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29.juin.201629.6.2016 // Les Crises

La folie collective du Département d’État des États-Unis, par Robert Parry

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Source : Robert Parry, 19-06-2016

Victoria Nuland, Secrétaire d’État adjoint aux Affaires européennes

Victoria Nuland, Secrétaire d’État adjoint aux Affaires européennes

Plus de 50 « diplomates » du Département d’Etat des Etats-Unis [Ministère des Affaires Etrangères – NdT] ont envoyé un rapport « dissident » exhortant le président Obama à lancer des frappes militaires contre l’armée syrienne, un signe de plus que ce Ministère a disjoncté de façon collective.

Au cours des dernières décennies, le département d’Etat des Etats-Unis qui était jadis une maison raisonnablement professionnelle et réaliste en matière de diplomatie est devenu un repaire de bureaucrates guerriers possédés par des obsessions impériales, un phénomène dangereux souligné par la récente « dissidence » de masse en faveur de nouvelles tueries en Syrie.

51 « diplomates » du Département d’Etat ont signé une note de service distribuée par un « canal de la dissidence » officiel, demandant des frappes militaires contre le gouvernement syrien de Bachar al-Assad dont les forces ont mené la contre-offensive contre les extrémistes islamistes qui cherchent à contrôler cette importante nation du Moyen-Orient .

Le fait qu’un si grand nombre de fonctionnaires du Département d’Etat plaident en faveur d’un élargissement de la guerre d’agression en accord avec l’agenda néoconservateur, qui a placé la Syrie sur une liste noire il y a vingt ans, est révélateur du degré de folie qui s’est emparé du Département d’Etat.

Le Département d’Etat semble être devenu un mélange de néoconservateurs pur jus, de libéraux interventionnistes et de quelques arrivistes qui ont compris qu’il était dans leur intérêt de se comporter comme des proconsuls globaux qui imposent leurs solutions ou recherchent un « changement de régime » plutôt que de se comporter en diplomates respectueux à la recherche de véritables compromis.

Même certains fonctionnaires du Département d’Etat, que je connais personnellement et qui ne sont pas vraiment néoconservateurs ou libéraux-faucons, agissent comme s’ils avaient avalé la pilule et toute la boîte avec. Ils parlent comme des durs et se comportent avec arrogance envers les populations des pays sous leur contrôle. Les étrangers sont traités comme des objets stupides tout juste bons à être soumis ou soudoyés.

Il n’est donc pas tout à fait surprenant que plusieurs dizaines de « diplomates » étasuniens s’en prennent à la position plus modérée du président Barack Obama sur la Syrie tout en se positionnant en prévision de l’élection d’Hillary Clinton, qui devrait autoriser une invasion illégale de la Syrie – sous couvert d’établir des « zones d’exclusion aérienne » et des « zones de sécurité » – ce qui signifie en clair, tuer d’avantage de jeunes soldats syriens. Les « diplomates » demandent l’utilisation d’ « armes à longue portée et aériennes ».

Ces faucons sont si avides guerres que le risque d’un conflit direct avec la Russie ne les dérange pas. D’un léger revers de la main, ils balaient la possibilité d’un conflit avec une puissance nucléaire en affirmant qu’ils ne préconisent pas « d’emprunter une pente glissante qui se terminerait dans une confrontation militaire avec Russie. » Dis comme-ça, ça rassure.

Risquer une victoire Djihadiste

Il y a aussi le risque qu’une intervention militaire directe des Etats-Unis pourrait faire s’effondrer l’armée syrienne et ouvrir la voie à une victoire du Front Al-Nusra/Al-Qaïda ou de l’Etat Islamique. La note ne précise pas comment ils comptent réaliser la délicate opération d’infliger suffisamment de dégâts à l’armée syrienne tout en évitant une victoire pure et simple des djihadistes et une confrontation avec la Russie.

On peut supposer que, quels que soient les dégâts infligés, ce sera à l’armée US de nettoyer après, en supposant que l’abattage d’avions militaires russes et la mort de militaires russes ne dégénérera pas en une conflagration thermonucléaire à grande échelle.

En bref, il semble que le Département d’Etat est devenu un asile de fous dont les malades auraient pris le contrôle. Mais cette folie n’est pas une aberration temporaire qui pourrait être facilement corrigée. C’est quelque chose qui vient de loin et il faudrait un nettoyage de fond en comble du « corps diplomatique » actuel pour rétablir le Département d’Etat dans son rôle traditionnel qui est censé être celui d’éviter les guerres plutôt que de les provoquer.

Bien qu’il y ait toujours eu des cinglés au sein du Département d’Etat – généralement placés aux échelons les plus élevés – le phénomène d’aliénation mentale institutionnelle n’est apparue qu’au cours des dernières décennies. Et j’ai vu le changement.

J’ai couvert la politique étrangère des Etats-Unis depuis la fin des années 1970 quand il y avait nettement plus de gens sains d’esprit au sein du corps diplomatique. Il y avait des gens comme Robert White et Patricia Derian (tous deux décédés) qui défendaient la justice et les droits de l’homme, et tout ce qu’il y avait de meilleur aux Etats-Unis.

Mais la déchéance du Département d’Etat des Etats-Unis devenu un repaire de petits voyous bien habillés, beaux-parleurs et serviteurs zélés de l’hégémonie US, a commencé sous l’administration Reagan. Le Président Ronald Reagan et son équipe avaient une haine pathologique des mouvements sociaux d’Amérique centrale qui cherchaient à se libérer des oligarchies oppressives et leurs forces de sécurité brutales.

Pendant les années 1980, les diplomates US dotés d’intégrité ont été systématiquement marginalisés, harcelés ou écartés. (Derian, qui était Coordinatrice des Droits Humains, a quitté ses fonctions à la fin de l’administration Carter et a été remplacée par le néoconservateur Elliott Abrams. Blanc fut congédié comme ambassadeur US en El Salvador, en expliquant : « Le Secrétaire d’Etat, Alexander M. Haig Jr. , m’a demandé de recourir aux canaux officiels pour couvrir la responsabilité de l’armée salvadorienne pour les meurtres de quatre sœurs religieuses américaines. J’ai refusé » )

La montée des néoconservateurs

Au fur et à mesure des départs des professionnels de la vieille garde, une nouvelle génération de néo-conservateurs agressifs prenaient leur place, des gens tels que Paul Wolfowitz, Robert McFarlane, Robert Kagan et Abrams. Après huit années de Reagan et quatre années de George H.W. Bush, le Département d’Etat avait été remodelé en un foyers de néo-conservateurs, mais quelques poches de professionnalisme avaient résisté aux assauts.

Alors que l’on aurait pu s’attendre à ce que l’administration Démocrate de Clinton inverse la tendance, ce ne fut pas le cas. Au lieu de cela, la « triangulation » de Bill Clinton fut appliquée aussi bien en politique extérieure qu’en politique intérieure. Il était toujours à la recherche de ce « juste milieu » confortable.

Vers fin des années 90, la décimation des experts en politique étrangère de la trempe de White et Derian n’a laissé que quelques survivants du côté Démocrate avec le courage ou les compétences pour défier les néoconservateurs profondément enracinées. De nombreux démocrates de l’ère Clinton se sont acclimatés à la domination des néo-conservateurs en se réinventant comme « progressistes interventionnistes », en partageant l’amour des néoconservateurs pour la force militaire mais justifiant les tueries par des raisons « humanitaires ».

Cette approche était une façon pour les « progressistes » de se protéger des accusations de « faiblesse » lancées par la droite, une accusation qui avait profondément marqué les Démocrates pendant les années Reagan / Bush. Mais cette posture de « Démocratique dur » n’a fait qu’isoler un peu plus les diplomates sérieux favorables à une politique de donnant/donnant avec les dirigeants étrangers et leurs peuples.

Il y avait donc des Démocrates comme l’Ambassadrice auprès des Nations Unies (et plus tard secrétaire d’Etat) Madeleine Albright qui justifiait les sanctions brutales de Bill Clinton envers l’Irak, sanctions qui selon l’ONU ont provoqué la mort de 500.000 enfants irakiens, comme « un choix très difficile, mais le prix – nous pensons que cela en valait le prix ».

Les huit années de la politique du « juste milieu » de Bill Clinton, qui comprenait la guerre aérienne brutale contre la Serbie, ont été suivies par huit années de George W. Bush, qui a renforcé encore plus l’influence des conservateurs sur la politique étrangère des Etats-Unis.

A ce stade, ce qui restait des anciens Républicains « réalistes » tels que Henry Kissinger et Brent Scowcroft, vieillissait ou était tellement compromis que les néo-conservateurs n’avaient plus d’opposition significative dans les cercles républicains. De plus, la politique étrangère officielle des Démocrates était presque impossible à distinguer de celle des néoconservateurs, à l’exception de leur recours à des arguments « humanitaires » pour justifier les guerres d’agression.

La capitulation des médias.

Avant l’invasion de l’Irak par George W. Bush, une grande partie de l’élite des médias « progressistes » – du New York Times au New Yorker – s’est alignée derrière la guerre, et n’a posé que quelques rares questions gênantes sans offrir de véritable résistance. Etre favorable à la guerre devint un plan de carrière « sage ».

Mais un mouvement anti-guerre surgit des rangs démocrates, propulsant Barack Obama, un Démocrate opposé à la guerre en Irak, à la nomination du parti pour l’élection présidentielle de 2008 au détriment de la va-t-en-guerre Hillary Clinton. Mais les sentiments pacifistes de la « base » du parti Démocrate n’ont pas eu grand effet chez les ténors Démocrates en matière de politique étrangère.

Lorsque Barack Obama est entré à la Maison Blanche, il a du faire face à un défi difficile. Le Département d’Etat avait besoin d’une purge complète des néoconservateurs et des faucons/libéraux, mais les experts en politique étrangère qui n’avaient pas vendu leur âme aux néoconservateurs étaient devenus rares. Une génération entière de décideurs politiques démocrates avait été élevée dans un monde dominé par des conférences, des réunions, des éditoriaux et des think tanks néoconservateurs, où un discours musclé passait bien et où un discours diplomatique plus traditionnel vous faisait passer pour un mou.

En revanche, de plus en plus de gens au sein de l’armée US et même de la CIA étaient favorables à des approches moins agressives, en partie parce qu’ils avaient effectivement combattu dans la « guerre mondiale contre le terrorisme » sans espoir de Bush. Mais le haut commandement, soigneusement désignée par Bush et aux penchants néo-conservateurs – comme le général David Petraeus – sont restés en place et ont favorisé l’extension des guerres en Irak et en Afghanistan.

Obama a ensuite pris l’une des décisions les plus fatidiques de son mandat. Au lieu de nettoyer le Département d’Etat et le Pentagone, il a prêté l’oreille à certains conseillers qui ont brandi la notion, astucieuse sur le plan de la communication, d’ « Equipe de Rivaux » – une référence au premier cabinet d’Abraham Lincoln pendant de guerre civile [des Etats-Unis] – et a maintenu à leurs postes la direction militaire de Bush, y compris Robert Gates comme secrétaire à la Défense, et a tendu la main au sénatrice belliciste Hillary Clinton en lui proposant le poste de secrétaire d’État.

En d’autres termes, non seulement Obama n’a pas pris le contrôle de l’appareil de politique étrangère, il a renforcé le pouvoir des néo-conservateurs et des faucons libéraux. Il laissa alors ce puissant bloc Clinton-Gates-Petraeus l’entraîner dans une contre-insurrection téméraire en Afghanistan dont le seul bilan fut la mort de 1.000 soldats US supplémentaires ainsi que de nombreux autres Afghans.

Obama a également laissé Clinton saboter sa tentative de rapprochement avec l’Iran en 2010 sur la question de son programme nucléaire et il a succombé à sa pression en 2011 pour envahir la Libye sous le faux prétexte d’établir une « zone d’exclusion aérienne » pour protéger les civils, et qui se transforma en une catastrophique « changement de régime » qu’Obama a désigné comme sa plus grande erreur de politique étrangère.

Le conflit syrien

Obama a résisté aux appels du Secrétaire Clinton pour une autre intervention militaire en Syrie tout en autorisant un certain soutien militaire limité aux rebelles prétendument « modérés » et a permis à l’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie de faire beaucoup plus pour soutenir les djihadistes liés à Al-Qaïda et même à l’État islamique.

Sous Hillary Clinton, le bloc néoconservateur / libéral-faucon a consolidé son emprise sur le corps diplomatique du département d’Etat. Sous la domination néo-conservatrice, le Département d’Etat est passée d’une « pensée collective » à une autre. N’ayant rien appris de la guerre en Irak, la pensée unique continua sa lancée en Libye, en Syrie, en Afghanistan, en Ukraine, en Russie, en Chine, au Venezuela, etc.

Partout, l’objectif était le même : imposer l’hégémonie des Etats-Unis, forcer les populations à se plier aux diktats US, les orienter vers des solutions néo-libérales et de « marché libre » qui étaient souvent assimilées à la « démocratie », même si la plupart des gens concernées n’étaient pas d’accord.

Le double-discours et la double-pensée prirent la place d’une pensée politique axée sur des réalités. Le terme « Communications stratégiques », à savoir l’utilisation agressive de la propagande pour faire avancer les intérêts étasuniens, devint un mot d’ordre. Un autre fut « Smart Power » [« pouvoir intelligent » – NdT], à savoir l’application de sanctions financières, de menaces d’arrestations, des frappes militaires limitées et d’autres formes d’intimidation.

Chaque occasion de propagande, comme l’attaque au gaz sarin en Syrie en 2013 ou l’abattage du vol 17 de Malaysia Airlines dans l’est de l’Ukraine, fut exploitée au maximum pour pousser les adversaires sur la défensive, même si les analystes du renseignement US doutent que les éléments présentés constituent des preuves.

Le mensonge au plus haut niveau du gouvernement des Etats-Unis – mais surtout chez les hauts fonctionnaires du Département d’Etat – devint une épidémie. Peut-être pire encore, le « diplomates » étasuniens semblaient croire à leur propre propagande.

Pendant ce temps, les médias traditionnels étasuniens ont connu une dérive similaire pour finir dans l’orbite de domination des néoconservateurs et du carriérisme professionnel, ce qui exclut les principaux organes de presse que tout type de contrôle sur des mensonges officiels.

Les nouvelles têtes d’affiche

La nouvelle star du Département d’Etat – qu’on attend à être nommée à un poste important par la Présidente Clinton – est la néoconservatrice et Secrétaire d’État adjoint aux Affaires européennes, Victoria Nuland, qui a orchestré le putsch de 2014 en Ukraine qui a renversé un président élu, pro-russe pour le remplacer par un régime nationaliste ukrainien dur qui a ensuite lancé des attaques militaires dans l’est du pays contre les Russes ethniques qui résistaient aux putschistes.

Quand la Russie est venue en aide à ces citoyens ukrainiens retranchés, y compris en acceptant la demande de la Crimée de rejoindre la Russie, les médias du Département d’Etat et des États-Unis ont parlé d’une seule voix pour dénoncer une « invasion russe » et soutenir les manoeuvres militaires de l’OTAN sur les frontières de la Russie pour dissuader toute « agression russe. »

Toute personne qui ose remettre en question cette dernière « pensée de groupe » – qui plonge le monde dans une dangereuse nouvelle guerre froide – est accusé d’être un « apologiste du Kremlin » ou un « larbin de Moscou », tout comme les sceptiques de la guerre en Irak ont été raillés comme des « apologistes de Saddam. » Pratiquement tous ceux qui comptent dans les milieux officiels à Washington sont sur le sentier de la guerre. (Victoria Nuland est mariée à Robert Kagan, ce qui fait d’eux l’un des principaux couples de pouvoir à Washington.)

Voilà le contexte de la dernière rébellion du Département d’Etat contre la politique plus tempérée d’Obama en Syrie. En prévision d’une probable élection d’Hillary Clinton, ces 51 « diplomates » ont paraphé une déclaration « dissidente » qui préconise le bombardement de l’armée syrienne pour protéger les rebelles syriens « modérés » qui – en admettant qu’ils existent – se battent pour la plupart sous les couleurs du front Al-Nusra, une filiale d’al-Qaïda, et son proche allié, Ahrar al Sham.

La pensée confuse dans cette « dissidence » affirme qu’en bombardant l’armée syrienne, le gouvernement US pourra accroître l’influence des rebelles et forcer Assad à négocier son retrait. Mais il n’y a aucune raison de penser que ce plan pourrait marcher.

Au début de 2014, lorsque les rebelles occupaient une position relativement forte, les pourparlers de paix initiés par les Etats-Unis se sont transformés en une conférence dominée par les rebelles et posait comme condition préalable le départ d’Assad, tout en excluant les alliés iraniens de la Syrie. Sans surprise, le représentant d’Assad est rentré chez lui et les négociations ont échoué.

Désormais, avec Assad dans une position relativement forte, soutenue par la puissance aérienne russe et les forces terrestres iraniennes, les diplomates étasuniens « dissidents » disent que la paix est impossible parce que les rebelles ne sont pas en mesure de contraindre Assad de partir. Ainsi, les « dissidents » recommandent que les États-Unis étendent leur rôle dans la guerre pour donner un nouveau coup de main aux rebelles, ce qui entraînera de nouvelles exigences maximalistes de leur part.

Risques graves

Ce projet de guerre élargie présente de très graves risques, dont celui d’un effondrement de l’armée syrienne, ce qui ouvrirait les portes de Damas au front al-Nusra/Al-Qaïda (et ses alliés) ou à l’État islamique – un scénario qui, comme le souligne le New York Times, « n’est pas abordé dans le memo »

À l’heure actuelle, l’État islamique et – dans une moindre mesure – le Front Al-Nusra sont sur la défensive, pourchassés par l’armée syrienne avec le soutien de l’aviation russe et par certaines forces kurdes avec le soutien des Etats-Unis. Mais ces avancées pourraient facilement être renversées. Il y a aussi le risque de déclenchement d’une guerre plus large avec l’Iran et / ou la Russie.

Mais faire des étincelles près d’un baril de poudre n’a jamais fait peur aux néo-conservateurs et aux faucons libéraux. Ils ont toujours concocté des plans qui peuvent paraître séduisants lors d’une conférence ou dans un éditorial, mais échouent face à la réalité du terrain où les des soldats étasuniens sont censés réparer les dégâts.

Nous avons vu comment cette pensée magique a mal tourné en Irak, en Afghanistan, en Libye, en Ukraine et même en Syrie où, après l’accord d’Obama de fournir des armes et une formation aux soi-disant « licornes » – ces rebelles « modérés » difficiles à observer – on a vu les combattants rejoindre avec armes et bagages les rangs d’Al-Qaïda ou de l’État islamique.

Pourtant, les néo-conservateurs et faucons libéraux qui contrôlent le Département d’Etat – et qui attendent avec impatience l’élection d’Hillary Clinton – ne cesseront jamais de sortir de nouvelles idées folles de leurs chapeaux tant qu’un effort concerté ne sera pas entrepris pour évaluer leurs responsabilités dans tous les échecs subis par la politique étrangère des États-Unis.

Tant qu’il n’y aura pas de responsables – tant que le président des Etats-Unis ne freinera pas ces bellicistes – cette folie ne fera que s’amplifier et deviendra de plus en plus dangereuse.

Robert Parry

Source : Robert Parry, 19-06-2016

 

Un témoin oculaire explique comment l’ambassadeur étasunien a fomenté la « révolution » en Syrie.

 

C’est pour dialoguer que vous êtes allé à Hama ? Vos rencontres de Malki portaient sur la paix ? Vous me prenez pour un imbécile ?

C’est pour dialoguer que vous êtes allé à Hama ? Vos rencontres de Malki portaient sur la paix ? Vous me prenez pour un imbécile ?

S. Rifai, également connu sous le nom@ THE_47th, est un « activiste » syrien de Homs. Il est impliqué dans les événements en Syrie depuis début 2011, date à laquelle l’ambassadeur américain Robert Ford (@ fordrs58) a fomenté la « révolution » en Syrie. Depuis, il a envoyé beaucoup de tweets sur la « révolution » et a montré qu’il était parfaitement au courant de ce qui se passait. Ci-dessous, S. Rifai met en lumière la propagande étasunienne et rétablit la vérité.

L’ancien ambassadeur Ford ne serait pas étranger à la lettre « dissidente » publiée dernièrement par des employés du Département d’Etat. La lettre suggère que les Etats-Unis déclarent officiellement la guerre à la Syrie et à son gouvernement. Le New Yorker a récemment offert à Ford l’occasion de se s’expliquer.

Dans l’interview, Ford a déclaré au New Yorker :

Nous avons tous appris en Irak que le changement de régime n’est pas le bon moyen d’apporter un changement politique positif. En cas de guerre civile, il faut des négociations entre l’opposition et le gouvernement. La question est de savoir comment accroître les chances de succès. Et depuis que la Secrétaire Clinton et Sergueï Lavrov, ont signé le communiqué de Genève, en juin 2012, la politique de l’Administration n’a pas réussi à créer les conditions nécessaires au succès.

Citant ce qui est écrit ci-dessus, S. Rifai a répondu aux affirmations de l’ex-ambassadeur Ford. (C’est moi qui ai souligné en gras et j’ai aussi fait des phrases à partir de la sténo) :

S. Rifai @THE_47th 05:02 – 19 juin 2016

Ce n’est pas ce que vous nous avez dit dans les réunions à Damas, Ambassadeur @fordrs58 .., ce n’est pas le message que vous nous avez transmis

Ambassadeur Ford @fordrs58, vous avez eu plus de liberté à Damas en 2011 que la plus grande partie de l’opposition politique et, tout au long de vos réunions, votre message était différent de celui rapporté ci-dessus

En fait, vous avez eu le courage, Ambassadeur @fordrs58, de rencontrer les responsables du régime qui semblaient prêts à l’abandonner et votre message n’était certainement pas un message de « négociation »

Vos réunions à Abou Remmaneh, à Malki, et chez des dissidents connus, M.@fordrs58, vous vous en souvenez ? Vous vous rappelez vos promesses ?

Je pourrais être plus précis au sujet de ces réunions, M.@fordrs58, mais ce ne serait pas bon pour vous, ni pour moi.

Ces détails n’ont pas d’importance, Monsieur l’Ambassadeur @fordrs58 – ce qui compte c’est le « Assad doit partir » que vous et votre président n’avez cessé de répéter.

Ford n’a pas répondu immédiatement, mais S. Rifai a insisté

S. Rifai @THE_47th 05:14 – 19 juin 2016

@Fordrs58 S’il vous plaît expliquez-moi : vous saviez tout au long qu’Obama voulait des « négociations avec le gouvernement », mais vous et Obama n’avez pas cessez de nous dire « Assad va partir » ?

Un autre « révolutionnaire » se joint à lui :

Abdul @al_7aleem 05:36 – 19 juin 2016

@THE_47th @fordrs58 C’est sans doute de notre faute, dans notre enthousiasme, nous avons oublié les 90 dernières années de l’histoire des États-Unis…

S. Rifai @THE_47th 05:38 – 19 juin 2016
Nous n’avions rien oublié mais nous voulions un changement.. Ce n’est pas comme s’il y avait eu une autre puissance sur laquelle compter

Ford a répondu plus tard :

Robert Ford @fordrs58 10:34 – 19 juin 2016

vous devriez vous rappeler que nous (l’Ambassade américaine et d’autres) avons encouragé au dialogue avec le gouvernement syrien et insisté pour que les manifestations restent pacifiques

(Le Tweet de Ford implique que, en dépit de son insistance, les manifestations ne sont pas restées pacifiques. Il admet donc que les manifestants, et non le gouvernement, ont initié la violence.)

rifai-a7645

Rifai contre-attaque :

S. Rifai @THE_47th 23:36 – 19 juin 2016

espoirs versus Réalité

C’est pour dialoguer que vous êtes allé à Hama ? Vos rencontres de Malki portaient sur la paix ?Vous me prenez pour un imbécile ?

. @Fordrs58 Lorsque vous avez appris que Manaf Tlass ou le premier ministre étaient sur le point d’abandonner le gouvernement syrien, les avez-vous incités au dialogue à la place ?

. @Fordrs58 Où est le « dialogue » quand Obama dit « Assad doit démissionner » ? Assad doit partir, selon Obama

. @Fordrs58 Quand farouk Al Chareh a invité l’opposition à une réunion en 2011 vous avez conseillé à Nabil Maleh, Michel Kilo, Fayez Sara de NE PAS dialoguer.

. @Fordrs58 Voulez-vous que l’ambassadeur bulgare vous rafraîchisse la mémoire ? Ou B.R ? Ou M.T ? Ils étaient tous là quand vous avez conseillé à l’opposition de NE PAS dialoguer.

. @Fordrs58 Vous ne cessiez pas de nous parler de l’importance de nous rendre dans l’Union Européenne pour y défendre notre cause et tirer parti du fait que l’UE avait coupé les liens avec Assad

Plus tard :

Robert Ford @fordrs58 07:33 – 20 juin 2016

@THE_47th S’il vous plaît ne dites pas n’importe quoi. Je n’ai même jamais rencontré Fayez en 2011. Nous avons insisté pour que Chareh élargisse le dialogue à des gens comme Michel et Haithem M.

S. Rifai @THE_47th 08:10 – 20 juin 2016

. @Fordrs58 Très bien. Je vais leur demander de répéter ce que vous leur avez dit. Mais j’ai une autre question : pourquoi avez-vous fourni une aide « non létale » aux rebelles ?

. @Fordrs58 Et quand vous êtes allé à la frontière syrienne avec la Turquie pour rencontrer les rebelles, les avez-vous aussi exhortés au dialogue ?

Récapitulons. Ford affirme maintenant que lui et Obama ne voulaient pas provoquer un « changement de régime » immédiat, par la force, en Syrie. Ce qu’ils voulaient, c’était dialoguer et négocier avec le gouvernement d’Assad.

Rifai, qui était là depuis le début, dit que ce sont des mensonges. Dans ses entretiens avec l’opposition Ford l’a dissuadée de négocier. Ses discours ne portaient pas sur la paix ou le dialogue. Ils incitaient à un « changement de régime » pur et simple, et quoiqu’il en coûte.

Les naïfs « révolutionnaires » se sont fait avoir.

— –

Complément d’information :

Ford raconte au moins un autre gros mensonge dans l’interview du New Yorker. Il dit :

[En 2012, nous autres, du Département d’Etat …] n’avions pas prévu que l’organisation Al-Qaïda se diviserait et accoucherait d’une forme encore plus virulente – qu’une forme plus extrémiste encore viendrait contrôler la partie orientale de la Syrie qui se prolonge en Irak.

Mi-2012, la Defense Intelligence Agency a publié une évaluation de grande qualité de la situation en Syrie, qui disait le contraire. En réalité, l’administration Obama avait prévu l’Etat islamique. Selon (vidéo, 8min50) le directeur de l’époque de la DIA, le général Flynn, ce fut une « décision réfléchie » de l’administration Obama de ne rien faire pour l’empêcher.

IL Y A LA POSSIBILITE D’ETABLIR UNE PRINCIPAUTÉ SALAFISTE OFFICIELLE OU NON DANS L’EST DE LA SYRIE (HASAKA ET DER ZOR), ET CECI EST EXACTEMENT CE QUE VEULENT LES PUISSANCES QUI SOUTIENNENT L’OPPOSITION, […]

ISI POURRAIT EGALEMENT INSTITUER UN ÉTAT ISLAMIQUE EN S’UNISSANT A D’AUTRES ORGANISATIONS TERRORISTES EN IRAK ET EN SYRIE, CELA FERA COURRIR UN GRAVE DANGER A L’UNIFICATION DE L’IRAK ET A LA PROTECTION DE SON TERRITOIRE.

 

 

syrie

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Commentaire recommandé

Ailleret // 29.06.2016 à 06h44

Responsabilité des dirigeants européens, politiques et médiatiques ; responsabilité des dirigeants américains qui n’ont pas purgé le Département d’État de ses éléments bellicistes promus par le reaganisme des années 1980 : des deux côtés de l’Atlantique, c’est le conformisme bon chic bon genre qui a frayé la voie aux Nuland et Cie.

En France, l’occasion de balayer ces criminels a été perdue en 2003, lorsque Chirac et Villepin ont refusé d’aller jusqu’au bout de leur opposition à la guerre d’Irak. Une Thérèse Delpech, haut fonctionnaire acquise à la guerre d’agression de Bush et Blair, a pu poursuivre tranquillement sa carrière tout en dénonçant la politique de son gouvernement. Un Sarkozy a pu faire de même, en 2006 : critiquer aux Etats-Unis la politique étrangère de la France. Un gouvernement digne de ce nom l’aurait immédiatement destitué.

Quant aux médiacrates, un nom suffira. Le 12 septembre 2002 sur France Inter, Jean-Michel Aphatie louait la « pédagogie » déployée par Alain Juppé pour préparer les Français à la guerre qui se tramait contre l’Irak.

28 réactions et commentaires

  • J // 29.06.2016 à 04h01

    J’avoue ne pas bien comprendre le côté « neoconservateur », serait-ce un amalgame ? Les seuls relais déclarés que je connaisse, en France, de cette tendance (www.dreuz.fr), quoi qu’on en pense par ailleurs, ne sont pas du tout sur cette ligne. Ils ont d’ailleurs soutenu Trump dès le début. Ce qui est ici dénoncé, ils le dénoncent avec au moins autant de vigueur, mais ils l’attribuent à la « gauche » qu’ils diabolisent.

      +1

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    • LS // 29.06.2016 à 08h56

      Peut être parce qu’il faut parler de conservateur au pluriel ?
      Les idéologies conservatrices (communautaristes?) sont diverses et ne parler que de leur mode commun idéologique réduit considérablement la portée du propos.
      Pareil pour les idéologies libérales, les idéologies socialistes, les idéologies écologistes, voire les idéologies religieuses.
      La maladie de toutes ces idéologies est la dérive universaliste. Hormis les cas écologiste et religieux, cet universalisme prend invariablement un caractère technocratique (scientiste) en occident.
      De fait, je pense que le néoconservatisme, dont il est question ici, est une des dérives technocratique possible du conservatisme.
      Dans un autre ordre d’idée, la véritable interprétation que je fais de l’intention de Junker dans sa célèbre phrase est : Il ne peut y avoir de décision démocratique contre la science (libérale), et que le caractère premier de « notre » oligarchie est technocratique d’origine libérale.

        +1

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      • J // 29.06.2016 à 18h33

        C’est autre chose. Les tenants dominants de l’UE nous promettent un grand soir libéral qui rejoindra l’autre aux poubelles de l’histoire. Mais j’ai décidément du mal avec l’étiquette neocons (à part ce qu’elle évoque inévitablement en français) et la diabolisation qui va avec. C’est plus compliqué que ça.

          +0

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  • Pink // 29.06.2016 à 05h01

    Nuland aux affaires étrangères? Fuck the world !

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  • Caliban // 29.06.2016 à 05h35

    A la lecture du premier papier, je pense à la responsabilité de nos dirigeants européens. Si les alliés des Etats-Unis disent amen à tout, si comme la France ils soufflent même sur les braises (Lybie, Syrie, embargo contre la Russie) … ils vont l’avoir leur 3e GM.

    Des nouvelles de l’ONU ?

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    • Ailleret // 29.06.2016 à 06h44

      Responsabilité des dirigeants européens, politiques et médiatiques ; responsabilité des dirigeants américains qui n’ont pas purgé le Département d’État de ses éléments bellicistes promus par le reaganisme des années 1980 : des deux côtés de l’Atlantique, c’est le conformisme bon chic bon genre qui a frayé la voie aux Nuland et Cie.

      En France, l’occasion de balayer ces criminels a été perdue en 2003, lorsque Chirac et Villepin ont refusé d’aller jusqu’au bout de leur opposition à la guerre d’Irak. Une Thérèse Delpech, haut fonctionnaire acquise à la guerre d’agression de Bush et Blair, a pu poursuivre tranquillement sa carrière tout en dénonçant la politique de son gouvernement. Un Sarkozy a pu faire de même, en 2006 : critiquer aux Etats-Unis la politique étrangère de la France. Un gouvernement digne de ce nom l’aurait immédiatement destitué.

      Quant aux médiacrates, un nom suffira. Le 12 septembre 2002 sur France Inter, Jean-Michel Aphatie louait la « pédagogie » déployée par Alain Juppé pour préparer les Français à la guerre qui se tramait contre l’Irak.

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  • J // 29.06.2016 à 07h25

    Après, si on cherche qui est au bout des ficelles anti-Assad, il faut se demander à qui ça profite. D’un point de vue sunnite pur et dur, Assad est un abominable hérétique (Kadhafi l’était aussi…). Assad père, très malin, avait réussi à éviter le pire. Son fils est moins habile (il n’était pas destiné à la succession mais son ainé est mort).

    Il y a, dans le monde sunnite, des personnes et des états qui ont les moyens d’exercer un lobbying efficace y compris à ce niveau.

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  • DUGUESCLIN // 29.06.2016 à 08h42

    Ces gens sont effrayants. Mais le sont-ils volontairement selon la culture américaine du « bluff », comme au poker?
    Mais si ce n’est pas du « bluff », on peut invoquer un gros problème, qui pose la question de la création d’une barrière de sécurité fiable, pour protéger le monde en neutralisant les détraqués capables de déclencher une guerre nucléaire.
    A proposer dans la constitution américaine et partout dans le monde.

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    • christian gedeon // 29.06.2016 à 10h50

      Parler de bluff est une énorme méconnaissance de ce que sont les neocons….ils osent tout et c’est même à çà qu’on les reconnaît.

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      • J // 29.06.2016 à 12h27

        Qu’on me montre qu’il s’agit bien de néocons. Ceux d’entre eux que je connais dénoncent ces mêmes choses, mais les attribuent aux « gauchistes ».

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        • Lisbeth Levy // 29.06.2016 à 12h58

          J, vous voulez dire des « trotskystes » en tant que « gauchistes » ? Car oui les Néocons sont souvent d’anciens trotskystes qui par leur « anti-stalinisme virulent » de l’époque de la guerre froide ont permis aux « reaganiens », d’abord de mettre à genoux l’Urss et ensuite prendre le pouvoir après 30 ans d’effort et d’argent accumulé.
          C’est ce qu’explique Eric Laurent dans sa série de livres sur Bush et ses guerres post-11 septembre. Les russes sont parfaitement au courant de la nouvelle extension de la puissance guerrière américaine : https://www.rt.com/usa/343842-extend-american-power-report/
          Et Eric Laurent aussi a eu « peur « et décelé le danger de leurs idées de puissances avec le PNAC d’abord et leur volonté d’abattre quiconque ose défier leur leadership .
          Le dernier document en date venu du CNAS (émanation du PNAC) en parle aussi comment redéfinir le nouvel ordre mondial face à la Chine, Russie et économies émergentes : http://www.cnas.org/sites/default/files/publications-pdf/CNASReport-EAP-FINAL.pdf

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          • J // 29.06.2016 à 14h25

            Je ne suis pas sûr que nous parlions de la même chose. Il s’agit ici de l’équipe au pouvoir démocrate. D’une manière générale, cette façon de réduire tout un courant forcément complexe à une étiquette simpliste, infamante et manichéenne, ça me fait peur. [Modéré]

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          • Louis Robert // 29.06.2016 à 15h43

            Merci, Lisbeth.

            L’intention est claire: non pas « redéfinir un nouvel ordre mondial » mais bien préserver et renforcer l’ordre mondial impérial, qui est status quo, et toujours dans un contexte bipartisan (républicain=démocrate=républicain), l’unanimité du pareil au même quoi! Nulle tromperie ni dissimulation. La transparence par excellence, en route vers la domination absolue (« full spectrum dominance »).

            CNAS : « The world order created in the aftermath of World War II has produced immense benefits for peoples across the planet… It is easy for Americans to take the benefits of this international order for granted without fully appreciating the critical leadership role the U.S. government has played in creating and sustaining this economic, political, and security system… To preserve and strengthen this order will require a renewal of American leadership in the international system. »

            Message non équivoque à la Russie et à la Chine d’abord, mais à nous tous aussi…

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            • J // 29.06.2016 à 18h05

              « Non équivoque », pour vous peut-être, mais les gens qui je connais qui se réclament du mouvement neoconservateur, si on parle bien de la même chose, accusent la politique Obama de précisément saboter le leadership US dans des buts pervers, y compris en s’en prenant contre tout bon sens à la Russie et au régime Assad. Ca vaut ce que ça vaut, mais je ne suis pas convaincu que la diabolisation du mouvement neocons vole plus haut.

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            • Ailleret // 30.06.2016 à 01h53

              Ceux qui accusent Obama de mener cette politique antirusse et antisyrienne ne sont pas les néoconservateurs, mais les paléoconservateurs. Quant à Hillary Clinton, elle appartient à la tendance des « faucons libéraux » (liberal hawks).

              Les paléoconservateurs sont plutôt isolationnistes et relativement respectueux des souverainetés nationales ; les néocons et les faucons libéraux sont impérialistes et bellicistes.

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  • joe doe // 29.06.2016 à 08h53

    Pour voir le visage du département d’état, je conseille la lecture de cet article

    https://diplopundit.net/2013/09/03/state-dept-on-embassy-workers-unionization-yo-could-put-u-s-national-security-at-risk/
    Tout est rigoureusement exact, plus de la moitié des employés du département est engagé localement (des francais en France, des chiliens aux chili etc). Ces employé n’ont donc aucun droits et on leur interdit de se syndiquer. L’initiative que l’article mentione était internationnale et supporté par un syndicat américain mais le DoS (sous mandat Clinton) l’a rejeté sous prétexte de sécurité nationale.Le département d’état dépense des sommes considérables pour promouvoir les droits de l’homme et les droits des travailleurs, faite ce que je dis pas ce que je fait…

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  • philbrasov // 29.06.2016 à 10h30

    Il semble d’apres ce que je lis a droite a gauche, que la strategie US ai change en Syrie…
    Le nord turc , etant de moins en moins sur, compte tenu du nombre de belligérants dans cette zone, et le peu de loyauté des kurdes ( communistes) semble inciter le pentagone désormais a attaquer la Syrie par l’est, après avoir crée une nouvelle entite militaire « LA NOUVELLE ARMEE SYRIENNE… NSyA »
    Forte de 150 hommes au depart fin 2015, elle serait en passe d’avoir plus de 500 effectifs actifs a la frontière entre l’Irak la jordanie et la syrie…
    des parachutages d’hommes (US?)de cette nouvelle armée , auraient pris d’assaut hier le plus important point de passage entre la Syrie et l’Irak. Point de passage détenu par daesh.

    Or cette frontière est cruciale pour le passage d’un eventuel pipe line entre l’iran et la syrie..
    Il semblerait donc si l’AAS et les russes ne mettent pas fin aux agissements du pentagone dans cette zone, toute velléité de créer ce pipe serait voue a l’échec.
    Le déclenchement d’un affrontement direct entre russes et américains dans cette zone serait sans doute le prelude a une escalade…
    Cette affaire est a suivre de tres tres pres.

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  • christian gedeon // 29.06.2016 à 10h47

    Ils sont à la limite de l’hystérie collective sur ce coup là. Les sommes en jeu sont tellement gigantesques,tellement inimaginables pour le commun des mortels qu’il n’est guère étonnant de voir ce qu’on voit et d’entendre ce qu’on entend. la manipulation médiatique atteint des sommets inégalés,et il ne se passe pas un jour sans qu’on parle de bombes à sous munitions,au phosphore blanc,de bombardements de « civils  » d’hôpitaux détruits et patin couffin.Mais ce qui a « marché  » avant semble ne plus pouvoir « marcher  » à présent.Daech et Al Nosra tous deux suscités par les Us et leurs alliés ont commis tellement d’horreurs que le discours ne prend plus. C’est ce qui s’appelle se tirer un obus dans le pied. Et l’ Ours est là qui veille…et les peuples sont là;qui trinquent.

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  • georges dubuis // 29.06.2016 à 11h34

    Nous sommes toujours dans la séquence de l’excellent film « Dr Strangelove », la paix est notre affaire et ……… cela sentait très mauvais. C’est un rapport A la force combinée au cinéma catastrophe, redoutablement fascination pour les primaires, the show must go on……mais çà commence à ce voir, cette histoire qui se répète !

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  • bluerider // 29.06.2016 à 11h44

    éclairage complémentaire de l’excellent Philippe Grasset / DEDEFENSA – « 21 juin 2016 – Faut-il établir une connexion entre deux évènements qui semblent si parfaitement se compléter, sur le fond aussi bien que chronologiquement, à savoir le “mémo interne” du département d’État sur la Syrie et un “accrochage” tendu entre deux Su-34 russes et des F-18 de l’US Navy au-dessus de la Syrie, à proximité de la frontière jordanienne ?  »
    .
    http://www.dedefensa.org/article/su-34-versus-departement-detat

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  • Louis Robert // 29.06.2016 à 12h00

    Réfléchissons: la « nouvelle normalité », dans l’exercice du pouvoir, n’est rien de moins que « folie collective » et « insulte à l’intelligence ». Vous vous rendez compte?

    Rien à comprendre, monde absurde, poursuite de l’autodestruction. Prenez quelques secondes de plus pour y penser… Surtout, ne dites pas « Non!… », nous en sommes là. Oui, là.

    — Bon, d’accord pour l’antidépresseur… Je prescris des somnifères?

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    • Paco // 29.06.2016 à 15h52

      que ce monde soit absurde ne signifie pas qu’il n’y a rien à comprendre.
      évidemment en ne désignant pas les vrais maitres de la manoeuvre et mettant en avant tous les tarés stipendiés, on ne vous aide pas.
      alors de qui ne vous parle-t-on pas? c’est assez vous en dire…

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  • francois marquet // 29.06.2016 à 16h19

    Ce que veulent les Néocons, par une spécialiste des conflits ayant pignon sur rue à Washington:
    montrer leur force, car ils préfèrent dominer un monde unipolaire aux incertitudes d’un monde multipolaire
    Et si ça ne marche pas, entraîner l’Europe de leur côté dans une opposition bipolaire contre la Chine
    Interview de Marina Henke par Thinkerview
    https://www.youtube.com/watch?v=PwHlxMfCnKg
    un programme clair en somme, reste à nous positionner…

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  • Eric83 // 29.06.2016 à 17h51

    Merci pour ces articles malgré le fait qu’ils n’invitent pas à l’optimisme.

    Il est effarant et effrayant de constater qu’une poignée de personnes puissent décider de la vie ou de la mort de millions de citoyens, voire de la totalité de l’espèce humaine en cas de conflit mondial nucléaire.

    Il est tout aussi effarant et effrayant de constater que cette menace réelle, identifiée et grandissante – et déjà partiellement éprouvée par les faits au vu des millions de morts dont sont responsables les dirigeants néocons US – ne suscite aucune insurrection/révolte/révolution au sein du peuple US.

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  • RGT // 29.06.2016 à 19h50

    Ce qui me désole le plus, et de loin, c’est que 99,9% de nos concitoyens sont totalement lobotomisés et ils n’essayent même pas de se renseigner.

    Ils ont tous une confiance aveugle dans les « Grands Médias » de « droite », de « gauche », du « centre », « humanistes » ou « progressistes ».

    Quand je leur fait remarquer que la soupe vendue par ces médias a strictement le même goût saumâtre alors qu’il devrait être différent d’un plat à l’autre, ils me répondent tous que c’est « Simplement parce que c’est vrai » !!!
    Sans aucun argumentaire sérieux pour étayer leurs affirmations si ce n’est « tous les journaux le disent, donc c’est VRAI »…

    J’en ai marre de me battre contre des moulins à vent et de passer pour un « conspirationniste » ou pire encore.
    La propagande et la servitude volontaire sont si efficaces qu’il est impossible de les combattre.

    Maintenant, je me contente seulement de dire à ces « personnes très bien informées » que quand ça leur pétera en pleine figure, ils n’auront plus que leurs yeux pour pleurer (s’il leur en reste).

    Les débats stériles, c’est parfait pour les abrutis qui n’ont rien de censé à dire.

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    • Anatole // 29.06.2016 à 22h22

      Oui, s’agiter pour éveiller les masses sans parvenir à un résultat est quelque peu décourageant. J’ai cessé depuis longtemps.
      Sur un autre registre, avez-vous remarqué que les Chem-trails redoublent d’intensité ces dernières semaines ? En région Rhône-Alpes, il y a toujours un avion en bruit de fond.

      Il existe sur Terre de toute évidence un groupe d’individus qui se placent au-dessus des Lois et dirigent les gouvernements ou autres religions comme des Marionnettes, se prenant pour des Dieux, décidant de la destinée du Monde en manipulant les Peuples.

      Ces gens-là, responsables des pires évènements de ces 20 dernières années que l' »on » décrit être des catastrophes naturelles ou des attentats, semblent être dans une agitation absolue ces derniers temps, presque une hystérie.

      J’en déduis qu’un évènement majeur et absolu, bien plus important qu’une troisième guerre mondiale, est sur le point de se produire.
      Nous allons sans doute en prendre plein la G…, mais eux auront à répondre de leurs actes devant Dieu, et c’est je l’avoue assez jubilatoire.

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  • tchoo // 29.06.2016 à 21h28

    Je goutte fort de lire qu’il y a des fous dans les département d’état des zétazunis, quelques jours apès avoir lu une très bon dossier sur le nine eleven!

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  • Nicolas D. // 29.06.2016 à 21h56

    L’aveuglement de la presse française est étonnante sur cette affaire. Si on interroge nos journalistes, ils seront unanimes ou presque à condamner Bush et la guerre en Irak. Mais ils vont jurer que la Libye et la Syrie ne relèvent pas de la même logique. L’Ukraine n’en parlons pas, c’est une glorieuse révolution. On a beau leur dire qu’ils sont en pleine contradiction et qu’ils suivent la politique néoconservatrice, ils n’en démordent pas. Je ne sais pas expliquer cette différence de perception.

    Peut-être est-ce tout simplement parce que le gouvernement français a condamné l’Irak puis soutenu tout le reste. Peut-être que si Chirac avait suivi Blair, toute la presse aurait suivi aussi ?

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