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3.août.20113.8.2011 // Les Crises

[Invité] Hollywood à la Maison Blanche, par Pascal Roussel

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Introduction : J’ai le plaisir de publier ce jour le premier billet invité de ce blog. Pascal Roussel a eu la gentillesse de me proposer un billet sur la crise de la dette américaine. J’apprécie depuis longtemps ses billets de qualité – même si j’ai parfois un point de vue un peu différent. Ce papier permettra en tous cas de contribuer utilement au débat. Olivier Berruyer

Pascal RousselPrésentation de l’auteur. Pascal Roussel ingénieur de formation, détenteur d’un diplôme en Gestion Financière a mené une carrière en milieu industriel et bancaire. Depuis 2006, il travaille comme analyste au sein du Département des Risques Financiers de la Banque Européenne d’Investissement à Luxembourg.

Il est généralement très critique à l’encontre des banques centrales de manière générale, de la variation de la masse monétaire qu’elles induisent et de leurs influence qu’il qualifie de néfaste, sur les cycles économiques. Ces dernières années, sur Internet, il a publié de nombreux articles et enregistré différentes vidéos sur la crise, le rôle des monnaies et en particulier celui des DTS du FMI.

Il est également l’auteur d’un roman, Divina Insidia, destiné à un large public qui montre que dans notre monde construit sur les dettes, l’argent et donc le pouvoir se concentre irrémédiablement dans les mains d’une minorité avec comme conséquence, les pires dérives spirituelles.


Hollywood à la Maison Blanche

Après d’innombrables discussions, le Congrès et le Sénat ont voté non pas une réduction immédiate des dépenses actuelles mais une réduction de l’augmentation future des dépenses. C’est de mon point de vue assez risible mais il est bon d’observer que la question du relèvement du plafond de la dette américaine a fait l’objet de beaucoup de fausses affirmations. Nous avons vécu un véritable psychodrame digne du cinéma américain. Ainsi, le Président Obama nous a servi un discours visant volontairement à faire peur pour pousser l’autre camp à accepter des compromis.

Il a par exemple prétendu que la Sécurité sociale serait incapable de faire face à ses obligations. Pour rappel, la dette américaine se décompose grossièrement en 5 trillions de $ détenus par des organismes publics (dont la sécurité sociale) et 9 trillions détenus par le privé. Aux Etats-Un is, la sécurité sociale reçoit des cotisations du public et cet argent est aussitôt prêté à l’Etat sous forme d’obligations spéciales. Lorsque la sécurité sociale a besoin d’argent (par exemple 50 mlds) pour financer des prestations à ses affiliés, elle est en droit d’exiger auprès du Trésor américain, le remboursement immédiat d’un certain nombre de ces obligations spéciales (soit dans notre exemple pour l’équivalent de 50 mlds). Dans ce cas, pour rembourser sa dette auprès de la sécurité sociale, le gouvernement emprunte alors auprès du privé ( 50mlds). Ainsi la dette intragouvernementale diminue ( 5 trillions – 50 mlds) et la dette vis-à-vis du privé augmente ( 9 trillions + 50 mlds) mais le plafond total reste inchangé ce qui montre bien qu’il n’y a aucun problème de financement et ce qui invalide donc les affirmations du Président.

Plus grave, ces derniers jours, on a pu lire et entendre que si le plafond de la dette souveraine américaine n’était pas relevé, les Etats-Unis seraient en défaut de paiements sur cette dette. Notons au passage que cette simple affirmation signifie que le seul moyen pour l’Etat de rembourser est d’augmenter encore plus sa dette. Autrement dit, c’est une spirale sans fin et ceux qui veulent relever ce plafond trouvent cela normal !

La dette se compose du capital et des intérêts à verser. Lorsqu’une obligation d’Etat arrive à maturité, l’Etat en émet aussitôt une nouvelle. C’est ce qu’on appelle rouler la dette.

Dette publique USA

 

En réalité, il n’y a aucun risque (pour l’instant) que les Etats-Unis ne puissent rembourser. Les taux de cette dette sont encore ridiculement bas (la Fed veille au grain). De plus la réalité économique calamiteuse aux Etats-Unis finira bien par apparaître un jour prochain aux yeux du marché (complètement dominé par des algorithmes qui se moquent de cette réalité). A ce moment-là on verra une fuite vers les obligations souveraines américaines et une chute encore plus forte des taux longs. Et finalement compte tenu que 70% des créanciers sont américains, dans ces conditions, ils n’ont aucune autre option crédible si ce n’est de rouler la dette.

D’autant plus que contrairement à ce que l’on a pu lire, l’Etat n’a aucun problème pour payer les intérêts de sa dette. Pour maintenir son train de vie en août, le gouvernement américain a besoin de 306.7 mds de USD et l’Etat américain va recevoir 172.4 mds de revenus ( sous forme de taxes et autres) ce qui est largement assez pour payer les 29 mds d’intérêts. Si le plafond n’avait pas été relevé, en août, il aurait simplement dû faire des économies de 134 mds et couper dans certaines dépenses .

Mais il semble que les marchés ne comprennent pas ce qui est pourtant bien simple. Sur l’année fiscale 2011 qui se termine le 30 septembre, les US recevront 2200 mds de revenus et ne devront payer que 214 mds de USD à titre de l’intérêt de leur dette.

Environ 30% de la dette souveraine américaine est détenue pas des étrangers. On peut alors légitimement se demander comment réagira un pays ayant un solde de balance commerciale largement positif comme par exemple la Chine. On lit souvent que la Chine pourrait, un jour, ne plus prêter aux Etats-Unis ?

C’est que l’on assimile parfois hâtivement un pays à une banque. Observons les différences.

Tout le monde sait comment fonctionne une banque commerciale : elle gère des dépôts à vue et emprunte à court terme (essentiellement sur le marché des pensions livrées ou « repos » en anglais) pour réaliser des prêts à plus long terme. Son profit naît de la différence entre les taux au passif et à l’actif de son bilan. En plus de cette activité de base, les banques investissent leur trésorerie sur les bourses d’actions et d’obligations, sur les marchés à terme et sur les marchés des produits dérivés. Bien entendu une banque peut refuser de prêter à un emprunteur lorsqu’elle estime que celui-ci risque de ne pas pouvoir honorer son prêt. Un prêt douteux ne peut être revendu via une titrisation (sauf en cas de fraude comme dans l’énorme scandale du « foreclosuregate » lié aux banques américaines). Or un prêt en défaut a un impact immédiat et très négatif sur les fonds propres d’une banque qui ne peuvent supporter qu’un nombre limité de prêts non remboursés. Ainsi donc en théorie, une banque doit faire très attention lorsqu’elle octroi un prêt.

Mais la Chine n’est pas une banque et poursuit un objectif complètement différent lorsqu’elle prête aux Etats-Unis. L’objectif de la Chine communiste est d’occuper une population énorme, d’éviter des troubles sociaux, de maintenir en place un système politique qui favorise une multitude de cadres privilégiés du parti et de tenter de juguler l’inflation qui se manifeste en particulier dans une bulle immobilière colossale.

Comme l’a récemment écrit le journal Renmin Ribao en se référant au centre gouvernemental de recherche, « Pékin n’a pas d’autre choix que de continuer à acheter de la dette américaine, car la Chine veut que le dollar soit stable. Et les obligations américaines demeurent l’un des produits d’investissement les plus liquides sur le marché, compte tenu des immenses réserves de change de la Chine ».

Rappelons que ce n’est pas parce que la Chine est un écureuil économe, ni même une fourmi travailleuse devant une cigale américaine, qu’elle possède de telles réserves de devises. Celles-ci proviennent essentiellement de trois facteurs : la Chine vit de l’export, le dollar n’est pas une monnaie que les Chinois peuvent utiliser dans la vie de tous les jours et la devise chinoise est arrimée au dollar américain. Lorsqu’une entreprise chinoise reçoit de son client américain des dollars, elle est bien obligée de les échanger contre des yuans auprès de la banque centrale chinoise (PBoC) pour payer ses ouvriers. Comme le taux de change est fixe, la banque centrale crée des yuans et se retrouve avec des dollars. Ces yuans créés sont alors multipliés par les banques commerciales via le mécanisme de création monétaire bien connu et, alimentent ainsi différentes bulles. C’est ce qui explique que l’inflation des prix fait rage en Chine.

Mais la banque centrale doit bien faire quelque chose avec les dollars qu’elle a reçus. Ce qu’elle cherche avant tout c’est favoriser les entreprises chinoises, maintenir la parité yuan/dollar et limiter l’inflation des prix. C’est uniquement pour cela qu’elle renvoie ces dollars aux Etats-Unis en achetant des obligations émises par le gouvernement américain. Pour comprendre, imaginons qu’elle ne le fasse pas. L’Etat américain aurait alors des difficultés pour combler son déficit budgétaire, il devrait mettre en place un programme d’austérité qui risquerait de ralentir la consommation et de faire chuter la bourse. Même si dans l’absolu ce serait une très bonne chose car cela permettrait aux américains de cesser de consommer à crédit cela aurait un impact immédiatement négatif sur les exportations chinoises et donc aboutirait à l’opposé de l’objectif de la PBoC. Et si le gouvernement américain refusait de mettre en place un plan d’économie, il pourrait être tenté, de manière schématique et indirecte, de demander à la Fed de créer encore plus de dollars nouveaux pour le financer . Le dollar s’affaiblirait ce qui obligerait la PBoC à créer encore plus de yuans en parallèle avec la Fed pour maintenir la parité et cela alimenterait encore plus l’inflation des prix en Chine. Et là encore ce serait exactement l’opposé de l’objectif des autorités monétaires chinoises.

Sans rentrer plus avant dans les détails, ce qu’il faut retenir c’est que la Chine prête aux américains uniquement parce que c’est son intérêt de le faire. Elle ne gère pas ses réserves en dollars comme un fonds le ferait en cherchant le placement le plus rentable. Elle le fait car elle n’a aucune autre alternative pour tenter d’atteindre ses objectifs propres et ne pas prêter aux Etats-Unis serait catastrophique pour elle.

Et c’est à la lumière de ses propres objectifs que l’on peut comprendre l’attitude des autorités financières chinoises. Ainsi par exemple, la Chine proteste contre l’assouplissement quantitatif ( quantitative easing) car cela affaiblit le dollar et donc cela entraîne de l’inflation importée des prix en Chine. La Chine proteste contre les déficits qui servent à alimenter la machine de guerre américaine et à gonfler fictivement la bourse alors qu’elle voudrait voir des déficits qui serviraient à relancer le crédit à la consommation ou de grands chantiers publics.

La Chine a arrimé sa devise au dollar car elle recherche avant tout la stabilité et ces dernières années, elle a été bien déçue. C’est pour cela qu’elle ne rate pas une occasion d’encourager la mise en place d’une nouvelle monnaie de réserve mondiale, indépendante des politiques américaines et basée sur les droits de tirage spéciaux du FMI. Mais ceci est une autre histoire.

Le 02 août 2011, Pascal Roussel

Les opinions exprimées sont celles de l’auteur et ne reflète pas nécessairement l’opinion de la Banque Européenne d’Investissement ou de son management.

28 réactions et commentaires

  • raph // 03.08.2011 à 15h22

    Je n’ai pas compris ce passage:
    « De plus la réalité économique calamiteuse aux Etats-Unis finira bien par apparaître un jour prochain aux yeux du marché (complètement dominé par des algorithmes qui se moquent de cette réalité). A ce moment-là on verra une fuite vers les obligations souveraines américaines et une chute encore plus forte des taux longs »…
    sinon je suis d’accord avec l’auteur.

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    • pascal roussel // 03.08.2011 à 21h11

      Ces derniers mois la bourse US a grimpé non pas parce que les fondamentaux US étaient bons (sur le terrain il n’y a jamais eu de reprise). La bourse a grimpée car 70% des volumes d’échanges se font entre algorithmes qui ne se préocupent absolument pas de la réalité économique. Il existe de nombreux articles sur le sujet et j’en ai moi-même écrit plusieurs. Mais inévitablement la réalité finira un jour par rattrapper la bourse et alors on va voir une grande correction, CNBC parlera du retour de la récession, du manque de stimulus ,…etc Les capitaux qui quitteront la bourse vont se déplacer vers le marché obligataire souverain. C’est un mécanisme classique, officiellement on va entendre que comme les risques d’inflation sont bas, dans ces conditions le marché obligataire est plus sûr et plus rentable. C’est le verbiage habituel que la grande presse financière ressasse en cas de recession.

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  • MBO CH // 03.08.2011 à 18h10

    « A ce moment-là on verra une fuite vers les obligations souveraines américaines »

    Ha bon, vraiment ? John Law, au temps de la compagnie du Mississippi n’aurait certainement pas renié ce genre de « déclaration ».

    Il est vrai que l’état américain vient tout juste d’interdire aux « petites gens » de trader sur l’or (ndlr « petites gens » correspondant à toute personne ne disposant pas d’une fortune d’au moins 1 Million de dollar hors bien immobiliers). Ca en fait un paquet tout de même, de « petites gens ».

    Peut-être, parce qu’on les aura contraints, n’auront-ils pas d’autre choix que d’investir dans les bons du trésor américains mais rien n’est moins sûr.

    L’histoire a toujours montré que ce genre de « politique » ne tient jamais très longtemps.

    Concernant la Chine il faudrait aussi expliquer pourquoi elle augmente ses réserves d’or en rythme de plus en plus accéléré. Ne serait-elle pas en train de préparer le terrain à sa propre monnaie … comme alternative au dollar, par exemple ?

    Le fait de considérer « qu’ils ne feront pas autrement parce que c’est dans leur intérêt » est définitivement asburde et, même, dangereux.

    De la même manière le fait de considérer que les Chinois ne peuvent envisager de se passer des US serait les prendre pour plus stupides qu’ils ne sont.

    Au final je ne partage que très peu des opinions de l’auteur.

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    • pascal roussel // 03.08.2011 à 21h43

      J’ai déjà répondu sur le transfert des capitaux de la bourse vers le marché obligataire
      Le but de l’article n’est pas de dire qu’il n’y a aucune alternative au dollar mais d’indiquer que la grande presse n’a pas fait son travail en annonçant que les US étaient au bord du défaut depaiement.
      J’ai déjà écrit de nombreux articles sur l’or auquel je garantis, pour ma part, un avenir radieux.
      Vous écrivez : « Il est vrai que l’état américain vient tout juste d’interdire aux “petites gens” de trader sur l’or  » Ce qui est interdit aux petits investisseurs c’est de ne pas prendre livraison de l’or physique achété sur le marché à terme.
      Ceci étant j’ai déjà décrit avec beaucoup de détails dans d’autres articles la situation du marché de l’or et je sais que les autorités vont tout faire pour essayer de contenir la flambée de l’or
      Vous écrivez: « Concernant la Chine il faudrait aussi expliquer pourquoi elle augmente ses réserves d’or en rythme de plus en plus accéléré.Ne serait-elle pas en train de préparer le terrain à sa propre monnaie … comme alternative au dollar, par exemple ?

      Ai-je écrit le contraire ? Le but de l’article n’était pas de parler de l’or

      Vous écrivez « Le fait de considérer “qu’ils ne feront pas autrement parce que c’est dans leur intérêt” est définitivement asburde et, même, dangereux. » Désolé mais je ne vois pas ce qui est absurde et dangereux de croire que la Chine pense avant tout à ses intérêts propres qui sont de maintenir le régime en place

      Vous écrivez « De la même manière le fait de considérer que les Chinois ne peuvent envisager de se passer des US serait les prendre pour plus stupides qu’ils ne sont. »
      Ai-je écrit qu’il ne l’envisageait pas ? Mais même s’ils l’envisagent et le voudraient, les Chinois sont encore très très loin d’avoir développé leur marché intérieur pour ne plus pouvoir dépendre de l’exportation

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      • MBO CH // 04.08.2011 à 04h30

        Ce qui est absurde, à mon sens, c’est de penser que les Chinois vont continuer de suivre les US dans leur fuite en avant.

        La situation actuelle, et depuis un bon moment déjà, est qu’ils maintiennent leur positions en bon du trésor américains mais qu’ils ne les augmentent pas. Au final, vu que la dette augmente au rythme que l’on sait, leur part en pourcentage diminue de plus en plus.

        Je ne pense pas qu’ils vont modifier cette approche à l’avenir et tout porte à croire qu’il y aura un QE3.

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        • pascal roussel // 04.08.2011 à 10h55

          les derniers chiffres montrent que la Chine et le Japon possèdent encore plus de titres émis par le gouv US: Chine 1159.8 mds, Japon 912.4 mds
          Mais il est vrai que ces chiffres ne sont pas continuellement en hausse. Ceci étant il faut les prendres avec précautions.
          La difficulté vient du fait que la Fed indique le pays détenteurs mais pas le bénéficiaire économique. Si la Chine achète des obligations via un agent à Londres, la Fed indiquera que c’est le Royaume Unis qui détient ces titres.
          Il est exact que la Fed possède de plus en plus de dette souveraine américaine et, en effet, je ne vois pas cette tendance s’inverser

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  • yongtai // 03.08.2011 à 20h48

    sympa de pouvoir relire Pascal Roussel, cela faisait longtemps !
    c’est instructif, comme toujours, merci

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    • pascal roussel // 03.08.2011 à 21h44

      C’est moi qui vous remercie 🙂

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  • pascal roussel // 03.08.2011 à 21h22

    Vous écrivez:
    Le pays part de très haut mais de nombreux signes montrent que c’est un pays qui décline, doucement. Je crois naïf de croire que les USA peuvent tenir ce rythme. Ils le pourraient, en sacrifiant le lobby militaro-industriel. Rien ne montre qu’ils soient sur cette voie. Et tout laisse à penser que s’ils se décident, ils le feront le couteau sous la gorge, donc trop tard.

    Je suis tout à fait d’accord et le but de l’article n’est en aucun cas de défendre un avenir radieux aux US et au dollar. Je voullais simplement indiquer qu’il n’y avait aucun risque de défaut de paiement dans les prochains jours contrairement à ce que l’on a lu et entendu un peu partout

    La croissance boursière US est principalement due à la mise à disposition de programmes d’achats et de ventes automatiques,d’énormement de cash en provenance de la Fed. Rien à voir avec une reprise.

    La Chine investit dans l’euro pour exactement la même raison qu’elle le fait pour le dollar: pour soutenir ses entreprises exportatrices et garantir que ces dernières gardent des clients européens capables d’acheter.

    Vous écrivez: « Croyez vous vraiment que les USA vont pouvoir indéfiniment aspirer l’épargne ». Indéfinimemnt ? Je ne l’ai jamais cru, je ne le crois pas, je ne l’ai jamais dit et jamais écrit

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  • L’Argentin // 03.08.2011 à 23h04

    Il me semble qu’un point essentiel est oublié dans cet article : la Chine VEUT récupérer le leadership mondial détenu par les États-Unis ! Si elle défend l’euro, c’est parce qu’elle est déterminée à lui faire jouer un rôle de tampon face au dollar, mais aussi parce que l’Europe peut être un partenaire, tandis que les USA ne sauraient être in fine que des adversaires (on n’abandonne pas sa « destinée manifeste » de gaité de coeur). Itou, je voudrais savoir, chiffres à l’appui, si la politique chinoise d’achat de dette US est aussi vigoureuse aujourd’hui qu’elle ne l’a été jadis… Un signe de leur patiente stratégie, peut-être ? 😉

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    • pascal roussel // 04.08.2011 à 11h02

      voir mon commentaire ci-dessous pour la politique d’achat de la Chine. Ce n’est pas aussi évident car la Chine ( et d’autres pays comme le pétro monarchies par ex) opère aussi via la City
      En ce qui concerne l’aspect géopolitique, la Chine veut devenir le leader mondial à la place des US? c’est un point de vue. J’aurais plutôt tendance à croire que la Chine veut un monde multipolaire et pas un monde dominé par une super puissance. Je crois que la première priorité de la Chine c’est la stabilité politique intérieure plutôt que des guerres impériales ou une volonté de dominer le monde mais cela dépasse le cadre de mon article

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      • L’Argentin // 04.08.2011 à 20h24

        Je crois que vous m’avez mal compris… Je n’évoquais en aucun cas une horde de chinois armés de létales baguettes et voulant devenir les « maaaaaîtres du monde » ! Mais d’une stratégie posée et patience visant à mettre à bas l’hégémonie déclinante des États-Unis. On peut bénéficier du leadership et dicter ses conditions ou user du soft power et donner le La… Car, contrairement à ce que vous pourriez déduire de mes propos, je pense aussi que la Chine joue la carte du monde multipolaire et d’un nouvel ordre monétaire proche du Bancor imaginé par Keynes.
        Enfin, l’un des grands travers de l’analyse disons… technique de l’analyse de la Crise et qu’elle oublie le capital symbolique dont bénéficiaient les États-Unis. Or, plus que tout, c’est la croyance en son indestructibilité financière, militaire et morale qui est morte.

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        • pascal roussel // 04.08.2011 à 21h33

          Désolé pour mon erreur et merci de vos précisions.
          En effet : » Or, plus que tout, c’est la croyance en son indestructibilité financière, militaire et morale qui est morte. »
          Ceci n’est pas quantifiable mais c’est un aspect psychologique capital et 80% des affaires humaines ( et surtout la finance) sont dominé par la psychologie

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  • Daniel // 04.08.2011 à 06h31

    Bonjour,

    Tout d’abord, très heureux de vous lire, vos articles étant trop rares sur Internet.

    Je pense que le problème principal des USA est de trouver qui va rouler leur dette.
    Avec les QE, on a vu que la fed s’en ai chargé en majorité ces derniers mois. Mais maintenant que les QE sont finis, il faut trouver qui va la remplacer.
    Ce ne seront pas les entreprises, car même si elles ont une très forte tresorerie actuellement, avec la chute de la croissance (et sans doute l’entrée réellement dans une nouvelle récession), elles vont avoir crucialement besoin de cette tresorerie pour faire face à leurs nouvelles phases de restructuration (s’il leur reste encore du « gras » à tailler).
    Ce ne seront pas les « américains moyens » car même s’il remonte actuellement, leur taux d’épargne est insuffisant.
    Ce ne seront pas les banques, car elles sont déjà la tête sous l’eau, et la chute des bourses ou la nouvelle hausse des impayés ne va rien arranger.
    Et ça ne seront pas les étrangers car ils ont déjà leur propres problèmes à gérer.
    Ca ne sera pas (pas encore) un défaut de paiement car ça signerait leur arrêt de mort immédiat en tant que première puissance.
    Donc ça sera bien un QE3. Mais ça signifiera bien l’entrée dans une spirale infernale d’hyperinflation.

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    • pascal roussel // 04.08.2011 à 21h27

      Bonjour et merci pour votre commentaire 🙂
      Pour ma part je crois que les gros détenteurs continueront à rouler la dette qu’ils possèdent actuellement faute de mieux. Par contre la question cruciale est de savoir qui seront les nouveaux prêteurs car avec l’aggravation de la crise mondiale, l’Etat va estimer devoir encore emprunter beaucoup plus pour soutenir AIG, Fannie et Freddy, les banques, la bourse et … accessoirement les gens.
      En effet je ne crois pas que les entreprises prêteront au gouvernement US car elles vont avoir besoin de leur trésorerie pour traverser la 2ème vague qui va être bien pire que la première. D’accord avec vous que l’américain moyen n’épargne plus depuis bien longtemps. Tous les pays vont traverser des difficultés, alors l’argent va se faire rare et ne sera pas facile à attirer. Les banques pourront prêter à l’oncle Sam à condition que la Fed leur en donne les moyens. Je pourrais entrer dans les détails mais je n’ai aucun doute qu’un QE2.5 sera inévitable. Il sera plus discret et indirect que le QE2 officiel. Pour ma part j’utilise le mot hyperinflation avec prudence. Hyperinflation signifie que l’homme de la rue n’a plus confiance dans la devise qu’il utilise. Je ne dis pas que cela n’arrivera pas mais dans l’immédiat il y a tellement d’argent qui va être détruit par le non remboursement de prêts que l’hyperinflation n’est pas pour demain.

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  • valuebreak // 04.08.2011 à 07h09

    mr Roussel, bjr.

    je suis heureux de vous lire à nouveau (un clin d’oeil aux éditions romaines, un !). Vos remarques concernant la dramatisation médiatique des conséquences d’une éventuelle stabilisation du plafond de la dette sont pertinentes. Il y a dans cette agitation une composante politique manifeste liée aux élections 2012. De même vos développements sur le rôle refuge des oblgs US relèvent du bons sens et de l’observation.

    Une question, SVP : je pense que l’important dans cette affaire, c’est la perte éventuelle du triple A des USA. Quelles en seraient selon vous les conséquences, non pas pour les USA eux mêmes en tant qu’état fédéral( la FED fera son possible), mais pour les entités (pays, fonds, entreprises) dont leur propre triple A est lié à celui des US ? par exemple : quid de l’ Egypte dont le triple A est une émanation US ? quid des fonds assurantiels qui doivent détenir du AAA ? Quid des entreprises dont le client principal est les USA ?

    et si vous aviez le temps de développer … Quid de la perte du triple A dans un contexte de rareté croissante des ressources primaires, énergies en tête ? par ex, que fait Israel dans un contexte perte triple A, augmentation MP et énergie, appauvrissement de son principal cauchemard : l’ Iran ?

    merci de votre éventuelle réponse.

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    • pascal roussel // 04.08.2011 à 15h25

      Merci pour la sympathique remarque. En fait je publie chaque semaine un billet sur le site eurasianfinance.com lié aux Editions Romaines (sauf en juillet-août). Mais j’espère qu’Olivier, l’auteur de ce site me permettra de publier d’autres billets.
      Les questions très pertinentes que vous posez, devraient faire l’objet de tout un article 🙂
      Personnellement je pense que les 3 agences anglo-saxonnes ne dégraderont jamais les US avant que le marché n’ait largement incorporé cette dégradation dans les prix des obligations. Les agences ne feront que confirmer ce que tout le monde avait déjà prévu. Ce sera un non événement et personne ne pourra les accuser d’avoir provoqué le moindre cataclysme.

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      • valuebreak // 06.08.2011 à 04h28

        merci de ces éléments …

        évidemment je suis preneur d’un prochain article … une proposition de titre : « perte du trple A aux US, les dégâts collatéraux ».

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        • valuebreak // 06.08.2011 à 11h48

          bon ben …

          nous allons avoir la réponse à cette question de la perte du AAA …
          en pratique, pas en théorie …

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  • Karlos // 04.08.2011 à 18h14

    Article et commentaires très intéressants. Avez vous lu le billet de ZH sur la stratégie de la Chine vis à vis des US ?
    http://www.zerohedge.com/contributed/how-china-ate-americas-lunch

    Si oui, seriez-vous plutôt d’accord avec la thèse exprimée ?

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  • Pierre-Igor // 04.08.2011 à 19h20

    Bonjour, Monsieur Roussel,
    Je suis content de vous relire : à un moment, vous aviez été plus rare sur le site des éditions romaines et j’ai perdu l’habitude d’y aller voir. J’aime beaucoup vos billets car ils illustrent le paysage général à partir d’un point de vue différent des autres excellents chroniqueurs comme Olivier Berruyer ou Paul Jorion, ce qui permet de les compléter.
    Merci à vous.

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    • pascal roussel // 04.08.2011 à 21h54

      Bonjour,
      merci pour votre commentaire
      en fait je publie régulièrement sur le site eurasianfinance.com qui est lié au site des Editions Romaines. En plus ,il faut dire que j’ai été assez occupé avec la rédaction d’un roman qui est sorti il y a qcq mois sans parler de mon travail à la BEI où la situation des dettes souveraines et des banques européennes entraine une énorme surcharge de travail pour le département des risques financiers.
      Mais Olivier Berruyer m’a assuré que je pourrais encore écrire sur son site et je m’en réjouis d’autant que malheureusement les choses vont s’aggraver et les gens vont avoir besoin d’un maximum d’informations et de point de vue pour prendre les bonnes décisions

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  • pascal roussel // 04.08.2011 à 20h59

    Quelle est la motivation profonde du développement de la Chine ? L’article de ZH prétend que c’est un plan sciemment mis en place en plusieurs phases visant pour les Chinois, non seulement à ne pas se faire exploiter par l’Europe et les US comme dans le passé mais visant en fait à exploiter l’Europe et les US. Ce plan visait sciemment à vider l’Europe et les US d’un maximum de devises.
    Personnellement je suis d’accord avec les étapes décrites dans l’article. Les choses ont bien évolué comme cela mais je ne crois pas que ce soit le fruit d’un plan conçu en Chine. Je ne crois pas que la Chine tire les ficelles.
    Les dirigeants communistes chinois ont bien vu ce qui était arrivé dans d’autres pays communistes et aucun de ces dirigeants n’a voulu perdre ses avantages personnels. Au même moment, ces dirigeants ont constaté que faire tourner les usines pour alimenter une consommation intérieure planifiée ne fonctionnait pas. Sans réformes économiques, ces cadres et dirigeants communistes ont eu peur de tout perdre. A mon avis c’est cela qui les a motivé bien plus que l’idée de devenir une super puissance sur le dos et à l’insu de l’Europe et des US. L’idée de devenir l’usine du monde offrait à leurs yeux, tous les avantages.
    Cela ferait l’objet de tout un article mais sans l’effondrement de Bretton Woods, il y a 40 ans, en août 1971 jamais la Chine ne serait là où elle est. Le rôle des banques centrales a été prépondérant pour finalement en arriver à la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement ( y compris le développement de la Chine).

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  • Bruno L // 05.08.2011 à 13h18

    Bonjour,

    Merci pour cet article très clair, qui explique avec des mots simples des choses compliquées.
    Depuis le temps que je suis de loin les événements de la planète finance pour tenter de comprendre ce qui nous tombe dessus je ne peux que vous remercier : c’est très rare !!

    Une chose qui manque toujours, que je n’ai jamais trouvé et je sent que votre avis la dessus doit être très interessant : des conseils pour les gens normaux, donc pas trader, ni investisseur, juste des travailleurs, avec peut-être une toute petite épargne de quelques miller de Franc. Que peuvent faire ces gens la pour ce préparer au mieux au tsunami financier qui se prépare ?

    Pour ma part j’ai acheté un peu d’or, pas grand chose une dizaine de piécettes, je cherche à acheter une petite maison mais cela me liera intimement et pour longtemps à une banque (mais c’est un projet que j’ai à coeur). Je pense également que en cas de très grosse crise je serais mieux dans ma maison que en appartement … si possible avec une source et un potager ^o^ …

    en bref que faire quand on est « que » employer pour que ça se passe le moins mal possible ?

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    • pascal roussel // 11.08.2011 à 22h42

      quelques conseils pour gens « normaux ». Le jour où cela ira vraiment mal mieux vaut en effet être dans une maison avec si possible une source et un potager, loin des villes, dans un endroit discret sans aucun signe apparent de richesse, avoir des pièces d’or et d’argent, le moins de cash possible à la banque, être près à s’adapter à de grands changements et ne pas vouloir s’accrocher absolument à ce que l’on a toujours connu, faire preuve de bon sens, être disposé à faire du troc…etc Nous n’y sommes pas encore mais je ne vois pas comment nous allons pouvoir l’éviter.

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  • SocGen FAIL : manips et com’ n’y changeront rien « Carla Noirci's Log // 11.08.2011 à 12h39

    […] du hold-up global de nos démocraties. Des sources : ZeroHedge, Paul Jorion, LEAP2020.eu, Les Crises.fr […]

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  • raph // 12.08.2011 à 07h15

    OUI je suis d’accord avec pascal roussel

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