Depuis plus d’une décennie, les Etats-Unis ont entretenu un partenariat secret de renseignement avec l’Ukraine qui est désormais essentiel pour les deux pays dans la lutte contre la Russie.
Source : The New York Times, Adam Entous, Michael Schwirtz
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
Adam Entous et Michael Schwirtz ont conduit plus de 200 entretiens en Ukraine, plusieurs autres pays européens et aux Etats-Unis pour conter cette histoire.
Niché dans une dense forêt, la base militaire ukrainienne apparaît abandonnée et détruite, son centre de commandement n’est plus qu’une coque calcinée, victime d’un barrage de missiles russes au début de la guerre. Mais cela, c’est en surface.
Non loin de là, un passage discret descend vers un bunker souterrain où des équipes de soldats ukrainiens traquent les satellites espions russes et écoutent les conversations entre commandants russes. Sur un écran, une ligne rouge suivait la route d’un drone explosif traversant les défenses aériennes russes depuis un point du centre de l’Ukraine jusqu’à une cible dans la ville russe de Rostov.
Le bunker souterrain, construit pour remplacer le centre de commandement détruit dans les mois suivants l’invasion russe, est un centre opérationnel secret des forces militaires ukrainiennes.
Il y a aussi un autre secret : la base est presque entièrement financée et en partie équipée par la CIA.
« Cent dix pour cent », a déclaré le général Serhii Dvoretskiy, un haut commandant des services de renseignement, lors d’un entretien sur la base.
Aujourd’hui, au début de la troisième année de guerre qui a coûté la vie à des centaines de milliers de personnes, le partenariat en matière de renseignement entre Washington et Kiev est un pilier de la capacité de l’Ukraine à se défendre. La CIA et d’autres agences de renseignement américaines fournissent des renseignements sur les frappes de missiles ciblées, suivent les mouvements des troupes russes et aident à soutenir les réseaux d’espionnage.
Mais le partenariat n’est pas une création datant du temps de la guerre, et l’Ukraine n’en n’est pas non plus le seul bénéficiaire.
Il a pris racine il y a dix ans, par à-coups sous la direction de trois présidents américains très différents, poussés par des personnalités clés qui ont souvent pris des risques audacieux. Cela a transformé l’Ukraine, dont les agences de renseignement ont longtemps été considérées comme profondément compromises par la Russie, en l’un des partenaires de renseignement les plus importants de Washington contre le Kremlin aujourd’hui.
Le poste d’écoute situé dans la forêt ukrainienne fait partie d’un réseau de bases d’espionnage soutenu par la CIA et construit au cours des huit dernières années, qui comprend 12 emplacements secrets le long de la frontière russe. Avant la guerre, les Ukrainiens ont fait leurs preuves auprès des Américains en collectant des interceptions qui ont contribué à prouver l’implication de la Russie dans la destruction en 2014 d’un avion de ligne commercial, le vol 17 des Malaysia Airlines. Les Ukrainiens ont également aidé les Américains à poursuivre les agents russes qui se sont mêlés à l’élection présidentielle aux États-Unis en 2016.
Aux alentours de 2016, la CIA a entamé l’entrainement d’un commando de forces d’élite ukrainienne – connu comme l’unité 2245 – qui a capturé des drones et du matériel de communication russes afin que les techniciens de la CIA puissent procéder à une ingénierie inverse et déchiffrer les systèmes de cryptage de Moscou. (L’un des officiers de l’unité était Kyrylo Budanov, aujourd’hui général à la tête du renseignement militaire ukrainien.)
Et la CIA a aussi aidé à entraîner la nouvelle génération d’espions ukrainiens qui opèrent en Russie, à travers l’Europe, à Cuba et dans d’autres endroits où les Russes sont largement présents.
Cette relation est tellement ancrée que des agents de la CIA sont restés sur un site isolé dans l’ouest de l’Ukraine lorsque l’administration Biden a évacué le personnel américain dans les semaines qui ont précédé l’invasion russe en février 2022. Pendant l’invasion, ces officiers ont transmis des renseignements essentiels, notamment sur les endroits où la Russie prévoyait des frappes et les systèmes d’armes qu’elle utiliserait.
« Sans eux, nous n’aurions eu aucun moyen de résister aux Russes, ni de les battre », a déclaré Ivan Bakanov, alors chef de l’agence de renseignement intérieure ukrainienne, le SBU.
Les détails de ce partenariat en matière de renseignement, dont beaucoup sont divulgués pour la première fois par le New York Times, sont un secret jalousement gardé depuis une décennie.
En plus de 200 entretiens, les responsables actuels et anciens de l’Ukraine, des États-Unis et de l’Europe ont décrit un partenariat qui a failli s’effondrer à cause d’une méfiance mutuelle avant de s’étendre progressivement, transformant l’Ukraine en un centre de collecte de renseignements qui a intercepté plus de communications russes que le poste de la CIA à Kiev pouvait initialement gérer. De nombreux responsables se sont exprimés sous couvert d’anonymat pour évoquer le renseignement et des questions diplomatiques sensibles.
Aujourd’hui, ces réseaux de renseignement sont plus importants que jamais, alors que la Russie est à l’offensive et que l’Ukraine est plus dépendante des sabotages et des frappes de missiles à longue portée qui nécessitent des espions loin derrière les lignes ennemies. Et ils courent de plus en plus de risques : si les Républicains du Congrès mettent fin au financement militaire de Kiev, la CIA devra sans doute réduire sa voilure.
Pour essayer de rassurer les leaders ukrainiens, William J. Burns, le directeur de la CIA, a effectué une visite en secret en Ukraine jeudi dernier, sa dixième depuis l’invasion.
Dès le départ, un adversaire commun – le président russe Vladimir V. Poutine – a contribué à rapprocher la CIA et ses partenaires ukrainiens. Obsédé par l’idée de « perdre » l’Ukraine au profit de l’Occident, Poutine s’est régulièrement immiscé dans le système politique ukrainien, sélectionnant des dirigeants qui, selon lui, maintiendraient l’Ukraine dans l’orbite de la Russie, mais à chaque fois, cela s’est retourné contre lui, et a poussé les manifestants dans les rues.
Poutine accuse depuis longtemps les agences de renseignement occidentales de manipuler Kiev et de semer un sentiment anti-russe en Ukraine.
Vers la fin de l’année 2021, selon un haut fonctionnaire européen, Poutine réfléchissait à l’opportunité de lancer son invasion à grande échelle lorsqu’il a rencontré le chef de l’un des principaux services d’espionnage russes, qui lui a dit que la CIA et le MI6 britannique contrôlaient l’Ukraine et la transformaient en tête de pont pour des opérations contre Moscou.
Mais l’enquête du Times a révélé que Poutine et ses conseillers ont mal interprété une dynamique essentielle. La CIA ne s’est pas imposée en Ukraine. Les fonctionnaires américains étaient souvent réticents à s’engager pleinement, craignant que les fonctionnaires ukrainiens ne soient pas dignes de confiance et s’inquiétant de provoquer le Kremlin.
Pourtant, un cercle restreint de responsables du renseignement ukrainien a courtisé assidûment la CIA et s’est progressivement rendu indispensable aux Américains. En 2015, le général Valeriy Kondratiuk, alors chef du renseignement militaire ukrainien, s’est rendu à une réunion avec le chef de station adjoint de la CIA et a remis sans préavis une pile de dossiers top secrets.
Cette première tranche contenait des secrets sur la flotte du Nord de la marine russe, notamment des informations détaillées sur les derniers modèles de sous-marins nucléaires russes. Très vite, des équipes d’agents de la CIA quittaient régulièrement son bureau avec des sacs remplis de documents.
« Nous avons compris qu’il fallait créer les conditions de la confiance », a déclaré le général Kondratiuk.
Alors que le partenariat se renforçait après 2016, les Ukrainiens se sont impatientés face à ce qu’ils considéraient comme une prudence excessive de la part de Washington, et ont commencé à organiser des assassinats et d’autres opérations meurtrières, en violation des conditions que la Maison Blanche pensait que les Ukrainiens avaient acceptées. Furieux, les responsables de Washington ont menacé de mettre fin à leur soutien, mais ils ne l’ont jamais fait.
« Les relations sont devenues de plus en plus fortes parce que les deux parties y voyaient une valeur, et l’ambassade américaine à Kiev – notre poste ici, l’opération en dehors de l’Ukraine – est devenue la meilleure source d’informations, de signaux et de tout le reste, sur la Russie », a déclaré un ancien haut fonctionnaire américain. « Nous ne pouvions pas nous en passer. »
Voici l’histoire inédite de ce qui s’est passé.
Un début prudent
Le partenariat de la CIA avec l’Ukraine remonte à deux appels téléphoniques passés dans la nuit du 24 février 2014, huit ans jour pour jour avant l’invasion totale de la Russie.
Des millions d’Ukrainiens venaient de renverser le gouvernement pro-Kremlin du pays et le président, Viktor Yanukovych, ainsi que ses chefs espions, s’étaient enfuis en Russie. Dans ce tumulte, un fragile gouvernement pro-occidental a rapidement pris le pouvoir.
Le nouveau chef des services d’espionnage du gouvernement, Valentyn Nalyvaichenko, est arrivé au siège de l’agence de renseignement intérieur et a trouvé une pile de documents fumants dans la cour. À l’intérieur, de nombreux ordinateurs avaient été effacés ou étaient infectés par des logiciels malveillants russes.
« C’était vide. Aucune lumière. Pas de dirigeants. Il n’y avait personne », a déclaré Nalyvaichenko lors d’un entretien.
Il se rendit dans un bureau et appella le chef de station de la CIA et le chef local du MI6. Il était près de minuit, mais il les a convoqués dans le bâtiment, leur a demandé de l’aide pour reconstruire l’agence à partir de zéro et leur a proposé un partenariat à trois. « C’est ainsi que tout a commencé », a déclaré Nalyvaichenko.
La situation est rapidement devenue plus dangereuse. Poutine s’empara de la Crimée. Ses agents ont fomenté des rébellions séparatistes qui se sont transformées en guerre dans l’est du pays. L’Ukraine était sur le pied de guerre et Nalyvaichenko a fait appel à la CIA pour obtenir de l’imagerie aérienne et d’autres renseignements afin de l’aider à défendre son territoire.
Face à l’escalade de la violence, un avion banalisé du gouvernement américain s’est posé sur un aéroport de Kiev avec à son bord John O. Brennan, alors directeur de la CIA. Il a dit à Nalyvaichenko que la CIA était intéressée par le développement d’une relation, mais seulement à un rythme qui conviendrait à l’agence, selon des responsables américains et ukrainiens.
Pour la CIA, la question inconnue était de savoir combien de temps Nalyvaichenko et le gouvernement pro-occidental resteraient en place. La CIA s’était déjà fait griller auparavant en Ukraine.
Après l’éclatement de l’Union soviétique en 1991, l’Ukraine a accédé à l’indépendance et a ensuite évolué entre des forces politiques concurrentes : celles qui voulaient rester proches de Moscou et celles qui voulaient s’aligner sur l’Occident. Lors d’un précédent mandat en tant que chef des services d’espionnage, Nalyvaichenko avait mis en place un partenariat similaire avec la CIA, qui a été dissous lorsque le pays s’est rapproché de la Russie.
Brennan a expliqué que pour obtenir l’aide de la CIA, les Ukrainiens devaient prouver qu’ils pouvaient fournir des renseignements utiles aux Américains. Ils devaient également se débarrasser des espions russes ; l’agence d’espionnage nationale, le SBU, en était truffée. (Exemple concret : les Russes ont rapidement appris la visite prétendument secrète de Brennan. Les organes de propagande du Kremlin ont publié une image photoshopée du directeur de la CIA portant une perruque de clown et du maquillage).
Brennan est retourné à Washington, où les conseillers du président Barack Obama craignaient fortement de provoquer Moscou. La Maison Blanche a élaboré des règles secrètes qui ont exaspéré les Ukrainiens et que certains au sein de la CIA considéraient comme des menottes. Ces règles interdisaient aux agences de renseignement de fournir à l’Ukraine un soutien dont on pouvait « raisonnablement s’attendre » à ce qu’il ait des conséquences mortelles.
Le résultat a été un délicat exercice d’équilibre. La CIA était censée renforcer les services de renseignement ukrainiens sans provoquer les Russes. Les lignes rouges n’ont jamais été très claires, ce qui a créé une tension persistante dans le partenariat.
À Kiev, Nalyvaichenko a choisi un collaborateur de longue date, le général Kondratiuk, pour diriger le contre-espionnage, et ils ont créé une nouvelle unité paramilitaire qui a été déployée derrière les lignes ennemies pour mener des opérations et recueillir des renseignements que la CIA ou le MI6 ne leur fourniraient pas.
Connue sous le nom de Cinquième direction, cette unité sera composée d’officiers nés après l’indépendance de l’Ukraine.
« Ils n’avaient aucun lien avec la Russie, a déclaré le général Kondratiuk. Ils ne savaient même pas ce qu’était l’Union soviétique. »
Cet été-là, le vol 17 de la Malaysia Airlines, qui reliait Amsterdam à Kuala Lumpur, a explosé en plein vol et s’est écrasé dans l’est de l’Ukraine, tuant près de 300 passagers et membres d’équipage. Dans les heures qui ont suivi l’accident, la Cinquième direction a produit des interceptions téléphoniques et d’autres renseignements qui ont rapidement permis d’attribuer la responsabilité de l’accident aux séparatistes soutenus par la Russie.
La CIA a été impressionnée et a pris son premier engagement significatif en fournissant du matériel de communication sécurisé et une formation spécialisée aux membres de la Cinquième direction et de deux autres unités d’élite.
« Les Ukrainiens voulaient du poisson et, pour des raisons politiques, nous ne pouvions pas leur fournir ce poisson », a déclaré un ancien fonctionnaire américain, faisant référence aux renseignements qui auraient pu les aider à combattre les Russes. « Mais nous étions heureux de leur apprendre à pêcher et de leur fournir du matériel de pêche à la mouche. »
Un Père Noël secret
Au cours de l’été 2015, le président ukrainien, Petro Porochenko, a bouleversé le service intérieur et installé un allié pour remplacer Nalyvaichenko, le partenaire de confiance de la CIA. Mais le changement a créé une opportunité ailleurs.
Lors du remaniement, le général Kondratiuk a été nommé à la tête de l’agence de renseignement militaire du pays, connue sous le nom de HUR, où il avait commencé sa carrière quelques années plus tôt. Il s’agit là d’un premier exemple de la manière dont les liens personnels, plus que les changements de politique, ont renforcé l’engagement de la CIA en Ukraine.
Contrairement à l’agence nationale, le HUR était habilité à collecter des renseignements à l’extérieur du pays, y compris en Russie. Mais les Américains n’avaient guère jugé utile de cultiver l’agence parce qu’elle ne produisait aucun renseignement utile sur les Russes – et parce qu’elle était considérée comme un bastion de sympathisants russes.
Tentant d’instaurer la confiance, le général Kondratiuk a organisé une réunion avec son homologue américain de la Defense Intelligence Agency (DIA) et lui a remis une pile de documents russes secrets. Mais les hauts fonctionnaires de la DIA se sont montrés méfiants et ont découragé l’établissement de liens plus étroits.
Le général devait trouver un partenaire plus volontaire.
Quelques mois plus tôt, alors qu’il travaillait encore pour l’agence nationale, le général Kondratiuk avait visité le siège de la CIA à Langley, en Virginie. Lors de ces réunions, il a rencontré un officier de la CIA au comportement jovial et à la barbe touffue, qui avait été désigné pour devenir le prochain chef de poste à Kiev.
Après une longue journée de réunions, la CIA a emmené le général Kondratiuk à un match de hockey des Washington Capitals, où lui et le nouveau chef de station se sont assis dans une loge de luxe et ont bruyamment hué Alex Ovechkin, le joueur vedette de l’équipe, originaire de Russie.
Le chef de station n’était pas encore arrivé lorsque le général Kondratiuk remit à la CIA les documents secrets sur la marine russe. « Il a promis qu’il y en aurait d’autres », et les documents ont été envoyés aux analystes de Langley.
Les analystes ont conclu que les documents étaient authentiques et, après l’arrivée du chef de station à Kiev, la CIA est devenue le principal partenaire du général Kondratiuk.
Le général Kondratiuk savait qu’il avait besoin de la CIA pour renforcer sa propre agence. La CIA a pensé que le général pourrait également aider Langley. La CIA avait du mal à recruter des espions à l’intérieur de la Russie parce que ses agents étaient placés sous haute surveillance.
« Pour un Russe, se laisser recruter par un Américain, c’est commettre la pire des trahisons, a déclaré le général Kondratiuk. Mais pour un Russe, se faire recruter par un Ukrainien, c’est juste une discussion entre amis autour d’une bière. »
Le nouveau chef de station a commencé à rendre régulièrement visite au général Kondratiuk, dont le bureau comptait un aquarium où des poissons jaunes et bleus – les couleurs nationales de l’Ukraine – nagaient autour d’une maquette d’un sous-marin russe coulé. Les deux hommes se sont rapprochés, ce qui favorisa les relations entre les deux agences, et les Ukrainiens donnèrent au nouveau chef de station un surnom affectueux : le Père Noël.
En janvier 2016, le général Kondratiuk s’est rendu à Washington pour des réunions à Scattergood, un domaine situé sur le campus de la CIA en Virginie, où l’agence reçoit souvent des dignitaires en visite. L’agence a accepté d’aider le HUR à se moderniser et à améliorer sa capacité à intercepter les communications militaires russes. En échange, le général Kondratiuk a accepté de partager tous les renseignements bruts avec les Américains.
Le partenariat est désormais réel.
Opération Poisson rouge
Aujourd’hui, la route étroite qui mène à la base secrète est bordée de champs de mines, semés comme ligne de défense dans les semaines qui ont suivi l’invasion russe. Les missiles russes, qui ont frappé la base, l’ont apparemment mise hors service, mais quelques semaines plus tard, les Ukrainiens sont revenus.
Avec l’argent et le matériel fournis par la CIA, les équipes commandées par le général Dvoretskiy commencèrent à reconstruire, mais sous terre. Pour éviter d’être repérés, ils ne travaillaient que la nuit et lorsque les satellites espions russes ne passaient pas à la verticale. Les ouvriers stationnaient également leurs voitures à une certaine distance du chantier.
Dans le bunker, le général Dvoretskiy montra des équipements de communication et de grands serveurs informatiques, dont certains financés par la CIA. Il déclara que ses équipes utilisaient la base pour pirater les réseaux de communication sécurisés de l’armée russe.
« C’est ce qui permet de pénétrer dans les satellites et de décoder les conversations secrètes », a déclaré le général Dvoretskiy à un journaliste du Times lors d’une visite, ajoutant qu’ils pirataient également les satellites espions de la Chine et de la Biélorussie.
Un autre officier a placé sur une table deux cartes récemment produites, pour montrer comment l’Ukraine suit l’activité russe dans le monde.
La première montrait les itinéraires aériens des satellites espions russes survolant le centre de l’Ukraine. La seconde révélait comment les satellites espions russes passent au-dessus d’installations militaires stratégiques – dont une installation d’armes nucléaires – dans l’est et le centre des États-Unis.
La CIA a commencé à envoyer du matériel en 2016, après la réunion cruciale de Scattergood, a déclaré le général Dvoretskiy, en fournissant des radios cryptées et des dispositifs pour intercepter les communications secrètes de l’ennemi.
Au-delà de la base, la CIA a également supervisé un programme de formation, mené dans deux villes européennes, visant à enseigner aux agents de renseignement ukrainiens comment endosser de manière convaincante de fausses identités et voler des secrets en Russie et dans d’autres pays adeptes de l’éradication des espions. Ce programme s’intitulait « Opération Poisson rouge », d’après une blague sur un poisson rouge russophone qui offre à deux Estoniens des vœux en échange de sa liberté.
La chute est que l’un des Estoniens a frappé la tête du poisson avec une pierre, expliquant que tout ce qui parlait russe n’était pas digne de confiance.
Les officiers de l’opération Goldfish ont rapidement été déployés dans 12 bases d’opérations avancées nouvellement construites le long de la frontière russe. Selon le général Kondratiuk, les officiers ukrainiens géraient à partir de chaque base des réseaux d’agents qui recueillaient des renseignements en Russie.
Les agents de la CIA ont installé des équipements dans les bases pour faciliter la collecte de renseignements et ont également identifié certains des diplômés ukrainiens les plus compétents du programme Operation Goldfish, travaillant avec eux pour approcher des sources russes potentielles. Ces diplômés ont ensuite formé des agents dormants sur le territoire ukrainien, destinés à lancer des opérations de guérilla en cas d’occupation.
Il faut souvent des années à la CIA pour acquérir suffisamment de confiance dans une agence étrangère avant de commencer à mener des opérations conjointes. Avec les Ukrainiens, il a fallu moins de six mois. Le nouveau partenariat a commencé à produire tellement de renseignements bruts sur la Russie qu’il a fallu les envoyer à Langley pour les traiter.
Mais la CIA avait des lignes rouges. Elle ne devait pas aider les Ukrainiens à mener des opérations offensives meurtrières.
« Nous avons fait une distinction entre les opérations de collecte de renseignements et les choses qui explosent », a déclaré un ancien haut fonctionnaire américain.
« C’est notre pays »
Cette distinction a déplu aux Ukrainiens.
Tout d’abord, le général Kondratiuk a été contrarié par le refus des Américains de lui fournir des images satellites de l’intérieur de la Russie. Peu après, il a demandé l’aide de la CIA pour planifier une mission clandestine visant à envoyer des commandos HUR en Russie afin de poser des engins explosifs dans des dépôts ferroviaires utilisés par l’armée russe. Si l’armée russe cherchait à s’emparer d’une partie du territoire ukrainien, les Ukrainiens pourraient faire détoner les explosifs pour ralentir l’avancée russe.
Lorsque le chef de station a informé ses supérieurs, ceux-ci sont « tombés de leur chaise », comme l’a dit un ancien fonctionnaire. Brennan, le directeur de la CIA, a appelé le général Kondratiuk pour s’assurer que la mission était annulée et que l’Ukraine respectait les lignes rouges interdisant les opérations meurtrières.
Le général Kondratiuk a annulé la mission, mais il en a tiré une autre leçon. « À l’avenir, nous nous sommes efforcés de ne pas discuter de ces questions avec vos hommes », a-t-il déclaré.
À la fin de l’été, des espions ukrainiens ont découvert que les forces russes déployaient des hélicoptères d’attaque sur un aérodrome de la péninsule de Crimée occupée par la Russie, peut-être en vue d’une attaque surprise.
Le général Kondratiuk a décidé d’envoyer une équipe en Crimée pour poser des explosifs sur l’aérodrome afin qu’ils puissent être déclenchés si la Russie passait à l’attaque.
Cette fois, il ne demande pas la permission à la CIA. Il se tourne vers l’unité 2245, le commando qui a rçu une formation militaire spécialisée du groupe paramilitaire d’élite de la CIA, connu sous le nom de « Ground Department ». L’objectif de cette formation était d’enseigner des techniques défensives, mais les officiers de la CIA ont compris qu’à leur insu, les Ukrainiens pouvaient utiliser ces mêmes techniques dans le cadre d’opérations offensives meurtrières.
À l’époque, le futur chef de l’agence de renseignement militaire ukrainienne, le général Budanov, était une étoile montante de l’unité 2245. Il était connu pour ses opérations audacieuses derrière les lignes ennemies et entretenait des liens étroits avec la CIA. L’agence l’avait formé et avait également pris l’initiative extraordinaire de l’envoyer en rééducation au Walter Reed National Military Medical Center, dans le Maryland, après qu’il eut reçu une balle dans le bras droit lors des combats dans le Donbass.
Déguisé en uniforme russe, le lieutenant-colonel Budanov a dirigé des commandos qui ont traversé un golfe étroit à bord de canots pneumatiques, débarquant de nuit en Crimée.
Mais un commando d’élite russe les attendait. Les Ukrainiens ont riposté, tuant plusieurs combattants russes, dont le fils d’un général, avant de se replier sur le rivage, de plonger dans la mer et de nager pendant des heures jusqu’au territoire contrôlé par l’Ukraine.
Ce fut un désastre. Dans un discours public, le président Poutine a accusé les Ukrainiens de préparer une attaque terroriste et a promis de venger la mort des combattants russes.
« Il ne fait aucun doute que nous ne laisserons pas passer de telles choses », a-t-il déclaré.
À Washington, la Maison Blanche d’Obama était livide. Joseph R. Biden Jr, alors vice-président et défenseur de l’aide à l’Ukraine, a appelé le président ukrainien pour se plaindre avec colère.
« Cela pose un problème gigantesque », a déclaré Biden lors de cet appel, dont l’enregistrement a fait l’objet d’une fuite et a été publié en ligne. « Je vous le dis en tant qu’ami : il m’est désormais beaucoup plus difficile de développer des arguments. »
Certains conseillers d’Obama voulaient mettre fin au programme de la CIA, mais Brennan les a persuadés que cela irait à l’encontre du but recherché, étant donné que la relation commençait à produire des renseignements sur les Russes alors que la CIA enquêtait sur l’ingérence dans les élections russes.
Brennan a téléphoné au général Kondratiuk pour insister à nouveau sur les lignes rouges.
Le général fut contrarié. Selon un collègue, il a répondu : « C’est notre pays. C’est notre guerre et nous devons nous battre. »
La réaction de Washington a coûté son poste au général Kondratiuk. Mais l’Ukraine n’a pas reculé.
Un jour après la destitution du général Kondratiuk, une mystérieuse explosion dans la ville de Donetsk, occupée par les Russes, dans l’est de l’Ukraine, a éventré un ascenseur dans lequel se trouvait un haut commandant séparatiste russe, Arsen Pavlov, connu sous son nom de guerre de Motorola.
La CIA a rapidement appris que les assassins étaient des membres de la Cinquième direction, le groupe d’espionnage qui avait été formé par la CIA. L’agence ukrainienne de renseignement intérieur avait même distribué des écussons commémoratifs aux personnes impliquées, chaque écusson étant surpiqué du mot « Lift », terme britannique désignant un ascenseur.
Là encore, certains conseillers d’Obama étaient furieux, mais c’était des canards boiteux – l’élection présidentielle opposant Donald J. Trump à Hillary Rodham Clinton était prévue dans trois semaines – et les assassinats se sont poursuivis.
Une équipe d’agents ukrainiens a installé un lance-roquettes tiré à l’épaule, sans opérateur, dans un bâtiment des territoires occupés. Il se trouvait juste en face du bureau d’un commandant rebelle nommé Mikhail Tolstykh, plus connu sous le nom de Givi. À l’aide d’un déclencheur à distance, ils ont mis à feu le lance-roquettes dès que Givi est entré dans son bureau, le tuant, selon des responsables américains et ukrainiens.
Une guerre de l’ombre s’est alors déclenchée. Les Russes ont utilisé une voiture piégée pour assassiner le chef de l’unité 2245, le commando d’élite ukrainien. Le commandant, le colonel Maksim Shapoval, s’apprêtait à rencontrer des officiers de la CIA à Kiev lorsque sa voiture a explosé.
Lors de la veillée funèbre du colonel, l’ambassadrice des États-Unis en Ukraine, Marie Yovanovitch, s’est tenue en deuil aux côtés du chef de station de la CIA. Plus tard, les officiers de la CIA et leurs homologues ukrainiens ont porté un toast au colonel Shapoval avec des shots de whisky.
« Pour nous tous, a déclaré le général Kondratiuk, ce fut un coup dur. »
Sur la pointe des pieds autour de Trump
L’élection de Trump en novembre 2016 a mis les Ukrainiens et leurs partenaires de la CIA sur les dents.
Trump a fait l’éloge de Poutine et a rejeté le rôle de la Russie dans l’ingérence électorale. Il se méfiait de l’Ukraine et a tenté plus tard de faire pression sur son président, Volodymyr Zelensky, pour qu’il enquête sur son rival démocrate, Biden, ce qui a abouti à la première destitution de Trump.
Mais quoi que Trump ait dit et fait, son administration est souvent allée dans l’autre sens. En effet, Trump avait placé des faucons anti-Russie à des postes clés, notamment Mike Pompeo en tant que directeur de la CIA. et John Bolton en tant que conseiller à la sécurité nationale. Ils se sont rendus à Kiev pour souligner leur soutien total au partenariat secret, qui s’est élargi pour inclure des programmes de formation plus spécialisés et la construction de bases secrètes supplémentaires.
La base dans la forêt s’est agrandie pour inclure un nouveau centre de commandement et des casernes. Elle est passée de 80 à 800 agents de renseignement ukrainiens. Empêcher la Russie d’interférer dans les futures élections américaines était l’une des principales priorités de la CIA à cette époque, et les agents de renseignement ukrainiens et américains ont uni leurs forces pour sonder les systèmes informatiques des agences de renseignement russes afin d’identifier les agents qui tentaient de manipuler les électeurs.
Lors d’une opération conjointe, une équipe du HUR a dupé un officier du renseignement militaire russe en lui faisant parvenir des informations qui ont permis à la CIA de relier le gouvernement russe au groupe de pirates informatiques Fancy Bear, qui avait été associé à des tentatives d’ingérence électorale dans un certain nombre de pays.
Le général Budanov, que Zelensky a choisi pour diriger le HUR en 2020, a déclaré à propos de ce partenariat : « Il n’a fait que se renforcer. Il s’est développé de manière systématique. La coopération s’est étendue à d’autres domaines et a pris de l’ampleur. »
Cette relation a été si fructueuse que la CIA a voulu la reproduire avec d’autres services de renseignement européens qui partageaient le même objectif de lutte contre la Russie.
Le chef de Russia House, le département de la CIA chargé de superviser les opérations contre la Russie, a organisé une réunion secrète à La Haye. Des représentants de la CIA, du MI6 britannique, du HUR, du service néerlandais (un allié essentiel en matière de renseignement) et d’autres agences ont convenu de commencer à mettre en commun un plus grand nombre de leurs renseignements sur la Russie.
Il en résulte une coalition secrète contre la Russie, dont les Ukrainiens sont des membres essentiels.
La marche vers la guerre
En mars 2021, l’armée russe a commencé à masser des troupes le long de la frontière avec l’Ukraine. Au fil des mois et de l’encerclement du pays, la question s’est posée de savoir si Poutine faisait une feinte ou se préparait à la guerre.
En novembre, et dans les semaines qui ont suivi, la CIA et le MI6 ont diffusé un message unifié à leurs partenaires ukrainiens : la Russie se préparait à une invasion à grande échelle pour décapiter le gouvernement et installer à Kiev une marionnette qui ferait les affaires du Kremlin.
Les services de renseignement américains et britanniques disposaient d’interceptions auxquelles les services de renseignement ukrainiens n’avaient pas accès, selon des responsables américains. Les nouveaux renseignements contenaient les noms des responsables ukrainiens que les Russes prévoyaient de tuer ou de capturer, ainsi que les noms des Ukrainiens que le Kremlin espérait installer au pouvoir.
Le président Zelensky et certains de ses principaux conseillers ne semblaient pas convaincus, même après que Burns, le directeur de la CIA, se soit précipité à Kiev en janvier 2022 pour les informer.
À l’approche de l’invasion russe, des agents de la CIA et du MI6 ont rendu une dernière visite à leurs homologues ukrainiens à Kiev. L’un des officiers du MI6 a pleuré devant les Ukrainiens, craignant que les Russes ne les tuent.
À la demande de Burns, un petit groupe d’officiers de la CIA a été exempté de l’évacuation générale des États-Unis et a été transféré dans un complexe hôtelier dans l’ouest de l’Ukraine. Ils ne voulaient pas abandonner leurs partenaires.
Pas de fin de partie
Après le lancement de l’invasion par Poutine le 24 février 2022, les agents de la CIA présents à l’hôtel constituaient l’unique présence du gouvernement américain sur le terrain. Chaque jour à l’hôtel, ils rencontraient leurs contacts ukrainiens pour leur transmettre des informations. Les anciennes restrictions avaient été annulées et la Maison Blanche de Biden a autorisé les agences d’espionnage à fournir un soutien en matière de renseignement pour des opérations létales contre les forces russes sur le sol ukrainien.
Souvent, les briefings de la CIA contenaient des détails d’une précision choquante.
Le 3 mars 2022, au huitième jour de la guerre, l’équipe de la CIA a donné un aperçu précis des plans russes pour les deux semaines à venir. Le même jour, les Russes ouvriraient un corridor humanitaire à partir de la ville assiégée de Marioupol, puis ouvriraient le feu sur les Ukrainiens l’empruntant.
Les Russes prévoyaient d’encercler la ville portuaire stratégique d’Odessa, selon la CIA, mais une tempête a retardé l’assaut et les Russes n’ont jamais pris la ville. Ensuite, le 10 mars, les Russes avaient l’intention de bombarder six villes ukrainiennes et avaient déjà entré les coordonnées des missiles de croisière pour ces frappes.
Les Russes tentaient également d’assassiner de hauts responsables ukrainiens, dont Zelensky. Dans un cas au moins, la CIA a partagé des renseignements avec l’agence intérieure ukrainienne, ce qui a permis de déjouer un complot contre le président, selon un haut fonctionnaire ukrainien.
Lorsque l’assaut russe sur Kiev s’est arrêté, le chef de station de la CIA s’est réjoui et a dit à ses homologues ukrainiens qu’ils étaient en train de « frapper les Russes au visage », selon un officier ukrainien présent dans la pièce.
En l’espace de quelques semaines, la CIA est revenue à Kiev et l’agence a envoyé de nombreux nouveaux agents pour aider les Ukrainiens. Un haut fonctionnaire américain a déclaré à propos de la présence importante de la CIA : « Est-ce qu’ils appuient sur les gâchettes ? Non. Contribuent-ils au ciblage ? Absolument. »
Certains officiers de la CIA ont été déployés dans des bases ukrainiennes. Ils examinaient les listes de cibles russes potentielles que les Ukrainiens s’apprêtaient à frapper, comparant les informations dont disposaient les Ukrainiens avec les renseignements américains afin de s’assurer de leur exactitude.
Avant l’invasion, la CIA et le MI6 avaient formé leurs homologues ukrainiens au recrutement de sources et à la mise en place de réseaux clandestins et partisans. Dans la région méridionale de Kherson, occupée par la Russie au cours des premières semaines de la guerre, ces réseaux de partisans sont entrés en action, selon le général Kondratiuk, assassinant des collaborateurs locaux et aidant les forces ukrainiennes à cibler les positions russes.
En juillet 2022, des espions ukrainiens ont vu des convois russes se préparer à franchir un pont stratégique sur la rivière Dnipro et en ont informé le MI6. Les agents des services de renseignement britanniques et américains ont alors rapidement vérifié les renseignements ukrainiens, en utilisant des images satellite en temps réel. Le MI6 a relayé la confirmation et l’armée ukrainienne a ouvert le feu avec des roquettes, détruisant les convois.
Dans le bunker souterrain, le général Dvoretskiy a indiqué qu’un système antiaérien allemand assure désormais la défense contre les attaques russes. Un système de filtration de l’air protège contre les armes chimiques et un système d’alimentation électrique spécialisé est disponible en cas de panne du réseau électrique.
La question que certains officiers de renseignement ukrainiens posent aujourd’hui à leurs homologues américains – alors que les Républicains de la Chambre des représentants réfléchissent à la possibilité de supprimer des milliards de dollars d’aide – est de savoir si la CIA va les abandonner. « Cela s’est déjà produit en Afghanistan et cela va maintenant se produire en Ukraine », a déclaré un officier supérieur ukrainien.
Se référant à la visite de Burns à Kiev la semaine dernière, un responsable de la CIA a déclaré : « Nous avons fait preuve d’un engagement clair envers l’Ukraine depuis de nombreuses années et cette visite a été un autre signal fort de la poursuite de l’engagement des États-Unis. »
La CIA et le HUR ont construit deux autres bases secrètes pour intercepter les communications russes. Combinées aux 12 bases d’opérations avancées qui, selon le général Kondratiuk, sont toujours opérationnelles, le HUR recueille et produit aujourd’hui plus de renseignements qu’à n’importe quel autre moment de la guerre, dont il partage une grande partie avec la CIA.
« Vous pouvez avoir des informations comme ça nulle part – excepté ici et maintenant » a précisé le général Dvoretskiy.
Natalia Yermak et Christian Triebert ont contribué à la rédaction de cet article.
Adam Entous est un correspondant d’investigation basé à Washington et deux fois lauréat du prix Pulitzer. Avant de rejoindre le bureau du Times à Washington, il a couvert le renseignement, la sécurité nationale et la politique étrangère pour le magazine The New Yorker, le Washington Post et le Wall Street Journal. En savoir plus sur Adam Entous.
Michael Schwirtz est reporter d’investigation avec le bureau international. Avec The Times depuis 2006, il a auparavant couvert depuis Moscou les pays qui formaient l’Union soviétique et était à la tête d’une équipe de reporters qui a gagné le Prix Pullitzer en 2020 pour des articles à propos des opérations de renseignement russes. En savoir plus sur Michael Schwitz.
Source : The New York Times, Adam Entous, Michael Schwirtz, 25-02-2024
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises
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Commentaire recommandé
Merci au site de fournir une version française de cet article.
C’est long et lardé des poncifs lourds de l’idéologie américaine dont le NYT est le Le Monde, et dans les photos choisies , un soldat russe mort dans la neige à Kharkov, mais une façade d’immeuble effondrée par une frappe russe. Détails soignées: les soldats russes meurent et pas les ukrainiens, et les vilains russes détruisent des immeubles mais pas les ukrainiens.
La question est pourquoi le gouvernement américain fait publier celà?
9 réactions et commentaires
Selon cet article si je resume, la CIA est intervenu à la marge et a toujours eu des limites l’empechant d’agir au-dela du raisonnable pour combattre la mechante Russie qui n’a pas supporté le mouvement populaire de Maidan et a donc attaqué la pauvre Ukraine soutenue du bout des doigts par les actions de la CIA illegales et interessees mais finalement totalement necessaires…
Le qualité de la propagande est clairement montée en gamme depuis la 2e guerre mondiale, maintenant on prend les gens pour des cons mais les efforts pour que cela ne se voit pas trop sont bien plus efficaces.
Avant:
https://histoire-image.org/sites/default/files/2021-11/ennemis-vichyf.jpg
Maintenant:
https://www.midilibre.fr/2022/08/24/guerre-en-ukraine-france-2-confirme-avoir-confondu-un-missile-russe-avec-une-cheminee-dans-un-reportage-10503293.php
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AlerterJusqu’où supporterons-nous tout cela ? Qvovsqve tandem abvtere Central-I.-A. patientia nostra?????????
Bonjour, déjà en 1958 les officiers de l’us navy William £ederer et Eugene Burdick ƒirent une énorme sensation avec la publication de « The ugly american » — qui n’empêcha pas l’horreur interminable au Viêt Nam. Et £ao. Et Cambodge.
Irak, Chile, Aƒghanistan, Indonesia, Congo…………… Maidan, où s’arrêtera la liste de l’enƒer ? ! ?
On sait que Woodrow Wilson s’enfonça lentement mais sûrement dans la démence. Et son actuel successeur « Démocrate » n’est pas très-différent. Mais nous avalons toutes les couleuvres avec délices et gratitude………
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AlerterMerci au site de fournir une version française de cet article.
C’est long et lardé des poncifs lourds de l’idéologie américaine dont le NYT est le Le Monde, et dans les photos choisies , un soldat russe mort dans la neige à Kharkov, mais une façade d’immeuble effondrée par une frappe russe. Détails soignées: les soldats russes meurent et pas les ukrainiens, et les vilains russes détruisent des immeubles mais pas les ukrainiens.
La question est pourquoi le gouvernement américain fait publier celà?
+27
AlerterIls préfèrent publier les conjéctures de l’agence que des faits plus tangibles.
Ils ont largués UNE info sur leur bases que les Russes avaient déjà et pour le reste ça permet de rejouer les airs de pipo habituels (Russiagate , MH17 etc…). Rajoutez y quelques conneries histoire de mettre le doute au SVR sur l’étendu de leurs opérations de Russophobie pathologique dans le monde et vous obtenez un magnifique exemple de propagande de guerre ; ce qu’on appelle aujourd’hui « un article de presse mainstream. »
« We lied , we cheated, we stole, and we loved it ! » comme dirait Pompéo…
La question d’avouer qu’ils ont violés les termes du mémorandum de Budapest, pavant de légalité la route de la réaction militaire Russe ne leur a sans doute même pas éfleuré l’esprit : les éléctions approchent et il faut une sortie honorable à « Genocide Joe » du « projet 404 », sinon ils vont tous pointer au chomdu en Janvier prochain … sortie actée depuis le sommet de Vilnius en Juillet dernier soit dit en passant.
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Alerter« Mais le partenariat n’est pas une création datant du temps de la guerre (…) Il a pris racine il y a dix ans, par à-coups sous la direction de trois présidents américains très différents »
Le soutien américain sans faille à l’Ukraine est transpartisan, c’est une réalité. Trump peut pérorer, il reste un milliardaire vulgaire sans poids face à l’appareil de sécurité nationale. Comme le rappelle l’article, ses plus proches conseillers sous son mandant étaient des russophobes patentés (Pompéo, Bolton…). Soit le système les lui a imposés, soit il ne sait pas ce qu’il veut, soit ses envolées sont destinées aux gogos. Ces hypothèses ne sont d’ailleurs pas incompatibles. Sa possible victoire à la présidentielle de novembre prochain n’aura que peu de conséquences sur la politique à l’égard de l’Ukraine, à moins qu’il ne réussisse dans le même temps à faire élire des élus républicains qui soient plus fidèles à sa personne qu’à l’appareil de sécurité nationale.
« En 2015, le général Valeriy Kondratiuk, alors chef du renseignement militaire ukrainien, s’est rendu à une réunion avec le chef de station adjoint de la CIA et a remis une pile de dossiers top secrets contenant des secrets sur la flotte du Nord de la marine russe, des informations détaillées sur les derniers modèles de sous-marins nucléaires russes »
C’est une attitude suicidaire de la part des militaires ukrainiens, qui ont signé la partition de leur pays. C’est dommage, après seulement quelques années d’indépendance. On ne saura jamais ce qu’aurait donné une politique étrangère prudente et équilibrée, mais une guerre aurait été moins probable. Le danger d’encerclement ressenti par les Russes aurait été moindre, les relations américano-russes moins dégradées, et le risque de condamnation internationale en cas d’invasion plus élevé.
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AlerterMerci de publier ce document…il m’a bien fait rire! Mais désolé, je l’ai lu de travers, tant je ne voulais pas mourir de rire, je suis cardiaque…Si le nom de Madame « Fuck the UE » est cité dans ce truc là, ou le montant de « l’aide étatsunienne » consacrée à l’Ukraine avant le Maïdan, merci de me dire, et je reprendrai la lecture de façon plus attentive…mais encore une fois : Merci de nous informer du niveau de la propagande nécessaire à l’empire alors que la Russie a déjà gagné la guerre! Bientôt un « Courage, fuyons! », comme semblent le dire les pauvres soldats ukrainiens qui se rendent au frère ennemi, réquisitionnés de force pour mourir, pas pour Dantzig, mais pour satisfaire les analyses de Brezinski, avec son « Le grand échiquier ».
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AlerterUn roman de guerre qui est très vite sans grand intérêt : on a l’impression que le scénariste n’est pas à la hauteur de la commande.
Qui ?chez ceux qui recherchent les information va croire à une attaque russe sur le vol malaisien au dessus de l’Ukraine? le dossier et l’enquête de Christelle Néant est d’un autre niveau et d’une autre rigueur que toutes ces petites combines tissées dès le départ de l’article pour la gloire de la CIA;
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AlerterBon bah il n’y a rien de spécial : les services secrets américains soutiennent les services secrets ukrainiens, et vice-versa, plus depuis le début de l’offensive russe qu’avant, avec du scepticisme et des critiques quelquefois des deux côtés.
Il n’y a rien d’étonnant à mon avis, même s’il est évidemment essentiel que la société civile puisse être informée.
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Alerter« Depuis plus d’une décennie, les Etats-Unis ont entretenu un partenariat secret de renseignement avec l’Ukraine qui est désormais essentiel pour les deux pays dans la lutte contre la Russie. » Est-ce de l’ignorance, de l’incompétence, de la désinformation ? une décennie ? les journalopes aux ordres du NYT prennent vraiment leur lecteurs pour des imbéciles.
« INGÉRENCE AMÉRICAINE EN UKRAINE »
« Des documents de la CIA récemment déclassifiés montrent des liens étroits entre les services de renseignement américains et les nationalistes ukrainiens depuis 1946 » :
1: https://sonar21.com/american-meddling-in-ukraine/
2: https://sonar21.com/john-durham-ignores-role-of-u-s-u-k-australian-and-israeli-intelligence-operatives-in-setting-the-stage-for-crossfire-hurricane/
La CIA et les Nazis:
https://sonar21.com/western-hatred-of-russia-rooted-in-support-for-nazis-and-bureaucratic-sclerosis/
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