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28.août.201628.8.2016 // Les Crises

Nous devons comprendre le pouvoir des entreprises pour pouvoir le combattre, par Chris Hedges

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Source : Truthdig, le 12/06/2016

La candidate démocrate à la présidence, Hillary Clinton, sur un écran en train de s'adresser à ses partisans, au moment où les journalistes bouclent leurs articles après une conférence du candidat probable du parti Républicain, Donald Trump, le 7 juin. (Mary Altaffer / AP)

27 La candidate démocrate à la présidence, Hillary Clinton, sur un écran en train de s’adresser à ses partisans, au moment où les journalistes bouclent leurs articles après une conférence du candidat probable du parti Républicain, Donald Trump, le 7 juin. (Mary Altaffer / AP)

Durant l’hiver 1941, un fossoyeur juif de Chelmno, dans la province occidentale de la Pologne, arriva à Varsovie et chercha à rencontrer à tout prix les dirigeants juifs.

Il leur a dit que les nazis raflaient les juifs, y compris les vieux, les femmes et les enfants et qu’ils les forçaient à entrer dans ce qui avait l’air d’être des bus scellés. Les tuyaux d’échappement des bus étaient redirigés vers l’intérieur des cabines. Les occupants étaient tués par le monoxyde de carbone. Il a aidé à creuser, avec d’autres, des fosses communes pour y enterrer des milliers de corps avant de réussir à s’échapper.

Sur le chemin de Varsovie, il alla de village en village, avertissant en catastrophe les juifs. De nombreux juifs, dans les villages et à Varsovie, écoutèrent son horrible témoignage sans y prêter attention.

Quelques personnes, cependant, parmi lesquelles Zivia Lubetkin qui, deux ans plus tard, allait contribuer au soulèvement de 500 combattants armés dans le ghetto de Varsovie, ont immédiatement compris les véritables intentions de l’État nazi.

« Je ne sais pas comment nous avons intuitivement partagé cette même horrible conviction : l’annihilation totale des communautés juives dans l’Europe occupée est imminente, » écrit-elle dans ses mémoires «In the Days of Destruction and Revolt ».

Elle-même et une poignée de jeunes militants se mirent à préparer une révolte. À partir de ce moment, ils vécurent dans un monde parallèle.

« Nous marchions dans les rues bondées du ghetto de Varsovie, avec des centaines de milliers de gens qui se poussaient et se dépêchaient, effrayés, hostiles et tendus, qui vivaient dans l’illusion de se battre pour leur vie, leur maigre subsistance, mais, en réalité, si on fermait les yeux, on voyait qu’ils étaient déjà tous morts … »

L’establishment des dirigeants juifs avertirent les résistants qu’ils devaient abandonner la lutte et agir selon les paramètres établis par les occupants nazis. Quand les dirigeants juifs furent informés des projets de rébellion des militants, écrit-elle, ils « pâlirent, saisis de peur ou de colère devant notre audace. Ils étaient furieux. Ils nous reprochaient notre irresponsabilité, qui allait semer dans la population les germes du désespoir et de la confusion, pour notre impertinence à oser songer à la résistance armée.

Le plus grand problème que le mouvement clandestin ait eu à affronter, écrit-elle, était « les faux espoirs, les grandes illusions ». La tâche primordiale du mouvement était de détruire ces illusions. Il fallait qu’on connaisse la vérité pour que le mouvement de résistance puisse s’étendre.

Les buts de l’État-entreprise sont, vu l’effondrement imminent de l’écosystème, aussi mortels, peut-être même plus, que les actes génocidaires accomplis par les nazis et l’Union soviétique de Staline.

La portée et l’efficacité de la propagande des sociétés rend minuscule l’immense effort entrepris en ce domaine par Hitler et Staline. On nous trompe de façon ingénieuse et efficace et à plusieurs niveaux. Les informations sont de la propagande d’État. L’attention du peuple est détournée par les divertissements, plus ou moins sophistiqués, qui, tous, ignorent la réalité et font semblant de croire que la fiction de la liberté et du progrès est réelle.

L’instruction n’est que de l’endoctrinement. Les ersatz d’intellectuels, y compris les technocrates et les spécialistes, qui obéissent à la doctrine de l’État néolibéral et impérial, utilisent leurs références universitaires et leur érudition pour tromper le public.

Les promesses de l’État-entreprise et de ses dirigeants politiques — nous vous rendrons vos emplois, nous protégerons votre vie privée et vos libertés civiques, nous rebâtirons l’infrastructure de la nation, nous préserverons l’environnement, nous vous empêcherons d’être exploités par les banques et les sociétés prédatrices, nous vous ferons vivre en sécurité, nous nous occuperons de l’avenir de vos enfants — sont l’inverse de la réalité.

La perte du respect de la vie privée, la surveillance constante des citoyens, l’emploi de la police militarisée qui se conduit, sans discernement, avec une violence qui peut être fatale — ce qui est une réalité quotidienne dans les communautés à la marge — et l’aspiration permanente à faire plonger pas moins des deux tiers du pays dans la pauvreté afin d’enrichir une minuscule élite du monde des affaires, sans compter la psychose engendrée par la guerre permanente, voici les signes avant-coureurs d’une dystopie qui sera aussi horrible que les systèmes totalitaires qui ont envoyé des dizaines de millions d’hommes à leur mort pendant le nazisme et le communisme.

L’État-entreprise n’a pas plus la volonté de réformer ou de prendre en considération les besoins et les droits des citoyens qu’on n’avait la volonté, dans la Pologne occupée par les nazis, de prendre en considération les besoins et les droits des juifs. Cependant, jusqu’au dernier moment, on cachera cette réalité sous la vacuité rhétorique de la démocratie et de la réforme. Les régimes répressifs instituent peu à peu des formes de contrôle de plus en plus dures tout en niant leurs intentions. Lorsqu’un peuple captif se rend compte de ce qui se passe, il est déjà trop tard.

C’est en utilisant des ruses sophistiquées, de belles histoires que les nazis empêchaient de se rebeller les juifs et leurs compagnons d’infortune jusqu’à ce qu’ils atteignent les portes des chambres à gaz, habituellement ornées d’une immense étoile de David. On disait à ceux qui partaient pour les camps de la mort qu’ils allaient travailler. On avait fait ressembler les rampes de débarquement de Treblinka à une station de chemin de fer avec de faux horaires de train sur les murs, une fausse horloge et un guichet. Des musiciens du camp jouaient. Les gens âgés et les infirmes étaient conduits depuis les wagons à bestiaux jusqu’à un bâtiment appelé infirmerie qui portait le symbole de la Croix Rouge, avant de recevoir une balle dans la nuque. On donnait aux hommes, aux femmes et aux enfants, qui allaient mourir dans les chambres à gaz, moins d’une heure plus tard, des tickets pour leurs vêtements et leurs possessions de valeur.

« Les Allemands étaient on ne peut plus courtois quand ils conduisaient leurs victimes à l’abattoir, » notait amèrement Zivia Lubetkin.

Les juifs dans les ghettos, qui attendaient d’être déportés dans les camps de la mort, se divisaient en deux groupes, ceux qui travaillaient pour les nazis et avaient donc certains privilèges et ceux qui ne le faisaient pas, cette division provoquant des confrontations jusqu’aux déportations finales. Et il y avait des juifs qui collaboraient avec les assassins dans le vain espoir d’être épargnés. Ils étaient organisés en Conseils juifs ou Judenrat, et avaient créé des unités de police juive, avec ceux que Zivia Lubetkin appelle « leurs copains, les spectateurs et les profiteurs, ainsi que les trafiquants de marché noir. »

Dans les camps de la mort, des juifs, pour rester en vie un peu plus longtemps, travaillaient dans les crématoires et les commandos spéciaux. Il se trouve toujours, parmi les opprimés, des gens prêts à vendre leur voisin pour quelques miettes de pain en plus. Quand il n’a plus d’espoir, il ne reste souvent à choisir qu’entre la collaboration et la mort.

Nos maîtres du monde des affaires savent ce qui va se passer. Ils savent qu’au moment où l’écosystème va s’effondrer, où les démantèlements financiers vont créer des déconfitures financières mondiales, où les ressources naturelles vont être inutilisables ou épuisées, le désespoir va faire place à la panique et à la rage.

Ils savent que les villes côtières vont être englouties par la hausse du niveau de la mer, que les rendements des cultures vont chuter, que l’augmentation des températures va rendre inhabitables de grandes parties du globe, que les océans vont être des zones mortes, que le désespoir va conduire des centaines de millions de réfugiés à s’enfuir de chez eux, et que les formes complexes de gouvernement et d’organisation vont voler en éclats.

Ils savent que la légitimité du pouvoir du monde des affaires et du néolibéralisme, qui est une idéologie aussi puissante et utopiste que le fascisme ou le communisme, va s’effondrer. Ils ont pour but de nous garder dupés et démobilisés aussi longtemps que possible.

L’État-entreprise, qui commande un système que Sheldon Wolin a appelé « totalitarisme inversé » investit des sommes considérables, 5 milliards de dollars dans cette seule élection présidentielle, par exemple, pour s’assurer que nous ne voyions pas ses intentions ni la terrible situation dans laquelle nous allons finir par nous trouver.

Ces systèmes de propagande jouent sur nos émotions et nos désirs. Ils nous font confondre les idées qu’ils nous servent avec le savoir. Ils nous font nous identifier avec la personnalité préfabriquée d’un candidat à une charge politique. Des millions ont pleuré à la mort de Joseph Staline, et il y avait parmi eux des gens qui avaient été emprisonnés dans ses goulags. Si puissant est le désir de croire à la nature paternelle d’un pouvoir despotique.

L’édifice se fissure. La défiance envers le néolibéralisme a été la force motrice derrière les rébellions dans les partis républicain et démocrate. Donald Trump et Hillary Clinton, bien sûr, ne feront rien pour arrêter les attaques des entreprises. Il n’y aura pas de réforme. Les systèmes totalitaires ne sont pas rationnels. On se contentera de réprimer plus fortement et de rendre l’endoctrinement et la propagande de plus en plus envahissants. On fera taire les dissidents, maintenant marginalisés.

Il est maintenant temps de quitter l’establishment, en clair il faut commencer à organiser des groupes, y compris des partis politiques, indépendants des machines politiques liées aux milieux d’affaires, qui contrôlent les Républicains et les Démocrates.

Il faut nous lancer dans des actes de désobéissance civile permanente, il faut provoquer des perturbations.

Notre résistance doit être non violente. Les juifs du ghetto de Varsovie, condamnés à une mort imminente et aliénés de la population polonaise très antisémite, n’avaient aucun espoir d’en appeler à l’État nazi ou à la plupart des Polonais.

Cependant nous, nous avons encore le choix. Beaucoup qui travaillent dans les structures de la classe dominante comprennent la corruption et la malhonnêteté du pouvoir lié aux sociétés. Nous devons faire appel à leur conscience. Nous devons diffuser la vérité.

Il nous reste peu de temps. Le changement climatique, même si nous arrêtons toutes les émissions de carbone aujourd’hui, provoquera, dans une grande partie de la planète, hausse des températures, ravages, instabilité et effondrement des systèmes.

Espérons que nous ne devrons jamais faire le choix sinistre que la plupart des combattants du ghetto ont fait, le choix de notre mort. Si nous ne réussissons pas à agir, cependant, ce choix définira un jour notre avenir, comme il a défini le leur.

Source : Truthdig, le 12/06/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

Spectre // 28.08.2016 à 01h47

Des millions ont pleuré à la mort de Joseph Staline, et il y avait parmi eux des gens qui avaient été emprisonnés dans ses goulags. Si puissant est le désir de croire à la nature paternelle d’un pouvoir despotique.

Il y a déjà 440 ans, La Boétie avait tout dit avec son Discours de la servitude volontaire. On en a un bel exemple avec les élections 2017, où les sondages annoncent que tous les actuels favoris sont rejetés par une majorité de la population… et pourtant, sauf miracle, l’un d’eux s’imposera. Je parie sur une gueule de bois historique du peuple français au lendemain du second tour… mais à qui la faute ?!

Bémol sur son option “pacifiste” : ce système politico-économique ne partira jamais sans violences. Si les Grecs avaient su en amont où ils en seraient aujourd’hui, je pense que leur résistance aurait été plus violente. C’est triste, mais au degré de verrouillage où nous en sommes, les options vont de plus en plus se réduire à cela.

53 réactions et commentaires

  • Spectre // 28.08.2016 à 01h47

    Des millions ont pleuré à la mort de Joseph Staline, et il y avait parmi eux des gens qui avaient été emprisonnés dans ses goulags. Si puissant est le désir de croire à la nature paternelle d’un pouvoir despotique.

    Il y a déjà 440 ans, La Boétie avait tout dit avec son Discours de la servitude volontaire. On en a un bel exemple avec les élections 2017, où les sondages annoncent que tous les actuels favoris sont rejetés par une majorité de la population… et pourtant, sauf miracle, l’un d’eux s’imposera. Je parie sur une gueule de bois historique du peuple français au lendemain du second tour… mais à qui la faute ?!

    Bémol sur son option “pacifiste” : ce système politico-économique ne partira jamais sans violences. Si les Grecs avaient su en amont où ils en seraient aujourd’hui, je pense que leur résistance aurait été plus violente. C’est triste, mais au degré de verrouillage où nous en sommes, les options vont de plus en plus se réduire à cela.

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    • Jusdorange // 28.08.2016 à 10h21

      À Spectre,

      Avec les purges dans l’appareil d’Etat et surtout dans l’armée, Staline a participé à l’affaiblissement de la Russie, ce qui lui coûtera cher face aux Allemands. Mais il a également été le maître d’œuvre d’une résistance acharnée et d’un prompt réarmement à un moment où le peuple russe était grandement menacé, un moment où le nazisme menait une terrible charge face à laquelle ils étaient le dernier rempart.

      De ce point de vue l’admiration pour Staline est justifé, au moins en partie.

      J’observe ces mêmes raisonnements sur Richelieu, Louis XIV, la Terreur révolutionnaire et Napoléon. A savoir que le désir d’autorité ne serait que le fruit d’une passion servile que des esprits libres et fiers comme Chris Hedge sont si prompts à mépriser. L’insécurité appelle le désir d’autorité, et cette autorité est parfois justifiée.

      « Pas de maison défendue, alors évidemment pas de libertés possibles. Les deux problèmes n’en font qu’un. »
      Fernand Braudel, Grammaire des civilisations.

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      • Larousse // 29.08.2016 à 19h33

        D’accord avec jusdorange.
        Ensuite « actes génocidaires accomplis par les nazis et l’Union soviétique de Staline » … désolé … je refuse cette Ecole historique sur le Totalitarisme « dominante » qui met dans le même sac l’Allemagne nazie et l’Union soviétique n’importe quoi !! -noté d’ailleurs la sémantique « les Nazis et l’Union soviétique de Staline », ce n’est pas un hasard (ainsi la notion d’Allemagne nazie disparaït …). Pour celui qui sait le russe – il n’y a pas de vue « génocidaire » dans les actes « monstrueux » de Staline et ses équipiers Jdanov, Beria…

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    • geoffrey // 28.08.2016 à 10h45

      j’aime pas trop le côté « anti-communiste primaire » du commentaire, mais l’argument est juste : la nature humaine préfère se soumettre au pied de son maître (et manger à sa faim) que de sortir dans le froid pour chasser du lièvre famélique…

      et je suis d’accord, aussi, avec l’idée de la violence salvatrice. Songeons qu’avant/au-dessus du droit positif, il y a – depuis la nuit des temps – le droit naturel, « inscrit » dans notre code génétique : voler, tuer, violer, mentir sont des notions universelles et meta-culturelles !!! la question est de savoir si, affamés et sur le point de succomber, nous serons enclins à (enfin) être violents envers nos oppresseurs…

      Geoffrey, communiste 2.0 belge

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      • RGT // 28.08.2016 à 11h25

        La mort de Staline n’a rien d’anticommuniste primaire, elle est un fait réel.
        On parle de l’homme, pas du système politique qu’il avait instrumentalisé pour parvenir à ses fins.

        Tout comme en Espagne de nombreux espagnols ont pleuré la mort de Franco, en France de Laval, en Allemagne avec Hitler, etc, etc…

        Les « dirigeants bienveillants » on toujours été pleurés à leur mort par quelques profiteurs et surtout par de nombreuses personnes qui ont souffert de leurs actes mais qui étaient tellement lobotomisés qu’ils en avaient perdu tout jugement critique.

        Sur le plan de la bienveillance il faut quand-même préciser que Staline était quand même dans le « top 5 » des personnages les plus sympathiques…

        J’oubliais, Staline n’était qu’un enfant de cœur, le « Top du top« , c’est quand-même et de loin le « Boucher de l’Oural« , l’ogre Vladimir Poutine.

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        • vincent // 28.08.2016 à 18h41

          Oubliez pas Mao, bien que dans son cas cela frisait l’hystérie, toutefois ont comprend le sentiment des peuples attaché à un dirigeant malgré ses crimes. Napoléon beaucoup l’ont pleuré, et pourtant il a été un sacré meurtrier de masse au niveau de la guerre.

          Je pense que les communauté aspirent toujours à un chef charismatique et fort, mais qui a aussi le soucis de son peuple, dixit confucius.

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          • Bernard // 29.08.2016 à 22h42

            « Napoléon beaucoup l’ont pleuré, et pourtant il a été un sacré meurtrier de masse au niveau de la guerre. »

            C’est tout de même intéressant que constater que 200 ans après, la seule image qu’il reste de lui est celle-là…
            Sur ce nombre de guerres en effet élevé, pourrait-on rappeler combien il en a déclenchées ? Je ne suis pas certain qu’il y en ait une autre que celle de Russie. N’oublions pas qu’il est arrivé à la tête d’une France déjà en guerre contre une bonne partie de l’Europe (notamment parce que les monarchies voisines ne voulaient surtout pas que la Révolution et la république puissent donner des idées à leurs peuples). Il a commencé par gagner ces guerres, ce qui donnait déjà de fait à la France un territoire conséquent (toute l’Italie par exemple). Beaucoup d’autres guerres postérieures sont liées à la volonté de ces pays de reprendre ce qu’ils avaient perdu, ou alors incitées par les Anglais, qui voyait sa stature de n°1 mondial remis en cause. Napoléon n’a déclenché aucune de toutes ces guerres…

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          • Bernard // 29.08.2016 à 22h51

            Ensuite : quand on voit le nombre de réformes qu’il a menées, le tout en 15 ans…
            Les plus connues bien sûr (code civil, rétablissement d’une monnaie sure via le franc germinal, découpage de la France en département avec la gestion administrative qui y est liée), mais il y a nombre de moins célèbres. A la volée, liste absolument pas exhaustive :
            – refonte du système d’éducation (le système de prépas par exemple)
            – réhabilitation de la religion qui avait pris la Terreur de plein fouet, mais aussi politique de tolérance envers tous les cultes ou non cultes. Une laïcité certaine donc.
            – développement de l’industrie et de la recherche. Exemple : pour faire face au blocus anglais, exploitation de la betterave pour obtenir du sucre.
            – encouragement de travaux historiques / archéologiques (l’expédition d’Egypte qui regroupait de nombreux savants alors que l’objectif était militaire. En découlera plus tard le système de traduction des hyéroglyphes)
            – modernisation de Paris (dans le sens « sortie du Moyen-Age »)

            Rappelons qu’il n’est resté que 15 ans au pouvoir tout en étant régulièrement au front.
            200 ans après, la France continue à utiliser comme bases celles qu’il avait posées. Pas trop mal donc en si peu de temps…

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          • Bernard // 29.08.2016 à 23h03

            Pour finir : ça rejoint l’idée de l’article, mais en effet Napoléon fait partie de ces dictateurs que le peuple a pleuré. Ca va même plus loin sur le coup : le peuple l’a littéralement remis au pouvoir, en 1814. Fait unique dans l’histoire à ma connaissance.
            Mettons que ce peuple soit sous le coup de la propagande. Possible seulement un an après la première chute de Napoléon.

            Plus surprenant maintenant, encore moins connu : lors de la révolution de 1830, il s’en est fallu d’un rien que l’Aiglon ne soit mis à son tour au pouvoir. Le peuple était pour, l’évasion d’Autriche a été tentée mais a échoué.
            Là par contre on est 15 ans après. Je ne sais pas si les Allemands votaient toujours pour les nazis en 1960…

            Autre bizarrerie : vous avez sans doute remarqué en voyageant en Europe qu’on y trouve beaucoup de monuments rappelant le passage de Napoléon. Là aussi, c’est quelque chose d’assez rare pour un conquérant, qui sur le coup serait déjà un tyran pour son propre peuple…

            Tout ceci me laisse à penser que Napoléon, malgré ses défauts, correspond totalement à la définition de Confucius : un chef charismatique, fort et qui a le souci de son peuple (y compris quand le peuple a été envahi par lui).

            Vu que l’image que vous peignez de lui est très globalement partagée de nos jours, deux possibilités :
            – soit je me fourvoie totalement et quelqu’un d’avisé me le montrera (et je l’en remercierai sincèrement)
            – soit on est à son sujet de nouveau face à un exemple de cette propagande qui nous envahit dès notre plus jeune enfance.

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            • red2 // 30.08.2016 à 17h24

              En attendant, il suffit de regarder une carte et compter les morts pour se rendre compte que Napoléon a été une catastrophe pour la France. La révolution avait gagné la guerre et la rive gauche du Rhin (les fameuses frontières naturelles) on aurait pu en rester là, par son orgueil Napoléon a ensuite tout perdu.

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            • Bernard // 30.08.2016 à 23h15

              Vous dites :
              – « il suffit de regarder une carte et compter les morts pour se rendre compte que Napoléon a été une catastrophe pour la France. »
              Pour ce qui est des morts : je répète la question : quelle guerre a-t-il déclarée à part celle de Russie ?
              Pour ce qui est de la catastrophe pour la France : je n’y vois qu’une illustration du vae victis. Il aurait gagné, ça aurait été le plus grand de l’histoire (mondiale), et pour l’ensemble complète de son oeuvre. Il a perdu une bataille sur 50 (Waterloo en l’occurrence, aucune en Russie), ça devient un pourri sur l’ensemble. Bon…

              – « La révolution avait gagné la guerre et la rive gauche du Rhin (les fameuses frontières naturelles) on aurait pu en rester là »
              Déjà, c’est cette fameuse révolution qui a déclaré la guerre à l’Autriche et non l’inverse, et encore moins Napoléon. Ca ne semble pas évident à la vue de votre remarque.
              Ensuite : la révolution avait tellement bien gagné que les soldats français à Nice, face aux Autrichiens d’Italie, étaient en train de mourir de faim, car non ravitaillés ni payés par Paris. Nommé à la tête de cette armée, Napoléon a pris le parti que la seule issue était de conquérir la très fertile plaine du Po. Ce qui semblait improbable, mais il y est parvenu quand même, sauvant au sens propre les (nombreux) survivants français de cette campagne.
              Il me semble d’ailleurs que ladite révolution l’a porté en triomphe pour ce succès inattendu…

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    • Sébastien // 29.08.2016 à 11h00

      A qui la faute? Mais la votre, entre autres. Que proposez-vous?

        +1

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  • noDJ // 28.08.2016 à 02h33

    L’Etat-Entreprise c’est davantage les Entreprises-Etat, ou Corporatocratie (gouvernement par les Corporations ou Entreprises, banques et transnationales).
    C’est le point d’arrivée du néo-libéralisme, l’Etat vidé de sa substance n’est plus qu’un prête-nom au service des seules Entreprises. C’est le fascisme du XXIe siècle, un néo-fascisme. Un gouvernement par les 0,0001 % (virgule déplaçable) creusant un écart toujours plus grand avec les 99,999 % restants pour garantir son pouvoir, au travers de toutes les manipulations.
    On en est pas là mais sur le chemin.

    Ce n’est pas une conspiration mondiale mais une tendance structurelle (qui peut aussi renfermer des conspirations de circonstance). Globalisme et transhumanisme en sont les idéologies préférées, mortifères pour la démocratie et la liberté individuelle.

    La Corporatocratie comme accomplissement naturel du néo-libéralisme.

      +43

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  • Louis Robert // 28.08.2016 à 03h28

    Il nous tue, ce faux espoir illusoire que notre salut viendra de ceux qui nous ont trahis et qui n’ont de cesse de nous tromper pour mieux nous asservir.

    « Le plus grand problème que le mouvement clandestin ait eu à affronter, écrit-elle, était « les faux espoirs, les grandes illusions ». La tâche primordiale du mouvement était de détruire ces illusions. Il fallait qu’on connaisse la vérité pour que le mouvement de résistance puisse s’étendre. »

    *

    Dire « Non! » au pouvoir impérial dictatorial est l’acte fondateur qui libère.

    « Il faut nous lancer dans des actes de désobéissance civile permanente… »

    *

    Le maître de sa vie meurt en combattant, l’arme à la main.

    « Espérons que nous ne devrons jamais faire le choix sinistre… de notre mort. Si nous ne réussissons pas à agir, cependant, ce choix définira un jour notre avenir, comme il a défini le leur. »

      +10

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    • jp // 28.08.2016 à 09h24

      « “Espérons que nous ne devrons jamais faire le choix sinistre… de notre mort. Si nous ne réussissons pas à agir, cependant, ce choix définira un jour notre avenir, comme il a défini le leur.”

      hélas il y environ une auto-immolation tous les 15 jours en France principalement devant des CAF ou des pôles emploi, responsable par leur incurie à traiter correctement les dossiers et les gens.

      la scène de cet extrait du dernier film de Ken Loach,
      https://www.youtube.com/watch?v=J3E5__ga96g
      j’en ai été spectatrice dans la vraie vie, sauf que personne n’est entrevu pour remettre l’employée à sa place, pas mm moi, pas par manque d’envie, mais par peur d’envenimer la situation car je ne saurais pas quoi dans ce cas-là

        +10

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  • jp // 28.08.2016 à 03h38

    « Il faut nous lancer dans des actes de désobéissance civile permanente, il faut provoquer des perturbations. » OK mais la moindre vétille, genre graffiti sur une affiche de pub commerciale vous vaut déjà une condamnation.

    « Notre résistance doit être non violente » c’est trop tard, il suffit de voir des vidéos du déchainement de violence des flics contre des manifestants pacifistes contre la loi travail je ne retrouve pas la source mais ça se compte en milliers de personnes.

    bilan du ps depuis 2012 https://www.bilan-ps.fr/liste

    en attendant, reste le petit sabotage

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    • gizzz // 28.08.2016 à 09h52

      Résister c’est aussi dire NON à votre banquier ou à votre médecin ou à votre propriétaire. Dire non en argumentant expose à des mesures de rétorsion, à des mises au ban, à des réactions de dégouts et de haine. Mais il arrive toujours un moment, lorsqu’on ne lâche rien, où les personne auxquelles on a affaire sont face à leur mauvaise foi, ont du mal à se justifier et on voit parfois, suite à cette confrontation qu’elles prennent conscience de justifier l’injustifiable. C’est un petit coin arraché à la propagande et au formatage des esprits.

        +9

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      • jp // 28.08.2016 à 10h22

        Pour la banque, c’est fait, et seule j’ai gagné un an d’exonération des nouveaux frais (30 euros/an) et prévois de la quitter avt la fin de l’année.
        Pour le médecin, je le laisse écrire ce qu’il veut mais à la pharmacie je ne prends pas tout ce qui est prescrit
        Pour la sécu, j’ai toujours refusé les dépistages automatiques de cancer qui ne servent qu’à enrichir les radiologues

        Le pire qui m’est arrivé est d’avoir été lâchée par l’asso d’aide aux handicapés dont je bénéficiais, du coup je suis bien dans la mouise parce que seule, c’est pas vraiment gérable, mais tant pis, je ne supportais plus leur leçons de morale et leur blabla parce que je suis végé donc « orthorexique », j’ai fait de la résistance passive pour les décourager.

          +17

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      • Age du faire // 28.08.2016 à 11h14

        Dire NON judicieusement est difficile et coûte toujours cher…Mais c’est à ce prix que nous gagnons notre liberté et surtout le pouvoir d’aimer;

        Il ne faut pas pour autant dire NON à tout.
        Après bien des ennuis de toutes sortes actuellement je dis OUI à mon propriétaire qui est très correct à travers l’agence.
        J’ai été propriétaire moi-même et eus à faire face à des locataires qui ne voulaient plus payer et qui cassaient tout!

        Par contre voir les autres reconnaître leur mauvaise foi, cela je ne l’ai JAMAIS constaté sauf quand j’étais partie des voix restées fidèles en sourdine me l’ont dit

        Il arrive certes que parfois l’exigence du respect de la loi opère! Mais que de batailles où vous ne pouvez dormir et qui vous épuise….
        Alors je comprends ceux qui n’ont pas la force morale de résister.

          +10

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      • UB // 29.08.2016 à 14h29

        La violence physique envers l’instrument politique serait inutile. Déchirer la marionette inquiéterait peu les marionnettistes. Il faut frapper, sans haine ni violence, là où cela fait mal: le portefeuille. Si les lavés du cerveau ne faisaient pas la queue pour acheter le dernier modèle de téléphone mobile, le fabriquant n’aurait plus qu’à fermer ses portes, mettant la pédale douce à l’exploitation mortifère des matières premières. Il y a une vie en dehors du centre commercial. Ceci est entre vos mains. Comme disait La Boétie, Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux.

          +6

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  • Pierre Bacara // 28.08.2016 à 03h38

    « Nos maîtres du monde des affaires savent ce qui va se passer. Ils savent qu’au moment où l’écosystème va s’effondrer, où les démantèlements financiers vont créer des déconfitures financières mondiales, où les ressources naturelles vont être inutilisables ou épuisées, le désespoir va faire place à la panique et à la rage.

    Est-ce certain ? Je veux dire : est-il certain que ces « maîtres du monde » le « sachent » ? Sur quels éléments cette affirmation repose-t-elle ?

      +13

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    • jp // 28.08.2016 à 04h28

      je crois que oui, ils savent. Pourquoi y a t-il de plus en plus de « gated communities »
      http://www.scriptoblog.com/index.php/notes-de-lecture/sociologie/212-ghettos-de-riches-thierry-paquot

      et de plus en plus de murs entre pays ?
      carte datant de 2011, ça s’accélère, le dernier en cours de construction est entre l’Algérie et le Maroc
      http://www.migreurop.org/IMG/pdf/map_4.5_murs_dans_le_monde.pdf

        +6

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    • Louis Robert // 28.08.2016 à 06h32

      @ Pierre Bacara

      Non seulement ils le savent, ils s’y préparent fébrilement depuis des années. D’où les « éléments » suivants, parmi tant d’autres:

      1. Surveillance omniprésente et incessante des communications et, par là, des populations.
      2. Infiltration accrue, perversion et démantèlement des mouvements contestataires et résistants.
      3. Militarisation extrême des diverses polices.
      4. Utilisation généralisée, par ces polices, d’agents provocateurs.
      5. Criminalisation des actes de résistance civile.
      6. Réduction des libertés civiles.
      7. Recours à de nouveaux règlements et à de nouvelles lois pour interdire de manifester.
      8. Répression et dissuasion par des jugements expéditifs et des peines exemplaires.
      9. Création de camps soupçonnés de devoir servir en cas de soulèvements populaires.
      10. Mise en place de services de « déradicalisation » et de rééducation.
      11. Exercice du pouvoir coercitif et de mesures d’exception: 49,3 et état d’urgence prolongé.

      Etc., etc., etc. …

      Bref, rien à voir avec une préparation au vivre-ensemble dans la paix et l’harmonie sociale.

        +46

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    • Eric83 // 28.08.2016 à 16h00

      Les « maîtres » du monde savent ce qui se passe puisque ce sont eux fixent les règles du « jeu » auxquelles les peuples doivent se soumettre. Cependant, ivres de leur pouvoir, ils sont hors-sol et ont perdu la maîtrise des conséquences de leurs créations.

      Je ne suis pas d’accord avec Chris Edges sur la chronologie de l’effondrement annoncé. L’effondrement de l’écosystème n’est pas « prévu » avant des décennies. Or l’effondrement financier pointe à un horizon beaucoup plus proche, voire très proche car les perfusions à coups de QE en trilliards et les taux négatifs, font certes léviter les cours de bourse grâce aux banques centrales, mais font s’écrouler l’économie à l’échelle mondiale.

      N’est-ce pas pour cela que les « maîtres » achètent des actifs tangibles – entreprises, terres arables, immobilier, mines, métaux précieux… – avec de la monnaie de singe gratuite imprimée par les banques centrales ?

        +9

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  • Renard // 28.08.2016 à 04h44

    On nage en plein point Godwin dans cette article tout de même..

    Comparer le système actuelle avec le régime hitlérien ou stalinien me semble abusif. Aujourd’hui certes, les mécanismes de propagande sont forts, mais nous ne sommes pas des résistants en lutte contre un pouvoir totalitaire. Et il serait malhonnête de se croire comme tel car eux étaient en présence de la mort tandis que nous, nous ne risquons rien pour nos opinions. Un peu de modestie tout de même..

      +9

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    • gizzz // 28.08.2016 à 09h58

      Et le racisme qui règne en maître sur nos médias et au café du commerce, ça ne vous rappelle vraiment rien? Allez dire aux bénévoles de la Croix Rouge qui se sont fait tabasser à chaque manif contre la loi travail, qu’ils ne risquent rien pour leurs opinions. Résister sur les forums, bien sur est moins dangereux.

        +11

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      • Age du faire // 28.08.2016 à 11h30

        A renard et à gizz,
        j’ai passé un an avec une petite camarade à retrouver nos souvenirs d’enfants de la guerre justement sur les pentes du mont-Valérien où nos résistants français ont été fusillés;

        Personnellement je pense que ce que nous vivons actuellement est bien un prémisse à ce que j’ai vécu, sur le long terme pas dans les comparaisons immédiates.
        Or bien des gens me disent que ce n’est pas du tout comparable, car la mort violente n’est pas en suspension.
        Certes car nos pensons tous aux résistants pas toujours clairvoyants d’ailleurs, qui avaient évidemment « la mort » pour horizon
        Mais jamais on n’a parlé des victimes civils de la guerre des victimes des bombardements de nos Alliés. La vie pour tous à l’époque ne tenait qu’à un fil celui du hasard!

        Et actuellement ce n’est pas la même chose en plus dilué certes…
        cependant à l’époque nous avions tous au coeur l’espoir que cela se termine et actuellement??
        On n’a qu’à s’informer sur la Grèce, la Syrie, l’Ukraine pour s’apercevoir que nous ne pouvons pas avoir beaucoup d’espoir….

          +18

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      • Sébastien // 29.08.2016 à 11h02

        Tabassés par des Gauchistes, précisez-le.

          +1

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    • jp // 28.08.2016 à 10h02

      « nous ne risquons rien pour nos opinions » vous peut-être mais ma fille (manifs) et moi (je ne vais pas me dénoncer ici on ne sait jamais) on risque au moins des brutalités policières (le fait d’être âgé ou handicapé ne les arrête pas), voire une GAV si on rouspète, parce dire « aie vous me faites mal », c’est outrage à agent.

        +16

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    • geoffrey // 28.08.2016 à 10h52

      il te faut voyager, camarade : tu verras que certaines grandes villes d’Amérique latine sont des zones de droit hors-état – l’état officiel n’y dirige rien !!!!
      et pour ce qui est de la liberté, il reste celle de mourir de faim, dans la plupart des pays d’Afrique…
      je préfère être interné…et toi ?
      geof’, le communiste 2.0 belge

        +5

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    • Homère d’Allore // 28.08.2016 à 10h54

      @Renard
      Certes la comparaison est excessive mais la difficulté que pointe Chris Hedges est la même.

      La plupart des gens sont convaincus que demain sera comme aujourd’hui. Ils préfèrent aussi, le plus souvent, tenter de s’en sortir individuellement sans rentrer dans une opposition frontale aux conditions qui les broient petit à petit.

      Concernant la conscience de nos « élites », il ne faut pas non plus l’exagérer. La plupart sont bien contents de leur situation sociale mais ne voient pas plus beaucoup plus loin que l’intérêt immédiat.

      Certes, les mesures de surveillance généralisée se multiplient mais cela peut aussi s’analyser comme une tendance lourde du capitalisme qui existe depuis sa gestation au XVI ème et XVII ème siècle (cf Foucault et Federici), donc en rien annonciatrice d’une quelconque conscience d »événements à venir.

        +3

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    • Incognitototo // 28.08.2016 à 16h03

      Bah, le système néo-libéral tue de façon plus insidieuse et anonyme, mais les morts sont néanmoins réels…

      Faites le compte macabre de ceux qui meurent :
      – par la pollution,
      – par les produits phytosanitaires,
      – par des médicaments pourris,
      – par la faim,
      – par la malbouffe,
      – par la maladie faute d’accès aux soins,
      – par le réchauffement climatique,
      – par les crises financières,
      – par les guerres pour préserver nos accès aux matières premières et à l’énergie,
      – par les guerres idéologiques menées par les USA depuis 45 (dont pour le seul Vietnam, 4 millions de morts),
      – par les guerres voulues par le complexe militaro-financier pour préserver leurs intérêts,
      – par l’indifférence… (liste non exhaustive)

      Tout ça au nom des dogmes néo-libéraux et sans que jamais les responsables ne soient inquiétés…

      Il est alors probable que le cumul du nombre de morts dépasse de loin ce que les idéologies totalitaires ont généré depuis 90 ans…

      Aucun point Godwin dans ces constats.

      Mais je vous l’accorde, on a au moins le droit de penser ce qu’on veut ; pas sûr cependant qu’on ait celui de choisir notre mort.

        +14

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  • scorpionbleu // 28.08.2016 à 09h09

    « Il faut allier le pessimisme de l’intelligence à l’optimisme de la volonté ». Gramsci

    Cet article qui fait froid dans le dos, est empreint d’une grande vérité, hélas.
    La lucidité fait peur ! Que la plupart des gens se berce d’illusions par faiblesse. « La lucidité est la blessure la plus proche du soleil » René Char. Donc les salauds et les corrompus ont des boulevards devant eux jusqu’au bout !

    • En 1999 Viviane Forrester dans « l’Horreur économique » annonçait ce que nous vivions et allions vivre. La plupart des gens était mal à l’aise.. trop pessimiste ! La suite, « Le pire est à venir » n’a eu aucun écho, un tout petit livre sorti après sa mort.
    • « La société en sablier » de Lipietz, cet essai est resté dans les tiroirs.

    • Récemment le cinéaste B Bonelli donne une vision lucide d’un ressenti insurrectionnel qui plane, chez les jeunes, peu préparés hélas. Allez voir « Nocturama », non retenu à Cannes of course ! impressionnant techniquement en plus…

      +13

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  • FINGE // 28.08.2016 à 09h16

    > Coquille dans le titre : « Chris Hedges » et non « Chris Edges ». 🙂
    —–
    Corrigé Merci

      +4

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  • Derek // 28.08.2016 à 10h22

    Si je comprends bien, le monsieur qui écrit compare la situation actuelle et l’oppression capitaliste à l’holocauste et les commentaires qui suivent en rajoutent une couche et prônent la lutte armée …
    Le tout avec une bonne pincée de théorie du complot comme il se doit …
    Il y avait un moment où j’aimais bien ce blog pour lire des articles et des réactions intelligentes bien marxisantes, anti libérales, pro russes, anti israéliennes et anti américaines avec lesquelles j’étais rarement d’accord, mais enfin … Ca ouvrait l’esprit. Là, on est passé de l’autre côté du miroir … Réveillez vous, on ne tue pas encore les classes laborieuses dans des chambres à gaz que je sache …Libéralisme et capitalisme = nazisme et holocauste ? on rêve… Remarquez, je lis aussi qu’on nous prédit l’effondrement du capitalisme pour les années qui viennent. Ca me rassure: avec des prédictions comme ca, je peux encore dormir tranquille, le bruit des fusils révolutionnaires n’est pas prêt de me réveiller …

      +3

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    • TuYolPol // 28.08.2016 à 18h24

      J’aimerais beaucoup qu’on me convainque vraiment que c’est faux, que le pouvoir n’est pas parti se diluer dans l’irresponsabilité des actionnaires, que les mécanismes de régulation et de négociation fonctionnent à temps, qu’il n’y a pas d’urgence devant l’évolution du climat, que les puissants néo-cons s’étioleront avant d’achever leurs projets, que les prémisses du contrôle social et policier ne sont qu’un épisode vite réversible, que l’humanisme demeure le compas qui guide notre futur. Je suis toute ouïe.

        +8

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  • TuYolPol // 28.08.2016 à 10h37

    Je m’attendais à un billet différent, vu le titre. Chris Hedges a énormément de valeur. Au début de cet article il donne sa vision de la manipulation perverse (cela me fait penser à la ponérologie) et de la force du déni et de l’anesthésie, sa conviction de l’imminence et de la fatalité de la catastrophe, mais pas de stratégie percutante pour en sortir. Comme si, effectivement, on constatait seulement que la peur d’un côté, l’anesthésie de l’autre, étaient les seuls déterminants de notre collectif, et que seuls la peur, l’imminence indéniable de la fin, auraient assez de poids pour éveiller nos sociétés frileuses.
    Se distinguent, dans cet autre tableau, les révoltés plus ou moins violents qui marquent notre nouveau siècle, en particulier, ajouterai-je, l’EI. Une autre lecture de l’EI pourrait être que c’est une des modalités d’un réflexe de survie face à ce que dépeint Chris Edge.
    Alors, si c’est le cas, vu que ce genre de délire est un repoussoir aussi fort que le naufrage décrit par Chris Edge, il faut un paquet d’imagination pour la contre-poussée.

      +1

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  • TuYolPol // 28.08.2016 à 10h56

    Nous sommes nombreux à sentir que tout ceci est exact. Et quelques-uns à déplorer, même en hésitant, que la rationalité est bien trop désarmée contre un tel fléau organisé. C’est même quelque-part la rationalité (frelatée, admettons) qui nous a menés où nous en sommes. C’est là qu’intervient un levier irrationnel mais si fort : la religion.
    Or, de tous bords, resurgit la religion sous de multiples formes, et même pas forcément du côté du contre-empire, de la contre-mondialisation, de la contra anti néo-libérale.
    C’est pourquoi je commence à me demander avec hésitation si le salut peut faire l’économie de ce levier, et encore, par quel médium, sous quelle forme ? Bien sûr, il y a l’autre signal : la réalisation du fléau, le coup de pied au cul de notre Terre, mais trop tard.

      +3

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    • Jusdorange // 28.08.2016 à 13h54

      À Tuyolpol,

      Votre hésitation est également la mienne. La foi mobilise des énergies déterminées. Mais activer un tel levier comporte des risques non négligeables.

      Le premier est de considérer les obstacles et difficultés comme forcément surmontables, tant on est confiant dans la réussite de l’entreprise, puisque celle-ci est sanctionnée par une puissance divine. Exemple : l’impréparation de Pierre l’Ermite.

      Le second est de créer des dogmes rigides, qui ne sauraient être remise en cause même quand la situation exige de la flexibilité. Les troupes allemandes et japonaises, manifestement surclassées à la fin de la SGM, comprenaient des éléments qui, si sûrs qu’ils étaient de leur supériorité, n’entendaient pas négocier.

      Le troisième est de mener des actions odieuses mais justifiées par le fait que le but poursuivi étant si noble, que ceux qui s’y opposent sont considérés comme des monstres qu’il est naturelle de supprimer.

        +2

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      • Louis Robert // 28.08.2016 à 14h55

        @ Jusdorange

        « Le premier… »

        *

        Chris Hedges : « Je ne combats pas les fascistes parce que je vaincrai. Je combats les fascistes peace qu’ils sont fascistes. »

        _________

        “I do not fight fascists because I will win. I fight fascists because they are fascists.”

        ― Chris Hedges, « Wages of Rebellion: The Moral Imperative of Revolt »

          +2

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        • Jusdorange // 28.08.2016 à 19h07

          À Louis Robert,

          Pouvez-vous svp clarifier ce que je crois être une objection à mon commentaire afin que je ne réponde pas à côté.

            +1

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          • Louis Robert // 29.08.2016 à 12h00

            @ Jusdorange

            Précisions:

            1. Hedges est « homme de foi »…
            2. Il est même ministre du culte.

            Observation sur les « risques »:

            3. Hedges ne considère pas « les obstacles et difficultés (dont il traite) comme forcément surmontables »‘.
            4. Il est peu « confiant dans la réussite de l’entreprise ».
            5. Cela ne l’empêche pas de lutter très courageusement.
            6. Il lutterait même s’il devait perdre.
            7. Pour lui, la révolte est ici un « impératif moral ».
            8. Il estime qu’en soi, la lutte qu’il propose consacre la dignité humaine, ce qui semble pour lui l’essentiel à sauver, en premier lieu.

              +2

            Alerter
            • Jusdorange // 29.08.2016 à 16h56

              À Louis,

              Je pense qu’il y a malentendu. Je ne crois pas avoir parlé de Chris Hedge du tout dans le comm auquel vous répondez.

              Par ailleurs je précise que se battre du fait d’un impératif moral à toute ma sympathie. Je précise également qu’être motivé par la foi, ou une aspiration profonde etc… est un outil intéressant.

              Ce que j’évoquais c’est les risques que l’excès de « foi » comporte, et les travers dans lesquelles on peut tomber si l’on n’y prend garde. Je n’affirme pas que Hedges soit dans cette situation. Je n’ai rien qui me permettrais de soutenir cela.

                +3

              Alerter
  • RGT // 28.08.2016 à 12h08

    Chris Edges fait de bonne analyses mais certaines de ses propositions montrent qu’il est quand-même un doux rêveur (ce qui n’ôte rien à la sympathie que j’ai pour lui).

    Il propose « des partis politiques, indépendants des machines politiques liées aux milieux d’affaires« .

    L’idée est excellente mais dans la pratique elle est irréalisable.

    Un parti politique est une structure centralisée et autoritaire sous la direction d’un seul homme (ou d’un « conseil d’administration« ) qui fait « ruisseler » ses décisions jusqu’aux militants les plus éclairés.
    Ces décisions doivent être totalement approuvées au risque d’exclusion, ce qui, pour un animal grégaire comme l’homme est la pire torture qui puisse être infligée.

      +5

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    • RGT // 28.08.2016 à 12h09

      Un parti libre et indépendant qui pourrait un jour avoir une importance quelconque se retrouverait immédiatement noyauté, infiltré, ses dirigeants corrompus, et les réfractaires impliqués dans des affaires sordides (« ballets roses » avec de jeunes garçons roumains, ça « claque » bien) ou victimes « d’accidents de la vie » (un pot de fleurs qui tombe d’une fenêtre est d’une banalité affligeante).

      Certes il existe au sein des partis des « trublions » (coucou Montebourg 🙂 ) mais ils ne sont là que pour donner une illusion de pluralité et ne vont jamais aller à l’encontre des intérêts réels de ceux qui « choisissent » les « grandes valeurs » du parti.

      Comme dans les « élections démocratiques libres » il y a quelques voix qui diffèrent de la grande messe, mais ils comptent pour des prunes. Ils sont juste là pour donner une illusion de « diversité » et de « liberté de pensée démocratique« .

      Il ne faudrait pas que les citoyens créent un parti mais se rassemblent en associations sans dirigeants et que le but de ces associations soit l’obtention de compromis qui permettent de satisfaire tous les membres.

        +5

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    • RGT // 28.08.2016 à 12h10

      Et si d’aventure il était nécessaire de nommer des représentants leur pouvoir décisionnel serait limité à la seule application des compromis du groupe, sous peine de révocation et d’annulation immédiate de leurs actions.

      Pas de dirigeants, compromis, révocation, annulation immédiate de choix contraire à l’intérêt général…
      Quelle horreur, cette abomination s’appelle Anarchie.

      Inacceptable, alors on va dénigrer ce système de pensée pour qu’il devienne fortement péjoratif et symbole de bordel ingérable.
      En plus, pendant que ces crétins discuteraient des choix de vie qui leur conviendraient ils n’auraient plus de temps de cerveau disponible pour s’abreuver de la Sainte Parole des pubs lessivières.

      Bordel ingérable certes, mais seulement pour ceux qui veulent que l’humanité suive à la lettre leurs propres décisions.

        +6

      Alerter
    • Eric83 // 28.08.2016 à 13h52

      Je suis « tombé » sur un livre très éclairant sur la caste politique au pouvoir en France et en particulier la « caste des 500 » dont l’accès ne peut se faire que sur parrainage(s).

      Ces 500 eux concentrent la quasi totalité des pouvoirs dont celui de décider de qui accède à quel pouvoir.

      « La caste des 500 » de Yvan Stefanovitch.

        +3

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  • Christophe // 29.08.2016 à 09h08

    « Dans le contexte qui est le nôtre, chaque personne est habitée par un « capitaliste intérieur » et un « alternatif intérieur ». Dès lors, c’est bien en menant de front, simultanément, les aspects de changement anthropologique individuel avec les enjeux collectifs de la transformation institutionnelle, qu’on pourra entrevoir l’autre économie, l’autre richesse – celle qui est associée à notre condition humaine et aux valeurs de notre modernité, mais que le capitalisme social-démocratique nous a fait perdre de vue. »
    source : https://blogs.mediapart.fr/edition/petite-encyclopedie-critique/article/030212/derriere-l-economie-la-question-du-sens-de-
    Et si la violence survient malgré tout…
    – fuir : la fuite fait partie des panoplies des animaux, des militaires ou des maîtres en arts martiaux ; préférez le développement de votre autonomie (potager, circuit court) à la confrontation directe : les manifs, ça sert à rien sauf à alimenter le cycle de la violence et de la souffrance;
    – en dernier recours, bien sûr, ne pas tendre la joue.

      +2

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  • yoananda // 29.08.2016 à 10h09

    La dystopie ca fait déjà un moment qu’elle est la … et bien pire que celle décrite dans l’article, mais nous nous en accommodons.

      +0

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  • Lebougre // 29.08.2016 à 16h31

    Monsieur Jorion vient de publier un livre qui traite du même sujet. Voir un extrait sur
    http://www.pauljorion.com/blog/2016/08/24/le-dernier-qui-sen-va-eteint-la-lumiere-chapitre-2-nos-voix-ont-cesse-detre-entendues/
    Bonne lecture à tous.

      +1

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  • XOLIOLI // 29.08.2016 à 18h26

    Pour éviter la dictature, nous avons instauré des régimes parlementaires. Mais le pouvoir n’est pas uniquement d’ordre législatif.
    Il est aussi important de mettre des limites sur les autres sources de pouvoir. Essentiellement l’argent pour les particuliers et les banques, les parts de marché pour les entreprises.
    Il me parait encore possible de revenir par le droit, à un recentrage sur l’intérêt général, avec de simples mesures constitutionnelles fixant le maximum auquel peut prétendre un individu ou une entreprises. Une révolution fondamentale !
    Reste t-il un politicien courageux pour tenter cela ?

      +3

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  • MIZZGIR // 29.08.2016 à 18h58

    Au point où nous en sommes il n’y a plus rien à faire.

    Il n’y a plus qu’à attendre que le « système » s’effondre de lui-même, rongé de l’intérieur par ses propres contradictions qui datent rien moins que du néolithique (!), époque à partir de laquelle les spécialisations verticales et horizontales ont commencé à se faire jour grâce à la création des premiers stocks agraires et des échanges qu’ils ont mis en branle.

    Les « sociétés complexes », les « états », les « civilisations » sont nées du « commerce » ou du moins de ce qui le précédait, et non l’inverse. Ne pas oublier cela.

    Par conséquent, à l’heure où nous sommes, il n’y a qu’une alternative :

    1/ Participer à fond au système et à toutes les saloperies qu’il génère afin de précipiter sa chute (et ainsi réduire les dégâts, puisque plus le système perdurera et plus il fera de dommages).

    2/ Rester en retrait comme on peut parce qu’on ne veut pas participer à quelque chose d’immoral, tout en se préparant à ce qui pourrait advenir après, ce qui n’est certes pas facile puisque les scénarii possibles de l’effondrement sont multiples. Comment savoir lequel choisir et donc se préparer en conséquence ?

    Au final, je me demande si la première proposition de l’alternative n’est pas la meilleure et la plus « morale »…

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  • georges glise // 29.08.2016 à 20h09

    amadeo bordiga, fondateur du parti communiste italien, écarté de la direction par le komintern au profit de gramsci, avait coutume de dire que le fascisme et le nazisme avaient gagné la guerre. cet article illustre bien cette thèse en montrant par quel processus les « démocraties sont évincées par le totalitarisme, processus conduit par les puissances économiques et financières, avec la complicité det des partis politiques et des médias, mais aussi par une corruption généralisée.

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