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8.janvier.20218.1.2021 // Les Crises

Le New York Times et le deux poids deux mesures post-électoral

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Source : Fair, Alan McLeod
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Pour le New York Times, crier au loup concernant la fraude électorale est acceptable – si les cibles sont des ennemis officiels

Le refus catégorique du président Donald Trump d’accepter ce qui semble être une défaite électorale inévitable et de plus en plus écrasante a conduit à juste titre de nombreux médias à craindre les répercussions politiques d’une telle décision, certains tirant la sonnette d’alarme à propos d’un coup d’État potentiel aux États-Unis (par exemple, Salon, 11/11/20 ; Washington Post, 12/11/20 ; Guardian, 13/11/20 ; New Republic, 13/11/20).

Le New York Times, le journal de référence du pays, a mené les dénonciations, accusant le président de « vandaliser notre pays » (11/11/20), le qualifiant de narcissique et de sociopathe, et citant ses tentatives d’accrochage au pouvoir comme « un reniement brutal de la démocratie américaine » (11/11/20).

Le New York Times (11/11/20) affirme que Donald Trump est comme le président vénézuélien Nicolás Maduro en « refusant de reconnaître la défaite et en lançant des accusations infondées de fraude électorale » – même si c’est l’opposition vénézuélienne qui a refusé de reconnaître la défaite et a fait des déclarations douteuses de fraude.

Andrew Higgins, chef du bureau du Times Moscow (11/11/20, 12/11/20), a été le dernier collaborateur du journal à dénoncer Trump, affirmant que « nier la défaite, revendiquer la fraude et utiliser la machine gouvernementale pour renverser les résultats des élections sont les outils traditionnels des dictateurs » tels que Robert Mugabe au Zimbabwe, Slobodan Milosevic en Serbie et Nicolás Maduro au Venezuela.

Pour Higgins, Trump a effectivement « brisé la tradition démocratique commune » des États-Unis, le propulsant du « monde libre » dans le royaume des États tyranniques auxquels les États-Unis se sont opposés si longtemps au nom de la démocratie et des élections libres. (En réalité, les États-Unis fournissent une aide militaire aux trois quarts des dictateurs du monde, bien que les médias d’entreprise utilisent ce mot presque exclusivement pour désigner les politiciens que Washington n’aime pas. FAIR.org, 11/09/19).

Bien sûr, a concédé Higgins, Trump n’est pas aussi terrible que Milosevic ou Maduro, et « n’a pas à s’inquiéter d’être accusé de crimes de guerre et de génocide, comme l’a été Milosevic ». C’est peut-être une nouveauté pour les populations du Yémen, de l’Afghanistan, de l’Irak, de la Syrie ou de toute autre nation que Trump a personnellement ordonné de bombarder, ou pour les pays dont il a assassiné les diplomates, ou encore pour près d’un quart de la population mondiale sous les sanctions meurtrières des États-Unis.

Higgins a affirmé que, comme Trump, Maduro « a frauduleusement fabriqué une victoire aux élections de mai 2018 », une affirmation qui a aussi peu de fondement dans la réalité que la prétention de Trump d’avoir effectivement remporté la course présidentielle de 2020. Contrairement aux États-Unis, l’élection vénézuélienne s’est déroulée dans les temps, avec des machines de vote ultramodernes qui ont été surveillées par des centaines d’observateurs internationaux de renom, dont les rapports attestent de la régularité du processus (FAIR.org, 23/5/18). Maduro a remporté plus de 4 millions de voix de plus que son plus proche concurrent – un résultat peu surprenant (PAP, 20/05/18), en raison d’un boycott généralisé du scrutin et d’une division du vote d’opposition restant entre deux candidats.

La réélection du président vénézuélien Nicolás Maduro était largement attendue (AP, 20/05/18) – mais après le vote, il était de notoriété publique que sa victoire ne pouvait s’expliquer que par la fraude.

Après cette élection, cependant, l’opposition soutenue par les États-Unis a crié à la fraude et a tenté de renverser le gouvernement à plusieurs reprises, en utilisant des tactiques qui ne sont pas différentes des manœuvres post-électorales de Trump. Pourtant, Higgins s’est félicité de la décision de Trump de sanctionner le Venezuela (des actions qui ont causé la mort d’au moins 100 000 personnes, selon un rapporteur spécial américain des Nations unies) et de reconnaître le président autoproclamé Juan Guaidó comme le dirigeant légitime. Une récente enquête d’opinion publique a révélé que Guaidó ne bénéficiait du soutien que de 3 % des Vénézuéliens – et ce, avant le désastre de son tristement célèbre coup d’État de la « baie des porcelets » [Référence au débarquement raté de la baie des Cochons à Cuba, visant à renverser Fidel Castro en 1961, NdT].

Ainsi, pour le Times, crier à la fraude électorale puis mettre en scène un coup d’État est grave, et tout comme le font les dictateurs ; à moins que les États-Unis ne portent des accusations douteuses de fraude électorale contre des ennemis officiels, auquel cas il s’agit d’une pratique honorable. Tel est le monde confus des experts des médias d’élite.

Depuis que le Venezuela a voté à gauche en 1998, le Times a préconisé le renversement du gouvernement vénézuélien, son comité de rédaction ayant effectivement approuvé le coup d’État éphémère contre le président Hugo Chávez en 2002 en affirmant qu’un tel événement n’avait même pas eu lieu.

Ainsi, le Times (13/04/02) a écrit que Carmona limogeait tous les élus et se conférait le pouvoir suprême de gouverner par décret. Une étude FAIR de 2019 sur le Venezuela (30/04/19) a révélé que sur une période de trois mois, le Times a publié 22 articles favorables à un changement de régime, et aucun qui se soit élevé contre la destitution du gouvernement démocratiquement élu.

Pas un coup d’État, juste une « surprise »

Les actions de Trump reflètent également celles de l’aile droite soutenue par les États-Unis en Bolivie, qui a perdu une élection avec brio en octobre dernier, pour ensuite dénoncer la fraude et lancer un coup d’État réussi contre le vainqueur légitime, le président Evo Morales, un autre socialiste et une figure de la détestation dans les médias d’entreprise (FAIR.org, 11/04/19).

Le New York Times (11/11/19) a publié un éditorial disant que chasser le président bolivien qui venait d’être réélu avec une marge de plus de 10 points de pourcentage était « la seule option restante ».

Alors que la sénatrice d’extrême droite Jeanine Añez (qui ne s’est même pas présentée à la présidence, et dont le parti n’a obtenu que 4 % des voix) commençait à ordonner des rafles de journalistes et à superviser des massacres d’opposants, le Times était en extase. Refusant à nouveau d’utiliser le mot « coup d’État » pour décrire les événements (FAIR.org, 11/11/19), son comité de rédaction (11/11/19) a décrit Morales comme un populiste « arrogant » qui « a effrontément abusé de son pouvoir, « s’est débarrassé de sa légitimité » et « a écrasé toute institution » à sa manière. Le conseil l’a accusé de présider une élection « très louche », citant une déclaration de l’Organisation des États américains (OEA) qui parlait de « manipulation claire » des votes. Le Times a également applaudi la droite pour « le respect des règles et des institutions démocratiques ». Cela a apparemment forcé Añez à combler une « vacance du pouvoir ».

Le même jour, le Times a publié un article d’opinion (11/11/19) intitulé « Comment les ambitions d’Evo Morales ont contribué à sa chute », qui écartait activement l’idée qu’il s’agissait d’un coup d’État, malgré le fait que les militaires aient littéralement placé l’écharpe présidentielle sur l’épaule d’Añez.

Comme cela était évident à l’époque (CounterSpin, 21/11/19), les affirmations de l’OEA étaient aussi valables que les fantasmes de Trump sur la fraude électorale à l’échelle nationale. Cependant, seulement sept mois plus tard – bien après que la poussière soit retombée et qu’Añez ait été installé au pouvoir – le Times (07/06/20) a reconnu que le rapport de l’OEA était erroné. Mais même après cela, le journal (17/09/20) a continué à porter de l’eau au moulin du régime d’Añez, prétendant par euphémisme qu’elle était arrivée au pouvoir de façon « surprenante » après une élection « chaotique » et qu’elle avait présidé une « année orageuse au pouvoir ». Il s’agit d’une description peu utile d’une dirigeante qui est arrivée au pouvoir par un coup d’État militaire et qui a supervisé les fusillades de ses opposants politiques. Seul un soulèvement national l’ayant finalement forcée à concéder une élection, au cours de laquelle son règne a été complètement rejeté.

Imaginez que vous essayez de décrire un éléphant sans jamais utiliser le mot « éléphant ». Seuls des écrivains au talent prodigieux pourraient le faire de manière convaincante. De même, s’abstenir d’utiliser le mot « coup d’État » là où il est évidemment approprié demande un effort énorme, mais semble être la politique du Times, le mot apparaissant à peine en un an de couverture, sauf comme une accusation dans la bouche des partisans de Morales (FAIR.org, 11/11/19, 08/07/20, 23/10/20), un homme longtemps diabolisé comme un autoritaire. En écrivant sur le coup d’État, il est difficile d’éviter la répétition constante de ce mot dans chaque paragraphe, donc ne pas le mentionner du tout est un sérieux exploit.

Même si Morales est rentré en Bolivie la semaine dernière après l’élection écrasante qui a chassé Añez et qui a vu le retour du mouvement vers le Parti socialiste, le Times (09/11/20) tente toujours de dissimuler le fait du coup d’État, le décrivant de façon risible comme la « tentative ratée de Morales pour garder le pouvoir » qui « a déchiré la nation et l’a envoyé en exil ». Le retour de Morales, a informé le Times à ses lecteurs, « a inquiété »

les Boliviens, qui étaient « anxieux de dépasser la tourmente politique déclenchée par sa tentative de division pour un quatrième mandat présidentiel ». L’aggravation des tensions politiques est peut-être davantage liée au coup d’État d’extrême droite, aux massacres qui l’ont suivi, à la répression des médias critiques, à l’expulsion des étrangers et à la suspension des élections et des droits fondamentaux – dont même les abonnés avides du Times ne savent pas grand-chose, à moins de lire habilement entre les lignes.

Les putschs, c’est bien, en fait

Le Venezuela et la Bolivie sont loin d’être des cas isolés. En fait, une étude réalisée par Adam Johnson (Truthdig, 29/01/19) a révélé que le comité de rédaction du New York Times a explicitement soutenu 10 des 12 coups d’État appuyés par les Américains en Amérique latine depuis 1954.

La rédaction du New York Times (08/05/64) sur le renversement militaire du président brésilien démocratiquement élu João Goulart : « Nous ne regrettons pas la disparition d’un dirigeant qui s’était montré si incompétent et si irresponsable. »

Par exemple, deux jours après un putsch militaire au Brésil qui a mis fin à l’ère réformiste libérale de João Goulart et installé plus de 20 ans de dictature fasciste, le comité de rédaction du Times (03/04/64) a approuvé la « révolution pacifique » contre un personnage qui « n’avait presque pas de partisans ». Refusant d’utiliser le mot « coup d’État », ils ont conclu : « Nous ne déplorons pas la disparition d’un dirigeant qui s’est montré si incompétent et si irresponsable. »

Un mois plus tard, le conseil d’administration (08/05/64) a écrit au sujet du prétendu « sentiment généralisé de soulagement et d’optimisme » du Brésil que le « régime » d' »extrême gauche » de Goulart était terminé, et a annoncé que la « nation semble avoir désiré ardemment » un « nettoyage politique » des « extrémistes », tout en applaudissant l’emprisonnement généralisé de fonctionnaires libéraux au motif qu’ils étaient « communistes ».

Et comme pour Morales, le New York Times (12/09/73) a également accusé le président chilien Salvador Allende de son propre renversement en 1973. « Aucun parti ou faction chilien ne peut échapper à une certaine responsabilité », écrivait-il.

Mais une lourde part de responsabilité doit être attribuée au malheureux Dr Allende lui-même. Même lorsque les dangers de la polarisation sont devenus manifestes, il a persisté à promouvoir un programme de socialisme omniprésent pour lequel il n’avait pas de mandat populaire.

Le comité de rédaction a également éclairé son propre public, en insistant sur le fait que

rien ne prouve que l’administration Nixon ait sérieusement envisagé les manœuvres à l’encontre du Dr Allende… Il est essentiel que Washington garde soigneusement les mains loin de la crise actuelle, que seuls les chiliens peuvent résoudre. Il ne doit y avoir aucune raison de soupçonner une intervention extérieure.

(Il se trouve que les archives non gouvernementales de la sécurité nationale à Washington viennent de publier une foule de documents relatifs aux efforts acharnés de l’administration Nixon pour renverser Allende).

En fin de compte, pour le New York Times, la légitimité des fraudes électorales criantes ne repose pas sur le fait qu’elles se soient réellement produites, mais sur leur utilité politique. Si le Times dénonce les tentatives de Trump de renverser les résultats de l’élection, lorsqu’il s’agit de pays ennemis, toute accusation, aussi infondée soit-elle, est traitée avec respect et mérite d’être amplifiée. La dernière insulte est que le journal accuse les gouvernements légitimes qui tentent de se défendre contre les coups d’État antidémocratiques de déployer les mêmes tactiques que l’homme qui tente de les renverser.

Alan MacLeod @AlanRMacLeod est membre du groupe médiatique de l’université de Glasgow. Son dernier livre, Propaganda in the Information age : still manufacturing consent, [La propagande à l’ère de l’information, toujours la fabrication du consentement, NdT] a été publié par Routledge en mai 2019.

Source : Fair, Alan McLeod, 20-11-2020
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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31 réactions et commentaires

  • Traroth // 08.01.2021 à 08h56

    Les Etats-Unis n’ont soutenu que 12 coups d’état en Amérique Latine depuis 1954 ???

    • VVR // 08.01.2021 à 10h29

      On peut le dire autrement: Depuis la seconde guerre mondiale, les états unis ont soutenu 85% des coups d’états en Amérique du sud. Les principales exceptions sont: le coup de 1953 en Colombie (ici c’est un conservateur proche du nazisme qui est renversé), la révolution cubaine et la tentative de putsch de Chavez en 1992.

      Se rajoute aux coups d’états la participation à l’Opération Condor, qui permet de consolider les coups d’état en question, et diverses opérations ou ils financent des guerres civiles en se cachant à peine.

  • yann // 08.01.2021 à 09h20

    La notion de démocratie est sacralisée, pas la la démocratie, juste son nom.
    Et le sacré contient en lui les germes de la passion et de ces avatars.
    ce blog fait un vrai travail d’information et je trouve chaque jour un peu plus révoltant que les journaux n’en fassent pas autant.
    Quand je lis certains articles ou quand je m’égare a regarder la télé ou a écouter la radio, mes cheveux se hérissent (et pourtant j’en ai pas des masses), et je dois contenir la rage qui parfois monte en moi.
    Il faut rester calme c’est essentiel. Et surtout rationnel.
    Alors, quand dans ce contexte, j’apprend, que des gens prennent d’assaut le capitole, je ne m’étonne plus, et ça m’inquiète.
    A trop tirer sur la corde les média et le pouvoir en place nous préparent un chaos abominable.
    Il faut rester calme.

    • Jean-Do // 08.01.2021 à 12h16

      Je viens de voir passer à la une dans certains médias un communiqué de presse de l’ambassade israélienne, présenté comme un article original et signé de l’AFP. En d’autres mots : de la publicité rédactionnelle politique. Et après ça, on me demande pourquoi je trouve indispensable de lire Les Crises et le reste de la presse internationale, latinos, russes et chinois inclus.

      • paul // 08.01.2021 à 13h27

        bah, l’article est complotiste, non ?
        Guaido, dirigeant reconnu lui, officiellement par 40 où 50 états

        il faut absolument varier ses lectures, car la presse quelle qu’elle soit a bien une part « d’opinion » dans ces choix et ses ecrits.
        J’avais apprécié les articles sur l’Ukraine, puis plus tard sur le fils du orésident élu.
        J’ai par contre regretté le peu sortie sur Trump qui m’a semblé le truc à charge sur un point mais aucune autre info, par exemple présentation des faits par lesquels, plusieurs états qui ne pouvaient pas légalement autorisé le vote par correspondance sans avoir fait valider au niveau fédéral.

        • Made in Québec // 09.01.2021 à 02h11

          Guaido reconnu par quelques états comme dirigeant du vide intersidéral… Même l’opposant d’extrême droite Leopoldo Lopez considère que la tactique états-unienne de reconnaître ce « président » fantoche n’a plus lieu d’être.

        • Havoc // 09.01.2021 à 10h10

          Appelons les choses par leur nom: les 40 ou 50 états, dont celui dirigé par La République En Marche de monsieur Macron, ont validé un coup d’état militaire contre la démocratie bolivienne et reconnaissent la légitimité de monsieur Guaido, leader auto-proclamé servant les intérêts de puissances étrangères dans son propre pays.

          En quoi la parole de ces « 40 ou 50 » états revêt-elle une valeur de caution morale ?

  • RGT // 08.01.2021 à 10h28

    « Trump n’est pas aussi terrible que Milosevic »…

    Il serait souhaitable que les « grands médias » se penchent d’un peu plus près sur le cas de certains « dictateurs » présentés devant la CPI…

    N’oublions jamais que Milosevic est mort en tôle des suites des maltraitances infligées par la « communauté internationale », ce qui a bien arrangé ladite CPI car en « laissant tomber les chefs d’accusations » elle permettait de se sortir du bourbier dans lequel l’avaient enfermé le « camp du bien » en proférant des accusations totalement mensongères.

    Certes, Milosevic n’était pas un dirigeant idéal mais il n’a jamais commis les crimes dont on l’accusait et il était aussi totalement opposé à la violence qui se propageait dans l’ex-Yougoslavie.

    Et il en va de même pour Laurent Gbagbo qui a été embastillé pour « justifier » les résultats d’élections de la même « communauté internationale » qui mettaient sur le trône de Cote d’Ivoire leur petit pion servile qui avait en fait largement perdu les élections.

    Et tous ces « dictateurs » (réels ou fantasmés) ne sot rien en termes de nuisances si on les compare aux « grands démocrates épris de justice » qui règnent d’une main de fer sur les « pays libres », ne se contentant pas de massacrer leur propre population mais en se permettant sans complexe d’aller semer le chaos partout sur cette planète, particulièrement lorsqu’ils sont encensés par le « Prix Nobel du Pet ».

    La novlangue est actuellement le mode de communication le plus employé dans les « pays épris de liberté et de vérité » et contrairement aux russes au temps de l’URSS il n’y a personne pour dire d’un air entendu « C’est vrai parce que c’est écrit dans la Pravda ».

    • paul // 08.01.2021 à 13h32

      Tout à fait

      et « La novlangue est  »

      la démocratie, la libre expression, le libre échange, le marché du travai

      et depuis peu, les français, officiellement victimes de crime contre l’humanité.

      • Undertones // 08.01.2021 à 15h59

        Sans oublier les changement de point de vue. Ex : si vous êtes dans le camp du bon vous faites du lobbying et si vous êtes dans le camp du mal c’est de la corruption biens ur 😉

    • Melitopol // 09.01.2021 à 17h55

      Il était totalement opposé à la violence???
      Il s’est servi du nationalisme serbe pour parvenir au pouvoir.
      Franchement vous ne savez pas de quoi vous parlez….

  • J // 08.01.2021 à 10h48

    Dans tous ces cas y compris les événements d’avant-hier, le manichéisme simpliste me semble être des deux côtés. Même le cas emblématique d’Allende n’est pas si simple. Par exemple :

    « Toutes [les villes du Chili] se sont ralliées dans les vingt-quatre heures, et non seulement les syndicats n’ont pas réagi mais encore ils ont rejoint la révolution avec enthousiasme. J’ai compris cette attitude des syndicats quand Antonio m’a raconté comment son fils avait été arrêté et torturé par la police spéciale après une manifestation des ouvriers des nitrates – son corps jeté dans un de ces charniers découverts récemment, attribués par les bonnes âmes à Pinochet (…).
    « La plus grande mine à ciel ouvert du monde, El Teniente de Chuquicamata, produisant 25% du cuivre mondial, où travaillent cinquante mille ouvriers appartenant au plus dur des syndicats, fut occupée par un jeune capitaine accompagné d’une dizaine de soldats sous les vivats des ouvriers »…
    (Pierre Clostermann, L’histoire vécue, Flammarion, 1998)

    Bien entendu, la situation calamiteuse était largement le résultats de manigances US. Mais il y avait bien dérive vers une dictature de type marxiste, au moment où les USA pliaient au Vietnam. Plus : http://pagesperso-orange.fr/divers/chili.htm Après, je conçois qu’on puisse choisir l’un ou l’autre camp, il y a d’excellentes raisons des deux côtés, mais le monde se porterait mieux si chacun voulait bien écouter les raisons de l’autre côté… et c’est vrai aussi pour les dernières élections US.

    • Jean-Do // 08.01.2021 à 12h31

      « Dérive marxiste chez Allende » 😀 Merci pour ce bon moment de franche rigolade. Vous n’avez pas vu aussi des soucoupes volantes et des clowns armés récemment ?

      Outre que c’est factuellement inexact, Allende était socialiste. Sauf quand la base syndicale est assez forte pour imposer une alliance, ce courant politique se défie toujours des communistes quand il ne les combat pas ouvertement : Révolution Russe, Allemagne Spartakiste (contré par l’alliance du PS avec l’extrême-droite), France de ’68 puis mitterandienne (exclusion du PC puis facilités médiatiques pour le FN), Belgique 2020 pour prendre 3-4 pays proches ou historiques. Le courant politique communiste était dans l’opposition au Vénézuela (je n’ai pas suivi le dernières élections), etc…

      • J // 08.01.2021 à 15h57

        Pierre Clostermann, entre autres (et passe encore pour Jean-François Revel), était donc un rigolo ou un menteur (il raconte par exemple, dans le même ouvrage, avoir sympathisé avec Che Guevara qu’il jugeait sincère mais aussi, non sans raison, très naïf). Je me base avant tout (voir mon lien) sur ce que chantaient les partisans d’Allende, tous plus exaltés les uns que les autres et qui m’ont longtemps exalté moi-même : la famille Parra, Victor Jara, Quilapayún et bien d’autres encore. Si on ne veut pas voir vers quoi ça tend, à quoi ça aspire en toute sincérité, je me demande ce qu’on verra. Enfin, peut-être que vous partagez cet idéal, il a son charme, mais alors ce serait bien de l’assumer.

    • manuel // 08.01.2021 à 16h28

      Se fier à Clostermann fait rire il n’a pas hésité à tricher sur ses victoires aériennes a appelé à voter Le Pen.

      • J // 08.01.2021 à 17h47

        Rien à voir. Je n’ai pas eu besoin de lui pour comprendre (tardivement) le message de centaines de chants très engagés et à la gloire du Compañero Presidente (titre de deux d’entre eux). Clostermann ne défendait ou n’attaquait d’ailleurs pas particulièrement des causes dans cet ouvrage. C’est un témoignage (il était au Chili pour pratiquer la pêche au gros et Antonio était son prestataire). S’il y a des informations qui le contredisent sur l’attitude des syndicats face au Golpe, je suis preneur. Les mineurs de Chuquicamata, puisqu’il les mentionne, se sont mis en grève sous Pinochet, mais plusieurs années après, et autant que je sache (je suis preneur de toute information allant contre) ça s’est soldé sans violence.

    • Koui // 09.01.2021 à 11h10

      Il ne faut pas oublier que Allende a été élu dans une élection triangulaire face à un candidat de droite et à un candidat d’extrême droite. Les forces de gauche étaient minoritaires. Le programme très socialiste d’Allende a effrayé la droite et galvanisé l’extrême droite. Les activités américaines ont fait chuter brutalement le cour du cuivre principale source de devise du pays. La droite a réussi à paralyser le pays par la grève des camionneurs. Le coup d’état de Pinochet a donc bénéficié de la lassitude ou de l’approbation d’une majorité des chiliens dans un contexte de chaos économique, particulièrement les classes supérieure et moyenne. Il n’en demeure pas moins que ce coup d’État a été réussi grâce au sabotage économique et à l’ingérence américaine. La répression féroce a tué ou contraint à l’exil les militants de gauche, restaurant la domination sans partage de la bourgeoisie. C’est un exemple de changement de régime reussi par les USA. Mais la méthode n’est pas infaillible et peut même se révéler contre productive en radicalisant la population contre les USA, comme en Iran, à Cuba, ou au Nicaragua.

  • Anfer // 08.01.2021 à 12h03

    Vous prenez cet extrait, c’est exactement pareil https://m.youtube.com/watch?v=s6ylqpyik9M

    Si vous utilisez la bonne grille de lecture, vous comprennez mieux.
    Dictature = hostile à nos intérêts
    Démocratie = favorable à nos intérêts

  • X // 08.01.2021 à 12h39

    Intéressante mise en perspective.
    La question que je me pose: pourquoi la droite dure est favorisée en Amérique Latine et la gauche (voir l’extrême-gauche libérale) en Amérique du Nord ?

    Les supporter cornus de Trump, soit dit en passant, ne sont pas tellement plus extravagants que les Pussy riot, d’ailleurs.

    • Mickael Jackunin // 08.01.2021 à 13h56

      Les USA ? Gouverné par la gauche ? Laquelle ? La même qui n’a pas réussi à faire une sécu publique en 8 ans de mandat Obama ? Celle qui envoie des armes à Daesh ou au « secteur droit » ? Celle qui pousse au lawfare contre Lulla ? Celle qui renfloue Wall-Street en leur laissant ordonner des forclosures ?
      C’est pas parce qu’un parti est un peu moins raciste et traditionaliste que l’autre qu’on peut lui coller l’étiquette « gauche ». Comme on dit « ils ont pas les codes ».

      • Koui // 09.01.2021 à 11h22

        Effectivement, la notion de gauche varie au cours du temps et en fonction des lieux. Biden est de droite selon les critères français du XXIeme siècle. Sanders est centre gauche. Les Qanons sont plutôt gilets jaunes, c’est a dire pauvres et révoltés mais sans conscience de classe bien définie selon la classification marxiste. Mettre un milliardaire charismatique à la tête d’une révolte populaire, c’est le plus sur moyen d’aller dans le mur. Nos gilets jaunes, plus conscients, n’ont pas fait cette erreur.

    • ThoMurr // 08.01.2021 à 15h45

      « l’extrême-gauche libérale »

      Vous pensez au parti Libertarien ?

      Celui qui a fait 1.18% aux élections présidentiels ?

  • Sara // 08.01.2021 à 19h24

    À qui profite cet épisode?
    Quand on voit Bush avec son palmarès venir faire la leçon. Eh oui, il ose:
    « Je suis consterné par le comportement irresponsable de certains dirigeants politiques depuis l’élection et par le manque de respect montré aujourd’hui à l’égard de nos institutions, de nos traditions et de nos forces de l’ordre”, a souligné le 43e président des États-Unis. »
    https://www.huffingtonpost.fr/entry/violences-capitole-macron-presidents-americains_fr_5ff6a906c5b61a92a8bfb500
    Et pour notre cher président toujours aussi ridicule, combien y aurait-il eu de morts si Lallement avait été de la partie?

    • chb // 09.01.2021 à 12h06

      Il ose. Il ne fait que singer l’outrancière et très convenable vitupération des manifestants de « StopTheSteal ». Cf l’analyse par SyrianGirl (pro-Assad apparemment) de l’appellation médiatique « terroriste » décernée aux occupants trumpistes du Capitole : https://www.youtube.com/watch?v=NkxmiANAQCk

  • Vercoquin // 09.01.2021 à 07h25

    À quoi sert de se creuser la tête à essayer de trouver une explication logique, des arguments à tout ce qui fait que les états unis sont les états unis.
    Quant au comportement de Trump, contrairement à ce que déclare Micron, il est complètement et totalement américain.
    Il s’agit bien d’un comportement crétin, stupide, dégénéré, tout à fait conforme à l’attitude de cet amas d’états réunis en fédération. Complexe de supériorité, sentiment d’être celui qui sait, qui dirige, et qui oblige.
    La seule doctrine qu’ils connaissent c’est qu’ils n’aiment pas les communistes, les socialistes, les Russes et leurs amis.
    Ils n’aiment pas non plus tous ceux qui s’opposent à eux, d’une manière générale, dans tous les domaines.
    À part quelques exceptions, cette doctrine est approuvée et suivie par le peuple, les médias, le gouvernement, le deep state, les partis, l’armée, les industries etc…
    Alors, dire que tel personnage utilise ou pas les mêmes armes que tel ou tel est tout à fait accessoire, ça ne fait pas avancer le schmilblick.

    • Koui // 09.01.2021 à 11h32

      Trump n’est pas crétin. Son comportement imprévisible lui a permis de déjouer beaucoup de pièges. Mais je vous rejoint sur le complexe de supériorité américain et l’ultralibéralisme qui sont l’idéologie commune a Trump et Biden. Pour moi, ils appartiennent au même courant idéologique. C’est une guerre d’oligarques sur fond de mécontentement populaire. Trump, qui est le plus faible, surfe sur le mécontentement et brise ainsi le consensus sur les moyens politiques acceptables.

      • Anfer // 09.01.2021 à 12h58

        Trump joue une partition bonapartiste, culte du chef, lien direct avec la population, mepris du « parlementarisme », contournement des contre pouvoir, justification par un complot…

        Il coche toutes les cases.

        • Alfred // 09.01.2021 à 13h30

          Cepafo. On peut y ajouter le versant protectioniste du premier et le développement industriel du troisième.

          • Anfer // 10.01.2021 à 10h26

            Ça n’a rien d’obligatoire, c’était l’époque et les circonstances.

            Le problème de ce type de régime, c’est que contrairement à ce que l’ont croit, il est par nature instable et fragile, dès que le grand homme providentiel chute, tout le reste s’effondre.

            Ca ne veut pas dire que je crois que Donald Trump est un Napoléon en puissance, le système politique américain est justement pensé contre ce type de pouvoir, et le turn-over des présidents est vu comme un tradition, ce qui n’empêche pas la constance des personnes en dessous (le fameux « état profond »), ce qui abouti à une politique qui change peu sur les questions de fond.

  • clauzip12 // 09.01.2021 à 22h30

    La réactions ou tout simplement la pensée la plus juste, cela se vérifie quelques mois ou années après, est la suivante:
    -lire ou entendre les média mainstream et en conclure(toujours provisoirement) exactement l’opposé!
    Cette méthode vérifiée de nombreuses fois n’exclue pas le doute même partiel.
    Ainsi lorsque démocratie, libertés…ou je ne sais quel autre mot clé ou valise est en étendard(ils peuvent représenter bien des situations ou politiques différentes voire opposées)
    Ainsi des guerres criminelles on été présentées pour notre sécurité, pour la liberté, des chefs d’État ont été assassinés au nom de la liberté de qui? des puissants lobby qui depuis lors pillent les pays.
    Tous les soi disant informations sur les conflits armés(les européens ont été informés pendant 8 ans sur le conflit meurtrier en Syrie par une agence de l’OTAN à Londres sans investigations par quiconque),quand à la Libye, tous les mensonges proférés pour justifier cette guerre par un guignol Bhl sont une preuve incontournable!
    Nous sommes le nombretres grands, ils sont minoritaires mais détiennent le pouvoir politique et financier.
    Unissons nous pour que vive enfin la Démocratie!

    • Marie Colin // 11.01.2021 à 16h34

      bien vu…
      pour avoir vécu en Algérie à l’époque de Boumedienne, on savait au moins lire entre les lignes ou entendre les bruits de fond de la propagande officielle.
      Quand je pense qu’ici il y en a encore pour penser qu’on pourrait croire à ce qui se dit ou s’écrit dans « les media sérieux »… je rigole – mais jaune !

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