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24.janvier.201924.1.2019 // Les Crises

La théorie française lue par la CIA : sur le travail intellectuel de démantèlement de la gauche culturelle, par Gabriel Rockhill

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Source : The Philosophical Salon, Gabriel Rockhill, 28-02-2017

On part souvent du principe que les intellectuels ont peu — voire pas — d’influence politique. Du haut de leur tour d’ivoire de privilégiés, déconnectés du monde réel, empêtrés dans de vaines discussions abstraites à propos de broutilles pour spécialistes ou planant dans les brumes absconses de leurs nobles théories, ils sont souvent présentés comme des gens non seulement coupés de la réalité politique mais également incapables d’avoir sur elle un impact véritable, mais la CIA est d’un avis différent.

En effet, l’agence responsable de coups d’État, d’assassinats ciblés et de manipulation secrète de gouvernements étrangers ne se contente pas de croire au pouvoir des théories, elle est allée jusqu’à consacrer d’importants moyens à l’étude, par un groupe d’agents secrets, de ce qui constitue pour certains la théorie la plus abstruse et la plus complexe jamais énoncée. Dans un rapport de recherche intrigant écrit en 1985 et récemment publié grâce au Freedom of Information Act (loi sur la liberté de l’information), après avoir été légèrement censuré, la CIA révèle que ses agents ont étudié la complexe Théorie française liée aux noms de Michel Foucault, Jacques Lacan et Roland Barthes, qui donne le ton au niveau international.

Probablement la vision d’espions américains se réunissant dans des cafés parisiens pour étudier minutieusement l’œuvre des grands prêtres de l’intelligentsia française et confronter leurs opinions à ce sujet scandalisera-t-elle ceux pour qui ce groupe d’intellectuels sont des sommités dont la subtilité hors du commun ne saurait se laisser draguer de manière aussi vulgaire ou ceux pour qui, au contraire, ces intellectuels ne sont que des charlatans faisant commerce d’une rhétorique incompréhensible sans — ou avec très peu — d’impact sur le monde réel. Cependant il est peu vraisemblable que cela surprenne ceux qui sont au fait de la participation de longue date de la CIA à la guerre culturelle mondiale, y compris son soutien aux formes avant-gardistes les plus extrêmes, qui a été bien étudiée par des chercheurs comme Frances Stonor Saunders, Giles Scott-Smith, Hugh Wilford (recherche à laquelle j’ai, moi aussi, contribué dans Radical History & the Politics of Art [Histoire radicale et politiques artistiques]).

Thomas W Braden, l’ancien directeur des activités culturelles de la CIA, a évoqué franchement l’influence de l’incursion de l’agence dans le domaine culturel dans un témoignage d’initié publié en 1967 : « Je me souviens de l’énorme joie que j’ai ressentie quand le Boston Symphony Orchestra [qui était subventionné par la CIA] a suscité à Paris plus d’enthousiasme pour les États-Unis, que John Foster Dulles et Dwight D. Eisenhower n’auraient pu en obtenir avec cent discours ». Ce rôle dans le domaine culturel n’était pas une petite opération marginale. En fait, comme Wilford l’a soutenu avec pertinence, le Congress for Cultural Freedom (Congrès pour la liberté de la culture), le CCF, qui avait son quartier général à Paris et dont on a, plus tard, découvert qu’il servait de façade à la CIA pendant la guerre froide culturelle, était l’un des plus grands mécènes de l’histoire mondiale et finançait une incroyable gamme d’activités artistiques et culturelles. Il avait des bureaux dans 35 pays, publiait des dizaines de magazines de prestige, avait des activités dans le domaine de l’édition, organisait des conférences internationales et des expositions artistiques très en vue, coordonnait des représentations et des concerts, et subventionnait généreusement différents prix culturels et bourses de recherche, ainsi que des organisations de façade comme la fondation Farfield.

Les « apparatchiks » à Paris : le directeur du CCF et agent de la CIA, Michael Josselson (au centre), lors d’un déjeuner de travail avec John Clinton Hunt et Melvin Lasky (à droite).

L’agence de renseignement a conscience que la culture et la théorie sont des armes essentielles dans l’arsenal d’ensemble qu’elle déploie pour préserver, dans le monde entier, les intérêts des États-Unis. Le rapport de recherche de 1985, publié récemment et intitulé « France : la défection des intellectuels de gauche », étudie, et il ne fait pas de doute que c’est à des fins de manipulation, l’intelligentsia française et son rôle essentiel dans le façonnement des tendances qui mènent à des idéologies politiques. On y suggère qu’il existe un relatif équilibre idéologique entre la droite et la gauche dans l’histoire des intellectuels français et le rapport souligne le monopole de la gauche dans l’immédiat après-guerre — ce à quoi, nous le savons bien, l’agence était farouchement opposée — monopole dû au rôle prépondérant des communistes dans la résistance au fascisme et finalement à la victoire contre celui-ci. Bien que la droite ait été particulièrement discréditée à cause de sa contribution directe aux camps de la mort nazis, de son programme politique globalement xénophobe, anti-égalitaire et fasciste, selon ce qu’en dit la CIA elle-même, les agents secrets restés anonymes qui ont rédigé cette étude soulignent avec une satisfaction perceptible que la droite est de retour depuis à peu près le début des années 70.

Surtout les soldats secrets de la guerre culturelle applaudissent à ce qu’ils voient comme un double mouvement qui a amené l’intelligentsia à se concentrer sur la critique de l’URSS plutôt que sur celle des USA comme elle le faisait auparavant. À gauche, il y avait une désaffection croissante des intellectuels envers le stalinisme et le marxisme, un retrait progressif des intellectuels d’extrême gauche du débat public et un désengagement théorique par rapport au socialisme et au Parti socialiste. Plus à droite, les opportunistes idéologiques appelés Nouveaux philosophes et les intellectuels de la Nouvelle droite lançaient une grande campagne médiatique de dénigrement du marxisme.

Tandis que cette organisation mondiale d’espionnage étendait ses tentacules dans d’autres domaines, en renversant des dirigeants démocratiquement élus, en fournissant des renseignements à des dictateurs fascistes et en les finançant, en subventionnant des escadrons de la mort d’extrême droite, la formation parisienne concentrée sur l’intelligentsia rassemblait des données sur la façon dont le virage à droite des intellectuels au niveau mondial pourrait profiter à la politique étrangère des États-Unis. Les intellectuels de gauche de l’immédiat après-guerre avaient critiqué ouvertement l’impérialisme états-unien. L’agence surveillait étroitement et considérait comme un problème sérieux l’écrivain et critique marxiste au franc parler Jean-Paul Sartre, qui jouissait d’une grande influence médiatique et qui avait joué un rôle notable, en tant que fondateur de Libération, en faisant sauter la couverture du chef de poste de la CIA à Paris et de dizaines d’agents sous couverture.

A l’inverse, l’atmosphère anti-soviétique et anti-marxiste de l’époque du néolibéralisme naissant détournait la vigilance du public et fournissait une excellente couverture pour les guerres sales menées par la CIA en rendant « très difficile pour quiconque de mobiliser une opposition appréciable au sein des élites intellectuelles contre les politiques des États-Unis en Amérique centrale, par exemple ». Greg Grandin, l’un des chefs de file de l’histoire latino-américaine, a parfaitement résumé cette situation dans le « Last Colonial Massacre » [le dernier massacre colonial] : « Les États-Unis ne se sont pas contentés de se livrer à des interventions manifestement désastreuses et meurtrières au Guatemala en 1954, en République dominicaine en 1965, au Chili en 1973 et au Salvador et au Nicaragua pendant les années 80, ils ont aidé discrètement et régulièrement sur un plan financier, matériel et moral les États terroristes meurtriers contre leurs insurgés. […] Mais l’énormité des crimes de Staline garantit que le récit de ces exactions sordides, aussi convaincant, exhaustif et accablant qu’il soit, ne va pas venir troubler les fondements d’une vision du monde soucieuse de faire valoir le rôle exemplaire des États-Unis comme défenseur de ce que nous connaissons sous le nom de démocratie. »

C’est dans ce contexte que les mandarins masqués saluent et soutiennent la critique incessante qu’une nouvelle génération de penseurs anti-marxistes comme Bernard Henri Lévy, André Glucksmann et Jean-François Revel ont formulée contre « la dernière clique des savants communistes » composée, selon les agents restés anonymes, de Sartre, Barthes, Lacan et Louis Althusser. Comme,dans leur jeunesse, ces anti-marxistes étaient généralement de gauche, ils fournissent le modèle parfait visant à élaborer des récits trompeurs qui amalgament une prétendue maturation politique et la marche vers le progrès du temps, comme si aussi bien la vie d’un individu que l’Histoire n’étaient qu’une question de « passage à l’âge adulte » et de reconnaissance qu’une transformation sociale profonde et égalitaire appartient, du point de vue historique et personnel, au passé. Ce défaitisme omniscient et condescendant ne sert pas seulement à discréditer les nouveaux mouvements, surtout ceux qui sont menés par les jeunes, mais il interprète également, de façon erronée, les succès relatifs de la répression contre-révolutionnaire comme un progrès naturel de l’histoire.

Le philosophe français anti-marxiste Raymond Aron (à gauche) et sa femme Suzanne en vacances avec un agent de la CIA sous couverture, Michael Josselson, et Denis de Rougement (à droite).

Même des théoriciens moins opposés au marxisme que ces intellectuels réactionnaires ont contribué, de façon significative, à créer un environnement de désenchantement à l’égard de l’égalitarisme transformateur, de détachement vis-à-vis de la mobilisation sociale et d’une « enquête critique » dépourvue de radicalisme politique. Cela est très important pour comprendre la stratégie d’ensemble de la CIA dans ses vastes tentatives approfondies de démantèlement de la gauche culturelle en Europe et ailleurs. En se rendant compte qu’elle ne pourrait probablement pas l’anéantir totalement, l’organisation d’espionnage la plus puissante du monde a cherché à détourner la culture de gauche d’une politique résolument anticapitaliste et déterminée à de vrais changements pour l’amener à des positions réformistes de centre-gauche, moins ouvertement critiques de la politique intérieure et étrangère des USA. En fait, comme Saunders l’a montré en détail, dans l’après-guerre, l’agence a agi dans le dos d’un Congrès dominé par McCarthy pour financer et promouvoir directement des projets de gauche qui éloignaient les producteurs et consommateurs d’objets culturels de la gauche plus résolument égalitariste. En mettant à l’écart et en discréditant cette dernière, la CIA aspirait aussi à diviser la gauche en général, laissant à ce qui restait du centre-gauche très peu de pouvoir et de soutien des citoyens (tout en étant en butte à un discrédit dû sans doute à sa connivence avec la politique de droite, un problème qui continue d’ailleurs à tourmenter, encore maintenant les partis de la gauche institutionnelle.

C’est à la lumière de ces éléments que nous devons comprendre le goût de l’agence de renseignement pour les récits de conversion et sa gratitude sans réserve pour les « marxistes repentis », un leitmotiv qui traverse le rapport de recherche sur la théorie française. Selon les taupes de la CIA, « les intellectuels qui ont été encore plus efficaces dans la lutte pour l’affaiblissement du marxisme, ce sont ceux qui souhaitaient, au départ, appliquer, en disciples convaincus, la théorie marxiste aux sciences sociales mais qui avaient fini par repenser puis rejeter cet héritage tout entier ». Elles évoquent en particulier la contribution majeure apportée par l’école des Annales de l’historiographie et du structuralisme — notamment Claude Lévi-Strauss et Foucault — « à la démolition critique de l’influence marxiste dans les sciences sociales ». Foucault, qualifié de « penseur le plus profond et influent de France », se voit particulièrement salué pour son éloge des intellectuels de la Nouvelle droite, qui ont rappelé aux philosophes que « de « fichues » conséquences » ont « découlé de la théorie rationaliste progressiste du siècle des Lumières et de l’époque révolutionnaire ». Ce serait certes une erreur de réduire la politique d’une personne ou les effets de sa politique à une position ou un résultat unique, le gauchisme antirévolutionnaire de Foucault ainsi que son constant chantage au goulag — c’est-à-dire l’affirmation selon laquelle les larges mouvements radicaux visant une profonde transformation sociale et culturelle ne font que ressusciter la plus dangereuse des traditions — sont parfaitement en accord avec les stratégies d’ensemble de l’agence d’espionnage en matière de guerre psychologique.

La lecture par la CIA de la théorie française devrait ainsi nous inciter à réfléchir et réexaminer l’élégante façade radicale qui a accompagné une bonne partie de sa réception anglophone. Selon une représentation de l’histoire progressiste (d’habitude inconsciente de sa finalité implicite), le travail de personnalités comme Foucault, Derrida et d’autres théoriciens français d’avant-garde est souvent intuitivement lié à une forme de critique profonde et sophistiquée qui surpasse sans doute de loin n’importe quelle découverte de la tradition socialiste, marxiste ou anarchiste. Il est certainement vrai et mérite d’être souligné que la réception anglophone de la théorie française, comme John McCumber l’a justement remarqué, avait d’importantes implications politiques comme pôle de résistance à la fausse neutralité politique, aux prudentes subtilités logiques et linguistiques, ou au conformisme idéologique directement en vigueur dans la tradition de la philosophie anglo-américaine soutenue par McCarthy. Cependant, les pratiques théoriques des personnalités qui ont tourné le dos à ce que Cornelius Castoriadis a appelé la tradition de la critique radicale — c’est-à-dire la résistance anticapitaliste et anti-impérialiste — ont sans doute contribué à la dérive idéologique qui se démarquait de la politique de changement. Selon l’agence du renseignement elle-même, la théorie française post-marxiste a directement contribué au programme culturel de la C.I.A. d’entraîner avec douceur la gauche vers la droite, tout en discréditant l’anti-impérialisme et l’anticapitalisme, nourrissant ainsi un environnement intellectuel dans lequel ses projets impérialistes pourraient être poursuivis sans l’obstacle d’un examen critique sérieux mené par l’élite intellectuelle.

Les recherches sur le programme de guerre psychologique de la C.I.A. nous informent que l’organisation a non seulement poursuivi des individus pour chercher à les embrigader, mais qu’elle a toujours été encline à comprendre et à transformer les institutions de production et de diffusion culturelles. En effet, son étude sur la théorie française met en évidence le rôle structurel des universités, maisons d’édition et médias dans la formation et la consolidation d’une philosophie politique collective. Par des descriptions qui, comme le reste du document, devraient nous inciter à la réflexion critique au sujet de l’actuelle situation académique du monde anglophone et au-delà, les auteurs du rapport mettent en avant la façon dont la précarisation du personnel universitaire contribue à la démolition du gauchisme radical. S’il est impossible pour les fervents de gauche de garantir les moyens matériels nécessaires à la réalisation de leurs travaux, ou si nous sommes forcés de façon plus ou moins subtile à nous conformer afin d’avoir un emploi, de publier nos travaux ou d’avoir un public, les conditions structurelles propres à une communauté de gauche déterminée sont en effet affaiblies. La professionnalisation de l’enseignement supérieur est un autre outil utilisé à cet effet, car elle a pour but transformer les gens en pions techno-scientifiques dans un dispositif capitaliste au lieu de citoyens autonomes munis d’outils fiables pour une critique sociale. Les mandarins théoriques de la C.I.A. acclament ainsi les efforts du gouvernement français visant à « pousser les étudiants aux études dans des filières commerciales et techniques ». Ils mettent également en évidence les contributions apportées par les grandes maisons d’édition comme Grasset, les médias de masse et la culture américaine, très tendance, à la mise en œuvre de leur plateforme post-socialiste et anti-égalitaire.

Quelles leçons pourrions-nous tirer de ce rapport, notamment dans le contexte politique actuel où les intellectuels critiques sont constamment malmenés ? D’abord, il serait cohérent de rappeler que si, pour certains, les intellectuels sont impuissants et que nos orientations politiques ne comptent pas, l’organisation qui a été l’un des agents d’influence les plus puissants dans la politique mondiale contemporaine, n’est, elle, pas de cet avis. La Central Intelligence Agency, comme son nom le suggère ironiquement, croit au pouvoir de l’intelligence et des théories et nous devrions prendre cette conviction très au sérieux. En partant faussement du principe que le travail intellectuel n’a pas ou peu d’impact sur « le monde réel », nous présentons non seulement une image erronée du travail théorique, mais nous courons aussi le risque d’ignorer fâcheusement les projets politiques dont nous pouvons facilement devenir, sans le vouloir, les ambassadeurs culturels. Même s’il est certain que l’État nation français et son système culturel offrent aux intellectuels une tribune publique beaucoup plus large que cela n’est le cas dans beaucoup d’autres pays, l’obsession de la CIA pour la planification et la manipulation de la production théorique et culturelle devrait nous servir à tous d’avertissement.

Deuzio, les agents d’influence présents ont tout intérêt à cultiver une élite intellectuelle dont le sens critique aura été limé ou détruit grâce à la création d’institutions intéressées au commerce et à la techno-science, en assimilant la politique de gauche à l’anti-scientificité, en corrélant la science avec une prétendue (mais fausse) neutralité politique, en favorisant les médias qui saturent les ondes de discours conformistes, en écartant les fidèles de la gauche des principales institutions universitaires et des projecteurs des médias, enfin en jetant le discrédit sur tout appel à un changement radical, égalitaire et écologique. Théoriquement, elles cherchent à nourrir une culture intellectuelle qui, si elle est de gauche, se verra neutralisée, immobilisée, apathique et se satisfera de lamentations défaitistes ou de critiques passives de la gauche radicale mobilisée. C’est une des raisons pour lesquelles nous devrions envisager une opposition intellectuelle au gauchisme radical prépondérant dans l’Académie américaine, comme position politique dangereuse : car n’est-ce pas directement un complice de la stratégie impérialiste de la C.I.A. autour du monde ?

Tertio, afin de parer cette atteinte institutionnelle au développement d’un gauchisme résolu, il est impératif de résister à la précarisation et la professionnalisation de l’enseignement. Il est également important de créer des cercles publics propices au débat réellement critique, offrant ainsi une plus large plateforme à ceux qui reconnaissent qu’un autre monde, plus que possible, est nécessaire. Il est également nécessaire que nous nous unissions afin de contribuer aux médias alternatifs, aux modèles d’éducation différents, aux collectifs contre-institutionnels et radicaux, ou de continuer à les développer. Il est vital de maintenir ce que les combattants culturels déguisés cherchent précisément à détruire : le développement d’un gauchisme résolu pourvu d’un large cadre de soutien institutionnel, d’un appui public important, d’une présence médiatique prédominante et d’un vaste pouvoir de mobilisation.

Enfin, nous, intellectuels de par le monde, devrions nous accorder à reconnaître notre puissance et nous en saisir afin de faire tout notre possible pour développer une critique systémique et radicale qui soit aussi égalitaire et écologique que anticapitaliste et anti-impérialiste. Les positions défendues dans les amphithéâtres ou publiquement sont importantes pour fixer les modalités du débat et déterminer le champ des possibles politiques. En opposition directe à la stratégie culturelle de l’agence d’espionnage visant à fragmenter et à polariser, par laquelle elle a cherché à diviser et isoler la gauche anti-impérialiste et anticapitaliste tout en l’opposant aux positions réformistes, nous devrions nous fédérer puis nous mobiliser en reconnaissant l’importance de travailler ensemble — d’un bout à l’autre du spectre de la gauche, comme nous l’a récemment rappelé Keeanga-Yamahtta Taylor — pour qu’une intelligentsia véritablement critique puisse exister. Au lieu de proclamer ou de déplorer l’impuissance des intellectuels, nous devrions canaliser la capacité de dire la vérité face au pouvoir en travaillant ensemble et en mobilisant notre capacité de créer collectivement les institutions nécessaires pour un monde culturel de gauche. Car c’est seulement dans un tel monde et dans les caisses de résonance de l’esprit critique qu’il produira, que les vérités exprimées pourront être effectivement entendues, transformant ainsi les structures mêmes du pouvoir.

Gabriel Rockhill est philosophe, critique culturel et théoricien politique. Il enseigne à l’université de Villanova et à la prison de Grateford. Il dirige l’atelier de théorie critique à la Sorbonne.

Source : The Philosophical Salon, Gabriel Rockhill, 28-02-2017

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr.

Lien vers la source déclassifiée sur le site de la CIA ici. (pdf)

Commentaire recommandé

Fritz // 24.01.2019 à 08h07

Je suis professeur d’histoire en collège (et non pas « prof »). Hier, en instruction civique (EMC), j’ai parlé à des élèves de Troisième d’Edward Snowden, des écoutes de la NSA et du BND, en soulignant la mollesse des réactions françaises, et en les laissant méditer sur cette situation d’un espionné consentant. J’avais donné à ces élèves un travail à domicile sur Julian Assange.

Plutôt que de faire un résumé de cet article intéressant, je citerai le livre de Frances Stonor Saunders, « Qui mène la danse ? La CIA et la guerre froide culturelle », traduit en français en 2003. Les deux photos qui illustrent cet article sont tirées du livre de Saunders : les agents Hunt, Josselson et Lasky attablés ; Josselson en compagnie de Raymond et Suzanne Aron, avec Denis de Rougemont (et non pas « Rougement ») dans le Jura.

http://www.gallimard.fr/Catalogue/DENOEL/Impacts/Qui-mene-la-danse

Voilà, je préfère aller à la source. Quant à France 3, je n’ai pas de télé chez moi, au grand désespoir du fisc qui essaie périodiquement de me faire payer la redevance.

68 réactions et commentaires

  • Xavier // 24.01.2019 à 07h23

    A tous les profs d’histoire-géographie :
    Vous ferrz une synthèse de cet article en prenant soin de traiter du complotisme.
    Vous avez 3h.

    Demain : ateliers pour inclure dans vos progressions de la distance avec l’histoire officielle.

      +20

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    • Xavier // 24.01.2019 à 07h52

      Vous pourrez vous appuyer sur ce documentaire de France 3 sur le « mystère de Pont-Saint-Esprit » qui traite d’autres activités de la CIA à la même époque.
      https://www.dailymotion.com/video/x2xei4u

        +11

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      • Fritz // 24.01.2019 à 08h07

        Je suis professeur d’histoire en collège (et non pas « prof »). Hier, en instruction civique (EMC), j’ai parlé à des élèves de Troisième d’Edward Snowden, des écoutes de la NSA et du BND, en soulignant la mollesse des réactions françaises, et en les laissant méditer sur cette situation d’un espionné consentant. J’avais donné à ces élèves un travail à domicile sur Julian Assange.

        Plutôt que de faire un résumé de cet article intéressant, je citerai le livre de Frances Stonor Saunders, « Qui mène la danse ? La CIA et la guerre froide culturelle », traduit en français en 2003. Les deux photos qui illustrent cet article sont tirées du livre de Saunders : les agents Hunt, Josselson et Lasky attablés ; Josselson en compagnie de Raymond et Suzanne Aron, avec Denis de Rougemont (et non pas « Rougement ») dans le Jura.

        http://www.gallimard.fr/Catalogue/DENOEL/Impacts/Qui-mene-la-danse

        Voilà, je préfère aller à la source. Quant à France 3, je n’ai pas de télé chez moi, au grand désespoir du fisc qui essaie périodiquement de me faire payer la redevance.

          +32

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        • Xavier // 24.01.2019 à 08h23

          « Cher collègue », vous êtes malheureusement très minoritaire…
          Au moins dans l’expression de vos idées en salle des profs 😉

          J’aime introduire les stats avec le big data et renvoie systématiquement les élèves vers vos confrères… souvent gênés.

            +7

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          • Fritz // 24.01.2019 à 08h29

            En général, j’évite la « salle des profs ». Et vous avez raison, je dois être assez minoritaire… A propos de Julian Assange, un élève m’a dit : « Madame X (la documentaliste du collège) nous dit que Wikileaks, ce n’est pas une ONG ».

            RSF, les White Helmets, ça c’est des ONG. Mais pas Wikileaks ? J’ai renvoyé cet élève à Wikipédia, en concédant que l’activité de Wikileaks n’était pas médicale ou humanitaire.

              +13

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        • lemoine001 // 24.01.2019 à 09h27

          Le livre de Frances Stonor Saunders « qui mène la danse » est malheureusement aujourd’hui introuvable. Il est proposé d’occasion à un exemplaire sur Amazon pour 249 euros !!!

            +12

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        • aladin0248 // 24.01.2019 à 11h37

          Frances Stonor Saunders, « Qui mène la danse ? La CIA et la guerre froide culturelle ». 2003. 249€ sur Amazon. Mais 12,65€ dans la version originale (2000) : Who Paid The Piper?: The CIA And The Cultural Cold War.

            +5

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          • Chris-caen // 25.01.2019 à 05h46

            Il me semble bien que les éditions Delga voulaient le rééditer, mais que Denoël a refusé net !
            Aymeric Monville en parlait récemment ds une vidéo que je ne retrouve pas. Contactez le chez Delga pour confirmation.

              +3

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    • degorde // 24.01.2019 à 09h19

      Parler de complotisme dénonce deux choses : vous craignez le contenu de cet article, cherchant à la discréditer envers le plus grand nombre possible et surtout vous n’avez aucun argument sérieux à opposer. Celui qui prononce le mot « complotisme » a perdu. Vous avez perdu.

        +6

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    • R. // 27.01.2019 à 10h51

      A peine orienté, votre devoir. Vous proposez un travail où vous impliquez de facto qu’il y a complotisme. Journaliste à France TV?

        +0

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  • Caliban // 24.01.2019 à 07h50

    Un plaidoyer intéressant pour l’influence des intellectuels sur la fabrique des opinions, avec une démarche historique originale consistant à exhumer les archives de la CIA.

    Mais est-ce que les « intellectuels » demeure le bon concept à l’heure où les « influenceurs » agissent à visage découvert, qu’ils soient dans la presse (les éditocrates) ou sur le web (conférenciers et youtubeurs) ? Il me semble que le rôle de surveillance jadis dévolu aux espions revient aujourd’hui à un audimat « totalitaire ».

      +16

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    • Xavier // 24.01.2019 à 07h55

      Ça eu payé…

      Maintenant qu’ils détiennent la structure portant l’information, en tous les cas maintenant qu’ils la contrôlent, il n’est plus nécessaire de contrôler l’information elle-même, juste de « réguler » les flux…

      Ce qui était vrai pour l’information technique depuis assez longtemps l’est devenu pour l’information générale.

        +13

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      • Caliban // 24.01.2019 à 08h30

        « ils la contrôlent »
        Pour être précis, le contrôle des flux est :
        • effectif dans les dictatures (Chine, Egypte, Corée du Nord, Aradie Saoudite, …)
        • dans les mains de Google (pour faire vite)

        Je ne dis pas que les Etats (dits) démocratiques n’ont pas les outils légaux pour faire plier les opérateurs du réseaux, simplement qu’ils n’en éprouvent pas nécessairement le besoin tant est
        • grande la dilution de l’information
        • forte la propension de chacun à s’adonner au biais de confirmation (toujours prendre l’information à la même source par confort de se voir confirmer dans « son opinion »)

        Dans les Etats (dits) démocratiques, les interventions des dirigeants prennent la forme de campagnes de Communication incessantes et échafaudées par des agences sépcialisées (cf le grand blabla en cours).

          +10

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        • Xavier // 24.01.2019 à 12h04

          Si on regarde le nombre de ministères qui passent des conventions de partenariat avec les GAFAM, c’est juste hallucinant.

          Leurs outils sont désormais partout, incontournables.

          D’où mon assertion sur leur contrôle des flux.

            +9

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    • Gavrilo Princip // 24.01.2019 à 08h20

      @ Caliban
      Rien d’original, ça a déjà été fait il y a des années, dans des livres bien sûrs, mais aussi dans des médias français comme le Nouvel Obs.
      Mais comme ce n’est pas anglo-saxon, ça ne plaît pas aux Crises…

        +3

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      • Caliban // 24.01.2019 à 08h24

        Votre jugement sur la « ligne éditoriale » du site Les Crises me paraît particulièrement injuste. S’il n’y a pas plus de documents traduits c’est qu’il manque probablement de traducteurs. Si vous maitrisez la langue de Shakespeare, vous savez ce qu’il vous reste à faire : https://www.les-crises.fr/contact/ 🙂

          +8

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        • Gavrilo Princip // 24.01.2019 à 09h10

          Soit vous êtes commentateur, soit vous bossez pour ce site. La double casquette n’est généralement pas bien vue dans ce contexte.
          Je dis ce que je veux et vous n’avez pas à me faire la morale. Je suis un très vieil habitué de ce site et je le vois péricliter à cause d’une décision rédactionnelle qui me paraît mauvaise (obsession récente des articles anglo-saxons, mal traduits qui plus est). J’ai le droit de faire part, ici, de ma déception tant que je reste correct avec autrui.
          Merci.

            +7

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        • Caliban // 24.01.2019 à 10h36

          Vous avez bien entendu la liberté d’émettre des critiques sur le choix des publications 🙂

          Mais avec un peu plus de courtoisie ce serait appréciable car le travail fourni est bénévole et les « réclamations consommateurs » ne me paraissent pas très appropriées.

          Etes-vous encore dans le cadre de la « correction » en écrivant ceci ? Relisez-vous 🙂
          https://www.les-crises.fr/la-theorie-francaise-lue-par-la-cia-sur-le-travail-intellectuel-de-demantelement-de-la-gauche-culturelle-par-gabriel-rockhill/#comment-558610

            +7

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    • degorde // 24.01.2019 à 09h20

      Vous avez raison, c’est une vraie question. Les enjeux ne sont plus les mêmes et la société a évolué. Désormais ça passe par ce qu’on appelle des « think tank » d’influence social-libérale reliés entre eux par le groupe de La Haye financé par des fonds américains.
      Au passage dans le livre de Saunders on y apprend que Koestler, Aron et Revel étaient payés par les USA.

        +9

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  • Gavrilo Princip // 24.01.2019 à 08h17

    Le Nouvel Obs a publié cet article il y a 2 ans et en français :
    https://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20170428.OBS8716/bhl-lu-et-approuve-par-la-cia.html

    Pourquoi vous obstiner à prendre vos articles dans des médias anglo-saxons qui :
    1- ont des années de retard et n’ont rien d’original
    2- sont mal traduits
    Aberrant…

      +5

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    • Caliban // 24.01.2019 à 08h34

      Vous avez vu les initiales BHL et CIA … et vous en concluez que le contenu est le même. Au lieu d’exiger :
      • lisez plus attentivement ce qui vous est proposé
      • utilisez le formulaire de contact pour contribuer

      Non mais allô quoi ?!? J’hallucine …

        +18

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      • RV // 24.01.2019 à 15h11

        « Pour lire les 87 % restants, testez l’offre à 1€ sans engagement. »
        L’intro en accès libre de cet article du 1er mai 2017
        ne dit rien de moins ou de plus que l’article proposé ici.
        Mais quid du reste de l’article ?
        Dont acte, l’info en français existe bien au moins depuis cette date.

          +3

        Alerter
      • Caliban // 24.01.2019 à 16h11

        @RV

        Merci de ne pas vous moquer des lecteurs 😉
        L’intégralité de l’article de l’Obs fait 25 lignes et vous affirmez que son contenu est identique à celui proposé par les Crises ?

        Non seulement il ne peut pas être identique (longueur et auteur de l’article différents) mais en plus le sujet de l’article proposé par les Crises n’est pas vainement polémique comme celui de l’Obs, il ne se centre pas sur BHL. Il s’agit ici d’un appel à la vigilance et au sursaut des intellectuels.

        Relisez ou lisez au-delà de 30 lignes.

          +5

        Alerter
  • bdb30 // 24.01.2019 à 08h20

    Les Intellectuels contre la gauche: L’idéologie antitotalitaire en France (1968-1981)- Michael Scott Christofferson- Agone

      +5

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    • degorde // 24.01.2019 à 09h12

      Très bon ouvrage qui complète celui de Saunders sur les influences culturelles US en France et aussi partout en Europe.

        +4

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  • charles // 24.01.2019 à 08h33

    je n’ai qu’une critique. il défend une gauche de critique pour s’opposer à une droite capitaliste et impérialiste. dit autrement il inscrit son désir de renouveau dans un cadre institutionnel qui, il me semble, ne saura pas se dépasser.

    Comme la gauche a ses travers que la droite n’a pas, mais qu’ensemble ils se partagent tous les deux la misère du monde, je préfère appeler à un rétablissement de la critique radicale d’une manière générale quelle que soit son bord politique.

    Que la parole libérée puisse aider le monde à se ré inventer.

    Au delà de la simple apathie de la gauche, je pense que nous souffrons beaucoup de ces libertés désarmées.

    Alors oui pour la reconnaissance de ces constats, et oui à une gauche qui se réaffirme dans le marasme du capitalisme totalitaire mondialisée, mais au delà de cela, sachons nous prémunir pour le futur de nos dérives extrêmes, quelles soient de droites, de gauche ou du centre.

      +8

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    • RV // 24.01.2019 à 15h13

      Il n’est pas question d’apathie de la gauche mais de guerre idéologique rondement menée.

        +3

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  • DidierF // 24.01.2019 à 08h54

    Ce texte est fort mal écrit. Il indique un travail à la va-vite sans réflexion.

    L’information est de très grande valeur mais masquée par la négligence de la rédaction.

      +8

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  • calal // 24.01.2019 à 08h56

    Il s’agit donc de detourner les gens de l’ideologie communiste ou socialiste. De detourner en priorite les « guides » intellectuels.Comment? grace a l’argent.
    Mais si ces intellectuels etaient independants financierement, ils ne se laisseraient pas acheter.
    Quand les gens de gauche produiront des richesses et les partageront , les capitalistes auront plus de mal a les arreter.
    Dans le nouveau testament il est ecrit quelque part  » nous (les pretres,les intellectuels) n’avons ete a la charge d’aucun d’entre vous « …
    Dans notre monde d’hypercommunication,il ne faut plus se fier aux paroles mais bien juger sur les actes.
    PS: On peut crediter la lfi de sa creation du « media » tout en persiflant qu’il y a deja eu conflit et que d’autres les ont precedes depuis bien longtemps ( et vont bientot faire de la prison comme preuve de leur dangerosite)…

      +3

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  • lemoine001 // 24.01.2019 à 09h09

    A connaitre aussi l’intervention de la CIA et plus généralement des USA dans le domaine de l’art :https://lemoine001.com/2014/12/15/art-contemporain-et-imperialisme/

    Il faut savoir aussi que si la « french theory » a pu trouver place dans les universités américaines, c’est qu’elle était elle-même très influencée par le pragmatisme américain. Si ses porteurs se voulaient de gauche, et même d’une gauche radicale, ses principales sources étaient à l’opposé : le pragmatisme américain, le Nietzschéisme et Heidegger et son anti humanisme. Les liens de ce dernier avec le nazisme sont aujourd’hui connus.

      +11

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    • Interimlover // 27.01.2019 à 21h11

      J’ajoute que l’OTAN se mêla des choses du football.

        +0

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  • degorde // 24.01.2019 à 09h17

    Cette stratégie « culturelle » fait partie d’un plan beaucoup plus vaste étudié sous le nom « No communist Left Policy » mise en place dès 1945 en France qui privilégiait de s’appuyer sur la social démocratie pour contrer l’influence communiste, tant dans les partis politiques que dans les syndicats. Le premier succès sera du reste la scission de la CGT en 1947 donnant naissance à FO sous l’égide de l’agent de la CIA-dirigeant de l’AFL CIO Irving Brown.
    Après le scandale de 1967 le Congress for Cultural Freedom, objet du livre de Saunders sera dissous et remplacé par une kirielle de « centres d’études » qui ont tous en commun d’être financés par la NED américaine. Cette stratégie nouvelle générera un flot d’ouvrages dénonçant les méfaits du communisme à partir du milieu des années 80 dont le fleuron si on ose dire est « Le livre noir du communisme » de S. Courtois et N. Werth. Tous se situent dans la lignée de François Furet qui lui ne se cachait même pas de recevoir des financements des Etats Unis. Pour aller plus loin sur cette inflexion de l’étude historique on peut aussi se reporter utilement au livre d’Annie Lacroix Riz « L’histoire contemporaine toujours sous influence ».

      +25

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  • Lysbeth Levy // 24.01.2019 à 09h40

    Et dont acte, les Usa par la CIA et ces pseudopodes ont bien influencer la France, ces intellectuels et même l’Art : https://hal-sciencespo.archives-ouvertes.fr/file/index/docid/1063001/filename/l-art-et-la-guerre-froide-une-arme-au-service-des-etats-unis.pdf
    Et dire qu’un chasseur de « mal pensants » prétends que la CIA n’a pas eu l’influence qu’on lui prête ? Et bien non, les partis dits « trotskistes » ou gauches alternatives, ont bien été « aidés » et les syndicats FO ou la famille Mailly a Lens était déjà en contact, ce document a page 12 :
    http://www.morinie.com/Oreiller_2.pdf
    Un fait connu cette officine d’ingérence avait ces bureaux partout en France, pour affaiblir les forces de « gauche réelle », Irving Brown et ces amis anti-communistes ont fait leurs classes en France, afin de détruire la gauche sociale, afin d’y substituer une « gauche anti-communiste » ou anti-stalienne selon ces mêmes trotskistes. Celle qui a lancé les nouveaux philosophes,(Bernard Henri Levy, André Glucksmann etc) devenus par la suite les « néoconservateurs » français, les meilleurs alliés des Usa dans le pire leurs guerres a travers le monde ..Sur ARTE TV une émission en a rendu compte :
    https://www.youtube.com/watch?v=58QTcf_mFag
    Maintenant on ne peut plus dire que ce n’est pas vrai.!!…

      +10

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    • Thmos // 24.01.2019 à 10h57

      L’auteur identifié le cadre d’une possible résistance ( à l’américanisation musclée donc séduisante ) par «  l’état nation Français « … Or que réservent l’ UE donc les USA au camp des Saints déjà transformé en open Space de ravis et de soumis ?

        +2

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  • DocteurGrodois // 24.01.2019 à 10h12

    En résumé l’auteur veut contrer la stratégie culturelle de la CIA en formant une intelligentsia de la gauche culturelle.
    Avec un peu d’introspection, l’auteur se rendrait peut être compte qu’il fait lui-même partie de l’intelligentsia radicale universitaire US, qui fait elle-même partie de la stratégie culturelle de la CIA.

    Ce n’est pas pour rien que l’idéolog.i.e 2.0 soit promue aussi bien par Pepsi que par Hillary Clinton, ou qu’on envoie les young leaders du monde entier s’y former dans les universités US. Car même sous ses formes les plus radicales, cette idéologie reste profondément Américaine.

    Pensez à la théorie comme au dollar. Si vous pensez en dollars intellectuels, quelque part vous êtes dans le circuit de la Trésorerie US qui les émet et au final les contrôle.

      +5

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  • Renard // 24.01.2019 à 10h45

    La CIA doit se mordre les doigts de constater qu’une fois le marxisme mort c’est le socialisme à la française qui a pris sa place avec Michéa, Sapir ou Onfray. Malheureusement, à l’heure actuelle, il y a des intellectuels mais pas de parti pour représenter ce courant politique.

    Autre point, je suis de ceux qui pense que la CIA influence toujours la vie intellectuelle française actuellement et je pense que pour contrer le socialisme à la française ils misent sur la gauche communautariste représentée par Plenel, Rokhaya Diallo, Regards, Politis, AJ+, etc.. Si j’étais journaliste j’enquêterais sur un éventuel lien entre ces journalistes et organisations et l’agence américaine.

      +15

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  • Thmos // 24.01.2019 à 10h56

    L’auteur identifié le cadre d’une possible résistance ( à l’américanisation musclée donc séduisante ) par «  l’état nation Français « … Or que réservent l’ UE donc les USA au camp des Saints déjà transformé en open Space de ravis et de soumis ?

      +0

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  • Mr K. // 24.01.2019 à 10h57

    A propos de Raymond Aron cité dans cet article, intellectuel français de tout premier plan des années 50, 60 et 70.

    Billet concernant Raymond Aron, à partir d’éléments tirés du livre de mémoires du général Pierre Gallois, un des pères de la doctrine de dissuasion nucléaire française :

    Extrait :  » Tout s’éclaira, en 1963, grâce au colonel Robert Kintner, un de mes anciens collègues rencontré au SHAPE et au Pentagone au cours des années 50. […] C’est alors que Kintner, mécontent, me dit: “…Raymond Aron sera bien obligé d’être d’accord. C’est moi qui lui apporte, pour ses publications, l’argent de la CIA. »

    http://www.dedefensa.org/article/raymond-aron-la-dissuasion-la-cia-et-gallois

    Il est important de noter que Raymond Aron a très certainement une pensée autonome et sincère qui va « dans le bon sens ».
    C’est d’ailleurs certainement pour cela en premier lieu qu’il fût soutenu et aidé financièrement par le grand frère américain. Et en échange de menus services, dans le contexte de la guerre froide.

      +9

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    • degorde // 24.01.2019 à 11h50

      En réalité Raymond Aron était « pris en mains » dès avant la guerre dans des cercles proches du patronat de l’époque.

        +2

      Alerter
    • Fritz // 24.01.2019 à 11h56

      Je suis d’accord avec vous. Aron était sincère, comme aussi Josselson : cet agent de la CIA, né à Tartu en 1908, parlait couramment le russe, l’allemand, le français et l’anglais. A la fin de sa vie, il était assez déçu par l’Amérique et « ses politiques absurdes », nommément la guerre du Vietnam. Il a écrit une biographie du général russe Barclay de Tolly, celui qui avait mis en échec l’invasion de 1812 en commandant une retraite ordonnée.

        +5

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  • Thmos // 24.01.2019 à 11h17

    Autre texte confirmant l’influence toxique par cette « grande démocratie «  : Anne de Kerros : «  l’escroquerie de l’art contemporain – un produit financier «  qui relate la mise en place par le même service de l’ »art contemporain » dès la Libération …

      +4

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    • outis // 24.01.2019 à 11h56

      plutôt Aude de Kerros ?

      «Dans un soucis de qualité, merci d’étoffer un peu votre idée, votre commentaire semble bien court..»

      Hm 🙂

        +1

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  • Xavier // 24.01.2019 à 11h56

    Ça m’inspire une proposition pour la future constitution :
    L’ouverture de l’information comme principe démocratique.

    Avec l’obligation de publier l’intégralité des financements pour tout organisme public ou recevant des subventions publiques ou intervenant sur une problématique publique.

    Internet permet ça sans aucun problème.

    Vous rajoutez une loi qui suspend de manière systématique les financements ou partenariats de ceux qui n’appliquent pas cette obligation, et une peine d’interdiction et non d’amende !

      +5

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    • RV // 24.01.2019 à 15h19

      A propos de la presse et des journalistes, comment garantir l’indépendance des médias ?
      Il serait sans doute bon d’exproprier les neuf milliardaires
      qui perdent un pognon de dingue
      avec ces puits sans fond que sont leurs médias,
      d’en donner la propriété à leurs journalistes et employés,
      d’en interdire la cession à toute personne physique ou morale,
      et de garantir leur indépendance
      par un système prenant exemple sur celui qui nous permet d’avoir des juges indépendants.

        +3

      Alerter
  • xxx // 24.01.2019 à 13h44

    En attendant d’acheter ou d’emprunter le livre de Frances Stonor Saunders, il y a ça (versions en anglais, italien et espagnol) :
    http://libgen.io/search.php?req=saunders+cia&lg_topic=libgen&open=0&view=simple&res=25&phrase=1&column=def

      +1

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    • Moussars // 24.01.2019 à 21h05

      Non seulement le livre est introuvable chez l’éditeur, hors de prix sur les sites d’occase, et non existant en pdf !
      Attention, surtout ne pas parler de complot.!!!

        +1

      Alerter
  • Max // 24.01.2019 à 13h47

    J’ai plutôt le sentiment que la Gauche officielle s’est démantelée elle-même et pas besoin de la CIA pour cela.
    Qu’ensuite la CIA et consorts profitent des effets d’aubaines sont des choses différentes.

      +3

    Alerter
    • Moussars // 24.01.2019 à 21h14

      Plutôt que de se cacher derrière des sentiments, il faudrait plutôt étudier ce point cardinal, lire Saunders, le rapport de la CIA, Lacroix-Riz..
      S’interroger sur le fait que non seulement le livre est introuvable chez l’éditeur, hors de prix sur les sites d’occase, et non existant en pdf en français Etc, etc…

        +2

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  • Un_passant // 24.01.2019 à 15h04

    On peut légitimement critiquer la CIA (il y a largement de quoi) mais… devrait-on se plaindre, à l’aune de ce qu’était l’URSS, de ne pas avoir basculé dans le communisme?
    Les gens qui fuient le communisme (ou certains régimes socialistes d’Amérique du Sud) depuis maintenant un siècle, ça n’est quand même pas sans raisons, si? Il y a toujours dans ces articles, une forme masquée de « regrets » que le système n’ait pas basculé dans le socialisme. A l’aune des manifestations concrètes de ce dernier dans le monde en un siècle, désolé, mais je n’ai aucun regret, bien au contraire. On pourrait faire, à la fois plus libéral et plus démocratique, mais le socialisme qui vire systématiquement à la dictature (sauf quand il se réforme pour devenir plus libéral, cf la Suède), merci, mais sans moi (je sais on ne me regrettera pas).

      +3

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    • Michel LEMOINE // 24.01.2019 à 15h33

      Aucune forme de démocratie ne résiste aux agressions à la fois intérieures (celles des classes déchues) et extérieures. L’URSS a su heureusement s’industrialiser suffisamment rapidement pour faire face à une guerre totale. Si les peuples de l’URSS avaient été si opposés au régime communiste, auraient-ils consenti de tels sacrifices pour le défendre. Les USA que personne ne menace sérieusement sont-ils une démocratie ou une oligarchie militaro industrielle ?

        +6

      Alerter
      • Un_passant // 24.01.2019 à 16h01

        Parce que vous croyez qu’ils avaient le choix? La seule fois, à ma connaissance, où une guerre a cessé par la volonté du peuple, c’est quand les USA ont été contraints et forcés à mettre fin à la guerre du Vietnam. Et… la fibre patriotique, aussi étrange que cela puisse paraître, existe peu importe le régime.

        Accessoirement, les USA ne sont pas mon idéal, la France ou Cuba non plus, quitte à choisir… ça serait plutôt la Suisse, la Suède ou la Nouvelle-Zélande.

          +1

        Alerter
    • Moussars // 24.01.2019 à 21h38

      Mais le problème n’est pas là !
      Vous êtes d’accord avec ce que font encore -aujourd’hui-même- la CIA, la NSA (jusqu’à écouter l’Élysée et même sous-traiter à l’Allemagne)… , le ministère de la justice (en matière d’extra-territorialité notamment) ?
      Encore une fois, c’est pour notre bien qu’ils se comportent ainsi comme des criminels qu’ils sont depuis Dulles ?!

        +4

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  • christian gedeon // 24.01.2019 à 15h05

    La gauche(!) culturelle?(!) C’est une blague,j’imagine…la gauche(!) culturelle(?) é été utilisée et réutilisée par la CIA et certainement d’autres pour foutre en l’air les bases sociales,de la France,notamment…les intellectuels de gauche(?)…les meilleurs alliés de l’ultralibéralisme sont les « penseurs »(sic!) dits de gauche…je dis et je répète que l’essor de l’ultralibéralisme en Occident est essentiellement dû à la « pensée « (sic!) de gauche(!)… si quelqu’un veut me prouver le contraire,je suis prêt à la passe d’armes.

      +5

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  • RV // 24.01.2019 à 15h23

    Le « communisme » en France vous a donné la Sécurité sociale.
    Aucun regret ?

      +4

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    • Un_passant // 24.01.2019 à 15h48

      La suppression de la cour des miracles, c’est sous Napoléon III. Alors je n’ai aucun regret à l’égard du communisme ou d’admiration pour les régimes socialistes. La sécurité ou la santé publique ne doivent pas être affaire d’idéologie ou d’utopie mais de devoir et de responsabilité. Et puis, l’antériorité historique revient quand même aux structures chrétiennes, les socialistes ou les communistes n’ont rien inventé.

        +2

      Alerter
      • lemoine001 // 24.01.2019 à 16h11

        Peu importe vos sentiments et ce que vous estimez qui devrait être. Ce qui compte c’est le mouvement de l’histoire ou plutôt ses ruses. Le communisme se construit par le mouvement même du capital. Quand la concentration des richesses est telle que 26 milliardaires possèdent autant que la moitié de l’humanité, on est à une pichenette du collectivisme. Cela peut se faire sans douleur, il suffit d’avoir un rapport de force suffisant pour imposer de revoir les règles des successions : de les plafonner à 30 millions par exemple et de collectiviser le reste, en quelques décennies nous avons les bases d’une économie communiste. Au passage on récupère le contrôle des médias.
        Je suis persuadé que dans bien des cas l’incurie des héritiers rendra cette solution non seulement souhaitable mais nécessaire.

          +6

        Alerter
        • Un_passant // 24.01.2019 à 17h47

          Sauf que c’est n’importe quoi, ces chiffres sont du tape-à l’oeil pour faire de la com’. Comme par hasard, on n’a jamais le détail des chiffres, on n’a jamais la ventilation du capital mondial en PPA tous patrimoines confondus, on ne parle que de la bourse, ça fait parler, mais c’est totalement creux. Ça ne veut strictement rien dire.
          Les prêts hypothécaires américains à eux seuls c’est 5000 milliards.
          Les fonds de pensions, BlackRock, c’est 5000 milliards.
          Or, dans les deux cas, ça concerne l’américain moyen. Quand d’un pays à un autre, la valeur immobilière à elle seule, à bien comparable, varie d’un coefficient 1 à 10 (et encore je suis gentil on devrait dire 50), quelle fiabilité a le rapport d’Oxfam? L’indice Gini pays par pays, là d’accord c’est une donnée valable, mais ces effets d’annonce, c’est lamentable. Ce sont juste des chiffres balancés à la vindicte populaire sans aucun recul, c’est à la limite de l’appel au lynchage.

            +2

          Alerter
          • lemoine001 // 24.01.2019 à 18h01

            Le rapport d’OXFAM ne dit rien de nouveau. Les gauchistes de la BNP avaient déjà fait le même constat : https://lemag.bnpparibas/article/top-10-des-familles-les-plus-riches-du-monde. La concentration du capital est un fait qu’on ne peut pas contester. T. Piketty l’a documenté sur plusieurs siècles.
            Mais libre à vous de rejeter tout cela au nom de votre science personnelle.

            PS : les fonds de pension ne sont pas des personnes physiques. Il faut remonter plus loin. L’héritage ne concerne que les personnes physiques (mortelles).

              +4

            Alerter
            • Un_passant // 24.01.2019 à 18h47

              On compare des choses qui ne sont pas comparables. On ne contextualise pas. Or ces chiffre sont à mettre en parallèle du pouvoir d’achat dans le pays. Vous trouveriez juste que l’on compare le salaire d’un smicard avec le salaire au Bangladesh? Pourtant un smic serait une fortune pour eux. Le PPA est un critère central.

              Que les riches s’enrichissent, c’est vrai, mais il faut mettre en parallèle que dans les années 80 on parlait d’environ 500 milliardaires, avec ceux qui apparaissent en Asie, on va bientôt atteindre les 2000 milliardaires et on a vu émerger une classe moyenne chinoise qui représente 600 millions de personnes.

              Que disent les analystes et les économistes les plus sérieux : la classe moyenne occidentale stagne voire s’appauvrit, mais le nombre de pauvres dans le monde diminue. Dit autrement : l’émergence d’une classe moyenne dans les pays émergents se fait au détriment des classes moyennes occidentales. D’où toutes les questions autour du protectionnisme. Mais jeter les milliardaires à la vindicte populaire ne résout rien. Car leur fortune, vous ne pourrez pas la distribuer, elle disparaîtra en même temps que la décision de distribuer leur fortune : la bourse perdrait sa raison d’être, les actions ne vaudraient pas le quart de la valeur affichée mais uniquement la valeur comptable réelle de l’entreprise. Et si jamais elle est très endettée…

              En terme de PPA et corrigé de l’inflation, je ne serais pas surpris que l’on découvre qu’une fortune en milliards début 90 représente bien plus que maintenant (si on prend l’or comme référence, c’est fait et flagrant).

              http://ses.ens-lyon.fr/ressources/stats-a-la-une/levolution-des-inegalites-mondiales-de-1870-a-2010

                +1

              Alerter
          • Moussars // 24.01.2019 à 22h26

            Quoi encore une fakenew des mainstreams repris même les politiques !?
            Mais quelle époque !
            Et cette fausse information, ne me dites pas qu’elle fait partie d’un complot !

              +0

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    • christian gedeon // 25.01.2019 à 15h40

      Le communisme,sérieusement? Vous pensez vraiment que ce sont les communistes qui ont « créé « la Sécu? je ne peux pas croire que vous pensez vraiment ce que vous écrivez…c’est le CNR et Laroque qui ont « créé « la sécu…Croizat n’a été qu’un exécutant dans envergure… stalinien comme pas deux..

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  • Yannis // 24.01.2019 à 16h48

    Très intéressant. Voici un court essai qui développe plus généralement le point de vue de cet article, et qui va au delà de ces prétendus Nouveaux philosophes, une totale imposture médiatique, mais aussi de l’héritage peu glorieux au final des artisans du déconstructivisme comme Foucault et Derrida, ici :

    https://lapartmanquante.com/2018/09/15/hetre-ou-ne-pas-etre-metaphore-de-larbre/

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  • Babar // 25.01.2019 à 16h43

    Pour simple info, le bouquin « qui mène la danse » de Frances Stonor Saunders est présent dans 7 médiathèques de la ville de Paris (inscription gratuite) et actuellement disponible dans 5….

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  • Anna // 26.01.2019 à 19h22

    Bonsoir,
    pour lire quelques extraits du livre de Frances Stonor Saunders, qui est malheureusement épuisé et qui vaut absolument le détour pour comprendre les méandres employés par la CIA pendant la guerre froide culturelle :
    http://www.imagespensees.org/arts-et-lettres/guerre-froide-culturelle/?lang=fr

    Anna L.

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