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17.mars.201617.3.2016 // Les Crises

Edgar Morin : « Le temps est venu de changer de civilisation » par Denis Lafaye

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Source : La Tribune, Denis Lafaye, 11-02-2016

Le sociologue et philosophe Edgar Morin ausculte, du haut de ses 94 ans, l’état du monde et celui de la France. (Crédits : Hamilton/Rea)

Le sociologue et philosophe Edgar Morin ausculte, du haut de ses 94 ans, l’état du monde et celui de la France. (Crédits : Hamilton/Rea)

Dans un entretien exceptionnel, le sociologue et philosophe Edgar Morin ausculte, du haut de ses 94 ans, l’état du monde et celui de la France. Economie, Front national, islam, fanatisme, immigration, mondialisation, Europe, démocratie, environnement : ces enjeux trouvent leur issue dans l’acceptation du principe, aujourd’hui rejeté, de « complexité ». Complexité pour décloisonner les consciences, conjurer les peurs, confronter les idéaux, hybrider les imaginations, et ainsi « réenchanter l’espérance » cultivée dans la fraternité, la solidarité et l’exaucement de sens. « Le seul véritable antidote à la tentation barbare a pour nom humanisme », considère-t-il à l’aune des événements, spectaculaires ou souterrains, qui ensanglantent la planète, endeuillent la France, disloquent l’humanité. « Il est l’heure de changer de civilisation. » Et de modeler la « Terre patrie. »

Acteurs de l’économie – La Tribune. Attentats à Paris, état d’urgence, rayonnement du Front National, vague massive de migration, situation économique et sociale déliquescente symbolisée par un taux de chômage inédit (10,2 % de la population) : la France traverse une époque particulièrement inquiétante. La juxtaposition de ces événements révèle des racines et des manifestations communes. Qu’apprend-elle sur l’état de la société ?

Edgar Morin. Cette situation résulte d’une conjonction de facteurs extérieurs et intérieurs, à l’image de ceux, tour à tour favorables et hostiles, qui circonscrivent l’état de la France, bien sûr inséparable de celui de la mondialisation. Car c’est l’humanité même qui traverse une « crise planétaire ». Et la France subit une crise multiforme de civilisation, de société, d’économie qui a pour manifestation première un dépérissement lui aussi pluriel : social, industriel, géographique, des territoires, et humain.

La planète est soumise à des processus antagoniques de désintégration et d’intégration. En effet, toute l’espèce humaine est réunie sous une « communauté de destin », puisqu’elle partage les mêmes périls écologiques ou économiques, les mêmes dangers provoqués par le fanatisme religieux ou l’arme nucléaire. Cette réalité devrait générer une prise de conscience collective et donc souder, solidariser, hybrider. Or l’inverse domine : on se recroqueville, on se dissocie, le morcellement s’impose au décloisonnement, on s’abrite derrière une identité spécifique – nationale et/ou religieuse. La peur de l’étranger s’impose à l’accueil de l’étranger, l’étranger considéré ici dans ses acceptions les plus larges : il porte le visage de l’immigré, du rom, du maghrébin, du musulman, du réfugié irakien mais aussi englobe tout ce qui donne l’impression, fondée ou fantasmée, de porter atteinte à l’indépendance et à la souveraineté économiques, culturelles ou civilisationnelles. Voilà ce qui « fait » crise planétaire, et même angoisse planétaire puisque cette crise est assortie d’une absence d’espérance dans le futur.

Au début des années 1980, le monde occidental se croyait solidement debout dans la prolongation des mythiques « Trente Glorieuses » et solidement convaincu de bâtir une société ascendante ; de leur côté, l’Union soviétique et la Chine annonçaient un horizon radieux. Bref, chacun ou presque pouvait avoir foi dans l’avenir. Cette foi a volé en éclats, y compris dans les pays dits du « tiers monde », et a laissé place à l’incertitude, à la peur, et à la désespérance.

Comment qualifiez-vous ce moment de l’histoire, dans l’histoire que vous avez traversée ?

Cette absence d’espérance et de perspective, cette difficulté de nourrir foi dans l’avenir, sont récentes. Même durant la Seconde Guerre mondiale, sous l’occupation et sous le joug de la terreur nazie, nous demeurions portés par une immense espérance. Nous tous – et pas seulement les communistes dans le prisme d’une « merveilleuse » Union soviétique appelée à unir le peuple – étions persuadés qu’un monde nouveau, qu’une société meilleure allaient émerger. L’horreur était le quotidien, mais l’espoir dominait imperturbablement ; et cette situation a priori paradoxale caractérisait auparavant chaque époque tragique. Soixante-dix ans plus tard, l’avenir est devenu incertain, angoissant.

Horreur – espoir, paix – repli : ce qui, dans l’histoire contemporaine, distingue les ferments de ces deux situations, c’est l’irruption du fait religieux, et particulièrement d’un islamisme qui ébranle bien au-delà des frontières des pays musulmans…

Les reflux nationaux-religieux ont pour premier point de cristallisation la révolution iranienne de 1979, et l’instauration, inédite, d’une autorité politique religieuse et radicale. Elle intervient après plusieurs décennies de profonds bouleversements dans le monde musulman : à la colonisation ottomane pendant des siècles succède la colonisation occidentale à laquelle succède une décolonisation souvent violente à laquelle succède l’instauration de dictatures à laquelle succède le souffle d’espérance du Printemps arabe auquel succède l’irruption de forces contraires et souvent donc la désillusion, auxquelles à ce jour ont succédé le chaos géopolitique et la propagation de l’idéologie barbare de Daech…

Tout retour à la religion n’est bien sûr pas synonyme de fracas, et souvent se fait de manière pacifiée. Mais on ne peut pas omettre la réalité des autres formes, agressives et violentes, qui ont germé dans le bouillon de culture afghan et ont prospéré dans un terreau où toutes les parties prenantes ont leur part de responsabilité ; la seconde guerre en Irak, l’intervention en Libye, l’inaction en Syrie, le bourbier israélo-palestinien mais aussi, sous le diktat américain, la propagation d’une vision manichéenne du monde opposant empires du bien et du mal, ont participé à la fracturation du monde musulman et à la radicalisation de certaines de ses franges. Le comportement des grandes nations du monde a contribué activement à « l’émergence » d’Al Qaeda hier et de l’État islamique aujourd’hui, à faire de la Syrie un terrain de guerres, d’alliances de circonstances, de coalitions invraisemblables, d’intérêts contraires, d’exactions, et de prolifération islamiste inextricable. Ce brasier dissémine ses flammèches bien au-delà de ses frontières, et ses répercussions ne se limitent pas à la rupture diplomatique entre l’Arabie Saoudite et l’Iran ou à la flambée du schisme entre chiites et sunnites.

Cette absence d’espérance individuelle et collective dans l’avenir a-t-elle pour germe, dans le monde occidental, l’endoctrinement marchand, capitaliste, consumériste et ultra technologique ?

Deux types de barbarie coexistent et parfois se combattent. Le premier est cette barbarie de masse aujourd’hui de Daech, hier du nazisme, du stalinisme ou du maoïsme. Cette barbarie, récurrente dans l’histoire, renaît à chaque conflit, et chaque conflit la fait renaître. On s’en offusque en 2016 en découvrant les images ou les témoignages dans l’État islamique, mais les millions de morts des camps nazis, des goulags soviétiques, de la révolution culturelle chinoise comme du génocide perpétré par les Khmers rouges rappellent, s’il en était besoin, que l’abomination barbare n’est pas propre au XXIe siècle ni à l’Islam ! Ce qui distingue la première des quatre autres qui l’ont précédée dans l’histoire, c’est simplement la racine du fanatisme religieux.

Le second type de barbarie, de plus en plus hégémonique dans la civilisation contemporaine, est celui du calcul et du chiffre. Non seulement tout est calcul et chiffre (profit, bénéfices, PIB, croissance, chômage, sondages…), non seulement même les volets humains de la société sont calcul et chiffre, mais désormais tout ce qui est économie est circonscrit au calcul et au chiffre. Au point que tous les maux de la société semblent avoir pour origine l’économique, comme c’est la conviction du ministre de l’Économie Emmanuel Macron. Cette vision unilatérale et réductrice favorise la tyrannie du profit, de la spéculation internationale, de la concurrence sauvage. Au nom de la compétitivité, tous les coups sont permis et même encouragés ou exigés, jusqu’à instaurer des organisations du travail déshumanisantes comme en atteste le phénomène exponentiel de burn out. Déshumanisantes mais aussi contre efficientes à l’heure où la rentabilité des entreprises est davantage conditionnée à la qualité de l’immatériel (coopération, prise d’initiatives, sens de la responsabilité, créativité, hybridation des services et des métiers, intégration, management etc.) qu’à la quantité du matériel (ratios financiers, fonds propres, cours de bourse, etc.). Ainsi la compétitivité est sa propre ennemie. Cette situation est liée au refus d’aborder les réalités du monde, de la société, et de l’individu dans leur complexité.

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Tous les maux de la société semblent avoir pour origine l’économique, comme c’est la conviction du ministre de l’Économie Emmanuel Macron. Cette vision unilatérale et réductrice favorise la tyrannie du profit, de la spéculation internationale, de la concurrence sauvage. »

Une grande part de votre travail de sociologue et de philosophe a justement porté sur l’exploration de la complexité, sur l’imbrication des différents domaines de la pensée complexe mise en lumière dans votre « œuvre » référence, La Méthode. Le terme de complexité est considéré dans son assertion « complexus », qui signifie « ce qui est tissé ensemble » dans un entrelacement transdisciplinaire. À quels ressorts attribuez-vous ce rejet, contemporain, de ce qui est et fait complexité ?

La connaissance est aveugle quand elle est réduite à sa seule dimension quantitative, et quand l’économie comme l’entreprise sont envisagées dans une appréhension compartimentée. Or les cloisonnements imperméables les uns aux autres se sont imposés. La logique dominante étant utilitariste et court-termiste, on ne se ressource plus dans l’exploration de domaines, d’activités, de spécialités, de manières de penser autres que les siens, parce qu’a priori ils ne servent pas directement et immédiatement l’accomplissement de nos tâches alors qu’ils pourraient l’enrichir.

La culture n’est pas un luxe, elle nous permet de contextualiser au-delà du sillon qui devient ornière. L’obligation d’être ultraperformant techniquement dans sa discipline a pour effet le repli sur cette discipline, la paupérisation des connaissances, et une inculture grandissante. On croit que la seule connaissance « valable » est celle de sa discipline, on pense que la notion de complexité, synonyme d’interactions et de rétroactions, n’est que bavardage. Faut-il s’étonner alors de la situation humaine et civilisationnelle de la planète ? Refuser les lucidités de la complexité, c’est s’exposer à la cécité face à la réalité. Ce qui précéda et favorisa la Seconde Guerre mondiale n’était-il pas une succession d’aveuglements somnambuliques ? Et au nom de quoi faudrait-il penser qu’en 2016 les décideurs politiques sont pourvus de pouvoirs extralucides et protégés de ces mêmes aveuglements ?

La barbarie prospère quand la mémoire de la barbarie s’efface. Or en occident, l’empreinte de l’indicible le plus indicible : la Shoah, qui dans les consciences constitua une digue, même poreuse, à la reproduction de la barbarie, s’estompe au fur et à mesure que les témoins disparaissent. Redoutez-vous les conséquences de cette évaporation « physique » de l’histoire ? L’Homme est-il victime d’une confiance disproportionnée en son humanité et en l’humanité collective à ne pas reproduire demain l’abomination d’hier ?

L’extermination des juifs dans les camps de concentration nazis n’a pas empêché une partie du monde juif en Israël de coloniser et de domestiquer la population palestinienne. Que leurs ascendants voire eux-mêmes aient subi les plus épouvantables atrocités pendant la Seconde Guerre mondiale a-t-il immunisé les agents du Mossad ou les officiers de l’armée israélienne à commander ou à perpétrer des atrocités ? Non. Qu’on fait les communistes lorsqu’ils ont occupé l’Allemagne de l’est et libéré le camp de Buchenwald, dans lequel dès 1933 avaient été incarcérés et anéantis notamment des… communistes ? Ils y ont parqué les supposés ou avérés anti-communistes ! Et dès le 8 mai 1945, les Français, eux-mêmes victimes de la barbarie nazie, n’ont-ils pas conduit le massacre de Sétif, Guelma et Kherrata, au cours duquel plusieurs milliers d’anti-colonialistes et d’indépendantistes algériens furent exterminés ? Pourtant ces victimes avaient pour revendication strictement la même que celle des Français à l’égard du pouvoir allemand : liberté, paix et émancipation. « Dans l’opprimé d’hier il y a l’oppresseur de demain », considérait fort justement Victor Hugo.

La mémoire est, en réalité, toujours à sens unique et ne constitue nullement un rempart à la reproduction du mal. Le seul véritable antidote à la tentation barbare, qu’elle soit individuelle et collective, a pour nom humanisme. Ce principe fondamental doit être enraciné en soi, chevillé au fond de soi, car grâce à lui on reconnaît la qualité humaine chez autrui quel qu’il soit, on reconnaît tout autre comme être humain. Sans cette reconnaissance d’autrui chère à Hegel, sans ce sens de l’autre que Montaigne a si bien exprimé en affirmant « voir en tout homme un compatriote », nous sommes tous de potentiels barbares.

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« L’extermination des juifs dans les camps de concentration nazis n’a pas empêché une partie du monde juif en Israël de coloniser et de domestiquer la population palestinienne. » (Ici, Benjamin Netanyahu)

La France est en état d’urgence. Ce qui instille de lourdes interrogations sur l’articulation des libertés individuelles avec la nécessité de combattre le péril terroriste. Erri de Luca considère que « déléguer la sécurité à l’État, c’est réduire ses propres responsabilités ». Et le romancier italien d’inviter chacun à « s’emparer de la problématique, et pour cela d’être responsable de ce qui se passe à côté de lui. Lançons l’alerte au niveau zéro de la société, dans un mouvement populaire et de fraternité. » L’enjeu de la sécurité peut-il constituer une opportunité de démocratie et même de fraternité ?

Pour l’heure, absolument rien ne permet de croire en son exaucement. Les expériences passées apprennent beaucoup. Y compris lorsqu’elles ont pour théâtre d’autres pays. À ce titre, les lois « Prevent » déployées en Grande-Bretagne après les terribles attentats de 2005 à Londres ont-elles porté leurs fruits ? Elles poursuivaient un double dessein : d’une part favoriser l’intégration des musulmans, nombreux sur le territoire, en leur affectant notamment des lieux cultuels et culturels, d’autre part mieux repérer les extrémistes potentiellement promis à se radicaliser dans la peau de terroristes. C’est-à-dire qu’il s’agissait d’identifier plus facilement de possibles ennemis au sein d’une communauté qu’on cherchait à mieux intégrer… Cette stratégie schizophrénique était vouée à l’échec. Résultat, non seulement la sécurité n’y a pas gagné, mais en plus, le sentiment d’intégration des musulmans s’est détourné de sa cible originelle : la nation britannique, pour embrasser celle de l’islam.

L’histoire contemporaine des factions armées et terroristes – IRA en Grande-Bretagne, ETA en Espagne, Brigades rouges en Italie – qui ont perpétré des atrocités dans les démocraties, montre que la répression policière et les dispositifs législatifs contraignant les libertés ont leurs limites. Rien ne peut faire pare-feu infranchissable. À ce titre, penser que les actuelles mesures d’urgence en France accroissent la sécurité est un leurre ; elles diffusent au sein de la population un « sentiment psychologique » de sécurité, mais cette perception n’est pas synonyme de sécurité véritable. Et de plus, si elles tombent en de « mauvaises » mains, ces mesures peuvent être détournées de leur vocation, autoriser le pire arbitraire et se retourner drastiquement contre l’intérêt même de la nation. Les imagine-t-on dans le cadre d’une victoire du FN au scrutin présidentiel ?

Tout comme l’humanisme forme la plus efficace des murailles contre la barbarie, cultiver fraternité et unité au sein de la population certes ne permet pas de repérer les terroristes mais tonifie le principe d’identité partagée, consolide la vitalité démocratique, et donc peut participer à dissuader les radicaux de franchir le pas vers le terrorisme.

L’intégration de « l’extension de la déchéance de nationalité aux binationaux nés en France » au projet de loi constitutionnelle forme une importante fracture dans le substrat idéologique de la gauche française, et cristallise une opportunité supplémentaire de rupture. Cette dramaturgie est-elle fondée ? Le Chef de l’État et son Premier ministre renient-ils les « valeurs » de gauche ou les adaptent-ils aux singulières injonctions du contexte terroriste ?

La « valeur » de cette déchéance de nationalité est purement symbolique, nullement concrète. Et sa portée mythologique est infructueuse. Faire croire que déchoir de la nationalité française des kamikazes déterminés à mourir au nom du djihad va les dissuader de passer à l’acte est un non sens. Cette proposition administrative et juridique a pour seule véritable vocation de constituer une excommunication, elle est à ce titre une sorte d’équivalent laïc de l’excommunication dans la religion catholique ou du Herem dans le judaïsme. « Être déchu » signifie que l’on n’est plus rien, que l’on n’existe plus aux yeux de sa nation, et je peux comprendre ceux qui l’associent à une offense aux valeurs de la République. La dimension symbolique, forte, n’est pas sans rappeler, par ailleurs, de sombres souvenirs. Du régime nazi aux services de Mussolini en passant par le gouvernement de Vichy, les procédures de déchéance furent pléthoriques, et elles demeurent l’apanage des régimes politiques autoritaires.

Dans leur ouvrage Jésus selon Mahomet (Seuil), Gérard Mordillat et Jérôme Prieur évoquent la difficulté de décortiquer les énigmes du Coran, d’interpréter les textes à l’aune des critères occidentaux de compréhension. Comme s’y emploient les courants salafistes et wahhabites, le Coran s’expose à des considérations incompatibles avec la République, et même, comme l’a démontré la folie des terroristes, totalement hostiles lorsqu’il devient levier d’endoctrinement et de désagrégation de « l’être sujet de la société ». La communauté musulmane a manifesté avec force son rejet de l’horreur des attentats du 13 novembre, mais la même s’était montrée sensiblement plus discrète au moment de condamner l’assassinat des dessinateurs de Charlie Hebdo. Pourtant, sur l’échelle des valeurs de la République, il ne doit pas exister d’approche différenciante des deux événements. L’islam, notamment au sein d’une jeunesse qui y trouve un substitut à son malaise social et citoyen, est-il bien naturellement soluble dans la nation, la laïcité et la démocratie françaises ?

L’histoire apporte la meilleure réponse. Pendant des siècles et dans toute l’Europe, qu’a donc démontré l’Église catholique ? Son incompatibilité avec la démocratie française et la laïcité. Il faudra attendre le début du XXe siècle, c’est-à-dire « hier » sur l’échelle du christianisme, pour qu’Église, démocratie et laïcité commencent de coexister, à l’issue d’une succession séculaire de luttes armées, philosophiques, politiques, artistiques ou sociales qui ont fait progresser les esprits. Renaissance, Lumières, romantisme… toutes ces étapes furent nécessaires pour que le pouvoir de l’Église quitte le périmètre politique et se concentre sur la sphère privée, dite « des âmes ». Et c’est seulement une fois que l’écueil monarchique fut définitivement écarté que l’Église catholique devint entièrement soluble dans la démocratie. Alors pourquoi doit-on exiger de l’islam d’accomplir en quelques années voire instantanément la même trajectoire que l’Église mit des siècles à réaliser ?

D’autre part, l’occident chrétien est légitimement effondré devant la destruction des Bouddhas de Bamiyan en Afghanistan ou des vestiges de Palmyre en Syrie, il est légitimement opposé à la stratégie armée de conquête de territoires et légitimement écoeuré par les massacres perpétrés par les islamistes ; mais a-t-on oublié la manière dont, au cours des siècles, les chrétiens persécutèrent les païens, brulèrent leurs représentations artistiques, portèrent les sanglantes croisades, évangélisèrent les terres musulmanes ? L’inquisition fut-elle un modèle d’humanité ?

Certes, tout comme dans la Bible, le Coran recèle des textes d’une infinie beauté mais parfois aussi d’une grande violence, notamment à l’endroit de l’infidèle et de l’impie. Mais l’islam est en premier lieu une religion judéo-chrétienne, proche davantage du judaïsme que de la chrétienté – ses interdits et ceux du judaïsme sont très proches -, et qui partage un même socle avec les deux autres religions monothéistes ; Abraham, Moïse, Jésus sont communs aux textes, et seul le prophète Mahomet singularise véritablement le Coran. Un minaret ne ressemble-t-il pas à un clocher ? Bref, le tronc commun aux trois grandes religions est substantiel. Et l’enjeu prioritaire pour lever les derniers écueils à la totale « solubilité » de l’islam dans la démocratie et la République françaises, c’est d’enseigner la nature judéo-chrétienne de l’islam. Voilà un devoir pédagogique fondamental.

Comment tout Homme croyant doit-il hiérarchiser ses attributs dès lors qu’il doit être admis que les règles publiques de la République qui font commun et société s’imposent à celles, privées, de la foi, c’est-à-dire à l’expression de la conscience spirituelle ? À quelles conditions, finalement, « identité musulmane » et « identité française » sont-elles compatibles ?

Le « décrié » Tariq Ramadan – avec qui Edgar Morin a publié Au péril des idées, Presses du Chatelet, NDLR – y est lui-même favorable : il est l’heure d’organiser et de promouvoir un islam occidental européen, qui sera le théâtre de reconnaissances fondamentales. Reconnaissance du statut des femmes, de l’égalité hommes-femmes, des lois de la République, du monopole de l’État dans l’éducation publique – cohabitant avec des systèmes d’éducation privée -, des non croyants et libres penseurs, des mariages mixtes… L’ensemble de ces leviers est déterminant pour amener chaque musulman à adopter les règles de la République et à prendre conscience qu’elles ne constituent aucunement une entrave à l’exercice de sa foi.

La France est un pays multi-ethnique et multi-religieux. La religion juive – aujourd’hui encore interprétée par les ultra-orthodoxes en Israël dans une radicalité qui juge la seule fréquentation d’un goy impure et immonde – s’est convertie avec succès aux lois de la République. Absolument rien ne permet de considérer que l’islam ne peut pas y parvenir. Encore faut-il s’extraire d’un tourbillon qui entremêle rejets et stigmatisations réciproques, et d’un cercle vicieux par la faute duquel les phobies (islamophobie, occidentalophobie, judéophobie) se nourrissent, s’entretiennent, s’exacerbent mutuellement. Elles composent un seul et même poison qui intoxique toute la nation.

Autre poison : le Front National. 6 800 000 électeurs lors du dernier scrutin régional, des cadres désormais de bon niveau, des diagnostics qui peuvent sonner juste au-delà des cercles habituels, une crise familiale interne finalement maîtrisée, un éventail de motivations parmi les électeurs qui a dépassé celui, historique, de la seule xénophobie. Chômage, déracinement, dilution des repères, déshérence sociale, offre éducationnelle déliquescente, inégalités croissantes, discrédit des « élites », cités gangrénées par l’insécurité : une partie de ces électeurs fonde son vote sur des considérations davantage économiques, financières, sociales que « seulement » ethniques. Le front républicain, artificiel, face à un FN dédiabolisé, a semblé vivre ses ultimes heures ; de moins en moins audible au sein des partis traditionnels et chez les électeurs, il constitue même un crédit supplémentaire à la stratégie victimaire et complotiste du FN. Enfin, les scores records qu’il a enregistrés lors des Régionales dans les communes qu’il administre depuis 2014 (53,73 % au Pontet, 48,01 % à Béziers, 53,27 % à Fréjus), confèrent au FN d’être bel et bien l’un des composants d’un paysage politique désormais tripolaire. L’enracinement est idéologique, géographique, politique. Quel diagnostic sur l’état même de la France cette réalité produit-elle ?

La popularité du Front National cristallise une double régression : celle de la France républicaine, et celle du peuple de gauche. La France républicaine avait vaincu en 1900 la France aristocratique et monarchique, mais le gouvernement de Vichy montra que cette France républicaine post-Dreyfus n’avait que partiellement jugulé l’autre France. Lorsque j’étais enfant ou adolescent, l’ennemi n’était pas l’arabe mais bien le juif, et cela même les grands hebdomadaires nationaux s’en faisaient les porte-paroles, colportant les pires calomnies. Cette deuxième France xénophobe a toujours existé, mais compromise par la collaboration elle s’est recroquevillée. Nous assistons au lent et méthodique retour d’un Vichysme rampant qui n’a pas besoin d’occupation allemande pour innerver les consciences. Le dépérissement du peuple républicain et du peuple de gauche en même temps que les angoisses du présent expliquent cette résurgence.

Et cette cause a pour origine la disparition progressive des structures qui maillaient le territoire, couvraient les différentes populations, et diffusaient l’esprit et les règles de la République, les principes de la démocratie et de la laïcité, les valeurs de liberté, d’égalité, d’humanisme, de fraternité : les instituteurs dans un monde rural longtemps majoritaire, les enseignants dans le secondaire, les cellules locales des partis socialiste et communiste dans leurs écoles de cadres et dans les syndicats. Cette structuration des valeurs républicaines – qui, par capillarité, assurait sa perpétuelle régénérescence -, s’est lézardée puis s’est effondrée. Résultat, dans une nation dépourvue d’idéaux et d’espérance, cette seconde France de la xénophobie, du repli, de la peur, redevient majoritaire. Pire, elle parvient à contaminer ceux-là mêmes qui, il y a encore peu, portaient un intérêt empathique au monde.

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« Marine Le Pen serait-elle une présidente « simplement » autoritaire ou fascisante ? Ce qu’elle est réellement, nous ne le saurons que si elle est élue. Mais il sera peut-être trop tard. »

Qu’il soit autorisé au sein de la République suffit-il à qualifier le Front National de parti républicain ?

Le Front National clame haut et fort assumer la loi républicaine et la laïcité, et à ce titre est totalement éligible au rang de parti républicain. Reste un mystère : quelle Présidente de la République Marine Le Pen ferait-elle ? Autoritaire dans la lignée de la Hongrie de Victor Orban, déterminée à quitter le pluralisme démocratique et à adopter une organisation fascisante ? En d’autres termes, ce qui distingue la menace fondée de la menace improbable d’une victoire électorale constitue une énigme. Mais une énigme que sa popularité enracinée et la faiblesse des contrepoids idéologiques et démocratiques rendent extrêmement inquiétante. Nous saurons qui elle est si elle est élue, mais il sera peut-être trop tard.

Le vote Front National est la manifestation d’une exaspération multiforme, qui contamine jusqu’aux strates les plus éduquées de la société – près de 20 % des chefs d’entreprise l’ont rallié. Signifie-t-elle que la France est allée au bout de ce qu’elle peut proposer et accepter en matière d’assistance, d’accueil, et d’impôt – qui constitue le socle même de la société ? Trois contributeurs majeurs à « l’humanité » du « vivre ensemble »…

La psychose anti-migrants est ubuesque. Peu nombreux sont les fugitifs de Syrie ou d’Irak candidats à s’installer en France, et c’est traditionnellement dans les localités les moins exposées à l’immigration que sévissent les plus virulents sentiments xénophobes. Là encore ne succombons pas à la logique quantitative. La réussite de l’intégration n’est pas une question de chiffres mais de conditions d’accueil : contexte économique, dispositifs sociaux et éducationnels, « atmosphère » politique, prédispositions psychosociologiques de la population autochtone à plutôt s’ouvrir ou se fermer, etc. L’Allemagne, nonobstant les graves débordements sexistes, à ce jour encore non résolues, du réveillon du jour de l’an à Cologne et dans quelques autres villes, pâtit-elle d’héberger un million et demi de réfugiés politiques ? Non, et cela parce que ses habitants comme sa classe politique font preuve d’ouverture.

Le système français de naturalisation, en vigueur depuis le début du XXe siècle, a bien fonctionné. Et l’histoire des vagues massives d’immigration livre deux enseignements universels : deux générations sont nécessaires avant une pleine intégration – même lorsque les immigrés sont de religion catholique, comme en témoignent les violences subies par les Italiens débarqués à Marseille dans les années 1900 -, et le test de ladite intégration est le mariage mixte. Alors certes ces règles s’appliquent plus difficilement avec les populations originaires du Maghreb. Cela tient au passé colonial, au passif de la guerre d’Algérie, au traitement équivoque des pays occidentaux à l’égard des régimes arabes ou du conflit israélo-palestinien, à certains particularismes religieux, au zèle de la police à l’endroit des jeunes contrôlés au faciès… Tout cela contribue à entretenir un climat de rejet, mais aussi de repli et de fermeture sur soi. Il en est pourtant qui en dépit de ces obstacles, percent le plafond et occupent des postes de haute responsabilité politique, artistique ou économique. Ils sont l’exemple qu’en dépit du grave dépérissement du socle républicain d’intégration et du délitement des creusets de liberté, d’égalité et de fraternité, l’intégration reste possible.

La retranscription des conversations du joueur de football Karim Benzema – dans l’affaire pénale l’opposant à son coéquipier Mathieu Valbuéna -, dont il était presque impossible de comprendre le sens et d’interpréter la signification, est symptomatique d’un mal profond, ainsi résumé par l’avocat pénaliste Eric Dupond-Moretti : la nation manque d’un langage commun et de codes de conduite communs. Dans ce domaine aussi, le système éducatif a-t-il gravement failli ? Est-il réactionnaire d’appeler dans le sillage d’Alain Finkielkraut à restaurer avec exigence des bases de vie commune : civisme, lecture, histoire, etc. ?

Le système éducatif est devenu tout à fait inadéquat, et cela pour l’ensemble des jeunes quels que soient leur origine ethnique, leur milieu social ou leur parcours de vie. Tout simplement parce qu’il ne traite pas des problèmes fondamentaux que chacun est appelé à affronter au cours de son existence. Enseigner à vivre – c’est aussi le titre d’un de ses ouvrages, paru chez Actes Sud en 2014, NDLR -, comme y exhortait Jean-Jacques Rousseau, c’est en effet explorer les voies de l’épanouissement, de l’autonomie intellectuelle, émotionnelle et décisionnelle, c’est apprendre à vivre solidairement, à faire face aux problèmes vitaux de l’erreur, de l’illusion, de la partialité, de l’incompréhension d’autrui et de soi-même, c’est apprendre à affronter les incertitudes du destin humain, à connaître les pièges de la connaissance, in fine à faire face aux problèmes du « vivre ». Tout cela à l’ère d’internet et dans une civilisation où nous sommes si souvent désarmés voire instrumentalisés.

Nombre de sujets absolument fondamentaux sont absents de l’enseignement. Par ailleurs, les manuels d’histoire doivent impérativement s’enrichir d’une information minutieuse sur une histoire de France qui dépeint les capétiens et au cours des siècles a intégré des peuples hétérogènes en les « provincialisant » et en les francisant. Insister sur la manière dont des nations, des peuples, des cultures, des langues, des religions a priori si éloignés les uns des autres se sont peu à peu agglomérés et composent aujourd’hui une nation polyculturelle est essentiel. La France n’est pas « que » empire conquérant et colonisateur ; elle est surtout elle-même le fruit d’une mosaïque de cultures, et ce qui était « valable » avec l’hybridation avant-hier des peuples breton, basque, alsacien, hier des Italiens, Polonais ou Portugais, l’est pleinement aujourd’hui avec les Marocains, Algériens, Cambodgiens ou Turcs.

Enfin, et tout aussi capitaux doivent être d’une part la réhabilitation de la culture des humanités, menacée par la culture techno-économique, d’autre part son décloisonnement et son maillage avec la culture scientifique. Faire se confronter, dialoguer, construire ensemble et de manière transdisciplinaire ces différentes expressions de la connaissance est fondamental, y compris pour favoriser, là encore, la culture de l’ouverture au détriment de celle, grandissante, de la fermeture. Ce qui signifie aussi que toutes les formes de la culture doivent être promues. Les disciplines classiques ne doivent pas obstruer celles modernes et contemporaines. Mon attachement viscéral à l’œuvre de Montaigne, Pascal, Rousseau ou Dostoïevski ne m’empêche pas d’être émerveillé par celle de Fritz Lang ou d’Akira Kurosawa. Les vertus de la complexité, c’est, dans ce domaine aussi, embrasser plutôt qu’élaguer, c’est mettre en perspective plutôt que compartimenter.

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« Le succès du Front National cristallise la popularité grandissante d’une deuxième France xénophobe qui a toujours existé ». (Hamilton / REA)

Le Front National a « capturé » et dévoyé une valeur clé de la nation – abandonnée par la gauche en dépit des tentatives d’Arnaud Montebourg dans le champ économique – : le patriotisme. Patriotisme dont se sent exclue une frange de la population qui n’a pas d’histoire commune avec la France et donc peut difficilement envisager avec elle un avenir commun. La célèbre image des drapeaux algériens brandis par de jeunes Français dans les travées du Stade de France a fait mal. Comment réveiller le sentiment (com)patriote sans qu’il dérape dans les travers nationalistes ?

Jean Jaurès conciliait patriotisme et internationalisme. Aujourd’hui il faut associer ces deux termes qui sont antagonistes pour la pensée non complexe : patriotisme et cosmopolitisme signifiant « citoyen du monde ». La communauté de destin pour tous les humains, créée par la mondialisation, doit générer un nouveau lien civique de responsabilité, par exemple à l’état de la biosphère qui dépend de nous et dont nous dépendons. En 1993, j’ai même écrit un livre, Terre Patrie (Seuil), plus actuel que jamais. Mais cela n’exclut pas nos autres patries, dont nos « petites » patries, locales et provinciales, et surtout la nation qui, elle, est une communauté de destin aux profondes racines historiques, et pour qui le mot patriotisme indique le ciment affectif qui nous lie à elle, car il est à la fois maternel (mère-patrie) et paternel (autorité de l’État). Ce patriotisme doit d’ailleurs être revitalisé par opposition à une mondialisation essentiellement techno-économique, anonyme, sans âme – alors que nous devons nous sentir liés à la matrie terrestre dont nous sommes issus. Comme la mondialisation techno-économique crée dans notre nation comme dans d’autres des déserts humains et économiques, nous devons sauvegarder nos intérêts nationaux vitaux.

Notre nation porte en elle deux messages qu’ont toujours transformé en français des ressortissants de peuples progressivement provincialisés et francisés au cours des siècles d’histoire, puis ensuite issus d’émigration : celui d’intégration de la diversité ethnique puis religieuse dans une grande unité supérieure, qui se nourrit de cette diversité sans la détruire. Autrement dit reconnaître que la France est en fait multiculturelle, c’est donner aux enfants d’immigrés la possibilité de se sentir français. D’autre part, 1789 a introduit dans le code génétique une originalité : être français n’est pas subir un déterminisme, c’est vouloir être français. Les délégations à la fête du 14 juillet 1790 disaient : « Nous voulons faire partie de la grande nation ». Au 19e siècle, Fustel de Coulanges et Renan considéraient que la France était un être d’esprit, non de sang ; ainsi, en dépit de leur culture germanique, les Alsaciens voulaient être français et se sentaient français d’esprit. Plus nous sommes menacés par des forces anonymes et anonymisantes, qui tendent à disloquer ou à dissoudre les communautés et les solidarités, plus nous devons travailler à sauver lesdites communautés et solidarités. Le nationalisme clos s’oppose à tout ce qui peut nous solidariser avec nos voisins européens et avec les autres peuples de la planète. Notre patriotisme est en même temps humaniste. Si cela était enseigné dans les écoles, les élèves constateraient que l’histoire de France n’est pas principalement conquêtes et colonisation, elle est aussi et surtout intégration du divers, communauté profonde, et, comme l’ont clamé tous les grands de Montaigne à Hugo et Jaurès, elle est amour de l’humanité.

Le succès du Front National illustre un autre phénomène : dans un contexte de mondialisation, de disparition des frontières, de « planétarisation » instantanée (via les réseaux sociaux, les nouvelles technologies, les facilités de transports, la mobilité sous toutes ses formes) mais aussi, consubstantiellement, de précarisation, d’inégalités, de dogme marchand, et d’effacement d’un certain nombre de repères (notamment lié au délitement des religions), les citoyens semblent aspirer à recouvrer un périmètre d’existence visible, délimité, compréhensible, de proximité à la fois géographique mais aussi identitaire, culturel, religieux. Bref, le retour à une nation et à une société « homogènes » et « rassurantes »… A-t-on ouvert le monde et celui de chaque citoyen de manière trop hâtive ou désordonnée ?

À partir du début des années 1990 a pris forme l’unification techno-économique du globe. Internet, téléphone mobile, disparition administrative des frontières, dématérialisation tous azimuts, canaux financiers instantanés et planétaires, propagation du capitalisme de la Chine à la Russie, de l’Amérique latine à l’Afrique : contrairement aux idées reçues, ce phénomène d’universalisation a favorisé la rétraction, la « refermeture », et même la dislocation – idéologique, religieuse, politique, culturelle – dans de nombreuses parties du globe.

N’est-il pas curieux que concomitamment à cette mondialisation multiforme surviennent la désagrégation de la Yougoslavie, la scission de la Tchécoslovaquie, des stratégies séparatistes dans chaque continent ou presque ? L’éclatement de l’empire soviétique ne résulte-t-il pas lui-même de ce nouveau diktat ? L’erreur commise – et qu’Edgar Morin a diagnostiquée et auscultée dans La Voie, Fayard, 2011, NDLR – fut de ne pas chercher à unir les deux impératifs contraires : mondialiser et démondialiser. Mondialiser pour favoriser toutes les communications propices à la compréhension et à la prospérité entre les peuples, et démondialiser afin de sauvegarder territoires, nations et zones appelées à devenir ces déserts humains ou économiques. Réfléchir à combiner croissance et décroissance, développement et enveloppement, est un impératif. Encore un exemple de cette « pensée complexe » à laquelle est préférée la confortable « pensée binaire ».

Bien sûr, la France ne constitue pas un ilot isolé au sein d’une Europe qui serait, dans l’idéal, massivement progressiste. La popularité des formations populistes, xénophobes, anti-européennes, gangrène tous azimuts. La Hongrie n’est plus seule, comme en témoigne « l’audace » du Parti Droit et Justice de Jaroslaw Kaczynski attelé en Pologne à étrangler les libertés des médias et à vassaliser le Tribunal constitutionnel. L’Union européenne, honnie d’une grande partie des Français comme l’a révélé le dernier scrutin ad hoc de 2014, a été pendant cinquante ans le rempart au fascisme. En devient-elle peu à peu un nouveau terreau ?

C’est une triste vérité. L’Europe a échoué dans sa mission. Et en premier lieu en laissant l’hyperfinanciarisation, les mécanismes spéculatifs et les intérêts des multinationales pourrir le système économique. Cette dégradation au départ purement économique a ensuite contaminé les champs social, culturel et bien sûr politique. L’Europe aurait pu aider à exorciser les peurs des citoyens ; or la plupart de ceux qui souffrent et s’angoissent la rendent responsable d’affaiblir les souverainetés, de vulnérabiliser les indépendances nationales, d’être une passoire pour l’immigration. Alors la suspicion puis la peur puis la haine de l’étranger, devenu menace et ennemi, ont parasité les consciences. Il nous reste à intégrer notre patriotisme dans celui de la Terre-Patrie.

Même des démocraties que l’on croyait prémunies sont gagnées par les doctrines d’extrême droite. C’est le cas de la Grande-Bretagne et, au-delà du continent anglo-saxon incarné par les États-Unis. Les Républicains s’apprêtent à désigner leur représentant aux élections présidentielles. Dans l’histoire récente du pays, des postures ultramoralistes, ultradicales en matière de mœurs, ou ultrabelliqueuses ont concouru. Mais jamais un candidat ouvertement raciste comme Donald Trump n’avait à ce point rallié les suffrages tels que les intentions de vote le prédisent. Que cette terre d’immigration et de liberté y succombe est lourd d’interprétations…

Les États-Unis sont une terre de grandes surprises électorales et de revirements stupéfiants. Capable de désigner Barack Obama mais aussi un Georges W. Bush qui, s’il n’est pas ouvertement raciste comme Donald Trump, a mené une guerre en Irak qui a provoqué une catastrophe humaine, géopolitique, financière, et civilisationnelle d’une ampleur planétaire et aux répercussions toujours désastreuses. De cette Amérique nous pouvons attendre le meilleur et le pire. Que Donald Trump caracole en tête des sondages républicains est un signe supplémentaire que le pays et, au-delà, l’ensemble du monde, traversent une ère d’incroyables incertitudes face auxquelles les citoyens sont déboussolés, désarmés, dépourvus du substrat idéologique adéquat.

Donald Trump et Marine Le Pen ont en commun, aux yeux de leurs électeurs, d’exercer un « parler vrai » assimilé à un « parler libre ». Comment peut-on parler vrai et parler utile et juste, comment peut-on parler vrai sans parler sale (démagogie, populisme, stigmatisation) ?

Les partisans de Donald Trump et de Marine Le Pen pensent qu’ils disent la vérité. Laissons-leur cette impression, et concentrons-nous sur le véritable antidote : convaincre les professionnels de la politique d’abandonner une langue de bois qui ne correspond absolument plus aux réalités contemporaines du langage et aux attentes des citoyens. Ceux-ci aspirent à écouter des messages accessibles et simples, authentiques et responsabilisants. Dénoncer le « populisme » (mot étrange) ou vitupérer le proto-fascisme du FN ne sert nullement à lui barrer la route ; ce qu’il faut, c’est changer de route et montrer celle d’une autre et nouvelle voie.

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« La popularité de Donald Trump démontre que les Etats-Unis et l’ensemble du monde traversent une ère d’incroyable incertitudes face auxquelles les citoyens sont déboussolés et désarmés. »

Hygiénisme, aseptisation, conformisme, uniformisation, politiquement correct, contraction des libertés : la France est frappée d’une hypermoralisation exacerbée par la classe politique et dont se repaît la rhétorique du Front National. N’est-ce pas d’avoir délibérément tu, esquivé ou instrumentalisé des réalités sociales, économiques, ethniques, religieuses, éducationnelles, qui a vidé la Gauche de sa substantifique moelle et l’a disqualifiée ? Etre « de » ou « d’une » gauche en 2016 a-t-il encore une signification ?

La « gauche » n’est bien sûr pas une entité unique, comme le démontrent les rudes combats que « les » gauches se sont menés dans l’histoire du XXe siècle. Du Parti communiste au Parti socialiste, des mouvements « de gauche » ont progressivement dépéri, et à ce délitement idéologique et politique aucune autre force ne s’est substituée. Après l’Etat providence et l’Etat social-démocrate accomplis en Allemagne et en France au cours des décennies post-Seconde guerre mondiale, il y a eu conversion au néo-libéralisme. Dorénavant, la société est traversée par un besoin : celui d’une pensée qui affronte les temps présent et futur. C’est ce qu’il s’agit d’élaborer.

Qu’est-ce qu’être de gauche ? A mes yeux, c’est se ressourcer dans une multiple racine : libertaire (épanouir l’individu), socialiste (amélioration de la société), communiste (communauté et fraternité), et désormais écologique afin de nouer une relation nouvelle à la nature. Etre de gauche c’est, également, rechercher l’épanouissement de l’individu, et être conscient que l’on n’est qu’une infime parcelle d’un gigantesque continuum qui a pour nom humanité. L’humanité est une aventure, et « être de gauche » invite à prendre part à cette aventure inouïe avec humilité, considération, bienveillance, exigence, créativité, altruisme et justice. Etre de gauche, c’est aussi avoir le sens de l’humiliation et l’horreur de la cruauté, ce qui permet la compréhension de toutes les formes de misère, y compris sociales et morales. Etre de gauche comporte toujours la capacité d’éprouver toute humiliation comme une horreur.

Le système politique français constitue l’une des causes majeures de la popularité du Front National, qui tire profit de ce que le sociologue Michel Wieviorka nomme « la congélation et la décomposition simultanées » des formations traditionnelles. L’exercice politique est anachronique, désynchronisé des nouvelles réalités sociétales et des attentes citoyennes de la population. La démocratie est profondément malade. « Nous ne sommes peut-être pas encore entrés dans son hiver, mais il se peut bien que nous approchions déjà de son automne », redoute le politologue Pascal Perrineau. Est-il encore possible et temps de la revitaliser ? Comment peut-on faire vivre la démocratie indépendamment des scrutins électoraux qui concentrent l’essentiel de l’expression démocratique des Français ?

La régénération politique ne peut s’effectuer que par des processus infra politiques et supra politiques. Ces processus naissent de façons multiples dans la société civile. Partout, des formations convivialistes assainissant et « réhumanisant » les rapports humains, irriguent le territoire, revivifient responsabilités individuelles et démocratie collective : l’économie sociale et solidaire représente désormais près de 10 % de l’économie, les structures coopératives se développent et font la preuve de leur efficacité – en Amérique latine par exemple, de formidables initiatives permettent de lutter contre la délinquance infantile et l’illettrisme – ; la philosophie agro-écologique de Pierre Rabhi réhabilite la bonne, la saine, la juste nourriture en opposition à l’exploitation hyper industrialisée, hypermondialisée et destructrice autant des sols, des goûts que de la santé.

Une nouvelle conscience de consommateur a surgi, elle combat en faveur des circuits courts et directs, de la production de proximité. Bref, au sein de la société civile, il existe un foisonnement d’actions, très dispersées, qui participent à réinventer la démocratie et sur lesquelles il faut s’appuyer. Prenons pour seul exemple l’agriculture écologique et raisonnée ; un jour, ce qu’elle aura réussi à enraciner dans les consciences des consommateurs sera si fort que le ministre de l’Agriculture pourra s’émanciper des chaînes qui le ligotent au lobby des multinationales et des grandes surfaces, et en faire une priorité de son programme.

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« La philosophie agro-écologique de Pierre Rabhi réhabilite la bonne, la saine, la juste nourriture. »

Il est d’ailleurs faux de considérer que la jeunesse, éduquée ou non, est dépolitisée. Comme en témoignent le succès du service civique, ses aventures entrepreneuriales, ses engagements dans le bénévolat, sa contribution à la dynamique associative, elle est en quête de fraternité, elle cherche à concrétiser autrement sa volonté politique, c’est-à-dire à être différemment actrice de la société, productrice de lien, génératrice de sens et d’utilité. Cette jeunesse est prête à ébranler le système, aujourd’hui fossilisé, de la démocratie représentative…

L’adolescence est le moment ou s’élève l’aspiration à vivre en s’épanouissant personnellement au sein d’une communauté. Mais cette aspiration peut être trompée. Elle a été trompée par le maoïsme, elle peut l’être par le FN. Les forces d’espoir sont là. Bien sûr, tout cela est vulnérable et ces raisons d’espérer peuvent être détruites par un regel brutal. Il n’empêche, elles existent bel et bien.

« Etre sujet », c’est-à-dire s’affranchir, s’autonomiser, se réaliser, est-il une réalité ou une chimère ? A quelles conditions la démocratie peut-elle permettre « d’être sujet » et de » faire commun » ?

Nous sommes là au cœur du… sujet. Réforme personnelle et réforme sociétale – c’est-à-dire politique, sociale, économique – s’entendent de concert, elles doivent être menées de front et se nourrissent réciproquement. Les signaux sont faibles et disséminés, mais ils existent, et c’est sur eux que l’espoir doit être fondé.

Une lumière est apparue dans ce sombre hiver : la COP21 a accouché d’un texte unanimement salué. Notre rapport à la nature et à « toute » la matière vivante, la nécessité de sauvegarder la planète et pour cela de réviser en profondeur nos paradigmes existentiels, d’imaginer et d’inventer comme jamais, peuvent-ils constituer L’opportunité de bâtir un projet commun, de se projeter enfin dans l’avenir et de réaliser une œuvre universelle ?

Cette COP21 restera un événement important et significatif. Certes, elle manque d’une dimension contraignante, mais le texte a été unanimement contresigné par des Etats aux intérêts divergents voire antagoniques. C’est donc un progrès réel, surtout qu’il fait suite aux désillusions des précédents raouts et en premier lieu celui de 2009 à Copenhague. Un regret, toutefois : cet événement était trop limité à la problématique du changement climatique. Bien sûr, celui-ci constitue l’un des facteurs clés du « grand » problème écologique, mais il ne peut pas être disjoint des « chantiers » de l’énergie, de la biodiversité, de la déforestation, de l’agriculture industrielle, de l’assèchement des terres nourricières, des famines, des ravages sociaux, etc. Tous ces sujets forment un « tout », indivisible.

Ce que vous « savez » de la nature humaine et de sa capacité de résister ou de se résigner, d’être asservie ou de désobéir, vous donne-t-il l’espoir qu’elle réussira à imposer l’aggiornamento environnemental, comportemental, spirituel, au bulldozer marchand et consumériste ?

C’est lorsqu’on est au bord de l’abîme que l’on décèle les réflexes salvateurs. Nous n’en sommes pas encore là et peut-être ne les trouvera-t-on pas, mais nous pouvons espérer. D’abord parce qu’il existe une marge d’incertitude sur les prédictions, par nature hypothétiques, qui annoncent l’état de la planète d’ici un siècle. Le péril sera-t-il, dans les faits, plus massif ou plus supportable, interviendra-t-il plus vite ou plus lentement ? Nous en sommes à faire des paris. Ce qui peut laisser le temps d’accomplir la seule transformation véritable et durable qui soit : celle des mentalités. Combattre les sources d’énergie sale est bien, mais ce n’est pas suffisant. Seule une prise de conscience fondamentale sur ce nous sommes et voulons devenir peut permettre de changer de civilisation. Les textes du Pape François en sont une aussi inattendue que lumineuse illustration. Et d’ailleurs, c’est aussi parce que nous manquons de spiritualité, d’intériorité, de méditation, de réflexion et de pensée que nous échouons à révolutionner nos consciences.

Le succès de la COP21 a été concomitant au nouvel effondrement électoral du mouvement Europe-Ecologie- Les verts. Il a mis davantage en lumière l’inutilité politique des formations écologistes, et a démontré que la problématique écologique et la préoccupation environnementale constituent des enjeux désormais transpartisans. La fin de l’offre politicienne écologique est-elle venue ?

A la différence de leurs homologues allemands, les écologistes politiques français n’ont participé à aucune réalisation municipale concrète, ils se sont sans cesse divisé sur des querelles de personne, ils ne se sont pas nourri de la pensée écologique que leur apportaient René Dumont, Serge Moscovici, André Gorz, ils ont sottement écarté Nicolas Hulot – avec lequel Edgar Morin a publié en 2007, chez Tallandier, L’an 1 de l’ère écologique, NDLR. Je conçois qu’un mouvement écologique rénové puisse exercer un rôle éclairant et stimulant, mais n’est-ce pas surtout hors parti que se sont développées les vraies forces écologiques, la pratique agro-écologique, le mouvement Colibri de Pierre Rabbi, l’action politico-culturelle de Philippe Desbrosses, les éco-quartiers, les Amap, ou encore les élans spontanés d’une jeunesse qui s’est portée sur le terrain contre le barrage de Sivens ou l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ?

Finalement, l’enjeu de la planète et la nécessité de bouleverser nos raisonnements peuvent nous exhorter à réconcilier deux formes de progrès aujourd’hui trop souvent antithétiques : le progrès technologique – qui n’a jamais atteint de tels niveaux – et le progrès humain – loin d’épouser une courbe comparable si l’on en juge « l’état » de l’humanité…

Le préambule à cette réconciliation est la régulation du progrès scientifique et technologique. Du nucléaire aux manipulations génétiques, l’absence de régulation ouvre la porte aux plus grands périls. Y compris sociaux et humains. Comment faire œuvrer de concert progrès technologique et progrès humain tant que les dynamiques de l’un et de l’autre seront à ce point dissociées ? En effet, la science, la technique, l’économie sont « dopées » par une croissance aussi impressionnante qu’incontrôlée, alors que l’éthique, la morale, l’humanité, sont dans un état de barbarie lui-même croissant. Et le pire désastre est à venir : les prodigieuses capacités de la science annoncent la prolongation de la vie humaine et la robotisation généralisée, programmant là à la fois une arriération des rapports humains et un état de barbarie inédit. Voilà le suprême défi pour l’humanité.

Source : La Tribune, Denis Lafaye, 11-02-2016

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Commentaire recommandé

Jean Sur // 17.03.2016 à 04h51

Tous les poncifs et truismes de Morin concentrés dans une interview ! Très pratique, car cela dispense de se farcir ses 70 bouquins. Banalités, vulgarité: tout est lâ..sauf l’essentiel : pas un mot sur la dictature de l’UE et pour cause : Morin en est un fervent propagandiste. Homme-sandwich de l’euro, il est de ceux qui nous a garanti le bonheur et la prospérité maastrichiennes

81 réactions et commentaires

  • Nicole // 17.03.2016 à 01h46

    Que cela fait du bien d’entendre parler des gens à l’intelligence lumineuse comme Edgar Morin ! Je ne le supportais plus étant donné le rôle de gourou qui lui avait été attribué en « haut lieu », comme on dit. Il prouve dans cette interview que ses 94 printemps lui donnent une capacité d’analyse tranquille que ne sont pas prêts d’atteindre tous les « young leaders » , malgré leurs prétentions . En même temps il redonne de l’espoir en ne fonctionnant pas sur le mode de l’anathème ou du catastrophisme habituel . Merci à lui !

      +6

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  • Spectre // 17.03.2016 à 03h19

    Je ne pige décidément pas l’obsession nationale autour du FN. L’extrême-droite faisait 14% en 1988, 20% cumulés en 1995 et 18% en 2012… Tu parles d’un raz-de-marée ! 4% de progression en 24 ans malgré les dégâts croissants engendrés par la contre-révolution libérale… Alors que le bétail médiatique crie au loup depuis des années, la première percée devrait en fait s’effectuer en 2017. Le tiercé frontiste s’est d’ailleurs pris une tôle sévère au second tour des régionales : pas de réserve de voix… Et lorsqu’on rapporte les résultats du premier tour au total des inscrits, force est de constater qu’on est loin des bruits de bottes triomphants, hein… http://img15.hostingpics.net/pics/327338rgionales.jpg

    Et puis, à ce stade, que reste-t-il de spécifique au FN ? Le racisme d’État ? Pratiqué avec zèle par le duopole eurolibéral depuis des lustres. Le rejet de l’islam ? La presse poubelle s’en donne déjà à cœur joie (http://img.over-blog-kiwi.com/0/78/07/19/20141115/ob_d2f19c_islamophobie.jpg) ; Finkielkraut, Zemmour et autres ont droit à des heures et des heures d’antenne. Un risque de dérives autoritaires ? La droiche occupe déjà le terrain…

      +64

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    • Dagobah // 17.03.2016 à 14h21

      @Spectre

      Vos commentaires sont toujours justes, merci.
      Vous êtes mon commentateur préféré.

        +9

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  • Jean Sur // 17.03.2016 à 04h51

    Tous les poncifs et truismes de Morin concentrés dans une interview ! Très pratique, car cela dispense de se farcir ses 70 bouquins. Banalités, vulgarité: tout est lâ..sauf l’essentiel : pas un mot sur la dictature de l’UE et pour cause : Morin en est un fervent propagandiste. Homme-sandwich de l’euro, il est de ceux qui nous a garanti le bonheur et la prospérité maastrichiennes

      +126

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    • TuYolPol // 17.03.2016 à 09h16

      Je présume que vous mettez Edgar Morin et Pierre Rabbi dans le même sac ? Celui des truismes et des banalités ? L’humanisme, au fond, un truisme, une banalité n’est-ce pas ?
      Pour moi, le discours humaniste, puisqu’il me semble que c’est ce qui distingue ce courant, est un fondamental, une pierre de touche. Ni religieux, ni belliqueux, ni désespéré, ni impuissant. J’en veux pour preuve justement les réalisations et les expérimentations, en marge des échecs institutionnels, envers et contre la pathologie ambiante, par exemple les Colibris.
      Morin ? Une thérapie.
      Et plutôt que de lui faire de faux procès, à mon avis, il serait plus salutaire d’écouter.

        +16

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      • triari // 17.03.2016 à 16h22

        @ TuYolPol

        Comme le patriotisme serait la vertu des brutes selon Oscar Wilde, l’humanisme (tel que manipulé à l’heure actuelle) est devenu le nouveau faux-nez des colonialistes et des impérialistes (en un mot : des fascistes). Hier on tuait au nom de la patrie, de Dieu ou du roi, aujourd’hui, c’est au nom de l’humanisme que l’on tue des millions d’irakiens et d’afghans, que l’on recolonise l’Afrique, que l’on fait la morale aux russes et aux chinois et que l’on bafoue les libertés fondamentales en occident.

        Je ne serai pas aussi dur que Jean Sur car M. Morin a pour lui un défaut qui fait que je lui pardonne les points sur lesquels je ne suis pas d’accord avec lui : il est né dans les années 1920 et le monde d’alors n’était pas le monde d’aujourd’hui.

          +15

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        • TuYolPol // 19.03.2016 à 10h32

          @Triari Je ne suis pas sûr qu’on parle de la même chose, il y a un contresens quelquepart.
          L’humanisme dont je parle est patient, n’impose à personne, invoque la conscience individuelle et fait l’effort du respect.
          Est-on obligé d’en rester au faux-nez du colonialisme ou à la caricature de la démocratie ? Il me semble que l’humanisme a bien plus de capacité et d’exigence que cela, en particulier une exigence de non-violence.
          Si vous avez mieux ni religieux, ni belliqueux, ni désespéré, ni impuissant je suis preneur.

            +0

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    • Aristide Hivesne // 17.03.2016 à 11h08

      @Jean Sur
      Edgar Morin est un dissident bien en cour. Il est toujours intéressant de pouvoir juger sur pièce la vacuité de sa pensée complexe.

        +20

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    • Olivier P. // 18.03.2016 à 08h31

      E. Morin dit quand même:

      C’est une triste vérité.

      L’Europe a échoué dans sa mission.

      Et en premier lieu en laissant l’hyperfinanciarisation, les mécanismes spéculatifs et les intérêts des multinationales pourrir le système économique. Cette dégradation au départ purement économique a ensuite contaminé les champs social, culturel et bien sûr politique.

      L’Europe aurait pu aider à exorciser les peurs des citoyens ; or la plupart de ceux qui souffrent et s’angoissent la rendent responsable d’affaiblir les souverainetés, de vulnérabiliser les indépendances nationales, d’être une passoire pour l’immigration.

      Alors la suspicion puis la peur puis la haine de l’étranger, devenu menace et ennemi, ont parasité les consciences. »

      Il dit ensuite qu’il faut reconstruire la Nation.

        +2

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    • Fulsi // 26.03.2016 à 12h01

      « C’est une triste vérité. L’Europe a échoué dans sa mission. Et en premier lieu en laissant l’hyperfinanciarisation, les mécanismes spéculatifs et les intérêts des multinationales pourrir le système économique. »
      Cependant, il ne parle pas du capitalisme, qui n’est guère plus adapté à nos sociétés et qui est délétère à l’esprit de communauté

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  • Jean Sur // 17.03.2016 à 04h59

    Derrière l’enflure des mots , le vide de la pensée.Morin, un homme qui s’est toujours trompé sur tout , un beau spécimen de la décomposition du système.

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    • Sum Tam // 17.03.2016 à 06h30

      Merci Jean Sur pour votre commentaire.
      Edgar Morin est la voiture balais du systeme qui nous repete a longueur de temps que les hommes seront libres quand ils n’auront plus aucune identite, quand ils seront reduit a l’etat de betail.
      Il faut que le capital occupe toute la place. Encore un bel « homme de gauche ».
      En plus il dit aujourd’hui tout et son contraire: Il deploire que la loi « prevent » en GB ne permette pas aux musulmans de s’integrer a la nation britanique mais vomit les identites qu’il reduit, evidement, au repli sur soi.
      A son grand age il serait temps que ce monsieur comprenne le sens du mot nation.
      Finalement une interview aussi consensuelle dans un journal comme « la Tribune » est un signe: « circulez, y a rien a voir » (ou a lire!).
      Comme quoi une epidemie de peste peut durer… 94 ans!

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      • RMM // 17.03.2016 à 08h51

        En effet, on oublie que les nations sont des personnes, et qu’il ne peut y avoir de « communauté internationale » que s’il y a encore des nations souveraines pour la composer.

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      • etienne // 17.03.2016 à 11h45

        ‘Il faut que le capital occupe toute la place. Encore un bel “homme de gauche”.’

        moi j’ai pas lu ça, j’ai lu « Le second type de barbarie, de plus en plus hégémonique dans la civilisation contemporaine, est celui du calcul et du chiffre. »

        Sur le reste, chacun sa propre opinion sur le personnage et sa pensée, mais ça me semble d’assez mauvaise foi de lui attribuer cette réflexion

          +9

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        • Jean // 20.03.2016 à 04h14

          Rassurez-vous, vous lisez bien. Beaucoup d’aboyeurs sur ce blog qui ne lisent pas, mais se permettent d’invectiver et de radoter. J’étais au départ de la lecture, plutôt méfiant envers Edgard Morin, qui peut-être un peu lénifiant, il est vrai, parfois. Mais, franchement, là, rien à rajouter.

          Le bonhomme est bien conscient de tout ce qui se trame comme périls multiples et variés. On ne peut pas lui faire, cette fois-ci de mauvais procès. Laissons les aboyeurs qui ne veulent pas lire, aboyer tout leur saoul et passons notre chemin. Nous avons mieux à construire que de leur répondre. Cela ne servirait à rien. Seule l’ignorance les convainc.

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  • chollez jean jacques // 17.03.2016 à 07h57

    Ce monsieur Morin me fait un plaisir immense…. Il va bientôt rejoindre le néant… Étant plus proche des chrysanthèmes que des dragées….

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  • J // 17.03.2016 à 08h31

    « Pendant des siècles et dans toute l’Europe, qu’a donc démontré l’Église catholique ? Son incompatibilité avec la démocratie française et la laïcité. »
    C’est vrai, encore faut-il se demander comment on a calmé, pour l’essentiel, l’Eglise catholique et le Christianisme en général. En les AFFAIBLISSANT, donc en conquérant, il a fallu des siècles, le droit de critiquer y compris leurs dogmes fondamentaux.

    Or ce monsieur, dans le reste de son texte et ce que je sais par ailleurs de lui, s’OPPOSE implicitement à ce qu’on fasse de même pour l’Islam (une bonne base, qui court-circuite la composante raciste exécrable de cette dénonciation, se mettre à l’écoute de celles et ceux qui l’ont quitté : http://daruc.pagesperso-orange.fr/divers/islamex.htm).

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    • RB83 // 17.03.2016 à 10h28

      En fait, j’ai été frappé par cette phrase pour une autre raison que vous. En fait, cette phrase est parfaitement stupide. Si on considère qu’une marque de la démocratie est le suffrage universel, la démocratie française date de 1945, première élection législative au suffage universel hommes+femmes. La laïcité dans la loi date de 1905.
      Comment l’Eglise catholique aurait-elle pu être « pendant des siècles » incompatible avec des choses qui n’existaient pas ?
      Enfin, que l’Eglise Catholique se soit conduite pendant des siècles comme une puissance temporelle oublieuse de ses propres principes spirituels , c’est un fait historique indiscutable. Par contre, c’est en revenant aux sources, à savoir les évangiles, que l’on a pu chasser l’Eglise catholique du pouvoir temporel et lui faire reprendre sa place de pouvoir spirituel : « Mon royaume n’est pas de monde » ou encore « Il faut rendre à César ce qui est à César » disait Jésus. Il est amusant de voir que le catholicisme porte en lui-même la laïcité et la séparation des pouvoirs.
      Tant d’anachronismes et d’absence de compréhension de la part d’un philosophe laisse rêveur…

        +21

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      • J // 17.03.2016 à 12h55

        A noter que « laïque » (« laïc » au masculin à l’origine) désignait au départ quelqu’un qui, tout en étant en principe croyant et pratiquant (c’était obligatoire) n’appartenait pas au clergé régulier ou séculier. Le sens actuel a donc été « arraché » quelque part.

        Je n’en reste pas moins sur ma position : une religion, surtout monothéiste, surtout à vocation hégémonique, se réforme et s’humanise quand elle s’affaiblit (autrement, toute communauté ou doctrine porte en elle les germes du pouvoir et de l’abus de pouvoir, certaines plus que d’autres). Ca ne veut pas dire qu’elle ne serve à rien, qu’elle ne soit que nuisible… autre débat.

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      • VincentL // 17.03.2016 à 18h14

        @RB83

        Une définition de l’incompatibilité est :
        Opposition qui fait que deux choses ne peuvent exister ensemble.

        « Comment l’Eglise catholique aurait-elle pu être “pendant des siècles” incompatible avec des choses qui n’existaient pas ? »

        Si elles avaient existé ensemble pendant des siècles, cela auraient montré la compatibilité.

        En revanche, des choses qui n’existent pas ensemble pendant des siècles laissent suspecter une incompatibilité entre elles.

        D’ailleurs il explique dans la phrase immédiatement suivante :
        « Il faudra attendre le début du XXe siècle, c’est-à-dire “hier” sur l’échelle du christianisme, pour qu’Église, démocratie et laïcité commencent de coexister »

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    • Lysbeth Lévy // 17.03.2016 à 10h58

      C’est plus fort que vous, insulter les croyants en l’Islam est devenue une passion. Vos vaches sacres, Wafa Sultan néoconcervatrice, est devenue l’amie de Pamella Geller avec ces délires islamophobes bien connus : https://en.wikipedia.org/wiki/Wafa_Sultan membre de »Stop Islamization of Nations » Waleed Al Husseini est un escroc et est aussi membre des extrêmes droite israelienne, Européenne et américaine des néocons : https://olivierpechter.wordpress.com/2015/03/04/boutih-place-waleed-al-husseini-bat-yeor-upjf/
      Quand au groupe des « anti-islam » ou « des apostat de l’islam », il est financé par les mêmes haineux de l’islam, accroché au clash des civilisation, de Hutington, Gilles Kepel, etc…Ne me dites pas que vous n’êtes pas obsédé par l’islam et même islamophobe !!
      Pour moi moi vous êtes du côté de Manuel Valls et ces amis néocons qui se réunissent pour parler et oeuvrer à faire monter la haine islamophobe dans notre pays. https://olivierpechter.wordpress.com/2016/03/09/islamophobie-valls-clavreul-dilcra-le-sursaut/

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      • J // 17.03.2016 à 13h33

        Je regrette, ce n’est pas insulter les croyants à quelques religion ou secte (juste une différence d’échelle) que ce soit que de remettre en cause les fondements de cette religion ou secte. Prétendre le contraire est parfaitement liberticide, voire raciste (on part du principe qu’on ne peut pas quitter une religion…). Il a fallu des siècles pour arracher ce droit, on ne va pas le laisser tomber sans résister.
        « Dès qu’il est reconnu qu’une croyance, et peu importe laquelle, est importante pour toute autre raison que d’être vraie, alors on s’expose aux pires abus… » (Bertrand Russell)

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        • Pierre // 17.03.2016 à 15h37

          Pour moi, les religions sont (chronologiquement) la première forme de politique. Quelque soit leur dogme, elle s’appuient sur l’incapacité de l’esprit humain (ou plutôt la part animale, reptilienne de ce dernier) à accepter l’idée de sa fin. C’est donc sur le plus puissant moteur, l’instinct de survie, qu’elles s’appuient. Je ne veux pas remettre en cause la foi des uns ou des autres, je la respecte même si je ne la partage pas. Les religions ont eu leur utilité dans le domaine du politique (sinon elles n’existeraient pas), mais il est temps qu’elles s’en degagent. Cependant une spiritualité, une philosophie doit occuper leur place dans la société, sinon la-dite société est condamnée à l’échec. N’en voyons nous pas la preuve dans l’échec annoncé de notre civilisation occidentale matérialiste et consumériste ?

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          • J // 17.03.2016 à 16h31

            Toutes les religions importantes sauf une (comme par hasard celle qui pose le plus problème) ont toujours distingué le politique du purement religieux, Dieu et César ou le Pape et l’Empereur pour le Christianisme, les brahmana et les kchatryas pour l’Hindouisme, etc.

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            • Pierre // 17.03.2016 à 17h08

              Ce qui ne les a pas empêché de sanctifier, justifier, et de s’associer aux pires atrocités de l’histoire…
              D’autre part,si on dit de la France qu’elle est la fille aînée de l’église, ce n’est pas pour rien.
              La Bible hébraïque ne manque pas non plus d’exemple de comportements guerriers fort peu spirituels
              Les religions polythéistes precedentes ne semblent pas en reste.
              Ne pensez-vous pas que réduire 1400 ans de culture arabo-islamique aux délires du salafisme et du wahhabisme est tout de même fort réducteur ?

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            • J // 17.03.2016 à 17h21

              Ces « délires » (je n’emploierais pas ce mot pour ma part) sont, d’un point de vue islamique, un retour à la normale (conquête au nom de la religion à chaque fois qu’on le peut) après 2-3 siècles d’apathie du monde musulman, qui reprend sous nos yeux du poil de la bête. Faut-il ne pas se contenter de le juger sur la période où il était, justement, apathique.

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            • J // 17.03.2016 à 17h30

              Et puis enfin, qu’on arrête de relativiser les horreurs présentes au nom de l’Islam par les horreurs passées au nom du Christianisme. Le Christianisme, on l’a calmé. Ca ne s’est pas fait tout seul mais en faisant ce que vous refusez qu’on fasse aujourd’hui pour l’Islam…

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            • Pierre // 17.03.2016 à 18h02

              @J, à propos de votre dernier commentaire de 17h30. Je suis d’accord avec vous sur le fond, je me cite « Les religions ont eu leur utilité dans le domaine du politique (sinon elles n’existeraient pas), mais il est temps qu’elles s’en dégagent. »
              Dans les 3 grandes religions monothéistes, on a trouvé de tous temps la justification de tout et son contraire.
              Mais dire que le salafisme et le wahhabisme sont l’état naturel de l’islam ne me semble pas pertinent

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            • J // 17.03.2016 à 18h13

              Désolé, ils sont un retour, explicite, affiché, aux principes du premier siècle de l’Islam, dès le temps du Prophète (qui a lui-même conquis par les armes un territoire plus grand que la France à partir d’un oasis perdu) et de la génération de musulmans qui l’a connu (qui a conquis de l’Atlantique à l’Himalaya). Aux principes aussi des Ommeyyades, des Almoravides, des Almohades, des Seldjoukides, des Ottomans, des Ghaznévides, des Moghols, etc. etc. C’est l’apathie des tout derniers siècles, consécutive à une série de dérouillées militaires, qui était anormale.

              Les razzias de femmes chrétiennes ou yézidis pour esclavage, par exemple, s’inspirent aussi du Prophète.

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    • Jean // 20.03.2016 à 04h17

      Où avez-vous lu ça ?

      Edgar Morin dit le contraire de ce que vous lui faites dire ! Du grand n’importe quoi vos propos…

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  • Max // 17.03.2016 à 08h48

    Notre monde l est en train de pourrir.
    Un monde à l’extérieur du notre est en train de naitre.
    Jusqu’à maintenant quand il y avait des problèmes dans notre monde, il n’y avait pas de monde extérieur et donc pas d’alternative et même deux guerres mondiales n’ont pas permit d’autres alternatives de germer ailleurs.
    Il a fallut la mondialisation financière par le biais des USA pour en arriver a la situation d’aujourd’hui.
    Aujourd’hui des gens dont certains d’influences comprennent que pour que leur monde survive il fallait tuer la bête financière et donc les USA.
    Aujourd’hui pour qu’un nouveau monde émerge, l’ancien doit crever mais il ne crèvera pas sous l’assaut du monde extérieur mais par ses propres contradictions internes, c’est une sorte de gangrène.
    A mon avis, c’est la principale raison du succès d’un Donald Trump aux USA, d’une Marine Lepen en France de l’UKIP en GB de l’extrême droite en Allemagne, de ce qui se passe en Pologne, Hongrie et même de Poutine, des gens dont les valeurs sont souvent différentes ont un objectif commun ……………. Ils veulent tuer la bête financière avant qu’elle ne les tue.
    On est dans une période d’extinctions.

      +15

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    • Pierre // 17.03.2016 à 15h48

      Les empires (égyptien, romain, maya,ottoman etc, etc) ne se sont-ils pas TOUJOURS effondrés sur eux-mêmes ? Les éventuelles agressions extérieures qui ont pu les abattre n’étant que le stade final des symptômes de leur « pourrissement » intérieur ?

        +4

      Alerter
  • BA // 17.03.2016 à 09h09

    L’européiste Edgar Morin écrit : « L’Europe aurait pu aider à exorciser les peurs des citoyens ; or la plupart de ceux qui souffrent et s’angoissent la rendent responsable d’affaiblir les souverainetés, de vulnérabiliser les indépendances nationales, d’être une passoire pour l’immigration. Alors la suspicion puis la peur puis la haine de l’étranger, devenu menace et ennemi, ont parasité les consciences. Il nous reste à intégrer notre patriotisme dans celui de la Terre-Patrie. »

    Fin de citation.

    Edgar Morin n’a RIEN compris à l’échec de la construction européenne.

    Il voit que la construction européenne est un échec total, et donc il passe à un nouveau rêve : la construction planétaire.

    La construction européenne est une expérience qui a complètement foiré ? Pas grave, maintenant on va faire la construction planétaire, et ça, ça va marcher !

    « EN THEORIE, la construction européenne aurait dû marcher. EN THEORIE, la construction planétaire, ça va marcher. »

    Des rêves.

      +57

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    • JPierre // 17.03.2016 à 09h42

      euh…oui ?! mais concernant la construction européenne, d’après ce que De Villiers à entendu lui dire du temps de Mitterrand, mon cher Philippe « la construction européenne » n’est qu’un prétexte, une étape qui ne doit pas durer et va habituer le peuple à la perte de leur souveraineté pour ensuite une gouvernance plus mondiale…
      donc, nous avons été manipulés, trompés …

        +23

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  • toff de aix // 17.03.2016 à 09h12

    D’accord en partie avec ce qui est avancé ici. L’éducation nationale est en faillite, c’est évident pour tout le monde, mais au lieu de former des consommateurs il faudrait former avant tout des citoyens. En ce sens de nouvelles disciplines comme le respect de la vie, ou la remise au programme de l’éducation civique, seraient nécessaires.

    Mais absolument pas d’accord sur sa notion de patriotisme. Au nom du patriotisme on a envoyé des générations entières de gens à l’abattoir.

    Je trouve que sa « pensée » part dans tous les sens et occulte les causes essentielles de ce qui nous a mené là : l’absence de Conscience, la foi aveugle dans la science et la consommation par oubli de qui nous sommes vraiment. Dans cette optique, très bouddhiste je l’avoue, il n’y a plus besoin de patriotisme ou autres billevesées, pas plus que de régulation, quand on voit ce que ça donne de nos jours.

      +4

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  • Matteo48 // 17.03.2016 à 09h49

    Je pense que ceux qui critiquent (assez violemment) Morin ne l’ont jamais lu, ou mal. Ils ignorent peut-être aussi dans quel contexte (socio-historique) sa pensée s’est formée. Cette idée d’intégration planétaire n’a rien d’un délire tyrannique ou au moins d’un phantasme politique. Elle repose sur un constat historique partagé par Habermas ou Elias, qui sont loin d’être les derniers des idiots.

    Maintenant l’anticipation (presque le fatalisme) de la transformation des formes politiques traditionnelles (auxquels les gens sont très attachés, ce qui explique la virulence de certains), soit l’État-Nation, vers une forme plus globale (la mondialisation à laquelle on n’échappe pas) est critiquable.

    Quand je vois aussi le propos de Morin sur la complexité, la nécessité de ne pas tout voir par un prisme unique, et qu’on lui reproche de ne pas parler de l’UE… Je me dis que vous êtes allés assez vite dans la critique-polémique. Ce vieil de 94 ans en quelques lignes vous donne une leçon sur la manière de pensée ; on peut lui reprocher le contenu mais pas la forme, qui est une tentative de compréhension de la complexité réelle de la société humaine.

      +8

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    • christian gedeon // 17.03.2016 à 15h04

      je résume..en gros,ceux qui ne pensent pas « Morin  » sont des cons. Le con que je suis vous salue bien bas…ah j’oubliais,des ignorants aussi parce qu’ils ne l’ont pas bien lu et qu’ils ignorent tout du conteste socio historique de ses écrits…des cons et des ignares…par contre tentative est bien le mot qui convient…mais quelle arrogance dans vos propos!

        +14

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      • Pierre // 17.03.2016 à 16h48

        @ Christian Gideon
        Permettez moi de noter que la forme de votre argumentation ne plaide pas en faveur de son fond.
        Matteo48 indique clairement que le propos de Morin est discutable, mais exprime son étonnement sur la virulence des attaques dont il fait l’objet dans cette discussion.
        C’est son droit le plus strict.

          +6

        Alerter
    • Jusdorange // 17.03.2016 à 21h53

      Matteo,

      Je n’ai pas lu Morin. Aucune des interventions (articles, entretiens, télé, radio) auquel il a participé ne m’a donné envie de le faire. Pour l’instant je constate qu’il énonce des banalités. Pouvez-vous m’expliquer en quoi consiste sa pensée ?

      Penseur de la complexité ? Penseur de l’humanisme et de la fraternité ? Si cela consiste à inviter les gens à ne pas être simpliste et à s’aimer les uns les autres, je dis que l’expression enfonçage de portes ouvertes est un euphémisme le concernant.

      Mais j’ai tort selon vous. Pouvez-vous m’expliquer en quoi ?
      Je ne l’ai pas lu, vous oui apparemment, et je suis prêt à lui accorder le bénéfice du doute.

        +1

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      • TuYolPol // 20.03.2016 à 12h20

        Pour enfoncer une porte ouverte, il faut qu’elle le soit.
        La porte de l’humanisme est-elle ouverte ? Celle de la fraternité ? Je ne trouve pas tellement. Celle de la raison, de l’intelligence ? Pas plus.
        Quand bien même Edgar Morin serait un prêcheur d’une certaine morale judéo machin chouette, la virulence de ses détracteurs me semble un peu décalée, comme si elle cachait autre chose.
        J’aurais donc plus tendance à faire des hypothèses sur les sous-entendus et les raisons cachées de ceux qui l’accablent sans nuance.

          +0

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  • Lt Anderson // 17.03.2016 à 10h11

    J’ai juste une question :
    Qu’est-ce que M. Morin entend par « l’inaction en Syrie »?
    Terme vague, ambigüe, et réversible.

      +10

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  • georges dubuis // 17.03.2016 à 10h23

    National socialisme où barbarie de fantaisies de la banque….le choix est le vôtre et crucial.
    Paralysé à crédit !

      +0

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  • Lt Anderson // 17.03.2016 à 10h36

    @ Matteo48
    M. Morin tend la perche lui-même. Il reste trop « mainstream » dans ses propos, énonce des généralités à partir de déductions superficielles et par voie de conséquence n’analyse pas, et en fin de compte ne fait que dresser un tableau « pompier » de la société.
    Ici un exemple frappant d’analyse « à la légère », alors qu’il me semble bien que la notion terrorisme, et son rôle dans l’histoire contemporaine, entre bien dans son propos :
    « L’histoire contemporaine des factions armées et terroristes – IRA en Grande-Bretagne, ETA en Espagne, Brigades rouges en Italie – qui ont perpétré des atrocités dans les démocratie »
    Faire abstraction de l’implication massive du Gladio (donc l’OTAN) dans les activités terroristes des Brigades Rouges (alors qu’à ses origines ce n’était qu’un petit groupuscule tout juste capable de vandaliser les devantures des banques) est une faille dans son raisonnement. Il reste finalement manichéen et renvoie dos à dos les « méchants », pour que lui puisse se situer dans le « camp du bien ».
    Mais que je sache, le Gladio c’est l’OTAN, et l’OTAN c’est le « camp du bien », le camp de la « démocratie »? Non? Alors comment la démocratie pourrait-elle perpétrer des atrocités contre elle-même?

      +26

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  • Jb²O // 17.03.2016 à 11h52

    Je n’ai pas tout lu, c’est un peu long ces critiques des vieux qui ont profités du monde en laissant la facture à la génération suivante. C’est quand même bizarre cette inquiétude aujourd’hui? C’est peut-être ça la conscience? On ne compte plus vivre sur le dos des autres.

      +4

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  • eole // 17.03.2016 à 12h14

    Qui disait: la vieillesse est un naufrage?

      +5

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    • Sami // 17.03.2016 à 13h26

      Oh si vous saviez le nombre de « djeuns » infiniment pires que lui….
      Et pas par inexpérience, mais bien par pure méchanceté.
      Faites donc un tour dans un de ces endroits qui comptent, genre Promo sortantes de l’ENA ou de Science Po, Ecoles de journalisme, salles d’opérations financières bourrées de jeunes traders aux dents de loup, émissions politico-écervelantes des plateaux télé branchés, etc…….
      A côté, Morin, avec tous ses défauts, ses faiblesses, ses à-peu-près, est un ado hippie bolcho haypeur tendance !

        +12

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  • thmos // 17.03.2016 à 12h28

    Miraculeuse impunité morale qui caractérise ces stars de la gauche française …Jamais de remise en cause, la trés commode appartenance au camp des gentils d’état labélisés, une contradiction flagrante devient un doute subtil –  » l’Allemagne ne pâtit pas de1million1/2 de réfugiés » puis » 2 générations sont nécessaires à l’intégration ».. Le colonialisme à la Jean Jaurès s’appelle  » allier patriotisme et internationalisme », le pacifique regrette néanmoins « l’inaction en Syrie » (!!!) Sur quelle planète vivent ces gens là ? Le énième sermon insipide du conformisme sur pattes, indécent de certitudes, ce curé de campagne politique devant les charniers de leurs aventures ose jouer l’humilité… Pas un mot vraiment fâcheux contre l’Amérique, sage professionnel since 1922.

      +26

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  • Michel Ickx // 17.03.2016 à 12h39

    Je suis surpris par la virulence des critiques initiales et des nombreux « j’aime » qu’elles ont recueillies. Edgar Morin, dont j’admire la pensée globale , passe sous silence certains aspects comme les attentats des réseaux « Stay behind » . Il ne demand pas la sortie de l’UE. mais il en reconnaît l’échec.

    Certaines critiques sont contraires à ce qu’il a écrit dans « Science avec conscience »

    Alors pourquoi cette levée de boucliers ?

      +6

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    • Michel Ickx // 17.03.2016 à 13h02

      Comparons l’ approche Holistique de Morin avec les prescriptions du ministère de la vérité.

      Le cinquième commandement de ce catéchisme sur les sept péchés capitaux de la théorie du complot :

      « 5. Le « millefeuille argumentatif » tu pratiquera
      C’est une technique rhétorique qui vise à intimider celui qui y est confronté : il s’agit de le submerger par une série d’arguments empruntés à des champs très diversifiés de la connaissance, pour remplacer la qualité de l’argumentation par la quantité des (fausses) preuves. Histoire, géopolitique, physique, biologie… toutes les sciences sont convoquées – bien entendu, jamais de façon rigoureuse. Il s’agit de créer l’impression que, parmi tous les arguments avancés, « tout ne peut pas être faux », qu’ »il n’y a pas de fumée sans feu ».
      http://www.gouvernement.fr/on-te-manipule

      Et oui on te manipule:

      « intimider » « submerger » (fausses) « bien entendu jamais de façon rigoureuse » « impression » discrédite la base e l’ enquête judiciaire ou scientifique;
      Des faits dans des domaines variés justifient les présomptions. Il n’y a pas de prétendus complots. On a l’évidence de faits délictueux, de manipulations et de mensonges.
      Un bon anti-complotiste présuppose des complots partout afin de discrédite ceux qui pratiquent la méthode scientifique de l’hypothèse et de sa vérification par des faits aussi nombreux et variés que possible;.
      Doit on mettre en doute la conscience d’unEdgar Morin, d’un Pierre Rahbi, d’un Michel Omfray et d’autres humanistes simplement parce qu’ils ne sont pas suffisamment critiques au goût de certains?

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    • AL21015 // 17.03.2016 à 13h50

      oui car sans fards, l’analyse de Morin est médiocre, conventionnelle et parfaitement consensuelle : l’existence d’une supposée France xénophobe donnant du fil à retordre à un (ou des) peuple(s) de gauche… Camarade mouton, les loups te prient de bien vouloir choisir ton camp. Es tu un sale raciste ou es tu prêt à héberger une famille de migrants chez toi ?

      Ce sont de belles histoires, de belles fables dont on se gargarise à l’envie, entre moutons et les loups n’y voient rien à redire, bien au contraire. Prétexte pour s’affronter les uns les autres sur fond de replis identitaires et communautaires multiples. Camisole mentale voulue par une élite dominante qui n’a pas de visage (pour parodier notre grand guide), laquelle mène la danse au rythme des canons ou plus récemment des kalachnikovs.

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  • Louis Robert // 17.03.2016 à 12h58

    Inévitablement, hors normes et par son envergure, l’homme dérange terriblement. Me fascine le voir pousser sans cesse et si vigoureusement qui l’interroge vers la profondeur complexe des réalités humaines, au plus loin des préjugés et des lieux communs dominants que celui-ci ne cesse d’exprimer. Quelle lucidité! Quel courage surtout! — « La mémoire est, en réalité, toujours à sens unique et ne constitue nullement un rempart à la reproduction du mal. Le seul véritable antidote à la tentation barbare… a pour nom humanisme… grâce à lui on reconnaît la qualité humaine chez autrui quel qu’il soit, on reconnaît tout autre comme être humain. Sans cette reconnaissance d’autrui… nous sommes tous de potentiels barbares… “Dans l’opprimé d’hier il y a l’oppresseur de demain”, considérait fort justement Victor Hugo. »

    Le grand Edgar Morin, a le mérite de conclure clairement: « Ce qu’il faut, c’est changer de route et montrer celle d’une autre et nouvelle voie. » De tout temps, on pardonne rarement ce type d’affirmation.

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    • christian gedeon // 17.03.2016 à 14h13

      Ah booooon? Et elle est où cette nouvelle voie qu’il désigne? la complexité et l’humanisme? Mazette,quelle découverte! les bras m’en tombent.

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    • James Bernard // 17.03.2016 à 16h23

      La complexité beaucoup en parlent, bien peu savent que c’est une science à part entière, que ce n’est pas juste un mot avec une définition du Larousse
      Les sciences de la complexité sont une émergence récente en réponse aux impasses méthodologiques et épistémologiques des sciences classiques.
      En quelques paragraphes de synthèse et quelques images pour sensibilisation au concept
      http://www.noocafe.com/a-noo/attracteurs.htm
      http://www.noocafe.com/v-noo/vie.htm

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    • Jusdorange // 18.03.2016 à 08h47

      À Louis,

      Vous dites:
      « Le grand Edgar Morin, a le mérite de conclure clairement: “Ce qu’il faut, c’est changer de route et montrer celle d’une autre et nouvelle voie.”

      Comment pouvez-vous écrire cela, alors même que la phrase citée n’est pas clair. Qu’il décrive cette nouvelle voie ! On est dans le vague ici.
      Mais sans doute je fais partie de ceux qui sont « dérangés » par le vaillant Morin qui met à mal mes idées reçues en me disant qu’il faut considérer les êtres humains comme des êtres humains, que la fraternité c’est mieux que pas de fraternité et qu’il faut faire attention aux phobies, parce que sinon c’est la haine, et la haine c’est pas bien.
      Ah oui ! Pardon ! Quelle pensée fulgurante !

      Connaissez vous d’ailleurs ce philosophe qui disait : « le ciel est bleu, la paix c’est mieux que la guerre, et il faut aimer les enfants ». Je ne sais plus s’il s’agit de Casimir ou Babar , mais clairement il faisait lui aussi partie de la grande école humaniste de la fraternité fraternelle.

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      • Louis Robert // 18.03.2016 à 10h15

        Iun-men:  » N’ayez pas la pensée confuse. Le ciel est le ciel, la terre est la terre, les montagnes sont les montagnes, l’eau est l’eau… » …. « Apportez-moi ici cette colline d’Anson, que je la voie! »

        (D.T. Suzuki, « Essais sur le Bouddhisme Zen », Albin Michel, 1972, Première série, p. 423)

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        • Jusdorange // 18.03.2016 à 13h21

          À louis,

          Je ne sais si c’est bien à moi que vous répondez, mais si c’est le cas, je ne saisis pas du tout le sens de votre réponse. S’il s’agit de nous dire qu’il ne faut pas avoir la pensée confuse, je suis d’accord. C’est pourquoi je vous demande de clarifier votre propos, ce qui vous amène étrangement à citer une maxime sans nous dire en quoi elle est à propos.

          Dites-nous clairement quelle est cette nouvelle voie que propose Morin svp.

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    • TZYACK // 18.03.2016 à 18h27

      On a même crucifié celui qui avait dit « Aimez-vous les uns et les autres »

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  • –gilles– // 17.03.2016 à 13h35

    La Communauté économique européenne, c’est le rejeton de la CECA, la Communauté européenne du charbon et de l’acier. Et qui sont les signataires du Traité de Paris instituant la CECA ? On retrouve notamment, côté Belge, un personnage très influent : Paul Van Zeeland. Il est alors ministre des Affaires étrangères. Mais auparavant, il a été administrateur d’entreprises du groupe Empain, du groupe de Launoit, du trust Sofina, c’est-à-dire des grands capitalistes belges. Dans tout son parcours, il appartient au monde des affaires. Et après son passage au gouvernement, il retournera à ces premières amours : il deviendra, entre autres casquettes, conseiller général de la Banque de Bruxelles et président de la Banque belge d’Afrique. Quant à l’autre Belge, Joseph Meurice, alors ministre du Commerce extérieur, il est l’ancien directeur commercial des Charbonnages de Werister et se fera banquier à son tour, après son petit tour en politique, administrateur de la Brufina.
    Voilà les hommes qui signent, pour la partie belge, le traité de Paris en 1951.
    Le grand capital n’avait rien à craindre de ces hommes, qui étaient les siens. C’est pour ça, quand j’entends que « au départ, l’Europe était un beau projet, qu’il a été perverti, etc. », c’est aberrant : le ver était dans le fruit. Les financiers sont au cœur de ce projet depuis sa fondation.

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  • christian gedeon // 17.03.2016 à 14h09

    Hou,les lieux communs se ramassent à la pelle. Avec Morin on est au moins sûr de çà.C’est d’un nian nian à pleurer…un monument,son passage sur l’église,entre autres! Anachronismes et contresens pleuvent comme à Gravelotte… il a dit complexité? ben je le cherche toujours,cette complexité…ce n’est même pas du politiquement correct. C’est dénué de sens,tout simplement. dans tous les « sens  » du terme. Ni signifiant,ni signifié,ni direction… c’est un inventaire triste de tout le « prêt à penser » prédigéré qu’on nous sert depuis 50 ans.

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  • Jackdu25 // 17.03.2016 à 14h15

    « J’ai des carences et beaucoup de défauts, mais je n’ai jamais cherché à me venger, punir, faire du mal. »

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  • Eric83 // 17.03.2016 à 14h18

    « Le grand Edgar Morin, a le mérite de conclure clairement: “Ce qu’il faut, c’est changer de route et montrer celle d’une autre et nouvelle voie.” »

    Je suis convaincu que cette idée est partagée par la plupart des lecteurs et commentateurs de ce blog et plus largement par des millions de nos concitoyens.

    Cependant, et j’en suis également convaincu, si nous demandions à chacun de définir cette nouvelle voie, nous aurions quasiment autant de voies que d’individus en ayant proposé une.

    Dépassons le stade de la philosophie. Vu la qualité des commentaires de ce blog et des qualités – entre autres – d’observation et d’analyse des commentateurs, proposons de nouvelles voies et portons celles qui recueillent le plus d’adhésions.

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    • christian gedeon // 17.03.2016 à 14h59

      Mais mon ami,vous n’en avez pas marre « du changement « ? qui est une arnaque permanente pour ne rien faire évoluer? Vous ne vous rendez pas compte que ce langage est exactement ce lui du il faut que tout change pour que rien ne change? qu’il est trop général et donc inefficace? Regardez le triste sort de la révolution de 1789…qui a livré le pays à une bourgeoisie avide,qui s’est ensuite associée à l’aristocratie revancharde (et généralement de robe,et donc issue de la bourgeoisie) pour ne plus jamais relâcher son étreinte! Regardez donc qui figure aux conseils d’administration des grandes sociétés,et au tableau des hauts fonctionnaires! Changement,changement,je n’écris pas ton nom…évolution réelle si…Le grand(sic!) Edgar Morin est un arnaqueur…

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      • Marianne // 18.03.2016 à 06h24

        Oui évidemment la révolution française a abouti à la prise de pouvoir de la bourgeoisie, mais ce n’est pas son seul résultat. La réalité n’est pas noire ou blanche, et en ce sens, on pourrait regarder avec sincérité et curiosité s’il n’existe pas quelque chose à prendre dans cette « pensée de la complexité ». On pourrait par exemple regarder avec intérêt et un peu de recul le foisonnement dispersé des initiatives locales qui travaillent sur du « commun » : commun politique, commun territorial, commun écologique, etc… Il me semble que nous sommes à la fois nombreux à désespérer d’un mouvement commun de tous les participants à ces initiatives, tout en étant incapables, sur le « terrain », de travailler concrètement, et sincèrement, à cette mise en commun des communs. Nous restons traversés par des réflexes de rejet dès qu’un terme nous signale que l’autre fait partie d’un univers idéologique et sociologique différent. C’est là qu’intervient la sincérité. N’est-ce pas pourtant une valeur « bisounours » ? Bisounours peut être mais opérante certainement.

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    • Louis Robert // 17.03.2016 à 15h21

      @ Eric83

      Ce n’est pas en quelques mots et sous l’œil du Censeur qui les compte avec application et les jette dans la corbeille quand bon lui semble, que l’on esquisse cette nouvelle voie. Mais je vous répondrai selon les normes, si le Censeur le veut… en référant à ce qui s’avère désormais « la tendance lourde », donc dominante.

      Sur cette nouvelle voie chemine déjà ce 85% de l’humanité laissé jusqu’ici pour compte par le colonialisme occidental et par l’Empire. En bref, elle mène à « UN monde pour TOUS ». Ce nouveau monde et son nouvel ordre mondial, 85% de l’humanité les crée aujourd’hui en prenant héroïquement la place qui lui revient, toujours au prix de millions d’innocentes victimes. Patience! Bien que nous n’ayons encore rien vu ou presque, le monde de demain se révèle chaque jour davantage. Verront donc ceux qui ont des yeux pour voir, leur étant confirmé ce qu’ils savent déjà, qu’ils sont de loin, indomptés et irrésistibles, le plus grand nombre. et que leur temps est venu.

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      • Pierre // 17.03.2016 à 16h13

        La mondialisation (qu’elle soit unipolaire ou multipolaire) nous fait prendre conscience que l’humanité est un système fermé interdépendante de notre biosphère. Le changement, l’évolution au sein de ce système est inévitable, systémique même car ce système n’est pas au repos. La question me semble être: voulons nous agir, influer (mais non contrôler, le contrôle est la grande illusion terrassée par la théorie du chaos) sur cette évolution ou allons-nous la subir comme des moutons ?

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      • Jusdorange // 18.03.2016 à 08h17

        Louis Robert,

        J’ai toujours pas compris ce qu’était cette nouvelle voie. Vous avez pas un exemple ? Le « Un monde pour tous » , je ne sais pas ce que cela veut dire. Je ne demande pas à ce que vous me fassiez une thèse sur votre vision apocalyptique (au sens biblique : « leur temps est venu » à ceux qui « ont les yeux pour voir » , c’est le jugement dernier on dirait), je vous demande simplement d’être un peu plus précis et de commencer par le commencement.

        Vous voulez abroger ou proposer quelle norme ? Comment comptez-vous vous y prendre ?

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  • Paul Napoli // 17.03.2016 à 15h18

    « du haut de ses 94 ans » LOL

    Woah, a 94 ans, il garde encore de belles capacités intellectuelles (mémoire, élocution …).
    Ça fait rêver.
    il a encore le niveau pour enseigner l’histoire officielle au lycée. 😀

    Le changement (salutaire pour la classe moyenne et modeste) pourrait se produire quand cette élite dominante vieillissante disparaît mais il y a leur progéniture et leurs écrits qui restent malheureusement.
    Certains parlent de propagandiste moi je parlerai d’intellectuel utopiste (avec ses espoirs du passe) qui apparaissent davantage de nos jours comme un intellectuel un peu autiste dans leur bulle d’analyse.

      +4

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  • Jusdorange // 17.03.2016 à 21h33

    – M. Morin, que pensez-vous de X (remplacez X par n’importe quoi )?
    – Je trouve que ça montre qu’aujourdhui il n’y a pas assez de fraternité, d’humanisme, et d’égalité, et trop de phobie, de haine, de repli sur soi et de fermeture.
    – C’est quoi la solution ?
    – il faut plus de fraternité, d’humanisme et d’égalité, et moins de phobie, de haine, de repli sur soi et de fermeture.
    – C’est pas un peu général et vague ce que vous dites ?
    – Si, mais apparemment ça suffit pour me qualifier de grand philosophe français reconnu à l’étranger. Il suffit que je tartine 400 pages où je dis qu’il faut s’aimer les uns les autres, en utilisant beaucoup de synonymes, et voilà !

    PS 1 : je précise que je suis d’accord avec l’idée qu’il faut s’aimer les autres, mais le dire 10 fois par jour ne fait pas de moi un grand penseur.
    PS 2 : je n’ai pas lu les livres de Morin, si vous oui, et que vous l’appréciez, alors détrompez-moi. Ce que je connais de lui, ce sont seulement ses propos complètement creux.

      +3

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  • Gep // 17.03.2016 à 23h30

    Démographie, biodiversité, climat, flux financiers, internet… toutes problématiques mondiales et interconnectées comme un immense jeu de mots croisés. La méthode cartésienne est inapte à penser cette réalité multidimensionnelle.

    Nous étions 2 milliards et demi au sortir de la seconde guerre mondiale, aujourd’hui nous sommes 7 milliards et demi (300% d’augmentation en 2/3 de siècle). Il faut donc gérer convenablement l’espace et la biodiversité, ce qui nécessite une économie néguentropique (où tout se transforme en un cycle sans fin, unique possible dans un monde fini). Ce qui suppose une juste utilisation de l’argent (qui ne se mange pas !) à des fins économiquement durables, ce que précisément permet l’informatique appliquée à de grands ensembles (dont les éléments se comptent justement en milliards). Progrès culturels et progrès techniques sont toujours allés de paire. Comme « les brins d’une guirlande éternelle » isn’t it ?

    Aussi est-ce le sens même du titre de ce blog – Les Crises – dont la forme plurielle rappelle opportunément que tout est lié.

    Mais clairement, réfléchir est trop… complexe pour certains. Hébéphrènes nourris depuis l’enfance au lego-robot-pipeau, qui voient le monde à travers l’unique prisme de la logique booléenne. CRISES, TANT J’AI DES HAUT-le-cœur à lire l’ineptie de certains commentaires (oui, je sais, c’est approximatif, mais j’ai pas envie de me retrouver avec un procès sur le dos pour outrage à V.I.P.) !

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    • Jusdorange // 18.03.2016 à 07h45

      À gep,

      Pourquoi la méthode cartésienne est inapte à penser cette « réalité multidimensionnelle » ?

      Vous entendez quoi par « progrès culturel » ?

      Qu’est ce que vous reprochez aux autres commentaires précisément ?

        +2

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      • Gep // 18.03.2016 à 12h31

        A Jusdorange

        La méthode cartésienne est arborescente ; elle est inapplicable à des objets multicruciaux.

        J’ai trouvé perso (mais je me trompe peut-être) qu’on « dézingue » un peu vite le concept de « complexité » à la Morin. C’est vrai qu’avec ses « boucles de rétroaction » et ses multiples jeux de mots on a parfois l’impression de tourner en rond ! Mais le filon qu’il a mis en évidence mérite d’être creusé me semble-t-il.
        L’hébéphrénie est une image (un peu rude, j’en conviens). C’est une maladie marquée par la prédominance de la dissociation. Et disséquer le monde en petits morceaux voire en « particules élémentaires », c’est le tuer à coup sûr.

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        • Julie // 18.03.2016 à 12h43

          la complexité c’est le contraire de l’hyper-spécialisation qu’on a imposé à la recherche en sciences humaines dans les ving dernières années;

          regarder le découpage des « sciences » au cnrs:
          ils n’ont pas honte d’écrire: « L’ensemble du champ des connaissances est divisé en disciplines ou groupes de disciplines qui correspondent aux sections du Comité national de la recherche scientifique. »
          quoique peut-être un peu, parce que sur cette page, vous aurez du mal à trouver la liste des sections dont on vous fait la présentation!
          http://www.cnrs.fr/comitenational/sections/section_acc.htm
          ah oui, il faut aller là
          http://www.cnrs.fr/comitenational/sections/intitsec.php
          regardez le détail des sections 32-39 qui recouvrent censément « l’ensemble des sciences humaines »

            +1

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        • James Bernard // 18.03.2016 à 12h49

          Deux vidéos sur la complexité :
          Sciences de la complexité – Marc Halévy, physicien de la complexité
          https://www.youtube.com/watch?v=onv2gq1J7MQ&list=PLerDymGN1ArVHH2pBzvV2Jt0eCfwKpZXy&index=20
          Joel de Rosnay : manager la complexité
          http://www.forumchangerdere.fr/manager-la-complexite-pour-survivre

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        • Jusdorange // 18.03.2016 à 13h46

          À Gep,

          Je suis pour ma part quelqu’un d’assez simple et d’assez classique. Si une pensée ne peut s’énoncer clairement, c’est qu’elle est probablement confuse à l’origine. S’il s’agit de dire qu’il nous faut examiner les choses en ce qu’elles sont liées entre elles et non de manière isolée, je dis que c’est très bien. Mais je dis aussi que les néologismes superflus et les phrases alambiquées, devraient déclencher une sorte d’alerte au verbiage. Un peu comme dans ces scènes de films hollywoodiens où un scientifique énonce un charabia pour justifier l’intrigue, charabia que les scénaristes veulent faire passer pour de la science, du simple fait de la présence d’un vocabulaire jargonnant.

          J’ai ce problème avec Morin, j’ai un peu ce même problème avec vous. Mais je suis certain que nous allons le régler si vous voulez bien répondre à ces questions.
          C’est quoi une méthode arborescente ? objets multicruciaux ?
          Et surtout : pouvez-vous définir ce qu’est la complexité ?

            +3

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        • Jusdorange // 18.03.2016 à 14h02

          À Gep,

          Je précise par ailleurs (manque de place, désolé modération…) que Descartes était opposé à la spécialisation en science. C’est en tout cas le sens que je tire de ma lecture de la première règle des Règles pour la direction de l’esprit.

          J’attends de voir ce que vous entendez par « arborescente » (voir commentaire précédent) , mais s’il s’agit de dire que la méthode cartésienne consiste à séparer entre elles les disciplines (comme semble le suggérer la fin de votre commentaire, ainsi que son interprétation par Julie) alors cela s’oppose à ce que je connais de Descartes, à savoir son penchant pour l’idée qu’il y a une unité de la science, en ce sens que toute discipline participe à ce qu’il appelle « le bon sens », et que nous appellerions la raison. Je vous invite à lire la première règle des Règles pour la direction de l’esprit si vous voulez vérifier cela.

            +2

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          • TZYACK // 18.03.2016 à 18h46

            L’ esprit analytique décortique, parcellise et divise alors que l’esprit synthétique globalise, réconcilie et réunit.

              +3

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  • Julie // 18.03.2016 à 12h35

    malhonnêteté de nos élites qui reste impunie
    malhonnêteté intellectuelle de certaines élites universitaires qui ne se confrontent jamais à leurs pairs (avec un seul spécialiste par domaine, cela facilite les choses)
    tout cela crée un grand malaise

      +2

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