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24.septembre.201824.9.2018 // Les Crises

Appel pour un démantèlement « raisonné » de l’empire américain. Par Eva Salinas

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Source : OpenCanada, Eva Salinas, 29-08-2018

Avec la sortie d’un nouveau livre, Chris Hedges discute avec OpenCanada de ce à quoi ressemble la décomposition aux États-Unis, pourquoi Trump est un « symptôme et non la maladie » et de l’importance d’écouter les autres.

Par Eva Salinas / 29 août 2018

« Nous ne pouvons pas choisir parmi les opprimés quels sont ceux qu’il convient de soutenir », écrit Chris Hedges, journaliste et auteur lauréat du prix Pulitzer, dans son nouveau livre, America, The Farewell Tour. « Nous devons nous tenir aux côtés de tous les opprimés ou d’aucun des opprimés… Cela signifiera une réorganisation énorme de notre monde… Notre empire sera démantelé. »

Son dernier ouvrage jette un regard sur le large éventail des opprimés aux États-Unis – ceux qui, dit-il, « sont en proie au désespoir et à la détresse », allant de la souffrance après la désindustrialisation aux vies déchirées par la toxicomanie, les jeux d’argent et la violence. C’est une image sombre des communautés du pays le plus puissant du monde, mais riche en témoignages, et image du contexte historique et théorique nécessaire pour que Hedges puisse explorer deux questions centrales tout au long de ce livre : Pourquoi et comment les choses ont-elles si mal tourné ?

Comme l’ancien correspondant à l’étranger l’a expliqué lorsqu’il s’est récemment entretenu avec Eva Salinas, rédactrice en chef d’OpenCanada, à la veille de la tournée canadienne de son livre, la réponse réside dans la nature même de l’empire, et la solution ne consiste pas à « ressusciter l’empire, mais à le démanteler d’une manière rationnelle et réfléchie ».

Alors que d’autres publications récentes critiquant le climat politique actuel semblent être une réponse directe à l’élection de Donald Trump, Hedges a commencé à rédiger ce nouveau volume avant que Trump n’annonce sa candidature. Comme il l’explique dans la conversation ci-dessous, Hedges était là pour rappeler à ses lecteurs le mythe du succès américain, l’impact négatif de l’empire et l’importance d’écouter les autres de tous les côtés du spectre politique.

Au début du livre, vous dites : « La fin est proche, c’est difficile à contester ». Parlez-vous de la fin du capitalisme mondial ou plus précisément de la fin de l’empire américain ? Voyez-vous une différence entre les deux ?

Il y a une différence entre les deux et je parle spécifiquement de l’empire américain.

Pensez-vous que c’est quelque chose que nous devrions déplorer ? Y a-t-il des aspects qu’il serait malheureux de perdre ?

Je pense que l’empire est un mal absolu. Et je ne pense pas qu’il faille pleurer la dissolution de quelque empire que ce soit. L’empire, comme [Karl] Marx l’a compris, c’est fondamentalement le contrôle de la main-d’œuvre étrangère et des ressources étrangères pour le bénéfice de ceux qui l’administrent.

Pourtant, votre message apparaît comme un avertissement, malgré cela.

Le problème, c’est qu’à mesure que les sociétés se désintègrent, les pathologies qu’elles présentent sont souvent très autodestructrices, et c’est vraiment ce dont je parlais. La décadence au sein de la société américaine est très prononcée et les pathologies qui l’accompagnent sont très répandues – groupes haineux, fusillades de masse, violence nihiliste, sadisme sexuel, jeu, dépendance aux opiacés, suicide, tout est là. Et tant que nous n’aurons pas reconfiguré la structure de notre société, plus nous continuerons d’essayer de maintenir l’empire et le mode de vie que nous ne pouvons plus nous permettre, plus nous allons avoir de problèmes.

Donc vous suggérez de dire adieu à l’empire américain.

Tout ce que vous avez à faire, c’est de traverser le pays en voiture – c’est un terrain vague désindustrialisé après l’autre. Le Canada n’en est pas exempt

Est-ce une vision romantique d’une époque où l’industrialisation était solide – êtes-vous en train de réclamer un retour à cette époque ? Ou avons-nous besoin d’un nouveau départ ?

Les centres industrialisés ont généralement une durée de vie de quelques décennies, de 60 à 80 ans, puis ils se déplacent. Ils se déplacent de Birmingham à Lowell, ils se déplacent de Lowell vers le sud, ensuite ils quittent le sud. Il y a une migration constante. Je ne pense pas que ce système de capitalisme industriel soit durable étant donné le coût écologique, car qu’est-ce qu’il laisse derrière lui – de l’eau empoisonnée, des terres empoisonnées, et bien sûr une population abandonnée. Donc, oui, je pense que nous devons commencer à reconfigurer assez radicalement nos relations les uns avec les autres au sein d’un système social, et certainement nos relations avec la biosphère, si nous voulons survivre en tant qu’espèce humaine, plutôt que de tenter essentiellement de soutenir un système qui n’est finalement pas durable.

On a reconnu la perte du leadership américain sur la scène mondiale à l’heure actuelle – par exemple, en ce qui concerne les droits de la personne et la gouvernance – plutôt que la perte de l’empire américain dans son ensemble. Êtes-vous d’accord avec cela ?

« Cette idée que l’Amérique a parcouru le monde pour défendre la liberté et les droits de l’homme est un mythe. »

Je ne pense pas que l’idée que l’Amérique parcoure le monde pour défendre les droits de l’homme soit une croyance fondée sur la réalité. Que vous soyez au Vietnam, ou regardiez ce que nous avons fait en Amérique centrale – j’ai couvert les guerres au Salvador, au Nicaragua – ou les gouvernements par procuration que nous appuyons, j’étais à Gaza, au Yémen, en Irak, en Afghanistan, dans la Baie des Cochons, j’étais là lors de la chute de [Salvador] Allende, de la chute de [Mohammad] Mosaddegh en Iran.

Cette idée que l’Amérique a parcouru le monde pour défendre la liberté et les droits de l’homme est un mythe, qui à la base a été vendu au peuple américain pour promouvoir l’empire. Beaucoup d’autres personnes qui ont profité de l’empire, comme les Canadiens, l’ont souvent cru aussi. Mais ce n’est pas vrai. Je veux dire, j’ai été correspondant à l’étranger pendant 20 ans, et la dernière chose dont l’empire américain se soucie, c’est de la liberté et de la démocratie et du droit des gens à une véritable autonomie – au contraire ils passent la plus grande partie de leur temps à faire en sorte que cela n’arrive pas.

Alors, les États-Unis sont-ils différents sous Trump ? Ce livre aurait-il pu sortir avant lui, et les gens auraient-ils écouté le message de la même façon ?

J’écris sur cette génération de la culture américaine et l’empire américain depuis un certain temps – Death of the Liberal Class, [mort de la classe progressiste, NdT], Empire of Illusion [l’empire de l’illusion, NdT], Days of Destruction, Days of Revolt [paru en français sous le titre Jours de destruction, Jours de révolte,NdT] – alors dans quelle mesure les gens écoutent-ils ? Ça, je ne le sais pas. Dans quelle mesure cette critique fait-elle l’objet d’une tribune ? On ne lui donne presque jamais une tribune au sein de la société américaine. Je peux obtenir une visibilité nationale en France ou au Canada avec ce genre de critique. Je n’arrive pas du tout à l’obtenir aux États-Unis. C’est le problème d’avoir une élite dirigeante qui empêche essentiellement cette critique d’être exposée à un public plus large, de sorte que vous êtes repoussé aux marges de l’Internet ou aux marges du paysage médiatique. Je dirais que les gens sont réceptifs à cette idée dans tout le spectre politique parce qu’ils se rendent compte que toute l’idéologie du néolibéralisme a été une escroquerie géante des oligarques et des élites du monde des affaires.

En fait, je pense que le public a toujours été disposé à écouter et s’il l’est peut-être moins maintenant c’est plutôt parce que Trump est une personnalité politique si vénale, répugnante et effrayante. Il y a donc davantage une réaction instinctive du genre « n’importe qui d’autre que Trump » et cela ne fait pas ressortir le fait que Trump est le symptôme et non la maladie ; il est la conséquence d’un système politique pourri, d’une culture en ruine. Beaucoup de gens comptent sur l’État ou le Parti démocrate pour se débarrasser de Trump. Ça ne résoudra pas notre problème.

Parlez-moi du processus d’écriture de ce livre. L’écriviez-vous depuis un certain temps avant l’élection de Trump ? Comment ces deux événements se sont-ils chevauchés ?

J’ai commencé il y a deux ans, donc avant l’annonce de Trump. Et j’ai écrit mon chapitre sur le jeu en m’inspirant du casino Taj Mahal de Trump à Atlantic City, ce qui était complètement fortuit. Je ne savais pas que Trump allait annoncer, encore moins se présenter, encore moins devenir président. Et je sais que les éditeurs de Simon et Schuster, quand j’ai proposé le livre intitulé America, the Farewell Tour [Amérique, la tournée d’adieu, NdT], pensaient que c’était peut-être un peu hyperbolique, mais certainement qu’après l’élection de Trump, ils n’ont plus été de cet avis.

Dans quelle mesure les conversations que vous avez avec votre public lors de vos séances de lecture sont-elles différentes de celles que vous avez eues lors de vos recherches sur ce livre ?

Eh bien, elles sont différentes parce que les gens qui se présentent aux manifestations du livre sont en grande partie blancs, plus âgés, alphabétisés et pas dans des situations économiques désespérées. Les personnes que j’interviewe dans le livre souffrent vraiment, réellement, et sont affectées d’une sorte de désespoir profond, une détresse qui se manifeste dans une véritable rage contre un système qui les a trahis. C’est pourquoi je pense que lors d’événements littéraires, les gens peuvent comprendre que le système a trahi les travailleurs, les travailleuses et les pauvres de ce pays, et même la classe moyenne, mais ils ne le ressentent pas de façon viscérale. Alors que les personnes que j’interviewe – et j’ai interviewé des personnes qui soutiennent Trump – les personnes que j’interviewe souffrent vraiment et expriment une colère réelle et, à mon avis, légitime.

Comment les souffrances que vous évoquez aux États-Unis s’intègrent-elles ou se comparent-elles à la situation mondiale ?

Ce qui se passe ici se passe dans de nombreux centres désindustrialisés – regardez la Pologne, la Hongrie, la France, l’Allemagne, l’Angleterre. Elle n’est pas unique. Le capitalisme d’entreprise mondial est un phénomène à l’échelle de la planète, de sorte que la décadence que connaissent les États-Unis est, d’une certaine manière, semblable à celle que nous observons dans d’autres poches de désindustrialisation, en particulier en Europe. La différence est que nous sommes un empire. Et les empires dépendent pour leur subsistance, en particulier leur subsistance économique, du fait d’avoir une portée mondiale, en maintenant le dollar comme monnaie de réserve du monde. Enlevez cela et les empires sont en fait beaucoup plus fragiles que les États qui ne sont pas des empires, qui ne dépendent pas du contrôle des marchés mondiaux et de la monnaie mondiale pour leur survie économique.

Voilà pourquoi les conséquences aux États-Unis sont bien pires que dans un pays comme le Canada. Avec ce livre, j’ai voulu montrer les conséquences humaines du délabrement, de l’agression psychologique, physique, émotionnelle qu’une société en décomposition mène contre l’individu, c’est ce que les sociologues appellent les « maladies du désespoir ». C’est vraiment ce que le livre tente d’expliquer et de rapporter. Et bien sûr, l’argument qui en découle est que tant que vous ne vous attaquerez pas aux causes profondes du désespoir, ce qu’Émile Durkheim appelle « l’anomie » de la société, non seulement cela va continuer, mais va s’aggraver.

Est-ce que certains interpréteraient cela comme un avertissement pour contrer l’extinction de l’empire américain et donc le retarder ?

« Ce sera la perte du dollar comme monnaie de réserve mondiale qui démantèlera l’empire. »

Eh bien, l’empire est le problème. La tyrannie imposée aux autres s’impose finalement à lui-même. Et les empires vont toujours trop loin. Regardez l’empire athénien – ils envahissent la Sicile, toute leur marine est coulée, des milliers de leurs soldats sont tués. C’est ce qu’on appelle le micro-militarisme, et l’empire athénien s’effiloche.

Ou bien l’empire britannique envahit l’Égypte en 1956 après la nationalisation du canal de Suez et doit se replier dans l’humiliation. Cela a été la fin. Je veux dire, l’Empire britannique a connu une lente désintégration après la Première Guerre mondiale, mais c’était la fin, et bien sûr la livre sterling a été abandonnée comme monnaie de réserve mondiale, ce qui a entraîné la chute libre de l’économie britannique.

Ce sera la perte du dollar en tant que monnaie de réserve mondiale qui aura pour effet de démanteler l’empire parce qu’il faudra qu’il y ait une énorme contraction, que les importations deviendront extrêmement chères, que personne n’achètera de bons du Trésor américain, et ainsi de suite. Mais nous ne nous y préparons pas. Nous prétendons que nous allons continuer indéfiniment, comme cela a toujours été le cas, et cela a été un tel désastre.

Il ne s’agit donc pas de ressusciter l’empire, mais de le démanteler d’une manière rationnelle et saine afin de causer le moins de dégâts possible. L’invasion de l’Irak et de l’Afghanistan, qui a maintenant 17 ans, a été notre adhésion fatale à l’aventurisme militaire. Et il n’y a pas d’issue. C’est ce que font inévitablement les empires. Nous étions déjà très loin dans cette voie, mais en ne le reconnaissant pas et en prétendant que ce que nous avions auparavant peut être préservé, nous pourrions créer des difformités politiques très effrayantes sous la forme du proto-fascisme que les sociétés en difficulté créent souvent.

Comment distinguez-vous l’empire du capitalisme mondial ou même de l’état actuel de la démocratie, s’ils sont tous interconnectés en ce moment ?

Le capitalisme sauvage est l’ennemi de la démocratie et je ne suis pas le premier à faire cette affirmation. Et le capitalisme mondial est supranational ; il n’a aucune loyauté envers un État-nation. Ainsi, le capitalisme mondial, qui est à bien des égards responsable de la décrépitude aux États-Unis, continuera à exister, même dans un monde multipolaire. Mais le maintien de l’empire et le maintien de la démocratie, compte tenu de la trajectoire que nous suivons, vont être extrêmement difficiles. Je veux dire, nous ne vivons plus vraiment dans une démocratie – c’est une démocratie ratée. Il n’y a pas d’institutions aux États-Unis que l’on puisse qualifier d’authentiquement démocratiques, même nos partis politiques. C’est comme la République romaine, où vous avez la façade de la république, vous avez toujours le Sénat, etc. mais c’est autocratique. Et ici, nous avons la façade de la politique électorale et d’une presse supposée libre, bien qu’elle soit entre les mains d’une demi-douzaine d’entreprises, mais il est impossible de défier les intérêts du pouvoir des entreprises de l’intérieur. Au sein du système politique américain, vous ne pouvez pas voter contre les intérêts de Goldman Sachs. C’est impossible.

Tous ces thèmes apparaissent lorsqu’il s’agit du changement climatique – intérêts privés, dégradation, etc. – mais ils ne sont pas toujours mentionnés directement.

[La privatisation] est au cœur des changements climatiques parce que ce que nous avons créé, c’est un système où les diktats du marché déterminent des politiques entières où rien, y compris les êtres humains, n’a de valeur intrinsèque. Tout est monétisé, puis on exploite à la fois le monde naturel et les êtres humains jusqu’à l’épuisement ou l’effondrement. C’est la nature d’un capitalisme sans entraves et sans réglementation et, comme Marx l’a compris, il a construit en lui ses propres semences de destruction. Vous voyez donc qu’à ce stade avancé du capitalisme aux États-Unis, ces sociétés cannibalisent les institutions et les mêmes structures démocratiques ou jadis démocratiques qui ont rendu possible un capitalisme démocratique.

Vous réduisez donc les impôts, ce qui prive le gouvernement de revenus. Vous privatisez – nous avons une proposition pour privatiser la guerre en Afghanistan – je veux dire, c’est dingue – sous Erik Prince, pendant que sa sœur Betsy DeVos privatise l’éducation américaine… Le livre débute à Scranton [Pennsylvanie]. Ils y vendent leur réseau d’égouts, leur autorisation de stationnement, n’importe quoi. Ils cherchent désespérément à générer des recettes en raison des baisses d’impôt, mais ce n’est pas une solution à long terme. Que se passera-t-il quand ils n’auront plus rien à vendre ? Et ces structures sont moins efficaces et beaucoup plus coûteuses. L’agression actuelle, est une agression prenant la forme d’un démantèlement des structures mêmes de l’État.

Ces avertissements ou les exemples de ce genre de conséquences ne sont pas nouveaux – le message ne passe-t-il donc pas ?

Cela ne fait pas l’objet d’une couverture médiatique. Aux États-Unis, les médias audiovisuel publics sont maintenant contrôlés par les entreprises, parce qu’ils reçoivent si peu d’argent du gouvernement qu’ils dépendent des dons des frères Koch et d’autres, de sorte qu’on n’en parle pas de façon significative. Il n’y a pas de débat significatif sur les soins de santé universels aux États-Unis. Notre système de santé à but lucratif est un désastre, mais il est très rentable pour les sociétés pharmaceutiques et les assurances, très mauvais pour les patients et pour les médecins. Il n’y a pas de débat constructif parce qu’ils bloquent le débat.

On n’entend jamais le mot capitalisme sur MSNBC, sur aucune de ces [stations], cela ne fait tout simplement pas partie du discours politique acceptable. C’est remplacé par des anecdotes et des ragots et Stormy Daniels et Omarosa, vous savez, ce que Michael Cohen va faire ou ne pas faire. Ainsi, les questions de fond auxquelles nous devrions faire face, l’effondrement du capitalisme et l’effondrement de l’écosystème, ne sont même pas mentionnées. Je veux dire, nous avons des événements météorologiques extrêmes terribles et ils ne parlent jamais du réchauffement climatique.

Vous avez dit que le Canada n’est évidemment pas un empire, mais y voyez-vous des similitudes ou des répercussions ?

Le Canada est une version plus douce de l’Amérique. L’ADN du Canada n’est pas aussi violent que celui des États-Unis. Ce n’est pas un empire, mais en même temps, l’effet de ricochet va inévitablement reconfigurer et déformer la société canadienne.

Y a-t-il des mouvements ou de jeunes penseurs qui, à votre avis, réussissent à bien faire les choses ou vous inspirent ?

Oh, certainement. Tout d’abord, vous avez été témoin d’actes étonnants de désobéissance civile soutenue au Canada de la part des collectivités des Premières nations [peuples autochtones canadiens qui ne sont ni des Inuits ni des Métis, NdT]. On a eu Standing Rock. Avant ça nous avons eu Occupy [mouvement international de protestation sociale, principalement dirigé contre les inégalités économiques et sociales, NdT] . Vous avez eu le mouvement étudiant de Montréal. Il faut que ça soit soutenu. Et dans tous ces cas, ils ont été soutenus. Je pense que c’est là que réside l’espoir. Il ne s’agit pas seulement de la compréhension technique de la façon de construire les mouvements, mais aussi de l’augmentation de la prise de conscience.

Quelle est l’importance pour chacun de sortir et d’avoir ses propres discussions avec les autres en plus de lire un livre comme celui-ci ?

Vital. Je pense qu’une partie du problème est que dans la société moderne, les gens sont seuls. Je veux dire, qu’ils n’existent pas vraiment au sein de la communauté. Une société où ils passent beaucoup trop de temps devant les écrans – c’est exactement là où l’État veut qu’ils soient. Et cela rend plus difficile l’établissement de liens qui créent des mouvements. Il n’y a qu’un seul moyen d’avoir une relation, c’est le face à face. Ce n’est pas par Facebook. Et il n’y a qu’une seule façon de construire des mouvements, c’est le face à face. [Nous devons] établir de vraies relations autour d’intérêts communs, souvent, avec des gens avec lesquels nous ne sommes pas forcément d’accord sur le plan politique. Tant que nous restons séparés les uns des autres et isolés, nous restons impuissants.

Cette interview a été revue et condensée pour plus de clarté.

Source : OpenCanada, Eva Salinas, 29-08-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

zx8118 // 24.09.2018 à 07h46

 » le capitalisme mondial, qui est à bien des égards responsable de la décrépitude aux États-Unis, continuera à exister, même dans un monde multipolaire »

Même si la fin de l’empire par la fin de l’hégémonie de dollar est une bonne chose on ne va pas pour autant récupéré souveraineté et démocratie.
La dépossession de notre pouvoir est le fait de ce capitalisme mondial qui instrumentalise tout et n’importe quoi, n’importe qui, au profit d’un pourcentage de personnes toujours plus insignifiant et puissant. Mais aussi intraçables.
A qui appartiennent les centaines de milliers de milliards de dette ?
Le nouvel empire est hors frontière il ne conquiert pas le reste du monde de l’extérieur mais la totalité de l’intérieur.
Ce n’est pas une blessure mais un cancer généralisé.

https://reorganisationdumonde.com/produit/depossession/

29 réactions et commentaires

  • Fabrice // 24.09.2018 à 07h06

    Le problème c’est que la bête a la peau dure et sait très bien tromper son monde.

    Elle nous fait croire qu’elle est la source de la croissance et de tous les progrès, alors qu’elle génère plus de drames et de conflits pour alimenter son appétit prédateur.

    L’ambivalence de cette introduction presque religieuse est faite pour voir que le terme de croyance religieuse dans le neoliberalisme est identique aux fanatiques qui imposaient les dogmes religieux, il n’est pas étonnant qu’aux Usa les deux ont fusionné et sont si intimement liés, et effectivement leur fanatisme poussera un pays puissant et qui aurait pu être une utopie en un enfer gardé par un minorité de riches impitoyables à pousser la prédation au delà de leur propre sauvegarde.

    Je trouve le parallèle fait d’ailleurs par Jovanovic fait dans son livre 666.

      +0

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  • zx8118 // 24.09.2018 à 07h46

     » le capitalisme mondial, qui est à bien des égards responsable de la décrépitude aux États-Unis, continuera à exister, même dans un monde multipolaire »

    Même si la fin de l’empire par la fin de l’hégémonie de dollar est une bonne chose on ne va pas pour autant récupéré souveraineté et démocratie.
    La dépossession de notre pouvoir est le fait de ce capitalisme mondial qui instrumentalise tout et n’importe quoi, n’importe qui, au profit d’un pourcentage de personnes toujours plus insignifiant et puissant. Mais aussi intraçables.
    A qui appartiennent les centaines de milliers de milliards de dette ?
    Le nouvel empire est hors frontière il ne conquiert pas le reste du monde de l’extérieur mais la totalité de l’intérieur.
    Ce n’est pas une blessure mais un cancer généralisé.

    https://reorganisationdumonde.com/produit/depossession/

      +36

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    • la vieille gauloise // 24.09.2018 à 08h15

      D’ accord avec ZX ….un monde multipolaire ne verra pas la fin du système qui se réorganisera d’ une autre manière avec des oligarchies parallèles peut être qu’ à la marge nous verrons des
      identités un peu mieux prises en compte ….Je le souhaite , avec le changement de génération, je continue à rêver….

        +3

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    • Pollix // 25.09.2018 à 14h07

      Il y a eu pourtant des lanceurs d’alerte…
      http://jacquescheminade.fr/combat
      1995 Candidature à l’élection présidentielle +
      Grâce au soutien de 556 élus, il dénonce le « cancer financier qui ronge l’économie » et met en garde contre une crise financière à venir « dans 10 à 12 ans ». Ses propos dérangent et sont systématiquement déformés par les médias.
      Le CSA annonce que l’égalité du temps de parole a été respectée pour tous, « à l’exception de M. Cheminade » dont le temps de parole aura été inférieur de moitié à celui des autres candidats.

        +3

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  • Fabrice // 24.09.2018 à 08h20

    Pour faire moins polémique que mon précédent message censuré, le néo capitalisme est devenu une religion qui après sa phase de prosélytisme, passe à sa phase de guerre de religions qui après « vaincu » l’autre grande religion promu par L’EX-URSS, s’attaque aux pays qui s’opposent aux injonctions de son principal adepte que sont les USA, mais pour cela il est prêt à sacrifier celui-ci.

    Le dogme liberal répétant en permanence qu’il n’y a pas d’autre solution et que la main invisible du marché régule tout, envoyant nombre de prédicateurs ou experts noyer les médias dans des discours incompréhensible pour décourager quiconque de comprendre.

    Mais on verra que comme le fanatisme religieux le neoliberalisme s’ effondrera car il se decridibilisera de la même manière mais à quel prix, son champion qu’est les USA sacrifie déjà une bonne part de sa population à cet aveuglément sans parler les populations qui périssent sous les bombes des intérêts économique dissimulés sous le masque des vertus de la démocratie et de la liberté.

      +28

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  • Alice bloz // 24.09.2018 à 09h53

    La fin de l’empire US n’est pas pour demain. La comparaison URSS est faible. Les US sont bien moins intégrés fonctionnellement et il faudrait qu’ils aient aussi me monde contre eux…ce qui est loin d’être le cas.
    Il faut plutôt prévoir une très longue de déchéance. A la fin il y a que la Chine pour les finir.
    Sur la base de l’historique il faudra entre 20 et 30 ans.

      +4

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    • Dan // 24.09.2018 à 12h08

      … certes, mais quand vous dites « Il faut plutôt prévoir une très longue (période?) de déchéance…. Sur la base de l’historique il faudra entre 20 et 30 ans »…
      au regard de l’histoire, une telle période n’est justement pas « très longue »… c’est au contraire, relativmt court…

      par ailleurs, certains processus historiques peuvent connaître une accélération que personne n’est en mesure de calculer, comme l’effondrement de l’URSS dont aucun ‘expert’ n’a pu prévoir le moment…

        +7

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    • Vincent // 24.09.2018 à 12h13

      Vous n’imaginez pas avec quelle vitesse un effondrement peut se produire. Vous avez raison pour 20 ou 30 ans, mais l’effondrement us a démarré justement depuis plus d’une vingtaine d’années. Nous sommes dedans. La vision d’ensemble est difficilement lisible pour tout à chacun, elle n’est perceptible qu’à l’échelle des générations : déjà nous vivons moins bien que nos parents. Et la catharsis, bien visible elle, n’intervient que tout au bout du processus : la chute finale, qui peut prendre une forme économique et financière : la fin du dollar, ou politique : la sécession d’un ou plusieurs Etats américains etc etc…
      Cela relève en somme de la même logique que la tectonique des plaques : une rupture de faille n’est que l’aboutissement d’un glissement lent de plusieurs dizaines d’années.

        +13

      Alerter
      • mianne // 24.09.2018 à 14h15

        Nous vivons moins bien que nos parents, dites-vous ? Vos parents ont, pour bon nombre d’entre eux, passé leur enfance dans des logements mal ou pas chauffés, sans chambre personnelle, sans salle d’eau ni WC intérieurs (sans adduction d’eau courante dans le bâtiment pour certains) , sans téléphone (il n’y avait pour beaucoup que les cabines publiques ou celles de la Poste pour aller téléphoner) , sans ordi ni Internet et certaines familles n’ont eu un compte en banque que dans les années 70 . Ils ont beaucoup lutté pour obtenir des améliorations de salaires et des constructions de HLM pour élever leurs enfants dans le confort .
        Vous parlez sans doute au nom des enfants des familles bourgeoises .

          +6

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        • Subotai // 24.09.2018 à 19h43

          Biscuit gouter, parfum choco-noisette : 33% d’éléments nutritifs – C’est marqué dessus.
          Hors sujet dites vous?
          Quelle qualité (physique) d’humains a-t-on fabriqué (fabrique t’on encore) avec une telle alimentation..?
          Pronostic: dégénérescence de l’humanité et disparition pour non viabilité des 2/3 – avec forte probabilité de survie justement de ceux qui n’ont actuellement ni ordi, ni eau courante, ni wc intérieurs…
          Ce qui ne veut pas dire que c’est une mauvaise chose, mais que ce n’est pas fondamental.

            +5

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    • faxmax // 25.09.2018 à 01h52

      Moi je ne suis pas convaincue et en tout cas je trouve que 20 30 ans c’est très « optimiste »…
      Certes on est loin de l’américan dream mais ça reste un pays extrêmement dynamique et influent sur les plans économique, diplomatique, intellectuel, culturel etc. (en bien ou en mal hein c’est pas la question). Bref, Je pense que le plus probable pour l’instant c’est encore un monde à 2 « empires » en cohabitations voir collaboration suffisamment stable (occidentale et orientale, pour faire simple), en fait je pense même que c’est ce qu’il y a de plus souhaitable vue tous les autres problèmes qui nous pendent au nez…(je ne crois pas vraiment à un effondrement du capitalisme ou à un changement radical de « système », pas à court/moyen terme)

        +0

      Alerter
  • Pierre D // 24.09.2018 à 10h42

    «Le problème, c’est qu’à mesure que les sociétés se désintègrent, les pathologies qu’elles présentent sont souvent très autodestructrices, et c’est vraiment ce dont je parlais. »

    Si le besoin de prophètes est une de ces pathologies, Chris Hedges, prend le risque de sauver l’Amérique, comme Marx a sauvé le Capitalisme. C’est le paradoxe des prophéties autodestructrices.

    … la preuve, aujourd’hui il n’y a plus que les capitalistes pour faire encore référence à Marx.

      +3

    Alerter
    • Geof’ // 24.09.2018 à 17h45

      ben, non..on est des milliers. Allons, Pierrot !

      Marx n’a pas été défait intellectuellement, Lénine oui !!!

      et puis, rien ne nous empêche de peaufiner la théorie de tonton Marx.

      je ne connais que 2 formes de propriété : la privée et la collective/partagée ; entre les 2, des versions hybrides – l’écologie va ramener le communisme 2.0 sur le devant de la scène…

      Geof’, neo-communiste

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      • Pierre D // 25.09.2018 à 06h35

        @Geof’, neo-communiste

        Comme Proudhon vous vous opposez à Marx.

        Marx ne connaissait que 2 types de propriétés. La propriété familiale et la propriété des moyens de production.

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    • Vinnie Reb // 25.09.2018 à 23h17

      Ne vous en déplaise, il y a des intellectuels américains qui parlent de Marx : Richard Wolff en est un bon exemple.
      Et s’ils n’en parlent pas ouvertement, ils démontrent les affirmations de Marx, notamment sur la lutte des classes (cf. Une Histoire Populaire des USA par Howard Zinn). Même un politicien comme Bernie Sanders a ramené les termes de socialisme et de capitalisme dans le discours politique lors de sa campagne de 2016.

      Ce n’est pas Marx qui dans les années 30 a sauvé le capitalisme aux USA. Ce fut FDR et le New Deal. A l’époque, les capitalistes US étaient sur place, leurs intérêts aussi, donc ils ont eu peur et ils ont laché du lest. Mais ce n’est plus le cas de nos jours : le capitalisme s’est mondialisé et un FDR ne pourrait plus faire pression sur eux pour sauver le system. Sans regrets : le capitalisme doit être éradiqué, c’est un cancer de notre monde.

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  • rolland // 24.09.2018 à 10h51

    De la même façon qu’il y communisme et idée du communisme, il y a bien la démocratie et l’idée de la démocratie.
    Voir A.Badiou dans feu Ce Soir Ou Jamais : https://www.youtube.com/watch?v=Ic-4f03-v3U
    Donc en conclusion de cet article, il nous faut malgré le fait que nous ne soyons pas tous d’accord politiquement, laisser nos écrans, « quitter » notre chez soi et aller à la rencontre de l’autre pour créer quelque chose de concret !

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  • John V. Doe // 24.09.2018 à 13h05

    L’inquiétant est que les empires qui agonisent se militarisent et deviennent de plus en plus agressifs. Ce me semble assez constant dans l’histoire du monde et nous le voyons bien aujourd’hui avec des USA en guerre avec de plus en plus de pays simultanément. Or, « agressif » quand on détient la bombe atomique et ses adversaires aussi, me semble un jeu très dangereux pour l’avenir de la planète. Le problème ici n’est pas Trump, Hillary aurait fait la même chose, sinon pire.

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    • rolland // 24.09.2018 à 20h03

      Puis quand on voit le contexte des avant deux grandes guerres, on comprend également que lorsqu’un peuple-citoyen est à bout, au bord de la révolution ou de l’insurection, les Etats savent très bien reconnaitre leurs intérêts dans une grande guerre, comme celui de faire de la chair à canon avec les plus démunis donc les plus en colère…..
      …Les classes moyennes s’appauvrissant en France et plus encore avec Mr Micron, les heures qui arrivent paraissent bien sombres et la masse de chair à canon se précise.

      Donc pour moi oui l’hiver est à la porte, il n’a juste pas encore frappé……notre organisation générale qu’elle soit nationale ou internationale ne peut plus être celle-là encore des années…….nos maitres le savent mais n’en disent rien, par contre ils s’arment de + en + et entrent sans même que les peuples leur montrent leur colère, dans des guerres illégales et illégitimes qui provoquent de possibles vagues d’immigration qui nous reviennent en boomerang et que nous voyons actuellement, avant de devoir faire face aux réfugiés climatiques.

      Bref, nous donnons tout les cinq ans dans un non sens total notre légitimité à des gens qui n’ont absolument aucune considération pour la vie humaine comme pour toute forme de vie sur terre, et qui sont de par leurs décisions et leurs actes des criminels en puissance.
      C’est donc à ces gens là que nous devons faire confiance pour défendre nos intérêts et qui en même temps vendent, si ce n’est bradent la France quotidiennement par petits bouts.

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  • Olivier MONTULET // 24.09.2018 à 15h39

    Excellent texte. Qui confirme ce que je prédit depuis 20 ans au moins. L’effondrement, ne me désespère pas. Il me donne l’espoir qu’autre chose se bâtira. Malheureusement vu la résilience, notamment des soumis volontaires -c’est à dire quasi nous tous à des degrés divers-, ce nouveau monde se bâtira sur un champ de ruine et de malheurs. Sapiens n’est décidément pas raisonnable.

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    • Dan // 24.09.2018 à 16h52

      … Sapiens l’a-t-il jamais été…?

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  • theuric // 24.09.2018 à 19h51

    La raison vient de la pensée, la pensée vient vient de la conscience, la conscience vient de l’intelligence, l’intelligence vient du degré d’attention quand cette dernière fait que l’individu, lorsqu’il atteint ce stade, sait faire la distinction entre moi et mes semblables, à l’exemple de l’éléphant et du chimpanzé.
    Ceci dit, l’empire U.S. ne sera pas démantelé, comme tous les autres empires tout au long de l’histoire, dans la paix et par une action délibérée, mais plutôt lors d’un effondrement soudain, en entrainant à sa suite l’économie-monde.
    Quand à Monsieur Trump, c’est certes un personnage vulgaire, mais qu’est-il sinon l’ultime réformateur impérial?
    Quoi que nous puissions penser, part ailleurs, autant de sa personnalité, de son expression comme de son action.
    Mais tout comme il en fut de Monsieur Gorbatchev en son époque, son advenue signe la disparition de ce que nous pouvons sans hésitation appeler l’empire ultime.
    Ce qui me surprends le plus c’est le nombre de personne ne comprenant pas une telle évidence.
    La seule chose en cela que je ne saurais dire c’est si le pays U.S.A. existera ou n’existera plus dès lors.

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  • Emmanuel // 24.09.2018 à 21h30

    Merci pour cet article, que je trouve particulièrement clair. Le cocktail paraît très inquiétant quand on songe à des indicateurs comme celui des inactifs en croissance (au fait, comment font ils pour vivre ?), du bondissement de l’endettement public et privé, de l’alourdissement du budget militaire, de l’affaiblissement des budgets de santé et de l’éducation, de la concentration de la richesse qui ponctionne une part toujours croissante de la croissance, du délabrement des infrastructures, de l’aggravation des catastrophes naturelles…. mais tout va très bien madame la marquise !

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  • Louis Robert // 24.09.2018 à 22h54

    « Il ne s’agit donc pas de ressusciter l’empire, mais de le démanteler d’une manière rationnelle et saine afin de causer le moins de dégâts possible. »

    *

    Bien sûr, l’Empire hégémonique de la domination en tout («full spectrum dominance») ne sera pas démantelé rationnellement…

    L’Empire est affaire non pas de raison mais de pouvoir, au premier rang et sans rival. Rien à voir avec la démocratie, les droits humains… et tout le saint-frusquin. L’Empire domine, vit de dominer sans partage et par tous les moyens, selon son bon vouloir.

    Inéluctablement, le jour vient où l’Empire s’affaiblit, agonise, succombe, s’effondre puis pourrit. Cela survient parfois soudainement, sans prévenir ni avertir, et s’accomplit en un temps étonnamment bref. L’Empereur se découvre nu… et c’est déjà la fin. Vanité des vanités!

    Comme nous tous, c’est bien malgré lui et de mauvaise grâce que l’Empire à la fin n’est plus.

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  • christian gedeon // 25.09.2018 à 10h49

    Mon Dieu,Mon Dieu…du wishfull thinking à l’état quasiment pur! En résumé,on aimerait que les USA se « décomposent » et donc on dit qu’ils se décomposent. Ben voyons. c’est d’ailleurs parce que c’est un pays à l’état de presque cadavre que les américains centraux rêvent de s’y installer,n’est ce pas? je suis horripilé par ces analyses complètement hors sol,east coast et west coast en diable…je ne suis pas fan des USA,qu’on se le dise.Par contre ,je les regarde tels qu’ils sont. Et ces analyses ridicules d’aveuglement volontaire me laissent à penser que le système américain n’est pas près de montrer le moindre signe de varie défaillance. tant il est vari qu’à force de sous estimer son « ennemi « ,on ne peut que perdre…franchement lamentable.

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    • Vinnie Reb // 25.09.2018 à 23h35

      Il ne s’agit pas de sous-estimer qui que ce soit, il s’agit de regarder la réalité en face. D’ailleurs, si ça peut vous consoler mais nous faisons le même constat en France. Là aussi, les choses se dégradent. Et pourtant, les immigrés d’Afrique rêvent eux aussi de s’installer en Europe… Pourtant, l’on ne peut nier que la situation se dégrade dans notre pays et chez nos voisins, c’est un fait.

      Chris Hedges vit sur place aux USA, il est allé dans l’Amérique qui souffre, ça n’est pas du « hors-sol ». Ce n’est pas abordé dans l’article mais il enseigne dans les prisons et il en connaît un rayon sur le system d’incarcération de masse américain, ce qui en dit long aussi sur l’état de son pays et de ses institutions, notamment judiciaires.

      Et en plus, il n’est pas le seul intellectuel à faire ce constat : Allez voir les conférences de Richard Wolff, Alfred McCoy, Chalmers Johnson et Sheldon Wolin, pour ne citer que ceux-là. Ces gens ne sont pas dans le wishful thinking, très loin de là. Leurs conférences sont visibles sur YouTube.

      Le wishful thinking, c’est justement de croire que tout va bien, ce qui n’est pas le cas. Ou de croire que les choses sont comme on voudrait qu’elles soient. Bien non, ça ne marche pas comme ça.

      « Le moindre signe de vraie défaillance » ? Il y a aussi d’excellents documentaires sur la décrépitude des infrastructures, ce qui en dit long sur l’état d’un pays du Premier-Monde qui a des installations dignes du Tiers-Monde. Certains pays du Tiers-Monde font même mieux !

      Originaire du Sud des USA (Georgia), je peux dire que certains endroits de ces Etats sont dans des conditions comparables à celles prévalant dans des pays du Tiers-Monde. Et croyez-moi, ça me désole profondément ! Je pense que Chris Hedges aime son pays et que ce constat qu’il dresse ne doit pas le réjouir non plus.

      Je ne sais pas quels USA vous regardez, mais ça ne doit pas être les mêmes que les miens, ceux que je connais.

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      • christiangedeon // 26.09.2018 à 18h28

        çà fait des dizaines d’années qu’on nous annonce à cors et à cris la chute de l’aigle américain…en attaendant,ils sont à 4 % de chômage et à% de croissance.Les inégalités sont criantes? les prisons pleines? la violence quotidienne complètement folle? Oui aux trois. Beaucoup d’infrastructures complètement décaties? Encore vrai . Des villes entières en déshérence? toujours vrai. Et pourtant ,elle tourne,n’est ce pas? rassurez vous,je ne suis ni très Hollywood,ni très New York. J’ai une faiblesse particulière pour l’Arizona et le Nouveau Mexique . Et j’ai adoré Santa Fé bien avant qu’elle ne devienne le nid à bobos pseudos branchés et écolos qu’elle est aujourd’hui…Quant à la Géorgie,je la connais très peu,mais je connais bien le Tenessee où j’ai passé pas mal de temps à Franklin…et c’est une drôle de façon d’aimer son pays que de le dézinguer sans nuances.

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  • Vinnie Reb // 25.09.2018 à 23h06

    Je suis en train de suivre les vidéos des conférences faites par Chris Hedges (qu’on peut trouver sur YouTube). C’est très intéressant car ce qu’il se passe aux USA et se passera d’ici les 10 à 20 prochaines années, finira par traverser l’Atlantique et arriver chez nous. Non pas par tropisme de mode US. Mais bien parce que les mêmes causes provoquent les mêmes effets : les politiques d’austérité, les plans d’ajustement structurel, la privatisation de l’Etat pour les profits de quelques uns, tout cela provoquera le même effondrement ici que là-bas.

    Et le plus terrible c’est que le system le sait et qu’il fera tout pour ne pas mourir. Les capitalistes ne baisseront pas les bras et c’est là que c’est dangereux car ils feront tout pour pouvoir continuer à prolonger la fête. Le capitalisme livrera une lutte féroce contre nous autres des classes dominées – et c’est déjà le cas depuis 30 ans au moins.

    « … nous pourrions créer des difformités politiques très effrayantes sous la forme du proto-fascisme que les sociétés en difficulté créent souvent. »
    => ce passage me rappelle la citation de Gramsci : un monde ancien se meurt, un nouveau monde tarde à apparaître et entre les deux, le clair-obscur d’où les monstres surgissent.
    Je recommande aussi d’écouter ce que Chris Hedges dit sur le proto-fascisme dans son pays : celui de la droite chrétienne US, dite aussi « christo-fascisme » dont le programme n’a rien à envier à celui des Talibans à certains égards. Ce christo-fascisme est en embuscade derrière Mike Pence… le VP des USA. Si Trump disparaît ou est destitué, c’est Mike Pence qui devient le Prez et là, les fascistes chrétiens fondamentalistes auront la porte ouverte. Je dis cela sans être fan de Trump ni de Hillary Clinton d’ailleurs – ils sont tous dangereux ! Mais la peur n’évitant pas le danger, autant être averti. Des temps difficiles arrivent, nous aurons, comme au Canada, aussi des répercussions de cette fin de l’empire US.

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    • Louis Robert // 26.09.2018 à 19h29

      Merci, Vinnie Reb, j’ai eu grand plaisir à vous lire. Contrairement au déni et à l’obstination orwellienne du « la décadence c’est le progrès », votre lucidité rafraîchit et donne espoir.

      Quant à moi, ce qui m’impressionne le plus c’est de voir la réalité confirmer de si près les projections (non pas des prédictions!) des plus grands, dont Meadows et Hedges, publiées il y a plusieurs décennies déjà. Je vous réfère notamment au récent exposé magistral, non dépourvu d’amertume, de Dennis Meadows, au Smithsonian:

      « Perspectives on the Limits of Growth: It is too late for sustainable development »

      https://www.youtube.com/watch?v=f2oyU0RusiA

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