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31.mars.201331.3.2013 // Les Crises

[Reprise] Un “Empire latin” contre l’hyperpuissance allemande, par Giorgio Agamben

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Excellent article repris de PressEurop et Libération.

Le philosophe italien Giorgio Agamben relance l’idée d’une union entre les pays du Sud de l’Europe esquissée par son confrère Alexandre Kojève en 1945. Ils pourraient ainsi contre-balancer le poids prépondérant acquis par l’Allemagne au sein de l’UE.

Détail du sarcophage de Portonaccio, representant une scène de bataille entre Romains et Germains. 180-190 ap. J.-C.

En 1945, Alexandre Kojève, un philosophe qui se trouvait aussi occuper des charges de haut fonctionnaire au sein de l’Etat français, écrit un essai intitulé L’Empire latin [sous-titré Esquisse d’une doctrine de la politique française, il s’agit d’un mémorandum adressé au général de Gaulle]. Cet essai est d’une actualité telle qu’on a tout intérêt à y revenir.

Avec une prescience singulière, Kojève soutient sans réserve que l’Allemagne deviendra sous peu la principale puissance économique européenne et qu’elle va réduire la France au rang d’une puissance secondaire au sein de l’Europe occidentale. Kojève voyait avec lucidité la fin des Etats-nations qui avaient jusque-là déterminé l’histoire de l’Europe : tout comme l’Etat moderne avait correspondu au déclin des formations politiques féodales et à l’émergence des Etats nationaux, de même les Etats-nations devaient inexorablement céder le pas à des formations politiques qui dépassaient les frontières des nations et qu’il désignait sous le nom d’« empires ».

Urgence de revenir aux parentés culturelles

[…]


Je vous recommande de lire la très intéressante note de Kojève de 1945, sur laquelle se base l’article, que je vous propose en pdf ici et que je vous recommande tout particulièrement.

Deux dangers guettent la France dans le monde d’après-guerre. L’un est plus ou moins immédiat ; l’autre est beaucoup plus lointain, mais aussi incomparablement plus grave.

Le danger immédiat est le danger allemand, qui est non pas militaire, mais économique et donc politique. C’est que le potentiel économique de l’Allemagne (même amputée de ses provinces orientales) est tel, que l’incorporation inévitable de ce pays, qu’on s’efforcera de rendre « démocratique » et « pacifique », dans le système européen, aboutira fatalement à un refoulement de la France au rang d’une puissance secondaire au sein de l’Europe continentale, à moins qu’elle ne réagisse d’une façon tout aussi énergique que raisonnée. […]

Il importe de maintenir pendant la paix, et contre l’Allemagne, le premier rang économique et politique en Europe non soviétisée.

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

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