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24.février.201724.2.2017 // Les Crises

Charlot ministre de la vérité, par Frédéric Lordon

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Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 22-02-2017

One of the best toy traffic lights ever manufactured (l’un des plus beaux jouets représentant un feu de circulation jamais fabriqué).
cc tomovox

Admettons-le : au début on n’a pas voulu y croire. Lorsque le 3 janvier on a entendu Samuel Laurent, « décodeur » en chef au Monde, annoncer « une innovation technologique (1) »conçue pour défaire la post-vérité, on s’est dit que c’était trop beau pour être vrai. Mais l’époque dispense sans compter, et il faut désormais tenir pour acquis qu’elle est capable de tout. La suite a prouvé combien. Il y a d’abord ce nom grotesque, Decodex, qui fait surtout penser aux collants bleus de Fantômas ou bien au manteau noir de Judex — et donne irrésistiblement envie d’avoir accès aux minutes du brainstorming, qu’on imagine quelque part entre Veritator, Orthofact et Rectifias. Il y a surtout une trouvaille dont on ne sait plus s’il faut l’assimiler au geste d’une performance artistique ou au comique du cinéma muet. Construire la machine à gifles et s’y attacher la tête dans l’ouverture, Buster Keaton ou Charlot n’auraient sans doute pas fait mieux. C’est que les génies du décodage se sont fabriqué pour longtemps des journées difficiles. Comme de juste, pas une des (nombreuses) traces de pneu de la presse « crédible » labellisée « vert » ne leur sera épargnée, immanquable avalanche dont les effets sur la santé nerveuse du chef décodeur sont déjà constatables sur les réseaux sociaux. Et chaque fois que le ministère de la vérité proteste de ses justifications doctrinales, c’est derechef pour faire tourner à plein régime la turbine à claques.

L’hôpital, la charité

Pour son malheur en effet, il n’est pas une de ses phrases qui ne puisse aussitôt lui être retournée. On se souvient de Katherine Viner, éditorialiste-philosophe de la post-vérité au Guardian qui, voulant faire porter le chapeau à Facebook, « conceptualisait » les « bulles de filtre » sans s’apercevoir que la définition qu’elle en donnait s’appliquait à merveille à la presse mainstream : un univers clos qui ne se nourrit que de pensée confirmante sans jamais ni accueillir ni faire entendre le moindre bruit contradictoire sérieux. Si Samuel Laurent est visiblement plus à son affaire dans le code que dans la théorie, ça ne l’empêche pas d’essayer lui aussi. Il aurait eu tort de se gêner, les produits de la ferme sont de première qualité : « Plus on est dans le domaine de la croyance et du religieux, plus c’est difficile de faire changer d’avis quelqu’un, parce qu’il y croit, il a basé sa structure mentale là-dessus (…) C’est compliqué de se battre contre des gens qui sont déjà convaincus (2) ». Et c’est tellement vrai.

La neutralité journalistique est au choix une ânerie sans nom ou une parfaite hypocrisie.

Par exemple, le type qui déclare avec un regard fixe un peu inquiétant que « Jean-Claude Juncker s’efforce de taxer les multinationales, de faire la chasse aux paradis fiscaux et d’avoir une gestion politique — comprendre de gauche — des politiques budgétaires » est clairement à jour de sa cotisation aux Raëliens ou bien s’est fait refiler du gâteau au shit par des Hare Krishna. Ici les analyses de Samuel Laurent n’ont jamais été si éclairantes : nous avons en effet à faire à quelqu’un « qui est dans le domaine du religieux, qui y croit, qui a basé sa structure mentale là-dessus ». Et il est bien certain qu’il ne va pas être facile de le ravoir, parce que celui-là, c’est peu dire qu’« il y croit ». Le problème est que le sujet à pupilles dilatées est directeur éditorial au journal Le Monde (3) qui lui tamponne régulièrement son bon de sortie — à vignette verte. Problème d’autant plus sérieux que le directeur de la maison de repos, en campagne pour les dragées Decodex, dit lui-même des choses à fort retour de manivelle : « Un site d’extrême-droite peut reprendre des vraies informations ou alors peut colporter de fausses informations, ou peut donner des visions extrêmement tendancieuses des faits (4) ». Ma foi c’est très vrai également, attention toutefois à la malice du jokari. Bien sûr on ne va pas assimiler le journal de référence à un site complotiste, mais enfin, littéralement parlant, « reprendre des vraies informations, en colporter de fausses, donner des faits des présentations extrêmement tendancieuses » est un énoncé susceptible d’un champ d’application passablement plus large que ne l’imagine le directeur du Monde.

Quand les autorités ne font plus autorité

Qu’un discours devienne à ce point instable par autoréférence devrait normalement inquiéter ses propres auteurs. Que la chose les laisse à ce point de marbre, et comme inconscients de la ruine qu’ils opèrent eux-mêmes de leur propre position a en tout cas valeur de symptôme. Mais symptôme de quoi sinon de ces époques finissantes qu’on reconnaît à l’enfermement de ceux qui prétendaient en être les guides, et ne mesurent plus ni à quel point ils ont rompu avec le reste de la société ni la portée de leurs propres paroles. De ce point de vue, il y aurait certainement lieu de mettre en rapport le geste involontairement comique du Decodex et la vomissure des économistes Cahuc et Zylberberg (5), l’un comme l’autre exprimant ce mélange d’incompréhension et de fureur des institutions de la doxa quand, médusées, elles contemplent pour la première fois la crise qui menace de les emporter. Spasme réactionnel commun des autorités qui découvrent qu’elles ne font plus autorité, le ministère journalistique de l’information vraie est mitoyen de la maison de correction épistémologique pour « négationnistes économiques ». Et dans l’un et l’autre cas, la même incompréhension stupéfaite du processus d’effondrement de leur légitimité, la même réaction à la fois autistique et autoritaire — précisément parce que les institutions de pouvoir ne connaissent pas d’autre conception qu’autoritaire de l’autorité. C’est pourquoi, exposées à la contestation, elles cèdent spontanément à une crispation fulminante accompagnée d’un serrage de vis pour tenter de reprendre en main ce qui est en train d’échapper. Ici nous vous apprendrons ce qu’est la vraie science, là la bonne information — et, croyez-nous, vous finirez par penser droit.

Le ministère journalistique de l’information vraie est mitoyen de la maison de correction épistémologique pour « négationnistes économiques »

On pourrait même pousser l’homologie plus loin car l’antinomie épistémologiquement indigente de la science et de l’idéologie, qui obsède les deux économistes partis, est formellement semblable à celle du journaliste et du militant dont le « décodage » fait l’axe de sa vision du monde. De même qu’aux uns il faudrait expliquer qu’il y a finalement trois sortes d’économistes : ceux qui ne s’aperçoivent même pas que leur « science » est de part en part imbibée de politique, ceux qui en ont conscience mais décident de camper dans la dénégation pour ne pas gâcher les profits symboliques de la science, ceux enfin qui aperçoivent que la présence de la politique dans la science sociale est sa condition nécessaire et qui cherchent au grand jour comment réguler les effets de cette présence, de même il faudrait expliquer aux autres que la neutralité journalistique est au choix une ânerie sans nom ou une parfaite hypocrisie.

Autant la discussion épistémologique, toujours dominée par le boulet de la « neutralité axiologique », est loin d’être close, autant on pensait en avoir fini depuis longtemps avec l’« objectivité du journalisme ». Il faut croire que non. Une heure d’émission (6), et presque de supplications, ne suffira pas pour obtenir de Samuel Laurent un début de vacillement sur ce sujet. Par exemple : pourquoi Fakir doit-il être en orange ? Parce qu’il « a un point de vue » : « Je suis désolé, Fakir parle d’un point de vue ».

« Dieu, le Monde, et moi »

Leibniz nomme « géométral » de toutes les perspectives le point de vue sur tous les points de vue, le point de vue suprême qui cesse d’être un point de vue particulier parce qu’il les synthétise tous. Le géométral, c’est le point de vue de Dieu. Ou, donc, du Monde. C’est bien connu : Le Monde n’a pas de point de vue. Il n’est pas l’organe officiel de la mondialisation, de l’Europe libérale, de la réforme indéfinie, et de l’entreprise-qui-crée-l’emploi — ou s’il l’est, il n’est que le porte-parole de la nature des choses. Et quand, de temps à autre, admettons-le, des « opinions » s’y font entendre, c’est dans les pages spéciales des éditoriaux, des chroniques et des tribunes, hermétiquement séparées du reste du journal voué, lui, aux faits vrais et à l’information neutre.

Aussi bien Daniel Schneidermann que François Ruffin (7) s’essayent à faire comprendre à Samuel Laurent que c’est le propre du point de vue dominant que de pouvoir se nier comme point de vue particulier, de même, par exemple, qu’en matière de langue il n’y a d’accent qu’en référence à un accent particulier mais qui a réussi le coup de force de se poser comme le neutre, le sans-accent, ou bien dans un autre genre que le refus de l’idéologie est la posture suprêmement idéologique, puisque inconsciente de l’idéologie dans laquelle elle baigne entièrement, etc., des choses assez simples normalement. Formidable citation de la documentariste de Paroles de Bibs : « quand un patron parle, c’est de l’économie, quand un syndicaliste parle, c’est du militantisme (8) ». Normalement, dans ce raccourci coup de poing, qui dit absolument tout, il devrait y avoir de quoi réveiller jusqu’à un esprit végétatif. Mais là non, rien, autant apprendre la règle de trois à une théière.

Si, comme le disait Marx, les structures sociales se réalisent dans des personnes particulières, il n’est pas interdit de prendre la mesure du fait général de la labellisation de l’information, non seulement par ce qu’en dit l’un de ses plus signalés représentants, mais aussi par ce qu’il dit de lui-même, l’accord parfait d’une complexion singulière à la structure d’ensemble permettant d’éclairer la structure d’ensemble par la complexion singulière. On touche donc probablement au fond des choses (et peut-être en les deux sens du terme) lorsque, interrogé sur les ressorts de sa vocation journalistique, le chef décodeur hésite un instant avant de répondre finalement qu’elle doit tout à « la passion des faits (9) ». La passion des faits… Des faits en général, sans autre précision. Des faits en tant que faits. Réponse philosophiquement vertigineuse, porteuse de tout un rapport au monde social et à la politique (peut-être au monde tout court d’ailleurs), qui laisse aussi dans un grand désarroi car on voit bien que, même en prenant le sujet avec patience et longueur de temps, on n’y arrivera pas, on ne lui fera pas lâcher, puisque tout s’en suit avec une parfaite logique : il y a « les journalistes » (qui n’ont pas de point de vue) et il y a « les militants » (qui en ont un). Les premiers sont donc par essence respectueux des faits et les seconds portés à les distordre. Au Monde, on n’est pas des militants, d’ailleurs — textuellement — « je n’ai pas de démarche militante ». Et puis encore : « Je ne suis pas militant, je suis journaliste. Et être journaliste, c’est expliquer le monde tel qu’il va ». Sentiment de vertige au spectacle de cet abysse. On se rattrape en imaginant qu’il suffirait, par amusement, de suggérer au « journaliste » qu’il est « un militant des faits » pour qu’une erreur-système de force 7 lui grille aussitôt tous les circuits.

À l’intersection de l’évaluation et de la démocratie pastorale

Il y a comme une loi de proportionnalité du monde social qui justifie la critique en rapport avec l’importance des positions de pouvoir et des prétentions qui s’y expriment. C’est que la détention d’un pouvoir exorbitant conduit nécessairement à questionner la légitimité des détenteurs, et qu’en l’espèce on est conduit à se demander comment des pouvoirs aussi considérables se sont trouvés remis à des individus aussi insuffisants. La pédagogie généralisée de l’information vraie ne pouvait donc manquer de faire revenir la bonne vieille question de Marx de savoir qui éduque les éducateurs. On se dit d’abord que la croyance forcenée en un journalisme vierge de point de vue et riche seulement de faits devrait suffire à interdire l’accès à la profession. On se demande ensuite ce qui se passe dans les écoles de journalisme pour qu’on en laisse sortir des « diplômés » dans cet état. Sont-elles toutes sinistrées à ce point (ou n’y en a-t-il pas une ou deux qui résistent) ? À quel effondrement président-elles ? La dégradation intellectuelle du journalisme est-elle si avancée que le laisse entrevoir l’aval enthousiaste donné à la philosophie du Decodex jusqu’au plus haut niveau du « quotidien de référence » ?

« Quand un patron parle, c’est de l’économie, quand un syndicaliste parle, c’est du militantisme »

« Nous proposons de l’aide, nous n’imposons rien à personne, on est là pour aider » murmure doucereusement M. Fenoglio, directeur du Monde (10), dont on se demande s’il y croit vraiment — le pire étant qu’on ne peut pas l’exclure —, ou s’il ne fait que retourner à ce lieu commun de la réponse médiatique à la critique des médias : la dénégation, spécialement celle de tout magistère. « On n’est pas là pour dire le journalisme qu’il faut faire (11) » n’hésite pas à surenchérir son Décodeur en chef… dans le moment même où il distribue souverainement les labels de bon et de mauvais journalisme.

La dénégation du magistère médiatique, dont on ne sait plus si elle procède d’une parfaite hypocrisie ou d’une inconséquence sans fond, va cependant devenir une gageure avec le déploiement de procédés aussi épais que le Decodex. C’est que la machine à gommettes occupe pile ce lieu monstrueux où se rencontrent la pathologie néolibérale du rating et la conception tutélaire de la démocratie. Il y aurait beaucoup à dire sur le geste qui conduit, sans visiblement qu’il en ait conscience, Le Monde à épouser cette pratique néolibérale entre toutes de l’évaluation généralisée — des autres. Comme on sait, née dans la finance, la pratique de l’évaluation est en voie de coloniser toutes les sphères de la vie sociale, organisant par là leur soumission à la logique d’une société de marché de part en part régie par le principe de concurrence. On évalue les chauffeurs de VTC, les appartements de location, les toilettes d’aéroport, et sans doute bientôt les dîners entre amis — le « code couleur », cette tragédie de la couleur que même la plus fertile imagination dystopique n’aurait pas pu anticiper. Voilà donc que Le Monde distribue des couleurs à l’information comme d’autres aux apports nutritionnels ou aux pots d’échappement. Le Monde est bien le journal de ce monde.

Il l’est par tous les bouts, spécialement par celui qui conçoit la démocratie comme le préceptorat éclairé des « élites », heureusement présentes pour indiquer aux sujets la juste couleur des choses. Dans cette conception pastorale de la démocratie, les bons bergers conduisent le troupeau du peuple. Ils lui montrent la bonne herbe à brouter (la verte) et puis le bon chemin du retour à l’enclos. Les pouvoirs du néolibéralisme croient se rendre acceptables en se donnant la forme de la pédagogie généralisée. Mais c’est une grave erreur. Prétendre dicter aux gens ce qu’ils doivent considérer, et puis ce qu’il leur faut en penser, devient rapidement odieux même assisté de toutes les couleurs de l’arc-en-ciel.

Normalisation de fer

Et cependant, la rubrique Décodeurs n’en finit plus de proliférer : d’abord une parmi d’autres, puis devenue le joyau de la couronne, elle s’est maintenant assurée la participation au magistère général du Monde puisqu’il lui est permis d’engager toute l’autorité du titre pour déclarer ce que vaut l’information des autres (on a compris qu’au jeu de l’évaluation, le truc est de se situer toujours du côté des évaluateurs).

Qui ne voit qu’elle conquerra le journal en son entier, destiné à devenir une gigantesque entreprise de labellisation politique, terminus dont l’étape décisive a déjà été franchie en fait, comme l’atteste cet article sidérant, intitulé « 20 propositions répétées par les candidats de gauche et (quasiment) inapplicables » (12), les parenthèses témoignant d’un ultime reliquat de décence, sur la longévité duquel on ne parierait pas un kopeck. On y voit sous la plume de trois décodeurs émérites, dont un venu de BuzzFeed, un analyste de première force connu pour son aptitude à fact-checker les sous-vêtements abandonnés dans les jardins de l’Assemblée (13), on y voit donc les propositions des candidats de la primaire de gauche étiquetées les unes après les autres : « compliqué », « flou », « contradictoire », « incertain », « risqué », « pas très utile », « douteux », « improbable », toutes mentions accompagnées comme il se doit de leurs cartouches-couleurs.

Pourra-t-on faire comprendre que le problème ici n’est pas tant de livrer des jugements sur les propositions politiques — c’est peut-être là la fonction première de la presse —, mais de les livrer dans une rubrique supposément consacrée aux vérités de faits et sous la forme du rating en couleur, ceci pour ne pas même parler du sentiment qu’inspirent ces géants de la pensée faisant tomber leurs verdicts souverains en quelques phrases lapidaires du haut de leur Olympe intellectuel. Il est d’ailleurs préférable de mettre ce sentiment de côté, et les envies concrètes qu’il inspire aussitôt, pour regarder plutôt la disposition politique révélée par ces avis autorisés.

Par exemple, la proposition « Refaire les traités européens » s’attire la mention : « compliqué »… Ce qui n’est pas faux en un sens. Malheureusement, c’est tellement vrai que c’en est complètement idiot. Et c’est tout un rapport à la politique qui s’exprime dans cette parfaite idiotie. Il est exact en effet, mais trivialement, que faire pour de bon de la politique, c’est-à-dire entreprendre de modifier l’ordre des choses en ses structures, celles de la finance, du commerce international ou de l’Europe, c’est « compliqué »…, sans qu’on voie très bien ce que ce commentaire d’expert ajoute sinon de révéler le fond grumeleux de sa vision politique qui est de dissuader. Dissuader de rien changer, dissuader de faire de la politique, c’est le lieu naturel de la dépolitisation par le fact-checking, qui croit d’abord pouvoir s’aménager son domaine propre, celui des faits purs, mais finira par y dissoudre toute politique, labellisée selon sa conformité ou sa distance au « réel des faits ». Toute politique transformatrice y recevra donc, mais par définition, le rouge, à l’image de la proposition d’établir la parité hommes-femmes à l’Assemblée, déclarée par les experts… « contradictoire » ! Contradictoire pourquoi ? Parce qu’elle supposerait (en effet) de modifier le mode de scrutin — et par là « contredit » l’état actuel du mode de scrutin. Et voilà toute la question : comment penser l’idée de modification, dans une ontologie politique des faits qui, par définition cherche à ramener toute politique au règne de la « réalité vraie » conçue comme l’inaltérable ? De là, « logiquement », que toute entreprise politique de modifier soit par nature « contradictoire ».

La vérité du Decodex

On se plaît cependant à imaginer quels labels auraient reçus des propositions comme « fluidifier le marché du travail », « alléger une fiscalité excessive », ou « ramener la dette sous les 60 % du PIB »… « Nécessaire » ? « Réaliste » ? « Pragmatique » ? « Urgent » ? Et c’est alors un autre visage du Decodex qui apparaît, non plus bouffon mais grimaçant. Pour savoir où finissent les entreprises de ce type il suffit d’observer la trajectoire des précurseurs. En décembre 2016, le Washington Post propose déjà un plug-in, mais lui destiné seulement à colorier les tweets de Donald Trump (14). Courageux mais pas téméraire, le Washington Post s’en tient aux tweets de la Bête — du gâteau —, mais laisse faire le reste du sale boulot par des officines qu’il se contente d’encourager à distance.

Dans un article de novembre 2016, il apporte ainsi tout son appui aux « révélations » d’un site anonyme — PropOrNot — auto-missionné pour traquer l’infestation par la propagande russe (15). Pas moyen d’avoir la moindre information sur l’identité de ces éradicateurs qui opèrent avec la transparence d’une flaque de mazout. Rien pourtant qui puisse effrayer le Post, l’essentiel n’est-il pas que les propagateurs de désinformation russe soient mis à l’index — la transparence, c’est pour les autres. Mais la liste de PropOrNot n’est qu’en apparence un enfer russomane, dont Glenn Greenwald, effaré, donne le véritable principe (16) : marquer d’un sceau d’infamie tout ce qui sort, par quelque côté, de l’intervalle du raisonnable, délimité d’un côté par Hillary Clinton, de l’autre par Jeb Bush, toute dissidence étant alors présentée, sans la moindre preuve sérieuse, comme émanation des intérêts russes. On y trouve des sites de gauche critique comme Naked capitalism, et d’autres de la droite ultra ou libertarienne aussi bien, dont il est peu probable que Greenwald partage leurs vues mais qu’il n’accepte pas de voir blacklistés selon des procédés dont il n’hésite pas à dire qu’ils sont ceux du maccarthysme même. Voilà à quelle entreprise d’épuration le rédacteur en chef du Post, Marty Baron, donne aussitôt son aval enthousiaste sur Twitter… avant de faire machine arrière devant la levée de boucliers et d’ajouter une note de distanciation alambiquée en tête de l’article originel.

Improved Lifting and Spanking Machine
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Nous avons donc la séquence-type : étiquetage à la truelle idéologique en espérant que ça passera, éventuel scandale sur les réseaux sociaux, possibilité du rétropédalage. Cas Fakir : « En regardant un peu mieux… on aurait pu le mettre en vert… (17) ». « En regardant un peu mieux », voilà comment Decodex exerce son pouvoir de labellisation : d’un œil parfois distrait. Il n’est pas requis d’endosser intégralement le blog Les Crises d’Olivier Berruyer pour trouver indigne, et surtout symptomatique, le traitement qui lui a été réservé — lui n’aura pas droit aux mêmes indulgences. Tiré de justesse de l’enfer (rouge), dans un geste d’ostensible mauvais-vouloir et consenti sous pression, il n’est pas près de sortir du purgatoire (orange), et pour des queues de cerise avec lesquelles Le Monde et son Decodex pourraient peut-être redouter la comparaison. Au demeurant, on voit très bien pourquoi : il coche toutes les mauvaises cases : contre la finance, pour la sortie de l’euro, pas décidé à gober sans examen les discours sur la Syrie, donnant la parole à Todd, pour qui le journal Le Monde est devenu de longue date un problème pour la démocratie — il a raison.

Reconduit à une suspicion d’idéologie, Samuel Laurent proteste avec le sentiment de la dignité scandalisée : « Nous ? On a une idéologie ? C’est quoi notre idéologie ? (18) ». Et c’est toute l’ambivalence du Decodex qui apparaît alors, objet hybride aux facettes formidablement contrastées, par-là malaisé à saisir, entre normalisation idéologique de fer et sous-doués en liberté — Charlot ministre de la vérité. On rit beaucoup d’un côté, mais de l’autre c’est assez sérieux, et en fait très inquiétant.

Côté sous-doués en tout cas, on comprend que ces gens-là sont perdus, et que les conditions d’un commencement de dessillement n’existent même pas. Dans un ultime retournement involontaire contre elle-même, la philosophie du Decodex révèle ce qu’elle est… en vérité, et pousse l’ironie jusqu’à permettre de le dire dans ses propres termes : un enfermement dans la croyance. La croyance au géométral suprême, la croyance d’un en-dehors de l’idéologie, c’est-à-dire finalement d’une idée possible de la politique hors de la politique — pour le coup : « contradictoire ». C’est tellement consternant qu’on est tenté de se demander s’il ne reste pas dans un coin au Monde quelques personnes qui n’ont pas complètement oublié ce que c’est que la politique, et qui n’ont pas secrètement un peu honte de ce qui est en train de se passer dans leur propre journal, de ce naufrage intellectuel, avalisé jusqu’au sommet de la direction : le règne des data et de l’algorithme, de la politique abandonnée à des illettrés politiques, où le néant de pensée se trouve le remplissage de substitution des lignes de code.

La presse, contre-contre-pouvoir ?

Et l’on s’étonne après ça que le trumpisme prolifère. C’est que lui au moins fait de la politique. De la politique folle, assurément, mais de la politique, que ses électeurs perçoivent d’ailleurs parfaitement comme telle, raison pour quoi ils la sollicitent avec véhémence. Et c’est cette politique puissamment assertive que l’anti-politique du Decodex imagine rectifier ? Plaise au Ciel qu’elle n’accélère pas tous les processus, ce qu’il y a en fait tout lieu de craindre puisque, envahie par la pensée décodeuse, la presse de référence se condamne non seulement à ne rien comprendre des problèmes de l’époque mais, quand elle les entrevoit, à y apporter la pire des réponses : la réponse du rehaussement magistral à ceux qui n’en peuvent plus des magistères, et de la dépolitisation à ceux qui réclament à cors et à cris qu’on refasse de la politique — ceci pour faire faire encore quelques tours de roue à la carriole de la politique unique. Aussi le déploiement à grand fracas du barnum anti-fake news, anti-post-vérité et pro-nunc-vérité, a-t-il pour fonction première de maintenir, en temps de contestation, le balisage idéologique du champ, le contrôle des accès, la disqualification de toute différence politique (de gauche), c’est-à-dire la ligne de fer : celle de la non-idéologie, gardiennée, la casquette au ras du sourcil, par les factionnaires du Decodex.

Que le journalisme commence avec l’établissement de faits et la dénonciation des contre-vérités flagrantes, c’est une telle évidence qu’on se demande comment des titres ont cru y voir le motif d’une rubrique spéciale, en excès de leur habitude ordinaire qui prescrit pourtant depuis des lustres cette exigence presque constitutive de procéder à des vérifications élémentaires. Ceci d’ailleurs pour des raisons qui sont vieilles comme la politique : sitôt qu’ils ne sont plus surveillés comme le lait sur le feu les pouvoirs mentent, les institutions mentent, l’État ment. Le mensonge leur est constitutionnel, comme à toutes les institutions autonomisées, toujours tendanciellement portées à oublier ce qu’était leur fonction première, pour ne plus vivre que pour elles-mêmes. Hormis quelques incertaines régulations institutionnelles, seule la coercition de l’information publique peut les tenir à un minimum de respect de la vérité. Que le procureur de Pontoise trouve d’abord à dire qu’Adama Traoré est mort de complications infectieuses, ou l’IGPN que le viol de Théo n’en est pas un mais une inadvertance, ceci n’est pas un accident mais la vérité des pouvoirs institués. Et c’est bien dans le rapport de force, contraints par l’opiniâtreté d’une volonté de dévoilement, que les pouvoirs finissent par cracher le morceau, et là seulement.

La presse est en principe le lieu de cette volonté — en principe car elle-même, devenue pouvoir institutionnel, entretient (mais depuis si longtemps…) des liens troubles avec les autres pouvoirs institutionnels, ceux du capital et de l’État notamment, dont elle passe souvent les plats avec une étonnante décontraction, employant maintenant surtout son énergie à contrer les contre-pouvoirs (et pensant se refaire une virginité de temps en temps avec un Lux Leaks ou une affaire Fillon, péripéties à grand spectacle, opportunément venues pour mieux faire oublier l’ombre dans laquelle on laisse d’habitude les fonctionnements réguliers du système). Au passage, Pierre Rimbert rappelle dans « Les chauffards du bobard » (19) que quand la presse officielle fait dans le fake, elle n’y va pas avec le dos de la pelle, ni ne mollit à la taille des enjeux : au bout du mensonge, il y a parfois des guerres, des bombes et des morts par milliers.

Toujours plus du même !

Que débusquer les contre-vérités soit d’une urgence particulière dans une époque de dérèglement où certains hommes politiques commencent à tenir des discours dont la qualification hésite entre le mensonge hors de proportion et l’accès délirant quasi-clinique, c’est aussi une évidence, mais qui aurait dû appeler de tout autres réactions que le magistère, ou le ministère, de la vérité. Non pas tant, on l’a vu, parce que les instances décodeuses bobardent aussi souvent qu’à leur tour, mais parce qu’il est rigoureusement impossible que pareille situation passe par le seul effet des sermons de vérité et sans l’analyse des causes politiques qui l’ont fait advenir.

Il n’est pas certain d’abord que les engouements de la crédulité, et leur résistance même aux infirmations les plus éclatantes, soient une nouveauté historique. La survivance du monde en 2013 n’a pas désarmé les apocalyptiques qui annonçaient sa fin en 2012, et n’était que le prolongement d’une série qu’on ne saurait où faire remonter. Et si la rumeur de la pizzeria Comet Ping Pong à Washington (20) a prospéré sur les réseaux sociaux, celle d’Orléans, de cinquante ans antérieure, s’en est fort bien passée. Plutôt que dans l’égarement essentiel du bas peuple, où les élites le situent spontanément, il se pourrait donc que le dérèglement contemporain trouve l’une de ses origines dans l’effet de légitimation, et par suite de libération, que lui donne l’engagement sans frein de certains hommes politiques dans le discours de l’énormité — on pense à Trump évidemment, mais nous aurons bientôt les mêmes à la maison, si nous ne les avons pas déjà.

Mais comment cette irruption de l’énormité au sommet même de la politique est-elle devenue « d’un coup » possible ? Si brutal soit-il, il n’y a pas d’événement qui n’ait été préparé de longue date. Il faudra bien alors que la presse officielle, la presse qui n’a pas d’idéologie, s’interroge sur sa contribution aux cumuls de longue période qui ont fait déjanter des groupes sociaux entiers et aménagé une place pour un « parler énorme », une place que nécessairement quelqu’un viendrait occuper. En réalité, non pas pour un « parler énorme » en soi, mais simplement pour un « parler autre », à qui, du seul fait qu’il soit autre, on ne tiendrait pas rigueur que par ailleurs il soit énorme.

Sitôt qu’ils ne sont plus surveillés comme le lait sur le feu les pouvoirs mentent, les institutions mentent, l’État ment. Seule la coercition de l’information publique peut les tenir à un minimum de respect de la vérité

On ne sait plus comment dire sans radoter qu’il n’y a plus de démocratie là où il n’y a plus de différence significative, là où se trouve proclamée une one best way sans alternative, telle qu’on peut alors, par exemple, l’inscrire dans des traités européens inamovibles, ou telle que des labellisateurs-sans-point-de-vue viennent la certifier « sans point de vue ». La politique sans point de vue étant l’équivalent dans son ordre de l’immaculée conception, il est fatal que vienne tôt ou tard quelqu’un qui rappelle que même pour faire Jésus il faut papa dans maman, c’est-à-dire qui réaffirme un point de vue, et par là s’obtienne une reconnaissance immédiate, presque un immense soulagement, de pans entiers de la population qui suffoquaient d’avoir été si longtemps privés de respiration politique. C’est sans doute un air chargé de miasmes qu’ils respirent à nouveau, mais à leurs yeux c’est au moins de l’air, et pas le gaz inerte des zombies du fact-checking et de leurs chefs.

Les responsables du désastre qui vient, ce sont eux. Ils avaient pour mission de faire vivre la différence et ils ont organisé le règne du même, l’empire labellisé de l’unique. Maintenant que la forteresse est attaquée par tous les bouts, plutôt que de commencer à réfléchir, ils se sont payé des épagneuls. Et pendant que les cabots aboient, les maîtres, croyant avoir la paix, mouillent leur linge de bonheur à l’idée de Macron, mieux encore : d’un deuxième tour Macron-Le Pen — dont ils sont tellement sûrs que le têtard sortirait vainqueur qu’on peut bien pousser les feux pour le plaisir du spectacle. Pendant ce temps l’illuminé qui a dû prendre la foudre en passant la porte de la banque Rothschild, un autre Jésus mais à moitié cuit celui-là, les enchante avec ses évangiles Harlequin « ni droite ni gauche » ou bien « et droite et gauche », la formule même de l’asphyxie politique. Voguons donc avec entrain vers un deuxième tour tant espéré, qui ne nous laissera que le choix de la candidate de l’extrême-droite et du candidat qui fera nécessairement advenir l’extrême-droite — avec les compliments de la presse de la vérité.

Frédéric Lordon

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 22-02-2017

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Kiwixar // 24.02.2017 à 04h49

Lordon, c’est un peu comme Mozart, quand il fait l’effort de mêler quelques facilités plaisantes au sein de sa partition, il est vraiment irrésistible. Du grand art.

Mais « Trop de notes », ce Decodex, ils devraient se cantonner à noter les articles du Monde selon leur degré de désinformation/manipulation. Une seule couleur, caca d’oie, pour « On va vous expliquer ce que nos patrons oligarques veulent que vous pensiez, gueux… »

89 réactions et commentaires

  • Fisset // 24.02.2017 à 01h48

    Ces petits cachotiers ont donc une machine à certifier les faits dans leur pupitre, une Pythie en somme pour labelliser les officines journalistiques… on touche au mythologique!

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  • yann 35 // 24.02.2017 à 02h11

    merci monsieur Lordon pour cet écrit de haute tenue !
    Il m’a fait me remémorer un des fameux théorèmes d’incomplétude de Gödel « une théorie cohérente ne démontre pas sa propre cohérence »,
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9or%C3%A8mes_d%27incompl%C3%A9tude_de_G%C3%B6del
    qui, s’il ne s’applique qu’aux mathématiques à l’origine, peut néanmoins donner un éclairage intéressant sur la vacuité du decodex … Cet objet ne prouve que son inutilité ontologique.

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  • LMDB // 24.02.2017 à 02h27

    L’évaluation des repas entre amis existe déjà. TF1 en a même fait un spectacle de la réalité (reality-show). Symptôme encore de ce que décrit F. Lordon : la réalité c’est du théâtre mais du moment qu’on sait que c’est du théâtre, ça cesse d’être réel. À mettre en comparaison avec le « spectacle de la politique » servi quotidiennement par les media.
    Les seuls journalistes, finalement, à être authentiquement honnêtes sont ceux d’Equidia -la chaîne TV du cheval ; ils parlent d’un spectacle de compétition dont ils connaissent le sujet. Les autres journalistes ne savent rien du sujet qu’ils abordent -et qu’ils doivent en principe nous rendre accessible- mais ils en parlent comme d’une course de cheval. Raison pour laquelle ils aiment tellement les sondages ; sondages d’intention de vote = côte des paris des bookmakers.
    C’est toujours un plaisir de lire Lordon malgré l’usage parcimonieux qu’il fait des virgules.

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  • Logic // 24.02.2017 à 02h59

    Comme le dit la fille de son père, Mika Brzezinski, c’est aux médias de « contrôler exactement ce que les gens pense »:
    https://mobile.twitter.com/i/web/status/834852477325496323
    Quel lapsus ! Quelle révélation ! Quelle lapsus révélateur !

    Le disent et le pensent les cyniques et les naïfs, les seconds convaincus par les premiers, et les deux par le bain idéologique ambiant.
    Lire à ce sujet, Ingrid Riocreux :
    http://bscnews.fr/201702206131/franc-tireur/ingrid-riocreux-un-decryptage-acerbe-de-la-presse-et-de-son-langage.html

    C’est toujours un plaisir de retrouver la prose et le mouvement de la pensée de Lordon.

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    • juliettedesesprits // 24.02.2017 à 08h07

      Très intéressant lien que celui d Ingrid Riocreux dont l analyse complète bien celle de Frédéric Lordon. Sa référence à l’Inquisition pour éviter à chacun de faire une embardée hors du chemin de la pensée unique est très pertinente.

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      • Pinouille // 24.02.2017 à 10h15

        En effet, cet article d’Ingrid Riocreux mérite de faire l’objet d’un billet à part entière sur le présent site.

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    • fanfan // 24.02.2017 à 09h38

      Mika Brzezinski à propos du monopole de la fabrique de l’opinion publique par les médias :
      «Il [Donald Trump] essaie de dénigrer les médias et il essaie de créer ses propres faits».
      Il pourrait brouiller l’information fournie par les médias, déplore-t-elle, «au point qu’il pourrait contrôler exactement ce que les gens pensent». Et d’ajouter : «Et ça, c’est notre travail».
      https://www.youtube.com/watch?v=NoXGV4Vw-VA

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    • bluetonga // 24.02.2017 à 12h23

      Merci pour ces excellents liens, Logic, particulièrement celui d’Ingrid Riocreux que vous me faites découvrir. Le genre d’intervention réellement intelligente, qui fait avancer le schmilblik (cf. le rôle de l’inquisiteur), et le tout sans artifice de langage inutile. Comme quoi c’est possible…

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    • Fritz // 24.02.2017 à 12h43

      « C’est toujours un plaisir de retrouver la prose et le mouvement de la pensée de Lordon ».

      Je nuance légèrement : c’est toujours intéressant et instructif sur le fond. Sur la forme, Lordon écrit bien, mais il abuse parfois des incises et des qualificatifs. Concernant ce blog, il écrit : « Il n’est pas requis d’endosser intégralement le blog Les-Crises d’Olivier Berruyer pour trouver indigne, et surtout symptomatique, le traitement qui lui a été réservé… ». J’aimerais lire un texte de Lordon avec la même exigence intellectuelle, la même richesse de vocabulaire, mais avec une syntaxe simplifiée. Des phrases plus courtes, moins de propositions subordonnées, aller au fait sans ambages.

      D’autre part, certains lecteurs sont indisposés par la constance de Lordon à se situer exclusivement dans une perspective de gauche. Oui, les maîtres du jeu médiatique font tout pour favoriser un deuxième tour Macron – Le Pen, mais s’agirait-il d’un duel entre l’extrême droite et l’extrême droite ?
      Je ne suis pas sûr que cette catégorie s’appliquerait dans ce cas de figure.

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      • Chris // 24.02.2017 à 13h51

        « mais il abuse parfois des incises et des qualificatifs »
        Les nuances vous indisposent ? Il ne fait que se positionner, tout en critiquant sur un sujet général : la liberté d’opinions

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      • Nicolas // 24.02.2017 à 14h39

        Je fais un peux le même reproche à Lordon, mais je pense que Lordon écrit avant tout pour le plaisir de s’écouter se lire, et le souci d’être bien compris n’est pour lui que très secondaire. C’est peut-être juste une impression…

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        • Bigtof // 25.02.2017 à 08h15

          Imaginer que l’on peut avoir le même fond, avec une forme simplifiée n’est pas vrai.
          Lordon fait du Lordon en effet. Mais c’est son style qui rend l’ironie de la chose et la distance qu’elle lui donne permet de nuancer, rechercher, etc..
          Le style est ce qui fait la force d’un message !

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        • Pangloss // 26.02.2017 à 00h00

          Il est vrai que le style de Lordon est foisonnant, un feu d’artifice permanent de toutes les fulgurances que permet la langue française. C’est un peu le Marcel Proust de l’économie. Il a même écrit une comédie en alexandrins sur la crise des « subprimes ». N’ayant pas de formation littéraire universitaire, j’ai souvent du relire ses textes du Monde Diplomatique avant d’en saisir l’intégralité du sens. Maintenant je m’en régale.

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  • kenetbarbie // 24.02.2017 à 03h03

    Macron fera nécessairement advenir l’extrême droite : j’en ai l’intuition tant il incarne la poursuite du règne de Hollande, président le plus impopulaire de tous les temps. J’aimerais cependant voir ce propos un peu mieux expliqué, choix programmatiques et conséquences. Cela serait d’utilité publique tant le banquier d’affaires en question excelle dans l’enfumage. Le flou que le godelureau entretient autour dudit programme rendra la tâche difficile mais ses exploits de ministre ainsi que quelques mesures annoncées aujourd’hui (120000 fonctionnaires en moins, baisse de l’impôt sur les entreprises) peuvent peut-être permettre d’entamer une vraie réflexion qui amènera à un vote éclairé (hors des scandales, anathèmes, decodex et basses manoeuvres judiciaires).

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    • Kiwixar // 24.02.2017 à 07h03

      Je pense que Hollande a choisi Macron pour lui succéder parce que c’est le seul capable de nous le faire regretter (Hollande). C’est pour dire… Chaque président nous a fait regretter le précédent. Il semble que Dieu (s’il existe) a choisi d’attendre que les Français s’aident, prennent leur destinée en main, avant de leur venir en aide. Il serait temps.

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      • Macarel // 24.02.2017 à 14h47

        Hollande a voulu s’éviter l’humiliation d’être éliminé lors des primaires du P »S ». Il a donc laissé aller au casse-pipe son flambant premier ministre Valls.
        Ce qui devait arriver, arriva, les sympathisants du P »S » excédés par les trahisons du quinquennat Hollande ont saisi l’occasion pour sanctionner Valls, en élisant Hamon le « frondeur ».
        Ce faisant ils se sont tirés une balle dans le pied, car c’est tout le pari de Mélenchon de se retrouver fasse à Hollande ou son héritier au P »S » qui est remis en cause.
        Dès lors, Mélenchon qui travaille depuis plus d’un an à ce grand rendez-vous, se retrouve piégé, dans le « piège du rassemblement à gauche ».
        S’il continue de faire cavalier seul et que la gauche ne figure pas au second tour, ce sera lui qui sera désigné comme coupable (un peu comme Chevènement en 2002). S’il se rallie à Hamon, il dégoûtera définitivement tous les sympathisants de la FI, dont il porte les idées. Et de ce fait il n’est pas sûr non plus que Hamon figure au second tour dans ce cas de figure. Le seul bon scénario pour Mélenchon, eût été que Hollande ou Valls soit le candidat du P »S ». Mais des électeurs de gauche à la vue courte en ont voulu autrement lors du premier tour des primaires. Après Hollande et Valls, ce seront eux les vrais responsables de la non présence de la gauche au second tour de 2017, et pas Mélenchon.

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        • Macarel // 24.02.2017 à 15h21

          Les primaires sont un vrai piège à cons, tant à droite qu’à gauche d’ailleurs, mais pour des raisons différentes.
          A droite, parce que les sympathisants ont cru élire un homme à la vertu au dessus de tout soupçon, réputation que les révélations du canard a mis à mal. A gauche, car les indignés de la politique hollandaise, ont désigné un candidat qui empêche une vrai confrontation entre une gauche de gauche et un P »S » de droite. Coupant d’un même coups l’herbe sous les pieds de Mélenchon, et évitant au locataire de l’Elysée, ou à son remplaçant, de devoir défendre pied à pied un bilan fait de reniements et de trahisons.
          Mais au final l’électorat de la droite pardonnera sans doute davantage dans les urnes à Fillon, ses arrangements avec la morale, que les électeurs de gauche ne pardonneront les trahisons et les reniements du hollandisme. Avec deux candidats de gauche critiques de ce bilan, l’un authentique et cohérent, l’autre plus opportuniste, et incohérent, nous avons une recette pour l’élimination de la gauche au premier tour de 2017.

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        • Homère d’Allore // 24.02.2017 à 15h57

          Un coup de Jarnac se prépare peut-être concernant les 500 parrainages pour Mélenchon qui est très dépendant du PCF pour ceux-ci.
          Et comme le PCF ne pense qu’à ses circonscriptions et ses mairies, elles-mêmes dépendantes du PS, il y a une possibilité non négligeable pour que les promesses de signatures ne se concrétisent pas à la dernière minute suite à un appel téléphonique à chaque maire passé par un Chassaigne, au hasard…

          Il y a longtemps que le PCF a troqué la lutte des classes pour la lutte des places.

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          • jp // 24.02.2017 à 22h45

            il y a un mois, Mélenchon disait avoir 517 parrainages

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            • georges glise // 25.02.2017 à 20h19

              il me semble qu’il a dit 577 parrainages, pas 517. m. le modérateur on a le droit de faire court pour réparer une information factuelle.

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            • L. A. // 25.02.2017 à 21h04

              Tant que les «parrains» n’ont pas rempli, signé et retourné le formulaire obligatoire (qui ne leur a pas encore été envoyé), il n’existe aucune signature (dite «parrainage»), mais uniquement des promesses. Donc aujourd’hui comme il y a un mois, à l’instar de tous les autres candidats, Mélenchon n’avait encore AUCUNE signature, mais seulement 517 (ou 577) promesses de parrainage. Or les promesses, je ne sais pas pourquoi, mais ces temps-ci…
              Bref, on saura le fin mot de tout ça le 17 mars, date limite de dépôt des signatures.

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      • jp // 24.02.2017 à 20h05

        « Chaque président nous a fait regretter le précédent »
        eh oui, cf ce dessin humoristique
        http://www.letopdelhumour.fr/category/dessin-humour/page/10/

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    • fanfan // 24.02.2017 à 11h14

      Baisse des dépenses courantes et croissance dynamique : le projet économique de Macron ici : http://www.lesechos.fr/elections/emmanuel-macron/0211826576981-emmanuel-macron-mon-projet-economique-2067359.php

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    • Chris // 24.02.2017 à 13h59

      Son programme est ultra simple : les GOPés ! Il s’en est expliqué -en langue de Goethe- le 10 janvier 2017 à Berlin devant Frau Merkel aux anges, dans la plus pure tradition socialiste.
      Pour l’instant, il trouve plus productif de laisser les autres candidats s’exprimer. Cela lui permet de picorer ça et là, quelques éléments pour enjoliver le « gâteau ».
      Mais le plat de résistance reste exactement le même : encore plus d’Europe, plus de privatisations, moins de protection sociale, plus de dumping salarial, plus de migrants, plus de libre-échange… jusqu’à mort s’en suive !

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  • Kiwixar // 24.02.2017 à 04h49

    Lordon, c’est un peu comme Mozart, quand il fait l’effort de mêler quelques facilités plaisantes au sein de sa partition, il est vraiment irrésistible. Du grand art.

    Mais « Trop de notes », ce Decodex, ils devraient se cantonner à noter les articles du Monde selon leur degré de désinformation/manipulation. Une seule couleur, caca d’oie, pour « On va vous expliquer ce que nos patrons oligarques veulent que vous pensiez, gueux… »

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    • kasper // 24.02.2017 à 05h01

      Il faut quand meme une pastille marron, pour les articles vaguements critiques qui servent de caution a tout le reste, genre les interviews de Piketty.

      Nan passqu’on sait jamais, des gens capables de prendre au sérieux un arcticle du Gorafi pourraient se méprendre.

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    • RV // 25.02.2017 à 14h20

      mais non
      appliquer le decodex au Monde c’est entrer dans cette logique mortifère !

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    • jim // 25.02.2017 à 15h16

      En outre, cet état d’esprit, et les prises de position de leur part qui illustrent cet état d’esprit (et dont Lordon s’est fait l’expert!), ne laissent pas de doute : ces gens et leurs maigres troupes « illuminées » portent en eux les germes de l’intolérance, du renferment sur une idéologie totalisante et ses adeptes, de l’ostracisme des différences, en un mot du totalitarisme.

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    • jim // 25.02.2017 à 17h24

      Mon comment ‘en outre’ suit cela, et cé en suivant cela qu’il FAIT SENS modérateur…

      Chevallier-Héran Le 25 février 2017 à 14h53

      Indépassable Debord : (lumineuses et prémonitoires cinq dernières minutes… Sidérant !)

      http://www.dailymotion.com/video/x28nwjf_commentaires-sur-la-societe-du-spectacle-de-guy-debord-1988_school

      Addendum :

      https://trianglenoir.info/category/philosophie/

      ————

      Vous aviez que Guy Debord et ses amis ne souhaitaient pas collaborer avec Jacques Ellul parce que ce dernier était chrétien? :))

      Eh bien c’est exactement pour cela, que bien au delà (très très au delà) de leurs apports “intellectuels”, les Debord et les Lordon et les autres du même accabit, dogmatiques et sectaires,
      sont bien plus des boulets que des élans pour la société.

      Ils empêchent les échanges qui pourraient être fructueux, ils empêchent des convergences indispensables diverses et variées pour sortir des “crises” et de La Crise,
      Ce sont des idiots cultivés.

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  • patatufle09 // 24.02.2017 à 06h21

    Article remarquable,même salué par le camp d’en face, avec pour seule critique le légendaire retard de la lucidité de gôoooche. Plus qu’une paire de bas fantomesque, le décodex me fait penser à un médicament type suppositoire effervescent pour se débarrasser d’une éventuelle migraine, vous savez, cette barre qui vous pèse sur le front et qui vous empêche de dormir: L’esprit critique. « Je pense donc je suis »: Quand le doute nous anime et atteste de notre existence, de la possibilité de laisser une trace tangible sur cette planète. Et l’on voudrait nous ôter ce privilège de l’intime par apposition d’une pastille? Athènes, vaincue par Spartes, en proie à de graves tensions politiques et connaissant une crise financière sans précédent avait trouvé chez les sophistes le bouc émissaire idéal: Socrate sacrifié en buvant sa siguë, je propose à Olivier d’avaler la fiole de Colin Powell pour l’exemple…

      +19

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  • Crapaud Rouge // 24.02.2017 à 08h06

    Lordon s’en donne à cœur joie et on l’comprend ! Entre sa prose et celle d’un Samuel Laurent qui joue au con en prétendant ne pas avoir d’idéologie, y’a pas photo. (« Nous ? On a une idéologie ? C’est quoi notre idéologie ? ») Finalement, ce billet est un formidable plaidoyer pour une exposition partisane des faits, selon un incontournable point de vue, avec le corollaire de renvoyer dans les cordes l’arbitre et ses cartons rouges, c’est-à-dire de le considérer avec le mépris qu’il mérite. Samuel Laurent se voit traiter de charlot : j’espère qu’il va se défendre sur Twitter !

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  • Perret // 24.02.2017 à 08h18

    [Modéré : interessant, mais on va s’en tenir au sujet et ne pas lancer d’autres débats, sur des faits qu’on en connait pas. Merci]

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    • Perret // 24.02.2017 à 12h03

      C’est en plein dans le débat : Lordon, dans un article admirable à tout point de vue, tombe dans le piège de l’info-bidon médiatique et inattaquable, devant laquelle la bienpensance de type Décodex oblige à s’incliner.

      Voici les trois premières occurrences Google sur l’affaire de détournement de fonds :

      http://www.francesoir.fr/societe-faits-divers/aulnay-sous-bois-la-famille-de-theo-accusee-avoir-detourne-pres-de-680000-euros-fonds-publics-aulnay-events-mickael-luhaka-fraude-cotisation-ursaff-enquete-parquet-bobigny

      http://www.ladepeche.fr/article/2017/02/23/2522964-famille-theo-aurait-detourne-plus-680-000-euros-fonds-publics.html

      https://www.valeursactuelles.com/societe/scandale-theo-et-sa-famille-auraient-detourne-plus-de-670-000eu-dargent-public-69062

      Concernant Théo, la probabilité d’un accident (telle que le dit l’IGPN) est extrêmement forte. Pour prendre une comparaison qui vaut ce qu’elle vaut, de la même manière que Bachar n’avait aucun intérêt à gazer sa population, un policier dans un « quartier » n’a aucun intérêt à sodomiser en pleine rue un membre d’une « minorité visible ».

      Lordon contexte le Décodex, mais, en ce qui concerne le pont-aux-ânes-de-l’antiracisme pavlovien-et-subventionné, il le pratique jusque dans un article pour le dénoncer.

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      • Ellilou // 24.02.2017 à 13h43

        Un accident? sans rentrer dans les détails médicaux (ce jeune homme a eu assez des journalistes pour relayer tout cela de façon indécente) je me demande bien comment une telle chose aurait pu se dérouler? Franchement vous y croyez une seule seconde? Et les liens renvoyant , entre autres, vers Valeurs Actuelles…comment dire sans être malpolie? non, rien, je n’ajouterai rien.

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        • Bigtof // 25.02.2017 à 08h24

          Sans compter qu’une autre affaire de violence policière vient également d’être requalifiée de viol. Il semble qu’il s’agisse là d’une pratique plus courante que l’on aurait initialement pu croire..

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        • Perret // 25.02.2017 à 16h42

          C’est au contraire tout à fait possible. La méthode d’immobilisation d’un forcené (le cas de Théo qui a agressé des policiers lors de l’arrestation d’un autre voyou) comprend l’utilisation du tonfa pour bloquer le dos : lorsqu’il s’agit d’un jeune à la mode qui porte un jean au-dessous des fesses et que le tonfa glisse, il peut y avoir un accident. Interrogez un policier, vous en avez certainement un à moins d’un jet de pavé de chez vous.
          J’ai donné les trois premières occurences et Valeurs Actuelles est sortir en 3, vous trouverez aussi Le Monde, Huffington, Atlantico, etc… Absolument toute la presse de quelque tendance que ce soit.
          Ce Théo est un voyou, détourneur de fonds publics, qui fait partie de cette engeance qui insécurise la partie de ma famille « issue de l’immigration » dans les « quartiers » où elle vit. La preuve ? Il a reçu la visite du président de la république en personne !
          C’est un avis personnel, mais il en vaut bien en autre et je ne crois pas voir sur ce site beaucoup de commentaires de gens qui fréquentent habituellement les « quartiers ».

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      • SanKuKai // 27.02.2017 à 17h25

        En dehors des rapports médicaux qui contredisent le niveau de probabilité que vous défendez, votre comparaison avec B.A.Assad est fortement douteuse.
        B.A.Assad est chef d’Etat, ses actions se doivent d’être calculée et mesurées; Et il est loin d’être un idiot, sinon dans le contexte de son pays il aurait déjà été « remplacé » (euphémisme).
        Pour rappel, dans le cas des gazages de la Gouta que vous prenez en exemple, la Russie n’était pas encore intervenue directement militairement et les conséquences d’une intervention US (la fameuse ligne rouge de l’époque) auraient été les mêmes que pour Kadhafi. Et Assad le savait. Donc, quand on dit que « ce n’était pas dans son interêt », l’interêt dont on parle c’est littéralement sa vie.
        Qu’ils soient policier ou pas, je ne suis pas sur que les agresseurs sadiques fassent beaucoup de calculs et anticipation sur les conséquences de leurs actes.

        Aussi votre post est tout aussi hors sujet que le premier.

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  • vlois // 24.02.2017 à 08h32

    Des Samuel Laurent, nous en avons tous rencontré. Tout ce qui n’est pas eux est étranger, même la réalité vécue si elle ne corresponds pas aux croyances.
    Samuel n’a plus la plasticité cérébrale malgré son âge. Je reprends Laborit pour paraphraser Lordon :

    «L’inconscient constitue un instrument redoutable non pas tellement par son contenu refoulé, refoulé parce que trop douloureux à exprimer, car il serait puni par la socioculture, mais, par tout ce qui est, au contraire, autorisé et quelquefois même récompensé par cette socioculture et qui a été placé dans son cerveau depuis sa naissance. Il n’a pas conscience que c’ est là, mais pourtant c’est ce qui guide ses actes. C’est cet inconscient-là qui n’est pas l’inconscient freudien qui est le plus dangereux.

    En effet, ce qu’on appelle la personnalité d’un homme, d’un individu, se bâtit sur un bric-à-brac de jugement de valeurs, de préjugés, de lieux communs qu’il traîne et qui, à mesure que son âge avance, deviennent de plus en plus rigide et qui sont de moins en moins remis en question. Et quand une seule pierre de cet édifice est enlevée tout l’édifice s’écroule. Et il découvre l’angoisse. Et cette angoisse ne reculera ni devant le meurtre pour l’ individu, ni devant le génocide ou la guerre pour les groupes sociaux pour s’exprimer.»

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    • Kiwixar // 24.02.2017 à 08h46

      « On commence par se tromper soi-même, et ensuite on trompe les autres. » (Oscar Wilde)
      Ceci explique un choix de carrière…

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  • Toff de Aix // 24.02.2017 à 08h40

    Un billet fondamental…

    Une fois de plus le sieur Lordon fait mouche, mais là, j’ai envie de dire qu’il a non seulement dégommé la bestiole, mais en plus qu’il l’a atteinte entre les deux yeux à 40 pas de distance !

    Nous avons besoin, à Gauche (notez la majuscule, car on parle ici de la vraie, pas de cette social-démocratie qui a démontré sa capacité de nuisance et de trahison partout en Europe), nous avons besoin donc, d’intellectuels de ce calibre, pardon pour la métaphore guerrière. Des intellectuels aptes à nous fournir en munitions idéologiques, histoire de ne pas se retrouver nu avec un lance-pierres face à l’armée néo libérale, fasciste et réactionnaire. Lordon à cette capacité, Bourdieu l’eût en son temps, à chaque époque il nous faut de ces défricheurs qui savent si bien mettre les mots sur le malaise que nous ressentons tous.

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    • Philippe, le belge // 24.02.2017 à 10h48

      en un mot des marxistes, quoi? (même l’humour y est)

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  • Xavier // 24.02.2017 à 08h41

    De très bon arguments pour analyser le pouvoir, mais encore une fois, pas d’analyse du pourquoi y croyons-nous ou encore pourquoi nous laissons nous faire ?

    Le jour où la « gauche » acceptera de ne pas regarder uniquement les poutres dans les yeux des qq riches mais quelle osera voir les pailles dans les yeux de tous, on progressera alors vraiment…

    Du seul « progrès » souhaitable, celui de la conscience.

    Alors je lance un défi à Frédéric Lordon, celui de relire La Nouvelle Grille de Laborit afin de mieux comprendre les mécanismes et déterminismes de mise en place des hiérarchies de dominance.
    Il comprendra sans doute que soumis au grand capital nous « bénéficions » du maintien de gratifications (des miettes il est vrai), et que l’art de nous y conditionner est à étudier au plus vite.

    Un début sur http://www.nouvellegrille.info pour voir 😉

      +7

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    • Toff de Aix // 24.02.2017 à 10h05

      Position intéressante, mais pas forcément pertinente. Laborit à une vision de l’humanité que je qualifierais d’essentielle, par le fait qu’il a identifié et décrit les structures biologiques qui conditionnent l’organisation sociale. Lordon se positionne plutôt en analyste pur et dur d’un système économique, d’un point de vue essentiellement spinoziste : jusqu’à quel point la dimension sociale des affects peut elle influer sur nos organisations ?

      C’est sans doute ici que beaucoup semblent lui reprocher ce positionnement : il analyse, il dissèque, et de fort belle manière, les structures et mutations du capitalisme, mais ne va pas plus loin.
      Le pourrait-il ? Effectivement l’Homme doit changer s’il veut survivre, et ce changement ne peut s’effectuer qu’au niveau de la Conscience, en partant d’un changement individuel. On ne peut changer les autres, il faut commencer par soi même. La position de Lordon n’est pas critiquable pour autant : elle fournit, je le redis, des munitions idéologiques en ces temps où la saine réflexion est mise de côté par une agitation egotique continuelle, a tous les niveaux. La mode est au buzz, au tweet, à l’inconsistant et au futile, ce qui favorise la réaction dans ce qu’elle a de plus terrible.

      Un « décorticage » à la Lordon, fait toujours du bien. L’action devrait logiquement en découler…mais ça n’est pas forcément de son seul ressort. Il fait déjà sa part !

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    • Crapaud Rouge // 24.02.2017 à 10h09

      @Xavier : « pas d’analyse du pourquoi y croyons-nous ou encore pourquoi nous laissons nous faire ? » : question vieille comme le monde, et plus précisément depuis le fameux https://fr.wikipedia.org/wiki/Discours_de_la_servitude_volontaire. Question fallacieuse qui laisse entendre qu’il serait facile de se révolter contre le tyran, et que personne ne tente de lui résister vraiment. C’est faux, vous en avez la preuve sous les yeux : OB, Sapir, et maintenant Lordon après bien d’autres, protestent avec des arguments de poids. Votre défi a quelque chose de dérisoire : Lordon a depuis longtemps identifié les « mécanismes et déterminismes de mise en place des hiérarchies de dominance », mais sur les bases conceptuelles de Spinoza, autrement plus puissantes que les généralisations sommaires d’un biologiste.

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      • Xavier // 24.02.2017 à 10h21

        Merci pour le « simplisme », le « ridicule », les « généralisations sommaires d’un biologiste » (le ton méprisant s’entend d’ici).

        « Question fallacieuse qui laisse entendre qu’il serait facile de se révolter contre le tyran, et que personne ne tente de lui résister vraiment. »
        Mais le tyran c’est chacun d’entre nous, au cas où vous ne l’ayez pas compris…

        Je crois qu’avec un langage on peut complexifier pour dominer, c’est exactement ce que font les religions.
        Que la simplicité est preuve de compréhension au contraire.

        Je rappelle que même à l’époque de Freud on ignorait la notion même d’hormone… Alors lire de la « simplification » par des personnes qui ne connaissent pas grand chose au fonctionnement du cerveau…

        Il est vrai qu’en disant cela on prive 99% des gens de leurs arguments d’autorité… et donc de leur dominance dans le groupe où leur prise de parole plait à untel(le)… leur rapporte de quoi boire, manger et copuler donc.

        Quant à qualifier de « plus puissantes » les bases conceptuelles de Spinoza, vous vous contentez de l’affirmer, argumentez, le débat en sera d’autant plus passionnant. Il faudra peut-être lire (et comprendre) Laborit avant.

        J’avoue le ridicule de penser que des gens bien au chaud puissent imaginer risquer leur position, le « capitalisme culturel » est un capitalisme comme les autres…

        Le monde ne risque pas de changer avec vous.

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        • Shaolin // 24.02.2017 à 11h05

          J’ai l’impression que Laborit est le prolongement de Spinoza, les 2 mettent les affects au centre de tout, Laborit y ajoute un vernis scientifique que la technique à l’époque de Baruch ne permettait pas…

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          • Toff de Aix // 24.02.2017 à 11h25

            Je serais plutôt d’accord avec vous shaolin, c’est ce que j’essayais d’exprimer dans mon post. De grâce débattons mais évitons les invectives personnelles, mettons notre ego de côté..

            Laborit est allé très loin, presque métaphysiquement, pour expliquer le déterminisme social à travers son prisme, qui est la biologie. Je ne suis pas fan de cette approche car je la trouve trop scientiste. Mais c’est ma perception… Elle est peut-être réductrice. Disons que la philosophie qui sous tend la réflexion de Laborit eut gagné à être plus poussée. « le but de tout me structure biologique n’a d’autre raison d’être, que d’être ». OUI MAIS : creusez plus la question s’il vous plaît ! Qu’y a-t-il derrière la structure biologique ?

            Spinoza de son côté, à fait avec les armes de son époque : je me sens beaucoup plus en accord avec sa Philosophie, qui arrive à concilier l’aspect divin de toute chose dans la Nature, et permet de comprendre que notre capacité d’action est conditionnée à notre représentation du monde. Il faut donc se libérer intérieurement, par la prise de Conscience de notre nature réelle et éternelle, avant de pouvoir mettre en marche cette capacité d’action.
            Lordon reprend (brillamment à mon sens) cette interprétation en l’appliquant à l’économie. Il démonte sans aucun doute possible, de façon magistrale, les arguments d’autorité qui nous sont assenés depuis plus de 30 ans. Ce fameux « TINA »…

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            • Shaolin // 24.02.2017 à 12h02

              On est tous d’accord en fait! Effectivement, ne perdons pas de temps en invectives superflues… j’ai quand même une préférence pour Laborit, du simple fait que c’est plus récent, plus rigoureux dans le raisonnement (on part de la cellule jusqu’au très grand), plus complet, et moins hermétique que Spinoza… je pense que les clefs pour une autre société sont à chercher chez ces gens là…

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            • Xavier // 24.02.2017 à 12h37

              @Shaolin : merci de vos réponses, je dirais plutôt « les clefs pour comprendre qui nous sommes » 😉

              Je ne crois pas à ces « débats intelligents » de gens qui ne savent pas qui ils sont, au passage, comme Laborit je ne crois pas à l’intelligence d’ailleurs.

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          • Xavier // 24.02.2017 à 11h47

            La gauche n’a jamais vraiment supporté Laborit :
            1) transversalisme, coupant les arguments d’autorité de tout un tas « d’experts » des sciences humaines qui ne connaissent rien aux sciences dures et les méprisent (entendre parler d’économie sans parler d’Homme et donc de biologie c’est assez insensé),
            2) refus de penser le socialisme comme une libération,
            3) foi en un « ami Jésus-Christ » dont il faisait une exégèse absolument originale en la sortant complètement des religions,
            4) déterminisme (psys, philo, ils ont tous pas mal pris),
            5) refus du « progressisme technologique » et de l’humanisme « de bon aloi » qui masquent les dominances.
            Je pense que l’on a très mal compris son œuvre, souvent faute de connaissance transversales suffisantes.

            Chacun se contente de sa niche, comme par hasard, elle donne accès à ces 3B : « Pendant que l’on cherche à comprendre, le temps passe et la vie avec lui. « , je rajouterais : une vie très valorisante pour certains.

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            • Shaolin // 24.02.2017 à 12h25

              Je pense que tout ceux qui visent le ou du pouvoir n’aime pas laborit… il les renvoie à ce qu’ils sont dans l’absolu, des arrivistes!

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            • Shaolin // 24.02.2017 à 12h29

              « Mal compris son œuvre » effectivement, et de plus, j’ajouterai qu’il faut déjà avoir une certaine ouverture d’esprit pour appréhender Laborit. Le gars reverse la table des concepts quand même… comment espérer quelques chose du libéralisme quand on a intégré sa grille de lecture?

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            • Xavier // 24.02.2017 à 13h34

              Pour compléter, il a été catalogué comme « anar », ses nombreuses émissions à Radio Libertaire aidant.

              Pas de droite par manque d’intérêt de la logique productiviste, pas de gauche (cf. ci-dessus), il s’est retrouvé assez seul, et le Nobel qu’il devait avoir fut, telle une certaine coupe, subtilement éloigné de ses lèvres pour ne pas le laisser l’embrasser.

              Qui trop étreint mal embrasse ? 😉

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        • Crapaud Rouge // 24.02.2017 à 15h29

          @Xavier : désolé pour les “généralisations sommaires d’un biologiste”, je savais que c’était méprisant. Laborit mérite évidemment beaucoup mieux que mon jugement expéditif, c’est un grand savant, un esprit rebelle et très attachant. Mais connaître la façon dont fonctionne le cerveau ne peut pas suffire à changer les rapports de domination : c’est au mieux, comme il le soutient, une condition nécessaire.

          Il faudrait aussi en finir avec le préjugé de la conscience comme condition sine qua non de l’action, le contraire est tout aussi vrai : c’est parce que nous n’avons pas conscience de ceci ou cela que l’action est (rendue) possible.

          Quant à ramener problèmes et solutions au niveau des individus, (« Mais le tyran c’est chacun d’entre nous »), c’est fichu d’avance : problèmes et solutions sont structurels. La façon dont fonctionne notre cerveau ne conditionne pas que les tyrans de mon genre, mais aussi 7 milliards d’êtres humains « organisés » selon une hiérarchie vertigineuse.

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    • Baruch // 25.02.2017 à 05h28

      Bonsoir,

      « afin de mieux comprendre les mécanismes et déterminismes de mise en place des hiérarchies de dominance. »
      Je ne suis pas sur qu’en matière de déterminisme vous ayez grand chose à apprendre à Frédéric Lordon… Vos propos me laisse à penser que vous n’avez pas lu ses textes de recherche en sciences sociales pour lesquelles il se réfère à une « grille » Spinoziste.

      Je suis lecteur de Laborit depuis longtemps, et le lire est réellement indispensable, je me suis simplement toujours demandé pourquoi, jamais dans ses écrits, il n’ait fait la moindre référence à Spinoza, qu’il a du lire j’en suis pourtant presque sûr… (Idem pour Freud, qui ne cite Spinoza que dans une seule note de bas de page pour dire… qu’il ne l’a pas lu…Ben voyons…)

      En effet, Laborit ne fait que confirmer, du point de vue biologique, la philosophie et l’anthropologie radicale que Spinoza expose dans l’Ethique…

      Le « Déterminisme radical » de Spinoza n’est pas dépassé par Laborit, il n’y ajoute que la grille explicative du fonctionnement biologique de notre petite usine chimique interne.

      Bien à vous

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      • Bigtof // 25.02.2017 à 08h38

        S’appuyer sur des découvertes scientifiques pour expliquer pourquoi Laborit serait plus moderne (ou juste) que Spinoza ne tient pas : a l’heure où les découvertes les plus récentes, entre autres en mécanique quantique, remettent en cause les fondements de nos sciences, l’essence de la pensée est un moyen justement, d’échapper à des vérités scientifiques qui ne sont vraies que tant que d’autres vérités scientifiques n’ont pas démontré leur fausseté…

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  • christian gedeon // 24.02.2017 à 09h13

    Vraiment drôle!Juncker et le gâteau au pschit sont un grand moment. mais les indignations du moment font table rase des decodex virtuels qui ont rythmé l’information depuis,ben ma foi depuis toujours.qui ne se souvient des odes à la victoire des khmers rouges,et des articles enflammés et dégoulinants de dithyrambe aux gardes rouges et à la révolution culturelle?Plus près de nous,la voix unique qui a diabolisé la Yougoslavie et fait d’un islamiste(Izetbegovic) et d’un nazi avéré( Tudjman) les hérauts de la « liberté »?Et que dire d’un Taçhi « kosovar » promu héros de guerre? Et des attaques meurtrières (médiatiquement et socialement) contre les très rares journalistes qui n’étaient pas d’accord? La nouvelle decodexomanie est l’aboutissement « industriel  » en quelque sorte d’une pratique qui ne date pas d’aujourd’hui,loin s’en faut,n’est ce pas?

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  • Theoltd // 24.02.2017 à 09h40

    Le Decodex, c’est quand meme pas si mal. Sans ce bidule, il n’y aurait jamais eu ce texte génial.
    Pour le reste, ceux qui le consultent sont de toute façon des zombies convaincu(l)s, donc ça ne changera pas grand chose dans le fond.

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    • lvzor // 24.02.2017 à 09h56

      Oui, je me faisais un peu la même réflexion : Peut-être, après tout, Le Monde n’a-t-il pas tort de prendre ses lecteurs pour des débiles? Après le passage de Colombani, quelle sorte de lecteurs peuvent donc continuer à avaler la propagande plouto-atlantiste servie par l’organe de révérence?
      (finalement peu, si l’on excepte du compte les élus et les cadres de direction des administrations et autres grandes entreprises qui le reçoivent chaque jour avec le courrier de l’après-midi)

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    • Chris // 24.02.2017 à 14h16

      Perso avec Décodex je gagne du temps : je clique sur tout ce qui est orange ou rouge !
      J’ai toujours eu l’esprit de contradiction…

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  • kinimodo // 24.02.2017 à 10h10

    Veritator, Orthofact et Rectifias.

    Merci pour ces trouvailles, on est là au plus proche de ce qu’est réellement cet instrument.

    Le Decodex-Veritator du Monde… comme le titre d’un film d’horreur au rabais où tout est tellement mauvais, le scénario, les acteurs et les effets spéciaux que le film finit par en être comique !

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  • Homère d’Allore // 24.02.2017 à 10h18

    Un ami m’a fait remarquer à propos de ce texte la justesse des notions suivantes:

    – La pathologie néolibérale du rating.

    – La croyance au géomètral suprême.

    Même si Laurent et Sénécat, sans parler du pauvre Saumier, sont incapables d’avoir conscience que leur action se meut dans une idéologie néolibérale, cette foi inébranlable dans le « classement » les démasque.

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  • Charles // 24.02.2017 à 11h18

    « « Refaire les traités européens » s’attire la mention : « compliqué »… Ce qui n’est pas faux en un sens. »

    C’est uniquement compliqué parce que les « élites » ne veulent pas appliquer les décisions du peuple prises par référendum. Ces « élites » chient sur la démocratie quand elle ne va pas dans leur sens.

    Cf. refus du traité en 2005 contourné par l’UMPS et plus récemment la non-volonté de la classe politique dominante suisse d’appliquer la décision du peuple suisse de limiter l’immigration. Trahison et sabotage. Et ils n’encourent aucune peine…

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    • Homère d’Allore // 24.02.2017 à 11h45

      « Refaire les traités européens » n’est pas seulement compliqué, c’est quasiment impossible avec la règle de l’unanimité de l’article 48.

      Pour en avoir la preuve mathématique, vous pouvez taper « jackpot de l’autre Europe » sur YouTube.

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    • SanKuKai // 27.02.2017 à 18h39

      Si. Refaire les traités est compliqué car cela implique tous les autres pays signataires dont les gouvernements sont du même bois que nos élites.
      Par contre, sortir de ces traités est très simple et ne prend que quelques minutes, comme D.Trump l’a démontré avec le Traité transpacifique 🙂

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  • Sébastien // 24.02.2017 à 11h33

    Selon mon Décodex, je met une pastille verte à cet article, bien qu’inévitablement, les travers gauchisants de l’auteur ne peuvent s’empêcher de percer et de manipuler les faits: Adama et Théo, désolé, mais le pouvoir que Lordon prétend dénoncer à pris faits et causes pour eux sans attendre la moindre conclusion. Alors, monsieur Lordon, QuelS pouvoirS s’opposent ainsi pour vous faire commettre une aussi grosse gaffe dans un texte aussi brillant?
    Chacun possède ses limites.

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    • Toff de Aix // 24.02.2017 à 12h04

      Mais quelle honte de lire ça !

      Les morts d’adama et le viol de théo ne seront jamais jugés comme ils le devraient.. Sans parler des milliers d’autres affaires du même genre. Hollande est allé faire le pitre au chevet de théo, mais a-t-il pour autant condamné avec la même « émotion » les brutalités policières commises sous son quinquennat ? La vérité est qu’il ne le fera jamais, pas après les 800 millions d’euros de primes et autres gratifications qu’il a consenties aux policiers et crs au printemps dernier, pour qu’ils fassent le sale boulot lors des manifs anti loi travail.

      Combien de lycéens eborgnés, tabassés gratuitement ? Combien de lycéennes fouillées profondément (j’en ai été témoin), par une BAC déchaînée, qui voulait « se faire du gauchiste »? Combien d’arrestations plus que musclées, de coups de matraque et de bottins durant les GAV, combien de charges de crs injustifiées, de gazages sur dimensionnés sur des femmes et des enfants qui manifestaient pacifiquement ?

      On nous parle « d’enquête IGPN » alors qu’on sait systématiquement que quand l’igpn se prononce, c’est pour blanchir les policiers qui ont « dérapé ». Très peu de condamnations, et jamais à la hauteur de ce qu’elles sont pour le Pékin moyen qui oserait s’attaquer à l’ordre établi. Ne serait-ce qu’en manifestant pacifiquement.

      Assez d’hypocrisie !

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      • Zylo // 24.02.2017 à 16h43

        Il faudrait aussi mentionner les pompiers qui se font caillasser, les zones de non-droits, les urgentistes qui se font tabasser,…
        Les perpétrateurs se faisant qualifier de « petits sauvageons », ouh vilains.
        Certes cela n’excuse pas les violences policières.
        Mais quand on en arrive à un tel point de tension, faire uniquement le procès de la police me semble trop restrictif. Il faut voir dans quel environnement les policiers évoluent…
        Pour l’histoire des gazages sur femmes et enfants, ça ressemble à la manif pour tous. J’y étais, cela n’a représenté qu’un tout petit sous-ensemble des flics, dont on a pu se demander s’ils n’agissaient pas sur ordre politique (provoquer des escarmouches pour pouvoir exhiber des images prouvant la HAINE des dangereux pacifiques que nous étions). Les autres CRS, on a tapé la discut avec, et franchement ils n’étaient pas jouasses d’être là…

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        • georges glise // 25.02.2017 à 21h03

          concernant tous ces incidents et violences policières et les contrôles au faciès répétitifs, il me semble qu’on ne peut pas exclure une volonté de certains groupes de provoquer une révolte des banlieues pour faire monter le désir sécuritaire des électeurs! ne pas oublier que selon de récents sondages, 50 % des policiers et des militaires voteraient pour le fn.
          mais surtout, je remercie monsieur lordon pour le plaisir que m’a procuré la lecture de ce très brillant article. il y avait longtemps que ça ne m’était pas arrivé.

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  • jips // 24.02.2017 à 11h48

    Merci, rien à ajouter dans l’éloge et encore moins dans l’érudition. Mais à ce niveau de qualité et d’émotion ressentie, le scrupule du tout gratuit sur internet me prend, je me sens obligé d’aller acheter le monde diplomatique pour rémunérer l’auteur. Il y a eu aussi appel à don de votre site je sais, mais fonctionnaire en disponibilité, je ne gagne pas une tune en ce moment et je privilégie la création à la distribution, à moins que ce soit une préférence pour un mode d’achat plus traditionnel et moins numérique que celui que vous proposez.
    Pour aller sur d’autres références musicales que celle de Mozart, il est vrai tout à fait bienvenue pour parler ce cet article, j’ai eu dernièrement le même scrupule avec sidi wacho, l’album « libre », que j’ai découvert sur you tube : il a fallu que j’aille acheter le disque que je recommande à tous les très doctes commentateurs de ce site pour aller se frotter aux modes d’expression des gueux, avec un résultat tout aussi jubilatoire, dans une veine plus anarchisante que marxisante qui me paraît tout à fait fondamentale à intégrer pour ne pas rester dans le cénacle des zombies déjà convaincus.
    Encore merci.

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  • yann 35 // 24.02.2017 à 12h19

    à peine né, décodex déjà dépassé : « Afin de traquer les commentaires haineux et autres déclarations déplacées dans les zones de discussion sur Internet, Google et une autre filiale d’Alphabet, Jigsaw, ont lancé cette semaine un outil qui élimine les commentaires les plus nuisibles.  »
    http://www.zdnet.fr/actualites/perspective-l-ia-de-google-qui-va-vous-apprendre-la-politesse-39848956.htm
    Info déplacée : decode/propornet veille, commentaire déplacé : « perspective » (google) veille.
    tout cela m’effraie de plus en plus.
    préparons-nous à retourner dans nos caves pour produire de l’info sur des polycopieuses à alcool …

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  • Mélanippe // 24.02.2017 à 12h36

    Si c’est Macron, ce n’est pas lui. Ou l’art de se laisser surprendre

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  • Mélanippe // 24.02.2017 à 12h44

    https://secure.sogides.com/editeurs/2/2/feuilleteur/9782761947626/9782761947626.html.

    Ou comment apprivoiser le petit dictateur qui est en nous et envoyer promener sur une autre planète ceux qui se sont trompés de terre. Tiens, pourquoi pas sur Trappist. Bye, bye

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  • Claude // 24.02.2017 à 12h55

    Un grand merci à M. Lordon pour ce texte magistral. Nombreux sont les « intellectuels » restant muets sur cette affaire, c’est vraiment inquiétant car « Les responsables du désastre qui vient, ce sont « AUSSI » eux ».

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  • Yamael // 24.02.2017 à 13h40

    Même le fil d’actu y est aller de son pti sujet sur le decodex :

    https://www.youtube.com/watch?v=OzhI3HS9qh4

    (à la fin de l’émission, c’est le 3ème sujet à 10:36)

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  • Zoulle // 24.02.2017 à 13h51

    Selon le decodex

    Le monde diplo est en vert

    Couic

    https://blog.mondediplo.net/2017-02-22-Charlot-ministre-de-la-verite

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  • Antoine // 24.02.2017 à 14h40

    Du Lordon jouissif ! Un article explicatif acidulé mais vraiment plaisant et amusant !

    Le monde, « journal de référence » … Pour qui et sur quoi ?

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  • Vincent P. // 24.02.2017 à 14h54

    Bonjour!
    Un grand merci à M. Berruyer pour le relais de cet article: Le Monde Diplomatique est un poil cher (pour moi), aussi je remercie également ici M.Lordon pour le sourire en coin qui s’est accroché à mon visage tout au long de la lecture de cette petite bombe, et au fil des subtiles banderilles plantées dans les flancs des bovins idiots cornus -Monde-y-a-listes- qui n’y verront que le feu de leurs propres pastilles rouges sans jamais comprendre la danse élégante de celui qui, derrière sa cape lumineuse, leur porte avec amour cette sublime estocade!
    Mille merci, et puisque ce n’était encore fait, je profite de l’enthousiasme qu’aura provoqué cet élégant billet pour vous transmettre toute l’ardeur de mon soutien, et toute ma reconnaissance pour votre précieux travail de secouage des (in)consciences!
    Bien chaleureusement;
    V.P

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  • Suzanne // 24.02.2017 à 18h09

    Remarquable, excellent, du champagne !!! Merci à vous M. Lordon, d’exister, de bien vouloir prendre la parole, d’exprimer la parole de vraie gauche.

    Dans cet article, je ris franchement, en même temps que des arguments béton se dessinent dans ma pensée, ça c’est fort.

    Une dernière remarque pour ceux qui n’aiment pas Lordon (et je peux les comprendre : quelle personnalité incroyable, sans nuance, qui tranche dans le vif sans état d’âme. Si on n’a pas ses opinions politiques, ça doit être insupportable) : Lordon ne se lit pas, il s’écoute, son truc c’est le sonore, le discours parlé, c’est là qu’il est le meilleur.

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  • Yamael // 24.02.2017 à 18h44

    Petite vidéo faite par 4ème singe (un média alternatif que je ne connais pas, la vidéo est juste passé en news sur news360)

    https://www.youtube.com/watch?v=5ZMwV2IE6rs

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  • Olympi // 24.02.2017 à 20h25

    Tout est dit, sauf que Lordon oublie quelque chose de fondamental. J’ai même beaucoup de mal à croire qu’il l’oublie. Pourquoi Samuel Laurent a se vide de la pensée ?

    Je l’ai déjà dit, mais il faut bien le comprendre. Le but d’un journaliste, son travail n’est PAS la vérité. Son travail, comme celui de tout travailleur, c’est de faire plaisir à son patron pour être payé. Et pour faire plaisir à son patron il lui faut rédiger de jolie chose sur l’actualité qui feront vendre du papier, des pixels et de la publicité. Et puis s’il peut diffuser un peu les idée du patron ce n’est pas un mal.
    Le journaliste n’est pas forcément conscient de cela, la sélection naturel (patronal et inter salarial) le fait tout seul.

    À vrai dire, cela est de notre faute, dans une industrie normal, un produit de mauvaise qualité est refusé, un journal qui se joue de la vérité pour se vendre ne devrait pas être acheté. Vous prendriez un avion qui n’a pas passé les tests techniques, alors pourquoi acceptons nous de l’information non testé, non vérifié ?

    Connaissez-vous un journal avec un département qualité qui vérifie les faits et les corriges à la suite de contestation des lecteurs ?

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  • jean Lanza // 25.02.2017 à 00h20

    Je me demande déjà comment un groupe de personne peut s´auto-proclamer « objectif » et délivrer dès lors des bons et mauvais points.
    Dans le cas du Decodex….le Monde est subventionné par l´Etat – à un tel point qu´il ne saurait survivre sans ces aides – et propriété d`un groupe de personnes ayant des intèrêts dans le « monde financier ».
    donc les « decodexeurs » sont atteints de dédoublement de fonction,
    soit crypto-fonctionnaires et doivent allégeance à l Etat
    soit vassaux d`un groupe financier, et de rendre hommage donc aux idées de ce groupe. Charle Gave a parlé « de l´agenda » du groupe.
    Heureusement de dédoublement de fonction n´est pas à ce stade critique car « bienheureusement » l´agenda des uns concorde avec les intérêts de l´Autre.
    Quelle belle objectivité nous sommes en droit d´attendre!

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  • LMDB // 25.02.2017 à 10h14

    Sur le même sujet (Decodex), un article -sans le ton délicieux goguenard de F. Lordon- d’Acrimed :
    http://www.acrimed.org/Post-verite-et-fake-news-fausses-clartes-et
    Je note une phrase qui explique aussi la raison de la médiocrité des media officiels et qui n’est abordée par Lordon qu’en filigrane : « la course à l’audience et aux publications spectaculaires pourrait donc être à l’origine de la diffusion de fausses nouvelles, y compris au sein des médias traditionnels » À laquelle s’ajoute sans doute la « flexibilité » des (petits) journalistes obligés, par rentabilité, de pondre 4, 5 ou 6 articles dans la journée.
    Ce que semble avoir oublié les media, c’est qu’il faut du temps et pas seulement des compétences pour faire de l’information de qualité. S’il n’y a plus, par effet d’un modèle économique, ni l’un, ni l’autre, les lecteurs se détourneront des media officiels ; un travail bâclé se remarque toujours, même par les non-spécialistes : les lecteurs.

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  • Suzanne // 25.02.2017 à 11h39

    Une vidéo de Lordon, encore, où celui-ci analyse très bien les trois principaux arguments de la presse mainstream, et les dérives que cela peut occasionner : la réalité/le réalisme, le pragmatisme, et la notion de modernité.
    Une très belle citation sur la démocratie, également, qui est selon Lordon « la possibilité toujours ouverte de faire autre chose ».

    https://www.youtube.com/watch?v=64m3mWidKsA

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  • Jeanne L // 26.02.2017 à 17h56

    Chez Leibniz, Dieu choisit et fait passer à l’être les « compossibles » c’est à dire parmi les « possibles » ceux qui « composables » entre eux vont pouvoir former ainsi le meilleur des mondes possibles.
    Voltaire a réglé son compte dans les malheurs de Cunégonde , autrement dit Candide, à cette élection/ combinatoire sur le mode du meilleur …
    J’aime énormément la métaphore que fait Lordon du « Monde » comme « géométral », et je me plais à faire un calembour de potache ayant lu le vieux Gottfried Wilhem en pensant que le « Monde » choisit toujours les « c..s possibles » en se posant comme le « géométral » , le point de vue sur tous les points de vue.

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