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Le travail précaire est partout, pas uniquement dans l’ubérisation

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Un nouveau rapport confirme que l’insécurité et la précarité du travail sont des réalités économiques très répandues. Pour répondre véritablement aux besoins des travailleurs, le mouvement syndical doit s’attaquer aux conséquences préjudiciables de la précarité.

Source : Jacobin Mag, Kendra Strauss, David Moscrop
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Des livreurs de plats à emporter à Toronto, Ontario, Canada, le 7 avril 2023. (Creative Touch Imaging Ltd. / NurPhoto via Getty Images)

Dans leur nouveau rapport intitulé « Mais s’agit-il d’un bon emploi ? Comprendre la précarité de l’emploi en Colombie-Britannique, pour le Centre canadien de politiques alternatives, Kendra Strauss et Iglika Ivanova se penchent sur la progression de l’« économie des petits boulots ». Le rapport constate que les effets néfastes du travail précaire sont généralisés, certains groupes supportant une plus grande part du fardeau.

La co-auteure Kendra Strauss s’est récemment entretenue avec David Moscrop pour Jacobin et a analysé le rapport, débattu de l’état du travail et abordé ce qui pourrait être fait pour garantir de meilleurs emplois pour tous.

DAVID MOSCROP : Je voudrais commencer par définir ce qu’est le travail précaire. L’un des éléments de l’étude que j’ai trouvé intéressant est qu’il complexifie l’idée de « travail précaire ». Qu’est-ce qui définit précisément un emploi précaire ?

KENDRA STRAUSS : L’un des points abordés dans l’étude est le fait que la définition de l’emploi précaire ne fait pas l’objet d’un consensus. Nous avons examiné deux façons différentes dont les chercheurs ont eu tendance à aborder et à mesurer la précarité. Si l’on remonte aux années 1980 et aux travaux de l’Organisation internationale du travail, qui tentait de comprendre l’évolution des tendances en matière d’emploi, principalement dans les pays à revenu élevé, c’est de là que vient l’idée d’emplois standard comparés à des emplois non standard. Un emploi standard, au sens normatif du terme, est un emploi continu à temps plein auprès d’un seul employeur, souvent accompagné d’un salaire permettant de subvenir aux besoins de la famille, d’avantages sociaux et généralement d’un certain accès à la représentation collective, même si cela varie évidemment d’un pays à l’autre. Mais ce que nous avons tendance à considérer comme la norme, concerne avant tout, un emploi à temps plein, continu, auprès d’un seul employeur et assorti d’avantages sociaux.

Le problème de cette définition est que même historiquement, après la Seconde Guerre mondiale, elle était largement normative en ce sens qu’elle s’appliquait à un nombre important de travailleurs, mais qu’il y avait néanmoins des groupes de travailleurs qui n’avaient jamais vraiment eu accès à cette norme. Nous pouvons penser aux femmes, aux travailleurs racialisés.

Plus récemment, les chercheurs se sont penchés sur d’autres indicateurs de la précarité de l’emploi qui tiennent compte à la fois de la qualité et de la sécurité de l’emploi. Nous nous basons de moins en moins sur l’idée d’« emplois standard » pour ensuite définir la précarité comme son contraire. Nous essayons plutôt de définir concrètement la nature de l’emploi précaire en tant que tel. Les principaux indicateurs qui semblent correspondre à cette définition sont l’emploi temporaire ou contractuel, un revenu ou un salaire faible et/ou irrégulier, et un manque d’accès aux avantages liés à l’emploi.

DAVID MOSCROP : L’enquête a également révélé qu’il existe plus d’un type de travail précaire. Il ne s’agit pas seulement de ce que l’on appelle le travail ubérisé. Concrètement, de quels types de travail précaire s’agit-il ? Quels sont les emplois définis comme précaires exercés par les travailleurs dans le monde ?

KENDRA STRAUSS : Je pense que l’une des conclusions les plus importantes de cette étude en Colombie-Britannique est que l’emploi précaire ne se limite pas au gig work. Bien que nous n’ayons pas recueilli de données détaillées sur les secteurs et les industries, nous avons constaté que les formes d’emploi les moins protégées et les plus précaires se retrouvent dans l’ensemble de l’économie.

Presque tous les secteurs comptent des personnes occupant des emplois précaires. Nous savons évidemment que l’emploi précaire se concentre dans certains secteurs. Le secteur des services, d’une manière générale, connaît des niveaux relativement élevés d’emplois précaires. Le secteur privé a tendance à connaître plus d’emplois précaires que le secteur public. Mais c’est en partie parce qu’en Colombie-Britannique, tout comme dans d’autres régions du Canada, le secteur public est plus fortement syndiqué. Cependant nous constatons aussi des emplois précaires dans le secteur public. L’idée qu’un emploi dans le secteur public serait un emploi stable, permanent et à temps plein n’est tout simplement plus vraie, en particulier pour les jeunes travailleurs.

Je pense que l’une des principales conclusions du rapport est que l’emploi précaire est présent dans toute notre économie, mais qu’il n’est pas réparti de manière égale entre les différents groupes de travailleurs. C’est là que nous devons vraiment nous préoccuper de la manière dont l’emploi précaire interagit avec d’autres formes d’inégalités systémiques.

« La précarité est aussi ancienne que le capitalisme »

DAVID MOSCROP : Pourquoi avez-vous trouvé nécessaire d’effectuer ce travail en premier lieu ? Pourquoi Statistique Canada [l’agence nationale de statistiques du pays], par exemple, ne recueille-t-elle pas de données sur le travail précaire ?

KENDRA STRAUSS : C’est l’une des questions que nous nous posons depuis un certain temps. Et je pense que la réponse à cette question est que, dans un certain sens, la conception normative d’un emploi standard continue de s’imposer. Je pense que Statistique Canada a mis beaucoup de temps à s’adapter aux réalités d’un marché du travail en pleine mutation.

De même que l’exploitation par le travail est inhérente au capitalisme, la précarité l’est aussi. La précarité profite aux employeurs.

Soyons clairs : la précarité est aussi ancienne que le capitalisme. Il n’y a rien de nouveau dans cela. De même que l’exploitation par le travail est inhérente au capitalisme, la précarité l’est aussi. La précarité profite aux employeurs. Mais je pense qu’au Canada, la perception selon laquelle la plupart des gens occupent des emplois permanents à temps plein n’a vraiment été remise en cause que par la pandémie, parce que celle-ci a incité Statistique Canada à introduire de nouvelles questions concernant certains des indicateurs que nous avions considérés dans notre étude.

L’étude a été inspirée par le projet de recherche Poverty and Employment Precarity in Southern Ontario (Pauvreté et précarité de l’emploi dans le sud de l’Ontario), qui a duré plusieurs années et a été l’une des premières études à se pencher réellement sur l’emploi précaire dans la région du Grand Toronto au moyen de recherches basées sur des enquêtes. Nous avons été déconcertés en constatant qu’il y avait de réelles lacunes dans les données que Statistique Canada produit et recueille par le biais, par exemple, de l’enquête sur la main-d’œuvre, mais aussi du recensement. Il y avait très peu de données sur l’accès aux prestations, sur le cumul d’emplois, sur la formation, et sur nombre de ces indicateurs de qualité et de sécurité de l’emploi qui sont importants pour comprendre l’emploi précaire.

DAVID MOSCROP : Vous avez mentionné que tout le monde n’est pas touché de la même manière par le travail précaire. C’est l’une des conclusions de votre rapport. Quelles sont les catégories de personnes concernées par ce type de travail ?

KENDRA STRAUSS : Eh bien, sans surprise, étant donné le colonialisme de peuplement et le capitalisme racial, on les trouve chez les travailleurs indigènes – en particulier les hommes – ils forment le groupe le plus important à occuper des emplois précaires. Pour les immigrants récents, ceux qui ont immigré au cours des dix dernières années, la probabilité d’occuper un emploi précaire est très élevée. Il est intéressant de noter que cela reflète certaines des conclusions d’un rapport gouvernemental.

Le gouvernement a publié les résultats de sa consultation auprès des travailleurs de la livraison de plats à emporter et de ceux de covoiturage basés sur des applications en Colombie-Britannique un jour ou deux avant que nous ne publiions notre rapport. L’une des conclusions de cette consultation est que certains groupes de travailleurs, pour leur principale source de revenus, dépendent fortement du travail à la tâche à partir d’applications. Il ne s’agit pas seulement d’un petit complément financier. Ce que nous constatons, c’est que les immigrants récents, qui sont également susceptibles d’être racialisés, ne sont pas en mesure d’accéder à ce que nous pourrions considérer comme des emplois du secteur principal ou primaire. Ils sont bien plus susceptibles d’occuper des emplois précaires.

Les travailleurs racialisés en général, et les femmes, sont également plus susceptibles d’être précaires. Même chose pour les jeunes travailleurs. Nous voyons donc des formes d’inégalité qui se croisent ou s’imbriquent et qui sont liées à la probabilité ou à la propension à occuper un emploi précaire. Ce qui devrait vraiment nous préoccuper tous, c’est que l’emploi précaire reflète mais aussi exacerbe les inégalités systémiques existantes dont j’ai parlé.

Équilibrer flexibilité et sécurité

DAVID MOSCROP : Partant de là, il est clair que le travail précaire est synonyme de mauvaises conditions pour les individus et qu’il leur est plus difficile de se payer ce dont ils ont besoin pour vivre au jour le jour, et encore plus pour s’épanouir. Mais un marché caractérisé par le travail précaire a-t-il des effets sociaux, politiques et économiques au sens large ?

KENDRA STRAUSS : Nous savons qu’il y a une polarisation croissante sur le marché du travail. Nous savons qu’il y a une polarisation croissante des revenus et de la richesse au Canada. Je pense que ce à quoi nous sommes en train d’assister, c’est à la façon dont l’emploi précaire constitue un élément de ce tableau. Nous ne disposons pas encore d’une analyse permettant d’identifier les relations de cause à effet. Mais je pense que nous pouvons affirmer avec une certaine fiabilité que la généralisation de l’emploi précaire et sa répartition inégale font partie de ce tableau.

Mais il y a aussi, au niveau social, des implications plus importantes. Dans un pays comme le Canada, qui offre au moins des soins de santé de base gratuits sur le lieu de la prestation, lorsque les gens n’ont pas accès aux prestations fournies par l’employeur, il nous faut, en tant que société, assumer les coûts résultant de la distribution inégale des prestations de soins de santé complémentaires. Bien que je n’apprécie pas particulièrement le raisonnement qui voudrait que notre seul souci devrait être le coût pour le contribuable, je pense qu’il y a des coûts sociaux dont nous devons également être conscients.

L’emploi précaire est un obstacle à la participation à part entière des familles et des travailleurs à la vie de leur communauté.

Nous constatons également des coûts sociaux plus importants liés à la participation des travailleurs précaires et de leurs familles à la vie de la société et de leurs communautés, ainsi qu’à l’égalité de participation à la vie de leurs enfants. Nous constatons que les travailleurs précaires ont moins de temps et de moyens pour aider leurs enfants à faire leurs devoirs, participer à des excursions scolaires ou acheter des fournitures scolaires et toutes ces choses essentielles que tout parent veut pouvoir faire avec ses enfants et sa famille. L’emploi précaire est un obstacle à la participation à part entière des familles et des travailleurs à la vie de leur communauté. C’est un problème. Nous devrions tous nous en préoccuper.

DAVID MOSCROP : Le rapport s’intitule « Mais s’agit-il d’un bon emploi ? ». Qu’est-ce qu’un bon emploi et comment se distingue-t-il d’un mauvais emploi, d’un emploi précaire ? À quoi ressemble un meilleur emploi ?

KENDRA STRAUSS : C’est une excellente question, car je pense que l’une des choses dont nous devrions être bien conscients, c’est que les discours sur la flexibilité ont été très efficacement utilisés, y compris par les grandes entreprises de la technologie. Il est politiquement naïf pour ceux d’entre nous qui souhaitent syndiquer les travailleurs tout en tenant compte des implications politiques de la précarité, de nier que les travailleurs réclament et ont besoin d’une certaine flexibilité. Et tous ne veulent pas d’un emploi à plein temps et permanent dans un bureau ou dans l’industrie, ce que pourtant nous avions pris l’habitude de considérer comme l’étalon-or. Nous pouvons dire que les emplois décents se caractérisent par la sécurité et la permanence. Mais nous devons également réfléchir à la flexibilité et à la sécurité et à la manière dont elles peuvent être mises en balance.

Ainsi, par exemple, certains travailleurs peuvent tout à fait préférer un emploi contractuel – en particulier les travailleurs très bien payés et très qualifiés – parce que cela leur offre une certaine flexibilité et que leur capacité de négociation est relativement bonne. Mais d’autres travailleurs peuvent préférer un emploi stable, même si il n’est pas nécessairement à temps plein. Nous devons nous interroger sur les raisons qui poussent les travailleurs à rechercher la flexibilité. Si, par exemple, c’est parce qu’ils doivent s’occuper de leurs enfants et qu’ils n’ont pas accès à des services de garde abordables et de bonne qualité, nous devons alors nous pencher à la fois sur l’organisation de l’emploi et sur l’organisation des aides collectives – nos services sociaux et notre filet de protection sociale.

Nous devons réfléchir à ce dont les travailleurs ont besoin pour bénéficier d’une sécurité suffisante leur permettant tout à la fois de vivre au quotidien, de s’épanouir et de faire des projets pour leur avenir. Mais la manière dont nous, en tant que société, fournissons les aides dont les travailleurs ont besoin dans leurs communautés est une partie importante de ce puzzle.

L’introduction de cinq jours de congés de maladie payés en Colombie-Britannique en est un très bon exemple. Cette politique n’était pas en place lorsque nous avons mené notre enquête. Et une très grande proportion de travailleurs n’avaient accès à aucun congé de maladie rémunéré. Nous pourrions dire que cinq jours pour arrêt de maladie c’est peut-être insuffisant – j’aurais aimé en avoir dix – mais, quoi qu’il en soit, il s’agit d’une politique qui fait une différence significative pour les travailleurs en termes de capacité à rester à la maison lorsqu’ils ne sont pas en bonne santé. Cela est bénéfique pour eux, mais aussi pour notre société en termes de santé publique.

Ce n’est pas une réponse facile ou évidente, mais ce que je dis, c’est que nous devons nous pencher à la fois sur les aspects liés à la qualité de l’emploi et sur ceux liés à la sécurité dont les travailleurs ont besoin pour être en mesure de faire des projets et de s’épanouir au jour le jour. Dans le même temps, nous devons également nous préoccuper de notre filet de protection sociale et nos programmes sociaux. Bon nombre de nos aides à l’emploi et de nos programmes liés à l’emploi sont encore largement fondés sur un modèle d’emploi à temps plein et à durée indéterminée.

L’assurance-chômage, par exemple, couvre de moins en moins de travailleurs au fil des réformes. Et elle est vraiment, vraiment inadaptée face aux réalités de l’emploi précaire. C’est pourquoi nous avons eu besoin de la prestation d’intervention d’urgence du Canada pendant la pandémie. Ces programmes doivent également être reconsidérés si nous voulons, en tant que société, disposer d’un filet de protection sociale qui couvre réellement tous les travailleurs.

Garantir de meilleurs emplois pour les travailleurs

DAVID MOSCROP : Sur le plan politique, avez-vous des conseils à donner aux défenseurs, aux militants et même aux gouvernements pour qu’ils garantissent de meilleurs emplois pour les travailleurs ? Comment cela se passe-t-il au niveau de la rue et au niveau des conseils d’administration ?

KENDRA STRAUSS : Je pense que nous assistons déjà à une certaine forme de structuration, en particulier une forme de structuration plus proche de la base, qui est une réponse directe à la précarité : Les mouvements Fight for Fifteen, les mouvements de syndicalisation concernant et au sein des travailleurs de la restauration rapide et de la gig-economy, ou certains efforts pour tenter de s’organiser dans des entreprises telles qu’Amazon. Je pense que les grands syndicats sont en train de rattraper leur retard.

Je pense que les syndicats traditionnels sont en train de se rendre compte que l’emploi précaire est un problème tout à la fois pour les travailleurs non syndiqués et pour de nombreux travailleurs syndiqués – un mouvement syndical largement représentatif qui veut répondre directement aux besoins de la majorité des travailleurs est un mouvement qui doit s’attaquer très frontalement aux réalités de l’emploi précaire. Je pense que le mouvement syndical doit prendre conscience de cette réalité. Le mouvement syndical de base a déjà commencé à s’organiser et c’est là que nous avons enregistré certains succès. Il est vrai que ces succès ont été dispersés et qu’il est extrêmement difficile d’obtenir un premier contrat et de de conserver une homologation dans des secteurs tels que la restauration rapide.

Je pense que les syndicats traditionnels sont en train de prendre conscience du fait que l’emploi précaire est un problème à la fois pour les travailleurs non syndiqués et pour de nombreux travailleurs syndiqués.

Prenons par exemple le cas de Starbucks. Je vis à Victoria, en Colombie-Britannique, et les défis que les salariés doivent relever pour obtenir leur première convention collective sont énormes. Mais nous avons besoin d’une sorte de théorie critique de l’État qui comprenne que les gouvernements ne seront tenus de rendre des comptes et de mettre en place des politiques de soutien aux travailleurs que lorsque ces derniers l’exigeront. Ce n’est pas quelque chose que les gouvernements feront d’eux-mêmes par pure bonté d’âme. En Colombie-Britannique, nous avons un gouvernement qui est théoriquement à gauche et qui a introduit des politiques visant à faciliter la syndicalisation. Mais renforcer la voix des travailleurs et leur capacité à se syndiquer est l’un des seuls moyens de faire pression sur les employeurs pour qu’ils améliorent la qualité des emplois, les employeurs ne le feront jamais d’eux-mêmes.

Ceci étant dit, le moment que nous vivons est intéressant, les employeurs parlent beaucoup de pénurie de main-d’œuvre. Et bien sûr, leur premier discours est d’en appeler à davantage d’immigration, et en particulier l’immigration temporaire. Ils souhaitent voir le programme des travailleurs étrangers temporaires se renforcer. Mais je pense que nous devons leur opposer le raisonnement suivant : si vous voulez attirer des travailleurs, vous devez leur offrir des emplois décents. Et lorsque nous aurons un marché du travail où les travailleurs ont le choix, ils choisiront des emplois qui répondent à leurs besoins, qui sont plus stables et moins précaires. Les employeurs doivent offrir ce type d’emplois s’ils veulent recruter et conserver des travailleurs.

Je pense que notre rapport contient des enseignements pour les employeurs et les gouvernements. Et dans notre conclusion, nous proposons plusieurs pistes de réflexion politique. Mais l’histoire nous a appris que le travail ne devient moins précaire que lorsque les travailleurs se mobilisent, s’organisent et exigent des emplois moins précaires. Notre rapport et notre projet visaient à mettre en lumière la prévalence de l’emploi précaire dans divers secteurs de l’économie. C’était là une de nos principales motivations. Nous voulons que les gens comprennent que la précarité touche tout le monde et que c’est dans tous les secteurs de l’économie que nous devons nous organiser et former des coalitions afin d’améliorer l’emploi pour tous les travailleurs.

Contributeurs

Kendra Strauss est directrice du programme d’études sur le travail et professeure associée au département de sociologie et d’anthropologie de l’université Simon Fraser.

David Moscrop est écrivain et commentateur politique. Il anime le podcast Open to Debate et est l’auteur de Too Dumb For Democracy ? Why We Make Bad Political Decisions and How We Can Make Better Ones. (Trop stupides pour la démocratie ? Pourquoi nous prenons de mauvaises décisions politiques et comment nous pouvons en prendre de meilleures).

Source : Jacobin Mag, Kendra Strauss, David Moscrop, 23-04-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Savonarole // 07.06.2023 à 15h15

Pendant ce temps , à Paris , ça discutaille pour introduire des titres de séjours « métiers en tension »… et pas à la demande des syndicats. Ca vous bricole des statuts d’auto-esclave , ça brule le code du travail en mode farenheit 451 , ca réforme Paule en Ploie , ça massacre la CNAM et la CNAV …
On sait que ça va foutre la merde, y a des caisses d’études qui le prouvent, mais on le fait quand même. Ca rends quand même super con le pouvoir … mon dieu faites que je me fasse jamais élire pour rien.

8 réactions et commentaires

  • Savonarole // 07.06.2023 à 15h15

    Pendant ce temps , à Paris , ça discutaille pour introduire des titres de séjours « métiers en tension »… et pas à la demande des syndicats. Ca vous bricole des statuts d’auto-esclave , ça brule le code du travail en mode farenheit 451 , ca réforme Paule en Ploie , ça massacre la CNAM et la CNAV …
    On sait que ça va foutre la merde, y a des caisses d’études qui le prouvent, mais on le fait quand même. Ca rends quand même super con le pouvoir … mon dieu faites que je me fasse jamais élire pour rien.

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    • utopiste observateur // 07.06.2023 à 21h57

      Les « élus » sont principalement là pour la « représentation », ce sont les hauts-fonctionnaires et cadres dirigeants des grands groupes qui gouvernent, tous sortis des mêmes écoles et occupants des postes interchangeables. Macron lui-même n’est rien d’autre que le « PDG » élu par le « conseil d’administration » après les manipulations, invectives et autres menaces de rigueur entre les petits et les gros « actionnaires ».

        +6

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    • Patrick // 09.06.2023 à 09h39

      le discours est le même depuis au moins 50 ans.
      « Les français ne veulent plus faire ces métiers  » , il faudrait ajouter  » dans ces conditions et pour ces salaires « . Il était plus simple de laisser rentrer des centaines de milliers de personnes plus dociles et prêtes à bosser pour pas grand chose et on continue.
      Alors que la vraie réponse est simplement de dire aux employeurs  » dém..dez-vous avec les gens sur place « , donc négociation sur le terrain en direct. « t’as besoin d’un cuistot ou d’un serveur , ou d’un soudeur ? paie le ou passe toi de lui  »
      , et que l’état ne s’occupe pas du reste.

        +3

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      • Grd-mère Michelle // 09.06.2023 à 12h59

        Hélas, le discours dominant(avec son injonction subliminale) est le même depuis des centaines d’années, autant dans le monde « libéral » que « social »:
        Travail, Famille, Patrie

        … sans doute imposé par la « punition divine » consignée (?) dans Le Livre:
        à Adam: tu gagneras ton pain à la sueur de ton front
        à Ève: tu enfanteras dans la douleur

        …et adopté par tout qui se croit en droit de « diriger » les autres sur un territoire déterminé (généralement à la suite de guerres et de conquêtes acquises par la force et/ou la richesse):
        la Patrie, pour les mettre à leur service(du pays et des « chefs »… de partis ou d’entreprises).

        Triste mentalité de « tribus » compétitives, atavique et rétrograde, qui mène l’humanité à son extinction prématurée en détruisant son biotope indispensable.

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  • Grd-mère Michelle // 08.06.2023 à 08h32

    On se demande combien cette directrice a été payée pour (faire) réaliser cette étude qui raconte ce que tout le monde sait déjà… comme, par exemple, le fait que « l’économie parallèle » a toujours existé (et est même indispensable à l’économie « officielle », dans le sens où elle lui fournit des consommateurs/trices de sa sur-production débridée, ce qu’elle ne dit pas).

    Remarquable que, dans ce texte, « les travailleurs » (ainsi que, je suppose, les travailleuses…), précaires ou pas, sont des personnes rétribuées pour les activités dans lesquelles on les « emploie »… alors que l’immensité des personnes qui s’activent volontairement et individuellement à des milliards de tâches, pénibles et/ou épanouissantes, rentables ou pas, y sont totalement ignorées, pas considérées comme « travaillant »…
    Il est plus que temps, urgent, que les masses laborieuses se mêlent de ce qui les regarde et déterminent ce qu’elles sont encore disposées à produire comme efforts pour faire fonctionner « la société » en fonction des contraintes que LA VIE impose, et non des « autorités » prétentieuses et abusives, qui en plus s’attribuent la grosse part du gâteau!

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  • Julia // 08.06.2023 à 10h17

    Bonjour,
    J’ai deux remarques à faire sur cet article :
    1) je ne sais pas comment c’est au Canada mais en France, ce sont les handicapé-e-s qui sont les premières victimes de la précarité de l’emploi (1 français sur 5 est handi) ;
    2) je trouve que KENDRA STRAUSS ne met pas assez l’accent sur le niveau de rétribution de l’emploi qui est primordial.

      +0

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    • Patrick // 09.06.2023 à 09h42

      En France comme en Amérique du Nord , on a sacrifié les industries qui offraient des salaires corrects même à des gens pas très qualifiés. Donc tous ces gens se retrouvent maintenant dans des boulots mal payés mais une question se pose , quand vous commandez votre plat livré par Uber Eats , combien êtes-vous prêts à payer le plat et sa livraison ? le moins cher possible donc vous payez le livreur le moins cher possible.

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  • Orhan // 09.06.2023 à 08h41

    Arte avait diffusé déjà il y a quelques années un reportage (que je conseille) sur le bloc opératoire de l’hôpital Saint-Louis à Paris. Bon et bien même des chirurgiens ou médecins anesthésistes ayant fait une bagatelle d’années d’études n’étaient devenus que de simples opérateurs qu’on met ici ou qu’on envoie là bas à tout moment selon les besoins dictés par un logiciel de gestion des blocs opératoires…toujours débordés évidemment et impossible de vraiment nouer des relations et des liens avec les collègues, burnt out, etc.

    Partout le même modèle s’applique, déshumaniser, contrôles permanents et procédures (ironique quand on connaît la détestation de l’URSS…) partout, demander aux gens de faire plus sans contrepartie… Bref presser le citron pour en récolter le jus.

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