.2020 à 18h26

      Si on baisse les dépenses publiques, alors le PIB va baisser. 😉
      Si les dépenses publiques étaient à zéro, le PIB serait environ 30% plus petit.

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      • Dominique Gagnot // 08.01.2020 à 23h27

        Oui, mais dans le capitalisme il y a le bon PIB, et le mauvais PIB. Il y a celui qui ramène de la thune, et celui qui n’en rapporte pas. Bousiller la planète rapporte de la thune => bon PIB. La réparer ne rapporte rien => mauvais PIB. Fastoche non ?

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  • Loxosceles // 08.01.2020 à 10h07

    C’est presque ironique de publier ça sur ce blog après la vague d’articles que l’on sait… Y a t-il quelqu’un à bord capable de relier les points… ? Il va de soi que le développement économique est étroitement lié aux problématiques des ressources et de l’énergie, donc de l’environnement. Mais on continue de parler d’investissement, de « développement durable », le fameux oxymore qui permet d’induire une croyance dans un capitalisme sans bornes qui serait écologiquement viable… Les circonstances macro-économiques actuelles démontrent tous simplement que nous commençons à arriver à un stade de compression maximale des contraintes imposées par le réel dans un monde globalisé. Je me demande pendant encore combien d’années (décennies ?) certains pourront encore employer le terme « croissance » sans sourciller…

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  • Dominique65 // 08.01.2020 à 10h44

    « Les services publics et les investissements peuvent être financés par […] une répression des flux financiers illicites »
    Pas partout. Dans toute l’UE c’est interdit.
    Article 63.1 du Traité de l’Union Européenne :
    « Dans le cadre des dispositions du présent chapitre (Chapitre IV- Les capitaux et les paiements), toutes les restrictions aux mouvements de capitaux entre les États membres et entre les États membres et les pays tiers sont interdites. »

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  • Anfer // 08.01.2020 à 11h56

    Rien de surprenant, si vous vous renseignez un peu sur la « théorie » (idéologie) néoclassique qui sert de base aux « économistes » (charlatans) du FMI (malheureusement pas qu’au FMI).

    Pour ces gens, soit disant sérieux, le privé gère toujours mieux que que le publique, donc il faut la baisse des dépenses publiques et privatiser tout.
    Les « justifications » de ces choix sont tellement absurdes qu’on pourrait croire à un troll…

    1 : La monnaie est une ressource rare (c’est faux) gérer par la loi de l’offre et de la demande (encore faux) donc quand le publique prend de l’argent, c’est toujours au détriment du reste des acteurs économiques (les banques créés des milliards chaque jour contre des reconnaissances de dette, donc absurdité total)

    2 : Un marché est toujours la plus efficace des manières d’organiser la gestion et l’allocation des ressources (faux, un contre exemple parfait, cest notre système de retraite et de santé, il rempli mieux sa tâche en courant moins cher, c’est d’ailleurs pour ça que ces sagouins veulent le détruire) en ajoutant qu’un marché est une construction social qui n’existe pas naturellement.

    3 : L’être humain est un homo-économicus rationnel passant son temps à calculer ses gains et ses pertes (c’est pas une blague c’est vraiment une base de cette « théorie ») l’individu saura toujours mieux gérer que l’état (si c’était vrai, il n’y aurait jamais de crises).

    Suite…

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    • Anfer // 08.01.2020 à 12h53

      …suite

      4 : « loi de Say », en gros pour simplifier, l’offre créé la demande, et comme l’état ne crée jamais rien, il dépense seulement, au détriment du privé, alors il faut limiter ses dépenses et donc il faut l’austérité budgétaire, et au contraire inciter les acteurs privés à produire toujours plus et comme ils sont toujours plus efficace que l’état, il faut privatiser. (En réalité, c’est l’anticipation de la demande qui permet de produire, par exemple un chef d’entreprise ne produit pas plus qu’il ne pense pouvoir vendre, sinon il a des invendus sur les bras)

      5 : La monnaie est un voile, elle est neutre, on ne La désire jamais pour elle même, mais uniquement pour les biens et services qu’elle permet d’obtenir (les conséquences de ce postulat vrai en théorie, mais faux en pratique sont immenses, cela signifie en fait que ce modèle se comporte comme un système de troc, qui hélas ne fonctionne pas du tout comme une économie monetaire)

      6 : L’épargne créé l’investissement, plus d’épargne signifie donc plus d’activité et moins de chômage (en réalité, c’est l’exact inverse, c’est l’investissement qui permet l’épargne, et comme on part de rien, c’est donc la dette qui permet l’investissement)

      Il y aurait encore milles autres absurdité à trouver dans ces raisonnements

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  • Arthenics // 08.01.2020 à 12h48

    En même temps, il semble difficile pour pas mal de monde de revenir aux fondamentaux de la monnaie : la monnaie quantifie et représente la valeur d’un échange marchand entre deux entités. Autrement, elle n’existe tout simplement pas : pas d’échange marchand = rien qui justifie l’existence de la monnaie.

    D’où l’inefficacité des QE, l’échec du communisme ou les méfaits d’une lutte idéologique contre l’inflation (dont l’existence, les mécanismes et la justification viennent tout seul en repartant de la définition de la monnaie associée aux questions d’offre et de demande). Je passe sur la catastrophe à venir liée à l’endettement aux USA.

    Quitte à faire dans le non-orthodoxe et passer par des pratiques assimilables à la planche à billets, une idée serait de payer les retraites… par la planche à billets en les versant directement depuis les banques centrales nationales. Malheureusement; et c’est dommage; pour des questions pratiques, ça serait aussi une catastrophe : départs en retraite prématurés, montants de pensions délirants et j’en passe. Je suis sévère? Non, réaliste quant au clientélisme.

    L’être humain ne se montre que rarement, sinon jamais, discipliné, réaliste, raisonnable et rationnel, avec un semblant d’objectivité.

    Est-ce que nos actions sont bénéfiques à la septième génération après nous? C’est la question posée par une tribu amérindienne. C’est la meilleure question qu’il m’est été donné de lire ou entendre.

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  • Bouddha Vert // 08.01.2020 à 13h01

    Thomas Stubbs chercheur associé en économie politique s’alarme des politiques sociales du monde et c’est tout à son honneur.
    Pour que ses remarques soient productives, il me semble qu’il serait complémentairement indispensable d’interroger l’histoire des sociétés.
    Historiquement, outre une amélioration considérable de l’organisation du travail des Hommes force est de constater que l’évolution de l’IDH avant l’avènement des machines à vapeur ressemblait à une morne plaine agitée parfois de quelques billons mais rien qui sorte de l’horizontal.
    Sans machines et carburants pour nous donner le temps de faire autre chose que d’aller puiser l’eau, scier et ramasser du bois, affuter nos faux, réparer nos métiers à tisser, forger le fer… pas les moyens de se priver du travail des enfants, donc pas d’école(!), pas de congés payés, qui nourrit les bêtes, reprise les vêtements (?), pas plus de retraite car le travail des enfants ne permet pas de financer le voyages de pépé aux antilles(!), pas de système de santé car les fonctionnaires rémunérés par l’impôt suffisent tout juste à s’offrir le régalien.

    Monsieur Stubbs a oublié de penser qu’avec moins d’énergie et de ressources en général il y aurait logiquement moins de biens et services offerts, ce qui est normal pour un économiste néoclassique.
    Tendance baissière de la croissance du PIB pour les pays de l’OCDE depuis le premier choc pétrolier et cela va forcément le devenir pour les pays qui démarraient de zéro.

    Vraisemblablement le future ressemblera au passé.

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    • Arthenics // 08.01.2020 à 15h01

      Concernant l’énergie, entre le nucléaire (thorium), le gaz et l’hydrogène (et des recherches récentes montrent que le sodium pourrait être utilisé comme alternative au lithium), on pourrait faire et on saurait faire. Seulement…le temps court de la politique en Occident rend impossible toute approche à long terme. Le manque de culture (voire l’ignorance crasse) scientifique qui émerge en Occident (malheureusement) n’arrange rien.

      Pour ce qui est de la finance… il m’est venu aujourd’hui que Smith est le théoricien de l’économie passant de la monnaie métal exclusivement au duo monnaie papier-monnaie métal (autrement dit de la monnaie-travail à la monnaie-industrie/entreprise) et Marx pourrait apparaître comme le contempteur de ce système.

      Il manque maintenant deux théoriciens pour comprendre et décrire le trio (voire le quatuor) monnaie métal, monnaie papier, monnaie dématérialisée (que l’on pourrait séparer entre la monnaie classique informatisée et les crytomonnaies).

      C’est d’ailleurs l’origine probable de l’échec des théories classiques : les monnaies dématérialisées peuvent croître indéfiniment (sauf si on les considère comme de la monnaie-énergie qui est probablement le stade ultime de la monnaie. La question de l’énergie et de l’écologie y fait d’ailleurs étrangement écho).

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      • VVR // 09.01.2020 à 09h24

        Vous accordez beaucoup trop d’importance à la monnaie.

        Quelque soit sa nature (coquillage, metal, papier, nombre dans un ordinateur), elle peut croitre à l’infinie (Louis XIV était un grand de la refonte des metaux, donnez lui 100 louis il vous en ressortait 200, un vrais magicien) et cela n’a aucune importance, au final sa valeur s’adaptera plus ou moins au volume d’argent en circulation. L’argent n’est au fond qu’un systéme de bon points que la société accorde aux « bon éléves », souvent sans vraiment le savoir ce qui explique qu’elle fasse globalement n’importe quoi.

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        • Arthenics // 09.01.2020 à 16h24

          Justement non, avant la financiarisation, les monnaies ne pouvaient pas croître à l’infini. Les corrections étaient inévitables, du fait des limitations par le « réel » (le volume de métal n’était pas infini, les capacités d’endettement ou de crédit non plus).
          La situation est inédite, la dématérialisation a fait disparaître l’essentiel des garanties physiques (ou intellectuelles). Tant que l’ordinateur est connecté à un réseau et que l’ensemble est alimenté en énergie… il peut indéfiniment ajouter des zéros.
          Je vois bien venir l’argument des monnaies papiers mais dans le cas des monnaies papiers, ça a toujours conduit à une inflation monumentale. La financiarisation, elle, n’a plus ce problème grâce à l’informatique et les produits dérivés : au pire on recycle par la dette, c’est le ruissellement que tout le monde cherche (sans trouver, regardant au mauvais endroit) mais dans une mécanique aussi perverse que suicidaire quand le système va craquer.
          L’argent n’est pas un système de bons points : les salaires ont une raison d’être. Cette idée de « points » (pré-supposé d’arbitraire) entretient la confusion qui suscite les crises et les malentendus sur le travail : ce sont les échanges marchands qui ont rendu nécessaire l’existence de l’argent. Les monnaies, l’argent, ne sont qu’un dérivé du troc : un bien marchand qui a dépassé sa valeur de troc du fait de son importance stratégique ou de sa rareté. L’argent n’a pas été créé par des politiciens mais par une nécessité sociale d’échange.

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          • VVR // 10.01.2020 à 15h27

            > les salaires ont une raison d’être.

            Comme récompenser un comportement souhaitable pour l’entreprise qui le verse ?

            > L’argent n’a pas été créé par des politiciens mais par une nécessité sociale d’échange.

            Oui, et non. L’argent n’a aucune valeur intrinsèque. Il est même préférable qu’il soit constitué de quelque chose sans valeur utile, pour éviter un conflit d’usage (utiliser du fer par exemple aurait probablement des conséquences fâcheuses pour l’industrie)

            Sa seul valeur est la confiance que l’on a dans la capacité d’une certaine somme à satisfaire des besoins futur. Elle n’a pas besoin des politicien, mais une monnaie stable a besoin d’un état pour garantir la pérennité de son usage et donc la confiance sur le long terme. Un état dans ce contexte peut être simplement une confédération informelle, le tout est qu’elle soit assez stable pour que les intervenant sachent qui ne vont pas du jour au lendemain voir leur argent refusé par les autres.

            Par ailleurs, ce n’est pas la rareté qui fait la monnaie. Il faut au contraire que cela soit suffisamment abondant pour être utilisé dans les échanges sans trop gros risque de pénurie: L’or était principalement utilisé la ou l’on produisait de l’or, de même pour l’argent, et des coquillages là ou l’on avait ni l’un l’autre.

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          • Dominique Gagnot // 10.01.2020 à 22h28

            La monnaie doit être un instrument au service de la politique économique de la nation, et définie par les citoyens.

            Actuellement la monnaie est un instrument au service de la politique économique de l’UE, et définie par les plus riches. Vous voyez l’arnaque ? (c’est comme ça quasiment partout, à commencer par les usa.)

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          • Arthenics // 13.01.2020 à 11h50

            En fait même pas, vous ne vous rendez même pas compte qu’en réalité, cette planche à billet n’est pas définie par les riches pour les plus riches mais une course à l’échalote face à l’insoluble problème posé par le coût cumulé des retraites et le piège posé par le papyboom. Analysez la situation du Japon à l’aune de ce problème et tout devient clair, limpide même et franchement terrifiant : il n’existe aucune solution, juste un gigantesque ponzi, un jeu de la patate chaude qui ne peut se résoudre qu’avec l’augmentation sans fin de la population (la méthode trash étant de provoquer une guerre pour réduire la population et relancer la machine pour que le nombre de personnes en âge de travailler soit -largement- supérieur au nombre de retraités -sauf que la transition démographique des économies développées réduit cette option à néant-. Apparaît alors la seule véritable alternative : le transhumanisme, les chinois et les japonais sont à ce sujet extrêmement révélateurs.)

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            • Gilles // 13.01.2020 à 15h44

              « insoluble problème posé par le coût cumulé des retraites « ? Vous plaisantez ?
              en 1950 il y avait 4 actifs pour 1 retraité.aujourd’hui 1,7 actifs pour 1 retraité. Cela devrait donc coûter
              2,35 fois plus cher en terme de cotisations. OK ? seulement entre-temps la richesse produite par habitant a été multipliée par 4 ou 5.
              autre approche: il manquerait de 8 à 17 mds (prenons 12,5 mds) en 2025 selon le COR sur un total de 310 mds: il manque donc 4% de cotisations. Le taux actuel global est de 25,6 % retraite complémentaire comprise: il faudrait donc l’amener à 25,6+(25,6*4%)= 26,6 % soit +1%.A ce chiffre on pourra déduire 0,5 % correspondant à la CRDS dés 2024.
              une dernière remarque: le système reposant sur la répartition solidaire pourquoi baisser le montant des cotisations pour les revenus>10000 €? Pourquoi ne pas obliger, sous peine de sanctions exécutables immédiatement, la parité totale des salaires hommes/femmes ?

              AMHA, ce projet sur les retraites n’est qu’un vaste enfumage faisant suite à toute une série de décisions prises depuis 30 ans pour rendre le coût du travail moins cher et ainsi rendre encore plus attrayant qu’il ne l’est le rendement du capital.

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  • Ztong // 08.01.2020 à 17h33

    Il s’agit d’austérité forcée. Elle résulte principalement de la contraction des ressources énergétiques et (dans une moindre mesure) de matières premières.
    Donc il est illusoire qu’elle peut être combattue par une politique monétaire ou budgétaire accommodante. Le Ponzi ne dure qu’un temps très court, voir nul.
    Autre indice que ce sont bien les contraintes environnementales qui se manifestent : elles touchent d’abord les pays pauvres, ceux qui justement ne peuvent pas prolonger l’illusion à coup de dette.
    Par effet d’entonnoir cette austérité remontera jusqu’à nous ; l’Europe est énergétiquement en tension depuis 2006.
    Est-ce pour cette année ? pas sûr.
    Une seule chose est certaine : nous amorçons une phase de décroissance, inutile d’attendre que la croissance revienne.

      +8

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  • syko // 08.01.2020 à 17h44

    Pourquoi en parle-t-on maintenant ?
    Les Programmes d’Ajustement Structurels du FMI
    Appliqués durant les années 80 et 90 préconisaient l’austérité et les privatisations pour les anciennes colonies françaises d’Afrique.
    En fait les français devraient regarder ce qu’il se Passe dans leurs anciennes colonies.

      +3

    Alerter
  • Leterrible // 09.01.2020 à 15h46

    En plein dans le sujet… mais une « grand-messe » avortée qui fait chaud au c(h)oeur….!!!

    https://www.youtube.com/watch?v=3Qf38heMuD4&feature=youtu.be

      +0

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