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30.avril.201630.4.2016 // Les Crises

Emmanuel Todd : « Nuit debout contre le grand vide »

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Source : Fakir, François Ruffin, 20/04/2016

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Entretien avec Emmanuel Todd sur le mouvement Nuit Debout

Fakir : C’est un petit truc, Nuit debout…

Emmanuel Todd : Il ne faut pas dire ça. D’abord, c’est peut-être une petite chose mais au milieu de rien. Et ça, le fait que les médias s’intéressent à cette petite chose, c’est aussi un signe du grand vide. Les journalistes, qui certes appartiennent à des grands groupes, liés à l’argent, qui certes ne remettront jamais en cause ni l’euro ni l’Europe ni le libre-échange, mais qui sont des gens diplômés, pas toujours bêtes, ils sentent ce grand vide. Ils savent qu’ils donnent la parole à des hommes politiques méprisables, inexistants, tellement creux. Eh bien, ce qui se dit, ce qui se passe place de la République, et sur les places de province, parce qu’il faut regarder l’ouest de la France, Rennes, Nantes, Toulouse, la jeunesse des villes universitaires, ce qui se dit sur ces places, pour aussi farfelus que ce soit, ça vaut toujours mieux que ce grand vide. Et il ne s’agit pas seulement de remplir des pages, de vendre du papier…

Fakir : Ça remplit l’âme ? C’est l’indice d’une crise métaphysique ?

E.T. : Presque ! Et puis, pour aussi petit que ce soit, c’est peut-être un signe avant-coureur. Regardez Occupy Wall Street. Quelques mois après, je regardais les sondages qui paraissaient aux Etats-Unis, les jeunes devenaient favorables à l’Etat, à du protectionnisme. Et aujourd’hui, certes Bernie Sanders a perdu contre Hillary Clinton, mais il s’est revendiqué du « socialisme » aux Etats-Unis, et ses thèmes font maintenant partie de la campagne.

« Il y a là une ouverture pour se débarrasser du parti socialiste ! »

Fakir : Donc ça pourrait mener à un basculement ?

E.T. : C’est sans doute une étape dans la maturation des esprits. Déjà, si ça pouvait conduire à un engagement simple, chez les jeunes : « Plus jamais nous ne voterons PS ! » Je me porte beaucoup mieux, c’est une libération spirituelle, depuis que j’ai fait ce serment pour moi-même. Je rêverais de la mise à mort du PS. C’est peut-être ce que va nous apporter Hollande, il y a là une ouverture pour se débarrasser du parti socialiste. Et il existe désormais un boulevard à gauche.

Fakir : Mais ce sont des bobos qui se réunissent ?

E.T. : C’est facile de dire ça. Les jeunes diplômés du supérieur, c’est désormais 40 % d’une tranche d’âge. Ce n’est plus une minorité privilégiée, c’est la masse. Il y a donc un énorme potentiel d’extension du bobo. Et surtout, il faut comprendre, faire comprendre, que les stages à répétition, les boulots pourris dans les bureaux, les sous-paies pour des surqualifications, c’est la même chose que la fermeture des usines, que la succession d’intérim pour les jeunes de milieu populaires. La baisse du niveau de vie, c’est pour toute une génération.

« Un territoire libéré, à la fois des vieux et des banques, ça ne me déplait pas ! »

Fakir : Donc la réunion des deux jeunesses est en vue ?

E.T. : Avec un marxisme simpliste, on dirait que oui, ça doit bien se passer, les intérêts objectifs sont les mêmes. Mais le système scolaire, notamment, opère une stratification, il sépare tellement les destins, trie, évalue, que la jonction ne va pas de soi. Et on voit que la jeunesse populaire se tourne massivement vers le Front national…

Fakir : A cause, donc, d’habitudes culturelles différentes ? La techno contre Manu Chao ?

E.T. : Je ne sais pas ça, moi. Il ne vous aura pas échappé que je ne suis pas jeune !
C’est d’ailleurs une chose très positive : voilà quelque chose qui appartient aux jeunes. Enfin ! La société française est sous la coupe des vieux et des banques. Non seulement pour les richesses, mais pour le pouvoir surtout : le suffrage universel devient un mode d’oppression des jeunes par les vieux, qui décident d’un avenir qu’ils n’auront pas à habiter. Je milite pour la mise à mort de ma génération. Donc, l’idée d’un territoire libéré, à la fois des vieux et des banques, ça ne me déplait pas. C’est pour cette raison que l’éviction de Finkielkraut m’est apparu comme une bonne nouvelle. Jusqu’ici, je trouvais les jeunes trop gentils, au vu de la domination qu’ils subissaient.

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Fakir : Mais dans ce mouvement, il y a comme un refus de l’organisation…

E.T. : C’est le drame de cette jeunesse : c’est nous, en pire. Les soixante-huitards ont découvert les joies de l’individualisme, mais ils avaient derrière eux, dans leur famille, une solide formation dans des collectifs : le Parti communiste, l’Eglise, les syndicats. Là, ces générations sont nées individualistes, ce sont des soixante-huitards au carré, quasiment ontologiques. Il n’y a même pas le souvenir de ces collectifs forts. Et la volonté de ne pas s’organiser est presque élevée au rang de religion.
Mais c’est terrible parce que s’ils savaient, s’ils savaient à quel point les mecs en face d’eux, les patrons, l’Etat, le Parti socialiste, les banques sont organisés. Ce sont des machines. Et moi qui suis plutôt modéré, keynésien, pour un capitalisme apprivoisé, je me souviens de la leçon de Lénine : « Pas de révolution sans organisation » !

Source : Fakir, François Ruffin, 20/04/2016

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Commentaire recommandé

bm607 // 30.04.2016 à 05h16

« M. Todd, votre génération nous a pourri la vie. Elle avait tout, … », c’est vu de Sirius.

Je me souviens vers 1960, ma famille moyenne de banlieue, une maison ~40m² sans salle de bains (douche au baquet chaque semaine), WC extérieurs (ah, l’hiver…), petite radio dans la pièce à tout faire, pas de four, un frigo d’occasion…
Vacances dans le midi dans la tente, en 4CV (voiture plus que rustique) : l’avion c’était un rêve ; un voyage à l’étranger plusieurs années de sacrifices.
On n’était pas malheureux, on vivait. Sans le chômage actuel, sans le confort actuel.

Maintenant un « jeune » de 35 ans, relativement aisé sans plus, a voyagé dans plus de pays que nous ne rêvions d’en voir en une vie, possède console, smartphone, four, TV, ordi, internet…

Depuis les années 80, tout s’est emballé, s’est déréglé, on a endetté le pays, créé du chômage, de la pauvreté, pourri politique, finance, médias ; mais le niveau de vie moyen actuel (hors pauvreté) n’a rien à voir.

On voudrait la stabilité des années 60 ET le niveau de vie « moyen » actuel SANS son vide ? On ne l’a pas, arrêtez d’accuser les anciens de tout (vous avez fait mieux qu’eux, vous avez changé les choses depuis 10 ou 20 ans pour la prochaine génération ?) et retroussez vos manches pour changer les choses , si tant est qu’il soit possible d’avoir le meilleurs des deux mondes sans piller les pays plus pauvres.

Todd à raison je trouve : l’avenir c’est aux jeunes de le choisir, et même l’inventer, peupler ce « grand vide » ; pas à ma génération, ni aux banques, qu’il faut « tuer ». Choisir ; et AGIR.

59 réactions et commentaires

  • paulo // 30.04.2016 à 00h46

    Une organisation devient vite une cible et l’on sait d’expérience les moyens que peux mettre l’oligarchie pour sauver ses intérêts.
    Ces moyens sont d’ailleurs décuplés de nos jour, grâce à la technologie comme aux nouveau outils législatifs.
    Donc c’est soit la clandestinité soit une nouvelle forme de « non-organisation ».
    Sinon, belle analyse …

      +9

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  • theuric // 30.04.2016 à 01h08

    Nous avons l’impression, quand il n’y a pas de vent, que les molécules d’air sont immobiles.
    C’est faux, en fait, en ce cas les molécules d’air se baladent chacune à droite et à gauche, de haut en bas et n’en font qu’à leur guise.
    En revanche, lorsque les molécules d’air en viennent à naviguer dans le même sens, là le vent se lève.
    C’est là tout le problème de l’individualisme, lorsque chacun s’en va de son coté tout part à vau-l’eau, la société se désagrège en raison d’une trop grande divergence de ses acteurs.
    Une organisation, en effet, quelle qu’elle soit, nécessite une direction, dans les deux sens de ce terme.
    La question de l’individualisme renvoie à son socle idéologique, le néolibéralisme, or celui-ci se fragilise au même rythme que s’effondre l’économie-monde (ne croyez pas au rêves de la fin de crise, ce n’est juste qu’une courte pause), la preuve.
    A l’individualisme, l’individualité serait à préférer puisque s’y rajoute la notion de responsabilité, celle de ses actes dans la société.

      +18

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    • José Navarro // 01.05.2016 à 22h40

      Il faut distinguer individualisme et individuation. L’individuation c’est la vision existentialiste du monde par opposition à une vision essentialiste ; c’est considérer que chaque individu est de droit, n’appartient à aucun groupe (famille, tribu, ethnie, religion, nation, etc. ) et se construit en fonction de ses capacités, de ses désirs, et de ses interactions avec son environnement.

        +0

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      • Morpheus // 02.05.2016 à 04h17

        Bonjour,
        Rappelez-vous, l’existentialisme est un courant philosophique, pour comprendre vers quoi l’individuation renvoie c’est vers C.G. JUNG qu’il faut se tourner.
        Cordialement

          +0

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  • theuric // 30.04.2016 à 01h31

    Les questions sont donc autant celle des valeurs partagées, des désaccords et de celle de l’obéissance, soit à un chef, soit à la majorité.
    Ainsi, n’est-ce pas au creuset de la minorité que les novations émergent, parfois à l’encontre de la majorité?
    Et comment obéir à une direction en conservant l’entièreté de son libre-arbitre?
    Quel degré de désaccord peut-on admettre au sein d’un mouvement (direction, mouvement, mots ici bien choisit si on se réfère à ce qu’est le vent)?
    Les valeur partagées sont-elles de la dimension de croyances ou la résultante d’échanges continuels entre les acteurs?
    Très souvent la substance de la politique n’est pas comprise, ainsi, les rapports de force font que les jalousie s’y exacerbent naturellement, mais le réel chef d’état sait s’entourer de gens intelligents et capable, ceci parce qu’il n’a pas à les craindre, connaissant ses propres qualités.
    Quoi qu’il en soit, je suis extrêmement curieux de voir comment tout ça va se développer.
    Pas vous?

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  • Spectre // 30.04.2016 à 01h53

    Comme d’habitude, le traitement médiatique est complètement centré sur Paris (place de la République) et occulte donc l’essentiel, à savoir le fait que Nuit debout pousse comme un champignon en province et en périphérie. À l’heure actuelle, on en est déjà à plus de 200 rassemblements : https://framacarte.org/fr/map/15-m_2420#6/48.305/-0.264 À noter aussi que des initiatives semblables voient le jour ailleurs en Europe.

    Ce qui est amusant, c’est de constater que les mêmes bêtes à cornes (notamment UMP) qui balayent avec dédain le mouvement comme insignifiant et non-représentatif… se précipitent ensuite pour hurler à la “chienlit” et demander l’interdiction des rassemblements.

    Le coup du “délire de bobo” est tellement éculé de leur part qu’il va falloir recycler le vocabulaire du mépris de classe. Que des sans-dents aient l’outrecuidance de faire un bras d’honneur à l’état d’urgence en se réunissant pour esquisser les contours d’un monde qui ne soit pas dominé par les banksters et les actuelles élites scélérates, forcément, ça les défrise. Ils ont bien pigé que Nuit debout avait la ferme intention d’abolir leurs privilèges. On ne comprend que trop leur envie de faire taire tout ça à la matraque…

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    • Durand // 30.04.2016 à 12h49

      Spectre,

      « On ne comprend que trop leur envie de faire taire tout ça à la matraque… »

      Mmmm…, ou bien de laisser croire qu’ils craignent ce mouvement, tout en sachant qu’en dehors de toute culture politique et de toute hiérarchie des priorités, il ne représente aucun danger pour l’empire et ses valets…

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  • Ailleret // 30.04.2016 à 02h08

    « Je milite pour la mise à mort de ma génération ». Oui, M. Todd, votre génération nous a pourri la vie. Elle avait tout : née vers 1945 ou 1955, elle n’a pas connu la guerre. Elle avait la croissance et le progrès, l’université grande ouverte, le plein emploi, et j’en passe. Elle se targue volontiers d’avoir fait 68, et elle occupe toujours les bonnes places. Elle a le fric, elle monopolise la parole médiatique, elle impose des politiciens à son image, comme l’effrayant Juppé. Elle a détruit l’éducation nationale. Elle a tout trahi, elle n’a rien transmis.

    Vous ne respectez rien ? La jeunesse ne vous respectera point. Qu’elle passe la nuit debout, qu’elle fréquente la mosquée, ou qu’elle vote Front national. Espérons qu’elle saura se libérer de l’individualisme que vous lui avez légué.

      +59

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    • theuric // 30.04.2016 à 03h11

      Ma mère raconte que ce ne fut qu’à trente deux ans qu’elle eut l’eau courante chez-elle, en 1960, elle vécu à Paris jusqu’à sa trentième année.
      Il fallut bien mettre à bas la société ancienne, ce fut le fait de la génération 68 jusqu’en 1980 environ, ensuite c’est le vide qui a progressivement pris la place.
      Alors maintenant, c’est à vous, les jeunes, de remplir ce vide, mais n’oubliez pas le passé et, surtout, comprenez-le.
      Si je vous disais que, gamin, à la campagne, en colonie de vacance, je fus coursé avec d’autres marmots (nous nous étions perdu) par un paysan armé d’un fusil parce que nous lui volions sont eau.
      Et oui, des mômes en colo pouvaient se perdre, les médiats n’en parlaient pas, chacun se démerdait, nous prenions des risques sans le savoir, nous nous accrochions les uns les autres pour traverser le Tarn sans avoir pied et aller nous baigner, c’était le directeur qui organisait ça.
      Qui oserait faire ça aujourd’hui?
      Ne portez pas de jugement trop hâtif, il n’y a ni bien ni mal, il y a les faits, c’est tout.

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      • theuric // 30.04.2016 à 03h31

        Ce vide est surtout fait de présupposés plutôt simplets, nous avons tous, je suis un peu dedans aussi, oublié, au-dedans de ce nirvana d’individualisme consumérisme, que penser voulait dire penser la complexité dans sa nature et sa subtilité.
        Il est toujours difficile de penser au-devant de la facilité de la richesse et de la facilité, même toute relative.
        C’est pourquoi le néolibéralisme est apparu, il fallait bien remplacer les capitalisme et communisme agonisant dans les années 80.
        Rendez-vous compte de la véritable révolution qui a traversé l’Europe en 60 ans, rien au regard de l’histoire, tout a été balayé d’un coup.
        Alors, soyez sûr que vous reviendrez un peu en arrière (un siècle environ), sans même vous en apercevoir, même après avoir lu ces lignes, parce que, ce vide, il ne peut pas se remplir de vide, il faudra bien trouver un socle suffisamment solide pour commencer à le combler.
        Si on veut remplir un trou, c’est bien avec de la terre et pas avec de l’eau, qui finira bien par s’évaporer ou s’infiltrer.

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    • bm607 // 30.04.2016 à 05h16

      « M. Todd, votre génération nous a pourri la vie. Elle avait tout, … », c’est vu de Sirius.

      Je me souviens vers 1960, ma famille moyenne de banlieue, une maison ~40m² sans salle de bains (douche au baquet chaque semaine), WC extérieurs (ah, l’hiver…), petite radio dans la pièce à tout faire, pas de four, un frigo d’occasion…
      Vacances dans le midi dans la tente, en 4CV (voiture plus que rustique) : l’avion c’était un rêve ; un voyage à l’étranger plusieurs années de sacrifices.
      On n’était pas malheureux, on vivait. Sans le chômage actuel, sans le confort actuel.

      Maintenant un « jeune » de 35 ans, relativement aisé sans plus, a voyagé dans plus de pays que nous ne rêvions d’en voir en une vie, possède console, smartphone, four, TV, ordi, internet…

      Depuis les années 80, tout s’est emballé, s’est déréglé, on a endetté le pays, créé du chômage, de la pauvreté, pourri politique, finance, médias ; mais le niveau de vie moyen actuel (hors pauvreté) n’a rien à voir.

      On voudrait la stabilité des années 60 ET le niveau de vie « moyen » actuel SANS son vide ? On ne l’a pas, arrêtez d’accuser les anciens de tout (vous avez fait mieux qu’eux, vous avez changé les choses depuis 10 ou 20 ans pour la prochaine génération ?) et retroussez vos manches pour changer les choses , si tant est qu’il soit possible d’avoir le meilleurs des deux mondes sans piller les pays plus pauvres.

      Todd à raison je trouve : l’avenir c’est aux jeunes de le choisir, et même l’inventer, peupler ce « grand vide » ; pas à ma génération, ni aux banques, qu’il faut « tuer ». Choisir ; et AGIR.

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      • globule rouge // 30.04.2016 à 07h46

        Votre generation a eu la chance dans son malheur d’avoir pu se debarasser d’une partie non-negligeable de ses « vieux ».
        la 2nd GM a permis de voir disparaitre/marginaliser/placardiser, un pan entier du systeme politico-economique qui le soutenait, creant un appel d’air pour d’autres visions politioques.
        La decredibilisation des elites politico-economiques a permis les conditions d’un projet CNR, par exemple.

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        • Aboucha // 30.04.2016 à 10h55

          Le CNR n’a rien inventé. Tout avait été déjà pensé pendant l’entre-deux guerre.
          Quand au renouvellement des élites, il a été très très relatif. On a coupé quelques têtes, histoire de calmer la colère de peuple et tout est reparti comme avant.

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        • ancie // 30.04.2016 à 13h42

          Mais Jean Moulin l’avait emporté sur Pierre Brossolette et le premier avait validé le retour des partis auxquel le second s’opposait. En outre, la classe politique de Vichy, c’est-à-dire la gauche pacifiste et bien pensante (lire absolument Simon Epstein, Un paradoxe français, Antiracistes dans la Collaboration, antisémites dans la Résistance, Paris, Albin Michel, 2008), a contrôlé depuis, par ses héritiers, le pouvoir mis en part en 45-47 et 58-69. L’actuel PS est l’héritier de cette gauche comme une partie de LR.

            +10

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      • FifiBrind_acier // 30.04.2016 à 22h00

        bm607,
        Dire « ON, au lieu de dire Mitterrand, ça évite de parler du soutien du PS à l’ Union européenne, à ses dérégulations, ses privatisations et le soutien indéfectible que Mitterrand a apporté au fédéralisme européen…

        Les Socialistes ont signé TOUS les Traités, depuis celui de Rome, signé par Guy Mollet de la SFIO, le Traité de Nice, l’Acte unique européen, Maastricht, le Traité d’ Amsterdam, Schengen, la zone euro, la BCE, le sommet de Lisbonne, celui de Barcelone, jusqu’à la forfaiture du Traité de Lisbonne, le MES et le TSCG…

        Todd est bien gentil, mais je suppose qu’il a dû voter, comme nombre d’entre nous, un certain nombre de fois pour le PS depuis 1981 ?? Il a même soutenu Hollande en 2012 ?
         » Je parie sur le hollandisme révolutionnaire … »
        http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/election-presidentielle-2012/20120304.OBS2872/emmanuel-todd-je-parie-sur-l-hollandisme-revolutionnaire.html

          +8

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        • bm607 // 01.05.2016 à 11h54

          Pour ma part je ne dirais pas que Todd s’est trompé en soutenant hollande, mais plutôt qu’il a cru naïvement que le président pourrait faire ce que le candidat avait promis (« mon ennemi c’est la finance ») et même aller au-delà. Peut-être était-ce un mantra, ou une tentative de faire voir au nouveau président la possibilité d’être un véritable chef d’état avec un brillant avenir, pour essayer de le pousser dans ce sens ?

          Un an après (peut-être avant, mais je n’ai pas trouvé d’autres interview), Todd, avec sa grande capacité d’analyse des phénomènes socio-économiques, avait déjà parfaitement vu la vacuité du président , sa soumission aux banques et au Mark/Euro, et avait fait taire tous ses espoirs :
          http://www.marianne.net/Goodbye-Hollande%C2%A0_a228622.html

          Il avait parié, les gains pouvaient être gros. Il a perdu, mais pas grand chose (sarko ou hollande, … je me souviens que ce jour du second tour je n’ai pris aucun poisson, il y avait trop de pêcheurs autour du lac)

            +4

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          • Morpheus // 01.05.2016 à 12h02

            Il aura fallu moins d’un an aux citoyens attentifs. Quelques jours après son élection le Président partait rassurer la City sur la non dangerosité du PS… L’ennemi avait disparu.

              +4

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          • Ailleret // 01.05.2016 à 14h47

            Todd peut se tromper, mais son propos reste toujours intéressant et il sait tirer les leçons de ses erreurs : « C’est une libération spirituelle, depuis que j’ai fait ce serment pour moi-même (de ne plus jamais voter pour le PS ». A vrai dire, ce serait une libération pour tous si ce parti disparaissait, comme l’autre parti capitaliste-européiste, « Les Républicains » : deux partis de vieux, qui profitent d’une rente de situation scandaleuse.

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    • Lassomoire // 30.04.2016 à 09h41

      Vous critiquez l’un des rares qui a l’honnêteté de se tirer une balle dans le pied en disant la vérité.
      Votre commentaire ne démontre pas une lucidité qui aurait engendré autre chose que ce qu’on fait les anciens, si vous aviez vécu a leur époque .

        +17

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  • grub // 30.04.2016 à 02h45

    Alors j’ai bien lu le ps de l’article donc essayons de ne pas digresser. Je vais donc parler de E. Todd et de nuit debout.
    J’aime beaucoup E. Todd il m’a accompagné dans ma compréhension du monde mais, comment dire, depuis quelques années j’ai l’impression de l’avoir perdu en chemin, doublé, laissé sur le bord du chemin. Il a une position d’universitaire et avec le temps, je dirais que c’est la position du mausolée et si certain veulent en discuter ce serait avec plaisir. Un universitaire par définition ne prend aucun risque, 98% de son travail est convenu et lu en diagonale par ses paires, subsiste seul, un peu de réflexion audacieuse. C’est fatiguant et ennuyeux à lire.
    Nuit debout, c’est un rassemblement de gaucho sans Lénine et de toute façon ce dernier a été étudié de façon minutieuse par le système.
    La dissidence ne se construit plus dans le contre mais dans l’ailleurs et c’est triste de voir que ce sont uniquement les mouvements nationalistes qui l’ont compris.

      +29

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    • alphonse // 30.04.2016 à 22h17

      Intéressé par votre point de vue, je vous réponds donc pour en discuter comme vous le conseilliez. Vous dîtes que Todd ne prendrait pas de risques depuis sa position d’universitaire.J’aimerai bien que plusieurs autres universitaires n’en prennent pas comme lui… Son dernier livre sur Charlie, ses déclarations dans les médias, etc., ne lui ont pas créé que des amis, au vu des réactions suscitées. C’est l’un des rares à dire certaines choses, sans aucun filtre. D’où mon étonnement suite à votre réaction.

        +7

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  • Homère d’Allore // 30.04.2016 à 07h54

    À la fin de l’article, Todd pose LA QUESTION.

    Celle de l’organisation.

    Toutes les formes de refus de l’organisation, de refus d’avoir « des chefs » qui ne sont la plupart du temps que des porte-parole, de refus de se plier à une discipline révolutionnaire, sont les ferments d’une défaite programmée.

    Dommage.

    De Spartacus à Toussaint Louverture, d’Abd El Krim à Gandhi, tous les mouvements de résistance à l’oppression (violents ou non) ont besoin d’une figure tutélaire (parfois mythifiée, mais ce n’est pas grave).

    Ceux qui ont passé leur temps à voter plutôt que de marcher immédiatement sur Versailles ont fini passés au mur.

    Car, comme le disait Blanqui, l’armée a sur le peuple deux avantages, le fusil chassepot et l’organisation.

      +52

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    • Alae // 30.04.2016 à 10h35

      Absolument, Homère, mais ce n’est hélas pas tout : la gauche souffre aussi d’une amputation dramatique de ses capacités de réflexion à cause de la censure politiquement correcte qu’elle s’auto-inflige.
      Et pourtant, Orwell avait prévenu.

      Il faut que la jeunesse de gauche se libère de ce carcan mental et s’organise autour d’un chef charismatique. Une fois ces deux conditions remplies, leur mouvement pourra devenir menaçant envers le (dés)ordre établi.
      A défaut, j’ai bien peur que tout cela ne reste qu’un grand pique-nique.

        +20

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      • Homère d’Allore // 30.04.2016 à 20h14

        Bonsoir Alae,

        J’apprécie toujours grandement vos commentaires. Je ne suis pas un grand fan d’Orwell même si je reconnais à son 1984 des qualités certaines (rappellées il y a peu de temps par Olivier Berruyer)

        Sur la question du pouvoir ou du rôle des « chefs » dans une période révolutionnaire, je préfère grandement les réflexions d’Arthur Koestler, particulièrement dans son « Spartacus ».

        Le roman d’Howard Fast portant le même nom est aussi assez intéressant bien qu’un peu trop romantique à mon goût.

        Le magnifique « L’armée des Pauvres » de B. Traven est la troisième oeuvre qui prend cette problématique comme trame de la narration.

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  • Dany // 30.04.2016 à 09h33

    Cette façon de définir les difficultés rencontrées par les jeunes d’aujourd’hui, en les opposant aux plus âgées, qui seraient en quelque sorte responsables de la situation, ne me satisfait pas du tout!

    Ce n’est pas une question de jeunes contre vieux, mais de riches contre pauvres. Le pouvoir est aux mains des lobbies et d’une oligarchie qui ne voient que leur intérêt.

    C’est un fait que les jeunes sont particulièrement impactés par la situation actuelle puisqu’ils doivent trouver des débouchés pour entrer dans la vie active et que c’est de plus en plus difficile. Mais ce n’est pas la faute des plus vieux. C’est la dérégulation qui s’opère depuis une quarantaine d’année qui est en cause. Et tenter de monter les générations les unes contre les autres permet à ceux qui tirent les marrons du feu, les 1%, de poursuivrent encore un temps leur prédation à l’encontre du reste de la société, de l’environnement et de la planète.

      +46

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  • Dany // 30.04.2016 à 09h33

    Où je suis tout à fait d’accord avec Emmanuel Todd, c’est sur la nécessité pour ces mouvements de s’organiser et de se fédérer autour d’un projet commun qui doit dépasser les individualismes. Il faut se battre pour une société plus juste et égalitaire et ça ne se fera pas sans un changement radical. Il faut en finir avec la propriété lucrative, les outils de productions doivent être gérés par la collectivité, il faudrait nationaliser les banques, etc…
    Il y a urgence, car on voit bien qu’avec la robotisation et l’informatisation, l’humain devient de plus en plus obsolète.

      +17

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    • Joséphine // 30.04.2016 à 10h37

      Mais les mouvements qui se sont organisés n’ont pas plus abouti au renversement de l’ordre établi, à l’égalité, au partage des richesses…voilà ce que constatent les « jeunes » (jusqu’à quel âge est on « jeune »? j’ai 40 ans). Pourquoi pas, déjà, prendre les choses comme elles viennent et comme elles sont, advienne que pourra? n’est ce pas déjà un fait extraordinaire que des centaines de « nuit début » naissent ici et là? n’est ce pas déjà un fait remarquable que des gens bravent le froid et la pluie pour aller se parler, mal assis par terre…individualisme je sais pas, en tout cas, pas l’individualisme égoïste/égotiste consumériste. Il faut pas oublier que l’individualisme est à l’origine de la modernité. et y a pas que du mauvais à ne pas se vivre et se penser comme masse ou troupeau. Car ce qu’on appelle individualisme relève la plus part du temps de l’égoïsme (versus altruisme) et de la masse (consumérisme versus politique/citoyenneté).

        +7

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      • lon // 30.04.2016 à 11h16

        Cela fait 20 ans que je suis dans l’associatif et un triste constat s’impose : dès qu’il s’agit de prendre des décisions , de définir  » une politique » , d’organiser les choses, on a affaire à une multitude de petits égos plus ou moins surdimensionnées soucieux jusqu’à l’obsession de leurs petites prérogatives individuelles et incapables la plupart du temps de se plier à une discipline collective et de se soucier du bien commun ; ça c’est l’Europe de 2016 , une civilisation qui a érigé les « droits » et les aspirations au bonheur individuel de petit-bourgeois narcissiques ( il n’y a pas d’autres mots ) en absolu incontournable .
        Rien vraiment ne changera tant qu’on ne voudra comprendre que le véritable épanouissement de l’individualité ne peut se faire qu’au sein d’un collectif .

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    • Alexk // 30.04.2016 à 16h32

      Sur une planète aux ressources limitées, l’humain est non seulement obsolète mais sa croissance est vouée à l’échec. Il faudra choisir entre continuer une organisation sociale basée sur le capitalisme qui est un systéme qui fonctionne avec la croissance et arriver à un grand clash qui réduira violement le nombre d’humain ou d’organiser la décroissance en sortant du capitalisme et en limitant les naissances. Les décisionaires n’ayant aucun intérêt direct au changement et aucun mouvement de masse structuré ne proposant d’alternative ne semblant se dessiner, je pense qu’il faut s’attendre au pire. Les grandes nouveauté par rapport à la chute d’autres civilisations, c’est l’environement dégradé que nous laisseront aux survivants et l’existance de la bombe H.

        +8

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  • Louis Robert // 30.04.2016 à 10h29

    — « Les journalistes, … pas toujours bêtes, ils sentent ce grand vide. »

    — « Ça remplit l’âme ? C’est l’indice d’une crise métaphysique ? »

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    Ce vide tient à l’abolition de l’humain au quotidien, à cette abolition de l’homme dans nos collectivités post-modernes qui ne sont plus des sociétés. Nous vivons la mort de notre civilisation décadente, la fin d’un temps, d’une ère parasitique colonialiste et impérialiste excluant 85% de l’humanité. Cette crise est d’abord socio-politique. Des millions de réfugiés la dramatisent pour nous chaque jour, témoins souffrants et mourants de notre déshumanisation jusqu’au vide absolu. Un tel vide ne se remplit pas avec des biens de consommation et tous les plus nouveaux gadgets, cellulaire à la main.

    Manquent désormais ce que les Grands Anciens appelaient ces « biens de l’âme », qui seuls la peuvent nourrir et jadis la nourrissaient.

      +19

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  • lon // 30.04.2016 à 11h00

    Heureusement qu’il reste encore en France des intellectuels comme Todd . Excellente analyse. J’aime beaucoup son  » soixante-huitards au carré  » , c’est tout à fait ça . Ce qui me fait penser que si changement il y a, il ne viendra pas de la jeunesse d’aujourd’hui mais peut-être de la prochaine génération, celle qui ne pourra même pas se payer son smartphone . En attendant si on pouvait assister à la  » mise à mort  » du PS , ce serait déjà pas mal, faut pas cracher sur ce genre de plaisir .

      +22

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  • Macarel // 30.04.2016 à 11h04

    Dire virons les vieux et ça ira mieux me semble un peu court. D’abord parce jeune ou vieux n’est pas une qualité, mais un état. Il y a des jeunes cons, comme il y a des vieux cons.
    L’éclatement des institutions de la société sous l’effet d’une idéologie individualiste débridée, a créé de nouveaux problèmes. Dans le temps, les anciens, l’on ne disait pas les vieux, vivant en général sous le même toit que les générations plus jeunes avaient une utilité dans la famille, ils apportaient souvent, de par leur expérience de la vie une sagesse et souvent un savoir faire utile à la communauté. Transmission des savoirs faire de plus en plus impossible aujourd’hui, à cause de la vitesse des évolutions technologiques.
    Ils transmettaient aux plus jeunes des valeurs qui leur seraient souvent utiles dans le reste de leur vie.
    Le libertarisme sociétal souvent de gauche, n’a qu’une obsession détruire tout ce qui relève de la tradition, et donc forcément obscurantiste, pour libérer l’individu des contraintes du groupe. Ce faisant il a accouché de l’individu atomique désocialisé, déraciné, en apesanteur, manipulable, individu qui est une proie des plus faciles pour l’entreprise globalisée contemporaine (y compris « l’entreprise terroriste ») et pour les requins divers qui nagent dans l’océan de l’économie globalisée . Selon moi là est la source de bien des problèmes identitaires de la société actuelle.

      +39

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  • RGT // 30.04.2016 à 11h31

    Emmanuel Todd a raison concernant la nécessité de laisser les jeunes choisir leur futur.

    C’était même ma principale revendication dans la jeunesse (années 70).

    Par contre, faire assumer la responsabilité de la déchéance actuelle aux « vieux » est à mon avis une grande erreur.
    Les « vieux » sont pour la plupart les victimes lobotomisées par la propagande qui dès leur plus tendre enfance les a embrigadés et instrumentalisés dans un système politique corrompu.

    Les vrais responsables sont tous ceux qui profitent du système, des « élus » aux oligarques qui tirent les ficelles.
    Le seul reproche qu’on puisse faire aux « vieux », c’est de ne pas avoir pris leurs distances vis à vis de la « bien-pensance » institutionnelle.

    Je pense qu’Emmanuel Todd devrait regarder ce petit clip vidéo d’un groupe de jeunes : « L’hydre de la culpabilité »…
    https://www.youtube.com/watch?v=YNiQ3_SLiRA

    C’est excellent pour les neurones et ça remet les idées en place.

      +5

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    • Macarel // 30.04.2016 à 11h47

      Ce qui est certain c’est que ce sont les « vieux » qui votent le plus et qui participent le plus aux farces électorales auxquelles nous sommes régulièrement conviés.
      Ce sont les « vieux » qui votent le plus pour les partis d’alternance. De plus en plus de jeunes votent pour le FN, pour dynamiter le système, mais je crois qu’ils se méprennent, le FN fait parti du système, il sert de rabatteur de 2ième tour aux deux partis d’alternance.
      Seule une grève générale et massive transgénérationnelle du vote, ôterai toute légitimité aux illusionnistes de la politique qui alternent au pouvoir, et sont le faux-nez du monde de la finance et des multinationales globalisées.

        +19

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  • Macarel // 30.04.2016 à 11h39

    Ce n’est pas une question de jeunes contre vieux, ou vice versa. C’est la mise en cause d’une système qui a produit l’individu jetable, qu’il soit jeune ou vieux. Car ce système a tout intérêt pour fonctionner de façon optimum pour ceux qui en bénéficient le plus (symbolisé par les fameux 1%), à casser toute forme de solidarité, dont en particulier les solidarités inter-générationnelles.
    Il ne faut pas se tromper d’adversaire. C’est la même chose lorsque l’on explique les problèmes de notre société, en cherchant à opposer « vieux résidents » ou « jeunes résidents », autrement dit « gaulois » contre envahisseurs migrants ou immigrants.

      +17

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  • Morpheus // 30.04.2016 à 12h08

    L’individualité et son développement devrait pouvoir éviter tout comportement qui tente de la fédérer en groupes. Dans le groupe​,​ les idées finissent toujours par se focaliser sur un dénominateur commun qui se doit d’être le plus consensuel possible. Donc le moins transformateur possible.

    Les « idéaux » manifestés n’en sont pas. Ce sont des facteurs psychiques indispensables au développement humain depuis l’enfance. Le​s​ désir​s​ de solidarité, de justice, d’égalité ​ sont les besoins qu’impose la psyché à l’humain pour qu’il puisse avoir le désir de grandir et perdurer en tant qu’espèce. Tant que cette conscience-là n’est pas vraiment acquise individuellement, nous répétons sans cesse des attitudes qui nous enferment dans les mêmes comportements. Comme si répéter toujours un même comportement pouvait nous conduire vers une situation nouvelle.
    Je pense qu’il n’y aura de nouveau monde qu’au travers de comportements individuels qui auront dépassé les attentes affectives infantiles. Pour cela​,​ nous devrons avoir éclairé nos désirs et nos manques, les avoir travaillés et surpassés. Là seulement, la psyché nous ouvrira des portes qui permettront à la conscience de se développer sur un nouveau mode de perception… (suite message suivant)

      +3

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  • Morpheus // 30.04.2016 à 12h08

    Suite du message précédent. Merci

    Une organisation naturelle de la vie humaine pourra ​ainsi se développer sur d’autres critères que ceux destinés au maintien de la psyché dans sa phase infantile. Il n’y aura plus besoin d’éducateurs, l’amour de l’autre deviendra possible et les apprentissages se feront dans la joie partagée. Nous n’aurons plus besoin de hiérarchiser les comportements, donc plus besoin de soumission ​dans l’attente d’une récompense ou d’une punition.

    Là​,​ il s’agit d’un véritable idéal. Il ne peut être envisagé que par des psychés individuées. Ce n’est plus une utopie mais un rêve créateur d’une nouvelle réalité.

    Hormis ce développement​,​ ​nous ne pouvons qu’avoir un espoir anxieux…

      +4

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  • Bardamu // 30.04.2016 à 12h16

    Ouais bof.
    Les vieux prolots ont certes connu une époque où tu pouvais dire m… à ton patron pour aller chez un autre mais ont commencé à bosser tôt et se sont fait virer aussi assez tôt du fait de la mondialisation.
    Todd ne parle que des vieux de sa classe sociale apparemment sans s’en rendre compte.
    Pour la fin je suis d’accord.

      +9

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  • Olympi // 30.04.2016 à 12h20

    À ceux qui disent que ce n’est pas la faute au vieux, voici ce qu’en dit Emmanuel Todd :
    « L’analyse économique libérale explique aussi très bien comment, si ce n’est pourquoi, s’effectue la spoliation de la jeunesse occidentale. La mondialisation unifie les marchés du travail. À l’échelle planétaire, tiers-monde inclus, les jeunes sont relativement abondants et corvéables, les vieux sont rares et détenteurs du capital. La loi d’égalisation du coût des facteurs nous assure que si un pays développé s’ouvre au libre-échange, le facteur le plus abondant, en l’occurrence le capital, démographiquement identifiable au vieux, sera favorisé, et le facteur relativement rare, le travail, démographiquement identifiable aux jeunes, sera désavantagé. C’est très exactement ce que nous vivons : l’écrasement des jeunes, de leur liberté de travail, de consommation et de mouvement, par le libre échange. Seuls quelques pourcents de jeunes diplômés des institutions les plus prestigieuses sont réellement à l’abri de ce mécanisme d’appauvrissement. »
    L’illusion économique, E.Todd

    Dans la même veine : http://www.strategie.gouv.fr/publications/jeunes-sacrifies-protection-sociale

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  • bluetonga // 30.04.2016 à 12h58

    De nouveau, j’aime bien Todd pour sa voix discordante et ses positions publiques tranchées, mais je ne prends pas ses analyses pour parole d’évangile. Le distinguo jeune/vieux ne me paraît pas trop opérationnel en l’occurrence, parce que jeunes et vieux sont plongés dans la même mouise à bien des égards, jouissent du même mépris de l’establishment. Je trouve commode aussi de la part d’un « vieux » (ma catégorie) de balancer la patate chaude aux « jeunes » en les exhortant à innover.

    Le boulot d’un intellectuel, d’un chercheur, d’un penseur c’est d’extraire la réalité des choses et surtout de la transmettre à tous de manière à pouvoir agir. Ce qui manque cruellement dans le monde occidental actuel, c’est un objectif autre que la croissance pour la société et la consommation pour les individus. Ce qui manque, ce sont des principes, des buts, des exemples, un langage qui toucherait et fédérerait les masses. Et moi, j’aurai envie de répondre à Todd : « allez les penseurs, plus fort, trouvez! ».

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    • Alae // 30.04.2016 à 15h02

      « Ce qui manque, ce sont des principes, des buts, des exemples, un langage qui toucherait et fédérerait les masses. »

      Précisément, les principes les plus fédérateurs et le langage qui sert à les énoncer sont devenus tabous. Pourquoi est-ce qu’un Poutine arrive à rassembler plus de 80% d’opinions favorables, un score inaccessible aux dirigeants occidentaux ?
      Peut-être parce qu’il emploie des mots unificateurs comme patriotisme, loyauté, dignité, responsabilité, amour, etc ?
      Essayez donc un seul de ces mots-là sur un jeune occidental de gauche, vous verrez immédiatement sa mimique de dégoût et sa réaction-réflexe : « facho », « réac », « F-Haine », il a tout un stock d’épithètes malsonnantes à disposition immédiate. C’est un fondamentaliste constamment préoccupé de traquer l’infidèle (le mal-pensant) alors pensez s’il est outillé.
      Dans ces conditions, sortir de la culture de la consommation, ça va être coton. Sur quelles notions les rassembler, les textos illimités ?

      (Je précise être de gauche. Et effondrée par le vide où la gauche s’est elle-même acculée, ce qui peut aller de pair.)

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  • subnihilo // 30.04.2016 à 14h18

    Au-delà de la formulation anthropologique de Todd que j’admire beaucoup et bien au-delà de sa conception de la confrontation sociologique jeune/vieux qui ne peut émailler que sa vision keynésienne des rapports humains et de sa préférence authentiquement anglo-saxonne, je voudrais quand même rappeler le principe marxiste de base de l’aliénation de l’individu en régime capitaliste, quelque soit son âge et son sexe.

      +7

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  • loki // 30.04.2016 à 14h18

    C’est une jeunesse qui probablement cultive en inconscient un important risque de déclassement pour une bonne partie. Certes certains ont pu déjà visiter de nombreux pays et accèder à des objets sans limite au sein d’un cocon familial à la stabilité toute relative. Ce qui est en jeu est le maintien et l’amélioration de leur niveau de vie au moment où s’assumer en indépendance du cocon familial est soumis aux vacuités de la précarité ambiante. Ce sont les inégalités qui se creusent et dans ce cadre une bonne partie descend à l’étage inférieur de la pyramide de Maslow avec les frustrations et démotivations qui opèrent à cette occasion.
    Ajoutons à cela les inquiétudes liées à la robotisation, la disparition du travail, la raréfaction des bons emplois, et l’improbabilité de faire partie du gratin autrement qu’en poussant la chansonnette ou en tapant dans un ballon et … admettons que l’avenir dépassera largement le cadre de « la lutte des âges » telle qu’abordée par Hakim el Karaoui. Si E Todd en tant que « vieux » accepte son sort, force est de constater que les « vieux » font plutôt de la résistance dans les oligarchies mondiales surtout, là où ils sont le mieux organisés et le plus solidaires.

      +4

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  • bourdeaux // 30.04.2016 à 14h36

    Je trouve que TODD passe ici à côté du sujet. Ce qui émerge de façon très saillante chez les jeunes aujourd’hui, c’est un complet désenchantement quant au « jeu démocratique ». Les politiciens ont compris depuis longtemps que ce qui fait la légitimité du pouvoir est le respect des règles formelles par lesquelles on le conquiert, et pas du tout son usage conforme à ce que l’on s’était engagé à faire pour le conquérir. Dans un système politique ou le « mensonge de campagne » est devenu un trait de caractère généralisé, je suis surpris qu’aucun intellectuel ne s’empare de ce sujet – pourtant majeur² dans une démocratie- pour empêcher par des moyens constitutionnels simples et radicaux, que le pouvoir ne tombe que dans les mains des menteurs.
    A mon humble avis, s’il n’est pas très vite apporté correction à notre constitution pour qu’un élu soit légalement et véritablement TENU par ses propos de campagne électorale, la génération qui arrive fera émerger quelques intellectuels qui démontreront sans difficulté, par le simple examen clinique de notre histoire politique récente, que la démocratie n’ est qu’une escroquerie. Et toute personne un peu sensible à l’examen des faits ne pourra que les approuver.

      +17

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    • Ailleret // 30.04.2016 à 14h50

      Bourdeaux, je suis d’accord avec votre diagnostic. Mais, « pour qu’un élu soit légalement et véritablement TENU par ses propos de campagne électorale », il faudra instituer le mandat impératif, qui est formellement interdit par notre constitution actuelle (Article 27 : « Tout mandat impératif est nul »), ainsi que des modalités pratiques de contrôle des élus.

        +0

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      • bourdeaux // 30.04.2016 à 15h03

        Le mandat impératif est certes interdit pour les parlementaires, ce qui parait naturellement évident, mais convenez avec moi qu’absolument rien n’empêcherait que l’exécutif soit désigné dans le cadre d’un tel mandat.

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        • Ailleret // 30.04.2016 à 15h49

          Non seulement j’en conviens, mais je serais assez partisan d’établir le mandat impératif pour les parlementaires. Je puis me tromper, mais j’ai toujours en mémoire les mots de Jean-Jacques Rousseau : « les députés du peuple ne sont donc ni ne peuvent être ses représentants, ils ne sont que ses commissaires… ». La théorie de la représentation, qui avait son sens au Moyen Age et sous l’Ancien Régime, nous a fait du tort depuis 1789.

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  • Charlie Bermude // 30.04.2016 à 15h30

    J’aime bien Todd et l’admire . Je constate une fois de plus son tropisme Outre-Atlantiste . Pourtant il a écrit un ouvrage sur le déclin US . Là il nous fait une opposition , vieux jeune , parti socialiste /et autre gauche . On se regarde encore le nombril . y aurait pas par hasard une domination étrangére US ‘ matinée Séoudienne et Israelienne pour faire encore plus etrange ?
    . Il mentionne quelques liens avec Occupy Wall Street et les élections US , atypiques elles aussi . Est il vraiment sincére quand il préconise l’euthanasie de sa génération , il ne me semble pas suicidaire ! Et Moi non plus qui en suit , de cette génération , mais qui les prendrait en stop les nuits debouts , et méme les hébergerai en cas de poursuite comme je le fis en d(autres temps pour des Blacks Panthers , en cavale , avant d’étre interrogé par la dst , qui avait pris soin de trouver de la drogue chez moi , avant . Non comme Iglésias , je n’ai pas changé . Les cons non plus , ils sont plus nombreux , cause biologique , vieillissement de la population , c’est tout .

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  • Carlos // 30.04.2016 à 19h09

    On fait à ‘Nuit Debout’ les mêmes critiques qu’aux indignés de la Puerta d’El Sol à Madrid et deux ans plus tard Podemos est né. Nous sommes dans un combat pour remplacer la démocratie représentative par une démocratie directe. Ça peut prendre 100 ans et je ne suis pas sûr qu’on dispose de ce temps. Il reste que la preuve est faite en Espagne que des citoyens avec le sens du bien commun et du bon sens tout court peuvent gérer des villes importantes, Madrid, Barcelone,… Je pretends qu’un citoyen lambda peut être ministre et même président. Mais, chut, la caste ne veut pas que ça se sache.

      +8

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  • Grindel // 30.04.2016 à 19h30

    C’est toujours le pied de lire un commentaire de E. Todd, parce que c’est toujours décapant et ça sonne très juste. Ce type là a vraiment un pif terrible pour sentir ce qui se passe dans la société. Je sais bien que c’est en fait le résultat de toutes ses recherches sur les systèmes familaix mais à chaque fois, ça m’épate.
    Merci M. Todd

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  • Durand // 30.04.2016 à 21h43

    Carlos,
    Vade rétrovirus, Satanas !

    @ modo,
    Effectivement, ce n’est plus une idée construite… A ce stade, c’est un cri du cœur…
    D’autre part, la poésie prouve que l’expression d’une idée construite peut emprunter les raccourcis !

    Merci de m’avoir permis de prolonger ce message !

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  • FifiBrind_acier // 01.05.2016 à 09h08

    Todd oublie que de nombreux retraités soutiennent financièrement enfants , petits enfants et plus si affinités… La solidarité intrafamiliale permet à nombre de précaires de survivre, et les Tanguy involontaires sont légion.

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    • PELLEGRI // 08.05.2016 à 16h45

      Ou pas. Et c’est tellement mieux de dépendre du bon vouloir d’un grand parent ou parent pour pouvoir vivre quand tu bosses depuis une ou deux décennies. Dire que mes grands parents paternelles et maternelles rentrés de force en France en 62 avec rien avaient pu se reconstituer un patrimoine en dix ans. Oui, aujourd’hui, bosser c’est juste suffisant (et encore) pour payer ses factures courantes. Pas question d’acheter un logement ou de mettre de côté.

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  • Bananonyme // 01.05.2016 à 10h35

    C’est marrant de voir comme tous les demi-intellectuels se foirent tous aux mêmes endroits (et sans doute est-ce pour cela qu’ils ont encore l’autre moitié du chemin à faire).

    « [L]e système scolaire, notamment, opère une stratification, il sépare tellement les destins, trie, évalue, que la jonction [entre les 2 jeunesses] ne va pas de soi. Et on voit que la jeunesse populaire se tourne massivement vers le Front national… »
    Si la jeunesse se tourne massivement vers le FN, c’est précisément, qu’à l’inverse de M. Todd, qui de par son âge et son quotidien ne pourra sans doute jamais comprendre, cette jeunesse a compris où se situait la cause principale de la fragmentation du tissu social.
    Non M. Todd, tout ne se réduit pas à l’éducation, et j’aimerais bien une bonne foi pour toute que vous nous expliquiez en quoi constituer des villes entières de population extra-européenne, venue d’une culture, d’une langue, d’une religion et d’un environnement naturel totalement différents peut aider un peuple à s’unifier autour d’une cause commune, et peut empêcher de tirer les salaires à la baisse.
    J’ai discuté avec les deboutistes qui occupaient un amphi de ma fac. La vérité, crue : aucun paysan, aucun ouvrier, aucun mec de banlieue, que des bobos et des babas.

    M. Todd dénonce le politiquement correct, mais n’a guère qu’un seul orteil en dehors de l’enclos de la bergerie.

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    • Morpheus // 01.05.2016 à 11h10

      Oui, d’autant qu’entre peuples issus d’une même zone géographique, d’une même culture et d’une même religion ça ne fonctionne pas. Il suffit de voir quelle « solidarité » a été mise en oeuvre pour aider les grecs… Là aussi ce sont des faits difficiles à nier.

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  • Michel Martin // 03.05.2016 à 12h05

    « Mais dans ce mouvement, il y a comme un refus de l’organisation…

    E.T. : C’est le drame de cette jeunesse : c’est nous, en pire. Les soixante-huitards ont découvert les joies de l’individualisme, mais ils avaient derrière eux, dans leur famille, une solide formation dans des collectifs : le Parti communiste, l’Eglise, les syndicats. Là, ces générations sont nées individualistes, ce sont des soixante-huitards au carré, quasiment ontologiques. Il n’y a même pas le souvenir de ces collectifs forts. Et la volonté de ne pas s’organiser est presque élevée au rang de religion.
    Mais c’est terrible parce que s’ils savaient, s’ils savaient à quel point les mecs en face d’eux, les patrons, l’Etat, le Parti socialiste, les banques sont organisés. Ce sont des machines. Et moi qui suis plutôt modéré, keynésien, pour un capitalisme apprivoisé, je me souviens de la leçon de Lénine : « Pas de révolution sans organisation » ! »

    Todd n’a pas les bonnes lunettes, comme la plupart des médias, pour percevoir l’organisation de ce mouvement capable de résister à ce que Mai 68 n’a pas su résister: la starisation (Dany par exemple), l’élitisme. Il y a de la sociocratie dans ce mouvement, de la génération Y. Sauront-ils résister aux petits gauchistes, aux petits fascistes, aux petits yakafokon? Je l’espère vivement qu’ils sauront maintenir le cap et faire le bon choix entre la structuration par le chef et la structuration par l’intelligence collective.

      +1

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  • Krystyna Hawrot // 05.05.2016 à 22h29

    Quand Todd parle des « vieux » il parle bien sur de ceux qui ont 70-65 ans aujourd’hui pas ceux qui ont 80 ou 90. Ils parlent de mes copines retraités qui ont toutes de magnifiques HLM dans le centre de Paris en plus de leur maison de campagne depuis 40 ans alors que moi j’attends le mien depuis 15 ans… Il parle de ceux et celles qui tranquille pouvaient militer en faisant de petits jobs dans les années 70 et réintégrer fonction publique et bons boulots dans le privée dans les années 80… D’un de mes potes qui en 1983 a fait le tour du monde en voilier puis hop, il reviens à Paris décroche le téléphone et ça fait 35 ans qu’il bosse dans une entreprise publique en tant que technicien. (avec 3000 Euros par mois… les jeunes au même poste, sont en intérim à 1500!). Les jeunes, ce sont des gens qui peuvent avoir 45 ans comme moi ou certains de mes amis mais qui depuis 20 ANS sont pauvres. Pas de propriété, loyers hallucinant, CDD, CDI de 1 an et demi, chômage, Re CDD, puis RSA « création d’entreprise »… alors bien sur, portable, voyages en avion… mais ca coute moins cher d’aller en Tunisie ou au Maroc en low cost que de payer son loyer et de manger à Paris!

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    • PELLEGRI // 08.05.2016 à 16h52

      Et oui, je viens de laisser un commentaire plus haut à ce sujet, effectivement on a des portables et des abos internet mais pas moyen de se lancer dans des dépenses de plus de 200 euros par mois…. Impossible de se projeter, de mettre de côté…

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  • Krystyna Hawrot // 05.05.2016 à 22h32

    Je suis allée à plusieurs Nuits Debout. Cela me faisait penser aux Indignés 2011 en mieux organisé. On parle de ceux dont on parle depuis bientôt 15 ans de mouvement « alter » – de la précarité, du revenu universel, des migrants, de l’UE néolibérale… C’est bien qu’on parle mais comme ca fait 15 ans que je parle j’aimerais bien qu’on agisse. Et je sais que dans les entreprises privés petites et moyennes ça ne bouge pas, hélas.

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