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10.juillet.201910.7.2019 // Les Crises

Egypte: Mohamed Morsi, « crise cardiaque » ou « assassinat » ? Par RTBF

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Encore une no news dans certains médias – merci aux Belges d’avoir mis en avant certaines questions importantes…

Source : RTBF, 18-06-2019

Mohamed Morsi jugé dans un procès pour espionnage, il y a deux ans. – © MOHAMED EL-SHAHED – AFP

L’ancien président égyptien Mohamed Morsi a été enterré au Caire en toute discrétion, après s’être effondré lors d’une audition devant un tribunal. Selon un de ses fils, les autorités ont refusé qu’il soit enterré dans le caveau familial de sa province natale dans le delta du Nil. La famille a procédé aux rituels funéraires à l’hôpital de la prison de Tora au Caire où il était détenu.

L’ex-dirigeant a été inhumé dans un cimetière aux côtés d’autres dignitaires des Frères musulmans – © KHALED DESOUKI – AFP

Qui était Mohamed Morsi?

Premier président démocratiquement élu en Egypte, Mohamed Morsi promettait « une renaissance égyptienne sur des fondements islamiques ». Il est issu de la confrérie des Frères musulmans, le mouvement le plus ancien et le plus représentatif de l’islamisme sunnite.

Arrivé au pouvoir après le Printemps arabe de 2011 qui avait poussé Hosni Moubarak vers la sortie, Mohamed Morsi a été renversé par l’armée un an plus tard, après de grandes manifestations antigouvernementales. Il était emprisonné depuis sa destitution.

Pourquoi était-il en prison?

Le leader islamiste avait été jugé dans plusieurs affaires dont un dossier d’incitation à la violence contre des manifestants et un dossier d’espionnage au profit de l’Iran, du Qatar et de groupes comme le Hamas à Gaza.

Le président Abdel Fattah al-Sissi, qui a pris la succession de Mohamed Morsi après le renversement de celui-ci, a mené une répression sans merci contre l’opposition islamiste et en particulier les Frères musulmans. Des centaines de personnes ont été condamnées à mort, dans des procès de masse expéditifs, qualifiés par l’ONU de « sans précédent dans l’Histoire récente« .

Mohamed Morsi était détenu au complexe pénitentiaire de Tora au Caire – © Reuters, capture d’écran

Dans quelles circonstances est-il décédé?

Au complexe pénitentiaire de Tora au Caire, « le tribunal lui a accordé le droit de parler pendant cinq minutes. Il est tombé sur le sol dans la cage des accusés et a été immédiatement transporté à l’hôpital » où il est décédé, a indiqué le parquet général. « L’autopsie n’a rien révélé d’anormal », ajoute-t-il. Selon la télévision d’Etat, il est mort « à cause d’un arrêt cardiaque ».

Le Parti de la liberté et de la justice de Mohamed Morsi, bras politique des Frères musulmans, a parlé d’un « assassinat », dénonçant de mauvaises conditions de détention dont « le but était de le tuer à petit feu« .

Quelles étaient ses conditions de détention?

En 2018, une commission britannique indépendante avait condamné son maintien à l’isolement 23 heures par jour, dans des conditions de détention pouvant « relever de la torture ou du traitement cruel, inhumain ou dégradant ».

« Le refus d’un traitement médical de base auquel il a droit pourrait entraîner sa mort prématurée », avait alors déclaré devant le Parlement britannique le président de cette commission.

Des organisations de défense des droits humains dénoncent aujourd’hui l’absence de soins médicaux adéquats durant l’emprisonnement et demandent une enquête sur la mort de l’ancien président, à 67 ans.

Source : RTBF, 18-06-2019

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Fritz // 10.07.2019 à 07h30

Le papier récent de René Naba était fort critique à l’égard du président Morsi, de même que la plupart des commentaires qui ont suivi sur ce site. Il n’empêche qu’on doit s’interroger sur la mort d’un homme en plein procès politique. Certes les coïncidences existent, mais le fait même du décès inopiné d’un chef d’État renversé mérite une enquête.

Quant à la déclaration du président de la « commission britannique indépendante », elle aurait dû être faite en 2006, lors du décès d’un ancien président yougoslave renversé à la suite d’une guerre d’agression puis d’une révolution de couleur ( la « nuit de Belgrade », le 5 octobre 2000, qui avait fait chavirer de joie France Inter et autres médias-qui-mentent).

18 réactions et commentaires

  • Fritz // 10.07.2019 à 07h30

    Le papier récent de René Naba était fort critique à l’égard du président Morsi, de même que la plupart des commentaires qui ont suivi sur ce site. Il n’empêche qu’on doit s’interroger sur la mort d’un homme en plein procès politique. Certes les coïncidences existent, mais le fait même du décès inopiné d’un chef d’État renversé mérite une enquête.

    Quant à la déclaration du président de la « commission britannique indépendante », elle aurait dû être faite en 2006, lors du décès d’un ancien président yougoslave renversé à la suite d’une guerre d’agression puis d’une révolution de couleur ( la « nuit de Belgrade », le 5 octobre 2000, qui avait fait chavirer de joie France Inter et autres médias-qui-mentent).

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    • Vladimir K // 10.07.2019 à 19h28

      « En 2018, une commission britannique indépendante avait condamné son maintien à l’isolement 23 heures par jour, dans des conditions de détention pouvant “relever de la torture ou du traitement cruel, inhumain ou dégradant”. »

      N’est-ce pas ce qu’a subi, et continue de subir Julian Assange ?

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  • Shock // 10.07.2019 à 08h14

    Comment? Il ne s’est pas suicidé?! Comme Patrice Lumumba pour les Belges en 1961 ou comme Félix Moumié en 1960 pour les Français… Les traditions se perdent. Et je ne parle même pas des opérations homo françaises ou de drones américains.

    On peut compléter la liste avec Robert Boulin; Jean-Edern Hallier, Boris Berezovsky, etc.

    Vite des enquêtes!

    « Frères musulmans, le mouvement le plus ancien et le plus représentatif de l’islamisme sunnite. »

    Bravo, il ne faut pas rappeler que c’est une organisation terroriste qui prône la charia et notamment la mise à mort des apostats et des adultères.

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    • Fritz // 10.07.2019 à 09h34

      Votre dernière remarque n’est pas fausse, mais elle me rappelle les imprécations contre le Hamas, « organisation terroriste qui prône la destruction d’I….. ». Et puis, en tant que président égyptien élu régulièrement, combien d’apostats et d’adultères Morsi a-t-il fait mettre à mort ?

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    • Le Belge // 10.07.2019 à 10h13

      Des opérations homo françaises ? Euh, qu’est-ce-que c’est des opérations homo ?

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      • Fritz // 10.07.2019 à 10h15

        Ce sont des opérations homicides proposées et effectuées par les services secrets.
        Elles sont soumises à l’approbation du président de la République.

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        • Le Belge // 10.07.2019 à 13h27

          Merci pour votre réponse, Monsieur. Non, mais, blague (très) facile à faire mise à part, le terme était très ambiguë et inconnu de moi. Bonne journée.

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  • koui // 10.07.2019 à 08h25

    Selon l’autopsie, Morsi est mort d’un arrêt du cœur ou si on préfère, d’une extinction de la vie.
    Mais quelle est la cause réelle? Si on lui a injecté un poison israélien ou américain, qui va chercher a le détecter ? Premier et dernier Président élu de l’Égypte, Morsi n’aura même pas eu l’occasion d’appliquer ses mauvaises idées car il était en permanence sous la menace mortelle de l’armee. Il n’a donc pas pu commencer la démilitarisation de l’economie et la politique egyptienne. C’est regrettable parce que l’egypte aurait pu entamer un chemin vers la democratie. Des milliers de personnes, islamistes démocrates ou laïques démocrates ont été assassinées ou emprisonnées par le nouveau régime militaire de Sissi, pire en définitive, que celui de Moubarak, le gentil tyran.

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    • azuki // 10.07.2019 à 09h28

      … et pourquoi pas du poison anglais ? On a vu récemment en creux que Porton Down manquait de débouchés enthousiasmants.

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    • Chris // 10.07.2019 à 12h30

      Bon, je me dis qu’à 67 ans, arrivant au terme d’une vie bien remplie et mouvementée (stress assuré), connaissant les enjeux du dit procès (détention à perpettes au mieux, rien de bien réjouissant), sans suivi médical à minima… le « coeur » n’y est plus !
      Quand on voit dans quel état est rendu Assange avec 20 ans de moins…
      Une énième victime (directe ou indirecte) des actuels et anciens empires qui continuent de tirer les ficelles au Moyen-Orient (et ailleurs!), depuis plus de deux siècles, en toute quiétude.

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      • Chris // 10.07.2019 à 12h33

        Une énième victime… consentante, car il fait partie de ces jeux d’ombres en tant que Confrère Musulman.

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    • septique // 10.07.2019 à 13h10

      Si on lui a injecté un poison israélien ou américain

      et pourquoi pas russe ou chinois ?

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      • Fritz // 10.07.2019 à 13h27

        Et pourquoi pas égyptien ?
        Les explications les plus simples sont les meilleures.

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  • Louis Robert // 10.07.2019 à 13h10

    Comme l’Empire lui préfère un Al-Sissi,  les « coups d’état qui n’en sont pas », les régimes militaires « discrets » et l’islamophobie ambiante, il faudra attendre davantage avant que justice soit rendue au président Morsi et à sa mémoire. Pour l’heure du reste, le silence significatif de l’Empire vaut mieux que ses paroles.

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  • lon // 11.07.2019 à 19h03

    On retiendra de l’épisode Morsi l’empressement de la presse impériale à justifier le coup d’état militaire , contre un président démocratiquement élu, certes, certes , mais soi-disant honni par le peuple égyptien ( qui l’avait élu certes, certes, mais vous savez comment est le peuple , une vraie girouette ..)
    Quand même dans le genre un ton au dessous du coup au Honduras en 2009 ( 10 ans déjà ) , dont Libération se demandait si le qualificatif de  » coup d’état » était adéquat au motif entre autres que le président sorti montait une consultation jugée illégale
    « ….Pour ce quotidien, ce qui pour Le Monde n’était encore qu’un « coup d’État d’un genre nouveau » n’était même pas un coup d’Etat. Le 30 juin, en effet, Libération publie un article d’anthologie qui s’interroge : « Y a-t-il eu un véritable coup d’Etat militaire au Honduras ? ». On se le demande… En tout cas, la responsabilité de cet hypothétique coup d’Etat doit être imputée au président destitué. C’est ce qu’indique le titre de l’article : « Manuel Zelaya, le putsch au crime ». C’est ce que confirme son sous-titre : « Le président, destitué dimanche, avait scellé son sort en violant la Constitution ». Bref, Libération épouse la thèse de l’opposition et des militaires, sans fournir le moindre élément d’appréciation sur ce prétendu « viol », sur la nature de la procédure prévue par le président et sur ses motifs, y compris juridiques. En tout cas, la titraille a « scellé le sort » de Zelaya…. »
    https://www.acrimed.org/Sous-information-et-desinformation-loin-du-Honduras

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    • Louis Robert // 12.07.2019 à 13h41

      Bonjour Ion.

      Même la jadis très lucide Al Jazeera, ne s’avérant plus ne serait-ce que l’ombre d’elle-même, refusa jusqu’à la fin de reconnaître le coup d’état militaire qui se déroulait pourtant sous ses yeux en Égypte. Ironiquement, cela ne lui épargna pas pour autant toutes les misères que fit bientôt subir à ses dits « journalistes » le Pouvoir militaire égyptien. Comme quoi on ne sauve pas nécessairement sa peau en trahissant ses propres principes et valeurs au profit du tyran.

      Quant à la « couverture » du « coup d’état militaire qui n’en fut pas un » au Honduras, elle fut bien sûr, partout dans l’Empire, au-dessous de tout, comme le confirme du reste la situation qui prévaut depuis lors dans ce pays.

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  • koui // 12.07.2019 à 09h13

    Le cas égyptien est emblématique de notre incapacité à définir nos régimes démocratiques en raison de l’incapacité de nos contemporains a réfléchir de façon approfondie. Nos philosophes modernes s’appellent BHL, Luc Ferry, Lecomte-Sponville, Michel Onfray. Morsi a été élu démocratiquement mais son programme est religieu et réactionnaire. Nous sommes donc incapables de définir son éviction et son assassinat comme des crimes contre la Liberté. Il s’est passé la même chose en Algérie ou les islamistes ont étés elus puis destitué s et exterminés. Le cas de la Syrie n’est pas très différent car Assad est laïque et empêche ses seuls vrais opposants, les frères musulmans de participer aux élections en raison de leur confessionalisme. C’est son opposition a Israël qui nous a fait basculer dans le camp de l’opposition maquillée sommairement en libérale.

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    • lon // 12.07.2019 à 17h20

      C’est exact que Morsi avait un programme religieux et réactionnaire , mais son grand tort fut de vouloir entamer les prérogatives de l’armée . Son cas ainsi que les autres que vous citez, le FIS en Algérie , sont dans le principe similaires ( même si ça fait hurler les défenseurs de la liberté ) à tous les renversements de gouvernements démocratiquement élus, indépendamment de leurs orientations politiques , de mémoire le Frente Popular espagnol , le renversement de Mossadegh en Iran 1953 , le putsch de colonels en Grèce 1967, le Chili d’Allende , le Honduras en 2009 , j’en oublie sûrement : à cela il faut ajouter dans un registre plus  » soft » les élections pour des partis à priori  » de rupture » , élection de Mitterrand 1981, Syriza en Grèce , qui finissent par trahir leur projet initial , et bien sûr le NON au référendum de 2005 contourné 2 ans plus tard par le traité de Lisbonne . Moralité : le système démocratique à l’occidentale ne permet que des ajustements à la marge , dès que les fondamentaux sont menacés c’est le bon vieux rapport de force version hard ou soft . Il est difficile d’avoir une position claire sur le sujet , à moins de vouloir respecter un absolu démocratique, perso je considère que l’Algérie transformée en état islamique aurait été une catastrophe . Par contre ce qui me débecte c’est une référence à la démocratie et aux droits de l’homme à géométrie variable par une nomenclatura politico-médiatique imbue d’elle même et donneuse de leçons .

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