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23.juin.201823.6.2018 // Les Crises

Le crime d’être noir et pauvre, par Chris Hedges

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Source : Truthdig, Chris Hedges, 29-04-2018

Emmanuel Mervilus, qui sera bientôt diplômé de l’université Rutgers après avoir été incarcéré, prend la parole à Newark, N.J. [État du New Jersey,NdT], lors d’un événement parrainé par le programme Mountainview, qui encourage l’éducation des anciens détenus. (Programme Mountainview)

NEWARK, N.J.- Voici l’histoire d’Emmanuel Mervilus, qui a été emprisonné pour un crime qu’il n’avait pas commis, dont la vie a été bouleversée et pratiquement détruite par ce vécu et qui sera diplômé, au printemps prochain, de l’Université Rutgers. C’est le récit de ce que signifie être un homme noir et pauvre en Amérique, sauf qu’en fait, la plupart des hommes noirs pauvres n’ont jamais droit à une seconde chance.

La seule raison pour laquelle Mervilus a eu une deuxième chance, c’est parce qu’un homme, le professeur d’histoire Don Roden, a fondé le programme Mountainview à Rutgers dont les étudiants sont d’anciens détenus. Ce programme accepte, entre autres, les étudiants que je forme en prison, et dont l’un, Ron Pierce, obtiendra également son diplôme au printemps prochain.

Il n’y a que quelques saints dans ce monde. Le professeur Roden est l’un d’eux.

Le personnel, les étudiants, les professeurs et les familles de Mountainview se sont réunis vendredi dernier au campus de Newark de l’université Rutgers pour parler des luttes et des difficultés endurées par des étudiants comme Mervilus et Pierce. Les participants à cette réunion de deux heures ont passé beaucoup de temps à pleurer ou à retenir leurs larmes.

Mervilus mesure 1,80m, est large d’épaules et a de longues dreadlocks épaisses . Il n’a jamais fait partie d’un gang. Ce n’était pas un trafiquant de drogue. Il avait un travail. Il venait d’une famille bien et affectueuse. Mais sa malédiction était d’être noir, pauvre et de vivre dans une ville, Elizabeth [état du New Jersey], dans laquelle si vous êtes noir et pauvre, vous risquez en permanence d’être arbitrairement abattu, arrêté ou emprisonné. Ce qui est le cas dans presque toutes les villes d’Amérique.

Il y a des policiers, dans les quartiers pauvres, qui chassent les garçons et les hommes noirs comme s’ils étaient des proies. Pour eux, c’est un sport. Ces flics ne sont pas toujours blancs, mais c’est souvent le cas. Mais ce sont toujours des sadiques. Enivrés par le pouvoir d’instiller la peur, de recourir la force létale sans discernement et de détruire des vies – et autorisés à le faire par un système judiciaire qui ne protège plus les droits les plus élémentaires des pauvres, comme le droit à une procédure régulière, à une représentation légale convenable ou à un procès devant jury – ils tournent autour de leurs victimes comme des vautours humains. Au sens de la définition stricte du dictionnaire, ces policiers sont des criminels.

« Il y a un flic qui me disait, quand j’étais petit, que quand je serais adulte, il serait le premier à me poursuivre en justice », a dit Mervilus. Mervilus a refusé de nommer cet agent, actuellement inspecteur, par crainte de représailles.

Ce policier a mis sa menace à exécution lorsque Mervilus a atteint 18 ans et qu’il était en terminale au lycée. Il a vu Mervilus dans la rue en train de fumer un joint. Mervilus s’est enfui. Le flic l’a poursuivi. Mervilus s’est retourné, a levé les bras et crié : « C’est bon, je laisse tomber ! » Le flic l’a jeté sur le capot d’une voiture de police.

« Je ne me souviens plus de rien après ça », dit-il. « J’ai vu un flash. Ensuite, je me retrouve à l’arrière de la voiture de police. J’ai le visage éraflé ».

« Je ne suis pas un saint », m’a dit Mervilus. « J’ai fait des choses. Mais tout ce que j’ai fait, je l’ai avoué. »

Quand il est arrivé au poste de police, il a été poursuivi pour possession d’une douzaine de sacs de marijuana. L’accusation était un mensonge.

« Ils ont besoin de plus qu’une simple possession pour vous enfermer, alors il cachent eux-mêmes de la drogue », a-t-il dit. « Ça fait tenir l’accusation. »

Il a passé deux semaines dans la prison du comté et il s’est vu assigner un avocat commis d’office qui lui a dit de plaider coupable. « L’avocat commis d’office m’a dit : « Comment allez-vous prouver votre innocence ? » » raconte-t-il.

« Personne ne veut croire que les flics mentent », a dit Mervilus. « Pourquoi un flic mentirait-il ? Pour beaucoup de raisons. Les promotions. Les quotas. Et je n’ai pas l’air d’un citoyen ordinaire. Je suis noir. J’ai des dreadlocks. J’ai le profil. Je suppose que je me suis mis à courir. Je ne connaissais pas grand-chose de la vie à l’époque, vous comprenez ? Alors, je me suis dit, va pour la culpabilité. Je pensais que la peine probatoire pourrait être annulée si je me tenais à carreau. Mais j’avais tort. A partir de ce jour-là, j’ai dit que je ne plaiderais jamais plus coupable pour quelque chose que je n’ai pas fait. »

Il est retourné au lycée, a redoublé sa terminale puis a obtenu son bac. Il a trouvé du travail à la cuisine d’une maison de soins infirmiers à Linden (New Jersey). Il gagnait le salaire minimum. C’était en 2005. Il avait 21 ans. Il vivait à la maison. Il a été arrêté au hasard un après-midi dans la rue par un flic. Le flic a entré son nom dans l’application.

« Il dit qu’il y a un mandat d’arrêt contre moi », dit-il. « Il dit que j’ai sauté deux clôtures et mis quelque chose sous un rocher. C’était un mensonge total. Je suis arrêté avec un autre type pour fabrication et distribution. J’ai passé un mois dans la prison d’Union County. Et quand vous passez un mois en prison dans le comté d’Union County, cela vous donne envie de plaider coupable. Vous êtes confiné dans une petite zone. Vous ne sortez pas. »

« J’ai d’abord été placé dans un réservoir de détention avec quelqu’un d’autre, une sorte de trafiquant de drogue en sevrage », a-t-il dit. « C’était dégoûtant. J’ai vomi. Diarrhée. Deux couchettes en acier. Des WC en acier. Pas de fenêtres. »

« Ils ont fixé ma caution à 75 000 $ », a-t-il dit. « J’ai payé 7 500 $ – 10 % – et je suis sorti. J’ai essayé de récupérer mon ancien travail. Ils ont refusé de me laisser revenir, en indiquant « abandon de poste ». Je ne voulais pas faire du trafic [de drogues illégales]. Lorsque vous avez le dos au mur, vous ne pouvez pas trouver un emploi, et vous devez payer un avocat, souvent tout ce que vous pouvez faire c’est dealer. Mais si je dealais, j’écoperais probablement d’une autre accusation et j’irais en prison. »

Finalement, le beau-père de sa petite amie l’a aidé à trouver un emploi au port de Newark. Il gagnait 12 $ de l’heure. Mais le système de justice pénale n’était pas fait pour Mervilus. En quittant un Dunkin’ Donuts en octobre 2006, il a rencontré un ami et ils ont commencé à marcher dans la rue. Les flics les ont arrêtés. Il venait d’y avoir un coup de couteau et un vol. La victime a dit aux flics que Mervilus et son ami l’avaient attaqué.

« Pourquoi [la victime] me pointerait-elle du doigt ? » a demandé Mervilus en s’interrogeant. « J’avais la gueule de l’emploi, un homme noir avec des dreads. Mais il n’y avait aucune preuve pour appuyer son histoire. Je n’avais pas de sang sur moi. Il a dit qu’on a volé son sac de livres. »

Les flics l’ont bousculé, lui et son ami. Ils ont crié : « Mettez vos mains sur le mur ! » Il a obtempéré. Il a été mis en prison et sa caution a été fixée à 100 000 $.

La perte de son emploi pendant qu’il était en prison signifiait qu’il ne pouvait plus subvenir aux besoins de sa mère, qui mourait d’un cancer du sein, de sa sœur et de ses deux frères. Son père avait quitté la famille.

« Le loyer devait être payé, tout devait continuer comme si j’étais là », a-t-il dit. Il a donc demandé à sa famille de ne pas utiliser leurs maigres ressources pour le renflouer. « Mon frère cadet avait 16 ans. Je jouais le rôle du père. Le système m’a laissé tomber. Il l’a laissé tomber. Il m’a perdu. »

Sa famille croyait les flics. C’est ce qui l’a blessé le plus.

« Je suis haïtien », a-t-il dit. « Ma famille me voit comment ? Un type qui vole des gens ? Qui a poignardé quelqu’un qui a failli mourir ? Je me suis fait jeter. Personne ne vient me voir, pas même ma mère. Ma mère m’a mieux élevé que ça. Tous ces Haïtiens disaient : « Pourquoi est-il en prison s’il ne l’a pas fait ? » J’étais blessé et déprimé. »

Une nuit, alors qu’il avait fait sept mois de prison, il s’est réveillé en sursaut dans sa cellule. « J’avais l’impression qu’il y avait des griffes qui creusaient dans mon estomac. La douleur était horrible. »

Il a découvert plus tard lors de la visite de son frère que sa mère était morte cette nuit-là. Elle avait 52 ans. Après la visite, il a insulté un autre prisonnier et s’est battu à coups de poing. Ça n’a pas comblé le vide », a-t-il dit.

Il est finalement sorti sous caution. Sa famille avait ramené le corps de sa mère en Haïti pour l’enterrement, et il s’est rendu sur sa tombe. Elle était faite de blocs de ciment peint en blanc et entouré d’une petite porte. Il a apporté des fleurs.

« J’ai dit à ma mère que j’étais désolé de ne pas avoir été là quand elle est morte. Je lui ai dit que j’étais innocent. Je n’allais pas plaider coupable. Je lui ai dit que je l’avais laissée tomber en ne veillant pas sur mon petit frère. Je suis resté assis à lui parler pendant deux ou trois heures. C’était très émouvant. C’était la première fois que je pleurais. Sa mort [avait toujours été] ma plus grande peur. Ma mère dormait ; je me tenais à la porte pour m’assurer qu’elle respirait. J’étais le petit garçon à maman. Sérieux. Tous les jours, quand je rentrais du travail, je lui apportais un sandwich au poulet avec mayo et cornichons de chez Wendy’s. »

Le procureur lui a offert une peine de cinq ans de prison s’il plaidait coupable du crime dans lequel l’homme avait été poignardé et détroussé. Il a refusé. Il risquait 20 ans. Il a été jugé. La victime a changé son histoire à plusieurs reprises et, à un moment donné, lorsqu’on lui a demandé si son agresseur se trouvait dans la salle d’audience, il a pointé du doigt quelqu’un d’autre que Mervilus. Cela n’avait pas d’importance. Mervilus a été condamné à 11 ans de prison pour vol au premier degré.

Son frère cadet travaillait dans n’importe quel emploi qu’il pouvait trouver pour payer un avocat pour Emmanuel. Lorsque le frère a obtenu les 12 000 $ nécessaires pour s’attacher les services d’un avocat, Emmanuel a interjeté en appel. L’avocat a exposé une série de divergences et d’incohérences dans le témoignage de l’homme qui avait été poignardé. Mervilus a été rejugé, acquitté par un jury et libéré après avoir été derrière les barreaux pendant quatre ans. Le processus, qui a coûté 32 000 $ à son frère, a donné des résultats presque inouïs pour une personne pauvre dans notre système judiciaire dysfonctionnel. L’avocat, John Caruso, a appelé l’acquittement « un événement aussi fréquent que la comète de Halley ».

Source : Truthdig, Chris Hedges, 29-04-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Kiwixar // 23.06.2018 à 09h25

Même plus pour les Wasps. L’espérance de vie des blancs diminue (pauvreté, opioïdes, destruction de la classe moyenne et des good jobs).

Les 1% et les banksters n’ont que faire des couleurs. Un gueux est un gueux. Tant que le gueux noir est en colère contre le gueux blanc, ou la gueuse en colère contre le gueux, ou le gueux homo en colère contre le gueux hétéro (et inversement), rien ne changera.

36 réactions et commentaires

  • wuwei // 23.06.2018 à 08h08

    American dream ? only for the WASP …

      +3

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    • Nonce Réveille // 23.06.2018 à 09h09

      … et donc, il faut l’écrire en anglais pour bien montrer qu’on pense différemment, c’est ça ?

      Mesdames et messieurs les modérateurs,

      Ceci est un blog francopphone.
      Comment se fait il que vous acceptiez les commentaires en anglais ?
      Ce n’est pas la première fois, ça arrive régulièrement.

      Le bloc soutient la souveraineté et la liberté ; une langue étrangère acceptée d’office est un signe de colonisation, étrange façon d’êtres souverain et libre…

      D’autant plus que ça n’arrive qu’avec l’anglais, il n’y a pas de commentaires en arabe ou en espagnol ou en chinois…

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      • Julien // 23.06.2018 à 14h49

        あなたは間違っている。

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        • Subotai // 23.06.2018 à 18h39

          Heu.. cé pa du japonais, ça..? 🙂

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      • wuwei // 23.06.2018 à 16h51

        Cher procureur savez-vous que dans la langue dite « française » il y a moins de 20 mots d’origine franque ? L’essentiel étant du germain, latin, grec, arabe, gaulois …. Si je me suis permis d’écrire en anglais (langue que je maitrise du reste très mal) c’est parce que, « american dream » et wasp sont devenus des expressions courantes dans le monde entier, comme d’ailleurs maintes expressions françaises.

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        • Fritz // 23.06.2018 à 16h53

          Euh… La plupart des mots germaniques du français (et il y en a quelques centaines) sont d’origine francique… Les Francs étaient des Germains.

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    • Kiwixar // 23.06.2018 à 09h25

      Même plus pour les Wasps. L’espérance de vie des blancs diminue (pauvreté, opioïdes, destruction de la classe moyenne et des good jobs).

      Les 1% et les banksters n’ont que faire des couleurs. Un gueux est un gueux. Tant que le gueux noir est en colère contre le gueux blanc, ou la gueuse en colère contre le gueux, ou le gueux homo en colère contre le gueux hétéro (et inversement), rien ne changera.

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      • Patrick // 23.06.2018 à 09h42

        Le marxisme culturel ( diviser en communautés que l’on dresse les unes contre les autres sur le schéma exploiteurs/exploités oppresseurs/opprimés ) est la meilleure façon de garder les populations sous contrôle et de supprimer une vraie force de résistance.
        Dans cette optique , aux USA , les « progressistes » (démocrates , féministes … ) sont les meilleurs atouts de l’état profond.

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        • Mr K. // 23.06.2018 à 10h18

          Voir un pays comme un agglomérat de différentes communautés est typiquement anglo-saxon.

          Cela s’explique sûrement historiquement.

          Que vient faire le marxisme là-dedans?

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        • Alfred // 23.06.2018 à 10h28

          Cette notion de marxisme culturel est une saleté de sophisme gros comme un camion. Ça fait intelligent mais cela ne peut plaire qu’au gens qui ont jamais lu Marx ou aux malhonnêtes.
          Je vomis le communautarisme qui est une forme de racisme qui vise effectivement à diviser le peuple pour le rendre impuissant. Cela a rien à voir avec la lutte des classes. La distinction entre classes ne vise pas à diviser le peuple pour le rendre impuissant mais au contraire à lui donner les moyens de comprendre et surmonter son impuissance. Soit dit en passant pour dire cela il semblerait que vous vous sentez visé par cette lutte des classes. C’est à tort: Même si vous êtes un petit patron « riche » possédant votre entreprise vous n’êtes pourtant pas dans la même classe capitaliste qu’un Bernard Arnault ou un bhl. En 2018 en France avec ce « patrimoine » vous n’êtes qu’un petit bourgeois comme l’immense majorité des Français contemporains ((qu’ils l’admettent ou non). Au sens marxiste cela veut dire que vous êtes probablement un conservateur (vous ne voulez pas que votre monde soit chamboulé (même si vous êtes pro Gpa vous êtes conservateur si vous voulez garder les aides sociales)), en cours de declassement (c’est quasiment inneluctable) et surtout vous ne pesez au fond rien politiquement. (La petite bourgeoisie nse distingue par son impuissance politique). Je le répète c’est la description de la majorité d’entre nous français aujourd’hui (c’est pas facile à accepter pour les uns comme pour les autres pour différentes raisons). (On nous vend que la petite bourgeoisie s’est proletarisee (ce qui est vrai) mais on oublie de dire que le prolétariat en France s’etait « embourgeoisé » (par ses victoires): c’est à dire que comme la petite bourgeoisie il a beaucoup à perdre (acquis sociaux). « Heureusement » Macron et compagnie sont en train de faire revenir tout le monde à la case départ. Tout le secret de notre futur se tient là : vous reconnaitrez vous « petit bourgeois » allié du prolétariat qui s’effondre ou croirez vous que votre destin est lié à celui de la haute bourgeoisie ? C’est à vous de décider parceque le prolétariat ne vous tendra pas la main: à mesute qu’il s’effondre il devient lumpenproletariat: sans conscience politique et agitable par la haute bourgeoisie à coup de hochets et de segmentations de circonstances (possiblement contre vous). (C’est ce qui s’est passé encore récemment lors de la révolution égyptienne.)

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          • Patrick // 23.06.2018 à 19h39

            je suis totalement libéral donc pas du tout conservateur , par exemple je ne tiens pas à conserver le modèle social français. Bon, vous me direz qu’il est en faillite et qu’il n’en a plus pour longtemps.
            En ce moment , les bourgeois conservateurs sont à gauche, ils s’accrochent à ce modèle.

            D’un autre côté ( en même temps 😉 ) ,en tant que petit patron , je me considère plutôt comme un « déplorable » , un « lèpreux  » membre de la France périphérique ( j’habite loin des villes dans un petit village ).

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            • Alfred // 23.06.2018 à 21h27

              Je vous remercie de votre réponse. Je pense que vous faites partie des très nombreux petits bourgeois qui s’ignorent.
              Ce n’est pas du tout une insulte. On les trouve aussi bien à droite qu’à gauche et comme je vous disait les motifs de deni sont variés. Vous prenez le prétexte d’être libéral mais dans la mesure ou vous tenez à ce que vous avez bâti vous même et à votre patrimoine en général on peut quand même vous classer parmis les conservateurs. (L’exemple des acquis sociaux était destiné aux petits bourgeois de gauche). Peu importe. Si vous acceptez ce fait vous comprendrez que les crétins de gauche que vous méprisez sont vos alliés de classe car vous avez au fond les mêmes intérêts (rassurez vous c’est encore plus difficile à accepter pour eux). Alors que les grands bourgeois sont vos ennemis irréductibles qui mécaniquement, tôt ou tard vous aneantirons (vous devriez commencer à l’avoir compris depuis 2008).
              Comme dit comme ça c’est désagréable le discours a été mis à niveau pour les sensibilités du XXI siècle sous la forme « les 0,01 % VS les 99,99% ». C’est du Marx grossier mais c’est du Marx.
              Marx reste très actuel quoi que vous en pensiez (bien au delà des « performances » du pseudo modèle (pseudo) communiste). C’est une grille d’analyse pertinente encore aujourd’hui, par exemple pour comprendre la crise migratoire. La seule façon pour la grande bourgeoisie de survire c’est de disposer de suffisamment de chair à canon contre le prolétariat (auquel s’allie naturellement la petite bourgeoisie dans le modèle marxien). Quelle est cette chair à canon? C’est le sous-proletariat qui provient soit du declassement (ça prend du temps et les gens ont de la mémoire), soit… des migrations. Pour affronter les crises qui s’annoncent, il faut des désespérés à agiter sous n’importe quel prétexte futile (comme entre autres la religion, désolé…).

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          • Patrick // 23.06.2018 à 19h46

            Ceux qui n’ont jamais lu Marx !!
            J’ai essayé , je me suis emm… et j’ai arrêté après avoir juste constaté les catastrophes dues à la mise en pratique de ses théories, j’avais mieux à faire.
            Le tort de Marx est d’avoir écrit des pavés , là où il aurait pu synthétiser ses idées. Mais bon, en tant que bon bourgeois qui n’avait pas à travailler pour vivre il avait du temps à perdre.

              +2

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            • caliban // 23.06.2018 à 20h05

              @Patrick

              Vous devriez vous intéresser de plus près :
              • à la biographie de Marx
              • à ses pamphlets (très courts)
              • et à certains « exégètes » (qui vous épargneront ses « pavés » indigestes)

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            • Le Minotaure // 24.06.2018 à 02h06

              « Le tort de Marx est d’avoir écrit des pavés , là où il aurait pu synthétiser ses idées. » cette simple phrase montre que vous ne connaissez rien, ou pas grand chose, aux écrits de Marx.

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              Alerter
            • Patrick // 24.06.2018 à 11h47

              C’est vrai
              Marx est définitivement un bourgeois du XIX eme siècle, j’ai renoncé à en savoir plus pour lui.
              J’ai bien compris depuis 2008 que ce monde va mourir et ce n’est pas une stratégie des 1%, c’est juste une accumulation d’ erreurs , et tout ce que Marx a pu écrire ne s’applique pas à l’époque actuelle.

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            • caliban // 24.06.2018 à 12h18

              @Patrick

              Je trouve assez présomptueux d’enterrer la pensée de Marx et la lutte des classes. Voire périlleux puisque cette posture correspond exactement à celle des 1% qui nous conduisent au désastre.

              Marx n’a certes pas prévu l’effondrement écologique en cours (comment aurait-il pu, en plein positivisme) mais fournit un cadre de compréhension de l’appropriation des richesses et du pouvoir par une minorité. Situation qui n’a rien d’anachronique.

              La question de la répartition des richesses me paraît plus que jamais d’actualité.

                +4

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            • Krystyna Hawrot // 24.06.2018 à 15h17

              Dans le Capital il y a d’excellentes scènes journalistiques ou Marx décrit le travail des enfants, le travail le dimanche – et sa fonction – empécher de réfléchir à sa condition…Mais c’est entrecoupé d’analyses qui effectivement sont plus difficiles à décrypter car on n’a plus l’habitude de bouquins longs et touffus.

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      • PsyyyX // 25.06.2018 à 08h19

        Diviser pour mieux régner.

        Ca ne date pas d’hier. Fut un temps les blancs avaient aussi peu de droit que les esclaves dans les colonies Britannique. Il n’en fallut que peu pour que des révoltes explosent mélangeant les deux groupes…

        Heureusement le gouvernement a vite trouvé une solution : donner un peu plus aux blancs qu’aux noirs…

          +1

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  • Wollaston // 23.06.2018 à 08h10

    Cet exemple de traitement de la communauté noire aux US devrait inspirer les palestiniens qui seraient tentés d’abandonner leur souhait de nation autonome pour accepter de vivre dans le grand Israël.
    Ce jour là ils seront pareil aux noirs, des sous citoyens.
    Le jour de ma mort je dirais n’avoir connu que 4 états vraiment racialiste : l’Allemagne nazi, l’Afrique du Sud appartaide, les USA et Israël.
    Pourquoi n’avons nous boycotté que l’un d’entre eux?

      +13

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  • Jacques // 23.06.2018 à 08h11

    Problème et thématique typiquement américaine, peut être intéressant mais j’ai une liste longue comme le bras de sujets qui me paraissent plus important.

      +6

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    • Alfred // 23.06.2018 à 11h56

      Tout pareil. Pour nous français je ne vois pas ce que cela nous apporte (sauf à faire des parallèles frauduleux et malhonnêtes). À la limite un un article sur les persécutions des « rogyingas » nous permet de comprendre comment les fondamentalistes ont pu utiliser la situation pour s’implanter. Ici qu’apprend t on de l’Amérique que nous ne savions déjà dix fois (de la même maniere que les peuples que nous avons colonisés savent tout de nous mais nous ne savons que peu sur eux, nous savons tout des americains mais ils ne savent que peu sur nous)? Sortons donc de ce tropisme Yankee. Le monde est vaste.

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  • Julien // 23.06.2018 à 08h20

    Dès sa sortie de lycée, quelqu’un aurait du suggérer à ce brave homme de couper ses dreads et de partir vivre au Canada.

    Enfin moi je dis ça…

    Pour être plus sérieux, l’article me donne envie de relire « jours de destruction, jours de révolte » du même auteur (et avec les dessins de Joe Sacco).

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  • RGT // 23.06.2018 à 09h14

    De toutes façons, dans TOUS les pays les personnes « censées » représenter la « loi » sont pétries de préjugés et soumises à une pression monumentale de leur hiérarchie pour obtenir des résultats qui permettent à cette hiérarchie de faire valoir ses « visions » et surtout de maintenir son job bien rémunéré.

    Souvenez-vous des paroles d’un certain »politicien » (qui mériterait bien d’être embastillé pour de très nombreux délits très graves mais qui n’est pas vraiment inquiété) qui nous promettait un certain « nettoyage au Kärcher »…

    Du coup, ils ont muté les pires flics dans les zones « sensibles » (qui n’étaient pas habitées que par des saints j’en conviens) et qui, mitraillette au poing, allaient faire la sortie des écoles pour semer la terreur parmi les collégiens.

    Ils ne sont pas fous : Il est bien plus facile de s’en prendre à des jeunes désarmés et pacifiques que de s’attaquer frontalement aux dangereux gangs (facilement identifiables) car une balle perdue représente un risque réel, « c’est humain ».

    Alors bon, ils « font du chiffre » tout en préservant leurs fesses et en permettant à leur hiérarchie de nous fournir des « résultats remarquables ».

    Je me souviens, dans mon enfance, des tournées des « hirondelles » (du nom de la marque de leur vélos) appelées à l’époque « gardiens de la paix » qui venaient demander aux citoyens si tout se passait bien. Leurs actions les plus « stressantes » vis à vis des jeunes étaient une bonne leçon de morale (axée sue la sécurité) quand nous traversions en dehors des passages piétons ou que nous lâchions le guidon de nos vélos.

    Il y avait certes de la criminalité, mais beaucoup moins qu’aujourd’hui, et cette criminalité avait surtout pour victimes les banques et les personnes les plus nanties.

    Désormais, avec toute la paranoïa qui est distillée chaque jour par les « médias » les personnes les plus sensibles sont con-vaincues que leurs voisins (et surtout leurs enfants) sont tous de dangereux criminels prêts à leur sauter à la gorge.

    Dons ils approuvent des « mesures d’exception » liberticides totalement contre-productives en termes de paix publique mais qui permet à de nombreuses entreprises d’engranger des profits monstrueux (« sécurité », vidéo de flicage surveillance, milices privées société de gardiennage et de sécurité, et surtout la garantie pour les responsables hiérarchiques des « forces de l’ordre », les énarques du « ministère de l’intérieur » et les politicards de préserver leur emploi et leurs rémunérations sans avoir à trop se fatiguer.

    L’objectif n’est pas de faire baisser la criminalité, ils consiste à présenter des « mesures efficaces » au public (sans tarir la source de la « manne céleste ») afin de préserver le statut de certains et de faire croître les profits de leurs « amis ».
    La paix sociale, ils s’en foutent, voire même la haïssent car elle montrerait l’inutilité de leurs postes et des mesures imposées à la population.
    Et de toutes façons, ils ne craignent pas d’être victimes de l’insécurité : Les endroits où ils vivent sont par contre de véritables forteresses gardées par des cerbères prêts à massacrer tout « gueux » qui passerait à proximité.
    Il suffit de s’intéresser aux délits commis dans les quartiers « chics » de Neuilly (pas dans les bidonvilles, ils s’en foutent) pour le comprendre.

      +10

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  • Emmanuel // 23.06.2018 à 09h25

    Témoignage poignant….on aimerait savoir à quel point une telle situation est générale. Quant au « plaider coupable », ça a l’air d’une belle arnaque judiciaire. Certains pourront rappeler ici le nombre d’incarceration aux Etats-Unis, et le taux de noirs emprisonnés : et certains en déduiront qu »ilsl sont plus mauvais que les autres (sic), d’autres qu’il y a un énorme problème de racisme et problème social et de justice aux Etats-Unis……

      +3

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    • caliban // 23.06.2018 à 21h08

      Le taux d’incarcération aux Etats-Unis est parmi le plus élevé au monde, au premier rang si on s’en tient aux Etats qui se réclament du régime démocratique. Au point de constituer 23% de la population carcérale mondiale : avec plus de 2 millions d’individus incarcérés, cela signifie que presque 1/4 des prisonniers dans le monde croupissent dans des geôles étatsuniennes. A comparer avec les 16% de la Chine et les 8% de la Russie. Dans les prisons américaines on trouve 50% d’afro-américains et 25% d’individus d’origine portoricaine.

      Source :
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Liste_des_pays_par_population_carc%C3%A9rale
      https://fr.wikipedia.org/wiki/Prison_aux_%C3%89tats-Unis

      Si mes souvenirs sont bons, vous trouverez également ce chiffre effarant dans le film de Mickaêl Moore (Bowling for Columbine, https://youtu.be/u7iZ3gJQ-KM?t=56m41s) : 1 afro-américain sur 3 passe par la case prison.

        +3

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  • TC // 23.06.2018 à 09h25

    Les USA, ce sont 23% de la population carcérale mondiale devant la Chine ! Oui, vous lisez bien !

    Les USA, vous savez, ce « pays de la liberté »….

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    • christiangedeon // 23.06.2018 à 10h06

      je ne veux pas vraimentyvous contrarier,mais si vous avez des statistiques fiables sur la population carcérale chinoise,vous êtes fortiche.Et de toute façon,le problème n’est pas là.Il ne s’agit pas de mettre en compétition l’horreur des uns et des autres.

        +6

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      • TC // 23.06.2018 à 13h29

        Vous ne me contrariez pas le moins du monde, les procès d’intention (avec les attaques ad hominem) sont les armes de ceux qui sont généralement à bout d’arguments ou qui n’en ont pas.

        Où avez-vous vu que je mettais « en compétition l’horreur des uns et des autres » ? Je constatais simplement qu’un pays qui se revendique de la liberté fait jeu égal (plus ou moins si les stats chinoises sont bidonnées comme vous le laissez entendre) avec un pays qui lui, est loin d’être une démocratie et qui l’assume.

        Je dénonce l’hypocrisie permanente des américains qui nous vendent de la poudre aux yeux (liberté, démocratie, american dream…) alors qu’ils sont le pays le plus vicelard que l’humanité ait jamais enfanté et qui, non contents de cela, se permettent de donner des leçons à la terre entière.

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      • Julien // 23.06.2018 à 14h43

        Oui sauf qu’un des deux pays donne des leçons de droits de l’homme et de liberté à tout le monde, pas l’autre. Sans parler de la peine de mort…

        Et cela montre l’étendue du problème en fait.

        Pour aller plus loin, ajoutons que la moitié de la population carcérale US sont des afro-américains et 25% des latinos.

          +7

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      • Fontane // 23.06.2018 à 15h00

        et pourquoi pas puisque les USA se pretendent la plus grande democratie, il faut leur retourner un argument choc

          +0

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  • christiangedeon // 23.06.2018 à 09h37

    Evidemment,c’est dégueulasse. Evidemment le système carcéral US est complètement foutraque. Et evidemment etre noir,pauvre et aux mains de la police doit etre un enfer sur terre. mais le problème de ce genre d’article dénonciateur est qu’il ne règle rien.Le problème est que dans état par presque nature violent,la plus grande violence s’exerce contre les plus faibles. Et c’est bien pour çà que le « moins d’état  » est une aberration.la loi devrait être la pour etre la protection des faibles. L’autre problème est qu’il y a de moins en moins d’état « social « (au sens gaulliste du terme) et de plus en plus d’état repressif tous azimuts,ce qui est une autre aberration, qui fait perdre à l’état sa légitimité. Parce que la légitimité est basée,quoiqu’en pensent les libéraux,les libertaires ,les gauchistes et les ultradroitisés, sur un consensus social, un equilibre qui déserte de plus en plus nos nations.Nous vivons une épqoue folle et dangereuse. Celle des illusions, des tours de passe passe,et de l’argent roi absolu.J’appelle de mes voeux le retour d’une vraie droite et d’une vraie gauche,responsables et equitables. Le retour de la pensée politique. Et la mise à l’index de cette ridicule inflation de communication et de spectacles bouffons des politiques actuels,qui se croient à l’Olympia ou à Bobino.

      +9

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    • caliban // 23.06.2018 à 21h29

      Le problème avec votre commentaire dénonciateur, c’est qu’il ne règle rien.
      (et qu’en outre il est quasi incompréhensible, probablement à cause de la succession de truismes qui ponctuent votre pseudo raisonnement)

        +2

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  • Mr K. // 23.06.2018 à 12h16

    Chris Hedges dénonce depuis longtemps le système carcéral américain dont les excès délirants actuels ont comme premier responsable Bill Clinton.
    Comme pour bien des sujets dont il parle, Chris Hedges s’implique personnellement en enseignant en prison comme on le comprend au début du texte.

    Dans une de ses conférences Chris Hedges parle d’un district de New-York où pour les pauvres, mêmes innocents, les jugements se font à la chaine.
    Les déjà détenus provisoires se voient proposer le marché suivant : « Si tu plaides coupable tu n’en prends que pour trois ans, sinon c’est quinze ». Le procédure en plaidé coupable étant très rapide par rapport à un procès.

    Aux USA les procureurs et les shériffs sont élus, ceci explique pourquoi « faire du chiffre » est si important pour beaucoup.

    Sur le papier le travail forcé n’existe pas aux USA.
    Dans la pratique le détenu qui refuse de travailler pour quelques dizaines de cents par heure subit des brimades et voit ses quelques « avantages » supprimés.

    L’industrie carcérale américaine, associée à la police et des lois sur mesure (par exemple longue peine automatique au troisième délit même mineur), permet de générer environ 30.000 dollars de chiffre d’affaire par an, par prisonnier.

    Ces sociétés privées ont compris sans doute au mieux la notion néo-libérale de « capital humain » dont disposerait en lui-même chaque individu, qu’elles aident à libérer en quelque sorte…

      +12

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  • openmind // 23.06.2018 à 16h02

    Un grand boxeur noir américain Larry Holmes a dit un jour:

    « C’est dur d’être Noir. Vous n’avez jamais été Noir? Je l’ai été autrefois quand j’étais pauvre. »

      +9

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  • Patrick // 23.06.2018 à 19h42

    N’oublions pas qu’aux USA la première cause de mort violente pour un noir pauvre est un autre noir pauvre.

      +3

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