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7.octobre.20217.10.2021 // Les Crises

Bélarus : Comment des espions ukrainiens ont tenté de piéger des présumés criminels de guerre russes

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Les forces de sécurité ont brisé le calme matinal d’une station balnéaire située au bord d’un lac de la banlieue de la capitale Minsk et datant de l’ère soviétique, en faisant irruption pour arrêter 32 mercenaires russes.

Source : CNN, Matthew Chance, Zahra Ullah
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

C’était moins de deux semaines avant l’élection présidentielle de 2020 au Bélarus, et les autorités soupçonnaient ces étrangers d’avoir été envoyés par la Russie pour interférer dans l’élection.

Les hommes participaient effectivement à une mission. Mais la cible n’était pas le Bélarus, et ils n’étaient pas sous les ordres d’une quelconque entité russe.

Ils ont été piégés. Les 32 hommes, ainsi qu’un autre homme détenu dans le sud du Bélarus, étaient la cible d’un complexe coup de filet élaboré par les services de renseignement ukrainiens, au su et avec le soutien présumé des États-Unis.

Une vidéo publiée par le KGB biélorusse, la télévision d’État et la radio biélorusse montre des hommes russes en train d’être arrêtés.

Trois anciens hauts responsables des services de renseignements militaires ukrainiens ont décrit en exclusivité à CNN comment ils ont orchestré cette opération extraordinaire visant à attirer hors de Russie des criminels de guerre présumés afin qu’ils soient poursuivis pour les atrocités commises dans l’est de l’Ukraine, où les séparatistes soutenus par Moscou se battent depuis des années.

Tout d’abord, les agents ukrainiens se sont fait passer pour une société militaire privée russe, proposant des emplois dans le domaine de la sécurité qui étaient mieux rémunérés que les tarifs en vigueur, offrant un contrat lucratif de 5 000 dollars par mois pour protéger les installations pétrolières vénézuéliennes, ont déclaré à CNN des hommes qui ont parlé sous couvert d’anonymat car ils ne sont pas autorisés à parler de cette opération sensible.

Des centaines de Russes postulant à ces contrats ont mordu à cet appât, ont déclaré les sources, donnant aux renseignements ukrainiens une occasion sans précédent de commencer à identifier et à embobiner ceux qui étaient soupçonnées de crimes de guerre.

« Nous avons commencé à les appeler en leur disant : « Hé, mec, OK, raconte moi quelque chose sur toi. Peut-être que tu n’es pas vraiment un soldat, peut-être que tu es plombier ou quelque chose du genre », a déclaré l’un des anciens officiers du renseignement militaire à CNN au sujet des appels de contrôle aux candidats.

La source a ajouté : « Alors ils ont commencé à révéler des choses sur eux-mêmes, en nous envoyant des documents, des documents d’identité militaires et des preuves des endroits où ils avaient combattu. Et nous nous sommes dit : « bingo, nous pouvons utiliser ça » ».

En d’autres termes, selon les agents de renseignement, les cibles elles-mêmes ont commencé à envoyer des preuves de qui elles étaient, de leur expérience militaire et même des batailles et incidents particuliers dans lesquels elles avaient été impliquées, y compris des pièces d’identité, et des photos et vidéos potentiellement compromettantes de leurs exploits dans l’est de l’Ukraine et ailleurs.

En d’autres termes, selon les agents de renseignement, les cibles elles-mêmes ont commencé à envoyer des preuves de qui elles étaient, de leur expérience militaire et même des batailles et incidents spécifiques dans lesquels elles avaient été impliquées, y compris des pièces d’identité, et des photos et vidéos potentiellement compromettantes de leurs exploits dans l’est de l’Ukraine et ailleurs.

Débris d’un avion de l’armée ukrainienne abattu gisant près de Louhansk, en Ukraine, en juin 2014. Les autorités ukrainiennes ont déclaré qu’il avait été abattu par des séparatistes pro-russes, causant la mort des 49 militaires à bord.

Une vidéo, transmise à CNN par des anciens membres du service du renseignement militaire, montre un groupe de combattants rebelles dans l’est de l’Ukraine brandissant des débris d’un avion militaire qui, selon les sources, vient d’être abattu, un crime qualifié de terroriste en Ukraine.

D’autres candidats se sont eux-mêmes liés à l’attaque contre le MH17, le vol de la Malaysian Airlines reliant Amsterdam à Kuala Lumpur qui a été abattu en juillet 2014 au-dessus du territoire ukrainien contrôlé par les séparatistes pro-russes. Les 298 personnes à bord de l’avion sont décédées. Une équipe de procureurs internationaux conduite par les Pays-Bas a déclaré que l’avion avait été abattu par un missile apporté de Russie et tiré depuis un village contrôlé par les séparatistes. La Russie a nié toute implication.

L’épave reconstituée du MH17 est visible derrière le président du tribunal Hendrik Steenhuis, un des membres de l’équipe de juges, et des avocats qui évaluaient les preuves concernant la tragédie.

Un second ancien membre du service du renseignement militaire a déclaré à CNN : «Il y en avait deux qui étaient présents lorsque le missile qui a abattu le MH17 a été lancé. Quatre autres étaient membres d’un groupe responsable de l’abattage de notre avion militaire et de la mort d’au moins 70 de nos meilleurs hommes. »

« Identifier et punir ces personnes était d’un grand intérêt pour nous », a-t-il ajouté.

Il semble que les services de renseignement américains s’y intéressaient également, bien que les autorités américaines nient avoir joué un rôle direct. Selon les responsables des services de renseignement ukrainiens, l’opération menée par les Ukrainiens a reçu de l’argent américain, une assistance technique et des conseils de la CIA sur la manière d’attirer les mercenaires russes.

Un haut fonctionnaire américain a déclaré à CNN que ces affirmations étaient « fausses ».

Il a indiqué que les services de renseignement américains avaient connaissance de l’opération mais a nié toute implication. Le fonctionnaire, qui a requis l’anonymat car il n’était pas autorisé à s’exprimer publiquement, a suggéré que les efforts visant à impliquer les agences américaines pourraient être une tentative de partager, voire de faire faire endosser la responsabilité de ce qui était une opération ukrainienne à haut risque et qui a mal tourné.

CNN a passé des semaines en Ukraine, à vérifier et examiner les comptes rendus de l’opération et à parler aux hommes qui étaient impliqués.

Se faire passer pour une société militaire privée était logique : les entreprises militaires proches du Kremlin sont devenues un aspect bien connu de la vie des vétérans russes.

CNN a déjà suivi la trace de mercenaires russes opérant en Libye, en République centrafricaine, en Syrie et au Mozambique, entre autres pays. Les mercenaires travaillent souvent pour Wagner, une importante société militaire privée qui serait liée à Evgueni Progojine, un allié du président russe Vladimir Poutine, bien que Progojine nie ces liens. Les autorités biélorusses ont annoncé les arrestations dans la station balnéaire de Minsk en précisant que les hommes arrêtés travaillaient pour Wagner.

Le stratagème de recrutement sur leur site Internet n’ayant pas été détecté, les agents des services de renseignement ukrainiens ont simplement choisi les hommes ayant les liens les plus étroits et les plus litigieux avec l’Ukraine, et leur ont proposé des faux contrats pour le Venezuela, ont indiqué les sources.

Ils ont précisé avoir choisi 28 Russes soupçonnés d’être liés à des actes illégaux en Ukraine, et cinq autres sans lien avec l’Ukraine, de façon à dissiper tout soupçon.

Les Russes ont été avisés qu’ils seraient envoyés en Turquie pour prendre une correspondance vers Caracas. Le véritable plan était de les amener en Ukraine où ils pourraient être arrêtés, ont déclaré les sources à CNN.

Le Bélarus était le théâtre de manifestations et d’affrontements tendus à l’approche de l’élection présidentielle, lorsque les Russes sont arrivés à Minsk.

La pandémie de coronavirus a mis un grain de sable inattendu dans le plan lorsque la Russie a fermé ses frontières pour arrêter la propagation du Covid-19.

Moscou a cependant continué à autoriser les voyages vers son voisin et allié, le Bélarus. Selon les sources ukrainiennes, les recrues piégées ont été transportées par voie terrestre jusqu’à Minsk en bus, d’où elles pensaient partir bientôt pour le Venezuela.

[Carte indiquant Minsk, Kiev et Moscou]

Mais une fois à Minsk, il y a eu un retard. Les recrues ont été informées qu’elles ne pourraient pas partir avant quelques jours et ont été transférées au sanatorium Belorussotchka, une discrète station thermale de l’ère soviétique située au bord d’un lac de retenue, à 15 minutes de la capitale, où, selon les sources, on espérait qu’elles ne seraient pas détectées.

Les mercenaires russes se sont rendus dans la station balnéaire de Belorussotchka pour y patienter pendant un retard, ont indiqué les sources à CNN.

Un membre du personnel s’est souvenu que la présence de mercenaires costauds dans un spa qui promet « confort et convivialité » en l’absence « d’agitation urbaine et de soucis quotidiens » semblait incongrue, voire suspecte.

« Oui, je me souviens, je les ai rencontrés », a déclaré un agent de sécurité à CNN le mois dernier. « Ils ont passé quelques jours ici. Ils n’ont rien fait pour nous déranger », a-t-il dit, ajoutant que les arrestations ont été une surprise. « Les gens viennent ici parce qu’il y a un beau lac de retenue de l’autre côté du sanatorium », a-t-il poursuivi.

La station balnéaire de Belorussotchka, située au bord de l’eau, n’est qu’à une courte distance en voiture du centre de Minsk.

Le retard a été suffisant long pour que les services de sécurité biélorusses agissent, quelques heures seulement avant l’heure où le groupe devait s’envoler, selon les sources de CNN.

À ce stade, certains ont soupçonné une implication russe. Dans des images spectaculaires, diffusées sur la télévision d’État biélorusse, les hommes arrêtés ont défilé à l’écran, et leurs documents d’identité ont été montrés comme preuve de leur expérience militaire russe.

« Nous avons reçu des informations confirmées selon lesquelles ces Russes avaient une véritable expérience du combat et avaient effectivement pris part à des conflits armés », a révélé à la télévision d’État un commandant de la police biélorusse anonyme et fortement déguisé.

Les autorités biélorusses ont d’abord cru que l’arrestation des Russes les empêchait d’interférer dans les élections présidentielles du pays.

Un ancien conseiller présidentiel biélorusse a déclaré à CNN, sous couvert d’anonymat, que les autorités biélorusses ont d’abord cru que le groupe avait été envoyé au Bélarus par les Russes pour déstabiliser le pays en vue des prochaines élections.

Il a déclaré à CNN que Minsk était déconcertée face à ce qui semblait être une agression de la part de leurs alliés russes.

Le Kremlin a lui aussi semblé pris au dépourvu, son porte-parole ayant déclaré aux médias russes qu’ils « ne disposaient pas d’informations complètes » sur l’incident. Le Kremlin a ensuite démenti avoir envoyé ces hommes pour s’ingérer dans les affaires intérieures du Bélarus.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky s’est lui aussi impliqué dans cette affaire, demandant l’extradition des hommes vers l’Ukraine, lors d’une conversation téléphonique avec le président biélorusse Alexandre Loukachenko, quelques jours seulement après les arrestations.

Le président biélorusse Alexandre Loukachenko, au centre, assiste à une réunion de sécurité urgente après l’arrestation des mercenaires.

« J’espère que tous ceux qui sont suspectés d’activités terroristes sur le territoire de l’Ukraine nous seront transférés pour être poursuivis, conformément aux documents juridiques internationaux en vigueur », a déclaré M. Zelensky, selon un compte rendu de l’appel.

Quelques jours plus tard, Loukachenko a rejeté cette demande. Il s’est entretenu avec M. Poutine et les deux dirigeants ont « exprimé leur conviction que la solution serait résolue », selon un communiqué du Kremlin.
Une semaine après cet appel, la Russie a annoncé le retour des 32 Russes arrêtés au sanatorium. Le 33è homme, qui avait la double nationalité biélorusse et russe, est resté en Biélorussie.

Le président ukrainien Zelensky a publiquement nié l’existence d’une opération ukrainienne, déclarant à la télévision ukrainienne, en juin 2021, que son pays avait été « entraîné dans » cette affaire.

« Je comprends que l’idée de cette opération était l’idée de, disons, d’autres pays, certainement pas de l’Ukraine », a-t-il déclaré.

Les autorités ukrainiennes n’ont pas répondu à la demande de commentaires de CNN pour cette actualité.

Des responsables ukrainiens ont déclaré à CNN que les arrestations ont mis un terme prématuré à l’opération.

Mais selon les sources ukrainiennes de CNN, l’échec fut un coup dur pour les services de renseignement ukrainiens qui auraient travaillé à la capture des suspects russes pendant près de 18 mois.

« Si ces personnes avaient été amenées ici en Ukraine, les détails de leurs actes criminels auraient été connus dans le monde entier », a déclaré l’une des sources à CNN.

« L’Ukraine aurait pu les traduire en justice et montrer que notre combat contre la Russie est sérieux et que nous ne lèverons pas les mains en signe de capitulation », a ajouté la source.

Source : CNN, Matthew Chance, Zahra Ullah, 08-09-2021

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10 réactions et commentaires

  • Dominique65 // 07.10.2021 à 10h18

    Nous sommes donc priés de croire que l’Ukraine dispose de confessions volontaires et même de vidéos prouvant que le RPD, aidé de militaires russes a bien détruit le vol MH17. Qu’est-ce qu’attendent les autorités pour les dévoiler au monde ?
    Je soupçonne qu’on ne verra jamais ces preuves.

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    • LibEgaFra // 07.10.2021 à 10h46

      Le MH17 a été abattu par les Ukrainiens alors que sur le terrain l’armée ukrainienne étaient en mauvaise posture dans deux « chaudrons ». Ce crime devait permettre à des troupes néerlandaise et australienne d’intervenir sur le terrain. Mais pas de chance, l’avion avait dévié de sa route et est tombé au mauvais endroit, c’est-à-dire en territoire contrôlé par les Nouveaux Russes.

      Lire John Helmer, The lie that shot down MH17.

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  • LibEgaFra // 07.10.2021 à 11h19

    Dans le précédent article sur la Biélorussie, OB avait écrit:

    « Vous avez probablement suivi la grave affaire « Roman Protassevitch » : la Biélorussie a contraint un avion commercial à atterrir pour des raisons fumeuses alors que celui-ci survolait son territoire. »

    https://www.les-crises.fr/l-activiste-bielorusse-roman-protassevitch-aurait-bien-accompagne-la-milice-neonazie-azov-en-ukraine-en-2014/

    Pas fumeuse du tout. A condition de comprendre le rôle de Protonmail.

    https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/detournement-d-un-vol-ryanair-et-233319

    Je m’étonne que les-crises reprennent un article de CNN alors que Christelle Néant nous fournit un article bien plus détaillé sur cette opération conjointe du sbu et de la cia.

    https://www.agoravox.fr/actualites/international/article/bielorussie-des-agents-de-la-cia-227039

    Et tant qu’à parler de l’Ukraine et de la corruption qui y sévit:

    https://www.humanite.fr/ukraine-volodymyr-zelensky-piege-par-les-pandora-papers-723110

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  • eTo // 07.10.2021 à 13h40

    « ceux qui étaient soupçonnées de crimes de guerre. »
    Faut mieux se relire

    Et les traductions en mode version d’anglais 1re année de licence, bof, c’est vraiment indigeste à lire.

      +1

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    • gracques // 11.10.2021 à 07h13

      Y a mieux ailleurs…… mais c’est plus cher !

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  • RGT // 07.10.2021 à 15h19

    Une fois de plus, une « intervention géniale » ukrainienne s’est terminée en eau de boudin et les autorités ukrainiennes se sont encore retrouvées le doigt dans le pot de confiture.

    Plus branquignol tu meurs. À se demander s’ils ne le font pas exprès pour que l’on éprouve de la compassion pour ces innocents (au mains pleines).

    Certes, les mercenaires russes qui ont été recrutés étaient loin d’être des enfants de cœur j’en conviens mais avant d’aller traquer une poignée d’immondes russes les ukrainiens feraient mieux de commencer à nettoyer devant leur propre porte en traduisant devant la justice les milliers de « gentils combattants » des milices néo-nazies (Azov et tête – financée entre autres par Kolomoïsky, le « parrain mécène » de Zelensky) qui ont commis une quantité largement supérieure de crimes de guerre, particulièrement concernant des civils.
    Mais ça ferait un peu tâche si les ukrainiens souhaitent continuer à jouer les victimes sauvagement agressées par l’ogre russe.

    Si les russes souhaitaient réellement envahir l’Ukraine, en moins d’une journée ce serait terminé et j’ai comme l’impression que la population (hormis les bandéristes) verrait cette « agression » d’un très bon œil car elle signifierait enfin le grand ménage et sans doute une amélioration des conditions de vie de la population qui plonge chaque jour encore plus dans la misère.

    Le niveau de revenus de la population (hors oligarques et leurs fidèles serviteurs) se situe actuellement largement au dessous de la Chine et atteindra bientôt le Burkinafaso…

      +12

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    • Micmac // 07.10.2021 à 17h10

      Le gouvernement ukrainien est contraint par ses propres décisions de se plaindre d’une invasion russe. Sans quoi, il serait obligé de reconnaitre qu’il réprime une révolte populaire. Bref, de reconnaitre qu’il « tire sur son propre peuple », comme on ne se gène pas de le reprocher à d’autres.

      Dés l’origine de la révolte, l’armée a été envoyée en usant de ce prétexte, et depuis le gouvernement ukrainien raconte des histoires à dormir debout… En novlangue néocon, on appelle ça une « narrative ».

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      • Logique // 08.10.2021 à 01h34

        « Bref, de reconnaitre qu’il « tire sur son propre peuple », comme on ne se gène pas de le reprocher à d’autres. »

        En fait il déclare tirer sur des « terroristes » (mot à la mode). Donc y compris les bébés qui sont parmi les victimes des bombardements qui ne cessent pas.

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