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28.juin.202328.6.2023 // Les Crises

Comment s’opposer à l’État de guerre américain ? Entretien avec Norman Solomon

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Notre propre silence représente à bien des égards la plus puissante des propagandes, affirme Norman Solomon.

Source : Truthout, David Barsamian & Norman Solomon, TomDispatch
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Un F/A-18F Super Hornet de la Marine se prépare à apponter sur l’USS Nimitz en mer de Chine méridionale, le 18 avril 2023, au cours d’opérations de routine.
NAVY PETTY OFFICER 2ND CLASS JUSTIN MCTAGGART / DOD

Ce qui suit est extrait et adapté de la récente interview de David Barsamian avec Norman Solomon sur AlternativeRadio.org.

David Barsamian : Le juge américain Robert Jackson était le procureur en chef des procès de Nuremberg. Il a fait une déclaration d’ouverture au Tribunal le 21 novembre 1945, car on craignait à l’époque qu’il ne s’agisse d’un exemple de justice des vainqueurs. Il a déclaré ce qui suit : « Si certains actes de violation des traités sont des crimes, ils sont des crimes que les États-Unis les commettent ou que l’Allemagne les commette, et nous ne sommes pas prêts à établir la règle d’une conduite criminelle contre d’autres que nous ne serions pas prêts à voir invoquée contre nous. »

Norman Solomon : Cela montre bien qu’à moins de disposer d’une norme unique en matière de droits humains, d’une norme unique en matière de conduite internationale et de guerre, nous nous retrouvons dans un exercice orwellien auquel les dirigeants gouvernementaux sont toujours très habiles, mais qui reste intellectuellement, moralement et spirituellement corrompu. Nous voici, si longtemps après les procès de Nuremberg, et le crime suprême d’agression, le déclenchement d’une guerre, est non seulement répandu mais a été aseptisé, voire glorifié. Nous avons vécu cette expérience au cours d’une décennie après l’autre, au cours de laquelle les États-Unis ont attaqué un pays en violation du droit international, commettant (selon le tribunal de Nuremberg) « le crime international suprême », et pourtant, non seulement il n’y a pas eu de remords, mais de tels actes ont continué à être glorifiés.

La toute première citation de mon livre War Made Invisible [La guerre rendue invisible, NdT] est celle d’Aldous Huxley qui, dix ans avant les procès de Nuremberg, a déclaré : « Le but du propagandiste est de faire oublier à un groupe de personnes que certains autres groupes de personnes sont humains. » Nous sommes en 2023 et c’est toujours un défi d’analyser, d’éclairer et de repousser cet objectif essentiel des propagandistes dans le monde entier et en particulier dans notre propre pays où, dans une démocratie ostensible, nous devrions avoir la plus grande capacité à changer la politique.

À l’heure actuelle, nous nous trouvons dans une situation où, malheureusement, sur une grande partie du spectre politique, y compris une partie de la gauche, les gens pensent qu’il faut choisir entre s’aligner sur la politique étrangère des États-Unis et ses actes d’agression ou sur la politique étrangère de la Russie et ses actes d’agression. Personnellement, je pense qu’il est à la fois approprié et nécessaire de condamner la guerre contre l’Ukraine, et l’hypocrisie de Washington ne permet en aucun cas à la Russie de s’en tirer à bon compte. De même, l’agression de la Russie ne devrait pas permettre aux États-Unis de se dédouaner de l’énorme carnage que nous avons créé au cours de ce siècle. Si l’on fait le compte, au cours des vingt-cinq dernières années, le pays de loin le plus responsable du massacre d’un plus grand nombre de personnes sur un plus grand nombre de territoires par le biais de guerres d’agression est… oui, les États-Unis d’Amérique.

Que pensez-vous de la couverture de la guerre par Public Broadcasting Service (PBR) et National Public Radio (NPR) ? Vous savez, ces médias raréfiés et polis où les gens parlent en phrases complètes sans crier gare. Mais ont-ils présenté des voix dissidentes qui remettent en question les hypothèses hégémoniques que vous venez de citer en ce qui concerne les politiques de guerre américaines ?

Le style y est différent, bien sûr, mais considérez qu’il s’agit simplement d’une forme longue du même cadre de propagande. Ainsi, vous pouvez écouter un segment de 10 minutes sur All Things Considered ou un débat d’experts sur PBS NewsHour et le style, la civilité, la longueur des phrases, comme vous le dites, peuvent être rafraîchissants à l’oreille, mais ils normalisent également les mêmes attitudes, les mêmes hypothèses de statu quo sur la politique étrangère américaine. Je ne dirai pas jamais, mais d’après mon expérience, il est extrêmement rare qu’un journaliste de NPR ou de PBS remette en question les prérogatives sous-jacentes du gouvernement américain d’attaquer d’autres pays, même si c’est dit dans une ambiance plus érudite.

NPR et PBS refusent de remettre en question, mais sont tout à fait disposés à propager et à perpétuer l’hypothèse selon laquelle, oui, les États-Unis peuvent commettre des erreurs, voire des bavures – un terme populaire pour désigner l’invasion américaine de l’Irak, qui a entraîné la mort de centaines de milliers de personnes. Pourtant, le message sous-jacent est invariablement le suivant : oui, nous pouvons (et devons) parfois débattre du moment, de l’opportunité et de la manière d’attaquer certains pays avec la puissance de feu du Pentagone, mais ces décisions doivent être prises et les États-Unis ont le droit de le faire si c’est le meilleur jugement des personnes avisées dans les hautes sphères de la politique à Washington.

Jeff Cohen, fondateur de Fairness and Accuracy in Reporting (FAIR), a parlé de la liste des invités dans des émissions de PBS et de NPR. Il existe un agenda doré de ce qu’il appelle les « formateurs » – anciens sous-secrétaires d’État, anciens lieutenants-colonels, généraux à la retraite, etc. Mais qu’en est-il des voix dissidentes comme Medea Benjamin, vous-même, ou Noam Chomsky ?

Au fil des ans, FAIR a réalisé un certain nombre d’études, allant des réseaux commerciaux à NPR et au PBS NewsHour, et a constaté que, en particulier lorsque des questions de guerre et de paix sont abordées, il est extrêmement rare de voir des opposants à l’action militaire américaine à l’antenne, parfois moins d’un pour cent des personnes interrogées. Cela est considéré comme du « journalisme objectif » et va de pair avec un précepte plus profond, généralement tacite mais certainement en vigueur dans le monde réel : si un journaliste américain est en faveur de nos guerres, c’est de l’objectivité, mais s’il s’y oppose, c’est de la partialité.

On me pose parfois la question : Pourquoi les journalistes restent-ils si souvent dans le rang ? Ils ne risquent pas, comme dans d’autres pays, d’être jetés en prison. Alors, pourquoi se sentent-ils obligés d’être aussi conformistes ? Une grande partie de l’explication est liée aux hypothèques et à d’autres facteurs similaires : je veux payer les études de mes enfants, j’ai besoin d’une sécurité financière, etc.

À mon avis, il est extrêmement ironique que nous ayons tant d’exemples de journalistes très courageux des médias américains qui se rendent dans des zones de guerre, sont parfois blessés, voire perdent la vie, et que ceux qui rentrent chez eux, dans les salles de rédaction, s’avèrent avoir peur de leur patron. Ils ne veulent pas perdre leurs chroniques syndiquées, leur accès à la première page. Cette dynamique dangereuse régente le journalisme que nous obtenons.

Et gardez à l’esprit que, vivant aux États-Unis, nous n’avons, à quelques rares exceptions près, aucune expérience directe des guerres dans lesquelles ce pays s’est engagé et continue de s’engager. Nous dépendons donc des médias d’information, une dépendance très dangereuse dans une démocratie où le précepte est que nous avons besoin du consentement éclairé des gouvernés, alors que ce que nous obtenons, c’est leur pseudo-consentement non éclairé. Il s’agit là d’une formule pour l’état de guerre que nous connaissons.

Lors du dîner des correspondants de la Maison Blanche, le président Biden a déclaré : « Le journalisme n’est pas un crime. La presse libre est un pilier, peut-être même le pilier d’une société libre. » De belles paroles de la part de la Maison Blanche.

Le président Biden, comme ses prédécesseurs dans le bureau ovale, adore parler des vertus de la presse libre et dire que le journalisme est un merveilleux élément de notre société – jusqu’à ce que les journalistes fassent quelque chose que lui et le gouvernement qu’il dirige n’aiment vraiment pas. Julian Assange en est un excellent exemple. C’est un journaliste, un éditeur, un rédacteur en chef, et il est incarcéré en Grande-Bretagne où on fait tout pour l’extrader aux États-Unis. J’ai assisté au procès long de deux semaines du dénonciateur de la CIA Jeffrey Sterling dans le district fédéral du nord de la Virginie et je peux vous dire que c’était un tribunal bidon. C’est exactement le genre de tribunal pour lequel Julian Assange a gagné un billet d’entrée si son extradition se poursuit.

Et quel est son soi-disant crime ? C’est du journalisme. WikiLeaks a fait du journalisme. Il a révélé les crimes de guerre commis par les États-Unis en Irak au moyen de documents qu’il a publiés, de la vidéo désormais célèbre appelée « Collateral Murder » (meurtre collatéral), qui montre l’assassinat gratuit d’un certain nombre de personnes au sol en Irak par un hélicoptère de l’armée américaine. Cette vidéo a fourni un ensemble de preuves que les États-Unis s’étaient systématiquement livrés à des crimes de guerre dans le cadre de la soi-disant guerre contre la terreur. La position du gouvernement américain reste donc naturellement la suivante : cet homme, Assange, est dangereux. Il doit être emprisonné.

L’attitude des grands médias, du Congrès et de la Maison Blanche a toujours été et continue d’être que la position des États-Unis dans le monde peut être : faites ce que nous disons, pas ce que nous faisons. Ainsi, les États-Unis savent pointer du doigt la Russie ou les pays qui envahissent d’autres nations, mais lorsqu’ils le font, c’est une toute autre affaire. Cette dynamique, bien que pernicieuse, en particulier au sein d’un ensemble de nations dotées de l’arme nucléaire, est un réflexe que les personnes au pouvoir ont depuis longtemps.

Il y a plus d’un siècle, William Dean Howells a écrit une nouvelle intitulée « Editha ». N’oubliez pas que c’était après que les États-Unis eurent massacré des centaines de milliers de personnes aux Philippines. Un personnage y dit : « Quelle chance d’avoir un pays qui ne peut pas se tromper, mais qui, s’il se trompe, a raison de toute façon ! »

Nous sommes en 2023 et la situation n’est pas si différente, sauf en ce qui concerne l’ampleur des communications et l’omniprésence des médias. Si vous lisez les pages d’opinion et les sections éditoriales du New York Times, du Washington Post et d’autres médias libéraux, vous constaterez que cette double pensée est bien en place. Vladimir Poutine, bien sûr, est un criminel de guerre. Il se trouve que je pense qu’il est un criminel de guerre. Je pense également que George W. Bush est un criminel de guerre, et nous pourrions citer bien trop d’autres exemples de hauts fonctionnaires du gouvernement américain pour lesquels cette description s’applique tout autant qu’à Vladimir Poutine.

Pouvez-vous trouver un seul grand journal qui ait été prêt à publier un éditorial affirmant que George W. Bush – ayant ordonné l’invasion de l’Irak, coûtant des centaines de milliers de vies sur la base d’une série de mensonges – était un criminel de guerre ? Cela n’arrivera jamais. En fait, l’une des choses que j’ai été particulièrement heureux (d’une manière un peu sinistre) d’explorer dans mon livre a été la réhabilitation de ce criminel de guerre, en fournissant un paradigme pour les présidents qui l’ont suivi et en les laissant s’en sortir, eux aussi.

Je cite, par exemple, le président Obama s’adressant aux troupes en Afghanistan. On pourrait prendre une phrase après l’autre de ses discours et en trouver des presque identiques à celles que le président Lyndon Johnson a utilisées en s’adressant aux troupes américaines au Viêtnam en 1966. Tous deux ont expliqué que les soldats américains étaient si compatissants, qu’ils se souciaient tellement de la vie humaine et qu’ils essayaient d’aider les populations souffrantes du Viêtnam ou de l’Afghanistan. Ce thème pernicieux semble accompagner presque toutes les guerres américaines : avec les meilleures intentions du monde, les États-Unis cherchent à aider les habitants d’autres pays. C’est une façon de rendre invisibles les victimes qui se trouvent à l’autre bout de la puissance de feu américaine, pour reprendre le titre de mon livre.

C’est un sujet sur lequel j’ai pu réfléchir et écrire dans mon livre. Dans nos médias et nos politiques, du Congrès à la Maison Blanche, il y a deux niveaux de deuil : le nôtre et le leur. Notre deuil (y compris celui des semi-américains honoraires comme les Ukrainiens) se concentre sur ceux qui sont tués par les gouvernements ennemis officiels des États-Unis. C’est là que se situe le véritable niveau du deuil et, lorsque les médias couvrent, comme il se doit, les souffrances des Ukrainiens dues à la guerre d’agression de la Russie, ces souffrances sont rendues aussi réelles que possible. Pourtant, lorsque ce sont les États-Unis qui massacrent les populations en Afghanistan, en Irak et ailleurs, c’est une toute autre histoire. Lorsqu’il s’agit des personnes qui se trouvent à l’autre bout de l’armement américain, les civils, dont des centaines de milliers ont été directement massacrés et des millions indirectement tués par la guerre américaine, leur niveau de douleur ne figure pas, à de rares exceptions près, sur la carte des médias. Ces êtres humains n’ont tout simplement pas d’importance.

Ici, aux États-Unis, les gens trouvent cela désagréable à entendre ou même à penser. Mais notre propre humanité a été salie, endommagée, minée par de tels silences qui, à bien des égards, représentent la propagande la plus puissante qui soit. Nous devons rompre ce silence.

Le paysage médiatique est en train de changer radicalement, des podcasts aux blogs en passant par toutes sortes de nouveaux médias. Cela nous aidera-t-il ?

La technologie ne nous sauvera jamais. Robert McChesney, spécialiste de l’histoire des médias, a écrit avec éloquence à ce sujet. Chaque avancée technologique s’est accompagnée de ces promesses démesurées selon lesquelles nous aurions une démocratie. Cela remonte aux premiers télégraphes, puis à la radio, à la télédiffusion, puis à la télévision par câble. À chaque étape, on a dit aux gens que cette technologie signifiait que nous n’avions plus de relation descendante avec le pouvoir, que nous pouvions apporter les changements nous-mêmes. Pourtant, comme nous l’avons vu avec toutes ces technologies, y compris l’internet, la technologie n’a jamais libéré personne.

Que faut-il faire ? Quelles mesures pratiques recommanderiez-vous ?

Je crois que l’organisation est l’élément clé pour renverser des circonstances aussi désastreuses, notamment le pouvoir des entreprises, la guerre des classes menée du haut vers le bas et la militarisation de notre société et de notre politique étrangère. Cela implique un changement d’état d’esprit pour que nous n’avalions pas l’histoire sans réfléchir. Comme le dit le proverbe, quelle que soit votre première préoccupation, votre deuxième devrait être les médias. Nous devons construire des organisations médiatiques et soutenir celles qui font un travail progressiste, les soutenir financièrement, les soutenir en termes de diffusion de l’information et aussi en apprenant davantage sur la manière d’organiser – et de mettre en œuvre la manière d’organiser – à la fois les personnes que nous connaissons et celles que nous ne connaissons pas. Je pense que cela va à l’encontre des messages que les médias nous envoient régulièrement, car les principaux messages de la télévision, par exemple, nous incitent à sortir et à acheter des choses (et peut-être à voter de temps en temps). Il est vrai que nous devons acheter des choses et que nous devons voter, mais les vrais changements se produiront lorsque nous trouverons des moyens de travailler ensemble pour créer un pouvoir politique à l’intérieur et à l’extérieur de l’arène électorale.

La corruption de la Commission fédérale des communications, par exemple, ne changera pas tant que d’autres personnes ne seront pas en poste – et nous n’obtiendrons pas d’autres personnes en poste tant que nous ne les élirons pas pour vaincre le pouvoir des grandes fortunes. Il y a aussi l’histoire réelle qu’il faut nous rappeler : tout ce dont nous pouvons être fiers dans ce pays est le résultat de l’organisation de la base vers le sommet et de la création de mouvements sociaux. C’est vraiment là que réside notre meilleur avenir.

Vous concluez War Made Invisible par une citation de James Baldwin :

« Tout ce qui est affronté peut être changé, mais rien ne peut être changé tant qu’on ne l’a pas affronté. »

David Barsamian

David Barsamian, l’un des journalistes d’investigation les plus infatigables et les plus diversifiés d’Amérique, a modifié le paysage des médias indépendants. Son émission de radio hebdomadaire « Alternative Radio » en est à sa 34e saison. Ses livres avec Noam Chomsky, Eqbal Ahmad, Howard Zinn, Tariq Ali, Richard Wolff, Arundhati Roy et Edward Said se vendent dans le monde entier. Son dernier livre avec Noam Chomsky s’intitule Global Discontents : Conversations on the Rising Threats to Democracy. Il donne des conférences sur les affaires mondiales, l’impérialisme, le capitalisme, les médias et la crise écologique. En 2017, Radical Desi, à Vancouver, lui a décerné son prix pour l’ensemble de sa carrière. Il a collaboré avec le Kronos Quartet de renommée mondiale lors d’événements à New York, Londres, Vienne, Boulder et San Francisco. David Barsamian est lauréat du Media Education Award, du prix Upton Sinclair de l’ACLU pour le journalisme indépendant et de la Cultural Freedom Fellowship de la Lannan Foundation. L’Institut pour le journalisme alternatif l’a désigné comme l’un des dix Meilleurs héros des médias.

Norman Solomon

Norman Solomon est le directeur national de RootsAction et le directeur exécutif de l’Institute for Public Accuracy. Son prochain livre, War Made Invisible : How America Hides the Human Toll of Its Military Machine [La guerre rendue invisible : commen les USA cachent les carnages humains dus à sa machine de guerre, NdT] sera publié en juin 2023 par The New Press.

Source : Truthout, David Barsamian & Norman Solomon, TomDispatch, 30-05-2023

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

jean Roch Coignet // 28.06.2023 à 17h29

Bonjour à tous,
Des articles pertinents qui font une analyse en prenant un temps de recul sont des gages essentiels d’équilibre intellectuel.
Le point essentiel de cet analyse est, il me semble, de rappeler cette vérité du droit international, soi-disant objectif, qui est devenu une arme politique à « double standard » comme le répète souvent la diplomatie russe.
-Le droit d’ingérence interdit mais pas pour les forces de l’OTAN: Serbie (78 jours de bombardements utilisation de « bombes sales », Kosovo etc.. Et encore moins pour les EU qui en use directement ou indirectement y compris via les SMP (Academi ex Black Water et une vingtaine d’autres ayant commis des exactions jamais condamnées voire, dont les auteurs furent amnistiés ou graciés par les EU eux-mêmes.
-Le droit des peuples à l’autodétermination, mais ce dernier n’étant valable que s’il est poussé par les EU;
les peuples ne peuvent s’émanciper que sous protectorat des EU dans leur messianisme de la Manifest Destiny.
Ce droit est reconnu au Kosovo mais pas en Crimée (droit pourtant historiquement et sociologiquement bien plus fondé)
En fait, ce droit international est devenu une force il est simplement devenu le droit du plus fort qui le soumet aux torsions aux contradictions nombreuses et de moins en moins acceptables. Un concept variant instable et donc dangereux. Nous pouvons penser que les EU ont fait du Droit International, auquel ils ont largement contribué dans son élaboration, un outil de guerre et de préparation à la guerre lorsque la sauvegarde de leurs intérêts le requiert. Tout le contraire du Droit.

8 réactions et commentaires

  • max // 28.06.2023 à 10h13

    Le texte étant plutôt long, je l’ai lu en sautant quelques lignes mais globalement il me parait bien fait.
    Dans un conflit en particulier celui du moment qui est l’Ukraine, les protagonistes veulent nous forcer a choisir, c’est ou l’un ou l’autre mais rarement ni l’un ni l’autre, de plus les analyses évoluent au fil du temps, on a le droit de changer d’opinions, perso j’étais plutôt pro-Poutine au début de ce conflit, j’ai maintenant une attitude beaucoup plus équilibré, les dirigeants des deux camps se valent et c’est leurs populations civiles qui en font les frais. La marche de Wagner sur Moscou m’avait même donné un petit espoir, mais il aurait fini comme Spartacus.
    L’entretien rappel que la justice officielle est celles des vainqueurs, mettre Poutine devant un tribunal pour eux c’est Oui mettre les multiples dirigeants Occidentaux devant un tribunal pour des crimes souvent pire c’est Non.

      +3

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  • Savonarole // 28.06.2023 à 10h26

    L’information est un liquide, on peut toujours essayer de faire en sorte qu’il ne descende pas , au final il y a toujours des fuites et ça coule toujours. C’est comme le vieux proverbe Indien : Il ya trois choses qu’on ne peut dissimuler longtemps ; le soleil , la lune et la vérité.
    Comment lutter contre la propagande de la presse de grands chemins ? Il suffit de se souvenir de Coluche : « Et dire qu’il suffirait que les gens ne l’achètent pas pour que ça se vende plus … mais vous n’ètes pas raisonnables non plus ! « 

      +1

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  • Pal // 28.06.2023 à 11h38

    Dommage que l’auteur n’a pas inclus l’immense responsabilité des américains dans la décision de Poutine d’attaquer préventivement l’Ukraine.

      +4

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  • john v. doe // 28.06.2023 à 13h53

    Le meilleur texte vu depuis longtemps sur Les Crises qui n’est pourtant pas avare de merveilles.

    Evidemment avec Tom Dipatch et Truthout comme sources, l’interviewer et son invité, nous pouvions atteindre la grandeur. Nous l’avons eu. Merci pour le choix et la traduction.

      +8

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  • jean Roch Coignet // 28.06.2023 à 17h29

    Bonjour à tous,
    Des articles pertinents qui font une analyse en prenant un temps de recul sont des gages essentiels d’équilibre intellectuel.
    Le point essentiel de cet analyse est, il me semble, de rappeler cette vérité du droit international, soi-disant objectif, qui est devenu une arme politique à « double standard » comme le répète souvent la diplomatie russe.
    -Le droit d’ingérence interdit mais pas pour les forces de l’OTAN: Serbie (78 jours de bombardements utilisation de « bombes sales », Kosovo etc.. Et encore moins pour les EU qui en use directement ou indirectement y compris via les SMP (Academi ex Black Water et une vingtaine d’autres ayant commis des exactions jamais condamnées voire, dont les auteurs furent amnistiés ou graciés par les EU eux-mêmes.
    -Le droit des peuples à l’autodétermination, mais ce dernier n’étant valable que s’il est poussé par les EU;
    les peuples ne peuvent s’émanciper que sous protectorat des EU dans leur messianisme de la Manifest Destiny.
    Ce droit est reconnu au Kosovo mais pas en Crimée (droit pourtant historiquement et sociologiquement bien plus fondé)
    En fait, ce droit international est devenu une force il est simplement devenu le droit du plus fort qui le soumet aux torsions aux contradictions nombreuses et de moins en moins acceptables. Un concept variant instable et donc dangereux. Nous pouvons penser que les EU ont fait du Droit International, auquel ils ont largement contribué dans son élaboration, un outil de guerre et de préparation à la guerre lorsque la sauvegarde de leurs intérêts le requiert. Tout le contraire du Droit.

      +30

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    • Moussars // 04.07.2023 à 13h14

      Eh oui. C’est Henri Lacordaire qui se retourne dans sa tombe aujourd’hui :
      “Entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit.”
      Tous les organismes internationaux sont aux mains des amerloques ou de leurs vassaux. Ne parlons pas des votes sous pression ou menaces dans ceux-ci. Ne parlons pas des tribunaux d’arbitrage, de l’extra-territorialité des lois américaines, des violations non sanctionnées du droit internationales par ces derniers, des sanctions économiques et financières même à ses vassaux, des putschs, des actions sous feux drapeaux, de l’espionnage et des écoutes sur ses vassaux par d’autres vassaux interposés, la manipulation à Bruxelles…
      Rien qu’il y a qq. jours, un général yankee est venu en Macédoine exhorter les habitants dans l’U.E. !
      Et notre avis alors ?!

        +2

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  • Vercoquin // 29.06.2023 à 05h24

    Quelques réflexions :

    « Journalisme objectif »
    Si un journaliste américain est en faveur de nos guerres, c’est de l’objectivité, mais s’il s’y oppose, c’est de la partialité.
    Traduction :
    Si un journaliste français est en faveur de nos guerres, c’est de l’objectivité, mais s’il s’y oppose, c’est de la partialité.

    Le fanatisme de certains est à vomir :
    J.M. Aphatie : « Les gens qui disent que les sanctions contre la Russie ne servent à rien, sont des traitres à la France ».

    Pourquoi on n’entend pas les propos du Pape dans nos médias mainstream ?
    Interview du Pape le 03/05/2022:
    … C’est peut-être «l’Otan aboyant à la porte de la Russie» qui a poussé Poutine à déclencher l’invasion de l’Ukraine…
    …«Je n’ai aucun moyen de dire si sa rage a été provoquée», se demande Bergoglio, «mais je soupçonne qu’elle a été facilitée par l’attitude de l’Occident».

    Et ailleurs :
    En 2011, une cour de justice malaisienne reconnait l’ex-Premier ministre britannique et le Président américain, Tony Blair et George W. Bush, coupables de « crimes contre la Paix » pour l’invasion injustifiée et illégale de l’Irak en 2003.
    Ce tribunal n’est pas reconnu par la communauté internationale (l’Occident), de même que ni les USA ni la Russie ne reconnaissent la CPI de La Haye qui a émis un mandat contre Poutine.

      +15

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    • Kalash // 29.06.2023 à 09h59

      JM Apathie a montré son vrai visage après l’élection de Trump.
      Q : « Quelle est la 1ère chose que vous feriez si vous étiez président de la république ? »
      R (JM Apathie) : « Je ferais raser le chateau de Versailles, car c’est un symbole de la France. Arrêtons de cultiver la grandeur de la France. »
      Il y a 37 000 terroristes à carte de presse comme lui en France pour vous chier dans le cerveau avec l’argent de vos impôts et il n’y a qu’une façon d’arrêter ça…

        +12

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