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21.avril.201921.4.2019 // Les Crises

Franck Lepage : « Le gilet jaune est le symbole d’une conscience de classe qui est en train de renaître », par Kevin Amara

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Source : Le Comptoir, Franck Lepage, Kevin Amara, 27-12-2018

Franck Lepage, cofondateur de la coopérative d’éducation populaire Le Pavé et de l’association L’Ardeur, ancien directeur du développement culturel à la Fédération française des maisons des jeunes et de la culture, développe et propage depuis des années le modèle de la conférence gesticulée, dont il est à l’origine. Nous avons souhaité nous entretenir avec lui autour de l’éducation populaire et de la multiplication des conférences gesticulées, ainsi que de l’insurrection des Gilets jaunes, en passant par le pouvoir macronien.

Le Comptoir : Je n’ai pas fait le cumul de toutes les vues Youtube, mais les conférences gesticulées ont clairement rencontré leur public. On y puise du savoir, on s’y réfère entre militants, comme on pourrait se référer à un livre de sciences sociales. Alors, heureux ?

Franck Lepage : Plus qu’heureux. On a donné naissance à un mouvement sans le vouloir, un mouvement qui est difficile à nommer. Une sorte de mouvement politique non-identifiable à une famille politique particulière, mais marqué à l’extrême-gauche. Il ne s’agit pas d’un mouvement culturel : on ne parle pas de gens qui souhaitent devenir interminables du spectacle. En fait, c’est tout simplement un mouvement d’éducation populaire. Un mouvement non structuré, assez curieusement, à l’image des Gilets jaunes, qui s’entretient lui-même. Peut-être verra-t-on un jour une fédération mettre ses mains là-dessus… À ce jour, on compte 350 conférences gesticulées. Une grande partie d’entre elles sont toujours jouées, mais une conférence gesticulée n’est pas supposée vivre plus de quelques années, cinq ou six en moyenne, puisqu’il s’agit, en gros, d’une personne qui, à un moment donné, éprouve le besoin de fabriquer un objet politique et d’aller le porter là où ça doit être porté.

Ce qui fait mouvement – et c’est quelque chose qu’on n’avait absolument pas anticipé ni organisé –, c’est Youtube. Quand on a démarré avec Le Pavé (coopérative d’éducation populaire créée en 2007), lorsqu’on a commencé à faire des petites formations, ça faisait tout simplement partie de notre panoplie, de notre “catalogue” d’actions et de formations. Il se trouve qu’au milieu de tout ça, il y avait les conférences gesticulées. Puis, progressivement, j’ai commencé à voir mon public se rajeunir : alors que je m’adressais au départ à des post-soixanthuitards barbus, j’ai vu de plus en plus de trentenaires… Lorsqu’ils me parlaient, j’étais toujours dans un quarté : Chouard / Lordon / Friot / Lepage. C’est quelque chose d’assez établi, maintenant, j’attends toujours le cinquième…

Alain Soral ? Vas-y, raccroche moi au nez ! [NDLR : l’entretien se déroule par téléphone]

Certainement pas Soral, mais si tu cites ce personnage, ce n’est pas anodin. Soral draine des jeunes qui cherchent à s’instruire politiquement, mais c’est un travail de propagande et d’endoctrinement, qui est le contraire d’une éducation politique émancipatrice : il fait un travail “d’éducation politique” d’extrême droite qui pourrait ressembler à de l’éducation populaire dans la mesure où il désigne des adversaires (ce qui est le propre du politique) et prétend dévoiler les mécanismes d’un système, tout comme nous le faisons lorsque nous tentons d’identifier des dominations (sexe, classe, race). À ceci près qu’il fait exactement le contraire et que son analyse n’est précisément pas matérialiste (le régime de propriété capitaliste) mais complotiste : « les banquiers juifs à New-York ». Au lieu de combattre les dominations, il les justifie et les renforce : c’est peu dire par exemple que Soral ne s’attaque pas au patriarcat, et qu’en tant que masculiniste et misogyne halluciné, il rajoute de l’oppression à la classe des femmes déjà massivement opprimée. De même qu’il ne s’attaque pas au racisme mais l’entretient : un comble ! En drainant des légions d’identitaires qui vomissent les populations racisées, donc pauvres, il renforce aussi des dominations de classes. Son mouvement est sexiste, classiste et raciste, et je ne parle pas de son antisémitisme : c’est à cause de gens comme lui que le combat politique de gauche qu’a toujours été l’antisionisme, aux côtés de la gauche israélienne elle-même, est rendu délicat et suspect d’antisémitisme. Donc, non, pas Soral, qui, comme tout bon militant d’extrême droite, pille et détourne les analyses de gauche pour les emmener à droite, d’où l’oxymore de son slogan : « La gauche du travail, la droite des valeurs ».

Enfin, l’éducation populaire ne consiste pas à proposer à des gens des analyses politiques toutes faites sur le mode de la dénonciation, mais à construire une pensée politique à partir des gens eux-mêmes et de leur expérience concrète de la domination à leur échelle et dans leur secteur. C’est le principe de la conférence gesticulée : fabriquer de l’analyse politique à partir de nos colères, et non pas gober des prêts à penser hystériques.

En tout cas, le modèle des conférences gesticulées a fait des petits, et semble continuer d’en faire. Au niveau politique, il s’agit clairement d’un ovni : enfin, les gens ordinaires disposent d’un outil concret pour parler d’eux-mêmes avec leurs propres mots et sans en passer par une médiation, qu’elle soit universitaire ou comme tu l’as signifié, culturelle.

Ce qui fait une des spécificités de ce mouvement, c’est que c’est un non-mouvement : tu ne peux pas mettre la main dessus. C’est une forme que chacun peut s’approprier, pour le meilleur ou pour le pire : on s’attend à voir un jour ou l’autre débouler des conférences gesticulées qu’on a aucune envie de défendre. Peut-être même de droite, mais j’y crois peu : dans conférence gesticulée, il y a “gesticulée” et ça fait tellement con, il y a un côté tellement guignol qu’ils n’auront pas envie de s’en saisir, l’insolence que ça revêt les en empêchera. Tout le monde peut s’emparer de la forme “conférence gesticulée” donc, et c’est aussi ça qui explique son succès croissant. Même si on va se calmer, 350 conférences, c’est pas non plus si incroyable…

Tu oublies le nombre de vues cumulées sur Youtube, comme tu disais…

C’est vrai que ça commence à être conséquent. C’est une forme qui est contagieuse.

Voilà, pour la petite histoire. À l’époque, un directeur d’un théâtre parisien qui s’appelait Le grand parquet voulait absolument me faire venir dans son théâtre. Moi, j’en ai rien à faire de jouer dans les théâtres, ce n’est pas du tout ce qu’on fait : on va dans les réunions militantes, les centres sociaux… Je finis par lui dire « Bon, d’accord, je vais raconter ça dans ton théâtre mais c’est idiot, c’est pas là que ça doit être fait. » Je présente donc Incultures I. Il est totalement emballé. Je lui dis alors qu’il y a Incultures IImais qu’elle n’est pas vraiment au point, que j’ai à peine commencé… Et lui me dit « Ah, mais je peux te trouver du fric pour l’écrire. » Je lui dis oui sans trop y croire, puis il finit par me rappeler pour me dire qu’il m’a trouvé une résidence d’écrivain en Ile-de-France, et là je me dis « Bon ok, ça commence, c’est la culture avec un grand Q, je la connais par cœur, je sais comment ça marche… » Je me retrouve donc avec 20 000 € – je te donne le chiffre de tête – pour écrire un truc que j’ai déjà dans la tête, il ne reste plus qu’à lui donner une forme mais l’essentiel est là. À ce moment-là, avec Le Pavé, on s’est dit qu’on devrait voir si d’autres gens ne seraient pas intéressés par ça, par l’idée de faire leurs propres conférences gesticulées. On utiliserait cet argent pour les accompagner. Mais là, il faut que je revienne un peu en arrière, lors de la création du Pavé.

Au moment de la création du Pavé en 2007, l’une des membres, Alexia Morvan, signale le risque de trop grande séduction de ma forme de spectacle au regard des formations militantes exigeantes que nous proposions, et propose ceci : soit j’arrête, soit tout le monde en fait une, fidèles au principe de non-spécialisation des tâches du Pavé. Et c’est ainsi que tout le monde a produit sa propre conférence gesticulée : Tony Brault sur le pétrole, Alexia et Anaïg Mesnil sur le management, Gaël Tanguy sur le syndicalisme, Manuel Monfreux sur la famille, Joackim Rebecca sur les classes sociales, etc. Ça commence doucement. On fait donc tous ça sans trop y croire. On se dit que c’est une façon marrante de nommer un problème, et qu’au pire, ça attirera du monde à nos formations d’éducation politique.

Je dis donc à ce directeur de théâtre que l’on va ouvrir un cahier. On va demander aux gens si ça les intéresse d’essayer d’en faire une. On se retrouve avec cinquante noms et adresses. C’est là qu’on comprend que les gens ne sont pas du tout arrêtés par la dimension scénique, qu’ils ne raisonnent pas en se disant « Non mais moi je n’ai pas fait de théâtre, je ne me vois pas montrer sur scène… » Ils voient juste quelqu’un parler un langage ordinaire en disant ce qu’il ou elle a vécu, et ils se disent qu’ils peuvent tout à fait faire la même chose. C’est précisément pour ça qu’on les empêche en formation de faire un truc trop lisse, trop théâtral justement. D’ailleurs, certaines conférences étaient géniales en tant que conférences gesticulées, et lorsque leurs titulaires ont tenu absolument à théâtraliser l’ensemble, ça a perdu énormément de sa force politique…

Entre ceux qui restent, ceux qui partent, il y aura finalement 23 conférences à la fin de l’année 2011. Avec les sous, on va payer une clown, un théâtreux, une intervenante de théâtre-forum, et on va dire aux gens qu’ils peuvent travailler avec qui ils veulent, au choix. Et malgré la limite de temps, on aboutit à 23 conférences réussies. Là où un spectacle de théâtre “conventionnel” nécessite deux mois de répétitions, on réussit en quelques jours à monter 23 conférences.

Un des conférenciers, François Candebat, qui a été des années conseiller en mission locale vient me voir un jour et me dit « Soit je fais une conférence gesticulée, soit je fais un cancer » : il a conscience d’être dans une contradiction insoluble entre ce qu’il est et ce qu’il souhaite, dans ce qu’il fait au quotidien dans son travail avec les jeunes en mission locale. On va alors faire plusieurs séances, pour qu’il puisse nous raconter ce qu’il veut dire, comment le raconter sur scène. Puis, finalement, la veille du jour où il est programmé, il finit par me dire qu’il n’y arrivera pas, qu’il préfère laisser tomber. Je lui dis que c’est con et je lui demande s’il a au moins fait le début, comme prévu, il me répond oui et là, je suis cloué dans mon fauteuil pendant la durée de sa conférence. Je lui dis « Garde tout, on te met deux chaises, une table, et c’est parti, ta conférence est géniale. » Il joue donc le lendemain, et la salle entière finit en larmes. Les gens ont conscience d’assister à un moment de vérité, en fait. On s’en fout de savoir s’il joue bien ou s’il joue mal : il ne joue pas, d’ailleurs. En racontant l’horreur de ce qu’il fait dans cette mission locale, il restitue un instant de sincérité.

On a donc 23 conférenciers différents, et devant le succès de cette forme, on se décide à monter des formations. On continue. Ça se passe sur une quinzaine de jours, avec un groupe de huit à dix personnes et tout le monde élabore la conférence des autres en élaborant la sienne. En fait, beaucoup de gens qui regardent ça sur Youtube se disent la même chose, qu’il faut qu’ils fassent la leur, parce qu’eux aussi ont quelque chose à dire. Le truc, c’est qu’il ne suffit pas de monter sur scène et de dire « salauds de patrons », il faut un minimum l’élaborer, lui donner une forme, et c’est là où on est sur le fil du rasoir entre le simple récit autobiographique – si ce n’est que ça, ça ne marchera pas – et uniquement de la théorie – au risque de s’ennuyer, C’est précisément en ça que la formation est importante : elle permet d’incarner avec sa propre vie des éléments théoriques sans basculer ni d’un côté ni de l’autre.

Les conférences rencontrent leur public aussi parce que jamais le besoin d’éducation populaire n’a semblé si important… L’idée n’étant pas de dire que les gens sont moins politisés qu’ils ne l’étaient avant, mais d’affirmer que tout ce qui fut conquis par les luttes sociales des XIXe et XXe siècles est en train d’être défait par les quinquennats successifs.

Les gens comprennent qu’on leur arrache des choses. C’est l’histoire de la grenouille dans l’eau bouillante. Lorsque les socialistes – puisque ce sont bien les socialistes qui ont commencé – ont démarré leur train de “réformes”, ils ont commencé à gratter un peu partout, mais comme on sortait de trente ans de conquêtes de droits – qu’on ne faisait que conquérir – jusqu’en 1981 ça passait.

Quand on démarre une formation avec le groupe, on joue toujours au jeu de la petite et de la grande histoire. Tu prends une feuille de papier, tu mets ton année de naissance et tu déroules toutes les années jusqu’à aujourd’hui. Tu fais trois colonnes : l’une avec un événement de ton histoire personnelle et familiale, l’autre avec un événement de la grande histoire et la dernière est consacrée au sujet que tu es venu traiter.

De là, tu vois clairement ce qu’on a gagné successivement : 1974, droit à la pilule, puis cinquième semaine de congés payés, puis droit à l’avortement, etc. Puis, d’un coup, ça crève les yeux, tout ce que les gens expriment, c’est : « Là, on a perdu ceci, là, on a perdu ça… » Les gens souffrent tellement, on a tellement tout démoli, jusqu’aux métiers eux-mêmes : les infirmières avec leurs “démarches qualité” dans les hôpitaux, pour ne citer qu’un exemple, qu’on en arrive finalement aux Gilets jaunes, en fait.

« On a aucun exemple de droits sociaux conquis sans violence. »

Impossible de ne pas les évoquer… Ce qui semblait être à l’origine une jacquerie poujadiste s’est transformée, mute encore au moment où l’on parle, et bien malin qui pourra dire de quoi le mouvement accouchera. Quel est ton regard là-dessus ?

Ils ont du mal à formaliser un programme de revendication… Encore que. Les médias ne comprennent rien au mouvement : il y a tellement de revendications différentes qu’ils ne savent pas quoi en dire. Ce qui me frappe, par contre, c’est la cohérence extrêmement claire quant au refus des politiques néolibérales mises en place depuis les années 1980 et depuis la trahison du référendum de 2005.

C’est un mouvement génial. Le problème, selon moi, c’est que pour le moment, ça ne peut qu’aller vers de la répression, puisqu’il n’y a de fait pas d’organisation en termes de négociation. La seule chose qui oblige le patronat à reculer, ce n’est pas la violence, c’est l’arrêt de la production. La grève générale. En 1968, ils ont lâché grâce à la grève générale : on a obtenu 30 % d’augmentation du SMIC, 10 % d’augmentation de la totalité des salaires en France, augmentation des allocations familiales, le droit de se syndicaliser dans les entreprises… Tout ça parce que la production a été arrêtée. Dans ces cas-là, le patronat cesse de rigoler et lâche tout. Tout en imaginant qu’ils récupéreront tout ça derrière, mais sur le moment, ils ne veulent qu’une chose : lâcher, et que la production reparte.

Là, on manque de ça, de la grève. Ils ont désamorcé instantanément la grève des routiers en leur donnant tout de suite ce qu’ils exigeaient parce que les routiers ont le pouvoir de paralyser le pays et de bloquer la production. Le mouvement des Gilets jaunes est donc un mouvement où le pouvoir politique a toutes les cartes en main pour réprimer de façon extrêmement violente. Je ne suis pas très optimiste dans la mesure où je ne vois pas de sortie de crise autre qu’une généralisation de la violence…

« La violence n’est pas une pathologie, c’est un facteur de l’Histoire. »

Puisqu’on évoque la violence, qu’est-ce que tu penses de ce que les pouvoirs politique et médiatique appellent communément les casseurs ? Ou même des membres des Black Blocs et de tout ce qui gravite autour ? Ils sont utiles dans le rapport de forces ou ils desservent le mouvement ?

Déjà, personne ne sait clairement qui ils sont, “les casseurs”. Ensuite, il y a quelque chose d’intéressant, c’est que les casseurs, les Black Blocs, les deux ensemble, maintiennent la pression sur le gouvernement. S’il n’y avait que des Gilets jaunes sur des rond-points, le pouvoir les laisserait se peler le cul indéfiniment… Seulement, on a ces gens qui sont nombreux, qui se baladent sur les Champs, sans banderole, dispersés, et tout à coup surgissent des éléments de guérilla urbaine. C’est un mouvement qui contraint considérablement le pouvoir. La violence sert le mouvement, à mon avis. J’ai lu un petit bouquin vraiment bien il n’y a pas longtemps, Comment la non-violence protège l’État, qui traite de ça.

On avait ce débat à l’époque où on faisait les formations avecLe Pavé : « La violence est-elle nécessaire pour faire avancer les droits sociaux ? » Vous êtes d’accord, vous vous mettez à gauche, vous êtes pas d’accord, vous vous mettez à droite. Ce débat nous menait toujours à la même conclusion : on a aucun exemple de droits sociaux conquis sans violence. Le patronat ne s’est jamais levé un matin en se disant « Tiens, je vais leur filer une nouvelle semaine de congés payés ». D’autant que si on parle de violence révolutionnaire, il faut aussi parler de la violence policière, de la violence d’État… La violence n’est pas une pathologie, c’est un facteur de l’Histoire.

La gauche que j’appelle la “gôgôche” passe son temps à condamner la violence, mais ce qui fait tenir ce mouvement, c’est que ça pète de partout. D’autant que je le répète, il y a plusieurs formes de violence. Les soixante personnes interpellées lors de la première manif qu’on nous a présentées comme étant tantôt d’ultra-droite, tantôt d’ultra-gauche n’étaient ni de l’un ni de l’autre. On peut même trouver leur profil sociologique sur Médiapart : ce sont des ouvriers, des métallos, des menuisiers, comme lors de la Commune de Paris. On a donc les membres des Black Blocs d’un côté et ces gens-là de l’autre, les gens ordinaires. Et puis on a aussi les loulous des banlieues qui vont se servir dans la boutique Apple. Et alors ? On est dans une société qui étale partout ses objets de consommation, et je ne suis pas surpris par le fait que ces gens qui n’ont pas un rond aillent se servir.

Vous n’êtes pas nombreux à le dire, ça. Certains vont même jusqu’à imaginer que les Black Blocs seraient pilotés en sous-main par l’État, de manière à instaurer une stratégie de la tension permanente. La majorité des figures politiques rejette la violence, finalement…

Il faut être extrêmement précis avec ça, parce que c’est clairement un tabou à gauche. La gauche est non-violente. Je suis d’accord pour dire que la violence, c’est mal. Mais c’est un peu court. Moi non plus je n’aime pas particulièrement prendre des gnons dans la tronche. Seulement, la violence sociale est énorme : des gens se suicident, merde ! On ne parle jamais des milliers de morts du travail. C’est l’épisode des deux gars à qui on a déchiré la chemise, qui venaient de foutre des centaines de personnes au chômage, et dont on a retenu que les chemises déchirées, avec les journalistes qui essayaient de faire dire à leurs invités « Mais condamnez-vous cette violence ? »

« Il y a trois sortes de violence. La première, mère de toutes les autres, est la violence institutionnelle, celle qui légalise et perpétue les dominations, les oppressions et les exploitations, celle qui écrase et lamine des millions d’hommes dans ses rouages silencieux et bien huilés. La seconde est la violence révolutionnaire, qui naît de la volonté d’abolir la première. La troisième est la violence répressive, qui a pour objet d’étouffer la seconde en se faisant l’auxiliaire et la complice de la première violence, celle qui engendre toutes les autres.

Il n’y a pas de pire hypocrisie de n’appeler violence que la seconde, en feignant d’oublier la première, qui la fait naître, et la troisième qui la tue. »

Dom Helder Camara

Macron, derrière ses airs de gendre idéal, n’hésite pas à aller à l’affrontement. Mains arrachées par les grenades, tirs de LBD 40 en tirs tendus, pas loin de 1500 gardes-à-vue… Ça a été chassé par l’actualité, mais l’affaire Benalla a fait émerger la volonté du président de se munir d’une milice politique, et le nombre de condamnations consécutives aux manifestations des Gilets jaunes est colossal…

Macron est quelqu’un de très dangereux. Le fait qu’il ait défilé le jour de son élection dans un véhicule militaire en dit long. Il n’est pas descendu en DS, il est descendu en véhicule militaire avec des généraux à ses côtés… Le petit numéro qu’il a joué à Verdun, cette espèce de réhabilitation de Pétain, tout ça, c’est pour se mettre l’armée dans la poche. Je pense que ce mec est très dangereux et qu’il est d’autant plus dangereux qu’il est bête. Il sort de ces espèces de fabriques à crétins que sont les grandes écoles, ce qui explique entre autres pourquoi son analyse de la société est tellement idiote. La phrase que je préfère, venant de lui, c’est « On dépense un pognon de dingue et il y a toujours autant de pauvres » : ça mérite à minima le Nobel d’économie, une phrase pareille. Il a été ministre de l’économie, quand même… « On dépense un pognon de dingue et il y a toujours autant de pauvres ». Il faudrait que quelqu’un lui explique comment tout ça fonctionne, à un moment.

Tu parles de Macron, mais tu parlais aussi spécifiquement des grandes écoles. Or, on se rend compte qu’en ce moment, les auto-proclamées élites ne pigent rien à ce qui se passe.

Ils ne comprennent pas que les gens disent clairement qu’ils en ont ras-le-bol. Je pense que le mépris de classe, voire même la haine de classe qu’ont représenté Macron et sa clique, la façon dont ils ont imposé la loi Travail de force, après tant et tant de mobilisations, ont fini par être perçu par tout le monde. Et là, l’augmentation du prix de l’essence a servi de catalyseur à toutes les colères et finalement, de détonateur. Ceux que j’ai vus sur les rond-points lorsque j’y suis allé expriment très bien une forme de ras-le-bol définitif. Ce qu’ils disent, c’est que le pouvoir politique, cette fois, a dépassé une sorte de point de non-retour. « Stop. Trop tard. Vous nous avez pris pour des cons, trop loin et trop longtemps ». En ce sens, l’allocution de Macron a été vraiment pathétique, pitoyable. Quel numéro de théâtre…

Est-ce que tu penses qu’il se rend compte de quoi que ce soit ? Il est totalement en roue libre. On n’a jamais été aussi méprisés collectivement : « Bossez pour vous payer un costard », « Les gens qui ne sont rien »

Je ne sais pas, je sais juste qu’il est totalement formaté. Il est aussi con qu’un con de droite. Lorsqu’il dit « Je vais augmenter le Smic sans que ça ne nuise aux entreprises », il ne semble pas comprendre qu’une entreprise, ce sont les travailleurs. Il ne sait pas ce que c’est, une entreprise. Il imagine qu’une entreprise, c’est le patron, le propriétaire de l’entreprise. Les travailleurs, ce sont des ressources humaines, comme les machines, pour lui. Lorsqu’il dit qu’il ne veut pas nuire aux entreprises, il dit en fait qu’il ne veut pas nuire aux propriétaires des entreprises.

Ce qu’il faut aussi comprendre, c’est que la France est un pays extrêmement répressif, probablement l’un des pays “développés” les plus répressifs. Un sociologue expliquait que ce n’est pas un hasard si on est la première productivité mondiale par travailleur, c’est bien parce que la France est un pays tout sauf cool, où la pression est énorme et constante. Il suffit de regarder ce qui se passe dans les entreprises pour le comprendre. C’est ce qu’on entend sans cesse avec les copains des formations. J’ai une amie qui est médecin à l’hôpital de Paimpol – un médecin c’est pas un prolo, quand même – et elle pète les plombs. Ce qu’elle raconte de ses conditions de travail, c’est de la folie furieuse. Et ça, tu le retrouves partout, que l’on parle de ceux qui font de la recherche ou des profs…

« Macron est très dangereux et d’autant plus dangereux qu’il est bête. Il sort de ces espèces de fabriques à crétins que sont les grandes écoles, ce qui explique entre autres pourquoi son analyse de la société est tellement idiote. »

Tu parles d’augmentation du Smic. Chez nous aussi, plusieurs choses ne sont pas claires. On voit encore et toujours des gens se réjouir de la baisse des cotisations sociales…

Il y a un travail d’éducation populaire considérable à faire. On a fait une conférence sur le sujet, avec Gaël [Tanguy]. Trop de gens ignorent encore ce qu’est vraiment la fiche de paye, comment fonctionne la Sécurité sociale, voire, ce qu’elle est en soi. Ils imaginent que la Sécu, c’est l’État. La Sécu, c’est une association, c’est privé, c’est du droit privé, ce n’est pas l’État.

Il y a aussi un travail à faire sur les mots : ils parlent des cotisations comme de “charges”, par exemple. Ils parlent sans cesse de compétitivité… C’est un discours qui finit par rester dans les têtes… On peut aussi parler de la “dette”, qui n’est pas une “dette”. Les gens se disent que s’il y a une “dette”, alors, il faut bien la rembourser. Mais qui explique la dette ? Est-ce qu’on a accès à ce savoir, si on ne le cherche pas spontanément ?

On retrouve donc ça logiquement avec la fiche de paye. La fiche de paye, c’est le pognon qu’on me donne, et alors apparemment, les pauvres patrons doivent aussi payer des charges là-dessus, ce qui va engraisser l’État… Le travail d’éducation politique à faire sur ce sujet est considérable, je le répète. Et je pense que le mouvement des Gilets jaunes porte un peu ça : c’est une espèce d’intuition qui se nomme mal, qui s’analyse mal, du fait que ça va vraiment mal. Ce qui donne un mouvement de masse qui ne sait pas très bien encore où il va.

Ce que nous dit aussi le mouvement, c’est que les gens se rencontrent sur les rond-points, échangent, que les cloisons explosent… Tout ça médiatisé par le gilet jaune, qui est une sorte de référent commun. On entend parler de lutte des classes, de bourgeoisie…

Il fait toute la différence, ce gilet. Il ne serait pas là, il n’y aurait que des gens habillés normalement sur un rond-point, ce serait totalement différent. Ils nous ont obligé, tous, à l’avoir, ce gilet jaune fluo. C’est formidable, ce retournement. C’est devenu un symbole maintenant, au même titre que le bonnet phrygien, c’est devenu un drapeau de la lutte des classes. Toutes les révoltes ont eu besoin de ça : les partisans de Necker, au début de la révolution française arboraient une feuille d’arbre pour se reconnaître. C’est le symbole d’une conscience de classe qui est en train de renaître. Quand je croise d’autres personnes qui comme moi, ont le gilet jaune sur le pare-brise, il y a une complicité chaleureuse qui s’installe. On se reconnaît entre nous.

« La révolution, ce serait que spontanément, les gens réclament une augmentation des cotisations sociales. La victoire, c’est de faire augmenter le brut. Faire augmenter les salaires en entier. »

On constate aussi depuis début novembre qu’on mène enfin une lutte “offensive”. On évoque des augmentations de salaires, par exemple. Ou encore le référendum d’initiative citoyenne (RIC). Toutes ces dernières années, on ne menait que des luttes défensives : réforme des retraites, statut des cheminots…

C’est là où le mouvement se structure quelque peu. Le pouvoir n’a vraiment pas bien joué, ce coup-là. S’ils avaient lâché directement, sans discuter, le mouvement se serait essoufflé. Le sentiment d’humiliation – une de plus – lié au refus du pouvoir d’entendre ce que les Gilets jaunes avaient à dire a participé à durcir le mouvement. Cette annonce d’augmentation du SMIC de 100 € : les gens ont compris directement qu’on les prenait pour des lapins de trois semaines : ils devancent simplement trois augmentations prévues de longue date…

La révolution, ce serait que spontanément, les gens réclament une augmentation des cotisations sociales. La victoire, c’est de faire augmenter le brut. Faire augmenter les salaires en entier. Depuis trente ans, un matraquage idéologique énorme est fait dans le sens de « N’augmentons pas les cotisations sociales ». C’est là que le travail de Bernard Friot est intéressant. Si tu prends toutes ces cotisations une par une – maladie, chômage, retraite, etc. –, elles ne font que monter, et c’est une victoire des luttes sociales. L’assurance maladie est montée jusqu’à 12 ou 14 % alors qu’elle est partie de 1 ou 2 %, par exemple. Donc, ce qu’on doit réussir à faire, c’est réclamer l’augmentation des cotisations sociales. Encore une fois, ce sont les socialistes qui vont casser ça, avec Rocard, Beregovoy, Fabius, et Seguin, dans les années 1990, ils vont enrayer ce mouvement d’augmentation des cotisations. Le problème, c’est qu’aujourd’hui, revendiquer l’augmentation des cotisations, c’est devenu totalement inaudible. Ce serait comme dire aux gens : « L’avenir c’est le communisme ».

Le matraquage idéologique a porté ses fruits. Regarde comme le management par la compétence a détruit les métiers. Une conférence gesticuléeexplique justement la privatisation de la formation continue. Ils sont en train de détruire le CIF (Congé individuel de formation) qui offrait la possibilité de suivre une formation pendant plusieurs mois, et donc d’apprendre un vrai métier : dorénavant, ce sera un système de points qui fonctionnera au forfait. Un an de travail donne “une enveloppe” de 500 € pour acheter de la formation. Le tout grâce à une application sur le smartphone. L’idée c’est d’acheter des petits bouts de compétences. Ils ont fait un appel d’offres auprès de toutes les boites qui veulent vendre des petits bouts de compétences… Ils détruisent même les métiers. Ce qu’il y a, c’est que les gens finissent par le ressentir. Et par ne plus lâcher.

On a fait onze manifs pour les retraites, qui n’ont servi à rien. J’en ai fait une ou deux, on marchait derrière les banderoles, la manif classique, quoi. Là, ça ne ressemble à rien. Il y a des gens partout, des types qui remontent les Champs, qui les redescendent… Cette forme chaotique est incompréhensible pour le pouvoir.

« Le gilet jaune est devenu un symbole, au même titre que le bonnet phrygien, c’est devenu un drapeau de la lutte des classes. »

Il y aussi un côté très désespéré. On a vu énormément de témoignages de gens qui disaient : « C’est Noël, je ne peux pas acheter un cadeau à mon gosse, cette fois, faut que ça pète ». Est-ce que le mouvement ne tient pas aussi et surtout parce qu’on est tous en train de crever ?

Oui, mais on est en train de crever dans une société qui affiche de la richesse. C’est-à-dire que l’insolence des riches, la manière avec laquelle ils se gavent, c’est devenu trop pour les gens. On a eu une succession de scandales ces dernières années absolument incroyable. La dernière en date : Carlos Ghosn qui a dissimulé plusieurs dizaines de millions d’euros au Fisc. C’est pas mal comme salaire, quand même. Ou Cahuzac, tiens. Le mec était en charge de la fraude fiscale. C’est énorme… Et le problème avec tout ça, c’est que si t’as pas le niveau Marx +12, une alternative peut te sembler être le Front national.

D’autant que les idées d’extrême-droite tendent à l’hégémonie culturelle : on a assisté de nouveau à la parade nuptiale de Zemmour pendant plusieurs mois, s’en est suivie une quasi réhabilitation de Pétain, en France ; tous les pays d’Europe semblent se replier sur eux-mêmes pour soi-disant faire front au mondialisme, et l’alt-right américaine a le vent en poupe. C’est assez inquiétant d’imaginer que les idées de l’extrême droite pourraient infuser le mouvement, non ?

Bien sûr. L’une des pires hypothèses de ce sur quoi pourrait déboucher le mouvement, c’est un régime d’extrême droite. C’est en train de surgir partout, il n’y a pas de raison pour qu’on y échappe.

Tel que je vois tout ça, il y a trois possibilités. La possibilité de sortie par les urnes qui mettrait Mélenchon très en avant ? Je n’y crois pas. Ils ne laisseront jamais faire, ils ont eu trop chaud aux fesses pendant la présidentielle. Mélenchon était à 19,5 % ; Le Pen est passée avec 21 %. François Hollande, président de la République sortant, est sorti de son devoir de réserve pour appeler à ne pas voter Mélenchon : on n’avait jamais vu ça auparavant. Il n’a pas appelé à ne pas voter Marine Le Pen, il a appelé à ne pas voter pour Mélenchon. Il leur fait peur, et quand je dis “il”, je parle de ce que représentait le mouvement de la France insoumise, bien sûr. La possibilité de sortie par les urnes, donc. Macron dissout l’Assemblée, on refait des élections et on voit arriver au pouvoir Ruffin et toute la bande. Je pense que c’est illusoire, c’est le seul programme vraiment anti-capitaliste et ils ne laisseront jamais faire ça.

L’autre possibilité, c’est une généralisation de la répression, ce qui ouvre la porte à la possibilité d’une guerre civile. Il suffirait que les populations exploitées et massivement racisées des banlieues s’y mettent, et là, ils ne pourraient absolument plus rien contrôler. En 2005, on a décrété le couvre-feu, ce qui n’avait pas été fait depuis la guerre d’Algérie, pour donner une idée de l’échelle… Les médias ont raconté à ce moment-là qu’ils avaient brûlé des médiathèques, des écoles, et se sont soigneusement gardé de dire qu’ils avaient brûlé une trentaine d’agences bancaires. Ils ont bel et bien fait cramer des banques. Ils ont mis un temps hallucinant à éteindre cette révolte et surtout, à la cantonner dans les banlieues. Le risque de les voir débouler sur les Champs-Élysées, le pouvoir le connaît et craint ça. C’est là que la gauche a un rôle à jouer. Soit elle condamne la violence, les casseurs, soit elle pousse les classes moyennes à faire alliance.

La dernière hypothèse, c’est donc l’extrême droite. Macron dégage et les 30 % d’électorat frontiste portent Le Pen au pouvoir. D’autant que le patronat n’a pas peur de l’extrême droite : il sait très bien composer avec. Annie Lacroix-Riz a bien démontré comment le patronat français avait, dès 1932, négocié avec Hitler en douce.

L’issue est totalement incertaine. Dès le début du mouvement, j’ai vu tous mes amis de gauche se méfier, dénoncer la présence de l’extrême droite, et j’ai fait un post Facebook à ce propos, en disant de faire attention, qu’on était en train d’assister à la naissance d’un mouvement social et qu’il ne s’agissait pas de commencer à se pincer le nez en regrettant la présence d’adversaires politiques. Je me suis fait allumer par les antifas, qui sont vigilants puisque c’est leur raison d’être, mais personnellement, le mec ou la nana qui gagne 1100 € par mois, qui n’en peut plus, et qui vote FN, je ne lui en veux pas. Le PCF est mort, la CGT ne fait plus le boulot, le travail d’éducation politique n’est plus fait, alors lorsqu’un discours simple désigne un adversaire et que ça te permet d’imaginer que c’est ça qui entretient ta situation, forcément, il rencontre un public. Je refuse de les faire passer pour des racistes. J’avais un prof d’anthropologie qui disait quelque chose de génial, à savoir : « La question n’est pas de savoir si je suis raciste, la question est de savoir ce que je fais de ce racisme ». On est tous plus ou moins racistes, c’est difficile de ne pas l’être dans un système global de représentation qui est raciste. Par quel miracle qui que ce soit pourrait être passé totalement au travers de ça ?

« Le racisme c’est vachement marrant car le racisme n’existe pas, personne n’est raciste vous pouvez poser la question autour de vous. C’est-à-dire que le racisme n’est pas à la mode. » Coluche

On a quand même vu des choses relativement dégradantes, notamment la dénonciation à la gendarmerie des migrants qui se cachaient dans un camion-citerne des Gilets jaunes, au barrage de Flixecourt.

Si c’était un mouvement structurellement raciste, je comprendrais l’inquiétude. Mais ce n’est pas le cas. Lorsque je suis allé tracter contre le TCE (Traité établissant une constitution pour l’Europe) en 2005 sur les marchés, il y avait aussi des militants du FN. J’étais pour le “non”, eux aussi, mais on ne l’était pas pour les mêmes raisons. À l’époque, on me disait que je ne pouvais pas appeler à voter “non” sous prétexte que le FN le faisait aussi. C’est insupportable comme discours. Sous prétexte qu’ils disent “blanc”, il faudrait dire “noir” ? C’est un piège à cons, le Front national. Tout le monde sait que c’est Mitterrand qui a monté ça de toutes pièces. J’ai rencontré des anciens militants socialistes qui m’ont raconté que dans le Nord, dans les années 1980, ils allaient convaincre des gens de monter des listes d’extrême droite, dans le but de diviser la droite.

Pour finir, pourquoi est-ce que d’après toi, les syndicats ne jouent pas leur rôle ?

Pour l’instant, je n’ose pas risquer une hypothèse. La CFDT, tout le monde le comprend, Ce n’est plus un syndicat de salariés depuis son virage à droite avec Nicole Notat, c’est un syndicat patronal… Mais la CGT ? Après, il faut se rappeler qu’historiquement, la CGT a toujours rejoint les mouvements en retard : en 1936, en 1968… Quand ils ne contrôlent pas, ils n’aiment pas ça. Ils ne veulent pas être assimilés à des casseurs. Regarde ce qui se passe avec les Black Blocs : au lieu de les soutenir et d’être avec eux, ils les laissent démolir les symboles capitalistes en tête de cortège et ils arrêtent la manifestation derrière. La CGT n’est pas révolutionnaire au niveau national, au niveau de la confédération… Elle a été cassée par le patronat, dès le début des années 1970 avec la mise en place du management par la compétence. En Angleterre à la fin des années 1970, le pouvoir syndical est devenu tellement fort que le premier ministre déclare que le pays est devenu ingouvernable. Sur les chantiers navals de Saint-Nazaire, un contremaître parle mal à un ouvrier : il y a une grève dès le lendemain. La stratégie patronale a fonctionné : par l’isolement, par l’arrivée du management, par l’individualisation du temps de travail, etc. Trente ans plus tard, le taux de syndiqués en France est extrêmement bas. Ce n’est pas la CGT qui est en cause, c’est une stratégie offensive de destruction des syndicats dont Macron est en train de poser les derniers clous du cercueil avec la loi sur “la liberté de choisir son orientation” qui consiste à retirer la principale force des syndicats : la formation.

Source : Le Comptoir, Franck Lepage, Kevin Amara, 27-12-2018

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Commentaire recommandé

Fabrice // 21.04.2019 à 08h03

Franck Lepage est pour moi une référence en analyse caustique et humoristique de notre société, je le fais souvent découvrir a mes interlocuteurs, comme illustration des travers de notre système. Principalement celles sur l’éducation, la mise en faillite du système de sécurité sociale et la cerise sur le gâteau le langage politicien :

https://youtu.be/oNJo-E4MEk8

Il est étonnant que l’on puisse encore voir ses conférences.

73 réactions et commentaires

  • Fabrice // 21.04.2019 à 08h03

    Franck Lepage est pour moi une référence en analyse caustique et humoristique de notre société, je le fais souvent découvrir a mes interlocuteurs, comme illustration des travers de notre système. Principalement celles sur l’éducation, la mise en faillite du système de sécurité sociale et la cerise sur le gâteau le langage politicien :

    https://youtu.be/oNJo-E4MEk8

    Il est étonnant que l’on puisse encore voir ses conférences.

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    • TB // 21.04.2019 à 12h23

      Il faut sans doute remercier le capitalisme américain, qui a donné naissance à YouTube & C°, d’être totalement indifférent à ce qui se raconte au pays des fromages qui puent.

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    • Alfred // 21.04.2019 à 13h04

      Comme vous j’ai une haute estime pour Franck Lepage, pour son travail d’education populaire et pour son intégrité (il fait partie des rares à gauche qui n’ont pas balancé Etienne Chouard avec l’eau du bain). Pour autant je commence à trouver que son analyse se pétrifie et n’est plus si pertinente. La gauche est tétanisée par ce qu’elle voit poindre à l’horizon mais incapable de se renouveler (encore moins se remettre en question). Il faut bien reconnaitre à l’extreme droite d’avoir su adapter son discours (ce que la gauche lui reproche, marcher sur ses plates bandes) voire d’avoir évolué sur l’écologie (c’est une victoire pour l’écologie: quand vos adversaires vous piquent vos idées c’est que VOUS avez gagné idéologiquement). La gauche est pour l’instant totalement incapable de faire le même travail pourtant indispensable si elle ne veut pas se faire couper l’herbe sous les pieds. Lepage dans toute honnêteté atteint ici sa limite.

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      • Véronique // 22.04.2019 à 10h42

        D’ailleurs quand je vois écrit « le seul programme vraiment anticapitaliste » pour désigner un mouvement qui ne propose pas de sortir de l’UE, institution par essence hautement capitaliste, j’ai un doute.

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        • Serge F. // 22.04.2019 à 16h34

          Le repli sur soi-même ne permet pas de lutter contre les méfaits de la mondialisation et du néolibéralisme. Vous vous trompez de combat. La lutte des classes est une réalité que dépasse le problème de l’UE.

          Voici une démarche plus constructive qu’un simple Frexit qui résoudrait, soi-disant, tous nos problèmes :

          https://twitter.com/FranceInsoumise/status/1119103330326863872

          Il est toujours plus facile de détruire, en l’occurrence un adverse que l’on désigne comme responsable de tous nos maux (le bouc émissaire idéal en somme car plus c’est simple, plus c’est séduisant), que de construire quelque chose de nouveau.

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          • Véro // 23.04.2019 à 17h46

            non je ne me trompe pas de combat.
            Il n’y a aucun repli sur soi lorsqu’on veut sortir de l’UE.
            On pourrait tout aussi bien démontrer que l’UE est le repli sur soi. Sortir de l’UE c’est plutôt faire sortir de notre ordre juridique interne des règles qui nous empêchent de lutter contre le néo-libéralisme avec les moyens dont dispose normalement un peuple souverain.

            Quant à la lutte des classes, bien sûr elle dépasse le problème de l’UE, comme beaucoup de questions d’ailleurs. Mais on ne pourra rien faire du tout si on ne comprend pas que pour vaincre les néo-libéraux il faut déjà que nos dirigeants aient à nous rendre des comptes, à nous plutôt qu’à la commission européenne bien tranquille dans sa tour d’ivoire, élue par personne, et détenant à la fois le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif, et il faut que notre parlement et nos tribunaux ne soient pas soumis à la justice européenne contre laquelle on ne peut rien (la CJUE a par exemple porté atteinte au droit de grève sans que personne ne soit vraiment au courant).

            Il ne s’agit pas de détruire (ni de résoudre tous nos problèmes). Il s’agit d’empêcher l’UE de continuer de nous détruire. Tant qu’on sera dans l’UE on subira les destructions. Les insoumis ne veulent pas construire quelque chose de nouveau, on ne peut rien construire à partir des traités UE et TFUE (puisque les règles néo-libérales de destruction y sont écrites en toutes lettres).

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            • Serge F. // 24.04.2019 à 09h08

              Les insoumis veulent construire une autre Union Européenne en sortant des traités actuels. Ils ont travaillé avec d’autres mouvements politique de gauche de plusieurs pays de l’Union, et continue de le faire, pour atteindre cet objectif. La FI est le mouvement politique le plus européen en France (Jacques Généreux l’a bien démontré). Je suis personnellement contre un Frexit sec.

              En dehors du problème européen, la FI est le seul mouvement politique actuel à avoir un programme économique à la fois réaliste et vraiment anti-capitaliste. Celui-ci est parfaitement chiffré et a été soutenu par plus de 130 économistes, contre 40 pour LaREM.

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            • Véronique // 24.04.2019 à 19h47

              @ Serge F ci-dessous.
              Avouez que c’est tout de même pour le moins nébuleux, construire une autre UE en sortant des traités actuels. Il faudrait dire les choses plus clairement.
              Sortir ou ne pas sortir ?
              C’est déjà un point important, essentiel même.
              Une autre UE, nous avons déjà le Conseil de l’Europe, dont la France est membre. Il existe aussi des organisations économiques de type accords de libre-échange.
              Je ne vois pas dans le programme des insoumis le texte d’un quelconque projet de traité avec intention de le soumettre à référendum tout en prévoyant une sortie de l’UE. Alors quelle autre Europe ? Il n’y en a pas. Ce que proposent les Insoumis, c’est de rester dans l’UE tout en promettant des réformes infaisables (le mirage de l’Europe sociale promise depuis des décennies sans aucun succès, c’est un échec total).

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            • Haricophile // 25.04.2019 à 15h32

              moi j’ai le sentiment que, assez bientôt, sortir de l’UE ne sera plus la question. Pour sortir de quelque chose, il faut que ce quelque chose existe encore.

              Et vu l’état d’équilibriste défiant la physique de l’économie « occidentale », je parie que la physique va très bientôt rattraper le virtuel, et que dans l’effondrement il ne restera plus grand chose de la soi-disant unité et de tous les artifices.

                +0

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      • Serge F. // 22.04.2019 à 16h25

        Je ne suis pas d’accord avec vous. L’analyse de Franck Lepage est toujours d’actualité. Nous assistons aujourd’hui à une montée des mouvements d’extrême-droite partout en Europe comme cela s’est produit après la crise de 1929. Et comme le dit très justement Franck Lepage « le problème avec tout ça, c’est que si t’as pas le niveau Marx +12, une alternative peut te sembler être le Front national ».

        Je vais vous raconter une petite anecdote que Jean-Claude Guillebaud (journaliste et écrivain) a relaté lors d’un débat qu’il a eu avec Alain Supiot.

        Lors du 60ème anniversaire de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme des Nations Unies de 1948, Jean-Claude Guillebaud, qui avait été invité à la commémoration, a lu à un groupe de personnes les articles 22 et 23 (et non les 21 et 22 comme il l’a dit suite à un problème de mémoire défaillante) et leur a demandé l’auteur du texte. Ceux qui ont répondu ont dit qu’il avait été écrit par Olivier Besancenot ou Arlette Laguiller ! C’est pour vous dire à quel point nos droits sociaux ont été mis sous le tapis depuis 1948.

        https://www.youtube.com/watch?v=daIcGebIqmQ&t=1923

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        Alerter
        • Alfred // 23.04.2019 à 16h25

          « Le repli sur soi-même [qui] ne permet pas de lutter » c’est l’image que donne la gauche en général et la France Insoumise en particulier.
          Le fait que la population n’est pas « Marx plus 12 » n’est pas un problème mais une donnée avec laquelle il faut faire. Lepage fait avec à sa manière et c’est bien un des seuls.
          Quand on est démocrate véritable et que « ça veut pas », que le peuple ne répond pas à la proposition qui est faite il faut peut être se remettre à réfléchir à cette proposition.
          (Enfin la démocratie on aime bien parler partout mais la pratiquer moins).

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  • Ubu // 21.04.2019 à 08h52

    Je me souviens que la première fois que j’ai entendu l’expression  » plan social  » dans les années 90, et que j’ai compris ce que cela désignait, j’avais enfin l’illustration claire de ce qu’une dissonance cognitive signifiait, et que les médias distillaient ça en intraveineuse à toute la population… « …parce que c’est notre Projet « .

      +19

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    • Patrick // 21.04.2019 à 22h59

      maintenant on dit « plan de sauvegarde de l’emploi » , c’est encore mieux.
      mais c’est en partie vrai .. J’ai eu à gérer une boite en RJ .. là pas le choix si on veut conserver la boite en vie.

        +4

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  • Galvan // 21.04.2019 à 09h03

    J’aime bien Franck Lepage pour son travail d’education populaire en général.
    Je trouve par contre que certaines de ses analyses sur le fonctionnement des entreprises ou ses positions vis a vis de J.L Mélenchon sont souvent un peu dogmatiques :
    – Le management par les compétences n’implique pas que l’on soit mal formé ou que l’on ait pas de « métier « 
    – Tous les patrons ne sont pas comparables, qui a-t-il de commun entre le patron d’une PME et celui de Total ? Pas grand chose …
    – Comment monter une sixième république et faire une transition écologique si nous restons dans l’UE et l’euro ? etc ..

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    • astap66 // 21.04.2019 à 10h44

      Le patron d’une petite PME, c’est un peu le marchandeur au XIXème siècle:
      Il négocie les prix avec des fournisseurs ou des distributeurs (les vrais capitalistes) qui le prennent à la gorge un peu comme Maheu, dans Germinal, négociait le prix de la Berline avec le propriétaire de la mine…
      Sa liberté est illusoire. J’en parle en connaissance de cause.
      Avec l’interdiction du marchandage et la création du contrat de travail (en 1910 seulement) ils sont devenus salariés. Pour répondre à la revendication montante de donner à la population une couverture sociale, obliger les propriétaires (du capital) à s’occuper de la sécurité…
      Ou en sommes-nous aujourd’hui ?
      Le management par les compétences implique non pas que l’on est « mal formé » mais que ce pour quoi on a été formé peut du jour au lendemain disparaître. Donc on nous donne des petites bouts de compétence. L’avantage, c’est qu’ensuite on est interchangeables et n’avons plus de marge de négociation.
      Pour l’Euro et l’UE, ça parait assez évident.

        +17

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    • bhhell // 21.04.2019 à 11h16

      Eh bien les similarité entre le patron de Total et celui d’une PME sont doubles. La décision économique, tout d’abord, est entre les mains des détenteurs de capital, ce qui pose un léger problème, vous en conviendrez, dans un régime qu’on prétend appeler démocratique. La croissance économique est un impératif vital pour les deux acteur, elle sous tend la notion même d’investissement. Pas d’investissement, pas de croissance. La langue de bois désigne par croissance un processus de destruction: destruction irréversible de l’environnement, destruction des communautés humaines (chômage, pollution, guerres économiques et coloniales) dont le coût, s’il était intégré à la production capitaliste, renverrait la notion de croissance à ce qu’elle est: le pilier de la novlangue. La destruction, c’est la croissance

        +7

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      • lecrabe // 21.04.2019 à 12h38

        En tant qu »exploitant » d’une TPE (moi+1 salarié saisonnier), oui j’ai la décision économique (de mon entreprise) entre les mains (et je ne demande même pas l’avis du saisonnier de l’année! ), mais le capital est un emprunt, il est donc techniquement toujours à la banque qui me l’a prêté, je ne dégage pas de bénéfices à placer dans des paradis fiscauxou à distribuer à des actionnaires, juste assez pour vivre avec moins d’un smic par mois et investir pour que ma petite boite et ma petite place dans la société perdurent (au moins un an de plus :p).
        Bref, je ne me vois pas grand rapport avec les pdg du cac40.
        Voilà pour votre première « similarité ».
        Pour la seconde, je la cherche toujours dans votre commentaire.

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        • bhhell // 21.04.2019 à 17h41

          La seconde similarité est le besoin de croissance perpétuelle pour rembourser le crédit. Quand à la décision économique, que ce soit une PME ou une multinationale, le décisionnaire souverain est le détenteur du capital. Ce n’est pas primordialement une question de taille mais de cadre juridique. Quel argument légal peut opposer la PME à la multinationale quand elle adhère à ce principe dictatorial de la propriété? (après tout, une multinationale est une PME qui a réussi) Tous les abus capitalistes sont en germe dans son fonctionnement pyramidal. Et comme l’explique astap66, la concentration du capital aujourd’hui est telle que la petite propriété est devenue un leurre. Pour avoir une vraie décision économique, il faudrait transformer toutes ces structures pyramidales en coopératives sur la base d’un travailleur, une voix. On pourrait alors commencer à parler de démocratie.

            +3

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          • herve_02 // 22.04.2019 à 00h25

            Faut vraiment pas avoir vraiment travaillé dans un pme/tpe pour imaginer que la ‘croissance’ perpétuelle est la ligne bleue des Vosges. (pour rembourser le crédit – lol)
            Le crédit est à taux fixe et le montant du remboursement est fixe pour toute la durée. pas besoin de toujours gagner plus. Il faut juste ne pas trop gagner moins.

            Faut aller voir du pays, plutôt que de ressasser les même antienne communistes périmés des années 60.

            Il est facile de monter une coopérative : trouve des personnes qui veulent faire la même chose que toi mettez de l’argent et du savoir en commun plutôt que de venir demander aux autres de se transformer et être le premier à regarder de loin sans s’investir.

            D’ailleurs, dans cette dialectique de toujours plus de croissance pour rembourser le crédit, en quoi la structure de la société change quoi que ce soit ?

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            • bhhell // 22.04.2019 à 09h20

              Je ne sais pas pour mon antienne, mais la votre est ressassée depuis 50 ans et commence à sentir le sapin. Que vient faire le taux fixe dans cette galère? Pour rembourser un crédit, il faut produire une richesse supérieure à ce que vous avez emprunté. C’est mathématique.
              Le tutoiement, en revanche, camarade, c’est communiste.
              Si les coopératives ne règlent il est vrai pas le problème de la croissance, elles instaurent une vraie démocratie, ce qui est déjà un grand pas.
              Ensuite, votre discours de manuel sur la libre entreprise fait l’impasse du réel: les gouvernements ignorent royalement les coopératives, mais ils subventionnent et assistent massivement le capitalisme, notamment sous la forme de la dette publique. Et l’endettement massif des entreprises montre que le problème ne fait que s’aggraver. Sans réforme du cadre juridique, les coopératives ne peuvent évidemment se développer, et la fable du capitalisme efficient continue de sévir. Et plus le capitalisme est efficient, plus l’extrême droite progresse. Aux Etats-Unis, le « plein emploi », la « croissance » et la « réindustrialisation » on pondu un Trump. Et l’Europe n’est pas en reste. Alors, gardons le cap!

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              Alerter
            • Larousse // 22.04.2019 à 20h01

              « ressasser les mêmes antiennes communistes périmés des années 60. » Hervé_02, je ne comprends rien à votre explication du crédit. A moins que les crédits aux entreprises soient différents des crédits aux particuliers ? Normalement les premières années du remboursement sont à risque potentiel, car cela couvre les intérêts du crédit en grande partie, donc si votre affaire ne marche pas, la chute est très dure.
              Enfin par respect pour un regretté oncle yougoslave, je m’abstiens de juger rapidement les « antiennes communistes », dans mon enfance, j’ai vu des choses remarquables en Yougoslavie, faites par des coopératives de production pour les loisirs de leurs travailleurs (dans un pays pauvre c’était aussi bien que des oeuvres de Comités d’entreprises)… Bonne journée à vous

                +3

              Alerter
      • astap66 // 21.04.2019 à 13h00

        Le petit capital est voué à disparaître compte tenu de la tendance monopoliste du capital.
        La raison d’être des start’up est de se faire racheter par un géant du numérique.
        Si le petit capital subsiste encore, c’est comme marchandeur de la main d’oeuvre, dans les secteurs qui ne sont plus en croissance forte et où il y a eu constitution de rentes, pour peser sur les salaires (Travaux Publics, Télécom…). Voir même pour servir de travailleur indépendant. Voir les boutiques franchisées, où le montant de la franchise est tel qu’on laisse au gérant juste de quoi se verser un salaire de plus en plus réduit. Voir les agriculteurs…
        Le plus intéressant cependant est que ce ne sont même plus les « propriétaires » des grandes entreprises qui ont le pouvoir (quand c’est un fonds de pension de retraités américains, c’est qui le propriétaire ?) mais leurs mandataire. Et que la responsabilité des grandes entreprises et des grands groupes est limitée, d’autant plus que l’on crée des filiales que l’on s’empresse de mettre en faillite quand on veut se débarasser d’un site de production. Samir AMin parlait d’ailleurs de « contrôle du capital financier généralisé ».
        Donc toute la « justification » (par les économistes classiques) du bien fondé de l’appropriation de la valeur produite par le propriétaire, au motif que c’est lui qui prend les « responsabilités » ne tient plus…

          +10

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        • Véronique // 22.04.2019 à 10h19

          entièrement d’accord.
          Un autre exemple de stratégie monopolistique et donc de petit capital voué à disparaître. Une grande entreprise multinaltionale exerçant dans les travaux publics, qui rachète, dès que l’occasion se présente, non pas la PME du secteur, mais la TPE, sans supprimer la structure, de façon à rafler les marchés publics et à anéantir la PME.

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  • Kim Next // 21.04.2019 à 09h57

    Intéressant. Dommage cependant qu’on n’ait pas son point de vue sur la revendication du Frexit par les Gilets Jaunes, largement portée, elle aussi, au même titre que le RIC.

    L’analyse de l’UE (et sa critique) est clairement la pièce de puzzle manquante dans le discours de Franck Lepage.

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    • astap66 // 21.04.2019 à 16h07

      Beaucoup pensent que la question du Frexit et de l’euro est secondaire et se résoudra d’elle-même car l’EU n’est que l’édifice juridique et politique du mode de production capitaliste qui, s’il est remis en cause, tombera de lui-même. Je suis partagée sur la question.

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      • Alfred // 21.04.2019 à 17h02

        Le château fort n’est que l’édifice du pouvoir aristocratique. Certains pensent qu’il tombera de lui même lorsque ce pouvoir tombera…
        D’autres pensent qu’il faut démanteler l’édifice qui soutient ce pouvoir. Physiquement ou même symboliquement comme une Bastille.. Ni l’organisation de Bruxelles ni l’Euro ne sont des questions secondaires (surtout d’un point de vue marxistes / matérialiste) et il est très étonnant de voir la gauche authentique se méprendre sur ce sujet. C’est ce qui fait douter de l’honnêteté de certains.

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      • Véro // 22.04.2019 à 09h19

        oui mais pour remettre en cause ce mode de production qui figure en toutes lettres dans les traités UE parce que c’est le modèle que les dirigeants ont choisi, il faut remettre en question les traités.
        Les traités ne sont pas comme une loi interne. Ils sont un pacte entre plusieurs Etats, et chaque Etat a donc des engagements vis-à-vis des autres Etats. Un seul Etat ne peut donc pas imposer aux autres une éventuelle remise en question des traités, sauf à sortir des traités. Et attendre qu’une remise en question se fasse en même temps dans chaque Etat (alors même que les élections dans chaque Etat ne sont pas les mêmes et n’ont pas lieu au même moment), c’est illusoire.

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    • juju77 // 22.04.2019 à 19h25

      euh .. ‘l’analyse de l’UE et sa critique.. pièce manquante du puzzle dans le discours de Franck Lepage » … euh .. vous n’avez pas les mêmes sources d’info que moi .. regardez donc son interview par Maja Nescovic pour « AUX SOURCES » il y a quelques années .. les autres exemples sont légions .. un peu comme F. Ruffin avec son excellent petit livre « faut il faire sauter Bruxelles » .. l’analyse de l’UE n’est juste pas le sujet de ses 2 conférences gesticulées ..
      cdlt

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  • astap66 // 21.04.2019 à 10h04

    Très pertinent, comme toujours avec Frank Lepage.
    Historiquement, tous les mouvements d’extrême droite qui sont arrivés au pouvoir, et notamment les partis fascistes d’avant guerre, ont été nourris, financés et installés par le grand capital.
    Il n’est pas d’exemple historique où, spontanément, de la masse, soit né un mouvement d’extrême droite. D’ailleurs, l’idéologie d’extrême droite elle-même (fétichisme identitaire, essentialisation des différences hiérarchiques, option agressive ou guerrière) n’est pas née spontanément mais est véhiculée au sein des classes populaires et de la petite bourgeoisie comme un ferment de division par des intellectuels soutenus par le grand capital.
    Il est intéressant à cet égard d’observer comment les « observatoires » dits « anticomplotistes » aux moyens financiers considérables (qui viennent d’où ?) peuvent avoir des liens avec des intellectuels clairement liés à des réseaux d’extrême droite type action française:
    http://www.librairie-tropiques.fr/2018/04/rudy-reichstadt-et-olivier-dard-sont-dans-un-bateau.html
    Sur internet, circulent les regoupement de « unes » de L’Express, du Point, même du Nouvel Obs (je ne parle pas de magazines plus franchement à droite, comme Valeurs Actuelles) titrant sur la menace islamique.
    https://reseauinternational.net/la-construction-de-la-menace-islamiste-2/
    A qui appartiennent ces magasines ? Pourquoi ce sujet revient-il sans cesse dans l’actualité ?
    D’ailleurs, l’islamisme lui même est un mouvement d’extrême droite, lui aussi financé par le grand capital, via les monarchies pétrolières.

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    • Fritz // 21.04.2019 à 10h42

      L’exxtrrrêmme drroite… Brrr…
      Tout n’est pas faux dans ce que vous dites, vous rejoignez l’analyse ancienne de Daniel Guérin (Fascisme et grand capital), à ceci près qu’il soulignait dans son livre le sentiment socialiste du « plébéien fasciste ». Mais honnêtement, allez-vous qualifier d’extrême droite la révolution islamique de 1979 ? C’est la troisième révolution de l’époque contemporaine, après 1789 et 1917 ! Un formidable mouvement populaire, anti-impérialiste, et qui a fait trembler les monarchies pétrolières !

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      • Sandrine // 21.04.2019 à 12h32

        Anti-impérialiste Khomeini? Ah bon, alors comment se fait-il qu’il ait été gracieusement accueilli par la France avec la bénédiction des États-Unis un an avant la révolution? Je rappelle que comme ce fut le cas jadis pour Hitler, Khomeini avait détaillé dans un livre paru dans les années 60 son projet réactionnaire de restauration islamique.
        http://rendezvousavecmrx.free.fr/audio/mr_x_2004_01_17.mp3

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      • astap66 // 21.04.2019 à 13h04

        Non, je ne pense pas à la révolution iranienne mais à des groupes terroristes paramilitaires comme Daesh…

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      • Fritz // 21.04.2019 à 14h14

        @Sandrine : Khomeini s’est installé à Neauphle-le-Château en octobre 1978, trois ou quatre mois avant le triomphe de la révolution. Et la France giscardienne n’était pas alignée sur les États-Unis. Elle se voulait indépendante, à mi-chemin entre les deux Grands, et en 1980 elle a refusé de boycotter les JO de Moscou, alors que la RFA a obéi aux injonctions de Carter.

        Quant au caractère « réactionnaire » ou « révolutionnaire » du projet de Khomeini, on pourrait en discuter longuement (sans parler du projet d’Adolf Hitler). Ce n’est pas ici le sujet.

        @astap66 : merci pour cette clarification.

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        • Sandrine // 21.04.2019 à 15h36

          « Ce n’est pas le sujet ». C’est pourtant vous qui l’avez Mis sur la table… En pensant sans doute rappeler à notre mémoire la réaction favorable de certains gauchistes vis à vis de la révolution islamique -ce qui continue encore aujourd’hui de faire les choux gras du RN.

          Au contraire : on est en plein dans le sujet, ce sujet c’est même le cœur de l’interview de Lepage – la, d’ailleurs aussi où son argumentation est la plus fragile. Tout ce qu’il trouve à dire pour disqualifier Soral, c’est que ses arguments sont « complotistes » au lieu d’etre « matérialistes ». Remplacez complotiste par « hérétique » et matérialiste par « orthodoxe » et vous tenez la une clé essentielle de sa réthorique. Un peu court quand même.

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          • Alfred // 21.04.2019 à 17h23

            Tout a fait vrai. Et ce ne sont pas les seuls angles morts.
            Je trouve aussi un peu court de simplement qualifier d’oxymore le slogant du gourou antisémite alors que celui ci a eu pour seul trait de génie de constater ce qu’était devenu la gauche dite caviar et d’inverser la proposition. A savoir la gauche des valeurs et la droite du travail. Et ce depuis 1983. Tout vient de là (et la « gauche » nous a fait de cet oxymore là le seul traitement qu’elle nous a infligé une fois au pouvoir; (pas mieux que la droite)). Ce sombre constat a été augmenté depuis (mais ailleurs) des analyses relatives au rôle de la promotion de l’individualisme pour diviser la population et assoir la puissance capitaliste.
            Il va bien falloir surmonter un certain nombre incohérences.

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      • Para // 21.04.2019 à 18h29

        Franchement, vous ne pouvez pas dire que la révolution islamique de 1979 a été une révolution de gauche !

        S’il est vrai que les islamistes et la gauche se sont alliés pour faire tomber le shah, après la prise de pouvoir de Khomeini un grand nombre de militants de gauche ont été envoyés en prison ou exécutés.

        https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Tudeh

        « Souhaitant l’application de la théorie du PC soviétique pour les pays du tiers-monde (« La voie socialiste du développement ») et faisant semblant de croire que le clergé était anti-impérialiste, le parti Toudeh a collaboré avec le régime islamique jusqu’à l’arrestation de sa direction. Cette attitude se solda donc par un échec : en 1982, toute la direction du parti fut emprisonnée. Plus tard, plus de 5 000 membres et sympathisants du parti furent également arrêtés et exécutés. Le parti finit par être interdit.

        À la suite de ces purges, le parti se désagrégea. Un nombre important de militants partit en exil tandis que d’autres renonçaient au communisme et se réconciliaient avec la République islamique. Durant ces années, des milliers de prisonniers politiques iraniens, du parti Toudeh comme d’autres partis, furent condamnés à mort et exécutés, notamment en 1988. « 

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        • Fritz // 22.04.2019 à 09h05

          J’ignorais que les communistes en général, et le Toudeh en particulier, étaient les seuls détenteurs légitimes du label « gauche ». Faudra que je relise Marx et Lénine. Bon, je disais seulement qu’il était difficile de classer tous les islamistes à l’extrême droite (l’épouvantail de notre temps), et @astap66 a dissipé toute équivoque sur ce point.

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  • Albert Charles // 21.04.2019 à 10h31

    On peut être Gilet Jaune et ne pas sombrer forcément dans la caricature du monde et de soi-même.
    Tous ceux qui ont participé aux blocages de ronds points le savent très bien : il y avait de tout, sur les ronds points en automne dernier, du chômeur au petit patron qui licencie parce qu’il en en marre de payer pour les chômeurs, en passant par le cadre supérieur qui refuse de payer pour les services publics ! Marx lui même savait que le mouvement révolutionnaire était à l’image de la société globale (traversé par la lutte des classes): comment pourrait-il en être autrement, d’ailleurs ? Donc dire ce qui suit est une pure illusion: « Le gilet jaune est devenu un symbole, au même titre que le bonnet phrygien, c’est devenu un drapeau de la lutte des classes. » Non, le Gilet Jaune n’est pas un symbole de la lutte des classes ! Il a le mérite d’exister, c’est déjà bien, et c’était nécessaire. D’ailleurs, ce type de réflexion est bien le discours récupérateur d’un intellectuel dit  » De Gauche ». Jamais, au début des blocages, je n’ai entendu quelqu’un parler de… »lutte de classes » ! On est en train (avec ce genre d’individus qui jouent les sociologues du bonheur) de glisser dans les pires gesticulations des artisans de la « Société du Spectacle » si bien décrite par Guy Debord….

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  • rolland // 21.04.2019 à 12h01

    A retenir tout de même que les gens n’acceptent plus les écarts immoraux et inhumains de richesses, qui vont jusqu’à amener en premier lieu les classes privilégiées à mépriser celles qui le sont moins, et qui en réponse à cette abjection ont la gifle que leur porte le mouvement des gilets jaunes.

    Il sera donc inévitable dans le sens où vont les choses d’échapper à une fracture organisationnelle.

    Elle pourra se diriger vers « l’extrême gauche » ou « l’extrême droite » qui n’ont d’extrême que le nom, elle pourra par le centre nous faire sortir de l’UE qui n’a d’union également que le non, elle pourra pousser toujours plus de monde à cesser d’alimenter le « système » en allant vers une recherche d’autonomie maximum, en rejoignant les petites villes et les villages, elle pourra faire augmenter le nombre de groupes résistants/insurrectionnels et les troupes qui les composent, elle pourra faire augmenter le nombre de gens qui refusent les discours déformant l’exactitude des faits en éteignant leur tv, reportant l’attention d’une part de ceux-ci et par effet de cause vers la création de contenus internet en tout genre, elle poussera certaines catégories à aller vers le déconsumérisme et la simplicité de la vie vécue dans le rapport à la famille, à l’autre, à la spiritualité et à la nature etc etc….

    Nous sommes donc bien à l’orée d’une fracture si ce n’est civilisationnelle, tout au moins organisationnelle, qui voit l’idéologie de la pensée unique s’effriter de la façon la plus naturelle qui soit dans un esprit de survie qui n’aura pas attendu le pire pour réagir…….il s’en est fallu de peu !

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  • Jean-Paul B. // 21.04.2019 à 12h13

    À comparer aux propos scandaleux de Bernard Lavilliers
    (dernier macronisé en date) à propos des Gilets Jaunes dans la presse du milliardaire Arnaud Lagardère et Qatar réunis.
    À ces faux-amis des classes populaires non résignées évitons désormais de donner notre fric. (Bernard Lavilliers,Renaud,François Berléand,etc.)
    http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/musique/gilets-jaunes-bernard-lavilliers-denonce-le-poujadisme-du-mouvement-19-04-2019-8057031.php

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  • Xavier // 21.04.2019 à 13h09

    Autant Franck Lepage est pertinent et percutant quand il montre des contradictions du système, autant je le trouve très limité quand il tente l’explication systémique.

    Victimisation des femmes, rage fasciste..,
    Tout cela n’est pas une fatalité.
    Le progressisme est une sorte de plafond de verre de la conscience.

    Faire 2 colonnes : avantages / inconvénients et oublier mal/bien et « sens du progrès »…
    Surtout relire Laborit.
    Mais c’est compliqué et quand on a un capital sympathie on a pas envie de le remettre en cause en cherchant des poux à chacun.

    L’association spectacle et réflexion atteint là ses limites.

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    • Alfred // 21.04.2019 à 17h32

      C’est tout à fait ça. Reconnaissons quand même à Lepage une certaine honnêteté et un certain courage pour affronter parfois son public très conformiste.
      Il n’y a pas tant de monde que ça à gauche d’assez solide pour pouvoir dire ce qu’il raconte au sujet du TCE et « Sous prétexte qu’ils disent “blanc”, il faudrait dire “noir” ? C’est un piège à cons, le Front national ».

        +10

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  • alain maronani // 21.04.2019 à 14h25

    Il sort de ces espèces de fabriques à crétins que sont les grandes écoles…

    La haine de l’instruction et du savoir. Ca fait mal à la tête. Yaquafauquon…Je peux faire une liste des prix Nobel francais tous issus d’écoles prestigieuses, et d’abord l’ENS, des médallés Fields (le prix Nobel de mathématique), des trop nombreux médaillés au prix Crawford, etc..

    Je ne mélange pas ceci avec les représentants ou les futurs conseillers financiers issus des écoles de commerce bac+3..

    Le commissaire du peuple pendant la révolution française qui condamne Lavoisier, l’inventeur de la chimie moderne, a la peine de mort a déclaré – le peuple n’a pas besoin de savants – Staline a envoyé au goulag les chimistes, les biologistes, préservant les physiciens (pour des raisons militaires)…La vedette de Staline, Trofim Lysenko,..le savant (?) aux pieds nus…

    Frank Lepage est-il notre Trofim Lysenko ?

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    • Loxosceles // 21.04.2019 à 15h59

      Il parle de la fabrique des technocrates, pas de l’instruction ni du savoir…

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      • alain maronani // 21.04.2019 à 16h47

        Il sort de ces espèces de fabriques à crétins que sont les grandes écoles…

        Ne tentez pas de le disculper sur ce point. C’est la haine (si fréquente) des autodidactes. Et parmi les technocrates il y a des gens comme Asselineau (HEC & ENA) qui a toujours servi l’état. Des généralisations rapides…

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        • Pierrot // 21.04.2019 à 20h15

          Le fait que vous en arriviez aussi vite à l’argumentum ad personam ne peut que vous donner tort.

          Ne serait-ce pas justement la haine qui motive votre commentaire, lequel dénote une certaine incompréhension des propos exposés et peine à trouver sens tant il manque de précision et d’arguments sur le fond ?

          On ne sait plus trop bien ce que vous reprochez à FL, puisque vous semblez porter les mêmes griefs que lui contre les « fabriques à crétins » que sont les écoles, tout en les couvrant par ailleurs d’éloges pour les génies qu’elles produiraient…

          Concernant les technocrates, leur rôle est a priori de servir, et donc d’obéir. Certes, cela n’empêche pas certains technocrates d’avoir une véritable réflexion politique bonne pour l’intérêt commun, mais c’est a priori sans rapport avec la formation professionnelle qu’ils reçoivent.

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        • Ellilou // 22.04.2019 à 14h32

          non, il ajuste passé un an à Sciences-Po….nuances!!! 🙂

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    • Pierrot // 21.04.2019 à 19h28

      Rappelons que les « écoles prestigieuses » produisent les artisans de la destruction imminente de la planète et du broyage des populations au service d’une minorité, et refusent le plus souvent de voir des génies ailleurs que dans leurs rangs. Si elles produisent bien des « savants », elles donnent les moyens d’atteindre des objectifs dont la finalité a été décidée par d’autres, et non pas les outils intellectuels pour juger de la pertinence et de l’innocuité de cette dernière, autrement dit le savoir politique. « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

      Ce que reproche FL à l’« éducation nationale », c’est que ce qui y est enseigné se limite à ce qui sert le régime ou aide à le perpétuer. Hors des connaissances techniques et scientifiques, les individus y sont formatés conformément à des schémas prédéfinis en étant tenus à l’écart des savoirs et des tournures d’esprit qui leur permettraient de s’en émanciper.

      Il n’est donc pas question de guillotiner les « savants » ni de les envoyer au goulag, mais de faire en sorte qu’ils soient moins stupides sur des sujets essentiels.

        +8

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    • Serge F. // 22.04.2019 à 17h49

      Je suis d’accord avec Franck Lepage. Extrait d’une interview qu’il a donnée au « Bondy Blog » :

      Le Bondy Blog : Vous avez étudié à Sciences Po. Pouvez-vous revenir sur cette expérience ?

      Franck Lepage : C’est uniquement le refuge de la haute bourgeoisie. Cela n’existe pas dans beaucoup de pays, comme en Belgique, c’est quelque chose de très français. La sélection se base sur des critères sociaux, déguisés en critères d’exercice et de notes. J’étais un bon élève dans mon lycée de banlieue, à Bagneux, avec 18 au Bac. En première année à Sciences Po, je me prends une claque monstrueuse. Je me trouve confronté à des systèmes d’évaluation qui portent systématiquement sur des réflexes de classe sociale, de codes que je n’ai pas et que je ne comprends pas. C’est la première fois que je voyais des personnes aisées, qui ont un pouvoir très important. Je me suis dit que je ne ferai jamais partie de leur monde. Il y a 3% des élèves des quartiers populaires qui parviennent intégrer une grande école, et ce sont des exceptions qui passent parfois par des dispositifs « égalité des chances » alors qu’il ne peut pas y avoir d’égalité des chances à partir du moment où il existe un système basé sur la sélection et sur l’élite. Le principe même d’une vraie égalité des chances, ce serait d’empêcher la mise en concurrence des élèves. Cela laisse croire que tout le monde a les mêmes possibilités, et ce genre de dispositif légitime les grandes écoles.

      https://www.bondyblog.fr/reportages/au-tableau/franck-lepage-leducation-populaire-cest-le-contraire-de-leducation-nationale/

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      • calal // 22.04.2019 à 19h22

        a priori il faut supprimer les oraux et ne garder que les epreuves ecrites dans ces concours aux grandes ecoles. L’oral et sa « subjectivite » permet de cacher la selection « entre pairs ».

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        • Serge F. // 22.04.2019 à 20h32

          Je ne connais pas la solution. Une conférence a été donnée au sujet du problème que posent les concours par Annabelle Allouch, chercheuse associée à Sciences Po et maîtresse de conférences en sociologie à l’université de Picardie-Jules Verne :

          https://www.youtube.com/watch?v=wrZ4b_JiGgo

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    • Serge F. // 22.04.2019 à 17h54

      Les grandes écoles aiment les esprits bien formatés, comme l’explique Emmanuel Todd :

      https://twitter.com/ReconstruireFR/status/1112408101410562049

      Albert Jacquard allait dans le même sens :

      « Actuellement, le système des grandes écoles, le système de la compétition, ne fait que sélectionner les plus conformes. Or, on entre dans un monde qui va se renouveler et plus on est conformiste plus on est dangereux. Par conséquent, on est en train de sélectionner les gens les plus dangereux, ceux qui ne sont pas capables d’imagination. »

      https://www.youtube.com/watch?v=9v9updAv018

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    • Serge F. // 22.04.2019 à 20h00

      Lavoisier n’a pas été condamné en tant que chimiste, mais en tant qu’ancien membre de la Compagnie des Fermiers généraux. Ce furent ses petits employés ou commis qui hâtèrent sa perte. L’un d’eux, dans un mémoire adressé à l’Assemblée nationale, déclarait que « les pensions et gratifications n’étaient accordées qu’à l’intrigue et à la protection et que les bons serviteurs languissaient par contre dans la misère, que particulièrement la caisse des retraites destinée à assurer des secours aux employés vétérans, avait été le théâtre des vols les plus éhontés ; que Messieurs de la Ferme y pillaient et dilapidaient comme dans un bois. »

      Il est dénoncé aux autorités par André Dupin de Beaumont, le député de l’Aisne responsable des exécutions, ancien employé de la Ferme. Dans son splendide hôtel, il célébrait, en compagnie de courtisanes en vogue, le triomphe de la sainte guillotine sur les aristocrates et les modérés. Possédé d’une haine implacable contre ses anciens chefs, depuis longtemps on le considérait comme ayant formé contre eux les projets les plus violents.

      https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k9768612x

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      • Serge F. // 22.04.2019 à 20h03

        Au sujet de la phrase apocryphe : « La République n’a pas besoin de savants ni de chimistes », Jean-Clément Martin, dans son ouvrage « Violence et Révolution. Essai sur la naissance d’un mythe national », Le Seuil, 2006, p. 250, parle de « la phrase apocryphe attribuée à un des juges du tribunal qui le condamne ». En fait, selon le « Dictionnaire de pédagogie » de Ferdinand Buisson, c’est Fourcroy qui a prononcé le premier cette phrase dans un discours au Lycée des Arts, le 14 thermidor an IV, dont il avait trouvé l’idée première dans un rapport de Grégoire du 24 frimaire an III, sous cette autre forme : « Nous n’avons plus besoin de chimistes ». De même, le « Dictionnaire encyclopédique du Grand Marshall » signale que la réplique, forgée par l’abbé Grégoire, qui l’attribue au président Dumas, à l’occasion du procès de Lavoisier, qui demandait un délai pour terminer une expérience de chimie en cours, a aussi été attribué au vice-président Coffinhal.

        http://fracademic.com/dic.nsf/frwiki/852395

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        • Serge F. // 23.04.2019 à 00h32

          « Après le 9 thermidor [27 juillet 1794], une fois les Jacobins vaincus, [Antoine-François] Fourcroy passa dans les rangs des vainqueurs. Le 15 fructidor [1 septembre 1794], il devint membre du Comité de salut public, d’où venaient de sortir Billaud, Collot et Barère. Le 3 vendémiaire an III [24 septembre 1794], il présenta, au nom de ce Comité, un rapport sur l’organisation définitive de l’Ecole polytechnique (alors appelée l’Ecole centrale des travaux publics), qui avait été décrétée six mois auparavant, en pleine Terreur (décret du 21 ventôse an II [11 mars 1794]). Dans ce rapport, Fourcroy injuriait fort ses anciens amis, qu’il représenta comme des « barbares », dont le but était « d’anéantir les sciences et les arts ». Ce fut lui également qui fit les rapports sur la création des Ecoles de santé et sur celle des Ecoles de services publics.

          Il faut noter également que c’est Fourcroy qui, dans un discours prononcé au Lycée des Arts, le 14 thermidor an IV [1 août 1796], donna sa forme définitive à ce mot « historique » apocryphe : « La République n’a pas besoin de savants », dont il avait trouve l’idée première dans un rapport de [Henri] Grégoire du 24 frimaire an III [14 décembre 1794], sous cette autre forme : « Nous n’avons plus besoin de chimistes ». Ce mot fameux n’a jamais été prononcé par personne. »

          http://www.inrp.fr/edition-electronique/lodel/dictionnaire-ferdinand-buisson/document.php?id=2745

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        • Serge F. // 23.04.2019 à 01h03

          Extrait du discours que Antoine-François Fourcroy prononça le 2 août 1796 à l’occasion d’une pompe funèbre en l’honneur de Lavoisier, organisée par le Lycée des Arts :

          « Reportez-vous – s’écrie Fourcroy – à ce temps affreux où Lavoisier a péri avec tant d’autres illustres martyrs de la liberté, du savoir, des talents et des vertus;… et répondez à ceux qui puisent dans ces horribles sacrifices des doutes perfides, ou des calomnies plus criminelles encore, contre des hommes à qui l’on supposait quelque pouvoir ou quelque influence pour arrêter ces attentats: ces hommes n’avaient-ils pas mérité, aux yeux des tyrans, le sort de Lavoisier, par leurs travaux et leur vie consacrée toute entière à l’utilité publique? Leur arrêt n’était-il pas prononcé ? Quelques jours encore, et leur sang ne se mêlait-il pas à celui de cette illustre victime. Le juge-bourreau n’avait-il pas annoncé que la République n’avait plus besoin de savants, et qu’un seul homme d’esprit suffisait à la tête des affaires ? »

          Dans son troisième Rapport sur le vandalisme, lu à la Convention le 14 décembre 1794, Henri Grégoire a glissé ce petit alinéa :

          « II faut transmettre à l’histoire un propos de Dumas, concernant une science dont les bienfaits incalculables s’appliquent à divers arts, et spécialement à celui de la guerre. Lavoisier témoignait le désir de ne monter que quinze jours plus tard à l’échafaud, afin de compléter des expériences utiles à la République. Dumas lui répond: ”Nous n’avons plus besoin de chimistes” »

          http://www.antimythes.fr/individus/guillaume_james/gj_etudes_revolutionnaires_9.pdf

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          • Alfred // 23.04.2019 à 16h28

            Merci pour ces apports Serge. (Je dis merci ce n’est pas un discours de qualité mais ça peut faire plaisir).

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            • Serge F. // 24.04.2019 à 01h41

              Merci !

              Avez-lu le document passionnant de James Guillaume qui démontre comment la fameuse réplique « La République n’a pas besoin de savants ni de chimistes » fut inventée par les Thermidoriens ? Antoine-François Fourcroy avait peur d’être accusé d’avoir laissé froidement périr son maître ou même d’avoir demandé sa mort. Il a donc repris un récit inventé par Henri Grégoire dans son premier et troisième rapport sur le Vandalisme, en le grossissant, pour faire croire que tous les savants et les chimistes étaient menacés de mort. Quand Marie-Anne Paulze, la veuve de Lavoisier, put faire éditer, en 1805, les deux premiers volumes des Mémoires de chimie de Lavoisier, elle écrira une préface au vitriole dans laquelle elle dénonce tous ceux qui auraient dû aider son mari et n’ont pas eu le courage de le faire : Fourcroy, Guyton de Morveau, Monge, etc.

              Dernière anecdote : Benjamin Thomson était un homme politique, scientifique et expérimentateur génial contemporain de Lavoisier qui se passionna pour les applications pratiques de ses théories et expériences. On lui doit une nouvelle conception des cheminées, le chauffage central à la vapeur, les cafetières et les cuisinières modernes. Mais on lui doit surtout la théorie moderne de la chaleur comme mouvement moléculaire. Il vint en France pour exposer sa théorie qui remplaça celle de Lavoisier et… épousa Madame veuve Lavoisier en 1805 ! Mais leur mariage ne dura pas longtemps car leurs tempéraments étaient incompatibles.

              https://www.persee.fr/doc/dhs_0070-6760_2004_num_36_1_2598

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  • calahan // 21.04.2019 à 14h25

    F. Lepage synthétise très bien la travail sur le langage, sur le réappropriation des mots qui servent à définir et conceptualiser les situations, les expériences du vécu.
    C’est une question de salut public, si les mots disparaissent, ce sont aussi tout ce qu’ils définissent qui disparait de la conscience.

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  • METZGER // 21.04.2019 à 21h10

    Lepage donne aussi une explication lumineuse du chômage structurel de masse. C’est un excellent pédagogue de gauche, qui vomit toutes les analyses sortant de son prisme et son aversion de Soral auquel il n’a rien compris est une caricature du prêt à penser hystérique anti-fa qui dessert le lumpenproletariat. Enfin, son évocation d’une « classe des femmes massivement opprimées », est la marque d’une souffrance psychologique plutôt que le résultat d’une analyse cohérente : il se croit aux Emirats ? Même les femmes russes envient l’hyper-privilégiature des françaises.
    L’ oxymoron n’est pas l’apanage de la logorrhée de gauche, mais une base dialectique trotskyste.
    Malgré les défauts structurels de sa pensée monolithique soixantuitarde en boucle, je l’adore quand même, car il nous ré-approprie les mots qui sont autant d’armes retournées contre les sans grades, sans dents, laissés pour compte et qui servent à nos oppresseurs. Merci, monsieur Lepage !

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    • porcinet // 22.04.2019 à 06h33

      La pensée « monolithique »soixante-huitarde : Mais c’est la votre monsieur Metzger ! On y met ce qu’on veut, donc elle na rien de monolithique, [Modéré].
      Ensuite les bonnes vieilles méthodes rhétoriques : la « logorrhée de gauche  » (forcément, cela implique qu’à gauche, on parle toujours pour rien dire) pour nous dire que l’oxymore (pas moron) est de gauche mais essentiellement trotskiste. J’aime bien les gens qui transforment leurs préjugés en arguments (trotskiste=mal), et non, tout le monde ne pense pas comme vous.On dirait quelqu’un qui aime le chocolat et qui reproche aux autres de ne pas l’aimer ; « ah, ah ! Vous êtes comme ceux qui n’aiment pas le chocolat ! », [Modéré].
      Autre procédé rhéthorique [Modéré] ; Malgré (on balance de la merde) et « je suis avec vous » !
      Et bien Metzger, malgré votre [Modéré], je vous trouve intelligent.
      Et expliquez-moi, en tant que défenseur des oppressés, en quoi la droite n’utilise pas ces méthodes.

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  • calal // 21.04.2019 à 21h54

    l’oxymore de son slogan : « La gauche du travail, la droite des valeurs  »

    lepage voit le monde en noir et blanc comme au 20eme siecle. Or beaucoup, depuis 2000, comprennent que dans tous les domaines nous sommes menaces par un mouvement de « ciseaux », une double lame, charybde et scylla. Vous voulez eviter un ecueuil, vous tombez fatalement dans l’autre.Il ne reste que le fil du rasoir a emprunter pour l’honnete homme.
    contre la menace d’une dictature de « droite » de l’argent roi facon pinochet qui manipule la gauche internationaliste du lumpenproletariat (celui qui veut consommer sans faire l’effort de produire ou qui n’a pas la patience d’accumuler l’epargne au cours du temps) ,il faut donc bien rassembler les forces de ceux qui ont des valeurs autres que l’argent qui permet de consommer: il ne reste que ceux qui ont la fierte de leur travail,de leur action et qui croient qu’il y a des choses plus importantes que l’argent et les vacances les pieds sous la table,servis comme des princes…

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    • porcinet // 22.04.2019 à 06h39

      Calal, ne pas croire à l’argent mais à l’humain, ça s’appelle la gauche. Par conte, être fier de son travail, c’est de droite.

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      • calal // 22.04.2019 à 08h36

        vous tombez dans la simplification argent=noir / humain=blanc
        sous entendu que tous les « pauvres » (humain non argente) sont des supers gentils qu’il faut ecouter…
        la derniere fois que j’ai vote a gauche c’etait jospin en 2002… lepen au second tour ,l’incomprehension… puis 2005 le tce et la on comprend…. certains ont un passe et une memoire…

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    • Serge F. // 22.04.2019 à 17h34

      Ce slogan ne vient pas de Franck Lepage, mais de AS :

      https://fr.wikipedia.org/wiki/Égalité_et_Réconciliation#«_Gauche_du_travail_et_droite_des_valeurs_»

      AS est une menace pour la démocratie car le mensonge l’est.

      https://www.youtube.com/watch?v=BvJcd63WGSY

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      • Serge F. // 22.04.2019 à 20h22

        Quelle nostalgie ? Vous parlez d’un régime dictatorial que je réprouve. Il est évident que tout régime dictatorial utilise le mensonge comme arme. Je ne vois pas le rapport avec Franck Lepage à qui vous attribuez un slogan qui n’est pas de lui.

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  • ima // 21.04.2019 à 22h55

    Croire à la gauche, quelle gauche ?
    Les socialistes se sont déconsidérés depuis des décennies à toujours faire le lit et le jeu du patronat. [modéré]
    Une 6ème République ? argument creux, on peut changer le n° autant de fois qu’on le souhaite, mais comme dit Chouard, si on ne participe pas à sa rédaction, la prochaine ne sera pas mieux.
    Il faut s’affranchir de ces politicards professionnels, le RIC leur fait tous peur, celle de perdre leur joli place dorée s’il ne font pas leur travail et ils n’ont jamais fait la démonstration qu’ils le faisait… sauf pour eux et leurs amis..

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  • Eric-Paul // 22.04.2019 à 09h03

    Très bien écrit. L’éducation reste la clé de nos libertés. C’est peut-être pour celà que les cours de philosophie vont disparaître des programmes….

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  • METZGER // 22.04.2019 à 15h18

    porcinet, merci de m’avoir mal compris. Vous avez raison, la droite utilise tout un système de déformation des mots pour tordre une pensée. Franck Lepage démonte tout cela avec brio. Enfin, je suis Trotskiste : je le sais être le véritable organisateur de la révolution russe, ainsi compris qu’il n’y a pas de révolution sans violence ( et je me suis souvent fait censurer sur ce site avec pertinence pour l’avoir évoqué : normal, l’appel à la violence est un délit… ) Le mariage pour tous a rassemblé des millions d’opposants dans le calme sans le moindre résultat, et les gilets jaunes ont eu un écho pour autant qu’ils étaient déterminés à y a voir recours si ils n’étaient pas entendus. Et on leur a fait payer cher : éborgnés, déconsidérés, calomniés, la presse monte en chantilly le moindre mot qui dépasse. Lenine a pris le train en marche, et ses discours sont du sirop pour les enfants. Peut-on aimer avec discernement et être critique tout de même avec une personne que l’on admire ? Ou faut-il adhérer en bloc à ce fameux paquet 68 ? Un peu de compréhension à la lumière du temps passé me semble indispensable. Franck Lepage, je l’aime vraiment. J’ai assisté à ses « gesticulations » : il est adorable, (tout comme Chouard dont je suis un fan inconditionnel.) Mais il n’a pas raison sur tout. Je suis désolé de choquer par l’expression de nuances. Et d’être encore capable d’admiration.

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  • Le Joker // 22.04.2019 à 15h46

    Francois Ruffin est le seul qui peux encore sauver la fonction présidetielle. S’ils n’osent pas, il faudra changer de systeme politique. Et la France ressemblera au Chili du siecle dernier.

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    • Serge F. // 22.04.2019 à 17h40

      François Ruffin, que j’estime beaucoup, n’a pas pour le moment l’étoffe d’un président. Il lui manque beaucoup de connaissances dans le domaine géopolitique. De toute façon, il me semble qu’il ne souhaite pas le devenir.

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  • Krystyna Hawrot // 24.04.2019 à 15h08

    Chers Amis, droite, gauche, trockisme, communisme… Et si on faisait tout pour la réussir, la révolution anti libérale, sans se coller mutuellement des étiquettes? Car on est réellement en train de crever la gueule ouverte, les prolos de 50 ans, les déclassés de feu la classe moyenne! On n’a pas de temps à perdre pour sauver ce pays, et nous sauver nous meme. Qu’importe l’idéologie, pourvu que cela soit efficace! Je propose un slogan rassembleur « une France pour tous/tes » pour que chacun ait une place, sa place dans ce pays. Qu’en pensez vous?

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    • PatrickC // 25.04.2019 à 12h37

      Vous courrez au procès, c’est le titre d’un bouquin de Chirac 🙂

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