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15.mars.202315.3.2023 // Les Crises

La grève est un choix difficile pour les citoyens endettés et les gouvernements s’en frottent les mains

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Depuis la fin des années 1970, les actions de grève et l’adhésion aux syndicats n’ont cessé de diminuer dans la plupart des démocraties occidentales. Une nouvelle étude révèle que l’une des principales raisons de ce déclin tient au fait que la classe ouvrière est de plus en plus dépendante du crédit.

Source : Jacobin Mag, Giorgos Gouzoulis
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Les effets dissuasifs de l’endettement personnel n’affectent pas seulement les approches individuelles dans le cadre des négociations salariales, mais dissuadent également les gens de participer à des actions syndicales. (krisanapong detraphiphat / Getty Images)

La résurgence des mouvements de grève dans de nombreuses grandes économies occidentales fait la une de l’actualité depuis quelques mois. En novembre dernier, Neil Bradley, le vice-président exécutif de la Chambre de commerce américaine, a déclaré sans ambages sur Fox News que « nous ne pouvons pas tolérer une grève nationale des chemins de fer. » Le fait même qu’une grève nationale des chemins de fer ait été envisagée même sous forme de vague rumeur, est un signe que les temps changent.

Mais, bien que les grèves fassent effectivement un retour en force tant aux États-Unis qu’au Royaume-Uni, les analystes ont tendance à surestimer le tempo et l’ampleur des vagues actuelles d’actions revendicatives. Malheureusement, leur optimisme ne tient pas compte du recul par rapport au pic réel des actions de grève de la fin des années 1970 et du début des années 1980.

Afin de raviver la démocratie sur le lieu de travail, nous devons comprendre pourquoi la mobilisation en faveur de la grève est une tâche beaucoup plus difficile qu’auparavant, c’est-à-dire ce qui dissuade les travailleurs de soutenir l’action syndicale. Dans mon récent article publié dans l’Industrial Relations Journal, je me penche sur les facteurs économiques et politiques qui expliquent la forte baisse des mouvements de grève. Mon travail porte sur la durée des grèves, la participation et le nombre de grèves qui ont eu lieu aux États-Unis, au Royaume-Uni, au Japon, en Corée, en Suède et en Norvège de 1970 à 2018.

La principale conclusion que j’en tire est que si l’inflation entraîne effectivement des mouvements de grève, tels que ceux que nous constatons actuellement, le poids de la dette personnelle a pour effet de contrebalancer cette progression. En fait, mes recherches montrent que l’endettement personnel a contribué à étouffer les grandes grèves au cours des cinq dernières décennies.

Néolibéralisme et financiarisation

Les élections de Margaret Thatcher et de Ronald Reagan ont marqué le début de ce qui est communément appelé néolibéralisme. Contrairement au libéralisme du laissez-faire, qui n’attribue aucun rôle à l’État, le néolibéralisme constitue un modèle économique dans le cadre duquel l’État favorise activement l’expansion des marchés privés dans tous les domaines de l’économie et intervient pour garantir la rentabilité des investissements privés..

À quoi ressemblait le monde avant le néolibéralisme ? Après la fin de la Seconde Guerre mondiale, la reconstruction des économies impliquées dans la guerre a exigé une utilisation massive de la main-d’œuvre. Le marché du travail s’est donc tendu dans ces pays, ce qui a renforcé le pouvoir des travailleurs et a favorisé la croissance du syndicalisme d’après-guerre. Dans le même temps, la Guerre froide a entraîné une concurrence féroce entre l’Occident et les républiques soviétiques, ce qui a poussé les gouvernements occidentaux à développer leurs systèmes de protection sociale par crainte des révoltes. En conséquence, les principales mesures d’aide sociale dans les démocraties industrielles occidentales de cette époque ont souvent inclus des soins de santé publics gratuits, un enseignement supérieur gratuit et un grand nombre de logements sociaux..

En raison de la multiplication des problèmes économiques au sein de l’URSS à partir de la fin des années 1970, Mikhaïl Gorbatchev a été amené à mettre en œuvre la perestroïka, un ensemble de réformes de restructuration de l’économie visant à relancer l’économie soviétique. Parmi celles-ci, on peut citer une implication moins rigoureuse du gouvernement en matière de production et de la validation de la création d’entreprises privées, qui était interdite depuis les années 1920. Les politiciens occidentaux ont traité ces réformes, et finalement la chute de l’URSS en 1991, comme une preuve de la supériorité du capitalisme. L’élimination de la menace de révoltes a entraîné un changement idéologique et politique en faveur du néolibéralisme, puisque le système de protection sociale n’était plus nécessaire pour garantir l’ordre social.

En 1986, Reagan a parfaitement défini la nouvelle philosophie en déclarant : « Les neuf mots les plus terrifiants de la langue anglaise sont : J’appartiens au gouvernement et je suis venu vous aider (I’m from the Government, and I’m here to help). Dans le cadre de cette nouvelle réalité, des processus parallèles ont commencé à se mettre en place. D’une part, les États du monde entier ont progressivement commencé à réduire leurs dépenses en matière de soins de santé, d’éducation et de logement social. Dans le même temps, ils ont favorisé les investissements des entreprises privées qui ont fini par dominer ces secteurs. D’autre part, les gouvernements ont également facilité la libéralisation du secteur financier et l’essor des assurances privées dans un contexte d »absence de filets de sécurité publics.

La privatisation de services essentiels a fait de plus en plus grimper leurs prix et a poussé les gens ordinaires à s’endetter de plus en plus. Les coûts des soins de santé privés atteignent des sommets, l’accès à l’enseignement supérieur est devenu irréalisable pour la plupart des ménages de la classe ouvrière, et le coût pour louer ou acheter une résidence décente a atteint des niveaux insoutenables. Si les gens veulent avoir accès à ces services fondamentaux, leur seul choix est souvent d’emprunter. Ce n’est pas pour rien si, au cours de cette période, les dettes liées aux soins médicaux, aux études et, en particulier, aux prêts hypothécaires ont atteint des sommets inégalés.

Dette, Discipline, et Lutte des classes

Dans les économies à haut revenu, cette évolution a profité, jusqu’à un certain point, à une partie non négligeable des ménages de la classe moyenne. Dans la mesure où ils bénéficient souvent de rendements provenant des investissements dans l’immobilier ou le marché boursier, qui sont dopés par la croissance de l’endettement des ménages, les gens de la classe moyenne supérieure s’opposent souvent à toute réglementation financière. Mais qu’en est-il de la grande majorité des ménages endettés et des classes populaires ?

Le remboursement des dettes constitue le principal poste qui pèse sur le budget des ménages de la classe ouvrière. Plus important encore, ce coût est lié à des facteurs sur lesquels les gens ordinaires n’ont aucune prise, et ils ont peu de marge de manœuvre pour négocier avec leurs créanciers. On en a vu un exemple récemment lors de l’approche irrationnelle de la Réserve fédérale et de la Banque centrale européenne, qui a consisté à augmenter les taux d’intérêt afin de freiner la vague d’inflation actuelle due à l’offre. La seule conséquence réelle de cette démarche a été la forte augmentation des coûts liés au remboursement de la dette pour les ménages endettés. Pour les ménages les plus pauvres, l’endettement s’accompagne d’une grande précarité.

Il est de plus en plus reconnu que les travailleurs endettés font preuve de davantage de discipline dans les décisions qui concernent leur situation économique et sur leur lieu de travail. Les faits montrent que l’augmentation de l’endettement personnel est étroitement liée au recul constant – dans la plupart des économies – des revenus des salariés, depuis l’Europe continentale et la Scandinavie jusqu’à l’Afrique subsaharienne, en passant par l’Amérique latine et le Moyen-Orient. Cela s’explique par le fait que dans le contexte actuel de libéralisation du marché du travail, le remplacement d’un travailleur est simple et facile pour la plupart des employeurs. Par conséquent, demander un salaire plus élevé ou exiger de meilleures conditions de travail comporte le risque majeur de perdre son emploi et de ne pas pouvoir rembourser sa dette. De ce point de vue, il est raisonnable d’accepter un bas salaire ou une détérioration des conditions de travail plutôt que de risquer le chômage.

Dans mes travaux récents, je montre que la discipline imposée par l’endettement personnel n’affecte pas seulement les approches individuelles en cas de négociation salariale, mais dissuadent également les gens de participer à des actions syndicales. La participation aux grèves, le nombre de celles-ci et leur durée sont en baisse depuis le pic atteint à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Ce n’est pas un hasard si ce déclin s’est amorcé au début de la phase de réorientation du secteur financier vers le financement des ménages plutôt que des entreprises.

La grève a un coût à court terme, celui représenté par la perte d’argent pour les jours de grève et aussi, dans l’économie actuelle, le risque à moyen terme d’être licencié. Dans les deux cas, le risque de défaillance personnelle face à la dette augmente, ce qui est une des raisons majeures pour laquelle les ménages ouvriers évitent de de se mettre en grève depuis plusieurs décennies.

Défendre la démocratie au travail

Le droit de retrait de son travail est un droit humain fondamental. Bien que ce droit soit établi par la loi dans de nombreuses économies, des contraintes externes, comme la peur de ne pas pouvoir rembourser sa dette, empêchent les gens de l’exercer depuis des années.

Au cours des derniers mois, une résurgence de l’action syndicale a eu lieu dans plusieurs pays. Mais même si les grèves se poursuivent, elles restent beaucoup plus rares en termes de fréquence et de participation que dans les années 1970 et 1980. La crise du coût de la vie est sans aucun doute un élément déclencheur majeur de cette situation. Comme l’inflation pousse les ménages les plus pauvres à s’endetter davantage, les risques liés au recours à la grève se multiplient. Cette réalité met en péril le regain actuel de l’activité revendicative de grève. Il reste à voir si la colère contre l’inflation peut éclipser la crainte d’un défaut de paiement personnel.

Le défi à court terme pour les travailleurs et les syndicats consiste à mobiliser davantage de personnes et à pérenniser le rythme actuel des actions syndicales. Ce n’est pas une tâche aisée. Concevoir stratégiquement des campagnes de grève qui privilégient les perturbations ciblées plutôt que les actions à durée indéterminée est un moyen intéressant pour inciter les travailleurs précaires à se mobiliser. De même, la formation de coalitions sociales plus larges avec des associations comme les syndicats de débiteurs peut aider à mobiliser davantage de personnes et à défendre la démocratie sur le lieu de travail et au-delà.

Contributeur

Giorgos Gouzoulis est professeur adjoint à la Business School de l’Université de Bristol. Ses recherches portent sur la manière dont la financiarisation et la mondialisation affectent les négociations salariales, la précarisation de la main-d’œuvre, les mouvements de grève et l’adhésion aux syndicats.

Source : Jacobin Mag, Giorgos Gouzoulis, 19-02-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

florian lebaroudeur // 15.03.2023 à 08h58

Avec cet article, on touche du doigt une compréhension fondamentale de l’organisation de nos vies tel qu’elle s’est discrètement mise en place à partir des années 70.
L’improbe jeté sur les politiques, les milliardaires, les syndicats, les médias etc, souvent à juste raison ne doit pas faire oublier que c’est la masse qui s’est jeté à corps perdu dans le piège qui lui a été délicatement et patiemment tendu.
La capacité d’un groupe d’individus a brisé ses chaines dépend plus de sa faculté à comprendre les mécanismes qui les ont réduit à l’impuissance et prendre (enfin) dorénavant les initiatives adéquates pour s’en défaire plutôt que d’être démonstratif verbalement et émotionnellement pour tromper leur manque de courage et de réflexion.

15 réactions et commentaires

  • POPOV // 15.03.2023 à 07h56

    Sur la question du choix difficile des citoyens endettés, une bonne crise financière balaierait tous les dilemmes. Le terme sacrifice dans une société hyper matérialiste laisse présager de grandes souffrances.

      +9

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  • Danton // 15.03.2023 à 08h22

    Bonjour,
    Juste une question et, promis, croix de bois croix de fer, selon la réponse je me le tiendrai pour dit.
    Ce serait sympa d’y répondre et de ne pas modérer ce présent post.
    Je note que quasi tous les jours, il y a du « jacobin mag » au menu. Au début, je pensais que Jacobin était offert aux lecteurs pour élargir le champ de connaissance.
    C’est, depuis dix ans, grâce aux Crises que j’ai découvert Sapir( avant son asile politique ici), Consortium News, Counterpunch et quelques autres. Découvrir des pointures comme Parry ou Pilger, wow, quel bonheur.
    Mais là, presque tous les jours ce qui ressemble moins à un grand media d’investigation qu’à la feuille de choux du journal étudiant et militant d’une université US pas trop pointue….
    Que ce soit le niveau des « analyses », le fond ou la forme, ce n’est pas ma tasse de thé.
    Meunier est maître en son moulin et les Crises a tous les droits de partager la ligne éditoriale de Jacobin Mag mais personnellement, si c’est le cas, merci de me prévenir, ça m’éviterait de venir polluer les commentaires avec une critique acerbe de l’item du jour.
    Esprit critique oui, trollage non. Donc si les Crises partage la ligne de Jacobin, je n’ai plus rien a faire ici.
    Merci.

      +7

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    • vert-de-taire // 15.03.2023 à 10h25

      pas loin de réagir similairement
      à mon avis 2 ‘erreurs’ :
      – la première de ‘vouloir’ vivre dans un monde de clones de soi dans la satisfaction de lire des opinions semblables et donc plaisantes (dictature du cerveau (animal))
      – prendre un site pour une entité logique, cohérente

      Il y a un peu de tout ici, c’est ce qui rend ce site interessant voire utile.
      Quand je dis de tout, c’est faux bien-sûr, disons de pas mal de sujets de société..
      cela ne plait pas tous les jours … certes, et puis ?
      Bcp de choses ne me plaisent pas du tout, et alors, je passe, je rigole ou je prends un instant pour le formuler le plus clairement possible.

      La Nature fabrique des individus, des proie/prédateur (pas d’autre choix pour survivre).
      le capitalisme renforce ce mécanisme en refusant la création de société de personnes paisibles,
      qui s’éloignerait de cette guerre perptuelle
      et rendrait la vie plus passionante – la paix permet de penser large.
      Au contraire l’injonction est :
      battez vous entre vous pour mieux survivre
      ô troupeau de gueux ..

      Nous avons la société que nous conformons par nos comportements
      acceptations volontaires, conscientes ou non.

      Il devient alors très tentant de nous réfugier dans un monde plaisant.
      c’est ce qui me fait lire les-crises.

      Et patatras, il se dérobe parfois …

        +5

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    • Lt Briggs // 15.03.2023 à 13h52

      Vous sollicitez l’opinion des lecteurs de ce blog, voici la mienne.
      Pour suivre ce site depuis ses débuts, je n’ai pas noté d’inflexion majeure dans sa « ligne ». A la lecture de certains de vos commentaires, je ne suis pas du tout étonné que vous vous sentiez mal à l’aise concernant les papiers proposés. Par contre je suis surpris que vous sembliez vous en rendre compte seulement maintenant. Pour ma part, j’apprécie quand les articles sélectionnés et les commentaires ne se contentent pas de hurler avec la meute mais essaient de voir plus loin, de mettre les choses en perspective. C’est ce que j’exprimais dans une réaction à votre post initial à la revue de presse du 12 mars – réaction qui a été modérée à ma surprise. Enfin, il me semble que Les Crises n’a jamais eu la vocation d’être un « grand média d’investigation », il faudrait un budget conséquent pour ça…

        +2

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    • Luigi // 15.03.2023 à 18h27

      C’est drôle ou presque…

      Si votre question est bien la question : je ne vois aucune différence dans la ligne éditoriale de ce site depuis au moins 10 ans. D’ailleurs, c’est bien ce qui fait son originalité et son intérêt, on y trouve le meilleur et parfois le pire, mais dans tous les cas rarement ce qu’on trouve ailleurs. Aussi, à condition de ne pas réfléchir soi-même comme une secte, ce site reste d’utilité publique y compris pour connaître ce que pensent des gens avec lesquels on peut ne pas être toujours d’accord.

      Si par contre c’est un plébiscite sur vos interventions que vous cherchez, je ne fais pas du tout partie de ceux qui trouvent que ce que vous dites a un quelconque intérêt. C’est toujours sur le même mode de penser, limite radotage bloqué sur vos croyances ; donc si vous voulez prendre des vacances, ça m’en fera aussi.

        +6

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  • calal // 15.03.2023 à 08h28

    En fait,le poids des dettes est du a l’utilisation du taux d’interet compose: on emprutne a 2% de taux d’interet par exemple. Mais ce mode de calcul favorise les « epargnants » par rapport aux « depensiers ». Ce qui dans certains cas revient a favoriser les « radins rentiers » par rapport aux « innovateurs-investisseurs »,parce que cela presuppose que le radin trouvera chaque annee un investissement rentable pour son argent or ce n’est pas forcement le cas: souvent le creancier s’enrichit en « dormant » .
    Mais la aussi,d’autres choix sont possibles: par exemple on pourrait choisir d’emprunter un montant donne a un cout donne,par exemple emprunter 1000 euros sur un an couterait 15 euros point barre.C’est le choix fait par la finance islamique par exemple.
    Bon apres,chaque systeme a ses avantages et ses inconvenients et l’intelligence fait ici la difference. CAVEAT EMPTOR…

      +5

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    • ouvrierpcf // 15.03.2023 à 19h57

      La finance islamique ? C’est qui c’est quoi ? La finance c’est la finance l islamisme c’est l islamisme En finance dieu est dollar yen ou zloty avec l’islam l’intérêt est proscrit du moins dans le Coran C’est pourquoi on quête où on donne on ne parie pas ni en argent ni en amour ni en dieu ou en son nom

        +0

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  • florian lebaroudeur // 15.03.2023 à 08h58

    Avec cet article, on touche du doigt une compréhension fondamentale de l’organisation de nos vies tel qu’elle s’est discrètement mise en place à partir des années 70.
    L’improbe jeté sur les politiques, les milliardaires, les syndicats, les médias etc, souvent à juste raison ne doit pas faire oublier que c’est la masse qui s’est jeté à corps perdu dans le piège qui lui a été délicatement et patiemment tendu.
    La capacité d’un groupe d’individus a brisé ses chaines dépend plus de sa faculté à comprendre les mécanismes qui les ont réduit à l’impuissance et prendre (enfin) dorénavant les initiatives adéquates pour s’en défaire plutôt que d’être démonstratif verbalement et émotionnellement pour tromper leur manque de courage et de réflexion.

      +15

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    • Grd-mère Michelle // 15.03.2023 à 16h26

      « …organisation de nos vies telle qu’elle s’est mise en place à partir des années 70. »
      Heu, Florian, d’après moi, qui suis sans doute plus âgée que vous, cette « organisation » basée sur l’hyper-productivité industrielle de « biens » désirables (même si totalement superflus) et vite disponibles grâce au crédit, remonte à la fin de la seconde guerre mondiale (qui a aussi mis les femmes au travail) et provient de la séduction (publicité) de la « société moderne et mécanisée » telle qu’elle s’était déjà installée chez nos très chers alliés intéressés, les USA.
      Cette « société de consommation », si superficielle, compétitive, individualiste et en même temps auto-destructive, Boris Vian, ce « zazou », la dénonçait déjà dans les années 50 dans des chansons et des livres savoureusement ironiques.
      Sa pièce de théâtre « Les bâtisseurs d’empire », trop peu jouée(pourquoi?), a le mérite d’exposer les mécanismes qui permettent « l’emballement » (en vrai, le viol mental) de sociétés entières dans des projets funestes, particulièrement celui qui désigne une « tête de turc » sur lequel défouler/canaliser toutes ses insatisfactions/ses déceptions/ses rancunes.

        +5

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  • Lev // 15.03.2023 à 10h00

    L’endettement des salariés et leur dépendance au crédit (ne serait-ce que celui de l’épicier du coin où les avances sur salaire) est omniprésent dans la littérature dès le 19 siècle (Zola, Balzac…)… et n’évoquons pas la littérature du 20e tant européens que nord américaine

      +7

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    • vert-de-taire // 15.03.2023 à 10h30

      je dirais même plus ..
      quand on lit les confessions d’un assassin financier (John Perkins)
      on comprend mieux la logique du système capitaliste esclavagiste.
      la dette comme instrument de la soumission de tout : nation, individus, entreprises…
      maitrise des flux monétaires …. bref on est en dictature parfaitement bien organisée
      pour nous soumettre.

      ( Confessions of an Economic Hit Man écrit par John Perkins et publié en 2004)

        +12

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    • ouvrierpcf // 17.03.2023 à 17h35

      La dépendance des salariés au crédit reposait sur un système de confiance entre un commerçant des quartiers ouvriers et le ou la femme du salarié le crédit banquier ou le crédit bancaire ne repose sur aucune confiance aucune relation même client commerçant ou client fournisseur je me souviens encore du magasin Chez Piotrz le commerçant de mon quartier Il mesurait 2 mètres pesait certainement plus de 100 kg connaissait le nom de mon papa le prénom de maman pour le peu que maman m’a envoyé chercher des commissions sans payer il ne m’a jamais demandé une signature un CV une lettre de créance un relevé bancaire une fiche d’état civil un RIB essayez donc de demander un crédit de 10 euros avec truc muche conso ou crédit mutuel ou Cathorama ou put

        +0

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  • Danton // 15.03.2023 à 22h16

    Allez, juste un com pour la route en fin de journée.
    France, chômeurs 5 millions, RSA 3 millions, étudiants 3 millions, retraités de moins de 70 ans 5 millions.
    Manif fournie: 1 million ( massivementt des travailleurs).
    Ce sont les crédits qui empêchent ces 16 millions là d’aller manifester?
    Voilà le genre de chose qui m’agace vraiment chez Jacobin

      +4

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    • basile // 17.03.2023 à 14h53

      je dirais argent facile, qui tombe tout en restant sur le canapé. Et pour regarder quoi, depuis son canapé ? Les pubs.
      Pourquoi donc aller manifester, puisqu’ils sont réduit à de simples consommateurs très heureux de leur sort infantile, biberonner, non plus leur biberon, mais les derniers gadget vus à la télé.

      Je n’avais pas pensé au crédit, il y a du vrai
      mais il y a aussi la consommation, qui n’est pas abordée dans l’article.

      avant la société de consommation, le simple ouvrier pouvait faire en 36 non pas1 jour de grève comme aujourd’hui, mais 6 mois comme mes parents. La vie était simple, les besoins aussi. Ca permettait de tenir financièrement.

        +2

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    • utopiste pragmatique // 17.03.2023 à 18h08

      Entre pauvreté, individualisme, gros bâtons montrés à la TV, décadence et la dématérialisation/déshumanisation des problèmes, les manifestations (qui au demeurant peuvent être complètement ignorées par le pouvoir en place) subissent une perte de sens en partie orchestrée par les médias.
      Sinon, histoire de faire causer, moi aussi j’ai mon petit commentaire.
      Pourquoi les syndicats ne déposent pas un préavis de grève générale pour dans 498 jours ? Que donnerai une fête du fric du type J.O. sans les petites mains pour faire tourner la machine ? Comment Macron, et ses donneurs d’ordres européens, réagiraient-ils à ce dilemme : perdre un bataille ou perdre la face ?

        +2

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