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2.octobre.20192.10.2019 // Les Crises

L’OTAN veut transformer l’espace en une nouvelle frontière en matière de défense

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Source : Reuters, Robin Emmott,

BRUXELLES (Reuters) – D’après quatre hauts diplomates, l’OTAN a l’intention de reconnaître cette année l’espace comme domaine à part entière (NDT : au même titre que la terre, la mer, l’air et le cyberespace), en particulier pour montrer au président américain Donald Trump que l’alliance est pertinente et s’adapte aux nouvelles menaces, alors que Trump vient d’approuver la création d’une Force spatiale américaine.

PHOTO : Des salariés discutent sur la chaîne de production du module de service européen (ESM) d’Airbus, livré pour le vaisseau spatial Orion de la NASA, à l’usine Airbus de Brême, en Allemagne. Cliché réalisé le 19 février 2019. REUTERS/Fabian Bimmer/fichier photo.

La décision, qui doit être prise lors du sommet des dirigeants à Londres les 3 et 4 décembre [2019], auquel Trump doit participer, reconnaîtrait officiellement que des batailles peuvent être engagées non seulement sur terre, dans les airs, en mer et sur des réseaux informatiques, mais aussi dans l’espace.

« Il y a un accord tacite sur le fait que nous devions définir l’espace comme un domaine, et le sommet de Londres est le meilleur endroit pour le rendre officiel » a déclaré un haut diplomate de l’OTAN impliqué dans les discussions, tout en rappelant prudemment que le travail technique et politique était encore en cours.

Les diplomates de l’OTAN nient que l’alliance soit sur le pied de guerre dans l’espace, mais affirment qu’ériger celui-ci au rang de domaine opérationnel ouvrirait un débat sur l’utilisation par l’Alliance d’armes spatiales capables de détruire les missiles et les défenses aériennes ennemis, ou encore les satellites.

D’après les diplomates, la décision de déclarer l’espace comme nouvelle frontière pour la défense pourrait aider à convaincre Trump que l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord peut être un allié utile pour dissuader la Chine de s’élever au rang de puissance militaire rivale.

Alors que les pays de l’OTAN possèdent aujourd’hui 65 % des satellites, la Chine envisage des constellations massives de satellites commerciaux pouvant offrir des services allant de l’Internet à haut débit pour les avions au suivi des missiles et des forces armées sur le terrain.

La Chine est en train de mettre au point des armes utilisables en orbite et est devenue l’année dernière le premier pays à atterrir sur la face cachée de la Lune.

Autrefois partenaire stratégique de l’OTAN, la Russie, aujourd’hui considérée par de nombreux alliés comme une puissance hostile, est aussi une force spatiale et l’un des rares pays en capacité de mettre des satellites en orbite.

« La guerre peut avoir lieu exclusivement dans l’espace, mais celui qui contrôle l’espace contrôle aussi ce qui se passe sur terre, sur mer et dans les airs », a déclaré Jamie Shea, ancien responsable de l’OTAN et actuellement analyste dans le groupe de réflexion Friends of Europe à Bruxelles.

« Si vous ne contrôlez pas l’espace, vous ne contrôlez pas les autres domaines non plus. »

Les ministres de la défense de l’OTAN devraient se mettre d’accord la semaine prochaine sur une politique spatiale élargie, à l’occasion d’une réunion de routine à Bruxelles, même si à ce stade la décision n’a pas encore été prise de déclarer l’espace comme domaine opérationnel de défense.

Un deuxième diplomate a déclaré que, bien qu’il s’agisse d’une décision lourde de conséquences, il s’agirait vraisemblablement d’un « cadeau à Trump ».

Trump – qui a mis à profit le dernier sommet de l’OTAN, en juillet de l’année dernière, pour sermonner ses alliés européens quant aux dépenses militaires et pour accuser l’Allemagne d’être otage de l’énergie russe – a signé en février un plan pour commencer à mettre sur pied la Force spatiale américaine.

Bien que la réunion de Londres n’ait lieu que dans six mois, les alliés européens s’inquiètent déjà de savoir si Trump en profitera pour remettre en question l’utilité de l’alliance, dont il est, de facto, le chef.

QU’EST-CE QUI DÉCLENCHE L’ARTICLE 5 ?

L’armée américaine dépend de plus en plus des satellites pour déterminer ce qu’elle fait au sol, guidant depuis l’espace ses munitions à l’aide de lasers et de satellites et profitant de tels atouts pour surveiller les tirs de missiles ou suivre ses forces.

Les satellites, dont les trajectoires étaient auparavant limitées à leur orbite, peuvent désormais être manœuvrés dans l’espace pour espionner d’autres équipements spatiaux. L’Inde a réalisé un essai de missile antisatellite en mars.

L’Italie, la Grande-Bretagne et la France sont les principales puissances spatiales en Europe, tandis que l’Allemagne élabore de nouvelles lois et recherche des investissements privés pour s’assurer une part d’un marché spatial émergent qui pourrait atteindre un milliard de dollars par an d’ici 2040.

La France souhaite avoir davantage d’assurances sur l’utilisation de ses propres moyens spatiaux en cas de crise. Dans d’autres zones de guerre, les moyens nationaux appartenant aux alliés de l’OTAN sont placés sous le commandement du commandant suprême allié pendant un conflit.

Le plus délicat serait de décider si une attaque contre un satellite allié constitue une attaque contre l’alliance et s’il faut déclencher la clause de défense collective de l’article 5 de l’OTAN.

À l’instar de la décision de faire du cyberespace un domaine de guerre en 2016, la décision de l’OTAN impliquerait dans un premier temps une planification militaire accrue, un passage en revue des faiblesses de l’OTAN et l’examen minutieux des conditions de sécurisation des satellites commerciaux utilisés par les armées.

Reportage de Robin Emmott complété par Sabine Siebold ; montage de Catherine Evans

Source : Reuters, Robin Emmott, 21-06-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Fritz // 02.10.2019 à 07h21

Marre de cette novlangue hypocrite. Vous avez dit « défense » ?
Je suggère de corriger le titre : « L’Organisation des Tartuffes de l’Atlantique Nord veut militariser l’espace ».

21 réactions et commentaires

  • Fritz // 02.10.2019 à 07h21

    Marre de cette novlangue hypocrite. Vous avez dit « défense » ?
    Je suggère de corriger le titre : « L’Organisation des Tartuffes de l’Atlantique Nord veut militariser l’espace ».

      +45

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  • Fritz // 02.10.2019 à 07h34

    J’ai trouvé un titre rétrospectif pour Reuters, en 1962 :
    « Nikita Khrouchtchev veut transformer Cuba en une nouvelle frontière en matière de défense ».

      +13

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    • Fritz // 02.10.2019 à 18h13

      Et c’est curieux, le gouvernement cubain avait donné son accord… Comme le gouvernement turc avait accepté l’installation sur son territoire de vaillants missiles de la Liberty US, orientés vers la Russie d’Europe et munis de gentilles ogives nucléaires.

      Note : en ligne directe, il y a 1.800 kilomètres entre La Havane et Washington. 500 kilomètres, c’est la distance de La Havane au centre de la Floride.

        +8

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  • Kiwixar // 02.10.2019 à 08h07

    On pourrait en profiter pour mettre en orbite (hors de portée des drones rebelles) nos infrastructures essentielles (puits de pétrole, raffineries, serveurs, cadastre, Bruxelles). Et « nos » hôpitaux. En fait, on devrait dépenser un pognon de dingue pour mettre « nos » riches à l’abri des gueux, en orbite (film Elysium de 2013).

      +17

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  • Papagateau // 02.10.2019 à 08h17

    L’espace est militarisé depuis longtemps :
    Satellite d’observation et de télécommunication.
    Satellite de géolocalisation.
    Zone de transit de missiles intercontinentaux.

    Que reste-t-il ? Zone de sabotage?
    Les étasuniens ne se gênent pas pour saboter quoique ce soit, où que ce soit.

    Blablabla. Il faut juste trouver une activité qui puisse sauver les constructeurs d’avion de guerre américains. Boing est très très très très mal (y compris en avion civil avec le Boing Max qui part en piquet non redressable tout seul). Et c’est la dernière industrie américaine sur laquelle il ya de très grosse retro-commissions.

      +22

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    • Haricophile // 03.10.2019 à 19h40

      C’est d’ailleurs pour ça qu’ils attaquent Airbus pour leur insuportables subventions. L’honnêteté ou la honte ne sont pas ce qui les caractérise.

        +1

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  • Le Belge // 02.10.2019 à 08h29

    L’OTAN, cette face obscure de la force.

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  • max // 02.10.2019 à 08h29

    L’espace est déjà militarisé depuis plusieurs années et cela par toutes les puissances militaires qui le peuvent.
    L’objectif immédiat est de réservé l’accès de cet espace et en particulier l’aspect militaire a un petit club de pays, comme pour le nucléaire.
    Les pays du seuil l’ont parfaitement compris d’où les lancements multiples de ces derniers mois.
    Le petit nombre de pays ayant des places confortables, dans l’espace via les orbites et les fréquences réservées, va tenter de bloquer les autres pays via des traités contraignants comme le traité de San-Francisco de 1952 ou le traité de l’Antarctique de 1959.
    L’objectif étant de rendre dépendant les pays qui ne seront pas aux 1ere loges.
    La militarisation de l’espace a aussi pour but de mettre aux pas les récalcitrants.

      +7

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  • M.Smith // 02.10.2019 à 09h08

    Il devient urgent de trouver l’oncle de Boris Vian pour faire la fête à tous ces psychopathes :
    https://m.youtube.com/watch?v=eryzp0Pklc8

      +14

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  • calahan // 02.10.2019 à 11h06

    C’est dans ce genre de concept (la militarisation de l’espace après celle de l’espèce) que l’on constate amer à quelle point la route est longue avant d’être constructif ensemble.

    Or si il y a bien un lieu où il y en aurait pour tout le monde, c’est le cosmos.
    Mais la sagesse ne s’achète pas, ça s’apprend mais qu’est ce que c’est long !

      +4

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  • Lysbeth Levy // 02.10.2019 à 11h13

    L’Otan ce truc datant de la guerre froide qui aurait dû disparaitre dès la chute du Mur de Berlin ? Ah non, c’est le fer de lance de la conquête des ressources essentielles, prédation, a travers le monde, on l’a vu lors de l’ agression contre la Libye..Or le message de Mr Dray n’a pas été entendu par ces politiciens atlantistes :
    https://www.monde-diplomatique.fr/2018/09/DESCAMPS/59053 :  » ls nous ont menti à plusieurs reprises, ils ont pris des décisions dans notre dos, ils nous ont mis devant le fait accompli. Cela s’est produit avec l’expansion de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord [OTAN] vers l’est, ainsi qu’avec le déploiement d’infrastructures militaires à nos frontières. » signé le très méchant président russe Vladimir Poutine..

      +20

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  • RGT // 02.10.2019 à 11h18

    Je pense que militariser l’espace n’est pas du tout une bonne idée.
    Le seul avantage est simplement d’aller encore gaver le complexe militaro-industriel et toutes les rétro-commissions qui lui sont associées.

    Le jour où un état décidera que l’espace au dessus de son territoire fait partie de son propre territoire (tout comme la Terre appartient jusqu’à son centre au même état).

    Dans ce cas, un état pourrait tout à fait, comme il le fait actuellement pour le vol aérien, interdire le survol spatial et détruire les satellites qui le violeraient.

    Ça deviendrait « compliqué » pour les satellites qui ne sont pas géostationnaires car ils devraient alors slalomer entre les territoires « amis » et « ennemis » sous peine de se faire descendre comme de vulgaires pigeons d’argile sur un stand de ball-trap.
    Un missile sol-espace étant largement moins coûteux que le moindre petit satellite, ça risque de promettre de joyeuses embrouilles, même entre sociétés privées qui utiliseraient des proxies pour aller descendre les satellites des concurrents.
    Un beau bordel en perspective.

    Jusqu’à présent, hormis les satellites barbouzes, l’espace a été préservé de toute militarisation mais si certains abrutis franchissent le pas ça risque de devenir « rock & roll », la station spatiale internationale pouvant désormais à chaque instant être prise pour cible par n’importe qui…

    Et comme la trajectoire de TOUS les satellites est facilement déterminable longtemps à l’avance ce sera largement plus facile que d’atteindre un simple avion dont on ne peut prévoir la venue que quand il est déjà là.

    Plus con que les « stratèges » de l’OTAN tu meurs.

      +14

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  • Arcousan09 // 02.10.2019 à 11h22

    Foutre le bordel et mettre la planète Terre à feu et à sang ne leur suffit donc pas maintenant il leur faut l’espace et puis quoi ensuite …
    Remarquez l’espace est infini alors ils n’ont pas fini …. la bêtise humaine est vraiment sans limite elle aussi infinie
    Il ne s’agit pas de « défendre » mais bel et bien « agresser  » … les mots ont un sens …

      +13

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  • monsipoli // 02.10.2019 à 11h24

    Concevoir tout champ d’activité humaine comme un motif de guerre est l’obsession des Abrutis capitalistes. Je demande humblement pardon aux Martiens par avance en leur assurant que nous, Humains, ne sommes pas tous des malades.

    Nos élites vont débarquer chez vous dans quelques temps. Notre planète ne suffit plus à leur folie furieuse, il leur faut de nouveaux terrains de jeu pour de nouveaux massacres. Un conseil : lorsque vous repérerez Big Rocket sur vos écrans, tirez à vue sans sommation ou le pire vous arrivera. Je vous passe Sitting Bull et Crazy Horse pour les détails…

      +12

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  • RV // 02.10.2019 à 15h46

    Sortir de l’OTAN est une question de survie.

      +11

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  • calal // 02.10.2019 à 18h43

    a priori les russes et les chinois ont montre aux occidentaux qu’ils sont actuellement en tete de la course aux armemeents grace a leurs missiles super rapides (5min de moscou a new york pour un missile arme d’ogives nucleaires,vous n’avez meme pas le temps de descendre a la cave,dans le metro ou dans votre bunker) et grace a leur guerre electronique.

    donc les occidentaux doivent rapprocher leurs missiles trop lents,ou raccourcir la distance a parcourir par leurs missiles pour maintenir une dissuasion credible.Pour raccourcir la distance a parcourir,il va leur falloir mettre des ogives en orbite, eventuellement avec l’excuse de la possibilite de detruire un asteroide qui foncerait vers la terre.

    Tout cela est peut etre une bonne nouvelle,car les dominants occidentaux vont devoir reviser a la baisse leur ambition de dicter leur loi au monde et vont peut etre lacher la pression sur leur domines pour les encourager a se remettre au boulot (par une augmentation des salaires) et a innover a nouveau dans le domaine scientifique.

    En esperant que ca va calmer tous les va t en guerre occidentaux type hillary…

      +3

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  • Bouddha Vert // 03.10.2019 à 00h55

    « Si vous ne contrôlez pas l’espace, vous ne contrôlez pas les autres domaines non plus. »
    Nous ne sommes donc toujours pas sorti du XXème siècle!
    Il faut reconnaitre que les états unis étant situés à l’ouest de Greenwich, ils ont toujours un peu de retard sur la nouvelle journée qui démarre!
    On peut quand même espérer que plusieurs nations répondent par des déclarations plus sages que ces caricatures dignes du docteur folamour.
    Parallèlement Musk vient de déclarer préparer des vols habités vers Mars pour 2025!
    On est incapable de sauver le biotope gratis dont nous disposons, incapables de vivre en antarctique sans approvisionnement avec de l’oxygène en abondance et il y a encore des crétins pour relayer le projet de terraformer Mars!

    Il y a des jours où c’est à désespérer d’écouter les médias.

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  • rolland // 03.10.2019 à 01h05

    « Autrefois partenaire stratégique de l’OTAN, la Russie, aujourd’hui considérée par de nombreux alliés comme une puissance hostile…. » : J’apprends donc que la Russie a été un partenaire stratégique de l’OTAN !?

      +2

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  • Pol ux // 03.10.2019 à 04h55

    Ce serait tellement genial que les usa trouvent une autre planète où la vie humaine est possible. Ils pourraient ainsi fuir tous leurs agresseurs et ennemis dangereux sur la terre et les y laisser vivre ensemble en paix.

      +3

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  • xavier37 // 03.10.2019 à 07h59

    Il ne faut pas oublier que la « défense » (la préparation de la guerre) est un marché juteux. Donc si on peut en étendre le domaine, ce seront des dividendes à venir et des postes de militaires. Le tout payé par les contribuables, au dépend des contribuables (qui ont bien d’autres besoins à satisfaire).

      +2

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  • Cactus // 03.10.2019 à 12h54

    Ça pollue beaucoup beaucoup tout ça. Entre les matières premières, l‘énergie nécessaire pour construire les matériaux, plus les retombées de matières chimiques, il faudra m‘expliquer l‘avantage. Qu‘on mette ces „courageux“ dans une arène afin qu‘ils y défendent leurs propres intérêts entre eux à coup de ce qu‘ils veulent. J‘ai compris qu‘ils nous utilisent comme des outils, à nous de ne pas jouer le jeux. Les ingénieurs devraient se mettre en grève et refuser de construire ces machines polluantes et mortifères.

      +1

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