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11.avril.202411.4.2024 // Les Crises

Avec le soutien de Washington, Israël bafoue la Convention internationale sur le génocide

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Voilà pratiquement deux mois que la Cour internationale de justice a donné l’ordre à Israël de cesser de tuer les Gazaouis et de détruire leurs moyens de subsistance. Revenons donc en arrière et demandons-nous (1) comment Israël a réagi à ces « ordres » et (2) avec quelle intensité l’administration Biden a fait pression sur Israël pour que ces ordres soient suivis d’effet. Attention spoiler : les réponses brèves sont (1) pas terrible et (2) pas vraiment.

Source : Priti Gulati, Stan Cox
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le gouvernement américain a fourni la plupart des armements et des technologies de ciblage utilisés pour tuer des milliers de Gazaouis tout en réduisant un grand nombre d’entre eux à l’état de réfugiés en détruisant leurs maisons, leurs bureaux, leurs écoles et leurs hôpitaux. De plus, l’administration Biden n’a pas menacé de retirer son soutien alors qu’Israël bloquait les livraisons de nourriture et de carburant indispensables à la bande de Gaza, qui s’étend sur 40 km. Elle continue également d’opposer son veto aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies qui obligeraient Israël à rendre des comptes. Et le président Biden, en dépit d’un discours de plus en plus changeant, continue de soutenir le Premier ministre Benjamin Netanyahu et les Forces de défense israéliennes (FDI), bien que celles-ci aient ignoré les ordres de la Cour internationale et qu’elles continuent de commettre des atrocités.

L’ordre d’arrêter les massacres est bafoué

Le 26 janvier dernier, la Cour internationale de justice a rendu un arrêt dans une affaire portée par la République d’Afrique du Sud accusant Israël de génocide. Elle a donné l’ordre à Israël de « veiller avec effet immédiat à ce que son armée ne commette plus aucun des actes décrits » dans la Convention des Nations unies pour la prévention et la répression du crime de génocide.

La première ordonnance du tribunal interdit de « tuer des membres » de la population palestinienne ou de leur « causer des dommages corporels ou mentaux graves ». Quelle a été la réaction d’Israël ? Il faut savoir qu’entre la fin décembre 2023 et le 21 janvier de cette année, Tsahal a tué environ cinq mille Palestiniens, ce qui porte déjà le nombre de morts dans la bande de Gaza à plus de vingt cinq mille. L’ordonnance du tribunal, rendue quelques jours plus tard, ne devait avoir pratiquement aucun effet. Plus de cinq mille autres Palestiniens ont été tués avant la fin du mois de février, ce qui a porté le nombre de morts à plus de trente mille.

Au cours du mois qui a suivi la décision, les troupes israéliennes ont, à plusieurs reprises tué ou blessé des civils qui fuyaient ou s’abritaient dans des zones que les FDI avaient présentées comme des « zones de sécurité ». Ainsi, lorsque, le 12 février, l’aviation israélienne a attaqué quatorze maisons et trois mosquées dans la ville de Rafah, au sud de Gaza, tuant soixante sept Palestiniens, certains des survivants ont déclaré aux journalistes qu’ils se trouvaient à l’intérieur de tentes dans un camp de réfugiés. De même, le 22 février, des avions de guerre israéliens ont frappé une zone résidentielle dans le centre de Gaza, tuant quarante civils, principalement des femmes et des enfants, et en blessant plus de cent.

Pire encore, l’administration Biden a permis cette folie meurtrière en approuvant une centaine de ventes de matériel militaire à Israël depuis le début du conflit en octobre. Comme l’a déclaré un ex-officiel du gouvernement au Washington Post : « cela représente un nombre exceptionnel de ventes pour une période aussi courte, ce qui laisse fortement entendre que la campagne israélienne ne pourrait pas se poursuivre sans ce niveau de soutien de la part des États-Unis. »

En d’autres termes, l’épine dorsale de la guerre contre Gaza porte une étiquette : « Made in USA. » Au cours de la décennie qui a précédé le 7 octobre, comme l’a rapporté l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, les deux tiers des importations d’armes d’Israël provenaient des États-Unis. (De 1950 à 2020, la part des États-Unis atteignait le taux impressionnant de 83 %).

Au cours des seuls deux premiers mois de la guerre, l’administration Biden a envoyé deux cent trente avions-cargo et vingt navires remplis de matériel militaire à Israël, dont cent bombes BLU-109 (des bombes d’une tonne conçues pour percer les structures en béton avant d’exploser), cinq mille quatre cents MK84 et cinq mille MK82, mille bombes GBU-39, trois mille kits de guidage de bombes JDAM et deux cents « drones kamikazes ».

Ces bombes puissantes, rapporte Al Jazeera, « ont été utilisées dans certaines des attaques les plus meurtrières menées par Israël contre la bande de Gaza, notamment une frappe qui a rasé un immeuble d’appartements dans le camp de réfugiés de Jabalia, tuant plus de cent personnes ». Ce genre d’engins a été largement utilisé lors les guerres américaines en Irak et en Afghanistan, mais jamais dans des endroits aussi densément peuplés que les villes de la zone de Gaza. Des sources israéliennes ont tenté de justifier ce nombre élevé de victimes en insistant sur le fait qu’il était nécessaire de tuer l’un des dirigeants du Hamas. Si c’est le cas, il s’agit d’un ratio de cent pour un, ou d’une sorte de punition collective financée par nos impôts.

Pire encore, notre armée semble avoir participé directement aux opérations de Tsahal. Selon Ken Klippenstein et Matthew Petti, de The Intercept, le ministère de la défense a fourni des renseignements par satellite et des logiciels pour permettre de trouver et atteindre des cibles dans la bande de Gaza. Une « équipe de liaison de la défense aérienne », rapportent-ils, s’est même rendue en Israël en novembre dernier pour apporter son aide en matière de ciblage, ajoutant : « Pour la première fois dans l’histoire des États-Unis, l’administration Biden a effectué des missions de surveillance par drone au-dessus de Gaza. »

Et même alors, certains membres du gouvernement de Netanyahou ont estimé que ce n’était pas suffisant. Lorsque le président Biden a mis en garde contre l’envoi de forces israéliennes dans la ville de Rafah, dans le sud de Gaza, où des centaines de milliers de réfugiés étaient rassemblés, le ministre des finances d’extrême droite, Bezalel Smotrich, a exprimé sa position ainsi : « Les pressions américaines ou la crainte de blesser des civils ne doivent pas nous empêcher d’occuper Rafah et de détruire le Hamas. »

Les otages israéliens détenus par le Hamas servent de prétexte pour justifier tout ça, mais la seule façon pour les libérer serait de négocier, comme Israël l’a fait avec succès l’automne dernier, et non d’essayer d’« éradiquer le Hamas de la surface de la terre ». Dans le cadre de leur campagne, les Israéliens bombardent principalement des sites civils, en effet ils hésitent à se frayer un chemin à travers le vaste réseau fortifié de tunnels à partir duquel l’aile militaire du Hamas, les brigades Qassam, a opposé une incroyable résistance à l’invasion, en grande partie grâce à des armes qu’ils ont fabriquées eux-mêmes, et à des munitions recyclées à partir de projectiles non explosés largués lors d’attaques israéliennes antérieures.

Conditions de vie (et de mort)

Dans la deuxième de ses ordonnances, la Cour internationale de justice interdit « la soumission intentionnelle du groupe à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, et les mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe ».

Le gouvernement Netanyahu et les FDI ont aussi fait fi de cette directive. Au cours du mois qui a suivi la décision, les troupes israéliennes ont continué d’assiéger les hôpitaux de Gaza, paralysant complètement, voire détruisant, son système de santé, en particulier deux de ses installations les plus importantes : l’hôpital al-Shifa dans le nord et l’hôpital Nasser dans le sud. Avant d’être mis hors service à la mi-février, l’hôpital Nasser était l’un des derniers à fonctionner encore, sous une forme ou une autre. Sans surprise, l’Organisation mondiale de la santé a depuis lors signalé une augmentation considérable des infections respiratoires, des cas de diarrhée, de varicelle, de jaunisse, d’éruptions cutanées et de gale, entre autres horreurs.

En outre, les forces armées israéliennes ont créé des conditions invivables en entravant l’aide alimentaire entrant dans le territoire et en détruisant les bateaux des petits pêcheurs, les serres et les vergers de la région. Voilà la formule pour une famine de masse. Michael Fakhri, rapporteur spécial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, a déclaré au Guardian fin février : « La vitesse à laquelle se développe la malnutrition chez les jeunes enfants est également ahurissante. Les bombardements et les tueries directes sont certes cruels, mais la famine, l’émaciation et le retard de croissance des enfants sont des formes de tortures et d’ignominie. » À peu près dans le même temps, l’UNICEF a annoncé que 90 % des enfants de moins de cinq ans à Gaza ne consommaient que « deux groupes alimentaires ou moins quotidiennement », ce qui correspond à la définition de « grande pauvreté alimentaire ». Un pourcentage à peu près équivalent souffrait de maladies infectieuses, le plus souvent de diarrhée, ce qui ne faisait qu’exacerber la malnutrition.

Le 17 mars, le principal groupe mondial de suivi des urgences alimentaires a indiqué que la famine « est désormais annoncée et imminente » dans le nord de Gaza dans les six semaines à venir, et que « la moitié de la population de la bande de Gaza (1,11 million de personnes) devrait être confrontée à des conditions catastrophiques », la famine et la mort devant se généraliser. Il ne faut pas oublier que, selon les conventions de Genève, affamer des civils ou « attaquer, détruire, enlever ou rendre inutilisables les objets nécessaires à la survie des civils » constituent un crime de guerre. L’attaque d’un hôpital peut également constituer un crime de guerre. Dans ce contexte, voici une hypothèse de réflexion: Que feraient le président Biden et ses hauts fonctionnaires s’ils soupçonnaient un autre pays de commettre des actes dont ils savent qu’ils pourraient entraîner la mort massive de civils par famine et maladie ? Fourniraient-ils encore davantage d’armes ?

Au mépris des injonctions de la Cour internationale, et sans se laisser intimider par les légers hochements de tête de Washington, l’armée israélienne inflige également des « conditions de vie » intolérables en s’attaquant à l’approvisionnement en eau de la bande de Gaza. Les livraisons de carburant étant bloquées par les Israéliens, les habitants ne sont plus en mesure de faire fonctionner les usines de désalinisation qui produisent une grande partie de l’eau dans la bande de Gaza. En conséquence, à la fin du mois de février, l’approvisionnement en eau avait chuté à 7 % de son niveau d’avant-guerre. Désespérés, de nombreux habitants de Gaza, en particulier les enfants, ont été contraints de se tourner vers des sources d’eau polluée, ce qui les expose à des risques de maladies gastro-intestinales graves, alors que les hôpitaux en état de marche pour les soigner font défaut.

Israël viole également l’interdiction de la Cour internationale des droits humains relative aux « mesures visant à entraver les naissances », les femmes enceintes étant considérées comme particulièrement vulnérables à la privation de nourriture qui constitue désormais la règle générale de la vie à Gaza. À la clinique de Deir al Balah, en février dernier, dans le centre de Gaza, une parturiente sur cinq était suivie pour malnutrition, ce qui inquiète profondément les médecins, car toute mère souffrant de malnutrition portera un fœtus dénutri (avec de terribles perspectives pour les deux). Par ailleurs, le Fonds des Nations unies pour la population signale que le taux de fausses couches est plus élevé qu’avant la guerre, tandis que les médecins sont contraints de pratiquer des césariennes d’urgence sans anesthésie, ce qui représente un risque élevé tant pour les mères que pour les enfants.

Fumée et parachutes

La troisième injonction de la Cour internationale de justice était de « permettre la fourniture des services de base et de l’aide requis de toute urgence afin de remédier aux difficiles conditions d’existence auxquelles sont soumis les Palestiniens de la bande de Gaza ». Les dirigeants israéliens en font également abstraction, ou peut-être ont-ils simplement réinterprété le terme « permettre » pour lui donner le sens de « contrecarrer ».

En janvier, avant l’ordonnance du tribunal, Tsahal autorisait l’entrée quotidienne d’environ cent quarante camions d’aide via les points de contrôle de Gaza, au lieu des cinq cents de la période précédant la guerre. Pour que les besoins des habitants de Gaza soient pleinement satisfaits, ce flux d’aide aurait dû être fortement augmenté. Au lieu de cela, les Israéliens ont réduit le nombre de camions autorisés à entrer dans la bande de Gaza à seulement quatre vingt seize par jour en février, alimentant littéralement les craintes de famine.

Pour ne rien arranger, des groupes de civils israéliens ont bloqué les convois d’aide, certains en s’allongeant sur le sol devant les camions. En une seule journée de février, cent trente camions ont été bloqués et les FDI n’ont fait aucun effort pour dissuader les manifestants. L’Association des agences internationales de développement a signalé que, même lorsque leurs camions franchissaient les postes-frontières du sud, la plupart d’entre eux ne parvenaient pas à atteindre les parties centrales ou septentrionales de la bande, y compris la ville de Gaza, parce qu’ils étaient « entravés par les opérations militaires israéliennes, dont des bombardements incessants et des fermetures des points de contrôle ».

L’incident le plus tristement connu de refus d’aide s’est produit le 27 février, lorsqu’au moins cent dix huit Palestiniens ont été tués après que les forces israéliennes ont ouvert le feu sur une foule de gens dans la ville de Gaza alors que, attendant près d’un convoi de camions, ils essayaient d’obtenir de la nourriture. La plupart des victimes de ce « massacre de la farine » semblent avoir été tuées soit par les soldats de Tsahal tirant depuis des chars, soit dans les mouvements de foule alors que les gens tentaient désespérément d’échapper aux tirs.

L’administration Biden n’a pas réagi à ces accidents comme elle l’aurait dû, c’est-à-dire en menaçant d’interrompre le financement de la guerre et les fournitures à Israël, comme elle avait auparavant suspendu le soutien financier à l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), principal fournisseur de nourriture, d’eau et d’abris de Gaza avant la guerre. La raison : des allégations qui voudraient que certains membres palestiniens du personnel de l’UNRWA auraient, par le passé, aidé le Hamas. Aujourd’hui cependant, Reuters et le Times of Israel indiquent que plusieurs membres du personnel de l’agence libérés après leur détention par Israël ont été contraints par la force à « admettre » leur appartenance au Hamas, ils ont été battus, soumis à des simulations de noyade, les membres de leur famille ont été menacés. (L’aide américaine à l’UNWRA continue d’être suspendue ).

Au lieu de soumettre le gouvernement Netanyahu à une pression plus forte que jamais pour qu’il autorise une aide plus importante, l’administration Biden a décidé d’organiser un spectacle aérien en larguant des palettes de nourriture au dessus de la bande de Gaza à partir d’avions militaires. Les organisations humanitaires ont dénoncé ces largages comme n’étant rien de plus que des « gesticulations » dénuées de sens ou une « mise en scène théâtrale de la cruauté ». Un imposant avion cargo C-130 ne peut transporter que l’équivalent d’un ou deux camions d’aide. Et pour une dépense dépense similaire, ces largages ne peuvent livrer qu’un huitième ou un dixième de la quantité de nourriture livrée par un convoi de camions. Pire encore, les tonnes de marchandises larguées peuvent s’avérer mortelles. Lors d’un largage au-dessus d’un camp de réfugiés sur la côte nord de Gaza le 8 mars, un parachute ne s’est pas ouvert et la palette lourdement chargée a piqué sur un groupe d’adultes et d’enfants qui observaient le largage depuis un toit. Cinq d’entre eux ont été tués et dix autres blessés.

Pour Netanyahou and Co. , les ordres émis par la Cour internationale de justice ont eu autant d’impact qu’une piqûre de moustique. Et les États-Unis, qui pourraient exercer plus de pression sur Israël que n’importe quel autre pays, se sont abstenus de toute action conséquente. Le président Biden et d’autres responsables continuent d’agir comme s’ils n’étaient que des spectateurs et que le carnage à Gaza était causé par quelque catastrophe naturelle aléatoire.

Nous ne sommes pas des experts en politique, mais il nous semble que tout dirigeant national doté d’un sens aigu de la justice, de ce que sont le bien et le mal, ferait tout ce qui est nécessaire pour mettre fin à un génocide comme celui qui se déroule actuellement à Gaza. Elle ou il menacerait tout au moins de mettre fin à tout soutien militaire à Israël et ferait pression sur les autres pays fournisseurs pour qu’ils en fassent de même. Elle ou il s’efforcerait de contraindre Israël à laisser les camions d’aide poursuivre leur route et permettre ainsi aux Palestiniens de décider de leur propre sort.

Malheureusement, nous ne parlons pas là de nos dirigeants. Pour l’instant, les Palestiniens restent piégés dans un cauchemar illustré avec éclat par une photo récente montrant des palettes d’aide alimentaire parachutées au dessus de la terre de Gaza alors que des panaches de fumée provenant des frappes aériennes israéliennes s’élèvent, montant à leur rencontre, et pourtant, que ce soit cette nourriture ou ces munitions, ce sont des cadeaux des États-Unis d’Amérique.

Copyright 2024 Stan Cox et Priti Gulati Cox

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Priti Gulati Cox (@PritiGCox), collaboratrice de TomDispatch, est artiste et écrivaine. Son travail a été publié dans Countercurrents, CounterPunch, Salon, Truthout, Common Dreams, the Nation, AlterNet, etc. Pour voir ses œuvres, rendez-vous sur occupiedplanet.com.

Stan Cox, fidèle contributeur de TomDispatch, est l’auteur de The Path to a Livable Future: A New Politics to Fight Climate Change, Racism, and the Next Pandemic ; The Green New Deal and Beyond : Ending the Climate Emergency While We Still Can ; et de la série climatique In Real Time publiée par City Lights Books. Retrouvez-le sur Twitter à l’adresse @CoxStan.

Source : Priti Gulati, Stan Cox, 19-03-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises


Un drone de Tsahal abat des civils inoffensifs à Gaza

Edward Snowden a déclaré qu’il s’agissait du « type de comportement que la Cour internationale de justice a explicitement interdit dans son arrêt sur le génocide contre Israël ».

Source : Truthout, Jessica Corbett
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Al Jazeera a obtenu des images d’un drone israélien tuant quatre Palestiniens à Khan Younis, dans la bande de Gaza, courant février. AL JAZEERA / CAPTURE D’ÉCRAN

Ajoutant à la montagne de preuves qu’Israël est engagé dans une guerre génocidaire dans la bande de Gaza, Al Jazeera a diffusé jeudi des images de ce que le média a rapporté être un drone israélien ciblant quatre Palestiniens à Khan Younis le mois dernier.

Les personnes tuées par le drone dans les décombres de la ville de Gaza semblent être des adolescents ou des jeunes hommes non armés. Selon une traduction de la couverture, ils n’ont pas été identifiés dans le reportage.

Alors qu’Al Jazeera a jugé les images « trop choquantes » pour les inclure dans son blog quotidien couvrant la guerre, un extrait s’est rapidement répandu sur les médias sociaux, où les détracteurs de l’opération des forces de défense israéliennes ont exprimé leur indignation.

« OUTRAGEUX, même après des mois d’outrages », a déclaré l’analyste politique américain d’origine palestinienne Yousef Munayyer. « Cette vidéo montre un drone militaire israélien traquant littéralement quatre civils non armés ne représentant aucune menace et les éliminant l’un après l’autre !!! »

Tariq Kenney-Shawa, responsable de la politique américaine d’Al-Shabaka, a déclaré : « C’est l’une des pires images que j’ai vues. Non seulement ces garçons n’étaient manifestement pas armés et ne représentaient aucune menace d’aucune sorte, mais ils ont été frappés à de multiples reprises, même après s’être éloignés en trébuchant ou en rampant. Il est impossible qu’ils aient pu être considérés comme des combattants. C’est irréel. »

Note : La vidéo suivante contient des images choquantes.

https://truthout.org/articles/footage-shows-an-idf-drone-killing-what-appear-to-be-civilians-in-gaza/

Assal Rad, auteur d’un doctorat en histoire du Moyen-Orient, a déclaré : « Avons-nous déjà vu autant de crimes de guerre se dérouler sous nos yeux ? Tout pays qui fournit encore des armes et de l’aide à Israël est complice de ces crimes. »

Le lanceur d’alerte américain en exil Edward Snowden a affirmé : « Tout le monde doit voir ces images. Notez que ces images ne laissent pas de place au « c’était une erreur » et montrent des frappes répétées et spécifiquement ciblées sur des personnes désarmées et même blessées. »

« Le genre de comportement que la CIJ a explicitement interdit dans l’arrêt sur le génocide contre Israël », a ajouté Snowden, faisant référence à l’ordonnance préliminaire rendue en janvier par la Cour internationale de justice dans une affaire en cours menée par l’Afrique du Sud.

Depuis cet arrêt, les associations de défense des droits de l’homme du monde entier ont accusé Israël d’ignorer l’ordonnance de la CIJ en continuant à bombarder et à affamer la population de Gaza. Le nombre croissant de victimes ( au moins 31 988 morts et 74 188 blessés) a renforcé les demandes adressées au gouvernement américain pour qu’il mette fin aux transferts d’armes vers Israël.

Les États-Unis accordent à leur allié du Moyen-Orient une aide militaire annuelle de 3,8 milliards de dollars. Depuis que l’assaut israélien a été lancé en représailles à une attaque menée par le Hamas le 7 octobre, l’administration Biden a cherché à obtenir 14,3 milliards de dollars supplémentaires tout en contournant le Congrès pour envoyer plus d’armes. Le président américain Joe Biden, le secrétaire d’État Antony Blinken et le secrétaire à la défense Lloyd Austin sont poursuivis pour complicité de génocide devant un tribunal fédéral.

Alors que l’administration Biden avait posé son véto et s’était opposée à plusieurs reprises à des résolutions de cessez-le-feu, elle a finalement changé de position en soutenant le cessez-le-feu au Conseil de Sécurité. Et Blinken déclarant : « Il existe un consensus clair autour d’un certain nombre de priorités communes. Tout d’abord, la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et durable, avec la libération des otages. Cela permettrait d’accroître l’aide humanitaire, de soulager les souffrances de nombreuses personnes et de construire quelque chose de plus durable ».

Jessica Corbett est rédactrice pour Common Dreams.

Source : Truthout, Jessica Corbett, 22-03-2024

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

RGT // 11.04.2024 à 11h51

Cela permettrait d’accroître l’aide humanitaire, de soulager les souffrances de nombreuses personnes et de construire quelque chose de plus durable ».

Au royaume des faux-culs, les USA sont rois.

je préfère éviter d’argumenter sur ce conflit ignoble et sur le comportement « spécial » de certains dirigeants « bienveillants » car je pourrais m’exposer à des représailles sauvages concernant l’opinion personnelle (et surtout le mépris) que j’ai concernant l’ignominie de certains dirigeants qui devraient finir leur existence de la même manière que celle de leurs prédécesseurs lors de procès d’auteurs de faits similaires fort médiatisés.

Finalement, l’histoire se répète avec une seule différence, les victimes (souvent nommées « terroristes par leurs bourreaux) changent mais les pratiques sont toujours les mêmes.

Après le ghetto de Varsovie nous avons actuellement droit au ghetto de Gaza.

Dans quelques décennies, quel sera le nom prochain génocide qui sera orchestré par les mêmes psychopathes ?

7 réactions et commentaires

  • RGT // 11.04.2024 à 11h51

    Cela permettrait d’accroître l’aide humanitaire, de soulager les souffrances de nombreuses personnes et de construire quelque chose de plus durable ».

    Au royaume des faux-culs, les USA sont rois.

    je préfère éviter d’argumenter sur ce conflit ignoble et sur le comportement « spécial » de certains dirigeants « bienveillants » car je pourrais m’exposer à des représailles sauvages concernant l’opinion personnelle (et surtout le mépris) que j’ai concernant l’ignominie de certains dirigeants qui devraient finir leur existence de la même manière que celle de leurs prédécesseurs lors de procès d’auteurs de faits similaires fort médiatisés.

    Finalement, l’histoire se répète avec une seule différence, les victimes (souvent nommées « terroristes par leurs bourreaux) changent mais les pratiques sont toujours les mêmes.

    Après le ghetto de Varsovie nous avons actuellement droit au ghetto de Gaza.

    Dans quelques décennies, quel sera le nom prochain génocide qui sera orchestré par les mêmes psychopathes ?

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  • RV // 11.04.2024 à 12h10

    « Israël est engagé dans un effort délibéré et systématique visant à détruire les lois et normes existantes en matière de guerre. L’objectif d’Israël est de banaliser la transgression du droit humanitaire » Bruno Bertez
    https://brunobertez.com/2024/04/09/israel-est-engage-dans-un-effort-delibere-et-systematique-visant-a-detruire-les-lois-et-normes-existantes-en-matiere-de-guerre-lobjectif-disrael-est-de-banaliser-la-transgression-du-droit-hu/

      +13

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  • DVA // 11.04.2024 à 13h46

    L’aide financière des États-Unis à Israël s’élève à environ 3,8 milliards de dollars par an…Les dirigeants arabes ferment les yeux tandis que leurs populations se rallient toujours à la cause palestinienne…Le Maroc est le quatrième pays arabe à avoir rétabli des liens diplomatiques avec Israël en 2020 lorsqu’il a adhéré aux accords d’Abraham, une stratégie des États-Unis qui a vu les Émirats arabes unis (EAU), Bahreïn et le Soudan normaliser également leurs relations avec Israël en échange de diverses concessions… L’Arabie Saoudite a également pris des mesures vers une normalisation avec Israël, comme l’ouverture de son espace aérien aux avions israéliens…les ministres de l’Économie d’Israël et de la Jordanie ont signé un accord pour autoriser un plus grand nombre d’exportations de la Jordanie vers l’Autorité palestinienne, ce qui devrait augmenter la valeur des exportations de la Jordanie vers l’Autorité palestinienne de 150 millions de dollars par an à plus de 700 millions de dollars…

      +5

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  • DVA // 11.04.2024 à 13h46

    Le commerce entre l’Égypte et Israël a connu une croissance notable ces dernières années. En 2022, le commerce bilatéral était estimé à environ 300 millions de dollars. Les deux pays ont exprimé leur intention de renforcer davantage leurs liens économiques, avec l’objectif d’atteindre 700 millions de dollars de commerce bilatéral annuel d’ici 2025…Les exportations de la Turquie vers Israël ont chuté de 30%, tandis que les importations ont diminué de 43,4%…Ces données indiquent que, malgré les appels au boycott et les critiques publiques, les relations commerciales entre les deux pays restent substantielles, avec des flux de marchandises comme l’acier et le pétrole qui continuent d’alimenter les industries respectives…Au Maroc à part l’obligation pour les fidèles de se rendre à la Mosquée le vendredi…les jeunes les boycottent et prient chez eux en signe de protestation…Enfin, Israël redéfini par ses exactions les nouvelles frontières de l’horreur permises dans le futur ! Sic !

      +7

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  • Savonarole // 11.04.2024 à 16h11

    On a ici deux dirigeants qui se sont coincés tout seuls dans des scenariis où il n’y a que de mauvaises décisions possibles pour eux.
    Si Bibi continue pas ; il se met les extremistes de sa coalition de gouvernement à dos et finit à la case prison locale. Si Bibi continue ; il se met le reste du monde à dos et finit à la case prison à la Hague.
    Idem avec Biden : Si il lache ou condamne Israel , il dit adieu à une grosse partie de ses fonds de campagne et si il les lache ou condamne pas , il dit adieu à une grosse partie de son éléctorat.
    On peut pas les amnisitier de tout non plus …mais on pourrait les envoyer finir leur jours à faire des pâtés de sable aux frais du contribuable sur une ile déserte et décider à leur place de siffler la fin de la gabegie.

      +9

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  • Lt Briggs // 11.04.2024 à 18h57

    Cet écrasement de civils par une armée surarmée et suréquipée, sous les yeux du monde entier même si les journalistes sont interdits d’entrer ou sont fauchés comme des lapins, signe les horreurs futures. Quel satrape, quel caudillo va hésiter à massacrer telle ethnie, telle peuplade, qui lui résisterait ? Des expressions telles que « droit international » ou « communauté internationale » sont vidées de sens, sans parler de l’ONU elle-même. Même BHL estime que les Nations unies sont en état de «mort cérébrale». Il faut toutefois noter que pour lui, « l’ONU, lorsque les Israéliens ripostent, reprend les éléments de langage du Hamas pour fustiger une armée jugée coupable, alors même qu’elle facilite le passage des camions, en nombre grandissant, d’aide alimentaire, de créer une famine ». Oui, il a osé… C’est ici :
    https://laregledujeu.org/2024/04/08/40207/les-nations-unies-en-etat-de-mort-cerebrale/

      +15

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  • patoche // 13.04.2024 à 09h36

    @Savonarole
    Entre 500 000 et un million de communistes (et plus largement, syndicalistes, et autres militants ) furent massacrés en Indonésie à partir de 1965.
    ARTE tarde à produire un documentaire qui dénoncera ce génocide totalement occulté en occident.

    « En 1966, l’ambassadeur US à Jakarta prenait la peine de rassurer Suharto : « les Etats-Unis voient plutôt d’un bon œil et admirent ce que l’armée est en train de faire ». Il est reconnu que la CIA avait donné une liste de 5000 personnes à liquider, et que cela est devenu un modèle notamment pour le coup d’Etat militaire au Chili. »

    https://www.gaucheanticapitaliste.org/indonesie-1965-un-million-de-communistes-massacres/

      +4

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