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5.mai.20175.5.2017 // Les Crises

De la prise d’otages – par Frédéric Lordon

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Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 03-05-2017

« Les fractures boulangères suivent les fractures banquières… tout le monde est pris en otage même le pain ! »
cc Daniel

« Si ce personnage fameux qui riait de tout vivait dans notre siècle, il mourrait de rire assurément », écrit Spinoza à l’un de ses correspondants. Et sans doute de même en le nôtre. Car c’est vrai qu’il y a de quoi rire longtemps au spectacle de choix qui nous est offert – sous la condition tout de même d’avoir le cœur bien accroché, car en réalité ça n’est vraiment pas drôle. Dans le concert pour cymbales et sanibroyeurs qui tympanise le pays entier, il n’est, à quelques exceptions près, pas un instrumentiste qui n’ait une part de responsabilité, politique ou idéologique, dans la situation présente – contre laquelle il jure ses grands dieux être prêt à faire barrage de son corps (si seulement…).

La consolidation du face-à-face entre le néolibéralisme et son repoussoir fonctionnel d’une part, la détestation ouverte de la différence de gauche seule capable de briser cette splendide harmonie d’autre part, sont les deux propriétés caractéristiques de cet ensemble symphonique qui orchestre à intervalles réguliers la reconduction du même par exhibition de la différence monstrueuse – après avoir mis, entre temps, son énergie entière à empêcher tout surgissement de l’autre différence.

La morale des incendiaires

On n’en finirait pas de dresser la liste des éditorialistes, des experts, des économistes à gages, des intellectuels de service, des roitelets de matinales qui, pénétrés du sentiment de leur liberté, récitent à l’année le catéchisme de l’époque – « Mais enfin vous n’envisagez tout de même pas du protectionnisme ? Mais les entrepreneurs partiront ! Mais ce sont les entreprises qui créent l’emploi ! Mais sortir de l’Europe c’est la guerre ! Mais les charges détruisent la compétitivité ! » – pour découvrir un matin, stupides et interdits, les effets réels des politiques dont ils sont les desservants. Et surtout qu’une partie croissante de la population est prête à n’importe quelle solution, fut-ce la pire, pour donner une expression à sa rage.

Ça tombe bien, on lui en propose une, toujours la même, bien faite pour être inacceptable, d’où résulte invariablement que, certes, « on a entendu la souffrance », « qu’on va enquêter sur la France de la colère », « qu’il faut une Europe plus sociale », mais que pour l’instant on va quand même repartir pour un tour – le monde est bien fait. Si, donc, le jugement de l’histoire était doté de ses moyens matériels, un simple panier à salade par exemple, il lui suffirait de faire le tour des réseaux sociaux et de ramasser l’un derrière l’autre les fulminants du « barrage » pour aligner ipso facto les responsables réels de la situation qui les fait fulminer – encore faut-il s’entendre sur les motifs véritables de la fulmination : non pas la situation elle-même, mais qu’on puisse trouver à y redire, et plus encore vouloir s’en extraire.

Et c’est assurément de cela que l’homme qui rit de tout se tiendrait les côtes : que ceux qui ont si continûment œuvré à installer ce monde ignoble, à en chanter la supériorité et, partant, à en armer deux fois le légitime dégoût, que ce soient ceux-là qui viennent l’index tremblant et la morale en bandoulière mettre en demeure les électeurs de ne pas accomplir tout à fait les conséquences de ce qu’eux-mêmes ont préparé, sauf à ce que les malheureux en portent l’entière responsabilité. C’est que dans cette morale particulière de l’incendie, la responsabilité va exclusivement aux brûlés et jamais aux incendiaires.

Et comme le tableau doit être complet, que pas un détail dans l’obscénité ne doit manquer, voilà que ces derniers nous appellent à faire barrage aux effets en nous enjoignant de voter pour les causes – insultant au passage ceux à qui il reste un peu de logique, et qu’on reconnaît précisément à ce fait qu’avant d’en arriver là, eux avaient entrepris de s’en prendre aux causes. On pourra dire ce qu’on veut du candidat Mélenchon, mais on aura du mal à éviter de voir que pour la première fois il a ramené du vote populaire vers la gauche, et contesté efficacement le vote « jeunes » au FN. C’est donc à cette performance, première du genre depuis vingt ans, que le pharisaïsme de l’antifascisme, dont tout ce qu’il soutient par ailleurs en fait l’auxiliaire objectif de la fascisation du pays, vient faire procès « d’absence de consignes » ou « d’insuffisante netteté » – mais l’antifascisme en mots se reconnaît précisément à ce qu’il n’a rien tant en horreur que l’antifascisme en actes. Il y a comme ça des arrière-pensées qui peuvent difficilement se dire : « le FN, c’est horrible, mais quand même, c’est épatant ».

En réalité, le dérèglement est partout. Car on finit par se demander si certains à gauche, pourtant très prompts à l’inflammation morale antifasciste et à l’invocation des enseignements de l’histoire, ont vraiment pris au sérieux, entendons autrement qu’en mots, l’événement de 2002, et la nécessité qu’il ne connaisse aucune réplique. N’étant pas feignants ni de l’appel grandiloquent ni du vote utile – on en connaît qui, avec une prescience remarquable, appelaient dès février à ce que Mélenchon se retire en faveur de Hamon et déjà bien sûr « pour faire barrage au fascisme » (1)… – on aurait logiquement attendu que, disons sur le coup de début avril, ils appuyassent de tout leur renfort la candidature de gauche manifestement en position de dégager le FN du second tour. Étrangement, les appels sont restés en carafe – quand ils n’ont pas insinué au contraire –, pour ne claironner à nouveau qu’à partir du 24 avril. Et l’on admire toutes les géométries variables dont sont capables les haines idéologiques caparaçonnées de vertu.

Voter pour les possibilités stratégiques d’une présidence Macron ?

On en est là, et il s’agit maintenant de savoir quoi faire, en tout cas pour tous ceux qui ne recouvrent pas leur macronisme foncier, ou rampant, de moralisme édifiant malaxé de comparaisons historiques approximatives – pour la première fois de sa vie Le Monde se met en devoir de lire le Trotsky des années trente pour en faire un usage anachronique sans vergogne, doublé d’un dégoûtant brevet de moralité politique (2). Le Monde ! Enveloppé dans Trotsky ! Admirable vertu révélatrice des crises, qui exposent au grand jour tout ce dont certains sont capables. Pour tous les autres, donc, et une fois rappelée l’évidence, toujours bonne à redire, qu’en aucun cas les deux candidats ne pourraient être mis en équivalence, il reste à tout prendre deux arguments rationnels en balance — car il y a une situation politique autour de cette inéquivalence, qui justifie que la discussion ne s’arrête pas aussitôt.

Le premier argument part de la question stratégique qui demande dans quel état du monde les luttes sociales à venir trouvent leurs meilleures conditions. Au moins, de ce point de vue, c’est vite tranché. D’un côté le FN est comme un iceberg de merde dont on aurait vaguement blanchi la seule partie émergée. Parmi ceux à gauche qui se posent sérieusement la question du second tour – sérieusement s’entendant : autrement que sur le mode de l’injonction hystérique mêlée d’hypocrisie –, il n’en est pas un qui ne sous-estime la dangerosité de la chose, ni ce qu’il en coûtera aux plus exposés, dans les quartiers – à eux-mêmes également qui auront, dans la rue, à en affronter concrètement le risque : policier et judiciaire (quand ils « résistent », BHL pétitionne depuis Saint-Germain et Quatremer tweete des selfies dans une péniche).

D’un côté, donc, le FN, de l’autre Macron, qui est comme le candidat optimal pour la phase finale de la décomposition, dont il ne faut alors pas méconnaître les bonnes propriétés stratégiques objectives. C’est sans doute un propre des situations de grande crise que la nécessité historique trouve toujours les agents individuels qui lui conviennent pour s’accomplir. Ici particulièrement. Car Macron s’annonce comme l’accélérateur de tous les processus. Fabriqué par l’oligarchie comme réponse à la crise, il est le meilleur agent de l’approfondissement de la crise.

Tout ce qu’opacifiaient les habitudes et les pratiques institutionnelles de ce qu’on peut déjà qualifier par anticipation d’ancien régime, va devenir soudain – est déjà devenu – clair comme un lac de montagne. Il fallait un peu d’acuité (pas beaucoup…) pour apercevoir dans le débonnaire conseiller régional premier secrétaire Hollande le fondé de pouvoir du capital – qu’il est réellement, et depuis très longtemps en fait (3). Mais l’oligarchie, sans doute exaspérée par l’urgence d’un début de dislocation, n’a plus la patience du long travail de la mise en forme, et porte maintenant au pouvoir directement l’un des siens, propulsé sans intermédiaire ou presque d’un emploi dans un autre. Mis sur orbite avec pareil lancement, et comme l’indique déjà sa campagne du second tour, il vaut mieux ne pas s’attendre à quelque reprise de contention et, au point où nous en sommes, c’est tant mieux : tout va maintenant se montrer à nu.

La prise du pouvoir en direct par le capital, sans plus aucun effort de médiation, son programme outrancièrement de classe, l’inféodation des médias sous contrôle des puissances d’argent : tous les masques vont tomber. Même la crise civilisationnelle, dont le corps social est profondément travaillé mais sans en avoir l’idée claire, va apparaître en pleine lumière, devenir comme une évidence, annoncée par la start-up nation, la managérialisation de la politique depuis le sommet d’un gouvernement de co-workers jusqu’à la base d’un parti de helpers. Et toute à son ravissement infra-culturel, la secte macronienne égocentrique – elle croit être « la France » alors que, par adhésion, elle ne représente en réalité que 10% de l’électorat (4) ! –, cette classe nuisible assistée de tous ses porte-voix, va nous régaler de sa philosophie d’open space, de son impayable sabir, de ses visions de la vie et de sa pensée positive. L’écœurement général, au milieu d’un irrépressible sentiment de grotesque, va connaître de foudroyants progrès. Et avec lui, comme toujours dans les périodes de crise, la conscience politique.

On peut donc au moins accorder à Macron son slogan : pour sûr, on est en marche ! Et même à grands pas. Tout promet d’aller beaucoup plus loin et beaucoup plus vite. Au sein de cette mauvaise nouvelle – car certaines catégories sociales vont salement ramasser –, il y en a donc une bonne : la grande accélération politique arrive. Nous entrons dans une période de hautes énergies, et les vrais points critiques se rapprochent à grande vitesse. C’est bien.

Et puis il faut aussi considérer ceci : Macron, c’est le naufrage définitif de la presse ancillaire. Libé, L’Obs, L’Express, au minimum : morts. Cinq ans dans les carrioles de la modernité start-up, du monde ouvert contre le repli, et de l’agilité pour tous, c’est plus que ces rafiots déjà à l’état d’épaves n’en pourront supporter. Le Monde en première ligne, comme le navire-amiral du macronisme. BFM plus odieuse que jamais. Avec la connexion pouvoir-oligarques-médias jetée en pleine lumière, et l’intégration organique des trois composantes du système devenant monstrueusement visible, c’est le rejet général qui va croître.

Toutes ces excellentes perspectives médiatiques font assurément partie de l’équation stratégique d’ensemble – nonobstant les glapissements de la corporation, scandalisée de voir son trépas inclus dans les motifs d’espérance, et qui proteste qu’avec elle c’est la démocratie qu’on assassine. Mais c’est là un sophisme pour cruchons du système. On va donc expliquer à ces esprits embrumés l’idée fort simple qui se tient derrière tout ça : c’est la menace sur la presse affranchie des pouvoirs qui est une mauvaise nouvelle démocratique ; la presse du capital sub-claquante, c’en est assurément une bonne ! Et doublement au demeurant car, du même mouvement, la disparition de la seconde libère l’espace pour la première. Or il faut bien voir que, pour la presse du capital, Le Pen élue, c’est la providence, le rétablissement inespéré. Toutes les semaines un appel contre la haine, un dossier « résistance », une terrine de BHL, un pâté de Glucksmann junior, hauts les cœurs contre le fascisme pour faire oublier par quoi il est arrivé. Et surtout les lecteurs, légitimement horrifiés par le régime, qui reviennent en masse, prêts à avaler n’importe quelle bouillie pour se consoler du désastre.

S’abstenir pour en finir avec la prise d’otages

Au critère des vertus stratégiques objectives, la supériorité d’un président Macron n’est même pas discutable. Ça n’en fait pas pour autant la raison suffisante d’un vote. C’est que voter répétitivement sous le régime de la prise d’otages commence à devenir un problème, auquel se plier n’offre aucune autre perspective que son éternelle reconduction. Pour « l’homme qui rit » la période est décidément faste, car on lit de tout à ce sujet. Thomas Piketty explique que non seulement il faut voter Macron mais le porter au plus haut pour qu’il soit « bien clair que ce n’est pas son programme qui a gagné (5) »

Après l’immense réussite des primaires, l’engagement clairvoyant auprès du candidat Hamon au moment historique où le PS s’apprêtait à mettre la clé sous la porte, ou encore le parlement de l’euro dont nos amis allemands admettront l’évidence pour peu qu’on en discute raisonnablement avec eux, l’intelligence politique des intellectuels social-démocrates est toujours aussi éblouissante. Piketty, à qui on demande quel souvenir il a gardé du 21 avril 2002, a visiblement oublié qu’« ensevelir Chirac sous les bulletins de vote », le porter à 80% « pour qu’il soit bien clair etc. » était déjà le mot d’ordre du moment, dont toute la suite a prouvé la formidable efficacité.

Dans une veine similaire d’autres adjurent Macron de « parler à la gauche » – sans doute pour adoucir leur propre tourment électoral. Se rendent-ils compte de ce que ce mot d’ordre secondaire est rigoureusement contradictoire au mot d’ordre principal ? En appeler à l’« ensevelissement » du candidat Macron sous les bulletins ne constitue pas exactement l’incitation optimale pour obtenir de lui quelque « écoute ». Mais quand bien même Macron « parlerait à la gauche », qu’en recueillerait-elle à part des mots ? Il faut croire aux elfes ou à la fée Marjolaine pour imaginer qu’il en tiendra le moindre compte. Les institutions de la Ve sont ainsi faites que, dès le 8 mai, et comme jadis Chirac l’« enseveli », Macron, du haut de sa base réelle de 10 % d’inscrits, fera bonjour, ou même autre chose, à tous les autres qui se seront ajoutés pour faire les 60 % (d’exprimés) du second tour.

Il faut alors avoir le goût du paradoxe hasardeux pour imaginer déjouer la prise d’otages en y collaborant, et en fait la passion de la servitude pour se proposer ainsi de lui donner son emprise maximale – en assurant n’importe quel forcené libéral de passer dans un fauteuil, du moment qu’on aura réussi à lui mettre une Le Pen en face. Si la chose était réalisable – mais on sait bien qu’elle ne l’est pas puisqu’elle échappe à tout contrôle –, il faudrait plutôt souhaiter l’exact inverse : que Macron passe mais avec la plus décevante des marges – par le seul effet de l’abstention bien sûr et, pour Le Pen, à nombre de voix constant, si possible même en baisse. Si ce résultat « idéal » est en pratique une fiction, au moins exprime-t-il un idéal stratégique : desserrer la capture électorale. Car c’est bien là le seul moyen de faire sentir à ceux qui depuis 2002 jouent sans vergogne la prise d’otages qu’elle est à efficacité dangereusement décroissante, que la fois d’après le « pari sur du velours » pourrait très mal tourner, et que maintenant il va vraiment falloir en finir avec ces ignobles petits calculs.

Au vrai, l’usure du procédé est déjà constatable, ne serait-ce qu’au vu des sondages de second tour. Mais pas seulement : un historien se pose à lui-même la grave question de savoir « pourquoi la rue est amorphe ? » (6). Mais c’est vrai ça : pourquoi n’y a-t-il pas un million de personnes dans la rue cette fois-ci ? Et l’historien d’envisager les explications les plus académiques, sauf une qui pas un instant ne lui traverse l’esprit : il se pourrait que, depuis le temps, une bonne partie de la population commence à en avoir soupé de sa condition d’otage électoral et renâcle à ce qu’on lui demande, en plus de voter comme il faut, de la célébrer selon les rituels appropriés.

L’économie de la responsabilité remise sur ses pieds

Ceux qui ont décidé de ne pas se rendre sans autre forme de procès à l’injonction des fulminants n’ont donc aucune raison de se laisser culpabiliser – et, s’ils choisissent de s’abstenir, certainement pas celle, tout à fait sophistique, de « laisser les autres faire le sale boulot » (voir annexe). Aucune faute, ni politique ni encore moins morale, ne peut leur être imputée d’hésiter, de résister comme ils peuvent à ce nouveau spasme fusionnel dont le pays fait maintenant répétitivement l’expérience, et de chercher leurs voies hors d’un chantage politique qui a atteint le stade organisé. C’est donc peu dire au total que tout légitime leurs interrogations.

Il est d’abord illogique d’instituer le vote comme pratique atomisante, condamnant les individus à l’insignifiance microscopique, pour leur faire porter ensuite, séparément, la responsabilité d’un résultat macroscopique. Il l’est identiquement de les appeler à raisonner moralement comme s’ils étaient des « agents représentatifs », capables à eux seuls de faire le vote et de porter tout le poids du vote, alors qu’ils n’en portent qu’une part infinitésimale, et que leur désir de dépasser cette condition par l’action coordonnée ne trouvera jamais aucune réponse dans l’isoloir (voir annexe).

Il est par contre légitime de poser stratégiquement le refus de la prise d’otages. Même à un esprit modérément sophistiqué, il doit apparaître que plier répétitivement au chantage, voire exprimer avec entrain son « devoir » d’y plier, n’est pas le meilleur moyen de le dissuader pour l’avenir. Mais peut-être s’agit-il d’une situation où certains ont de troubles raisons de se trouver bien.

Il est en tout cas politiquement honteux que ceux qui ont contribué de toutes leurs forces à structurer un choix de second tour aussi calamiteux se défaussent du résultat, s’il tournait mal, sur ceux qui auront été jetés dans cette situation désastreuse. Les vrais responsables, quoi qu’il arrive, ce seront les architectes du choix à une case, ceux-là mêmes qui après le 21 avril 2002 avaient prononcé de solennels « plus jamais ça », mais se sont parfaitement accommodés, quand ils n’y ont pas activement œuvré, de voir s’installer le chantage originaire en routine, c’est-à-dire comme l’hypothèse avantageuse de toute stratégie électorale future.

Au tribunal de l’histoire, ce ne sont pas les abstentionnistes qui comparaîtront : ce seront tous ceux qui, en position de peser sur le cours des choses, ont délibérément agencé le paysage des différences pour n’y admettre que l’innommable fonctionnel du FN, ceux à qui a été répétitivement expliqué, exhibé, démontré la causalité irréfragable, confirmée dans bien d’autres pays, entre politiques néolibérales, délabrement social et pathologies politiques, et qui n’auront rien voulu entendre. Et puis aussi les directeurs éditoriaux du Point, de L’Express ou de Marianne, dont les innombrables couvertures islamophobes déguisées (ou même pas) en combat pour la laïcité, se seront fait un devoir d’exciter la pulsion raciste dans tout le pays, assistés de leurs intellectuels répandus. Tous auront pris plus que leur part dans la fonctionnalité globale du dispositif : amener le FN à son niveau optimal, celui qui lui fait passer le premier tour, mais censément lui interdit de franchir le second – sauf si…

Sauf si l’électorat, condamné à l’archi-passivité, décide un matin de recouvrer brutalement sa capacité d’agir, mais alors dans des conditions où l’on est par construction certain qu’elle se manifestera pour le pire – puisque la seule alternative aménagée est celle du pire. C’est avec ce risque, dont elle est pourtant avertie depuis 2002, dont elle a vu à nouveau la matérialisation avec le TCE en 2005, avec le Brexit, et puis avec Trump, c’est avec ce risque qu’aura joué, entre folie et aveuglement, une classe élitaire qui s’est d’ores et déjà ménagé sa place dans l’histoire – mais pas exactement celle qu’elle croit. Admirables « élites » qui, s’efforçant de pousser le bouchon toujours plus loin, jouent à la roulette russe mais avec la tempe des autres.

Pendant ce temps, à stade égal de désespérance, abstentionnistes et malgré-nous du macronisme se sautent mutuellement à la gorge, sans jamais songer (enfin surtout les seconds) à se tourner vers ceux qui, au dessus d’eux, ont aménagé le terrain de leur empoignade, pour ensuite jeter tout ce qu’il faut d’huile sur le feu — exactement comme les pauvres s’en prennent aux encore-plus-pauvres, ce conflit engendré du néolibéralisme qui fait la joie du Front national. Passé ce scrutin pestilentiel, il faudra bien songer à s’interroger à propos des irresponsables « responsables » qui installent pareilles catastrophes, dont ils croient pouvoir ensuite se laver les mains. Quel que soit le résultat du 7 mai, celui-ci leur appartiendra et à eux seuls, comme le résultat d’une nécessité appartient à ceux qui ont armé la nécessité.

« Les abstentionnistes laissent les autres faire le sale boulot », ou l’anti-politique de l’isoloir

Assurément c’est l’argument qui tient la corde dans la chasse à l’abstentionniste : il se réjouira in petto que Le Pen ne passe pas mais pourra clamer post festum ne s’être « pas sali les mains ». Bref il se défausse du devoir de barrage sur les autres.

Un philosophe kantien qui passerait par-là ne manquerait pas d’évoquer l’impératif catégorique : une règle de comportement ne vaut comme maxime morale que si elle peut être universalisée. Or à l’évidence, l’abstentionniste escompte que les autres agiront différemment. Son choix individuel ne peut donc être converti en règle générale.

L’argument n’a pourtant rien d’irrésistible. D’abord parce qu’il s’agit ici de politique et non pas de morale. Or la politique n’est pas une affaire de maxime universalisable mais de conflits, donc de fragmentation et de rapports de force. Il est assez évident que l’argument de l’abstention ne s’adresse pas à tout le monde. Il ne fait sens (politique) que pour une fraction déterminée de l’électorat : de gauche, celle précisément qu’on tente de réduire à merci – au passage on observera que nul ne se met en peine d’obtenir des serments ou des abjurations de l’électorat filloniste, dont le taux probable de report sur le FN est pourtant le plus important et auquel on fout néanmoins une paix royale.

L’objection du free riding (« laisser les autres faire le sale boulot ») ne tiendrait que si la position abstentionniste se voulait universalisable. Mais, proposition politique adressée, elle n’y prétend en rien. C’est alors ici que s’éclaire du même coup une aporie fondamentale du vote.

Si Sartre déclarait l’élection « piège à cons », c’est parce qu’il voyait combien la politique, pratique fondamentalement collective, se trouve immanquablement dégradée quand elle se donne l’expression atomistique du vote. La politique se fait ensemble, le vote chacun par devers soi. Et l’on ne passe pas de l’un à l’autre sans solution de continuité. Mais la puissance de la politique comme activité collective est telle qu’elle cherche à toute force à réinvestir l’atomistique du vote : la pratique individuelle du « vote utile » ou les logiques spéculaires (c’est-à-dire le fait de stratégiser son propre vote en fonction du vote anticipé des autres) sont autant de tentatives de recréer de l’action coordonnée (donc du collectif) là où, par construction, n’existe aucune instance de coordination. De même, suggérer que l’abstentionniste « laisse les autres faire le sale boulot », c’est réintroduire subrepticement la grammaire de la coordination collective dans l’univers atomistique du vote, précisément agencé pour qu’elle en soit absente… c’est-à-dire objecter à un comportement individuel par un argument de logique collective dans un univers d’où cette logique est exclue et où, par le fait, les agents n’en ont aucun moyen. On peut le dire maintenant : c’est la même raison qui condamnait au statut de fiction l’idée de « faire élire Macron avec la plus décevante des marges ». Les deux idées sont d’ailleurs l’envers l’une de l’autre.

Le vote utile, comme symétriquement l’abstention stratégique, ce sont les tentatives désespérées d’un électeur de refaire de la politique (collective) dans l’univers anti-politique (atomistique) du vote – c’est-à-dire de faire face à l’absence d’instance coordinatrice… dans la situation où les aspirations individuelles à la coordination sont les plus impérieuses. Pas seulement parce que l’essence même de la politique, mutilée par le vote, c’est le collectif. Mais aussi parce que cette aspiration procède du désir de voir son vote accéder au seul moyen de peser : par inclusion dans une formation collective, quand, isolément, il n’est qu’une contribution infinitésimale, quasi-nulle, au résultat macroscopique. Chacun s’est dit au moins une fois que l’absence de son vote « n’aurait rien changé », et c’est vrai ! – quoique cet énoncé vrai au niveau individuel devienne faux par passage au niveau collectif, mais ça n’est là qu’un autre énoncé du problème même dont il est question ici.

Car en effet, pour peser vraiment, et contrebattre l’insignifiance qui frappe le vote individuel, il faudrait pouvoir trouver un lieu pré-électoral où se coordonner (à l’image, par exemple, des groupes à l’Assemblée nationale, qui coordonnent des votes collectifs, donc des votes qui pèsent). Mais précisément, pour l’électeur ordinaire, un tel lieu n’existe pas. A sa place, on a mis le fatal isoloir. Hors de toute possibilité d’action concertée ex ante, on ne sait qu’ex post si « on » a pesé et de combien – quoique en réalité ce « on » soit un pur artefact.

En tout cas, aussi bien le vote utile que l’abstention stratégique, comme également l’objection du free riding (« laisser faire le boulot… »), sont toutes rigoureusement équivalentes sous ce rapport : toutes expriment, sous des aspects différents, le même problème. Aussi celui qui veut dénigrer l’une depuis la position de l’autre est-il aussitôt frappé d’incohérence – et spécialement le moraliste : « laisser les autres faire le sale boulot », c’est l’injonction de se soumettre à une logique de la coordination que le vote exclut par construction.

Frédéric Lordon

Source : Le Monde diplomatique, Frédéric Lordon, 03-05-2017

Cet article fait partir d’une longue série visant à discuter les opinions diverses en lien avec l’élection du 7 mai.

Elle ne reflète pas forcément l’opinion du site Les-crises – qui n’aura d’ailleurs aucune position officielle pour cette élection.

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

92 réactions et commentaires

  • DUGUESCLIN // 05.05.2017 à 05h23

    Si j’ai bien compris, pour faire barrage à l’extrémisme il faut voter pour la dictature.
    D’un côté l’extrémisme qui ne pourra étouffer une opposition de l’autre une dictature qui interdira toute forme d’opposition.

      +23

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    • DUGUESCLIN // 05.05.2017 à 07h01

      Je précise, « pour faire barrage à l’extrémisme il faut voter pour la dictature des financiers ».

        +23

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      • RV // 05.05.2017 à 21h36

        ben oui . . .
        c’est ça la « démocratie »
        une bonne campagne de presse,
        un bon tri de ce qui sort ou ne sort pas,
        et on fait élire son poulain,
        contre toute attente
        un clone puissance 3 de la politique suivie par Hollande qui l’a fait chuter ainsi que Valls . . .
        allez voir le dernier papier sur le site d’Etienne Couard, ce complotiste notoire . . .
        ça n’empêche que j’hésite encore pour dimanche

        demain après midi place de la république à Paris
        la lutte continue . . .
        la 11e session de l’Orchestre debout
        « No Passarem »

          +0

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    • Pepin Lecourt // 05.05.2017 à 08h37

      Le jour ou la majorité perçoit qu’elle ne peut plus changer son destin par le bulletin de vote elle prend conscience qu’il ne lui reste qu’une alternative : la prise de la Bastille.

        +30

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      • Alfred // 05.05.2017 à 09h39

        Non non. La prise de la Bastille c’est quand des bourgeois utilise le bas peuple pour devenir calife à la place du calife. La suite c’est guerre civile et guerre tout court pendant au total 25 ans. Vingt cinq ans.
        On a certainement moyen d’être plus intelligents, surtout dans un pays encore si riche et au moment où les ressources se rarefient (transition écologique, etc..)
        Votre place est exactement conforme à celui de l’oligarchie.
        Au passage. On oublie souvent Gandhi. Les pneus brulés l’oligarchie et des mercenaires adorent. Des foules courageuses et pacifiques ils détestent. (Ils essaient toujours de faire croire que leur camp est pacifique).

          +41

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        • Kopkounine // 08.05.2017 à 22h44

          C’est par l’économie que Gandhi a fait tomber la colonisation (produire soit-même plutôt qu’acheter) mais il s’opposait à la colonisation anglaise dirigée par des compagnies privées. C’est intéressant mais je ne vois pas par quel bout s’attaquer à la domination de l’oligarchie dotée de pouvoirs multiples (économiques, politiques, culturels); en même temps, c’est la question insoluble posée par tous les échecs révolutionnaires depuis la commune. Mais vous avez raison, je crois de poser la question par le biais du pacifisme, qui, Gandhi le montre, est une violence qui peut être efficace.

            +1

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      • PL // 06.05.2017 à 09h21

        La Révolution française a été faite dès l’origine par la bourgeoisie d’affaire et de finance, elle a eu pour but d’instaurer le régime manufacturier anglais.

          +2

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    • Chat noir // 05.05.2017 à 12h21

      « Le suffrage universel ne me fait pas peur, les gens voteront comme on leur dira » Alexis de Tocqueville.

      “Ce qui compte ce n’est pas le vote, c’est comment on compte les votes.” Joseph Staline

        +12

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  • Suzanne // 05.05.2017 à 05h43

    Je trouve que Frédéric Lordon décrit avec une terrifiante exactitude la violence à laquelle les électeurs sont soumis pour ce deuxième tour.
    Et je vous recommande aussi fortement la vidéo suivante, où une représentante de la CGT discute avec un journaliste après le défilé du premier mai :
    https://www.youtube.com/watch?v=mP5Ody-EayM
    Les arguments de la représentante, en alternance avec les arguments du journaliste (qui ne devrait pas en avoir, qui devrait simplement l’interviewer, mais bon, on a l’habitude maintenant), font remarquablement ressortir l’impasse, la contradiction, la violence de ce qui se passe.

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    • Fburg // 05.05.2017 à 09h32

      Fascinant effectivement.
      Très bel exemple de syndicalisme « jaune »

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      • RV // 05.05.2017 à 21h40

        argumentez au lieu d’insulter !
        elle se défend très bien et ne se laisse pas démonter par les éléments de langage du « présentateur »
        je voudrais bien vous y voir . . .

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    • Fritz // 05.05.2017 à 09h52

      Ce n’est pas un hasard si la CFDT appelle à voter Macron, sans pudeur…
      Ils appellent ça « syndicalisme moderne » (jaune canari), « gauche réformiste ».

      A mettre en relation avec le vote massif de la France de l’Ouest pour Macron.

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      • Cédric // 05.05.2017 à 23h33

        ce vote peut s’expliquer tout simplement par des éléments démographiques.

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        • Kopkounine // 08.05.2017 à 22h47

          Très bonne analyse d d’Emmanuel Todd (malheureusement payante) sur « Arrêt sur image », qui propose une première analyse géographique mais aussi démographique du premier tour.

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    • Elisabeth // 05.05.2017 à 10h21

      C à dire du 1er mai 2017 (extrait) – Sophie Binet ‘d’Axel de Tarlé.
      Je précise que Sophie Binet a dit, juste avant, qu’elle voterai Emmanuel Macron sans adhérer à son projet.
      A.T: Sophie Binet, la loi El Komhri, les gens étaient contre parce que François Hollande n’avait jamais dit qu’il assouplirait le code du travail. Là, pour le coup, Emmanuel Macron, il prévient, il le dit : « cette été, je réformerai le droit du travail par ordonnances ».
      Si le 7 mai, il a une majorité de français qui votent pour lui, ben voilà c’est un choix démocratiquement que les français auront fait. Pourquoi le contester dans le rue puisque vous dites, j’ai l’impression que vous allez manifester vertement contre cette réforme par ordonnances.
      S.B.: Oui, tout à fait, il nous trouvera sur son chemin et je pense..
      A.T. (lui coupe la parole): Pourquoi contestez-vous cette…
      S.B. (essaie de continuer): Oui,il doit l’abandonner tout de suite parce qu’il faut arrêter de dire, c’est aussi l’impasse dans laquelle on est
      A.T.(coupe): donc c’est la rue qui gouverne, c’est pas la majorité des français dimanche prochain!
      S.B.: on voit bien que c’est plus possible de dire que la démocratie c’est un bulletin de vote une fois tous les 5 ans…

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      • Noriam // 05.05.2017 à 13h40

        18.19% des inscrits ont voté Macron au premier tour…
        Où est la majorité ?

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      • Elisabeth // 05.05.2017 à 17h01

        J’ajoute ce lien vers une interview de Daniel Gluckstein qui faisait déjà le diagnostique en 2002, comédie de démocratie sans le peuple, dérégulation, privatisations, précarisation, ….

        Avec des journalistes, qui sont encore là, et sont toujours au garde à vous.
        https://t.co/qZrcRAreun

        15 ans plus tard…

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      • RV // 05.05.2017 à 21h43

        merci pour la transcription !
        Vous avez un commentaire ? un avis ?

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    • Sébastien // 05.05.2017 à 10h56

      Vous définissez bien le piège que chacun s’est tricoté. Effectivement, tout le monde se retrouve dans la même impasse. Soit on fait marche arrière (En marche arrière, oh oh oh), soit on fait le mur (on s’affranchit des règles).
      Mais la réalité, c’est que tout le monde restera dans l’impasse à attendre que le mur tombe tout seul.

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      • RV // 05.05.2017 à 21h50

        le piège que « chacun » s’est tricoté ?
        c’est qui « chacun » ? faudrait préciser !
        les victimes, nous, ne sommes ni responsables ni coupables . . .

        la campagne de presse éhonté pour Macron ?
        les thèmes du FN repris par Sarko, ce qu’en de jolis mots on nomme « dédiabolisation » ?
        l’invisibilisation de la campagne de la FI ?
        etc.

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    • Ribouldingue // 05.05.2017 à 13h41

      C’est bien pour ça que le FN ne passera jamais et qu’il sert de repoussoir pour faire élire un projet politique qui rassemble 10% d’adhésion du corps électoral.
      Nier ce qu’est la réalité du FN, c’est à chaque fois faire élire les même.

        +9

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  • DUGUESCLIN // 05.05.2017 à 07h07

    Après les élections du non choix, l’industrie pharmaceutique va faire un bond spectaculaire. Antalgiques pour les maux de tête, antidépresseurs, et traitements pour la schizophrénie.

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  • Toff de Aix // 05.05.2017 à 09h00

    « Il est d’abord illogique d’instituer le vote comme pratique atomisante, condamnant les individus à l’insignifiance microscopique, pour leur faire porter ensuite, séparément, la responsabilité d’un résultat macroscopique »

    Je dirais même plus : macroNscopique.

    Merci beaucoup M. Lordon, qu’il est bon de constater qu’un îlot de sagesse et de raison surnage au milieu de cet océan de folie furieuse !

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  • Eric // 05.05.2017 à 09h18

    Ah ! La prise d’otages ! Ça faisait longtemps qu’on nous l’avait pas sortie celle-là ! Nous sommes libres et le choix est clair, bien plus clair que lors de la précédente élection présidentielle d’ailleurs.

      +5

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    • Eric // 05.05.2017 à 09h59

      Et j’ajoute avec une ironie non feinte qu’il est savoureux de le voir utiliser cette expression quand il la condamnait, mais à juste titre cette fois, dans la bouche de politiques parlant de grévistes preneurs d’otages lors de mouvements sociaux. Cette gauche  » critique  » ne sortira décidément jamais du trou qu’elle s’évertue à creuser sous elle.

        +2

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      • Yann74 // 05.05.2017 à 11h15

        VOUS êtes libres (peut-être), votre choix n’appartient qu’à vous. Le nôtre n’est forcément pas celui qu’on a choisi, surtout si l’on a pas voté pour l’un ou l’autre au 1er tour.
        Et comme le choix des deux finalistes était prévu et dirigé dès le départ… OUI, nous sommes pris en otage, quoi que vous en pensiez !
        Mais effectivement, nous sommes libres de ne pas voter.
        Mais pour ma part, c’est tout sauf Macron…

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        • Eric // 05.05.2017 à 12h34

          1) Ce n’est pas  » peut-être « , c’est sûr !
          2) Je ne sais pas ce que vous entendez par  » le nôtre « .
          Conclusion : personne n’est pris en otage, les gens ont choisi au premier tour également. Que ceux qui n’ont pas vu le candidat de leur choix arriver au second tour soient mécontents est parfaitement normal. Et j’ajoute enfin que je n’ai en aucun cas fait l’éloge de l’abstention, il faut au minimum m’avoir mal lu si l’on en conclue cela.

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          • Eric // 05.05.2017 à 18h24

            Dans la mesure où c’est une vaste opération marketing et de manipulation des masses c’est bien aussi une prise en otage pour moi…
            D’autre part je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas faire l’éloge de l’abstention, c’est une façon de voter légitime et qui devrait être reconnue.
            Pour ma part je vote en fonction de mes idées et convictions et surtout pas par stratégie. Piège d’ailleurs voulu dans l’opération.
            Là il faudrait aller contre sa conscience ?

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            • Eric // 05.05.2017 à 19h18

              Personnellemzbt, je ne me suis pas prononcé contre l’abstention, chacun faisant bien ce qu’il veut. Et je le répète, les mots ayant un sens, il n’y a aucune prise d’otages. Il est même insensé de devoir le dire. Les gens choisissent, point.

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      • Caton l’Ancien // 05.05.2017 à 15h14

        Lordon emploie l’expression « prise d’otage » précisément pour retourner ironiquement ce vocabulaire contre ceux qui en abusent dès qu’on parle de grève populaire.

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        • Eric // 05.05.2017 à 16h25

          En en abusant lui même, il n’y a donc aucune ironie. Ou alors ça ne tient tout simplement pas debout.

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          • Caton l’Ancien // 06.05.2017 à 02h59

            L’ironie consiste à employer l’expression selon les usages en vigueur dans le monde politico-médiatique.

            Maintenant, pour juger dans l’absolu, je trouve l’usage journalistique abusif parce que l’expression nie les inégalités entre employés mécontents et leurs employeurs. Ici, la métaphore de Lordon ne présente en aucune façon un puissant comme un dépossédé ou l’inverse, il n’y a donc nul abus, il n’y a qu’une métaphore.

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            • Eric // 06.05.2017 à 09h35

              Je persiste à trouver la  » métaphore  » abusive car elle est irréaliste. Ce que cela illustre dans le fond selon moi, c’est qu’une certaine  » gauche  » est prise au piège de ses propres contradictions et qu’elle a du mal à en sortir à supposer qu’elle le veuille, d’où les contorsions, qui d’ailleurs ne changent rien à l’affaire.

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            • Caton l’Ancien // 06.05.2017 à 13h23

              L’expression « métaphore réaliste » est un oxymore qui, s’il fallait lui donner un sens, désignerait une simple description.

              Au bout d’un moment, ce que cela trahit (ou plutôt, trahirait si la chose n’était point assumée) c’est que Lordon ne porte pas le même jugement politique sur un mouvement social populaire que sur une campagne médiatique orchestrée par un système politique mourant afin de se maintenir.
              Mettriez-vous ces choses sur le même plan ? Si non, il n’y a aucune forme de contradiction, si oui, et bien, c’est ce jugement là que Lordon contesterait.

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            • Eric // 06.05.2017 à 14h14

              Désolé mais là je décroche. Tout cela est confus. Je m’en tiendrai à mon commentaire précédent sur les contradictions que cela illustre, en y ajoutant seulement qu’il est encore ironique de voir toujours les mêmes servir in fine les causes dont ils jurent par ailleurs leur grands dieux qu’ils y sont farouchement opposés. On en arrive à des sommets de grand-guignol, mais très symptomatiques, comme le récent épisode Ruffin par exemple. Et c’est plus que dommage, c’est le moins que l’on puisse dire.

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    • RV // 05.05.2017 à 22h06

      mais non nous ne sommes pas libres
      le choix du second tour
      a été orchestré de bout en bout
      annoncé de toutes les façons possibles et imaginables
      que Macron est un pur produit marketing
      qui propose rien moins que de continuer une politique qui a fait chuter Hollande et Valls
      et mis des millions de citoyens dans la rue (quelle horreur ! la rue !)
      nous ne sommes pas libres c’est le moins que l’on puisse dire . . .
      quand à Le Pen, qui est allé reprendre ses idées mêmes, qui a permis sa « dédiabolisation » ?
      non nous ne sommes pas libres

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      • Eric // 07.05.2017 à 10h21

        Nous sommes libres, il faudrait juste arrêter la pleurniche victimaire.

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  • lemoine001 // 05.05.2017 à 09h26

    Comme d’habitude F. Lordon est toujours trop long, trop verbeux. Il réussit pourtant à ciseler quelques formules qui percutent :
    Ainsi, il écrit : On nous appelle « à faire barrage aux effets en nous enjoignant de voter pour les causes »
    Et « Macron s’annonce comme l’accélérateur de tous les processus. Fabriqué par l’oligarchie comme réponse à la crise, il est le meilleur agent de l’approfondissement de la crise ».

    Du dilemme si bien posé découlent deux politiques possibles :
    1) La politique du pire : voter Macron en espérant tirer profit du rejet inévitable à terme de sa politique. Le risque c’est que ce soit encore une fois l’extrême droite qui soit la plus habile à ce jeu de pêcheurs en eaux troubles.
    2) La prudence : s’abstenir et commencer un travail de fond pour reconquérir l’électorat populaire. Filtrer patiemment le bouillon jusqu’à ce que les classes populaires voient enfin clair et votent pour leurs véritables intérêts.

    Les choses sont pourtant présentées le plus souvent à l’envers. La politique du pire est présentée comme la voie de la prudence et la prudence abstentionniste comme le risque du pire !
    Dans cet épais brouillard chacun devra trouver son chemin.

      +9

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    • Alfred // 05.05.2017 à 09h45

      Vous n’avez pas deux choix. Vous avez trois choix possibles (voir par honnêteté cinq pour les puristes du nul blanc abstention). Vous avez parfaitement le droit de faire le votre et de le proclamer ou pas.
      Mais le fait d’en oublier un de choix décrédibilise votre raisonnement puisqu’il devient partiel.
      (En vérité compte tenu du binôme présidentielles, législatives il y en a encore plus, mais certains choix sont de pure forme).
      Bref c’est pas si binaire.

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      • lemoine001 // 05.05.2017 à 09h53

        Je considère les votes blancs ou nuls comme des formes d’abstention – abstention signifiant ici refus de choisir l’un ou l’autre des candidats.

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        • L. A. // 05.05.2017 à 12h00

          @ lemoine001
          Sauf que le nombre de ceux qui votent blanc exprime forcément un refus politique de choisir, puisqu’il s’agit d’une démarche volontaire impliquant un ACTE ne pouvant avoir d’autre signification.
          Alors que le nombre des abstentionnistes n’a pas un sens aussi clair, puisque ce « non-acte » est commun aux « rebelles » refusant les règles d’un jeu qu’on nous impose, certes, mais noyés — ce qui en atténue singulièrement l’impact — parmi tous les empêchés (maladie subite, panne ou sinistre de dernière minute, cas de force majeure…), les je-m’en-foutistes (« Ah y’avait des élections ? Oh, moi j’fais pas d’politique »), les mal-voire-non-comprenants (« y’en a marre, tous pareils », position très proche du déclenchement impulsif de vote pro-FN ) et tutti quanti.
          Contrairement au vote blanc, lors de l’analyse des résultats l’abstention n’a donc in fine pas de sens précis.
          Et que les votes blancs et nuls soient encore confondus malgré d’incessantes réclamations ne change pas grand-chose à l’affaire, car les nuls correspondent malgré tout aussi à un acte volontaire exprimant la plupart du temps un rejet du choix proposé.
          L. A.

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          • Alfred // 05.05.2017 à 13h09

            Si vous n’etes pas assesseur ne votez pas blanc. Abstenez vous.

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          • Kopkounine // 08.05.2017 à 22h53

            Le vote blanc exprime une adhésion au système, l’abstention est plurielle, mais c’est justement l’un des sujets de l’article.

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    • Eric // 05.05.2017 à 10h47

      Et c’est vous, du haut de je ne sais quel magister, qui allez faire que  » les classes populaires voient enfin clair et votent pour leurs véritables intérêts  » ???!!! Des fois, on se demande quand même si les gens se rendent bien compte de la portée de ce qu’ils disent.

        +1

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      • RV // 05.05.2017 à 22h11

        « Des fois, on se demande quand même si les gens se rendent bien compte de la portée de ce qu’ils disent. »
        et réciproquement Eric . . .!
        juste pour vous montrer par l’absurde que votre « raisonnement » est symétrique

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        • Eric // 06.05.2017 à 11h36

          Pas réciproquement non, sauf à donner un contenu à votre commentaire une fois passé le petit plaisir d’un commentaire creux. Je m’appuyais sur un contenu précis de commentaire. Maintenant si vous voulez nous expliquer que la condescendance et/ou le mépris de classe plus ou moins conscient et plus ou moins appuyé c’est bien, ne vous gênez pas !

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        • Eric // 06.05.2017 à 12h17

          Et je vous invite également à vous renseigner sur ce qu’est réellement un  » raisonnement par l’absurde « , histoire de montrer que son emploi ici est parfaitement … absurde ! 🙂

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    • Didier // 06.05.2017 à 00h40

      Je vous trouve injuste avec la prose de F. Lordon. Elle est dense, recherchée; certes; mais quel soulagement de lire de temps à autre un texte écrit dans l’océan de la médiocrité rédactionnelle contemporaine!

      Pour ma part, Lordon est l’un des très rares auteurs qui arrive à me faire rire (j’ai éclaté de rire dès le premier paragraphe). Et croyez-moi, je n’ai pas beaucoup d’occasions de rire par les temps qui courent.

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  • Eric83 // 05.05.2017 à 09h35

    Article de l’OJIM : Macron ou l’ultime mascarade.

    « LE CANDIDAT FABRIQUÉ PAR LES MÉDIAS ET LA FINANCE SEMBLE EN PASSE D’ACCÉDER À LA PRÉSIDENCE DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE, RÉVÉLANT, AU MOMENT OÙ LE POUVOIR MÉDIATIQUE APPARAÎT PLUS DÉLÉGITIMÉ QUE JAMAIS, SON COUP DE FORCE SUPRÊME QUI, À DÉFAUT D’UNE QUELCONQUE ALTERNANCE, EST AU CONTRAIRE EN TRAIN DE FAIRE ENTRER LA FRANCE DANS UNE ÈRE POST-DÉMOCRATIQUE ».

    http://www.ojim.fr/macron-ou-lultime-mascarade/

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  • yack2 // 05.05.2017 à 09h42

    Lordon qui formalise si bien les problématiques……Par contre j’ai peur que nous n’ayons pas le cul sortit des ronces.En gros 30% des gens s’abstiendront ou voteront blanc ou nul,30% voteront Fn ,20 % voteront Macron pour faire barrage et 20% voteront pour un paquet le lessive..

    Et pourtant si l’on écoute les médias c’est une unanimité macroniste absolument sidérante et absence de toutes autres sensibilité .je suis très inquiet ,car ce matraquage véhicule un potentiel d’humiliation explosif.
    Le traitement des abstentionnistes est insultants (références honteuses et mensongères à la responsabilité des communistes à l’accession d’hitler au pouvoir….. communistes qui ont « inaugurer  » les camps de concentrations ) et induit une colère incontrôlable.
    Que dire du traitement des électeurs du FN..L’humiliation est très mauvaise conseillère et dangereuse. Puisque l’on en est à faire référence aux années trente,….la construction du nazisme s’est faite sur le sentiment d’humiliation.
    Pour finir de constater le désastre…et illustrer que nos 2 finalistes ne sont que des constructions médiatiques,les 2 faces d’une même pièce……Ils sont incapables de fournir un nombres d’assesseurs pour leurs élections ..Preuve de la réalité de la profondeur de leur racines .
    Mais qu’est ce que c’est que ce bordel!!

      +22

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    • thierry dechambre // 05.05.2017 à 14h26

      Techniquement, ceux qui ont « inauguré » les camps de concentrations, ce sont des colons d’ascendance néerlandaise pendant la guerre des boers. Mais, cela n’enlève rien à la qualité de votre commentaire

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  • ErJiEff // 05.05.2017 à 09h49

    Enfin nous retrouvons le Lordon lucide qui nous a manqué

    Excellente analyse de la situation, parfaite identification de l’insupportable magouille mise en place pour neutraliser de facto le suffrage universel au profit d’arrangements d’arrière-cuisine pour savoir qui se place « où » pour toucher « combien ».

    Maintenant, puisqu’ils ont tout fait pour que ça menace, nous allons faire en sorte que ça arrive.
    Toutes les conditions sont réunies :
    – Le FN est dilué dans une sauce Marine moins indigeste que le Jean-Marie d’antan, édulcoré par un souvenir chevènementiste façon Philippot, coupé d’un souvenir de gaullisme républicain apporté par Dupont-Aignan.
    – Sa présidence se retrouvera, sitôt élue, dans un environnement administratif et institutionnel hostile, qu’il lui faudra plusieurs mois à mettre à sa main.
    – Dans l’intervalle, l’échéance de juin permettra de mettre en place de nouvelles forces d’opposition débarrassées de cette clique qui se gave sur notre dos sous couvert d’une alternance illusoire.

    Les dés ont été pipés pour nous voler la présidentielle ? Ne gâchons pas notre dernière chance d’en finir, et raisonnons simplement :
    Le FN est depuis sa création le principal outil utilisé régulièrement par la caste des « zélites » de gouvernement pour nous retirer la parole.
    Le meilleur moyen d’en finir avec ça est donc :
    – de prendre cet outil en votant pour lui
    – de le casser aussi sec par le vote de juin.

    L’abstention est en politique une démission
    la démission est en politique une soumission

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    • Julie // 05.05.2017 à 10h16

      Pas d’accord. La Marine s’est auto-dézinguée lors du débat. La nièce est tapie dans l’ombre et n’attend que de l’achever. Dupont-Aignan a eu un coup de génie: il va pouvoir récupérer les moins tarés du FN et agrandir son propre parti. Laissons la nièce se débrouiller avec ses potes en treillis, qu’ils demandent l’indépendance de la région PACA si ca leur dit (on peut leur laisser la Corse en option).
      Que Macron soit élu avec le minimum syndical « pour rassurer les marchés » et que le vrai boulot commence avec le vote aux législatives.

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      • ErJiEff // 05.05.2017 à 13h08

        C’est précisément ce que je vous dis ; tant qu’à les regarder s’entre déchirer, autant qu’ils soient à l’Élysée et Macron éliminé.
        Ça vous a peut-être échappé mais il n’y a aucun minimum syndical pour un Macron élu : il se lancera d’emblée dans une avalanche de réformes par ordonnance et nous n’aurons que nos yeux pour pleurer.

        Le seul vrai risque de fascisation c’est lui ; mais si vous préférez lutter contre un parti nazi de pacotille qui n’a aucun soutien ni dans le pays ni dans les hautes sphères européennes, ne vous gênez pas, faites, votez Macron.

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        • Julie // 05.05.2017 à 14h34

          Je n’ai pas besoin d’aller voter Macron pour qu’il soit élu. Vu le nombre de retraités dont le vote est déterminé par le JT de la veille, je compte sur quelque saupoudrage « bien » menés. Vous avez vu Macron chez Pujadas se mettant à parler les yeux dans la caméra mendant 2 mn sur le temps du JT (dont la moitié avait déjà été consacrée à son interview), le 24 ou le 25 avril?
          Quant au fait que le FN n’aurait aucun soutien dans le pays, vous devriez aller voir dans les communes qu’il gère (et pour certaines, depuis longtemps!)

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    • Cipang // 05.05.2017 à 10h35

       » L’abstention est en politique une démission
      la démission est en politique une soumission »

      C est votre point de vue, mais on peut tout aussi bien dire
      L’abstention est en politique une contestation
      La contestation est en politique une rebellion

      On peut sortir ce genre de formules a la pelle sans pour autant faire avancer le schmilblick…

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      • ErJiEff // 05.05.2017 à 13h00

        Ils s’en moquent, ce n’est qu’une manifestation d’impuissance. En politique, ce qu’il faut c’est gagner et ils viennent de nous montrer qu’ils sont prêts à tout pour cela.
        Alors vous pensez, prendre en considération les bulletins blancs, nuls, ou les absents… lesquels ont toujours tort.

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    • lemoine001 // 05.05.2017 à 10h58

      Voter FN pour ensuite le réduire à l’impuissance !!!. On ne peut pas imaginer plus gribouille ! C’est la politique du pire que le pire / Comme ce ne peut être qu’une attitude très très minoritaire cela revient à voter FN.

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    • Ribouldingue // 05.05.2017 à 14h07

      Le meilleur moyen d’en finir avec ça c’est surtout d’arrêter de voter pour un parti qui n’est là que pour faire élire les candidats du système.

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    • thierry dechambre // 05.05.2017 à 14h14

      C’est aussi ce que je pense, l’accession au pouvoir du FN signerait son arrêt de mort. Donc, ne faites pas les cons : ne votez pas TOUS pour madame Lepen ! Concertez-vous, il en faut aussi un peu pour Macron. ?

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      • Toff de Aix // 05.05.2017 à 17h02

        A croire que personne n’a lu le billet, pour écrire absolument le contraire de ce qu’il formule ! Lordon le dit bien : il existe une contradiction fondamentale dans le fait de faire croire que votre suffrage, noyé dans LE suffrage universel, puisse procéder d’une quelconque organisation, apte à chambouler la donne.

        Et de voir des lepenistes déguisés, venir prôner de « voter FN pour mieux le dézinguer aux législatives, en le faisant élire à la présidentielle…! »

        Et dire qu’il y en a qui trouvent ça « fin et subtil », c’est une blague ou quoi ?

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        • thierry dechambre // 07.05.2017 à 16h00

          C’était effectivement une blague, d’où le petit émoticone à la fin, histoire bien sur de faire savoir qu’il ne fallait pas me prendre au sérieux. Mille excuse de vous avoir heurté, Monsieur. Vous rendez vous compte seulement qu’il pourrait en être de même pour moi lorsque vous me traiter de « lepeniste déguisé » ? Il me semblait pourtant ne pas avoir tenté de dissimuler mes préférences politiques. Après, soyez sur que je respecte vos opinions. Naturellement, je ne m’attends pas à la réciproque, j’ai l’habitude

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        • thierry dechambre // 07.05.2017 à 17h05

          Après avoir relu les commentaires je crois comprendre que vous ne parliez pas forcément de moi. Mais avouez qu’avoir répondu spécifiquement à mon commentaire pouvait m’enduire dans de l’erreur. Il faut cliquer sur le bon bouton répondre. Enfin dernière chose, Monsieur, je pense que votez FN est autant démocratique, républicain et respectable que pour tout autre parti, y compris FI. Mais je me doute que vous ne serez pas d’accord avec moi.

            +0

          Alerter
  • olympi // 05.05.2017 à 10h06

    Voter au second tour Macron, c’est comme être obligé de prendre le second emploi proposé.

    (C’est dans son programme.)

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    • m // 06.05.2017 à 23h13

      si tu t’abstiens aux législatives : déchéance de nationalité

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  • oscar // 05.05.2017 à 10h07

    La stratégie est une hiérarchisation des priorités. Qui ne dit mot consent.
    Et puis si votre souhait est que Macron soit le moins haut possible, le plus efficace est de voter Le Pen. C’est de l’arithmétique primaire.

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  • Julie // 05.05.2017 à 10h13

    Tout ça c’est bien dit, mais sur les bisbilles PC/Mélenchon et sur celles qu’il a(vait?) avec Michéa, on avance comment?

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    • RV // 05.05.2017 à 22h19

      vous qualifiez ça de bisbille ?
      je crains que ce ne soit bien plus profond . . .
      mais ne confondons pas les dirigeants et leurs partisans citoyens . . .

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  • Philippe, le belge // 05.05.2017 à 10h59

    A la description de la violence morale de ce qui est en cours aujourd’hui en France, on se rend un peu mieux compte de ce que vivent les citoyens sud américains lors de chaque élection dans les pays ayant choisi la voie progressiste, où là, l’hyper propagande médiatique est souvent encore en plus appuyée par une violence physique allant parfois jusqu’aux meurtres ou tentatives de coup d’état!

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    • yack2 // 05.05.2017 à 11h04

      La comparaison va devenir de plus en plus évidente….j’en ai peur.

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  • PatateMystere // 05.05.2017 à 11h28

    Les derniers jours me donnent raison. MLP fait une campagne de second tour déplorable. Elle s’embrouille et perds le fil alors qu’elle l’a bien tenu pendant des années. Elle ne veux pas gagner. Elle est là pour faire peur et se retirer sagement.

    C’est une mascarade. La victoire de Macron a été fabriquée et MLP est pleinement complice de cette fabrication. Orwell n’aurait pas pensé mieux.

    Nous nous faisons voler cette élection. C’est maintenant une certitude.
    Le fascisme c’est la mise au pas de l’état par la force, au service d’une idéologie. Le néolibéralisme, habillé de liberté (pour les puissants seulement) en est clairement. Quoi qu’en dise les éditorialistes de tout poil, ce weekend, c’est le fascisme (mou) qui gagnera.

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  • AEPLY // 05.05.2017 à 11h36

    A mon avis cette élection présidentielle est une tragédie moderne et je vais essayer en quelques mots de vous convier au spectacle en mettant mon œil derrière un petit trou que j’ai remarqué dans le rideau rouge qui sépare les spectateurs des acteurs et qui est déjà fort mité !

    Les deux personnalités qui restent en lice sont deux acteurs parfaitement bien choisis pour incarner devant nous une représentation du mythe œdipien destinée au grand public qui n’en demandait pas tant car il préférait, jadis, le spectacle d’une comédie de boulevard traditionnelle plutôt qu’une tragédie Grecque qui va l’obliger à « se prendre la tête », ce qu’il déteste et refuse absolument !

    (voici donc un très court extrait des dialogues de la pièce à laquelle nous assistons)

    Acteur Marine : « J’ai tué mon Père »
    Acteur Emmanuel : « J’ai épousé ma Mère »

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  • L. A. // 05.05.2017 à 13h21

    Bonjour M. Berruyer, salut à tous et attention : des messages récurrents viennent ici racoler des lecteurs pour le site de l’OJIM.
    Sous couvert d’analyse des médias, l’OJIM est une officine de propagande de l’extrême droite. Même si elle s’avance masquée et à pas feutrés avec une apparente neutralité. On y lit, entre autres, que la pauvre Mme Le Pen et son parti seraient victimes d’un ostracisme acharné, de même que ce brave M. Zemmour dont on n’écoute pas assez les arguments alors qu’il est si intelligent. Dans les citations et les références qu’on y trouve, une place inhabituellement large est laissée aux groupuscules d’extrême droite telle la royaliste Action française.
    Je soupçonne des trolls de venir ici tenter d’infester les commentaires. Je l’avais déjà signalé, mais ça s’est amplifié depuis. Pour ceux qui doutent encore : http://www.acrimed.org/L-extreme-droite-a-l-assaut-des-medias-et-de-la-critique-des-medias (et non, là moi je ne racole pas pour Acrimed,)

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    • thierry dechambre // 05.05.2017 à 13h51

      C’est sympa de prévenir. C’est pour cela que personellement, j’ai annoncé clairement la couleur en ce qui me concerne. Je n’aimerai pas être pris pour un troll (pas ca, pas ca, pas ca). Par contre à propos d’avancer masqué (larvatus prodeo), que pensez vous de la politique de l’union européenne ?

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  • Eric83 // 05.05.2017 à 13h26

    Il n’est facile de choisir dans quel billet mettre des liens qui concernent la chasse aux sorcières engagée contre les électeurs du FN, contre ceux qui souhaitent voter blanc ou nul et contre les politiciens qui n’appellent pas à voter contre POUR Macron.

    Après les politiciens, les médias, les cultes, les universités…voici maintenant la franc-maçonnerie qui veut s’en prendre à JLM.

    http://www.lepoint.fr/presidentielle/une-plainte-maconnique-contre-frere-melenchon-04-05-2017-2124835_3121.php

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  • thierry dechambre // 05.05.2017 à 13h42

    J’aime bien ce Monsieur, sa plume, sa verve, son intelligence. Mais il se trompe, il n’y a pas de colère en moi. Certes, je suis un déclassé social, mais c’est un choix, je préfère ne pas nourrir la bête. Point de colère donc, juste un calcul froid, lucide. Que feront-ils lorsqu’ils verront que la peur du fascisme ne prend plus, qu’au contraire, elle risque de les faire perdre ? Que nous inventerons-t-ils de nouveau ?

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  • BIBUS // 05.05.2017 à 13h50

    Que la Cfdt appelle à voter à droite pour Macron est normal.
    Ce syndicat est depuis toujours de droite, et c’est son droit.
    La mondialisation, le « réformisme » et la « modernité », revenir au 19éme siècle, en douceur et en supprimant le code du travail a toujours été son objectif.
    Et il pense qu’il a raison, et Macron le représente bien. Ce syndicat est logique, fidèle à sa ligne politique. S’allier au Cnpf, Attali, Minck, Hollande, Juppé, Hue,….est parfaitement compréhensible.
    Il ne protestera pas, comme la Cgt, contre la destruction des acquis sociaux. La Cgt, comme le Pc, va disparaitre dans les 20 ans qui viennent.
    Nous aurons enfin face à face, à la vue de tous, 2 options politiques.
    A chacun de choisir.

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  • SARTON Bernard // 05.05.2017 à 15h11

    Cette élection 2017 reflète bien la crise actuelle du capitalisme français à la recherche d’un profit maximum que les bourgeois asiatiques leur ont confisqués par des produits moins chers et même plus compétitifs sur le plan technologique . La Chine et tous ses satellites sont meilleurs que l’ancienne URSS dans le domaine économique et financier . Le PC chinois ne renouvelle pas les erreurs du PCUS en son temps et son organisation sur tous les plans est d’une efficacité incroyable malgré les cris des droits de l’hommisme occidentaux . Poutine avec son équipe aussi en ont tiré toute la leçon en réorganisant leur économie et leur système étatique . Le capitalisme occidental est donc en difficulté car il ne contrôle plus majoritairement l’économie mondiale . Trump est le reflet de cette difficulté comme l’Union Européenne des 27 . La France est le point faible du système et peut exploser rapidement car son peuple a une tradition révolutionnaire . Macron-Le Pen sont donc là pour empêcher cette révolte pour permettre à la caste oligarchique de réorganiser son système économique le plus vite possible et de nouveau engranger des profits maximum sur le travail des exploités . L’histoire nous dira la suite …..

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    • julie // 05.05.2017 à 23h43

      +1
      Sur les mêmes thèmes une émission diffusée aujourd’hui (marrant comme les cygn es noirs qui causent urgence énergétique n avaient pas l antenne avant le 1er tour)

      https://www.franceculture.fr/emissions/du-grain-moudre/leconomie-mondiale-va-t-elle-plomber-le-quinquennat

        +0

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    • christian gedeon // 06.05.2017 à 11h19

      Intéressant de lire à quel point les opinions sont encore largement au XIX ème siècle. je vais vous dire un secret. Il n’y a pas,et il n’y a jamais eu « une crise du capitalisme ». Parce que le capitalisme ,au sens ultralibéral,est une crise permanente et se veut tel. En fait ce que vous appelez la crise est l’essence même de l’ultralibéralisme,qui si on analyse,est l’exact contraire d’un capitalisme »normal »(j’apporte le capital,tu apportes l’industrie). Ce qui me sidère,c’est qu’on ne comprend pas bien que le libéralisme(sic!) économique actuel est juste un totalitarisme,le plus achevé qui soit,et plus un instrument de domination qu’autre chose.Marx est mort…le paradigme actuel est éminemment simpliste. la domination à tout prix,quitte à s’adapter à tous les régimes et à toutes les « cultures »,pourvu qu’elles disent oui..les autres,destruction et remplacement.

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  • JYP // 05.05.2017 à 16h06

    Je partage l’indignation de Mr Lordon
    « que ce soient ceux-là qui viennent l’index tremblant et la morale en bandoulière mettre en demeure les électeurs de ne pas accomplir tout à fait les conséquences de ce qu’eux-mêmes ont préparé, sauf à ce que les malheureux en portent l’entière responsabilité. »
    Et comme lui je ne supporte pas qu’on nous invite « à faire barrage aux effets en nous enjoignant de voter pour les causes ».
    Bravo pour les formules.
    C’est décidé, promenade en montagne dimanche.

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  • Fritz // 05.05.2017 à 23h00

    Une autre manière de prendre les électeurs en otage : leur envoyer des bulletins pré-déchirés.

    http://www.leparisien.fr/elections/presidentielle/bulletins-le-pen-dechires-et-tractages-pro-macron-le-fn-s-insurge-05-05-2017-6921225.php

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  • huetantpis // 06.05.2017 à 03h23

    Lordon a son style inimitable à faire dans le complexe pour apporter quelque lumière à une question posée dont la réponse finale sera soit la A soit la B.
    Le prétexte à tout ce raisonnement vient du fait que ni la réponse A, ni la réponse B ne le satisfait.
    Alors évidemment, il semble qu’il soit stimulant à son esprit de dire « hep, j’ai deux autres réponses la blanche ( joker) ou l’abstention dont il convient de soupeser les intérêts respectifs…
    Oui mais, la réponse sera soit A, soit B au soir du 7 mai.
    si Réponse A : pas de bouleversement du système le 7, il y aurait continuation du mépris pour les travailleurs du primaire et du tertiaire « ubérisé » par le système et l’attente de l’étincelle, celle qui mettra le feu aux poudres… cela peut durer… toujours trop longtemps
    si Réponse B: le système serait en séisme dès le 7 mai, la révolution des « sans dents » serait aussitôt mise « en marche » par la réaction du système car la réponse B n’était pour eux qu’un leurre…

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  • sissa // 06.05.2017 à 08h36

    Rendre la Victoire de Macron la plus courte possible?
    Mais qu’il gagne avec 51% ou 75% cela ne change rien. Le moment où se jouera le soutien de Macron ce seront les législatives et malheureusement on peut craindre qu’il les gagne. On peut d’ailleurs penser que plus le score de Le Pen sera haut de la présidentielle, plus l’injonction de voter Macron pour les législatives sera fort au nom de la « défense de la république », et plus la victoire de son mouvement sera ample.
    J’ai deux ennemis Macron et Le Pen, je ne peux les battre tous les deux, mais je me dois d’en faire perdre un pour pouvoir m’attaquer à l’autre.
    Il n’y a qu’un enjeu dans ce deuxième tour: savoir si Le Pen sera la leader incontestable de l’opposition pendant 5 ans.

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    • Eric // 06.05.2017 à 10h23

      Comme une souri qui veut à tout prix éviter le piège qu’on lui présente ostentatoirement mais ne voit pas ou ne veut pas voir la cage dans laquelle elle est enfermée…

      « Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. » (JC Junker)

      E. Macron ne pourra être « attaqué » puisqu’il appliquera la politique décidé à Bruxelles (notamment le GOPE) à coup de 49.3 ou autres ordonnances avec toujours le même matraquage médiatique orchestré par les milliardaires propriétaires des « grands » médias. Exactement comme cela se passe depuis plusieurs décennies maintenant de façon progressive mais continue, par un moyen ou un autre… Politique décidée par des commissaires non élus avec un pseudo parlement européen qui arrange les textes, fait de la figuration…

      Au pire il mettra en veilleuse en attendant un moment plus favorable ou sous une autre forme ou en feignant céder du terrain (toujours provisoirement) voir même remettra au prochain quinquennat…

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    • Eric // 06.05.2017 à 11h10

      Vous allez un peu vite et en tout cas ne parlez, je pense, que de pourcentage des votants comme si le pourcentage des inscrits n’existait pas.

      Or justement obtenir même 100% des votants de 10 ou 20% des inscrits change tout. C’est même le seul moyen efficace de les éliminer tous les 2. Si on observe les résultats du premier tour c’est la logique qui s’impose pour moi (ce serait différent si l’un des 2 premiers avait obtenu un résultat bien supérieur).

      Les blancs ne sont pas pris en compte dans les pourcentages des votants (exprimés): http://www.vie-publique.fr/decouverte-institutions/citoyen/participation/voter/droit-vote/abstention-vote-blanc-vote-nul-quelles-differences.html?xtor=SEC-911:
      « Mais, comme auparavant, ils ne seront pas pris en compte dans le nombre des suffrages exprimés (ensemble des bulletins moins les votes blancs et nuls). »

      La fin du premier paragraphe de cette page est aussi intéressante: « Néanmoins, l’abstention semble traduire une crise de la représentation et peut poser la question de la légitimité du pouvoir politique élu avec une faible participation. » (je suis étonné que cette phrase ne soit pas supprimé !).

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  • georges glise // 06.05.2017 à 11h29

    le capitalisme a toujours eu deux fers au feu de sa forge:
    le fascisme hard, représenté naguère par le nazisme hitlérien et le fascisme mussolinien, et aujourd’hui par kaszinski en pologne, orban en hongrie, porochenko et ses amis en ukraine, par erdogan en turquie.
    et le fascisme soft, ceux que l’on appelait autrefois sociaux-traîtres, c’est-à-dire la social-démocratie qui captait le vote ouvrier puis agissait en complicité totale avec l’oligarchie capitaliste!
    rien n’a changé, le pen est la représentante du fascisme hard, macron le représentant du fascisme soft. quel que soit le gagnant, le prolétariat va en baver, sauf si les législatives de juin parviennent à rejeter les deux dans les ténèbres extérieures.
    je refuse de choisir entre la peste et le choléra, pour moi ce sera vote blanc, je ne cèderai pas comme en 2002 aux injonctions des antifascistes de façade qui font campagne pour le fascisme soft!

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  • Nanker // 06.05.2017 à 19h10

    Lordon l’avait dit dans son billet précédent : Macron n’est pas l’adversaire ou l’antithèse du F.N. il est la dernière étape AVANT que le F.N. ne prenne le pouvoir, en 2022 ou même plus tôt.

    Cela relativise la portée « historique » du vote de demain : on aura donc un guignol libéral à l’Elysée puis MLP.

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  • PETIT // 09.05.2017 à 01h50

    Le pouvoir des abstentionnistes est redoutable, lorsque, par exemple une majorité d’abstentionnistes parvient à faire capoter une manif. Pourquoi ne pas voter pour un vote blanc ?

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