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3.octobre.20193.10.2019 // Les Crises

« La politique des faucons » habillée par la finance. Par Alastair Crooke

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Source : Strategic Culture, Alastair Crooke, 15-07-2019

© Photo : Pixabay

La formule, « Make America Great Again » [MAGA, Rendons sa grandeur à l’Amérique, NdT], utilisée pour mettre une « pression maximale », ne fonctionnera pas pour la simple raison qu’elle consomme le « capital social » américain à un rythme infernal. Elle ne reconstruira pas la base industrielle de l’Amérique, pas plus qu’elle ne lui redonnera son hégémonie politique. Elle cristallise considérablement. Le monde entier comprend aujourd’hui que la formule MAGA consiste à gagner n’importe quel avantage qui peut être conféré aux États-Unis, tout en faisant payer le prix à tous les autres – ainsi que récupérer les pertes. Même les Européens ont « capté » ça maintenant. Le trumpisme manque de « dimension » au-delà du mercantilisme. Pourtant, si l’on pouvait présenter le « souverainisme » culturel comme quelque chose de plus qu’une simple « politique non-identitaire », source de peu d’avantage, il pourrait trouver une plus grande pérennité.

En l’état actuel des choses, la politique MAGA, dans sa définition la plus restrictive, ne fait que ronger le capital politique des États-Unis et porte atteinte au privilège inégalé des États-Unis de pouvoir consommer à un niveau de vie plus élevé que celui des autres en utilisant la monnaie de réserve américaine, « carte de crédit » qui ne nécessite aucun remboursement des États-Unis de ses soldes débiteurs en dollars. En sanctionnant « le monde » et en jouant avec l’hégémonie du dollar et le système de Bretton Woods, les États-Unis finiront par tout perdre. Ils devront alors faire face à la désagréable expérience de devoir payer tout ce qu’ils consomment « avec quelque chose ayant une valeur réelle ». Ce sera un véritable choc.

Il est vrai que le système mondial avait cruellement besoin d’un chamboulement, et l’iconoclasme de Trump a été, à ce sujet, une force créatrice-destructrice qui ouvre la voie à l’ensemencement de quelque chose de nouveau. Mais l’impulsion du « disrupteur » peut devenir un véritable naufrage non atténué, sans le moindre début d’un équilibre qui pourrait apporter quelque harmonie.

Pour l’instant, il n’y a aucune personnalité autour du Président Trump qui ait la perspicacité ou le « savoir-faire » politique nécessaire pour sortir le Président américain de son « coin ». Au contraire, le naufrage de la politique étrangère – et en fin de compte – de la politique monétaire (la « Fed » continue d’alimenter la bulle financière, tandis que l’économie réelle moisit) – semble en vue. La pression maximale n’a pas récolté les dividendes politiques escomptés – au lieu de cela, elle aggrave dangereusement les tensions mondiales.

La politique étrangère de Trump est à la fois centrée sur – et marquée par – sa profonde antipathie à l’égard de l’Iran. Elle est à l’apex de sa politique de « Grand Israël », et de son tweet de 2018 « Quiconque fait des affaires avec l’Iran ne fera PAS d’affaires avec les États-Unis. Je demande la PAIX MONDIALE, rien de moins ! » (les capitales sont de Trump).

Les dommages collatéraux résultant de cette obsession considérant l’Iran comme le « mal cosmique » et estimant que, s’il était vaincu, la PAIX MONDIALE en serait, en quelque sorte, assurée, se répandent : Le refus de la Russie de se retourner contre l’Iran constitue la principale raison de la détérioration des relations entre Trump et le président Poutine. La politique iranienne sème la division entre l’Europe et l’Amérique. C’est également devenu un obstacle de taille dans les relations avec la Chine (car ce pays a besoin de sécurité énergétique et n’est pas prêt à se joindre au boycott). Et la politique américaine vis à vis de l’Iran pourrait encore entraîner des dommages économiques mondiaux (si le risque pétrolier s’accroît). Le Moyen-Orient est déjà en train de s’effondrer, et l’Iran est devenu la justification universelle de l’administration des États-Unis pour expliquer pourquoi les forces américaines doivent être maintenues en place dans tous les conflits régionaux. (Elles sont tenues de « contenir l’Iran »).

Comme l’écrit Daniel Larison dans The American Conservative, la politique de Trump à l’égard de l’Iran « est une politique de changement de régime sans vouloir le nommer et Trump a approuvé tout ce qui allait dans ce sens. Faire la guerre économique à l’Iran ne lui pose aucun problème, et il a donné aux faucons pratiquement tout ce qu’ils voulaient. La politique iranienne de Trump est « la politique des faucons » en action, et si c’est un désastre, c’est parce qu’il était évident que cette « politique des faucons » le serait … Le président est obsédé par les armes nucléaires parce que son conseiller à la sécurité nationale vend depuis des mois le mensonge que l’Iran cherche à fabriquer des armes nucléaires, et tant lui que les autres conseillers ont su convaincre (duper) Trump d’un autre mensonge: le PAGC [Plan d’action global commun, NdT] « permet » à l’Iran de se doter de ces armes nucléaires. »

Et voici pourquoi, d’après Larison :

« Les faucons s’opposent [depuis longtemps] à l’accord parce qu’ils n’ont [jamais] voulu que l’Iran puisse bénéficier d’un allègement des sanctions… ils continuent à prétendre qu’ils veulent un « meilleur accord » parce qu’ils ont passé les 15 années précédant le PAGC, à s’époumoner au sujet d’une arme nucléaire iranienne potentielle, souvent de manière absurde, en la présentant comme une « menace existentielle ». Pendant la majeure partie de ce siècle, de nombreux faucons n’ont cessé de parler de la nécessité d’une action militaire préventive contre les installations nucléaires de l’Iran. La question nucléaire était leur prétexte au conflit, et ils ont détesté ça quand l’accord nucléaire leur a enlevé ce prétexte… Au lieu de cela, ils nous parlent sans cesse des « failles » de l’accord alors qu’elles n’en sont pas vraiment, et d’un déplacement éhonté des objectifs, qui nécessiterait un accord de non-prolifération pour résoudre tous les problèmes régionaux en même temps.

« Trump a avalé ces mensonges et les a répétés plusieurs fois. L’Iran ne peut pas négocier avec une administration qui prétend que l’accord nucléaire les « autorise » à se doter d’armes nucléaires. Ils savent que ce n’est pas le cas, alors ils doivent donc supposer qu’aucun accord qu’ils seraient prêts à conclure ne serait acceptable pour l’administration. Certes, le dernier argument de l’administration selon lequel l’Iran doit accepter de renoncer à tout enrichissement confirme que les États-Unis insistent sur une concession que l’Iran ne fera jamais. Trump ne veut pas parler à l’Iran comme son prédécesseur à la Maison Blanche l’a fait. Il veut que l’Iran capitule. Cela a toujours été l’objectif de « pression maximale ». La politique de Trump à l’égard de l’Iran est sans aucun doute une politique de faucon, et c’est pour cela qu’elle produit des résultats si terribles tant pour les États-Unis que pour l’Iran. »

Alors, pourquoi les faucons ont-ils été si véhéments dans leur opposition à la normalisation des relations avec l’Iran ? C’est parce que la normalisation déplacerait l’équilibre stratégique des pays qui favorisent la conciliation avec Israël vers les pays dits de résistance qui (de leur point de vue) ne l’ont jamais fait. Le premier ministre Netanyahou a été inflexible tout au long de ce processus de sanctions, affirmant qu’aucun allègement ne doit être offert à l’Iran, jamais – il considère les sanctions américaines comme le levier pour forcer le retrait de l’Iran du territoire Syrien.

C’est cette position intransigeante qui est à l’origine de l’échec de la réunion tripartite des conseillers à la sécurité nationale des États-Unis, d’Israël et de la Russie fin juin. Netanyahou avait auparavant proposé à Poutine d’être une « passerelle » pour l’ouverture des portes de Washington ; avec l’aval d’Israël, Netanyahou pourrait mettre fin aux sanctions américaines contre la Russie, mais cela, à la condition que M. Poutine accepte de mettre fin aux liens de la Russie avec l’Iran, et isoler Téhéran.

La contre-proposition du Président Poutine a été que – si les États-Unis levaient les sanctions contre l’Iran et retiraient leurs forces de Syrie – alors la Russie ferait de son mieux pour que l’Iran se retire de la Syrie. En outre, les intérêts américains et israéliens seraient alors « pris en compte » dans un règlement politique syrien.

En bref, Netanyahou attendait de la trilatérale de Jérusalem qu’elle jette les bases d’un engagement clair de la Russie à rompre ses relations avec l’Iran – et que cela soit dévoilé comme le « grand succès » de Trump au G20 d’Osaka, après sa rencontre bilatérale avec Poutine. Ce n’est pas ce qui s’est passé.

En l’occurrence, Netanyahou a catégoriquement refusé toute levée de sanctions contre l’Iran (arguant que les sanctions représentaient un réel levier quant à la présence de l’Iran en Syrie) et la réunion trilatérale a non seulement échoué dans son objectif stratégique, mais Nikolaï Patrushev, le représentant russe, bien qu’ami d’Israël, n’a pas renié l’Iran. Bien au contraire : Il a nié que Téhéran soit une menace pour la sécurité régionale. Un journal israélien a conclu : « La Russie se range aux côtés de l’Iran, contre Israël et les États-Unis. Un haut responsable russe a soutenu l’affirmation de Téhéran selon laquelle le drone américain qui a été abattu l’a été dans l’espace aérien iranien et défend le droit des troupes étrangères de rester en Syrie en dépit de l’opposition israélienne ».

En conséquence, le sommet d’Osaka entre Trump et Poutine ne s’est pas bien passé non plus : Trump a simplement remis à Poutine une liste de revendications américaines. Poutine a souri tel un sphinx, mais n’a pas répondu.

Faisons le point : la politique de la Maison-Blanche à l’égard de l’Iran n’est qu’une « voiture » de tête, qui se dirige vers un virage serré dans le Circo Massimo (Circus Maximus) et vers une éventuelle « collision ». Les relations américano-russes suivent de près, et puis le char de la guerre commerciale avec la Chine et, dernière de la liste, et traînant des pieds, la guerre commerciale avec l’Europe. Bien plus grave, pour nous tous, serait que les relations américano-russes se heurtent au mur du stade. Et ça risque d’arriver. L’incident avec le sous-marin russe qui a coûté la vie de quatorze personnes (dont les parties prenantes préfèrent taire les détails) et la lettre de l’OTAN insistant pour que les systèmes russes de missiles de croisière sol-air 9M729 [appelé SSC-8 par l’Otan, NdT] soient détruits parce que violant le traité FNI [Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire, NdT], ont créé un contexte de détérioration grave des relations.

Pourquoi Trump risquerait-il tant pour une querelle ancienne au Moyen-Orient ? Pourquoi snober Poutine au sujet de l’Iran ? Peut-être Trump s’est-il convaincu lui-même du récit selon lequel l’Iran serait effectivement un mal cosmique, au sens biblique du terme. Mais il se trouve que sa conversion à cette idéologie se trouve en plein accord avec ses intérêts immédiats.

La semaine dernière, le sommet des Chrétiens Unis pour Israël [Chrétiens unis pour Israël est une organisation chrétienne américaine pro-israélienne que se définit comme un mouvement national centré sur le soutien à Israël. C’est une organisation pro-israélienne majeure aux États-Unis. La CUFI affirme qu’elle offre son soutien à Israël pour des raisons bibliques, NdT] a eu lieu à Washington. Des milliers de chrétiens évangéliste de tout le pays ont assisté à l’événement, au cours duquel Mike Pence, Mike Pompeo (tous deux évangélistes), ainsi que John Bolton, Jason Greenblatt et l’ambassadeur en Israël, David Friedman ont tous pris la parole. Le thème, bien sûr, était la menace iranienne.

Le journal israélien Haaretz note :

« Les évangélistes, épine dorsale des Chrétiens Unis pour Israël, sont un des principaux groupes d’électeurs clé pour Trump et les Républicains. Environ 80 pour cent des évangélistes blancs ont voté pour Trump en 2016, l’aidant à remporter des victoires dans plusieurs swing states [Dans le contexte de l’élection présidentielle aux États-Unis, un swing state, également appelé État-charnière, État pivot, est un État des États-Unis au vote indécis et qui peut donc changer de camp, d’un scrutin à l’autre, entre les deux partis dominants et faire basculer le résultat du vote final. NdT]. Le consensus parmi les analystes politiques américains est que le président aura besoin d’un soutien similaire si ce n’est plus important au sein des évangélistes pour remporter un second mandat l’année prochaine.

« La semaine dernière, le site d’information Axios [Axios est un site d’informations et d’actualités américain fondé en 2016 par Jim VandeHei, Mike Allen et Roy Schwartz, anciens employés de Politico. Son lancement officiel a eu lieu en 2017. Le nom du site est basé sur le grec : ἄξιος, qui signifie « digne », NdT] a rapporté que la campagne de réélection de Trump élabore un plan agressif, état par état, pour mobiliser encore plus d’électeurs évangélistes que la dernière fois « . Selon le reportage, cela incluera « des campagnes d’inscription des électeurs dans les églises des États de l’Ohio, du Nevada et de la Floride », ce qui permettra de promouvoir le bilan de Trump sur des questions importantes pour les électeurs évangélistes. »

Et l’intérêt primordial pour ces électeurs évangélistes ? Progresser vers la création (biblique) du Grand Israël comme une prophétie réalisée. Et voici la question non résolue – alors qu’en réponse l’Iran intensifie ses contre-pressions, et alors que l’étranglement de l’Amérique se resserre – que va faire Trump ?

« En ce moment », note Ben Caspit, commentateur israélien de premier plan, « Trump est influencé par ses proches conseillers (principalement John Bolton et Mike Pompeo) qui ont adopté une position de « faucon » et n’ont pas été dissuadés de l’idée d’une implication militaire (au moins aérienne) vis-à-vis de Téhéran. Mais le président américain a aussi d’autres mentors (certains politiques et d’autres du monde des médias) qui prétendent que s’engager dans une aventure militaire à la veille des élections réduirait considérablement les chances de Trump de se faire réélire pour un second mandat. »

Caspit, cependant, « hoche la tête » quand il considère le poids des évangélistes : vis à vis de l’administration Trump, « Israël a transformé ce réservoir de voix évangélistes en un formidable atout électoralo-diplomatico-stratégique au cours de ces trois dernières années. Netanyahou et son ambassadeur à Washington, Ron Dermer, ont une grande influence sur les prédicateurs évangélistes. La relation entre Israël et cette faction christiano-messianique américaine s’est intensifiée…[au point de rivaliser avec l’AIPAC] ». [L’AIPAC ou American Israel Public Affairs Committee est un lobby créé en 1951 aux États-Unis visant à soutenir la droite en Israël, réputé proche du Likoud NdT]

« Une chose est sûre », conclut Caspit : « A l’heure actuelle, les considérations et les analyses sur la question iranienne en Israël sont complètement différentes de ce qui a prévalu à l’été 2012… D’une manière ou d’une autre, quiconque qui penserait que la question d’une éventuelle attaque israélienne contre l’Iran a depuis longtemps disparu des priorités est invité à se mettre à jour : Elle revient en force. »

Source : Strategic Culture, Alastair Crooke, 15-07-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Source : Strategic Culture, Alastair Crooke, 15-07-2019

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Commentaire recommandé

Alain // 03.10.2019 à 09h52

L’affaire iranienne ne fait que démontrer que si les Européens sont les vassaux des USA, les USA sont les vassaux d’Israël du fait de l’idéologie religieuse des évangélistes. D’une certaine façon ces 3 pays sont des théocraties puisque leurs ressorts majeurs sont dictés par la religion

5 réactions et commentaires

  • calal // 03.10.2019 à 08h58

    article de juillet. Depuis, bolton a ete vire et les legislatives israeliennes ont eu un resultat qui n’a pas ete un triomphe pour netahnyaou.
    difficile de faire le tri dans tout ce qui est dit et fait autour de trump et de l’iran.

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    • Daniel // 03.10.2019 à 09h40

      C’est vrai que cela date et qu’il est dure de faire le tri.
      La preuve en ai que l’attention reste toujours très sollicité aux USA par les « affaires » portées par les médias.
      Le Russiagate a à peine eu le temps de refroidir ceux qui sont à l’origine de cette affaire (l’enquête semble arrété). En grattant bien on y trouve les services secrets britannique … (et probablement la City de Londres ?).
      Depuis on a eu les affaires « Trump est un raciste nationaliste blanc » et maintenant « l’Ukraine-Gate ».
      il y a donc une volonté de la part des faucons de d’aller en guerre alors que la tendance du président des USA serait plutôt à créer des relations entre Nations souveraines.
      Je pense que c’est en grande parti pour cela qu’il est tant attaqué et bloquer en interne par ceux qui sont soumis à l’oligarchie financière !

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      • Je me marre // 03.10.2019 à 14h52

        « En grattant bien on y trouve les services secrets britannique …  »

        Oui, Christopher Steele et Skripal. D’où la nécessité de liquider Skripal qui voulait trahir ses nouveaux maîtres au profit de la Russie.

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  • Alain // 03.10.2019 à 09h52

    L’affaire iranienne ne fait que démontrer que si les Européens sont les vassaux des USA, les USA sont les vassaux d’Israël du fait de l’idéologie religieuse des évangélistes. D’une certaine façon ces 3 pays sont des théocraties puisque leurs ressorts majeurs sont dictés par la religion

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    • Je me marre // 03.10.2019 à 14h48

      Et tout le monde est le vassal du complexe militaro-industriel us, qui se gave sur la bête, qui produit des engins de mort à des prix exorbitants comparés à la production russe, bien plus efficace. La corruption est généralisée. Les infrastructures us sont en train de se désagréger et… il n’y a pas d’argent pour elle. Le pays pourrit de l’intérieur. La planche à billets fonctionne tant qu’il y a des charlots pour accepter cette monnaie qui repose sur du vent.

        +6

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