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25.mai.201525.5.2015 // Les Crises

Le témoignage d’une commandante de police fait exploser le dossier Kerviel

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Excellent article de Médiapart (pensez à les soutenir 🙂 ) sur un sujet évident : la Société Générale a une énorme part de responsabilité dans cette affaire…

C’est une déposition sans précédent, qui transforme le dossier Kerviel en un scandale Société générale. La commandante de police chargée de piloter cette affaire à la brigade financière a raconté au juge d’instruction Roger Le Loire les dysfonctionnements rencontrés lors de ses enquêtes, menées entre 2008 et 2012. Son témoignage fait basculer le dossier et ne peut que forcer la justice à rouvrir l’enquête.

C’est une déposition sans précédent dans l’histoire judiciaire. Elle met à bas tout le dossier Kerviel et pourrait contraindre la justice à rouvrir l’enquête et à réviser ses jugements. Elle pose aussi la question du rôle du parquet qui, dans cette affaire, semble avoir oublié la notion de justice équitable, en soutenant sans réserve et sans distance la position de la Société générale.

Le 9 avril, selon nos informations, le dossier de l’affaire Kerviel a explosé dans les bureaux du juge d’instruction Roger Le Loire. Ce jour-là, le vice-président du tribunal de grande instance de Paris a auditionné un témoin hors norme dans le cadre d’une plainte contre X pour escroquerie au jugement déposée par Jérôme Kerviel : la commandante de police de la brigade financière chargée de l’affaire Kerviel. Celle qui a mené deux fois l’enquête, une première fois en 2008, une seconde en 2012.

Faisant preuve d’un courage exceptionnel et d’une rare intégrité intellectuelle, Nathalie Le Roy, qui a depuis changé d’affectation, avoue devant le juge les doutes qu’elle nourrit sur son enquête de 2008. Cette enquête qui a amené à la condamnation de Jérôme Kerviel à trois ans de prison ferme et 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts en appel (le montant des dommages et intérêts est en cours de révision à la cour d’appel de Versailles, après l’arrêt de la Cour de cassation annulant le jugement de la partie civile). L’enquêtrice explique devant le juge avoir complètement changé d’avis sur le dossier.

Alors qu’elle était convaincue de la culpabilité de Jérôme Kerviel en 2008, Nathalie Le Roy a commencé à avoir des interrogations, puis des certitudes, quand elle a repris l’enquête en 2012. « À l’occasion des différentes auditions et des différents documents que j’ai pu avoir entre les mains, j’ai eu le sentiment puis la certitude que la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer les positions prises par ce dernier », assure-t-elle devant le juge.

Elle détaille les faits troublants et les dysfonctionnements qu’elle a eu à connaître dans le cadre de cette enquête et qui donnent une tout autre dimension à l’affaire. Son récit est stupéfiant et bouscule tout ce qui a été dit jusqu’ici sur ce dossier. À l’issue de cette audition, le juge Le Loire a, semble-t-il, été ébranlé. Car le dossier a basculé. La justice ne peut plus fermer les yeux sur ses errements : ce n’est plus de l’affaire Kerviel qu’il s’agit, mais bien d’une affaire Société générale.

Jamais jusqu’alors, cette commandante de police n’avait raconté cette enquête et exprimé ses doutes sur son déroulé. Ce n’est que parce qu’elle a eu à répondre à la convocation du juge Roger Le Loire qu’elle a accepté de briser le silence. Elle s’en explique devant le juge. « Je ne me suis jamais manifestée pour ne pas interférer dans le cours de la justice, mais j’avoue que ma convocation aujourd’hui m’apporte un soulagement. Je me suis très longtemps remise en question », confie-t-elle lors de son audition.

Face au juge Le Loire, elle revient en détail sur les différentes procédures qu’elle a eu à mener de 2008 à 2012. Elle raconte une enquête complètement prise en main par la Société générale. La banque impose sa version, choisit les interlocuteurs mais fait aussi pression sur les témoins, refuse de répondre aux réquisitions quand elles dérangent. L’enquêtrice parle aussi de l’étrange attitude du parquet. Malgré les doutes dont elle avait fait part, malgré les témoignages qu’elle avait recueillis, malgré les demandes d’expertise qu’elle avait formulées après avoir repris l’enquête en 2012, le parquet préfère enterrer le dossier et s’en tenir au récit largement développé par la banque, sans aller chercher plus loin.

Dès la révélation de l’affaire aux premières heures du 24 janvier 2008, la Société générale a imposé sa version des faits : la banque était victime d’un trader fou, travaillant en solitaire, jouant des milliards à l’insu de sa hiérarchie, de tous les contrôles. Ses positions extravagantes avaient coûté 4,9 milliards d’euros de pertes à la banque, avait alors affirmé son PDG, Daniel Bouton, alors même que toutes les opérations n’étaient pas débouclées, comme l’indique le rapport de la Commission bancaire. Depuis, la Société générale n’a jamais varié ni dans son récit ni sur le montant de ses pertes. Par deux fois, la justice a confirmé la version de la banque et a condamné Jérôme Kerviel pour abus de confiance, faux et usage de faux, introduction frauduleuse dans les systèmes informatiques.

Tous les témoins qui ont essayé à un moment ou à un autre de contester la ligne de défense de la Société générale, d’expliquer le fonctionnement des marchés et du monde bancaire, de démontrer qu’il était impossible que la banque ignore tout, de suggérer des pistes d’enquête, ont été ignorés, parfois dénigrés. Certains salariés de la Société générale, comme Philippe Houbé, qui travaillait chez Fimat, filiale de la banque chargée des opérations de compensation, ont été licenciés pour avoir osé contredire « l’histoire officielle ».

Cette fois, la Société générale et la justice vont-elles pouvoir balayer d’un revers de la main ce nouveau témoin ? Nathalie Le Roy est un personnage respecté à la brigade financière et dans le monde judiciaire. Connue pour sa rigueur et son expertise, elle s’est vu confier des dossiers très lourds et est très appréciée par les juges d’instruction.

Quand Eva Joly a commencé à s’intéresser – très tardivement, a-t-elle regretté – à l’affaire Kerviel, elle a écouté longuement ses proches, notamment Julien Bayou, des connaisseurs du dossier, l’avocat de Jérôme Kerviel, David Koubbi, lui expliquer l’affaire. Si les arguments des uns et des autres l’ont convaincue, un détail à chaque fois la choquait : l’enquête avait été menée par Nathalie Le Roy. « J’ai eu à travailler avec elle dans de nombreuses enquêtes. Je connais son professionnalisme et sa rigueur », objectait Eva Joly. Pour l’ancienne juge d’instruction, l’enquête ne pouvait avoir été bâclée. Bâclée ? Elle ne l’a certes pas été. Mais orientée, cadrée, détournée de certains sujets qu’il ne fallait pas approcher ? Peut-être.

« J’ai eu le sentiment d’avoir été instrumentalisée »

Avec le recul, c’est ce doute qu’exprime Nathalie Le Roy lors de son audition, en revenant sur ses premiers moments à la banque. « J’ai eu le sentiment d’avoir été instrumentalisée par la Société générale », confie-t-elle au juge. Une instrumentalisation facilitée par le fait que l’enquêtrice débarque dans un monde financier totalement inconnu. « J’ai été saisie de l’affaire le 24 janvier 2008. Ce dossier m’a été attribué alors que je n’avais aucune connaissance boursière », déclare-t-elle.

La Société générale pourvoit à tout, et prend les inspecteurs de la brigade financière en main, les guide dans la jungle de la finance. « J’ai tout d’abord entendu madame Dumas [adjointe au responsable des opérations à GEDS, le département où travaille Jérôme Kerviel – ndlr], alors que dans un même temps se déroulaient les perquisitions au siège de la Société générale par les collègues de service. L’ordinateur de Jérôme Kerviel était déjà mis à l’écart (…). Il avait peut-être été étudié, mais ça je ne le sais pas. (…) L’ensemble des documents qui ont été requis dans cette enquête auprès de la Société générale nous ont été fournis par cette dernière, car nous n’avions pas le matériel informatique pour l’exploitation. (…) C’est la Société générale elle-même qui m’adresse les personnes qu’elle juge bon d’être entendues. Je n’ai jamais demandé : “Je souhaiterais entendre telle ou telle personne.” C’est la Société générale qui m’a dirigé tous les témoins », raconte-t-elle. « C’était une position assez confortable », reconnaît-elle devant le juge, avec regret semble-t-il.

« Consignes générales : restituer les faits négatifs en recherchant leur portée, en les remettant dans leur contexte, en les noyant dans les faits positifs, en utilisant la complexité technique », recommandait la Société générale à ses salariés dans un autre dossier, celui du Sentier. Ce procédé est largement utilisé dans l’enquête sur Kerviel. Les témoignages sont noyés dans la technique et le jargon. Les personnes interrogées y parlent beaucoup de positions « short » et « long », de « put » et de « call », de warrants et d’opérations pending, de système Eliot et d’opérations sur Click options. Mais elles se gardent bien d’indiquer les carrefours importants des opérations financières, d’évoquer les appels de marge ou les effets des positions sur la trésorerie quotidienne, de faire allusion au système Zantaz logé aux États-Unis qui conserve tous les mails, ou même de la chambre de compensation Eurex. Bref, de tout ce qui peut permettre de retracer les mouvements et les contreparties des opérations réalisées par Jérôme Kerviel.

Tous les témoins entendus par la brigade financière accréditent alors la thèse d’un Jérôme Kerviel, trader solitaire, pouvant engager 50 milliards d’euros – plus que les fonds propres de la banque – dans des opérations spéculatives, à l’insu de tous. Ce que conteste Jérôme Kerviel dès sa première audition. « J’ai entendu Jérôme Kerviel qui s’était présenté spontanément pendant 48 heures dans le cadre de sa garde à vue. Déjà à l’époque, il développait la théorie selon laquelle il avait effectivement pris les positions qui lui étaient reprochées, ce en pleine connaissance de la hiérarchie, ce qu’il a toujours maintenu », se rappelle Nathalie Le Roy devant le juge.

L’enquête se poursuit dans le cadre de l’information judiciaire confiée aux juges Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset le 28 janvier 2008. Il faut boucler très vite, d’autant que la commission bancaire et surtout le rapport de l’inspection des finances, commandé par la ministre Christine Lagarde, ont déjà tranché le sujet dès mars 2008 : la Société générale est totalement victime des agissements de son trader.

En octobre 2008, l’enquête de la justice est à son tour achevée. « Sur la masse de scellés que nous avions réalisés, vu l’urgence, compte tenu du peu d’effectifs dans le groupe et de la masse de travail qu’il y avait à effectuer, certains n’ont pas été exploités », reconnaît l’ancienne enquêtrice de la brigade financière. D’autant qu’il faut parfois des équipements spéciaux pour pouvoir les exploiter. Alors, les enquêteurs s’en tiennent à ce que la Société générale leur fournit. « À titre d’exemple, le fameux entretien qui a eu lieu entre Jérôme Kerviel et ses supérieurs hiérarchiques à la découverte des faits, ça devait être les 20 et 21 janvier 2008 de mémoire, tous les enregistrements qui ont été faits dans cette salle nous ont été transcrits de manière manuscrite par la Société générale », précise-t-elle.

Le juge Van Ruymbeke puis le président du tribunal correctionnel, Dominique Pauthe, ont refusé à plusieurs reprises à la défense de Jérôme Kerviel, alors représentée par l’avocat Olivier Metzner, d’avoir accès à ces scellés. Ce n’est que quelques semaines avant le procès en appel que la présidente, Mireille Filippini, a accepté que la défense puisse y accéder. Trop tard pour pouvoir les exploiter à temps pour le procès.

David Koubbi, le nouvel avocat de Jérôme Kerviel, découvrira plus tard que certains scellés, dont l’ordinateur de Jérôme Kerviel ou des contenus de boîtes mails, n’ont jamais été ouverts. Il mettra aussi la main sur ces fameuses bandes – 45 au total – ayant enregistré les conversations entre Jérôme Kerviel et ses supérieurs. La défense découvrira les propos de Jean-Pierre Mustier, alors numéro deux de la Société générale, reconnaissant avoir perdu un milliard d’euros dans les subprimes. Et elle découvrira surtout des blancs, d’énormes blancs dans les enregistrements, blancs qui ne sont pas signalés dans la transcription manuscrite. Plus de deux heures et quarante-cinq minutes de conversations ont ainsi disparu (lire notre enquête : Les silences des bandes de la Société générale) !

Un mail à tête de mort

« L’enquête étant clôturée, j’ai fait mon rapport de synthèse à charge contre Jérôme Kerviel, tout en mettant en avant les manquements et les dysfonctionnements au sein de la Société générale. Nous sommes en 2008. Je suis convaincue de la culpabilité de Jérôme Kerviel et de la véracité des témoignages recueillis », déclare l’ancienne enquêtrice de la brigade financière au juge. Ce dossier l’a passionné, reconnaît l’enquêtrice. Elle se souvient avoir suivi toutes les audiences du procès. D’autant que, à la suite de cette première affaire, elle s’est formée dans les affaires boursières et on lui confie nombre d’enquêtes dans ce domaine, à la brigade financière.

Les premiers doutes viendront plus tard, en 2012, quand Jérôme Kerviel dépose deux plaintes, pour faux et usages de faux et escroquerie au jugement. Elle est à nouveau chargée de l’enquête préliminaire. Elle raconte que David Koubbi, l’avocat de Jérôme Kerviel, lui demande alors si elle est prête à recevoir des documents et des témoins, même si ceux-ci peuvent contredire ses conclusions initiales. « Je ferai mon devoir et entendrai tous les témoins qu’il est nécessaire d’entendre », assure avoir répondu Nathalie Le Roy.

Des témoignages, l’avocat de Jérôme Kerviel en a reçu de multiples. Car le procès en première instance puis le procès en appel ont réveillé des consciences, suscité des indignations. Des connaisseurs du monde financier, d’anciens traders ou banquiers, même s’ils n’ont aucun lien avec la Société générale, se sont manifestés pour expliquer que la thèse soutenue par la banque était tout simplement impossible. Les uns et les autres ont fait œuvre de pédagogie pour expliquer le fonctionnement des marchés, les points de contrôle, les contreparties extérieures. Tous aboutissaient aux mêmes conclusions : la hiérarchie de Jérôme Kerviel ne pouvait ignorer les positions considérables qu’il avait prises. « C’était visiblement connu sur le marché puisqu’il était surnommé par certains traders “le gros” », raconte Nathalie Le Roy.

Des salariés ou d’anciens salariés de la Société générale sont aussi intervenus, expliquant que tout le monde connaissait les pratiques de Jérôme Kerviel (lire Les confessions d’un ancien trader). « Certains ont accepté de témoigner sous leur nom, d’autres sous couvert d’anonymat », relève l’ancienne enquêtrice.

Celle-ci a en particulier détaillé devant le juge le témoignage de Florent Gras, un ancien salarié de la Société générale. « Il m’a tout de suite dit que l’activité de Jérôme Kerviel était connue, qu’il avait lui-même alerté madame Claire Dumas, qui était dans sa ligne hiérarchique. Il m’a dit avoir envoyé à cette dernière et à d’autres un mail avec une tête de mort pour attirer leur attention », déclare-t-elle. L’avertissement aurait été lancé en avril 2007, soit plus de neuf mois avant le scandale.

« J’avais demandé à la Société générale l’extraction des mails de Florent Gras et le mail en question n’y figurait pas. D’où la réquisition judiciaire du 10 octobre 2012 adressée à M. Oudea (PDG de la Société générale) pour obtenir l’extraction de la messagerie de madame Dumas, ciblée avec ses échanges avec Florent Gras et qui est restée lettre morte », poursuit-elle.

La Société générale n’a pas répondu à cette réquisition de la brigade financière. Comme elle n’a pas répondu à la réquisition pour obtenir les boîtes mails de certains supérieurs hiérarchiques, comme elle n’a pas répondu à d’autres demandes. La banque n’a aucune envie en 2012 de rouvrir une enquête, alors que sa position de victime a été reconnue par la justice en première instance et qu’un procès en appel est encore en cours.

Mais il n’y a pas que la Société générale qui refuse de revenir sur le dossier Kerviel. Le parquet de Paris a également tout fait pour enterrer définitivement l’affaire. Alors que les éléments et les témoignages s’accumulent, laissant penser que la Société générale n’est peut-être pas qu’une simple victime, l’enquêtrice, déclare-t-elle au juge Le Loire, s’est ouverte de ses doutes et de ses questionnements à sa hiérarchie. Celle-ci tente de la rassurer en disant qu’elle avait mené son enquête « en fonction des éléments qui lui avaient été communiqués ». Elle a également alerté le parquet, insistant sur les zones obscures qui ne cessaient d’apparaître dans ce dossier. Pour permettre d’y voir plus clair, elle demande d’engager de nouveaux actes et de nouvelles expertises portant à la fois sur les bandes et sur la saisie des mails stockés aux États-Unis.

Mais tout cela reste aussi lettre morte. Le parquet oppose un refus à tout et décide de classer les deux plaintes sans suite, avant même que l’enquêtrice ait rédigé un rapport de synthèse. « Les deux enquêtes (…) ont fait l’objet d’un retour en l’état à la demande du parquet, deux jours avant l’audience [qui devait prononcer le jugement de la cour d’appel – ndlr], sans synthèse de ma part. J’ai appris le lendemain, soit la veille de l’audience, que les plaintes étaient classées sans suite dans le cadre d’un non-lieu ab initio », dit-elle.

« Vous souvenez-vous de la date ? » demande le juge Roger Le Loire. « Il me semble que l’audience avait lieu le 24 octobre 2012 et que j’ai renvoyé le dossier sans synthèse le 22 », déclare-t-elle. Le parquet estimait manifestement qu’il y avait urgence à clore l’enquête, à fermer toutes les portes, avant le verdict de la cour d’appel condamnant définitivement Jérôme Kerviel comme seul responsable des pertes de la Société générale. Pourquoi ? Sur ordre de qui ? Faut-il croire que les intérêts du monde bancaire sont désormais supérieurs à ceux de la justice ?

« Cadres séquestrés »

Ce classement sans suite ordonné par le parquet perturbe d’autant plus l’enquêtrice qu’à l’occasion de ce procès en appel, auquel elle assistait, elle a rencontré de nombreux traders, outrés par le sort réservé à Jérôme Kerviel. Un témoignage dans l’assistance l’a alors particulièrement frappée, dit-elle.

« Lors du délibéré, dans les couloirs, j’ai assisté à une conversation d’une dame qui se présentait comme étant aux ressources humaines de la Société générale encore actuellement, qui ne pouvait donc se manifester et qui disait qu’elle était ulcérée que Jérôme Kerviel serve de fusible. Ne sachant comment comprendre ses propos, je me suis présentée à elle en tant que commandant de police à la brigade financière. Elle m’a dit se nommer G. C.. (…) Tout en connaissant ma qualité, elle a surenchéri en m’expliquant qu’en janvier 2008, après la découverte des faits, Frédéric Oudéa, à l’époque directeur financier, avait “séquestré” un certain nombre de cadres afin de leur faire signer un engagement de confidentialité de tout ce qu’ils avaient pu apprendre et qu’ils s’engageaient même à ne pas en parler à leur propre conjoint. De ce qu’elle me disait, la plupart des personnes ont signé cet engagement », rapporte Nathalie Le Roy sur le procès-verbal d’audition. Selon nos informations, des témoins extérieurs ont également assisté à cet échange.

Après cette conversation, Nathalie Le Roy lui a laissé son numéro de téléphone. « Elle m’a appelée. Nous nous sommes rencontrées et elle m’a dit être dans la réflexion de savoir si elle était disposée à témoigner mais de manière anonyme. Je n’ai plus jamais eu de nouvelles », dit-elle. La peur, sans aucun doute, l’a dissuadée d’aller au-delà.

Ainsi, Frédéric Oudéa, actuel PDG de la Société générale, aurait pu faire pression pour empêcher que certains salariés témoignent devant la justice. Le soupçon avait déjà émergé lors du procès en appel (lire notre article Affaire Kerviel: le prix du silence). Un des responsables hiérarchiques de Jérôme Kerviel, Martial Rouyère, était appelé à témoigner devant le tribunal. Il avait été licencié à la suite du scandale mais en bénéficiant d’une prime de sept années de salaire. Du jamais vu dans l’histoire des prud’hommes.

« Est-ce le prix du silence ? » avait alors demandé la présidente du tribunal, Mireille Filippini. « Le fait de signer un accord comme celui-là ne vous lie que si vous ne voulez pas subir les conséquences… », répondit alors Martial Rouyère. « Qu’est-ce qui se passe si vous parlez ? » demanda l’avocat de Jérôme Kerviel. « Je dois rendre l’argent », répliqua Martial Rouyère. La déclaration ne fit même pas sursauter les juges. Plutôt que de pousser plus loin son questionnement, la présidente préféra clore l’audition, sans demander d’autres éclaircissements. Le pouvoir de l’argent peut beaucoup, même faire oublier à la justice quelques principes fondamentaux.

Mais pourquoi ces accords de confidentialité, ces compensations hors norme et peut-être ces pressions sur témoins ? Pourquoi la banque refuse-t-elle de délivrer des documents demandés par les enquêteurs, après leur en avoir obligeamment sélectionné d’autres ? La Société générale aurait-elle quelque chose à cacher ?

« Dans le cadre du fonctionnement procédural de cette enquête, je me suis étonnée qu’il n’ait jamais été possible d’obtenir une expertise sur le montant des pertes déclarées par la Société générale », soulève Nathalie Le Roy durant son audition. C’est un des points clés de ce dossier hors norme. Les pertes de la Société générale, reconnues par la justice, l’ont été aux seuls dires de la banque. Même si le montant peut être révisé par la cour d’appel de Versailles, Jérôme Kerviel a tout de même été condamné par deux fois à verser 4,9 milliards d’euros de dommages et intérêts sur la seule parole de son ancien employeur.

« Il faudrait solliciter une expertise afin de s’assurer que les pertes annoncées sont bien en totalité liées aux opération de Jérôme Kerviel, chercher à savoir quelles sont les contreparties des opérations de débouclage. Car si la Société générale a perdu les 4,9 milliards, il y a forcément quelqu’un qui en a bénéficié », remarque, en guise de conclusion, l’ancienne enquêtrice de la brigade financière. Une suggestion qui pourrait être retenue par le juge d’instruction Roger Le Loire.

Jusqu’à présent, ce mystère reste entier. Officiellement, personne n’a gagné face à la Société générale. Aucun intervenant financier, en tout cas, ne s’est vanté d’avoir réalisé de gains substantiels dans ces opérations. Les 4,9 milliards d’euros perdus par la Société générale se sont évanouis dans la nature.

Et encore la banque n’a-t-elle, in fine, pas tout perdu. Car dès mars 2008, sans attendre les décisions de la justice, Bercy, s’appuyant sur le rapport de l’inspection des finances, accordait un avoir fiscal de 1,7 milliard d’euros à la banque, du fait de ses pertes, inclus dans ses comptes 2007, alors que tout s’était passé en 2008. Ce cadeau fiscal a vite servi. Dans l’année, la direction de la SG – banque pourtant très touchée par la crise des subprimes – décidait de verser 420 millions d’euros, soit 45 % de son bénéfice, de dividendes à ses actionnaires et de racheter pour 1,2 milliard d’euros d’actions. À quelques millions près, c’est la somme dont lui ont fait cadeau les contribuables.

Source : Martine Orange, pour son blog Mediapart, le 17 mai 2015.

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Commentaire recommandé

Richard78 // 25.05.2015 à 00h42

Le plus frustrant, est que rien de nouveau sous le soleil
le plus désolant est qu’il faut attendre 6ans
Le plus pathétique est oudea,
le plus terrible est que les banksters sont intouchables, au courant de tous comptes et manoeuvres illicites de tous leurs clients.
Le plus encourageant est qu’une flic peut bousculer l’establishment.
Je propose une baignade pour tous ces cols blancs sur une plage interdite à La Réunion un beau jour d’été.

75 réactions et commentaires

  • Christophe // 25.05.2015 à 00h23

    J’ai toujours pensé que l’affaire kerviel était une belle opportunité pour la SG de gérer l’assainissement de son bilan par rapport aux subprimes.

    Côté RH, ça met en lumière la forte capacité de tous les managers à s’entourer de collaborateurs fusibles…

      +17

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    • Francois // 25.05.2015 à 09h21

      « Le développement de l’économie puis sa récession, l’accumulation des richesses puis leur évaporation, sont les résultats méthodiques d’une forme d’élevage scientifique. »
      (Hongbing Song – La guerre des monnaies, p. 103)

        +10

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    • FLANDRE // 25.05.2015 à 16h18

      Mais où sont donc passés les 4.5 miliards « perdus » par la S.G. ?

        +3

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      • soleil // 25.05.2015 à 17h02

        ce sont des transactions virtuelles. Un bug informatique.

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      • Beuhlait // 26.05.2015 à 16h15

        a – En 2008, pure perte pour la SocGen, transférés sur les comptes de parieurs – financiers qui avaient pris les positions inverses de celles de Kerviel, déboucler 5 milliards si vite ça se remarque côté algos je parie, surtout vu l’exposition médiatique. Voire de l’insider trading mais là on s’approche de la théorie du complot. (Se référer d’ailleurs à l’adage très fréquemment utilisé sur zerohedge: « another conspiracy theory becomes fact »; pour les validations récentes de théories conspirationnistes: fixing des matières premières, Euribor, Libor, HFT, stop hunters, et j’en passe…)

        b – En 2010, à nouveau sur le compte de la SocGen colonne actifs, étant donné que les prises de position abusives de Kerviel « à l’insu de sa hiérarchie » entraînent alors sa condamnation au remboursement des pertes à la banque. 2 ans et une décision de justice plus tard, la banque a donc épongé ses pertes.

        L’audit de quelques mouvements de comptes lors de l’abandon des positions de Kerviel début 2008 serait intéressant, il y a eu des heureux. Et la non-recevabilité des clauses de confidentialité signées par les employés ainsi que le blocage provisoire des sommes liées seraient les bienvenus dans le cadre d’une enquête judiciaire. Question de volonté je suppose…

        Si quelqu’un de plus calé que moi a des remarques et corrections, elles sont bienvenues.

          +6

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  • Richard78 // 25.05.2015 à 00h42

    Le plus frustrant, est que rien de nouveau sous le soleil
    le plus désolant est qu’il faut attendre 6ans
    Le plus pathétique est oudea,
    le plus terrible est que les banksters sont intouchables, au courant de tous comptes et manoeuvres illicites de tous leurs clients.
    Le plus encourageant est qu’une flic peut bousculer l’establishment.
    Je propose une baignade pour tous ces cols blancs sur une plage interdite à La Réunion un beau jour d’été.

      +37

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    • Papagateau // 25.05.2015 à 02h23

      Je propose tout simplement qu’on les condamne à la peine qu’ils ont réclamé pour Jérôme Kerviel. Mais pas seulement Oudéa, mais multiplié par tout ceux qui ont participé à cette escroquerie au jugement.

      Car, quel est le crime plus ignoble que de travailler à faire condamner un innocent par la justice, sinon le meurtre ?

      Quatre milliards multiplié par une dizaine de complices, ça fait 40 milliards. Ce n’est pas négligeable par ces temps de crise.
      Il faudrait aussi les mettre en prison tant que les documents réclamés ne sont pas fournis. Sinon on peut toujours attendre … attendre la prescription.

      Pour avoir étudié les procès de l’ancien régime présentés comme politiques par les feuilletons télé, les procès royaux étaient probablement plus justes que tout les scandales depuis 40 ans.
      J’avance l’hypothèse que le roi n’avait probablement pas peur pour son poste ou sa carrière politique. Donc la même indépendance qu’un vrai juge inamovible.

        +23

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      • Kiwixar // 25.05.2015 à 02h47

        « faire condamner un innocent »

        Oui, euh, il y a une différence entre affirmer que la SG est AUSSI coupable que Kerviel, et affirmer que Kerviel est innocent. Le sujet n’est pas l’innocence de Kerviel, mais la complicité de la SG… et la condamnation des responsables, autant pour les crimes financiers (complicité avec Kerviel) que pour avoir induit la justice en erreur en lui livrant un lampiste.

          +25

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        • BEYER Michel // 25.05.2015 à 06h22

          Vous avez raison. Kerviel n’a jamais revendiqué son innocence.

            +9

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        • Moses // 25.05.2015 à 10h55

          plutot la culpabilité de SG et la cumplicité de Kerviel?

            +8

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        • achriline // 25.05.2015 à 11h20

          Peut-on dire que Kerviel est coupable même s’il n’est pas tout à fait innocent.
          En tant que salarié il n’a fait que ce pour quoi il était payé. Compte tenu que des collègues ont averti sa hiérarchie des risques qu’il prenait et que celle-ci n’a pas mis un terme ni même calmé ses pratiques cela signifiait qu’elle les considérait conformes à ce qu’il lui était demandé dans le cadre de son contrat de travail.
          Les vrais coupables sont ceux de sa hiérarchie qui étaient au courant et ont laissé faire.
          Si lui est coupable de quelque chose c’est de naïveté et la leçon est vraiment très cher payée.

            +19

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        • Tunk // 25.05.2015 à 11h37

          Kerviel a surtout déclaré n’avoir fait que ce qu’on lui demandait, ni plus, ni moins …

            +11

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    • boduos // 25.05.2015 à 19h29

      justement @richard 78;cette fliquette rapelle a vals qu’a l’instar de snowden et d’assange, des fonctionna

        +0

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      • boduos // 25.05.2015 à 19h35

        justement @richard 78;cette fliquette rappelle a Vals qu’a l’instar de Snowden et dAssange, des fonctionnaires intègres ou repentants s’ouvriront sur les instructions et pressions qu’ils ont pu subir .
        La France est peut être avilie par le système mais des français la réhabiliteront,je n’en doute pas ! l’Histoire pullule d’exemples .

          +3

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    • cybernétique // 25.05.2015 à 20h25

      « Il faut boucler très vite » : dans le cadre de cette enquête, il aurait fallu que la commandante de police, Nathalie Le Roy, et les juges Renaud Van Ruymbeke et Françoise Desset, puissent s’adjoindre, via notre e-gouvernement, les services d’IBM !

      En effet, dans une campagne de publicité en sept épisodes, consacrée à « l’intelligence* », IBM propose ses services « Les capteurs intégrés sont partout… le monde est de plus en plus interconnecté. Avec bientôt deux milliards d’internautes, les systèmes et les objets peuvent aussi communiquer les uns avec les autres… tous ces équipements interconnectés deviennent intelligents.
      Reliés à de puissants systèmes et à des outils d’analyse perfectionnés, ils sont capables de transformer en temps réel ces innombrables données en connaissances utiles. La puissance de calcul dépasse le champ d’application des seuls ordinateurs. Aujourd’hui, presque tout – personne, objet, processus ou service, quels que soient le type ou la taille de l’organisation- peut devenir digital, connecté et  » intelligent ».
      Avec une telle abondance de technologie et de connectivité, pour un coût peu élevé, pourquoi ne pas tout optimiser ? Pourquoi ne pas tout connecter ? Pourquoi ne pas tout analyser pour en retirer des connaissances ? (…) » ((cf. Le Monde. 17 mars 2009. Publicité en 7 épisodes consultables sur ibm.com/think/fr/).
      * « intelligent » traduit le mot « smart », astucieux, vif, malin. Tous les systèmes « smart » traitent de l’information, des données, en produisent, y réagissent automatiquement. Par un tour de « poetic justice », de justice immanente comme l’on dit aussi en anglais, il se trouve que le terme d’« intelligence » désigne dans cette langue le renseignement, d’où l’Intelligence Service, modèle de tous les services d’espionnage désormais assistés par ordinateurs…
      Source : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=208 VIII, Pages 32-33

      Bref, un test dans le cadre strict de cette enquête qui, rappelons le, se devait d’être bouclée rapidement (mais sans les moyens pour se faire) et « avec une telle abondance de technologie » chez IBM, le lièvre aurait été levé en deux coups les grosses… avec à la clé une ristourne fiscale totalement injustifié qui serait restée dans les caisses de l’Etat : 2,2 milliard d’euros tout de même ! C’est pas rien…

        +2

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      • boduos // 26.05.2015 à 05h56

        cybernétique@
        ils net’on pas attendus mais ils sortent leurs conclusions comme ça les arrange.
        la SG c’est le deuxième étagé de l’empire,juste en dessous de wall street.

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  • Chris // 25.05.2015 à 00h52

    Les banquiers (et leurs commanditaires), une race à parquer avec puçage GPS et vidéo-surveillance 24/24, 7/7 et leur retirer tous leurs joujoux pour psychopathes.

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    • Chris // 25.05.2015 à 00h57

      J’ai toujours pensé que Kerviel était le lampiste des pertes de la SG. J’ai travaillé dans deux banques et je reconnais parfaitement leur culte du secret et leur arrogance incommensurable : des sociopathes de la même veine que les néocons US et européens.
      Le plus triste : nous sommes entre leurs mains.

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      • Francois // 25.05.2015 à 22h30

        Nous sommes tous les lampistes des pertes de la SG.

        Je suis Kerviel ^^

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      • Emmanuel // 26.05.2015 à 19h04

        Au lieu de  » sociopathes  » vous auriez aussi pu écrire  » psychopathes « , à la lumière de plusieurs études sur des spéculateurs en bourse (traders, si vous préférez).

        http://www.forbes.com/sites/chrisbarth/2011/09/26/new-study-old-news-stock-traders-are-psychopaths/
        La première étude citée par cet article conclut que les spéculateurs sont pires qu’un ensemble de 24 psychopathes de référence détenus dans des hôpitaux hautement sécurisés… Les autres études vont dans le même sens.

        Par ailleurs, une étude plus récente sur l’honnêteté des employés de plusieurs banques a conclu que ceux-ci devenaient moins honnêtes lorsque leur métier était évoqué, alors que leur honnêteté était plutôt correcte hors évocation du contexte professionnel. Leurs résultats étaient pires que ceux menés sur des prisonniers… La banque pousse à agir comme des filous.

        Voir http://michelmarechal.com/sites/default/files/u12/Nature%20Banker%20Identity%20-Summary.pdf, où les conclusions d’un des auteurs sont très modérées par rapport aux commentaires qui en ont été tirés sur internet => cherchez  » business culture and dishonesty in the banking industry « .

        Entre des psychopathes et des crapules, les banquiers ont le talent requis pour mener le monde.

        Pour revenir sur l’affaire de la SG, Mme Le Roy mérite un grand respect alors que le parquet – de mèche avec SocGen – mérite à la fois mépris et méfiance. Si vous appellez ça  » la justice « , moi je l’appelle seulement  » l’appareil judiciaire  » car ça ne mérite rien de mieux.

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  • Caliban // 25.05.2015 à 02h02

    Merci à Martine Orange (également à l’oeuvre sur l’affaire Areva-Lauvergeon-Balkany).

    A ma connaissance, hormis Eva Joly et Jean-Luc Mélenchon, ces affaires ne paraissent pas émouvoir nos responsables politiques. Ce dernier explique l’enchaînement : de l’affaire Kerviel à l’affaire SG puis à l’affaire d’Etat.

    http://www.dailymotion.com/video/x2qm715_melenchon-l-affaire-societe-generale-est-un-scandale-d-etat_tv?start=7

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    • Stéphane // 25.05.2015 à 17h05

      Oudéa étant un pur produit de l’establishment français, tous ses amis des ministères, des médias, du CAC40, tous ces habitués des dîners du siècle ne réagiront pas, au contraire, ils vont tout faire pour protéger l’un des leurs. C’est tout le haut de notre pyramide d’élites qui est corrompu. En faire tomber un tant que les autres sont au pouvoir ne va pas être facile.

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    • Goldoni // 25.05.2015 à 20h24

      Un excellent article dans l’Humanité Dimanche et un soutien constant à Jérôme Kerviel du PCF.

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  • theuric // 25.05.2015 à 02h19

    Vous savez quoi, c’est dommage pour Monsieur Kierviel mais cela nous montre que le pouvoir judiciaire n’est pas indépendant et que le pouvoir monétaire est tout puissant.
    Or, il est maintenant d’usage que tous connaissent cet adage: « le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou! ».
    D’où la nécessité des contres-pouvoirs, rôle que devrait remplir normalement la justice face au pouvoir d’argent et qui, manifestement, ne fut pas ici respecté.
    Mais allons plus loin.
    Ne pourrions-nous pas nous demander si ce scandale n’en cacherait pas un plus énorme encore?
    Et pourquoi cette dame commissaire parle aujourd’hui, si elle est protégée et par qui?

    Il se passe en ce moment des événements pour le moins singuliers, pas seulement en France.
    De plus ils sont difficiles discernables, avec des protagonistes aux contours flous, voire invisibles, se laissant à peine deviner, encore faut-il faire des liens souvent lâches entre des circonstances, incidents et incidences très différents et même, parfois, très éloignés.
    C’était comme si divers camps, aux optiques totalement divergents, se faisaient face, comme dans une guerre de l’ombre dont nous serions les acteurs et spectateurs aveugles.
    Cela ne semble pas provenir de la Russie ni des U.S.A., encore moins de la Chine, qui a d’autre chats à fouetter, ni d’autres horizons lointains, non, il s’agit bien là de mouvement internes à l’Europe, à la dynamique complexe, opaques, aux signes malaisés à percevoir et, surtout, d’une grande subtilité.
    Même les buts en sont indistincts.

      +18

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    • pipo // 25.05.2015 à 13h28

      « Or, il est maintenant d’usage que tous connaissent cet adage: “le pouvoir rend fou, le pouvoir absolu rend absolument fou!”. »

      OUI, mais ne pas oublier l’origine du problème:
      Les fous CHERCHENT ce pouvoir sur les autres, c’est même ce qui les rend fous.

      « D’où la nécessité des contres-pouvoirs »
      D’autres fous ou les même chercheront à obtenir ces contre-pouvoirs.

      « Il se passe en ce moment des événements pour le moins singuliers, pas seulement en France. »
      Les fous se débattent pour encore plus de pouvoir.

      Ils ne peuvent s’arrêter d’eux-même, ils n’ont rien à ce reprocher, le mal c’est l’autre.
      Deux solutions:
      -la destruction de l’autre
      -la prise de conscience qu’ils sont fous.
      Devinez ce qu’ils vont choisir.

        +3

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  • Kiwixar // 25.05.2015 à 03h04

    Il y avait peut-être à l’époque la Raison d’Etat en jeu : sauver la SG de la faillite, tout simplement (2,2 milliards de ristourne fiscale en 2008 grâce à l’affaire Kerviel).

    « Judiciaire à l’origine, l’affaire Kerviel devient budgétaire. Des parlementaires, de droite comme de gauche, exigent que la Société générale rembourse à l’Etat les 2,2 milliards d’euros dont elle a bénéficié en 2008 au titre d’une ristourne fiscale. Pour mémoire, la banque avait alors affiché une perte de 6,4 milliards d’euros liée aux extravagances de son trader. Cela ne l’avait pas empêché d’afficher au même moment un profit final de près d’un milliard, compte tenu de ses autres bénéfices. Mais cette perte dite «exceptionnelle» donne droit à un à crédit d’impôt de 33%. Etalée sur 2007 et 2009, elle permettra à la banque d’éluder ces fameux 2,2 milliards – mentionnés comme un «produit d’impôt différé» dans son rapport annuel. »

    = http://fr.news.yahoo.com/affaire-kerviel-soci%C3%A9t%C3%A9-g%C3%A9n%C3%A9rale-somm%C3%A9e-rendre-comptes-173615105.html =

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  • Kiwixar // 25.05.2015 à 03h21

    « Mon ennemi, c’est l’afinance » (l’absence de finance)

      +17

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    • Francois // 25.05.2015 à 09h07

      Mon ennemi, c’est le peuple.

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      • cybernétique // 25.05.2015 à 20h29

        L’ennemi, c’est l’humain.

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  • Feuille de Mars // 25.05.2015 à 03h48

    Soutenir médiapart ? Rassurez-moi, c’était ironique j’espère ? Le destin de la presse mainstream est la faillite, y compris sur internet.

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    • Yann // 25.05.2015 à 08h50

      Je vous signale tout de même que le présent blog est largement alimenté par la presse mainstream (si tant est qu’on puisse appeler Mediapart un média de presse mainstream). On peut toujours critiquer les médias, mais il n’en reste pas moins que certains journalistes sortent des infos que quasiment eux seuls ont la capacité d’aller chercher.

        +10

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      • adrien // 25.05.2015 à 11h06

        La presse mainstream est par définition celle qui occupe presque tout l’espace médiatique. Elle est subventionnée et en ce sens, MdP n’en fait pas partie (sauf bienveillance du pouvoir socialiste jusque là, pour un redressement fiscal de 4 millions).
        Si ce blog comme d’autres est alimenté par la presse mainstream, c’est le plus souvent pour en faire la critique : un refus à  » la fabrication du consentement « .

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    • achriline // 25.05.2015 à 11h57

      Pour imiter la schizophrénie de médiapart, j’ai cliqué sur le pouce levé mais j’apporte une petite restriction. Autant ce média est sourd et aveugle face aux agissements des américains, autant il fait un travail que je qualifierais de correct au niveau national (tout en cherchant cependant ce que peut cacher ce double traitement).
      Le problème de la presse alternative est peut-être la difficulté de mobiliser assez de moyens (financiers et humains) pour récupérer et traiter toutes les informations. Beaucoup de ces scandales « sortent » grâce à des relations que ne permet pas internet.

        +13

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    • Un naïf // 25.05.2015 à 12h23

      Médiapart média à part ? Pas en ce qui concerne sa ligne éditoriale euro-atlantiste pur jus !! Ce qui à valu mon désabonnement rapide… pourquoi payer ce que l’on peut lire partout gratuitement ? Olivier Berruyer soutient un média qui lui ne le soutient pas, sur tout un tas de sujets dont l’Ukraine… Cependant, on peut constater que ce « pure-player » abrite qques journalistes qui font leur métier peut-être un peu plus consciencieusement qu’ailleurs… notamment Martine Orange. De nos jours, c’est pas si mal, mais ça vaut pas une médaille !!

        +18

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    • Cédric // 25.05.2015 à 13h05

      Médiapart est très fort tant que ça reste à l’intérieur de nos frontières.

        +17

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  • yannis // 25.05.2015 à 05h43

    « Faisant preuve d’un courage exceptionnel et d’une rare intégrité intellectuelle, Nathalie Le Roy »
    saluons cette commandante c’est tellement rare quelqu’un qui a « le sens du devoir »
    quand à la SG , profitant des circonstances , de ses accointences politiques , et contrôlant les médias , elle a montée une escroquerie de 2,2 milliards d’euros , il faut arrêter de « croire » et de penser que les banquiers puissent être des « gens honnêtes » anthropologiquement , cela n’a jamais existé , depuis la première création de la monnaie dans le monde!
    alors réguler les banques et les capitaux , est une nécéssitée qu’il nous faut exiger en tant que citoyens ! la classe politique et le gouvernement de l’époque devraient etre cités en justice pour complicité d’escroquerie en bande organisée .

      +25

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    • Francois // 25.05.2015 à 09h04

      L’Etat n’est que la partie émergée de la Banque.

      Le courage de cette dame est remarquable, mais son silence de 7 ans -malgré tant de doutes- ne l’est pas moins, de même que l’obstination de la justice dans la médiocrité et la complaisance. C’est le naufrage total de « l’état de droit »… Un état lamentable.

        +19

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      • Chris // 25.05.2015 à 12h05

        Et les tribunaux privés d’arbitrage incluent dans TAFTA seront la clef jetée de notre état de droit déjà bien mal en point.
        Dernière victime d’une liste déjà longue :
        22 mai 2015 – Litiges entre Etats et multinationales : protection des investissements
        http://multinationales.org/Litiges-entre-Etats-et-multinationales-le-cas-emblematique-du-conflit-entre
        Un tribunal arbitral international vient de condamner l’Argentine à verser près de 400 millions d’euros à Suez environnement, pour avoir renationalisé le service de l’eau de Buenos Aires en 2006, après des années de conflits. La firme française a eu recours aux mêmes mécanismes de « résolution des disputes entre États et investisseurs », ou ISDS, qui sont aujourd’hui au centre de la contestation du projet d’accord commercial entre Europe et États-Unis.
        Une décision qui illustre combien, dans leur fonctionnement actuel, les procédures ISDS ne tiennent véritablement compte ni des droits humains ni de la responsabilité des États vis-à-vis de leurs citoyens, en faisant primer la loi d’airain de la protection des investissements.

          +12

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      • boduos // 25.05.2015 à 19h41

        @françois .très pertinent ,elle s’est rendu compte que se coucher devant eux,ça ne sert à rien .

          +3

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      • Renaud 2 // 25.05.2015 à 23h04

        L’état n’est que la partie émergée de la Banque. Merci, je trouve cette phrase très belle.
        En fait, en creusant un peu, on se rend assez vite compte que tout cela est lié. Banques, États, multinationales, justice, police, quand on crée l’argent ex nihilo, on peut tout acheter. C’est aussi simple que ça.

          +3

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    • achriline // 25.05.2015 à 12h13

       » il faut arrêter de “croire” et de penser que les banquiers puissent être des “gens honnêtes” anthropologiquement »
      Tout à fait d’accord.
      De la même façon que les pervers se dirigent vers des professions leur donnant des opportunités de rencontres avec leurs victimes, les escrocs choisissent un métier qui leur permette de réaliser leurs méfaits … banquier !!!

       » réguler les banques et les capitaux , est une nécéssitée qu’il nous faut exiger en tant que citoyens »
      Par contre, là je pense que vous allez pouvoir « exiger » longtemps vu la surdité et les capacités de « l’ennemi de la finance ».

        +6

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  • goy // 25.05.2015 à 07h17

    Ne nous méprenons pas. médiapart ne lance pas que des « alertes » pour faire tomber des têtes, la révolution numérique n’en est pas encore au stade des purges révolutionnaires, du type « terreurpart(y) ». Mais on y arrive… attention Olivier!
    Le fait que médiapart s’octroie le privilège de ressortir cette affaire (relevant des prud’hommes pour licenciement abusif), démontre uniquement la recherche de magnanimité d’un comité de salut numérique. Ce rebondissement aura pour conséquence la déportation de Nathalie Leroy vers un domtom. Et SocGen continuera ses affaires en toute tranquillité, avec l’aval du tribunal numéraire.

      +11

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    • Franckmilan // 25.05.2015 à 13h06

      Média part est juste instrumentalisé…un règlement de compte quoi !!!

        +2

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    • achriline // 25.05.2015 à 14h16

      « médiapart ne lance pas que des “alertes” pour faire tomber des têtes »
      Si, mais des têtes politiques, à la demande de l’adversaire.
      Quant à Nathalie Le Roy, c’est selon, ou déportation (encore que les Dom-Tom c’est sympa : soleil, plages) ou promotion s’il s’avérait qu’elle a servi une cause. L’avenir nous le dira …

        +3

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  • Rosine // 25.05.2015 à 07h58

    Grâce à une professionnelle des enquêtes judiciaires, le pauvre « mort civil » Jérôme Kerviel vient de recevoir une perfusion salutaire qui le réanime un peu……
    Mais vous oubliez tous, personnages anonymes de Médiapart et d’ailleurs que les gens qui ont pu manipuler une honnête policière sont comme l’ont dit couramment « TRES, TRES intelligents »
    c’est à dire des gens qui connaissent à merveille tous les rouages pour gagner, pour gagner, pour gagner n’importe comment………..
    Même madame Joly au Parlement européen n’a pas beaucoup de pouvoirs…….Le Pouvoir n’est pas actuellement dans les mains des gens qui souhaitent une quelconque égalité mais dans ceux qui veulent gagner beaucoup d’argent…..
    j’ai tellement lu sur Médiapart: « qu’on les guillotine tous ou qu’ils s’en aillent » pour mettre qui à la place…???Ils sont tous là encore et toujours.
    Quand je vois comment se termine l’affaire de » mamy gaga » je me dis que je ne peux apporter à ce pauvre Jérôme qui pourrait être mon fils que quelques « oranges » de compassion.
    C’est peu, bien peu pour le réanimer tout à fait….heureusement que j’ai toujours cru à certains miracles! Rose du sud.

      +6

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    • boduos // 25.05.2015 à 19h50

      jerome n’a été ni plus ni moins un employé zélé qui esperait les lauriers et qu’on laissait faire .
      la leçon est qu’il ne faut pas prendre de risque pour ces requins qui vous desavoueront au premier incident .
      a moindre echelle,quotidiennement des cadres commerciaux ,pour sauver leur chiffre d’affaires, excedent les autorisation d’encours (sfac….) de certains de leurs clients. Ils permettent a

        +1

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      • boduos // 25.05.2015 à 19h52

        ils permettent ainsi la realisation de leurs objectifs mais gare au gros pepin!

          +1

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  • xc // 25.05.2015 à 08h27

    Sans être juriste de profession, je possède tout de même quelques rudiments de procédure pénale.
    D’après ce qui en est dit, cette déposition est dans le cadre d’une instruction judiciaire. Elle est donc, normalement, couverte par le secret de l’instruction. Alors, comment Médiapart a-t-il pu en avoir connaissance ?

      +2

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  • Spiridon // 25.05.2015 à 08h42

    « Car si la SG a perdu 4.5 milliards d’euros, il y a forcément quelqu’un qui en a bénéficié « .
    Malgré sa tardive sagacité, la brave commandante persiste et signe dans sa touchante naïveté qui explique sa tout d’abord collusion de fait avec la banque, le procureur etc..
    Elle continue de croire à la « réalité » de cette somme. Les juges ont fait de même, étant incapables de concevoir que « l’effet de levier » et autres balivernes et langage abscons de la hiérarchie de la banque cachent un gros casino fait de paris et d’espérances de gains organisės autour d’un bluff sophistiquė, voire informatisé. Ils ont cru que la réalité comptable présentée par la banque reflétait une réalité économique et commerciale (quand on sait, après l’épisode des stress tests, que le maximum de réalité est de 8% de la somme!).
    Le problème de Kerviel c’est que comme tous les travers et informaticiens, il croyait aussi à cette fiction. Il n’a donc pas été capable d’en exposer les ressorts au jugement. Ni les avocats, bien intentionnés mais ignorants. La commandante a des soupçons, justifiés, sur l’information dont la banque disposait. Elle n’a pas de soupçons sur l’intention originellement perverse de la salle des marchés. Voire machiavélique dans l’entretien, à distance respectable, du cheval fou Kerviel.
    Même un procès en révision ne changera pas la perspective.

      +5

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  • CreamDeluxxx // 25.05.2015 à 09h15

    Il n’a pas de nom
    Il n’a pas de visage
    Mon ennemi c’est PicsouEUROthschild!

    Comment peut on croire que Kerviel n’est pas instrumentalisé par la SG?
    Bien sur qu’il l’est!
    Kerviel fait des opérations à 10 chiffres € dans la seconde sans que ses supérieurs soient au courant?
    Par contre, toi quand tu veux un emprunt à 6 chiffres, il faut attendre une semaine et toute l’agence bancaire est au courant, et sur une durée de 25 ans….

    Sur mon lieu de travail, pour les virements supérieurs à 10 000€ il faut des double signatures. Pour ceux supérieurs à 100 000€, il y a des contre appel de la banque, etc, soit au moins 2 niveaux de contrôle.

    Ce qui m’emmène à penser :
    Si Kerviel est l’unique responsable dans son bureau sur son petit ordinateur, et bien ça fait peur.
    Si Kerviel n’est pas l’unique responsable, ça fait tout aussi peur.

    Peur car dans la finance comme en politique, il n’y a pas de hasard.

    D’ailleurs Pourquoi TF1/Bouygues/JPmorgan avec ses moyens ne dénonce jamais rien?
    Pourquoi médiapart, qui doit 4 millions au FISC, le fait?

    Doit on dire merci à Médiapart de « dénoncer »?
    Ou doit on dénigrer TF1/bouygues France2/3 qui ne le fait pas?

    Donc finalement doit on payer sa redevance télé?
    Ou se payer un abonnement à médiapart?

    Au final, les impôts et les subventions de la presse ne serviront qu’à camoufler les guerres d’intérêts et à acheter des bombes,et tout cela à cause de Jerome Kerviel!

      +7

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  • makhno // 25.05.2015 à 11h12

    En 2010 il y a eu un mini krach boursier, du au trading HF.

    Ils ont trouvé le coupable la semaine dernière.

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2015/05/21/navinder-singh-sarao-le-trader-a-domicile-qui-a-fait-plonger-wall-street_4637848_3234.html

    La fête continue et les boucs émissaires continue de fleurir.

      +0

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  • Parano // 25.05.2015 à 11h54

    « Faisant preuve d’un courage exceptionnel et d’une rare intégrité intellectuelle, Nathalie Le Roy…avoue devant le juge les doutes qu’elle nourrit sur son enquête de 2008. »

    Édifiant: Pour la rédactrice, qu’un officier supérieur de police dise simplement la vérité demande un « courage exceptionnel », une « rare intégrité intellectuelle », qu’il « avoue » la vérité…

    Conclusion: Pour la journaliste, il va de soi que la police est au service des puissants et non de la vérité et de la justice. Le contraire est exceptionnel, rare, et doit être extirpé…!!!.

    Qui du milieu journalistique (Mme fait sans doute aussi de la projection…) ?.

      +13

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  • RGT // 25.05.2015 à 11h54

    A l’instant où j’ai appris la nouvelle de la « culpabilité » de Jérôme Kerviel, avant même que l’enquête soit bouclée et le jugement rendu, j’ai tout de suite eu un très gros doute.

    Non pas que je me sente enclin à une grande empathie envers un trader qui n’était qu’un requin parmi d’autres, mais simplement parce qu’il était tout simplement impossible que la banque ne soit pas au courant de pertes pour un montant aussi élevé.

    Si vous avez un petit découvert de 15 euros vous recevrez immédiatement un courrier vous indiquant que vous êtes dans le rouge, assorti de 60 euros de frais (il n’y a pas de petit bénéfice), ce qui amène votre compte à -75 € => nouveau courrier et le découvert descend encore avec 60 € de frais, les agios, etc., la machine s’emballe ce qui fait que votre compte plonge furieusement dans l’abîme de manière exponentielle.

    Dans ce cas, il ne POUVAIT PAS ENGAGER DE TELS MONTANTS SANS L’ACCORD DE SA HIÉRARCHIE qui a APPROUVÉ SES POSITIONS SPÉCULATIVES PAR APPÂT DU GAIN.

    Il n’a été qu’un simple fusible pour que ses supérieurs (jusqu’aux plus hautes instances de la banques) soient couverts et s’en sortent comme « victimes d’un trader fou »…

    Bienvenue dans l’univers des faux-culs.

    Cupidité, quand tu nous tient.

      +9

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    • chb // 25.05.2015 à 16h24

      Ce trader escroc avait eu, préalablement au plongeon de 5 milliards, un long épisode de baraka dont les bénéfices avaient été engrangés sans piper par la SG. De l’ordre de 4 milliards, si je me souviens bien, en plusieurs années. Les opérations dégageant de tels profits avaient-elles respecté les règles prudentielles, et en même temps pouvaient-elles être cachées à l’employeur ???
      Je vois là un effet cliquet : tu gagnes, c’est pour la boîte (hors les clopinettes du fameux bonus) ; tu perds, c’est de ta poche. Un peu comme les caissières d’Auchan avec leurs erreurs de caisse.
      Et puis : combien de tricheurs de cet acabit sont encore employés chez nos banquiers, faisant valser des sommes dont le montant excitant a des répercussions funestes sur la vie quotidienne de millions de pauvres diables partout dans le monde ?

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  • cyril // 25.05.2015 à 12h04

    MESSAGE DE LA MODERATION: si vous voulez diffamer un magistrat, soyez gentil, faites le sur votre propre blog.

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  • adrien // 25.05.2015 à 12h14

    Cacher un scandale d’État – 1,7 Md octroyé à la SG par Christine Lagarde avec nos impôts, sans preuve des pertes subies, ne peut se faire sans que le pouvoir de contrôle judiciaire soit subverti.
    Le défaut de surveillance de ses agents par la banque est (une nouvelle fois) manifestement engagé.
    Une affaire qui rappelle bien celle en cours des généreuses indemnités versées à Bernard Tapie.
    L’espoir qu’une commission d’enquête parlementaire puisse surmonter les blocages institutionnels …

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    • achriline // 25.05.2015 à 13h55

      Christine Lagarde dont on entendait parler en tant que candidate potentielle de la droite aux présidentielles de 2017 et qui se trouverait handicapée voir éliminée par un tel scandale, ça ne vous rappelle pas un autre président du FMI ?
      La réponse du berger à la bergère ?
      Certes les élections sont encore loin mais compte tenu des enquêtes à mener et des obstacles prévisibles on n’est jamais trop prudent.

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    • Bruno Kord // 26.05.2015 à 08h05

      Votre indignation est touchante.
      Mais basée sur une méconnaissance du droit fiscal assez partagée.

      Il n’y a pas eu de ristourne fiscale accordée à la SG par Christine Lagarde. La banque n’a rien demandé à Bercy; elle a tout simplement déclarée sa perte et en a tiré les conséquences, comme n’importe quelle société.
      Quand une société fait une perte, elle a le droit de la reporter sur ses bénéfices futurs ou passés (créance de carry back). C’est ce qu’a fait la Société Générale. Il n’y a aucun besoin d’obtenir l’autorisation préalable de l’Etat.
      L’administration fiscale dispose d’un délai de 3 ans pour remettre en cause cette créance. Manifestement , elle ne l’a pas fait ( en tout cas, rien n’apparait en ce sens dans les rapports annuels de la banque) . Il est probable que notifier un rappel aurait été risqué étant donné que les éléments du dossier, à l’époque, donnait peu d’espoir de gagner l’affaire en justice si la banque contestait le rappel ( et là encore, c’est juste une question de droit fiscal).

        +0

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      • achriline // 27.05.2015 à 23h26

        Vous oubliez un détail, il faut pour cela qu’elle ait été victime d’une escroquerie et non d’une simple perte. D’où l’affaire Kerviel …
        Et je pense que, par contre, vous êtes naïf si vous croyez qu’il n’y a pas eu de contacts entre Bercy et la SG.

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  • Parano // 25.05.2015 à 12h23

    La rédactrice souligne le professionnalisme, la rigueur et l’intégrité et de l’officier de police, pour ensuite relater « C’est la Société générale elle-même qui m’adresse les personnes qu’elle juge bon d’être entendues. Je n’ai jamais demandé : “Je souhaiterais entendre telle ou telle personne.” C’est la Société générale qui m’a dirigé tous les témoins », raconte-t-elle. « C’était une position assez confortable ».

    Doit on penser que les officiers de police qui enquêtent sur les meurtres, viols, le trafic de drogue, d’armes ou d’êtres vivants, se contentent confortablement de se faire adresser par le « milieu » ciblé les personnes entendues ?
    Non ? Ben alors la docilité/passivité (involontaire?) de Mme l’officier de police a fortement nuit à la recherche de la vérité et de la justice. Drôle de professionnalisme, qui fait plutôt penser aux trois petits singes…

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    • Crapaud Rouge // 25.05.2015 à 21h42

      « Drôle de professionnalisme » ? Vous n’êtes pas la seule à la critiquer, mais sans chercher à vous faire une idée de l’ampleur de la tâche. Pour solliciter de lui-même l’audition d’un témoin, l’enquêteur a besoin d’une piste, afin de formuler des questions propres à infirmer ou confirmer ses hypothèses, sinon il ne fait qu’épaissir le dossier. Cela exige de bien comprendre des tas de choses, ce qui n’est pas le cas lorsqu’on est débutant(e). Et quand bien même aurait-elle découvert des indices sérieux montrant que la SG était coupable de dissimulation, (ou d’entrave à la justice, etc.), elle aurait dû en informer le juge qui aurait été seul habilité à ouvrir une enquête sur la SG, car rien ne l’accusait à l’époque.

        +2

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  • tchoo // 25.05.2015 à 13h30

    Au delà de la culpabilité de chacun, quelle légèreté, qule ma,que de professionalisme cela révèle-t-il de la part de la Commandante de Police
    Ainsi selon que vous serez puissant ou misérable, la seule déclaration du puissant peut vous envoyer en prison vous pauvres manant dont la parole ne vaut rien.
    Si la justice est aux ordres, où est passée la police?

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  • toff de aix // 25.05.2015 à 13h43

    qui veut parier que tout ça sera enterré, comme l’affaire Bettencourt & Cie?

    Selon que vous serez puissant ou misérable…

    Et puis franchement, ils ont tous l’air de tomber des nues avec cette « affaire », mais vraiment, qui y croyait à la version officielle? QUI, honnêtement, pensait qu’il n’y avait que Kerviel de coupable dans cette histoire?

    Hypocrisie quand tu nous tiens…

      +9

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  • Zarathousthra // 25.05.2015 à 15h27

    J’espère que la SG remboursera au moins le crédit d’impôt à l’état ainsi qu’une forte amende pour toute cette manipulation. Des peines de prison ferme aussi pour certains dirigeants ne seraient pas volées non plus si tout cela est avéré.

      +4

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  • JT // 25.05.2015 à 15h55

    Bonjour Olivier,

    Je vous recommande la lecture de ces articles sur la SocGen ; si les faits sont avérés, il s’agit d’un scandale d’état :

    http://www.latribune.fr/entreprises-finance/banques-finance/banque/20100107trib000459472/societe-generale-va-regrouper-en-france-ses-35-milliards-d-euros-d-actifs-toxiques.html

    http://www.wsj.com/articles/SB10001424052970203716204577017863239915378

    http://www.bloomberg.com/news/articles/2011-11-28/secret-fed-loans-undisclosed-to-congress-gave-banks-13-billion-in-income

    http://www.bloomberg.com/news/articles/2011-12-23/fed-s-once-secret-data-compiled-by-bloomberg-released-to-public

    Dans le premier article, on apprend que la banque a regroupé dans une structure 35 milliards d’actifs toxiques qui seront purgés grâce à une aide d’état (remise d’impôts) ; les 4.9 milliards de Kerviel ne sont donc rien en comparaison.
    Dans le deuxième article, il est fait mention que les grandes banques européennes sont toujours plombées par des milliards d’actifs toxiques en 2011.
    Pour terminer, il est question des aides monumentales dont ont bénéficié les grandes banques en 2008 (7.700 miliards au taux incroyable de 0.01% !) avec 169 milliards pour la SocGen.

    Je pense que si les avocats de Kerviel savaient cela, l’issue du procès ne ferait plus de doute.

      +3

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  • FLANDRE // 25.05.2015 à 16h22

    Peut-on encore parler d’Etat de Droit ? La « Justice » est corrompue et … ce n’est vraisemblablement que la partie visible de l’iceberg.
    Quelles horreurs peuvent bien se dissimuler dans la partie immergée ?

      +6

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  • JA // 25.05.2015 à 16h44

    J’avais lu les (longs) attendus du premier procès de Kerviel, et j’avais été surpris non seulement du jugement, qui dédouanait presque totalement la SG, mais aussi du peu de sérieux avec lequel certains points techniques avaient été abordés.
    En particulier, un minimum de connaissance de la Bourse permet de se demander comment les appels de marge monstrueux découlant des positions prises avaient pu être ignorés par les gestionnaires de la trésorerie de la banque. Ce n’est tout simplement pas croyable, surtout sur des périodes aussi longues. C’est l’un des points qui m’avait le plus choqué, parmi d’autres.
    Etonné que la (première) défense de Kerviel n’ait pas abordé ce point, qui est souligné dans l’article de Mediapart.

      +2

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  • soleil // 25.05.2015 à 16h56

    la hiérarchie de kerviel sont saligaud.
    Quant à nos politiques. C’est la grande soumission.
    C’est le laisser aller.

      +3

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  • FausseNaive // 25.05.2015 à 18h21

    La « policière » joue (simule) vraiment trop les naïves pour être honnête. Elle prétend s’être fait manipulée (une pro pourtant) et n’avoir rien vu venir. Je me souviens très bien qu’à l’époque nombreux étaient les analystes (y compris à la TV) démontrant l’impossibilité factuelle d’une hiérarchie non partie prenante dans les positions boursières prises par Kerviel. Cette policière a chargé Kerviel en connaissance de cause au moins sur l’aspect manipulation des témoins par la SG. Puis, viennent les remords. Mais par pitié qu’elle n’élude pas sa propre responsabilité en jouant les benêts.

      +3

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    • Crapaud Rouge // 25.05.2015 à 21h09

      Je range votre argumentation dans la catégorie « facile à dire après coup ». Vous devriez vous imaginer : 1) le nez dans le guidon; 2) tenue à des résultats; 3) débutante en la matière; 4) influencée par les indices que la SG n’a pas manqué de faire pleuvoir; 5) aux ordres d’un système hiérarchique (la justice); 6) noyée sous les tonnes de documents…

        +4

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  • cybernétique // 25.05.2015 à 19h16

    Jacques Sapir 25 mai : « Un défaut européen »
    « Ce qui se profile donc à l’horizon n’est pas un défaut grec, ou plus exactement pas seulement un défaut grec. Nous assistons à la banqueroute de l’idéologie européiste mais aussi de l’Union européenne. A travers le défaut grec c’est une mise en défaut de la politique de l’Union européenne, prise en otage par l’Allemagne, que nous assisterons. Ce défaut sera donc un défaut européen, car il signera la fin d’une certaine idée de l’Union européenne et ouvrira une crise profonde et durable en Europe. Les institutions européennes seront atteintes dans leur légitimité. Ce défaut sera la base de la révolution qui vient.
    http://russeurope.hypotheses.org/3862

    Antonis Natvanellos 23 mai « Les dirigeants européens veulent isoler le « virus » Syriza-Podemos avant qu’il ne se propage en Europe »
    http://cadtm.org/Les-dirigeants-europeens-veulent

    Éric Toussaint 24 mai : « D’autres pays que la Grèce ont une dette illégitime »
    http://cadtm.org/Eric-Toussaint-D-autres-pays-que

    Nicolas Sansu , Pascal Franchet 25 mai « Audit, la contagion ? »
    http://cadtm.org/Audit-la-contagion

    « Les conclusions de la Commission ne pourront pas être prises en compte par un tribunal international des dettes car il n’en existe pas. Il n’y a toujours pas de mécanisme de résolution des crises des dettes souveraines. L’Assemblée générale des Nations Unies va à peine commencer à travailler sur ces questions. » Eric Toussaint, lien http://cadtm.org/Audit-de-la-dette-grecque-a-l

    L’appel « La Grèce, une chance pour l’Europe » (appel européen pour soutenir la Grèce qui résiste et sa Commission pour la Vérité sur la Dette publique) : http://www.audit-citoyen.org/?p=6412

      +1

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  • sfaxlover // 25.05.2015 à 21h15

    J’ai eu le plaisir de travailler pendant plusieurs années à la dite FIMAT. Lorsque l’on connait un peu le fonctionnement du système parce qu’on y a été confronté il est extrêmement difficile de croire un instant que Mr Kerviel ait pu faire tout cela tout seul. Ses positions notamment sur le marché Allemand (DAX) , j’ai entendu parlé de 80000 contrats, ne peuvent pas passer inaperçues lorsqu’on connait la rigueur Allemande -> lorsque j’y travaillais, les régulateurs de l’Eurex passait au moins une fois par an chez nous pour savoir qui passait les ordres. En cas de problème , il y avait des alertes à toute la hiérarchie. J’ai également eu le privilège de travailler avec Philippe Houbé qui je l’apprends vient d’être licencié. Durant nos années de travail conjointes, Philippe n’a montré que rigueur et déontologie. Omerta est peut être le nom qui va le mieux et malheur à celui qui ose parler.

      +5

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  • yvano // 26.05.2015 à 10h26

    Kerviel = Dreyfus
    Zola = ?

      +0

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    • Carabistouille // 26.05.2015 à 10h51

      Personnellement, je ne pense pas que j’aurai été dreyfusard. Même écœuré par par le lamentable comportement du système de l’époque, je pense que je n’aurai pas pu me résoudre à défendre le zélé défenseur du système militariste qu’était Dreyfus. D’ailleurs, lui même a admis qu’il aurait été anti-dreyfusard en bon officier militariste.
      J’en ai autant pour ce petit fumier de Kerviel qui n’a pas eu un état d’âme lorsqu’il se prenait pour un petit génie de la finance.

      Cette « querelle » est, selon moi, je me trompe peut-être, à l’image de celle de l’affaire Dreyfus où, exactement comme pour le combat anti-clérical, il s’agissait plus de trouver un thème fédérateur à une prétendue gauche républicaine farouchement anti-sociale qu’à vraiment réparer une injustice.

      En tant que fils de prolo de banlieue, j’ai une aversion profonde pour Zola, ce bourgeois qui s’est permis de décrire les prolos comme on va au zoo. Sa description de Germinal ou autre pue et n’est qu’une lamentable caricature .

      Je conchie Zola, et je conchie Dreyfus. Et vive la Sociale. Et vive la Commune.

        +2

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