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20.août.201120.8.2011
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Perte du Triple A des USA : Cessez le fou !

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Alors que je m’apprêtais à écrire sur la BCE, la nouvelle vient de tomber : l’agence de notation Standard & Poor’s vient de dégrader d’un cran les USA, qui passent de AAA à AA+, en perspective négative.

Je remets donc à jour ce graphique de mon billet précédent – le club se réduit :

Notation dettes publiques

Notation dettes publiques

Bien qu’il n’y ait rien de très étonnant, que cela revienne à simplement passer la dette de « Sécurité : 20/20 » à « Sécurité : 18/20 », cet évènement est considérable, et le 5 août 2011 marquera probablement l’entrée officielle de la Crise dans sa phase II. C’est aussi un incroyable symbole du déclassement des États-Unis, de la perte de leur incontestable leadership depuis 1945.

Dans son communiqué de presse, Standard & Poor’s indique avoir ainsi sanctionné le manque de réalisme et de courage de l’accord intervenu la semaine passée pour le relèvement de la dette publique. Elle estime qu’il est très insuffisant pour stabiliser l’endettement public. Ceci va avoir pour conséquence d’augmenter le niveau des taux d’intérêt des obligations américaines, donc la charge de leur dette, donc le niveau de leurs déficits, donc le niveau de la dette. Spirale infernale, mais malheureusement logique, c’est la logique du défaut.

Rappelons que la première phase de la Crise, engagée avec la faillite de la banque Lehman Brothers en septembre 2008, a correspondu à la faillite du système bancaire, qui a été stoppée par les États.

Malheureusement, ceux-ci ont oublié ce principe de base du secourisme visant à éviter d’avoir 2 morts au lieu d’1 :

« La priorité du sauveteur est de se protéger. » [Référentiel national du secourisme, I.1-1]

Et ayant récupéré les dettes du privé, ils se retrouvent emportés à leur tour :

Dessin Humour Cartoon Dette

Dessin Humour Cartoon Dette

Alors, bien entendu, vous allez entendre de nouveau des reproches adressés aux agences des États-Unis, sur le fait qu’elles sont incompétentes et inconscientes, qu’elles vont affoler les marchés (comme s’ils ne l’étaient pas déjà…), qu’elles réalisent des « prophéties auto-réalisatrices ».

C’est totalement injuste. C’est assez vrai sur le fond, mais elles font leur travail, et elles sont parfaitement dans le vrai. Peut-on sérieusement mettre sur le même pied la dette des États-Unis avec celle de la Suisse, l’Autriche, l’Australie ou Hong-Kong ? Soyons sérieux ! Je rappelle cette étude de Natixis qui montre pourquoi l’agence de notation chinoise a raison sur ses consoeurs en étant beaucoup plus sévère. Soulignons enfin que S&P avait placé le AAA des États-Unis en surveillance négative le 18 avril 2011 – ce qui n’a pas empêché les élus de mener un jeu sidérant sur le relèvement du plafond…

« Pour qu’un plan soit crédible, nous pensons qu’il est nécessaire d’obtenir l’appui d’une large partie des leaders des partis politiques. […] Un compromis qui parviendrait à un accord sur un programme complet de consolidation budgétaire – comprenant des mesures de réduction du déficit d’un niveau proche de celui récemment proposé, et combiné avec des mesures significatives vers une mise en oeuvre d’ici 2013 – est notre hypothèse de base et pourrait nous conduire à réviser la perspective à Stable. À défaut, l’absence d’un tel accord ou une détérioration fiscale significative pour n’importe quelle raison pourrait nous conduire à abaisser la notation. » [Communiqué de presse Standard & Poor’s sur le passage du AAA en perspective négative, 18 avril 2011] »

« Nous considérons que la corde raide politique des derniers mois met en évidence que la gouvernance des États-Unis devient moins stable, moins efficace et moins prévisible que ce que nous pensions auparavant. Le plafond légal de la dette publique et la menace d’un défaut de paiement sont devenus une monnaie d’échange politique dans le débat sur la politique budgétaire.

Malgré un large débat cette année, il nous apparaît que les différences entre les partis politiques se sont avérées extraordinairement difficile à concilier, et, comme nous le voyons, l’accord final est bien en deçà du programme de complet assainissement budgétaire que certains avaient envisagé jusqu’à tout récemment. » [Communiqué de presse Standard & Poor’s sur la perte du AAA, 5 août 2011]

« L’agence S&P n’a fait que confirmer une horrible vérité. […]

La Chine a désormais tous les droits d’exiger des Etats-Unis qu’ils s’attaquent à leur problème structurel de dette. […] L’agence chinoise de notation Dagong avait déjà abaissé la note de la dette américaine mercredi.

Les jours où le gouvernement américain, perclus de dettes, pouvait facilement dilapider des quantités infinies d’emprunts de l’étranger semblent comptés. […] Afin de soigner leur dépendance aux dettes, les États-Unis doivent rétablir le principe de bon sens selon lequel il faut vivre selon ses moyens.

Un contrôle international du dollar devrait être mis en place et une nouvelle monnaie de réserve, stable et mondialement garantie pourrait également être une option pour éviter une catastrophe causée par un seul pays.

International supervision over the issue of U.S. dollars should be introduced and a new, stable and secured global reserve currency may also be an option to avert a catastrophe caused by any single country. [Extrait du communiqué de presse Chine Nouvelle Xinhua, 6 août 2011]

« Ce qui doit arriver arrive. » [Jacques Rueff, citant Faust de Goethe]

Faire des reproches aux agences revient à blâmer le thermomètre car le malade à de la fièvre. Je dirais même que « quand l’agence de notation montre la dette, l’imbécile regarde le doigt ». S’il serait intéressant d’avoir une agence publique de notation européenne (une de mes propositions), je considère que les analystes devraient avoir une responsabilité personnelle sur les notations : cette agence ne devrait pas être créée pour distribuer du AAA à tous les États européens, comme on peut le lire entre les lignes des déclarations actuelles… Personnellement, je ne donnerais la moyenne à la dette d’aucun État occidental ; c’est triste, mais c’est ainsi.

« Nous pouvons échapper à la réalité, mais nous ne pouvons échapper aux conséquences du fait de s’échapper de la réalité. » [Ayn Rand]

Les Hommes politiques devraient plutôt battre leur coulpe sur leur gestion des finances publiques depuis 30 ans – mais étrangement, on entend fort peu ce refrain, et certains reviennent même donner des leçons…

Par ailleurs, AVANT d’avoir cette infirmation, la Bourse de Paris a battu un record historique : 10 séances de baisse de suite, cela n’était jamais arrivé depuis la création de l’indice en 1987, et même depuis 1969, début des archives (pour l’anecdote, les précédentes périodes de 9 jours de baisse étaient : novembre 1972, aout 1974, mars 1982 et septembre 2002). Gageons que le record devrait être approfondi la semaine prochaine…

Evolution historique du CAC 40
Evolution historique du CAC 40

Notez le royal + 0% net d’inflation sur l’investissement boursier moyen en 14 ans – super, IN-VES-TI-SSEZ en Bourse qu’on vous dit… (et encore, c’est une moyenne, sachant qu’elle est issue des ordinateurs des banques qui gagnent et des petits-porteurs qui perdent…)

Bref, tout ceci est bien inquiétant quand on mesure l’ampleur des dettes :

Dettes

Quant à nous, et bien les problèmes approchent. Les investisseurs, paniqués, se ruent sur la dette allemande qu’ils considèrent comme la plus sure. Soulignons au passage que c’est parfaitement stupide (mais bon, on sait que les marchés ne sont pas rationnels…) car, si l’Allemagne est le grand pays le plus rigoureux d’Europe :

  • sa dette est avec 2 000 000 M€ la plus grande d’Europe, et du même du même ordre de grandeur de PIB que la nôtre ;
  • sa population diminue ;
  • sa population est la plus vieille d’Europe et vieillit encore ;
  • c’est au passage le pays qui travaille le moins en Europe ;
  • son économie est bâtie sur les exportations qui vont chuter avec la récession qui arrive.

Evolution population France Allemagne

Sacré bon emprunteur, non ?

Et bien pour la première fois, il y a une sévère différence de taux entre la France et l’Allemagne, on frôle désormais les 1 %, preuve d’un début de défiance envers la France :

Spread taux France Allemagne

J’en reviens à mon article de base. « Cessons le fou » :

AFP | 06.08.2011 | 07:49

Selon l’Italie, la BCE achètera des obligations italiennes lundi

La situation de l’Italie dans la crise de la dette devrait trouver une accalmie lundi [sic !]. La Banque centrale européenne (BCE) est d’accord pour commencer à acheter des obligations d’Etat italiennes à partir de ce jour. Elle le fera en échange de l’engagement du gouvernement italien à accélérer la réduction des déficits, a annoncé un ministre italien.

« Tout le monde craint que nos obligations ne deviennent des bouts de papier sans valeur mais avec le retour à l’équilibre budgétaire un an plus tôt (que prévu), la BCE a garanti qu’à partir de lundi elle achèterait nos obligations », a déclaré aux journalistes le ministre des réformes institutionnelles Umberto Bossi.

Interrogée dans la nuit, l’institution monétaire de Francfort a refusé de confirmer cette déclaration. « La BCE refuse de commenter », a indiqué une porte-parole.

Jeudi, son président, Jean-Claude Trichet, avait annoncé qu’elle avait repris son programme de rachat d’obligations publiques sur le marché secondaire, où s’échangent les titres déjà émis, qu’elle n’avait plus mis en oeuvre depuis 18 semaines, pour tenter de ramener le calme sur les marchés.

Mais il avait refusé de dire si la BCE, qui jusqu’ici a acheté des obligations de la Grèce, de l’Irlande et du Portugal, allait racheter des obligations espagnoles et italiennes. Leur taux atteignent des records depuis quelques jours.

« Pour nous, c’est une solution, une garantie », a ajouté M. Bossi. « Nous avons absolument besoin de ces obligations parce que si nous n’arrivons pas à les vendre, nous ne pourrons pas payer les retraites ou la santé, c’est donc une obligation pour nous », a-t-il ajouté.

Je rappelle ces articles :

« L’Union ne répond pas des engagements des administrations centrales, des autorités régionales ou locales, des autres autorités publiques ou d’autres organismes ou entreprises publics d’un État membre, ni ne les prend à sa charge, sans préjudice des garanties financières mutuelles pour la réalisation en commun d’un projet spécifique. Un État membre ne répond pas des engagements des administrations centrales, des autorités régionales ou locales, des autres autorités publiques ou d’autres organismes ou entreprises publics d’un autre État membre, ni ne les prend à sa charge, sans préjudice des garanties financières mutuelles pour la réalisation en commun d’un projet spéci­fique. » [Article 125 du Traité sur l’Union Européenne, dite de no bail-out]

« Est interdite toute mesure, ne reposant pas sur des considérations d’ordre prudentiel, qui établit un accès privilégié des institutions, organes ou organismes de l’Union, des administrations centrales, des autorités régionales ou locales, des autres autorités publiques ou d’autres organismes ou entreprises publics des États membres aux institutions financières. » [Article 124 du Traité sur l’Union Européenne]

« Il est interdit à la Banque centrale européenne et aux banques centrales des États membres, ci-après dénommées «banques centrales nationales», d’accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l’Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres; l’acquisition directe, auprès d’eux, par la Banque centrale européenne ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite.« [Article 123 du Traité sur l’Union Européenne]

La BCE n’a pas à racheter ces obligations pourries. Elle n’a pas à monétiser cette dette gigantesque. Si elle le fait, elle va de nouveau protéger les investisseurs privés et leur éviter des pertes (vous êtes un investisseur, vous avez une obligation italienne risquée, la BCE vous la rachète, vous ne perdez rien, la BCE porte désormais le risque voire les pertes), en se mettant en grand danger.

Une autre intéressante étude Natixis le rappelle fort à propos : « Il n’y a aucune justification à la détention de dette publique par les banques« , ce n’est pas son métier, et c’est très risqué.

Et il en est de même pour la Banque Centrale ! C’est le prêteur en dernier ressort, le garant ultime de la monnaie, il ne faut pas la transformer en Bad bank. Si elle dégrade trop son bilan, elle risque d’entraîner une perte de confiance dans la monnaie, et une hyperinflation si elle créait de la monnaie pour ces achats, comme le fait la FED (qui devrait annoncer une 3ème opération « planche à billets » au vu du contexte, fragilisant de nouveau le dollar). Ce n’est qu’un risque, pas une certitude, mais j’estime qu’il est bien trop grand pour être pris, et qu’il n’a même pas de justification démocratique sérieuse. Elle n’a pas à se lancer dans de l’acharnement thérapeutique pour protéger une poignée de riches prêteurs, sans empêcher l’inéluctable défaut…

Billet 1 billion de marks 1923
Un joli billet de 1 000 000 000 000 de marks (1 billion = 1 000 milliards) de 1923
Billet 100 billions de marks 1923
Le record : le billet de 100 000 000 000 000 de marks (100 billions) de 1923

Cela me fait penser à une belle expérience psychologique à mener. Imaginer ce « jeu » : vous devez choisir entre recevoir une gifle demain, deux gifles après demain, 3 le surlendemain, etc. ; l’expérimentateur mettra fin au jeu quand il le souhaitera, et « soldera » les gifles qui vous sont dues. Que faites-vous ? Logiquement il vaut mieux prendre la gifle tout de suite, mais bon, je pense que beaucoup préféreraient attendre. C’est ce que font les politiques, sachant qu’ils se disent aussi que c’est leur successeur qui réglera la « facture ». 🙂

Ceci n’a pas échappé aux allemands, dont le président de la banque centrale (pour les raisons illustrées ci-dessus…) s’est opposé sans succès jeudi aux nouvelles opérations d’achat d’obligations publiques, tout comme le chef économiste de la BCE, qui est passée outre. Cela promet de beaux débats – espérons qu’ils gagneront… Que les États soldent leurs comptes sans tricher !

Je rappelle mon propos de ce billet par un petit syllogisme :

  • Majeure : quand l’euro a été négocié, les allemands ont imposé que la État ne se financent que sur les marchés financiers, sans solidarité entre pays. Le but était que les États ne fassent pas n’importe quoi de leurs finances, sous peine d’être sanctionnés dans la douleur par les marchés au niveau de leurs taux d’intérêts. Il y avait aussi un pacte de stabilité (bien trop laxiste à mon sens) ;
  • Mineure : les États ont fait n’importe quoi de leurs finances et n’ont pas respecté le pacte de stabilité ;
  • Conclusion (en cours…) : les États vont être sanctionnés dans la douleur

C’était clairement marqué sur le mode d’emploi pourtant…

Il est désormais trop tard pour pleurer – les pertes (qui sont actuellement portées par les États) vont devoir doivent être facturées aux individus, reste juste à déterminer lesquels… Je ne porte pas de jugement sur « c’est bien » ou « c’est mal », c’est juste comme cela, tout surendetté qui continue à s’endetter finit par faire défaut…

Préparant un billet sur la dette française, je vous propose en avance ce graphique :

Historique dette publique France

Relativisons d’abord les niveaux maximums : l’économie était agricole, les marchés financiers inexistants, la détention de la dette très morcelée… De tels niveaux ne sont plus envisageables de nos jours…

Il saute aux yeux que, passé un certain niveau (pas bien haut d’ailleurs…), l’État ne rembourse jamais sa dette :

  • il fait défaut, comme en 1797 : défaut officiel ;
  • il laisse l’inflation réduire sa dette, et rembourse donc en monnaie de singe, comme à la fin de la seconde guerre mondiale : défaut officieux.

Plus de deux siècles d’expérience devraient pourtant permettre aux gens de garder à l’esprit le risque de prêter à l’État, qui n’a e, fait jamais remboursé ses dettes… Ces prêts sont en fait une très bonne affaire – jusqu’au défaut, comme pour Madoff…

« L’état, pas plus qu’un particulier, n’est tenu à l’impossible : donner au-delà de ce qu’il possède. » [Emmanuel Crétet, rapporteur de la commission du Conseil des Anciens, 16 septembre 1797]

« J’efface les conséquences des erreurs du passé pour donner à l’Etat les moyens de son avenir. » [Dominique Ramel, ministre des Finances du Directoire, 30 septembre 1797]

Ce risque est d’ailleurs rémunéré : les personnes qui ont prêté à l’État en 1995 pour 30 ans à 6 % par an ne peuvent se plaindre, car si le prêt était sans risque, son rendement ne devrait guère dépasser les 3 % (taux sans risque vu l’inflation). On ne peut à la fois toucher la prime de risque ET ne pas être soumis au risque… 3 % de prime de risque cela fait en théorie 3 % de probabilité de perte par an, soit plus 50 % de probabilité qu’un défaut total ait lieu dans l’intervalle…

Rappelons cette phrase issue du grand discours de Thomas Sankara, ayant fait l’objet d’un billet précédent :

« Ils ont joué, ils ont perdu, c’est la règle du jeu, la vie continue… » [Thomas Sankara, Un front uni contre la dette, 1987]

Je citerai un autre grand penseur, Noam Chomsky (je viens d’ailleurs de voir qu’un nouveau blog lui est consacré, www.noam-chomsky.fr, que je vous recommande, il est plein de pépites !)

« Supposons que je vous prête de l’argent et que je sache que vous pourriez ne pas être en mesure de me rembourser. Alors je vous impose des taux d’intérêt très élevés, pour que je récupère au moins ça si vous n’avez plus aucun argent. Et supposons qu’à un certain moment vous ne puissiez plus payer votre dette. Et bien dans un système capitaliste cela devrait être mon problème. J’ai fait un prêt risqué qui m’a fait gagner beaucoup d’argent grâce aux taux d’intérêt élevés et maintenant vous ne pouvez plus me rembourser. D’accord, c’est dur pour moi. C’est le système capitaliste. Mais ce n’est pas la manière dont fonctionne notre système. […] Si je vous prête de l’argent et que vous ne me remboursez pas, dans un système capitaliste, je ne peux pas demander à mes voisins de me rembourser, mais le FMI le fait, à savoir le contribuable états-unien. Il s’assure que les prêteurs et les investisseurs sont protégés. » [Noam Chomsky, 2009]

« Les banquiers n’aiment pas l’inflation. Ils veulent la réduire au maximum. Même quand elle est très faible, comme c’est le cas aujourd’hui. Même si cela implique de ralentir l’économie et de faire souffrir la population. Mais tout cela constitue bien un programme social. Pour un pays comme la Grèce, une autre solution serait de refuser de payer sa dette. On évoque ailleurs le terme de « dette odieuse » pour signifier qu’elle n’a aucune légitimité, qu’elle n’a pas été contractée par la population, que l’argent a été emprunté par une petite clique au profit des gens les plus riches : ceux qui ne paient pas leurs impôts. Logiquement, ce serait à eux de rembourser la dette. [Noam Chomsky, Si vous arrivez avec un fusil, ils viendront avec un tank, 2010] »

La semaine prochaine s’annonce riche en émotions…

« La dette publique fut le germe de la liberté. Elle a détruit le roi et l’absolutisme. Prenons garde qu’en continuant à vivre, elle ne détruise la Nation et nous reprenne la liberté qu’elle nous a donnée ». [Mirabeau, 1789]

EDIT 07/08 : « Le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE) doit tenir une réunion extraordinaire dimanche vers 16h GMT (18h heure française) sur la crise de la dette « La réunion n’était pas initialement à l’agenda, mais je ne dirais pas qu’il s’agit d’une réunion d’urgence », a affirmé laconiquement une des sources proches du dossier [SIC !]. » [NouvelObs]
EDIT 07/08 : « Nous avons un très sérieux problème avec les agences de notation », avait ainsi affirmé José Manuel Gonzalez-Paramo, membre du Conseil exécutif de la BCE » => Non, non, nous avons un très sérieux problème avec les finances publiques gérées par des clowns depuis 30 ans…
EDIT 07/08 : « La Bourse de Tel Aviv clôture sur une baisse de 7% » => Les paris sont ouverts pour demain… -3 %, -5 % ? Bon après tout est possibles, les marchés sont tellement manipulés et nous risquons de voir ceci à l’oeuvre…
EDIT 08/08 : « La banque centrale européenne, qui a annoncé ce soir qu’elle interviendra de manière déterminée sur les marchés, va acheter de la dette italienne et espagnole, a indiqué une source proche de la banque. » Comprenons bien : des investisseurs privés ont de la dette publique italienne. Elle risque de ne pas être remboursée. Et la BCE va leur racheter, donc elle prendra le pertes. Comment transférer les pertes du privé au public, merci pour eux M. Trichet, je serai heureux de payer plus d’impôt ou de subir de l’inflation pour que Liliane Bettencourt ne subisse pas de pertes sur ses investissements…
EDIT 08/08 : « Je pense que S&P a émis un jugement terriblement mal avisé» en abaissant pour la première fois de leur histoire la note attribuée à la dette des Etats-Unis, a déclaré M. Geithner, sur la chaîne NBC. «Ils ont fait preuve d’un manque effarant de connaissances sur les mathématiques fondamentales du budget des Etats-Unis. Et je pense qu’ils ont tiré exactement la mauvaise conclusion», a-t-il poursuivi. => Pour une vision juste des pros des mathématiques, cf ce lien du blog aux infos du nain
EDIT 08/08 : bon, ben -5 % alors au final…

P.S. Vous trouverez également la semaine prochaine une série de billets sur les inégalités des revenus aux États-Unis assez effrayante, et qui ne manque pas de sel au vu du combat des républicains pour éviter toute hausse d’impôts des riches…

 

P.P.S. : j’en profite d’ailleurs pour vous remercier de votre fidélité et de la grande publicité que vous faites à ce blog, à l’occasion de son entrée dans le Top 10 des blogs économiques de France. Je le dis sans vanité (je n’écris rien de bien extraordinaire dans le fond, c’est juste un peu de mise en perspective…) ; cela fait simplement plaisir de ne pas travailler pour rien… 🙂


Dessin Humour Cartoon Dette

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51 réactions et commentaires

  • Trevisan // 06.08.2011 à 13h52

    La nouvelle note est AA+ et non A+ comme indiqué au début du billet, mais cela ne change rien à l’importance de l’événement.

      +0

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  • pratclif // 06.08.2011 à 14h05

    Je viens aussi de publier ce billet.
    http://tinyurl.com/3mpvah9
    Cordialement

      +0

    Alerter
  • BA // 06.08.2011 à 15h46

    Samedi 6 août 2011 :

    La Bourse saoudienne, la première place boursière mondiale à réagir à la dégradation de la note souveraine américaine, a perdu 5,46 % samedi en clôture, dans un marché inquiet de cette décision sur les Etats-Unis et aussi affecté par la situation dans la zone euro.

    Ouverte le samedi alors que les autres places financières sont fermées, la Bourse de Ryad, la plus importante du monde arabe, est la première à réagir à la décision historique, prise vendredi par l’agence de notation financière Standard et Poor’s, d’abaisser la note souveraine des Etats-Unis.

    A la clôture samedi, l’indice vedette Tadawul All-shares (TASI) a terminé à 6.073,44 points et la baisse a concerné toutes les valeurs de l’indice.

    Le marché saoudien a réagi au coup de tonnerre créé par la décision de l’agence de notation financière Standard and Poor’s (S&P) de priver les Etats-Unis de sa notation AAA attribuée à sa dette publique, pour la première fois de leur histoire.

    « La décision de S&P et les problèmes de dette en Europe effrayent les investisseurs », a déclaré un analyste financier Abdulwahab Abou Dahesh.

    Les actions des grandes banques saoudiennes ont perdu 4,7 % (Al-Rajhi a cédé 5,2% et Samba Bank -6,98%).

    Celles des compagnies pétrochimiques ont reculé de 6,7% comme les actions du groupe Sabic (-5,54%). Les valeurs liées aux groupes de construction ont également abandonné 6,4%, tout comme celles du secteur des télécommunications avec les actions de STC, qui ont lâché 2,56% et celles de Zain KSA (-6,15%). Etihad Etisalat a aussi perdu 5,9%.

    « Les actions saoudiennes ont réagi à deux facteurs : les fortes pertes enregistrées sur les marchés financiers ces derniers jours, la baisse des cours pétroliers, et la décision de S&P sur la dette américaine », a indiqué l’économiste Mohammed al-Omran dans un entretien à la chaîne de télévision Al-Arabiya.

    http://www.romandie.com/news/n/_La_Bourse_saoudienne_1ere_a_reagir_apres_la_degradation_des_USA_perd_546060820111608.asp

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  • Alain-Marie Carron // 06.08.2011 à 15h49

    Merci encore pour votre travail et bravo pour figurer maintenant au rang des 10 blogs d’économie les plus lus en France… Comme les temps changent. Il y a une dizaine d’année qui aurait seulement pensé qu’un blog comme le vôtre ou celui de Paul Jorion put obtenir une large audience. Mais il est vrai que, pour faire un 2e ou 3e degré à partir du titre du récent livre de Kenneth Rogoff: « This time is different »…

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  • Nihil // 06.08.2011 à 16h41

    « L’audience » de votre blog progressera encore et ce sera mérité. Clarté & humour, c’est « clamour » quoi….On apprend que l’on se casse la figure et on comprend pourquoi, mais en souriant pendant la chute. La zenitude appliquée à l’économie ! Après, ben..
    Allez, on y croit (soupirs)
    🙂

      +0

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  • 1Direct // 06.08.2011 à 17h02

    La chine possesseur de 1,1 trillions de dollars a peur de perdre des milliards.
    Et ce n’est pas un suspense. C’est une peur réelle car elle vont y laisser beaucoup.
    Les chinois n’ont plus qu’à faire chauffer les calculettes.

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  • RonRon // 06.08.2011 à 19h01

    « Personnellement je pense que les 3 agences anglo-saxonnes ne dégraderont jamais les US avant que le marché n’ait largement incorporé cette dégradation dans les prix des obligations. Les agences ne feront que confirmer ce que tout le monde avait déjà prévu. Ce sera un non événement et personne ne pourra les accuser d’avoir provoqué le moindre cataclysme. »
    Quand, j’ai lu ça, j’étais à 100% d’accord … ça sent l’embrouille !?! S&P n’a pas fait ça sans concertation ?

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  • sns // 06.08.2011 à 21h48

    S&P n’a-t-elle pas allumée une mèche lente? Pour l’instant, les gouvernements n’ont pas attaqués le thermomètre (malgré leur rôle dans la diffusion des produits structurés fondées sur les subprimes).
    Les Etats-Unis sont considérées comme la référence économique: soient S&P s’érige le droit de dire la norme, soient les autres ne suivent pas. Dans les 2 cas, on peut s’attendre à des réactions des Etats qui, aux dernières nouvelles, définissent le droit…
    Donc toutes les règlements internes notamment de l’IASB pourraient finir à la trappe sauf si le lobby financier international existe et peut agir sur tous les Etats concernés.

      +0

    Alerter
  • José // 07.08.2011 à 03h46

    Jeu de la gifle: je pense que les politiques ont raison de temporiser, ils savent très ien que l’électeur a une mémoire de poisson rouge. Et c’est peut-être là le premier défaut de la démocratie.

      +0

    Alerter
  • Polaire // 07.08.2011 à 07h38

    Pourquoi ne pas parler de la note de l’UK ?
    Quelles sont les raisons de son maintien triple A ?
    Quant aux raisons du triple A français, il faut aussi citer le niveau d’épargne des nationaux

      +0

    Alerter
  • BA // 07.08.2011 à 08h18

    La Bourse de Tel-Aviv (TASE : Tel Aviv Stock Exchange) est la Bourse d’Israël.

    Dimanche 7 août 2011 :

    Le TA-25 s’effondre de 5,24 %.

    http://www.tase.co.il/TASEEng/MarketData/Indices/MarketCap/IndexMainDataMarket.htm?IndexId=142&Action=1

    Le TA-100 s’effondre de 5,69 %.

    http://www.tase.co.il/TASEEng/MarketData/Indices/MarketCap/IndexMainDataMarket.htm?IndexId=137&Action=2

      +0

    Alerter
  • BA // 07.08.2011 à 08h31

    Israël : échanges suspendus à la Bourse de Tel-Aviv après chute de 6 %.

    JERUSALEM – Les échanges de la Bourse de Tel-Aviv ont été suspendus dimanche après une importante baisse enregistrée dans le sillage de la dégradation de la qualité du crédit des Etats-Unis.

    Selon la radio publique israélienne, l’indice TA-100 des cent premières valeurs de la Bourse de Tel-Aviv a plongé de 6% avant la suspension des échanges, au début de la semaine boursière.

    De même source, le TA-25, l’indice qui regroupe les 25 plus importantes capitalisations du marché, a de son côté baissé de 5,2%.

    Vendredi, l’agence Standard and Poor’s a abaissé d’un cran la note attribuée à la dette publique des Etats-Unis, pour la première fois dans l’histoire de ce pays.

    La Bourse de Tel-Aviv est l’une des rares Bourses au monde à être ouverte dimanche.

      +0

    Alerter
  • Anastasia // 07.08.2011 à 09h10

    Bravo pour ce blog que je consulte très fréquemment, puisque vous le mettez à jour au moins une fois par jour !

    Seule remarque : pourriez-vous indiquer les sources des nombreuses citations dont vous agrémentez le blog ? En particulier, il y a celle attribuée à Napoléon concernant les banquiers et que l’argent n’a pas de patrie, qui circule partout sur internet, sans jamais aucune référence, et m’apparaît par conséquent douteuse.

    Cela n’enlève rien à la qualité de votre travail, et encore bravo.

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  • pratclif // 07.08.2011 à 09h24

    Il est bon de voir ou revoir la video « l’argent dette » de Paul Grignon.
    http://tinyurl.com/5wzpjq

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  • José // 07.08.2011 à 09h33

    Alors, est-ce que bientôt Mistress Lagarde va enfiler sa combinaison de cuir noir et dominer de ses fouets la polissonne économie américaine, comme si souvent pratiqué ailleurs par le FMI?

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    • José // 07.08.2011 à 09h34

      ERRATUM vous aurez corrigé de vous-même: le SMi

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  • VAN BECELAERE // 07.08.2011 à 10h07

    Bravo pour être dans le top ten des blogs économiques.Cela est du à votre pédagogie qui est simple et compréhensible par le plus grand nombre.Et ce « succès » est certainement du aussi à la recherche de la vérité économique par de plus en plus de gens.Suite à 40 ans d’erreurs de tous nos politiques et aux enjeux sociétaux et environnementaux, nous avons besoin d’avoir des explications simples.
    Tout porte à croire à un grand chambardement financier et économique, et si cela doit craquer, relisons tous le texte d’investiture du Président Roosevelt…Cela vous évoquera de larges similitudes avec ce que nous vivons en ce moment…

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  • François // 07.08.2011 à 11h06

    Je recommande la lecture d’un article du blog de l’économiste Robert Reich, « Professor of Public Policy at the University of California at Berkeley », qui est apparu sur diverses télévisions et sites sur l’économie à ce sujet.
    http://robertreich.org/post/8542550924
    Il est hautement comique de mettre en parallèle cette indignation sur ‘l’intrusion’ bien entendu inadmissible de S&P dans la politique Etats-Unienne, et les commentaires condescendants de ces mêmes télévisions et sites sur l’Europe en général (sauf l’Allemagne bien entendu), et en particulier les PIIGS, paresseux et incapables de s’attaquer à leurs vrais problèmes, et dont la note a été dégradée de nombreuses fois sans susciter pareille réaction.
    Ceci dit, une fois la note des EU dégradés, la France devrait suivre sous peu.

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  • BA // 07.08.2011 à 11h30

    Dimanche 7 août 2011 :

    Effondrement de la Bourse d’Israël :

    TA-25 : chute de – 6,07 %.

    http://www.tase.co.il/TASEEng/MarketData/Indices/MarketCap/IndexMainDataMarket.htm?IndexId=142&Action=1

    TA-100 : chute de – 6,48 %.

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    • François // 07.08.2011 à 15h17

      Les bourses saoudienne et israélienne étant fermées le vendredi, ne font pour l’instant que suivre la tendance des marchés de vendredi. Il est trop tôt pour en tirer des conclusions sur la tendance de lundi. De plus leur capitalisation est faible.
      Par contre suivre le NIKKEI lundi matin tôt donnera la vraie tendance.

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  • José // 07.08.2011 à 17h19

    La mémoire des peuples étant très limitée, si nous voulons voir cette période prospère que vous appelez de vos voeux il serait bon, à titre préventif, de créer une fondation chargée d’acheter les toiles des peintres ratés, leur évitant ainsi de dériver vers la mégalomanie parano.

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  • José // 07.08.2011 à 17h28

    Au fait, les données et méthodes de rating des agences sont-ils accessibles au public? Etant donné les conséquences de leurs décisions, ce serait la moindre des choses. L’Histoire fait pencher pour la réponse négative, sinon comment expliquer le pataquès des subprimes?

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    • bqlou // 07.08.2011 à 19h18

      Je ne mettrai pas ma main a couper, mais je ne crois pas que la méthodologie qu’elles utilisent soit publique. Ca serait un peu comme si coca cola balancait sa recette. Mais globalement les méthodes doivent être assez proches je pense. Le problème est qu’il n’existe pas de méthodes fiables à 100%…
      Pourquoi utiliser le taux dette publique/PIB plutôt que déficit public ou un autre ?
      Si la recette mirable existait, elle serait connue à mon avis…

      Sinon pour l’auteur de ce blog : merci pour votre travail 🙂 Impatient de voir vos chiffres sur la France.

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  • Trubli // 07.08.2011 à 23h15

    « S’il serait intéressant d’avoir une agence publique de notation européenne (une de mes propositions) »

    En fait il y a déjà une agence européenne puisque FITCH appartient à la FIMALAC, la société de Marc Ladreydt de Lacharrière un milliardaire français qui siège au conseil d’administration de plusieurs grands groupes français et du conseil consultatif de la Banque de France.

    Ce n’est donc pas Fitch qui dégradera la première la note de la France.

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  • José // 08.08.2011 à 01h01

    Les bourses orientales ouvrent en baisse
    Tokyo -1,4%
    Séoul -1,4%
    Sydney -1,1%

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  • BA // 08.08.2011 à 11h14

    Lundi 8 août 2011, vers 13H10 :

    La BCE est en train de racheter les obligations italiennes et les obligations espagnoles.

    Jean-Claude « Canadair » Trichet a lancé sa planche à billets à fond les manettes.

    Italie : taux des obligations à 10 ans : 5,372 %. C’est une baisse de 11,733 % par rapport à vendredi !

    Espagne : taux des obligations à 10 ans : 5,259 %. C’est une baisse de 12,937 % par rapport à vendredi !

    Jean-Claude « Canadair » Trichet est en train de diluer la valeur de l’euro. Les monnaies-papier perdent de leur valeur. L’or est à 1706 dollars l’once.

    Jean-Claude « Canadair » Trichet est en train de noyer l’Europe !

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  • BA // 08.08.2011 à 12h07

    Lundi 8 août 2011 :

    Berlin ne veut pas parler d’augmentation du fonds européen de secours.

    Un porte-parole du gouvernement allemand a déclaré lundi que le fonds européen de secours (FESF) devait « rester comme il est », face aux appels à l’augmenter pour faire face à la crise à la dette.

    Lors d’un sommet européen exceptionnel « le 21 juillet il a été décidé que le FESF, reste comme il est et qu’il garde le montant qu’il avait avant cette date », a dit le porte-parole lors d’une conférence de presse, alors que le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn ont appelé à « réévaluer » le montant de ce fonds.

    Créé en 2010 pour venir en aide à l’Irlande puis au Portugal, ce fonds a une taille de 750 milliards d’euros, avec une capacité effective de prêts de 440 milliards d’euros, jugée insuffisante pour sauver un pays comme l’Italie.

    http://www.boursorama.com/infos/actualites/detail_actu_marches.phtml?num=f1b134a8636d08abf6e9e8b28fc0dccf

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  • Florent // 08.08.2011 à 12h32

    Pour les Etats Unis j’ai cru comprendre que la réponse est non, mais la France a-t-elle déjà par le passé bouclée un budget sans augmenter sa dette? Est-ce vraiment possible, en fait?

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  • Etats-Unis : l’image du jour | Olivier Demeulenaere – Regards sur l'économie // 08.08.2011 à 13h03

    […] (via le Blog d’Olivier Berruyer) […]

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  • Peter M. // 08.08.2011 à 17h23

    Bonsoir,

    Je ne résiste pas à poster cette critique, juste et constructive, du livre d’un de ces fameux experts payés à prix d’or par nos hommes politiques (et donc indirectement par nos impôts) ce qui complètera ma dernière intervention. Et qui est très actuelle.

    Bonne lecture

    28/01/2011 – Livre: Tous ruinés dans dix ans?

    Réduire la dette publique sans toucher aux mécanismes qui lui ont donné naissance, un pari impossible ? Pas pour Jacques Attali. La solution qu’il propose — l’austérité — serait même l’unique moyen d’éviter la faillite, la famine et le chaos.

    Tous ruinés dans dix ans ? (1) Jacques Attali est catégorique : si les tendances actuelles se poursuivent, « la ruine de l’Occident tout entier constitue un scénario crédible ». La menace ? L’explosion de la dette publique, que certains pays seraient bientôt incapables de rembourser. « La guerre attend le débiteur au tournant du défaut. »

    La nécessité d’attiser l’effroi du lecteur justifie de mettre au point les indicateurs de banqueroute les plus imaginatifs. L’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin s’effrayait du rapport de la dette publique au nombre des nouveau-nés de l’année ; Attali élargit la palette des comparaisons en ramenant l’endettement au nombre d’actifs, au revenu moyen mensuel ou aux revenus fiscaux. Certains regretteront que l’auteur n’ait pas poussé l’exercice plus loin, renonçant à comparer la dette à la surface agricole cultivable, au nombre d’animaux domestiques ou à la population des porteurs de moustaches…

    Attali veut faire peur. Un chapitre entier détaille le « scénario du pire », sur fond de métaphores bibliques : défaut, faillite de l’euro et du dollar, dépression mondiale, effondrement de l’Asie. Mais la lecture suscite moins d’angoisse que d’ennui. Les éléments d’enquête n’encombrent pas un propos tissé d’anecdotes plus ou moins divertissantes. L’argumentation, rudimentaire, repose avant tout sur les convictions de l’auteur (qu’il n’estime pas avoir à justifier) et sur ses erreurs. Attali prétend, par exemple, qu’il est impossible de mesurer le rapport entre la valeur de la dette publique et celle des actifs publics. Or on peut le faire… et on le fait, au moyen des comptes de patrimoines dressés, en France, par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). Certes imparfaite, l’estimation existe bel et bien, mais il est parfois plus commode de prétendre que certaines données ne sont pas disponibles.

    Fariboles et vrai scandale

    Si Attali annonce le chaos, c’est pour nous expliquer comment l’éviter. Tout d’abord se préoccuper du problème de la dette. Un dossier qu’Attali est seul à ouvrir, exception faite du chœur des experts médiatiques (lire « Qui paie les experts de la télévision américaine ? » et « En France aussi… »), de la quasi-totalité des éditorialistes en vue et d’une large majorité des représentants politiques. En second lieu, résorber la dette. Ne pas s’interdire de privatiser partiellement la Sécurité sociale et réduire la dépense publique. Valère, l’intendant d’Harpagon, proposait de « faire bonne chère avec peu d’argent » ? Attali, celui des puissants, suggère de « rendre de meilleurs services publics avec moins de ressources ».

    Austérité dans l’équité : Attali promet de revoir certaines niches, la fiscalité immobilière, l’exonération des droits de succession, d’augmenter la TVA et même de créer une ou deux tranches supplémentaires d’impôt sur le revenu. Mais uniquement pendant « la durée du redressement des comptes ». De la même façon, « réduire la portée du bouclier fiscal » constitue un bon moyen… de ne pas le supprimer.

    La vraie performance de ce livre de deux cent soixante pages se situe ailleurs : il ne dit rien sur les causes de la montée de l’endettement public dans les pays capitalistes avancés au cours des trente dernières années. Pas un mot sur le tournant néolibéral qui a conduit, à partir des années 1980, à des politiques monétaires restrictives, au nom de la lutte contre l’inflation, à des taux d’intérêt extrêmement élevés, favorisant la rente au détriment de toute autre forme de revenu. C’est pourtant là qu’il faut chercher la principale cause de l’essor des dettes publiques.

    Ce qui est d’abord en jeu, c’est un clivage social entre ceux qui disposent d’un patrimoine placé (notamment sous la forme de bons du Trésor (2)) et ceux qui n’ont que leur salaire. Les uns profitent de la rémunération des titres de la dette qu’ils détiennent ; les autres paient des impôts, directs ou indirects, dont une partie sert à payer les intérêts de l’épargne des premiers.

    S’il y a quelque chose de vraiment scandaleux dans la dette publique, ce ne sont pas les fariboles que l’on raconte sur les transferts « intergénérationnels ». A strictement parler, il n’y en a pas. Le scandale de la dette publique tient plutôt à son caractère antiredistributif : les pauvres rémunèrent les riches.

    Les baisses d’impôt accordées aux ménages aisés ont en effet accru leurs revenus disponibles et leur épargne, placés sur les marchés financiers, en obligations d’Etat par exemple. Elles ont donc stimulé la demande de dette publique au moment même où elles en accroissaient l’offre, puisque baisser les impôts, c’est amputer les recettes de l’Etat. Même l’éditorialiste des Echos Favila reconnaît que, « de 1999 à aujourd’hui (c’est-à-dire sous des gouvernements de gauche et de droite), l’ensemble des allégements décidés chaque année a réduit les recettes publiques de près de trois points de produit intérieur brut (PIB). (…) L’effet cumulé sur dix ans de ces manques à gagner est énorme, puisque les experts ont calculé que la dette publique, qui représente, en 2009, 77,6 %du PIB, serait de vingt points inférieure si la pression des prélèvements fiscaux et sociaux n’avait pas baissé (3) ».

    Aujourd’hui, ceux-là mêmes qui ont bénéficié de ce mécanisme de redistribution à rebours exigent que l’on tranche dans des dépenses publiques. Leur objectif ? Assurer le remboursement de la dette tout en évitant une hausse des impôts ou de l’inflation, laquelle rognerait leur patrimoine. En d’autres termes : facturer le coût de leur enrichissement aux autres. Une seconde fois.

    A supposer qu’elles aient lieu, les coupes budgétaires envisagées ne parviendront pourtant pas à réduire l’endettement des pays capitalistes avancés, dès lors qu’une bonne partie d’entre eux entreprennent la même politique au même moment. Cette réduction des dépenses risque, au contraire, de saper la croissance, de réduire les recettes fiscales… et d’accroître le montant de la dette.

    On comprend aisément ce qui pousse Attali à taire la question des rapports de classes. Lui-même conseiller du prince — de tous les princes — depuis trente ans, il a participé, à sa manière, aux grands choix de politique économique et de société qui nous ont conduits à ce résultat. Son ouvrage ne propose pas de changer de cap. Mais d’aller plus loin encore.

    Bruno Tinel – Le monde diplomatique

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  • VAN BECELAERE // 08.08.2011 à 17h47

    J’adhère à votre post sur le constat que ceux sont toujours les mêmes qui vont payer si nous gardons les mêmes élites.
    Nous sommes de plus en plus nombreux à désirer une redistribution plus juste en regard du travail et des vraies valeurs ajoutées à un pays.Par contre, nous constatons qu’aucun politique (sauf peut-être l’alerte de Mr BAYROU, il y a 4 ANS)ne prend acte contre ces dévoiements et nous ne trouvons personne pour lutter efficacement et de manière réaliste contre l’envahissement de la finance…

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  • VAN BECELAERE // 08.08.2011 à 21h40

    Précisions : à qui profite la situation d’aujourd’hui, par la baisse de la note des U.S.? Qui a pris des positions avant les déclarations?….

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  • VAN BECELAERE // 08.08.2011 à 22h57

    Et si un nouvel ordre monétaire (STYLE BRETTON WOODS) apparaisait ? Le gagnant ne serait-il pas la Chine ?

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  • MBO CH // 09.08.2011 à 11h05

    Réunion de la Fed ce soir à 20h00 (heure locale).
    A votre avis Mr Berruyer que peut-il en sortir ?

    De mon point de vue ils n’ont guère d’autre cartouche que « d’assouplir » un peu plus leur politique monétaire (QE3), ceci afin :

    1) De rassurer les marchés, en tout cas à court-moyen terme, sur les risques d’une récession annoncée.

    2) Se doter les moyens de financer leur dette, encore une fois court-moyen terme, tout en contenant les taux d’intérêt.

    Si tel devait être le cas on peut envisager que cela calmerait le marché des actions, au moins pour un temps. Néanmoins le spectre de l’inflation ne se ferait que plus menaçant.

    A part ça, franchement, je ne vois pas trop ce qu’il pourrait ressortir de cette session.

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  • Un_passant // 09.08.2011 à 15h18

    Finalement, la seule chose rassurante, c’est que nous avons encore parmi les réserves d’or les plus importantes au monde… Enfin… rassurante… jusqu’à ce que nous n’ayons plus d’autre choix que de toucher à ce stock. Ceci dit, au moins, comme pour la Suisse (et l’Italie, il me semble), nos réserves sont sur notre sol, ce n’est pas comme tous les pays qui ont confié leur stock à la Réserve Fédérale à New York (genre l’Allemagne, pour autant que je sache)… Et là…

    « Ah bon? Votre or est chez nous? Vous êtes sûrs? »

    On dirait une gigantesque partie de poker menteur où les joueurs misent avec l’argent des populations. Joueurs, pour la plupart en train de se faire repasser, petit à petit, tout en disant aux populations « non, non, ne vous inquiétez pas, on va remonter au score ».

    Je laisse à chacun le soin d’imaginer les joueurs 😉

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  • Marion Cohen // 09.08.2011 à 18h06

    Merci pour cet article. Une remarque sur le rachat par la BCE des obligations d’Etat sur le marché secondaire. Je partage tout à fait votre point de vue selon lequel il est lamentable de vouloir à tout prix sauver les investisseurs qui ont pris des risques et les ont fait payer par des taux d’intérêt élevés. Par contre, une solution pourrait consister dans la modification des statuts de la BCE pour qu’elle puisse prêter directement aux Etats. Ces financements seraient destinés non pas à apporter des liquidités aux banques mais bien directement à l’économie par le biais d’un plan d’investissement massif dans la transition écologique économique et sociale. Le tout demande un montage technique et en termes de gouvernance et de débat public important pour éviter les dérapages. Ce serait cependant une des voies pour véritablement sortir de la crise en construisant quelque chose de nouveau. c’est ce que nous proposons sur le blog financer l’avenir. http://financerlavenir.fnh.org/

    Par ailleurs, sur le sujet de la détérioration du bilan de la BCE et de ses conséquences potentielles je vous recommande la lecture de l’article d’Alain Grandjean La BCE peut-elle faire faillite ?
    http://financerlavenir.fnh.org/analyse-de-lactu/la-bce-peut-elle-faire-faillite/

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  • 1Direct // 17.08.2011 à 09h32

    Je vous fais part de ce que j’ai pu entendre murmurer et lire ici et là sur le AAA de la France.
    IL y aurait (noter le conditionnel) un accord « tacite », voire une promesse, avec une ou des agences de notations pour maintenir la note (factice? -;)- ) de la France jusqu’aux élections présidentielles.
    La raison donnée par Fitch (je crois que c’est eux) est qu’ils ne veulent pas influencer, intervenir, dans le résultat des prochaines élections.
    Alors là les bras m’en sont tombés!
    Comment donner une telle justification puisque, de fait, en ne donnant, éventuellement, sa véritable note à la France il y a une déformation de la vérité et donc une influence des élections puisque les électeurs n’ont pas les faits.
    Au mieux, quoiqu’ils en disent, c’est une prise de position politique claire au pire il s’agit de manipulation à la limite de propagande puisque cette éventuelle fausse bonne note servira d’argument aux politiques.
    Alors jusqu’à présent, outre que les agences de notation sont parmi les meneurs du bal de l’économie, aujourd’hui, ouvertement, ils interviennent dans les élections.

    Merci de donner votre avis.

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