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31.janvier.201631.1.2016 // Les Crises

Prévisions de revenus abondants pour l’industrie de la défense au milieu du ralentissement global, par Lee Fang

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Source : The Intercept_, le 09/01/2016

Photo: Anne-Christine Poujoulat/AFP/Getty Images

Lee Fang

L’industrie mondiale de l’aérospatiale et de la défense sort du marasme. Selon un nouveau rapport rendu par le cabinet d’audit Deloitte, « la résurgence des menaces à la sécurité mondiale » promet un « rebond » lucratif des dépenses en matière de défense.

Le rapport informe les investisseurs que l’on prévoit « un tournant positif » en ce qui concerne la « croissance des revenus » à cause du terrorisme et de la guerre au Moyen-Orient, et des tensions en Europe de l’Est et dans le sud de la mer de Chine.

Beaucoup d’analystes prédisaient un ralentissement des recettes de l’industrie des armes étant donné la réduction progressive de l’engagement militaire américain en Irak et en Afghanistan. Après tout, comme le montre ce graphique issu du rapport Deloitte, aucun pays n’arrive à la cheville des États-Unis en terme de dépenses.

Mais aujourd’hui les gouvernements du monde entier se hâtent d’augmenter leur budget de la défense afin de « combattre le terrorisme et répondre aux problèmes de sécurité intérieure ».

Le rapport Deloitte donne presque le vertige :

2015 a été une année charnière qui a vu les tensions s’exacerber entre la Chine, ses voisins et les É-U au sujet des « constructions d’îles » dans les mers de Chine et de Chine Orientale, ainsi que des revendications du droit de souveraineté sur ces mêmes territoires maritimes par la Chine. Il faut ajouter à cela le désaccord entre la Russie et l’Ukraine concernant la prise de la Crimée par la Russie et les actions militaires de cette dernière dans l’est de l’Ukraine. La Corée du Nord continue de menacer ses voisins avec ses ambitions nucléaires et ses tirs de roquettes agressifs. L’État Islamique (EI) devient une menace fondamentale en Syrie, en Irak, et en Afghanistan, et participe à l’exportation du terrorisme en Europe, en Afrique et ailleurs. Les récents attentats tragiques à Paris, au Mali, dans la péninsule du Sinaï et à d’autres endroits ont encouragé les nations à rejoindre la lutte contre le terrorisme.

Plusieurs gouvernement touchés par ces menaces sont en train d’accroître leur budget en matière de défense afin de combattre le terrorisme et de répondre aux problèmes de sécurité nationale, y compris des cyber-menaces. Pour les entreprises de la défense, cela représente une occasion de vendre plus d’équipement et de systèmes d’armements militaires. Les produits, dont on prévoit qu’ils vont connaître un regain d’intérêt des acheteurs, comprennent les véhicules de terrain armés, les munitions pour les attaques terrestres, l’aide aérienne légère aux avions, le renseignement, la surveillance et les capteurs de détection électroniques, la cyber-protection, les engins de patrouille maritimes et aériens, ainsi que l’approvisionnement des équipements de maintenance et d’entretien, étant donné que le rythme des opérations militaires va probablement s’intensifier, de même que le nombre de missions.

On prévoit qu’un retour à la croissance va probablement avoir lieu pour les entreprises du sous-secteur de la défense, en raison de l’intérêt grandissant de plusieurs nations concernées comme exposé plus haut. S’ajoutent à cela des programmes de défense qui vont probablement débuter bientôt, représentant des milliards de dollars, et principalement le programme du département de la Défense américain. Ces programmes vont entrer en phase de conception de fabrication industrielle et atteindre une production à bas coût, ou de grande échelle dans les prochaines années. Ces programmes comprennent le remplacement du sous-marin de classe Ohio, des avions de combat F-35, des ravitailleurs aériens KC-46A, des bombardiers à longue portée, des avions d’entraînement USAF T-X, et des programmes pour l’avion de combat Rafale.

Quant aux facteurs qui pourraient ralentir la course mondiale à l’armement, le rapport en dit peu sur la diplomatie ou sur les mouvements pacifistes. Il note en revanche que la chute des prix du pétrole pourrait affaiblir le marché des armes, même si ce n’est pas encore à l’ordre du jour.

Aux États-Unis, comme nous le rapportions, des patrons de l’industrie de la défense se vantent d’avoir poussé les candidats à adopter des politiques plus militaristes. La tendance libertarienne au sein du parti républicain a, par exemple, fait massivement volte-face et la plupart des candidats se rallient de plus en plus à des visions bellicistes.

Photo du haut: Un avion de combat français Rafale chargé de bombes s’envole du porte-avions français Charles-de-Gaulle le 23 novembre 2015 pour l’est de la Méditerranée, dans le cadre de l’opération Chammal en Syrie et en Irak contre l’État Islamique.

Source : The Intercept_, le 09/01/2016

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Commentaire recommandé

Spectre // 31.01.2016 à 01h50

« Pourquoi persister à appeler ça “la defense” ? »

Rappelez-vous la première ligne des 10 principes de la propagande de guerre :

« 1) Nous ne voulons pas la guerre, nous ne faisons que nous défendre »

Évidemment, si l’on appelait les choses par leur nom véritable, du style “Département de la Domination Impérialiste” ou “Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord,” on ne pourrait plus faire croire au chaland moyen qu’il s’agit de poursuivre la Cause du Bien, et non de piller les ressources aux quatre coins du globe pour le plus grand bonheur des marchands de mort drogués à l’argent public.

7 réactions et commentaires

  • dupontg // 31.01.2016 à 01h22

    Pourquoi persister à appeler ça “la defense” ?

    Pour se donner bonne conscience ?..ou une certaine legitimité ?
    Meme le ministere est de “la defense”..avant c’etait ministere des armées ,voire meme de la guerre

    C’est de l’industrie militaire ou de guerre et ce sont des armes pour tuer..
    et assez souvent des civils qui n’attaquent personne

      +32

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    • Spectre // 31.01.2016 à 01h50

      « Pourquoi persister à appeler ça “la defense” ? »

      Rappelez-vous la première ligne des 10 principes de la propagande de guerre :

      « 1) Nous ne voulons pas la guerre, nous ne faisons que nous défendre »

      Évidemment, si l’on appelait les choses par leur nom véritable, du style “Département de la Domination Impérialiste” ou “Organisation Terroriste de l’Atlantique Nord,” on ne pourrait plus faire croire au chaland moyen qu’il s’agit de poursuivre la Cause du Bien, et non de piller les ressources aux quatre coins du globe pour le plus grand bonheur des marchands de mort drogués à l’argent public.

        +54

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      • dupontg // 31.01.2016 à 02h02

        on pourrait à la rigueur parler du « ministere de la defense de nos interets »..
        Mais là ,on est assez mauvais en france depuis quelques temps….

        ou alors c’est de la « defense preventive »…et c’etait justifié au Mali contre des armées de chameaux

          +8

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  • Kiwixar // 31.01.2016 à 01h47

    Au niveau capitaliste, la guerre, c’est des produits consommables. Le rêve. Et payé par le contribuable. Le rêve. Pour ça, il faut lui faire peur (terrorisme), lui trouver des ennemis (Russie, Chine), lui interdire de penser (« réfléchir c’est déjà désobéir »), de s’exprimer (état d’urgence, loi martiale), de s’opposer (chiens de garde et kollabos).

    Mais comme le contribuable est devenu méfiant (merci internet), il faut le tétaniser avec des « grands coups », des false flags tellement gros, qui lui feront tellement peur que, rendu infantile, il se tournera vers le Père Vallsollini pour la protection et le réconfort dans une communion nationale à grands coups de trémolos où le nom des victimes sera égrené un par un, comme un enterrement mafieux où les commanditaires sont présents au sû de tous.

      +42

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  • Louis Robert // 31.01.2016 à 04h43

    « Quant aux facteurs qui pourraient ralentir la course mondiale à l’armement, le rapport en dit peu sur la diplomatie ou sur les mouvements pacifistes. »

    +

    Voilà où nous mène cette conviction insensée que les conflits permanents et la guerre perpétuelle définissent la « nouvelle normalité », excluant toute recherche véritable de la paix.

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  • RémyB // 31.01.2016 à 09h46

    « The war is not want to be won, it is meant to be continuous »
    George Orwell

    une guerre perpétuelle en quelque sorte

      +13

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    • Charles // 31.01.2016 à 15h16

      Lire aussi ce texte d’analyse économique profonde que j’avais mis de côté il y a quelques mois et vient de relire:
      Armement et dépenses publiques, quels enjeux pour l’analyse robinsonienne ?
      http://wp.me/p5oNrG-9sY

        +1

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