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20.avril.201920.4.2019 // Les Crises

Comment l’intelligence collective peut changer votre monde, dès maintenant. Par Nafeez Ahmed

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Source : Insurge Intelligence, Nafeez Ahmed, 11-01-2019

Une boîte à outils open source pour la transformation de soi et de la société

Par Nafeez Ahmed

Source : Mysticsartdesign

Donc vous voulez changer le monde. Alors, prenez un verre, asseyez-vous et attachez votre ceinture pour plonger profondément dans la dynamique de la transformation du système. Le système que vous combattez est en vous. Nous ne pouvons pas le vaincre dans le monde tant que nous ne nous serons pas recâblés nous-mêmes à partir de zéro. Ce n’est pas facile. C’est la chose la plus difficile que nous ayons jamais faite, parce qu’elle touche toutes les dimensions de notre vie et les recoins les plus profonds de notre être. Parce que nous sommes des produits du système, jusqu’à ce que nous choisissions de ne pas l’être. Mais ce choix, cette pilule rouge, est beaucoup plus difficile à avaler qu’on pourrait le croire. Il faut devenir plus que ce que nous pensons être et donner aux autres les moyens de faire de même. La trajectoire de ce document n’est pas un voyage facile, d’autant plus que je suis toujours en chemin. C’est dense, exigeant et rigoureux. Pensez-y comme à une collection de notes de campagne essayant de condenser certains des outils les plus importants que j’ai trouvés. Les concepts, les idées et le récit qui se développent ci-dessous jettent les fondements d’un cadre de connaissances, d’une façon d’être et d’une pratique qui s’inspire de tout ce que j’ai appris et développé comme journaliste, universitaire, théoricien des systèmes, entrepreneur social, stratège en organisation, responsable des communications, activiste du changement, époux, père, frère, fils, ami, ennemi et être humain qui avec quelques succès fait maintes erreurs et échoue de nombreuses fois, mais essaie de tirer des enseignements de mes erreurs et échecs. Il ne s’agit encore que d’un travail préliminaire qui, bien entendu, s’inspire largement des travaux pionniers des autres et les intègre. Il y a aussi des lacunes, et il va donc sans dire que toutes les fautes, erreurs ou omissions sont les miennes et les miennes uniquement. J’espère que cela pourra vous aider dans votre propre voyage en tant que compagnon de route sur ce vaisseau, la Terre, même si ce n’est que d’une manière minime.

Nous sommes confrontés à une convergence de crises qui s’intensifient et sont toutes liées entre elles. Jour après jour, alors que ces crises s’accélèrent, notre capacité à y répondre de manière efficace semble s’amenuiser. Non seulement nos institutions sont largement incapables de comprendre comment ces crises s’imbriquent en tant que symptômes d’une crise systémique globale plus profonde, mais elles sont de plus en plus dépassées par leurs impacts.

Nous nous trouvons au seuil d’une crise civilisationnelle – une crise de l’évolution – comme nous n’en avons jamais connue auparavant, une crise qui menace potentiellement la survie même de l’espèce humaine. Même sans cela, les pressions grandissantes sous forme de destruction de l’environnement, la prédominance de la guerre, les risques d’annihilation nucléaire, les inégalités croissantes, la xénophobie croissante, l’autoritarisme croissant, les dangers des chaînes logistiques, les marchés volatiles, les épidémies de maladies mentales, la violence armée, la violence contre les femmes représentent tous à la fois des failles dans notre modèle actuel et les possibilités de le dépasser.

Ces crises s’aggravent et s’approfondissent à toutes les échelles – mondiale, régionale, nationale, locale. Elles ont un impact sur nous de multiples façons, sur nos gouvernements, nos organisations inter-gouvernementales, nos nations, nos sociétés, nos communautés, nos cultures, nos affaires, nos entreprises, nos organismes sociaux et sans but lucratif, notre personne, notre corps, notre mental, notre cœur, notre esprit.

Nous sommes donc confrontés à un tournant de notre évolution : soit nous succombons aux catastrophes convergentes du déclin des civilisations, soit nous saisissons l’opportunité de les transcender en adaptant de nouvelles capacités et de nouveaux comportements, qui nous permettent de devenir plus que ce que nous étions.

Pour réagir efficacement, nous avons besoin d’une approche totalement différente. Ce document propose une approche systémique dérivée de mon propre travail et de mes propres expériences pour formuler une manière d’aborder ces crises à travers le prisme de l’« intelligence collective ». Il présente une nouvelle façon de voir les choses et un ensemble de processus et de pratiques qui peuvent être adoptés par toute personne ou tout groupe, que ce soit un individu, une famille, une entreprise ou une organisation. Il s’agit d’une boîte à outils concrète, écrite comme une ressource de base et une feuille de route pour tous ceux qui veulent vraiment travailler pour un monde meilleur. Si vous n’êtes pas dans cet état d’esprit, ce document n’est pas pour vous.

Bon nombre des thèmes abordés ici pourraient être expliqués et développés plus en détail – et c’est exactement ce que je ferai à l’avenir. Nombre d’entre eux peuvent être mis en œuvre de différentes manières – par des approches innovantes des plates-formes numériques, par le journalisme, par l’esprit d’entreprise, par la charité et la philanthropie, par la stratégie organisationnelle, par la lucidité, le développement personnel et au-delà. Mais le résultat est qu’ils tournent autour de la pratique humaine – à la base, c’est quelque chose que vous devez faire dans votre propre vie.

Je commence par définir un vaste modèle systémique sur la façon dont nous pouvons donner un nouveau sens au monde qui nous entoure d’une manière qui saisit la complexité de ce qui se passe. J’aborderai ensuite la façon dont ce paradigme systémique fournit des renseignements utiles sur la nature de l’intelligence et de la sagesse, et comment ces connaissances peuvent être distillées dans une nouvelle façon de cultiver l’intelligence et de traduire cette intelligence en actions transformatrices concrètes.

1 – Ce que nous sommes

Nous sommes des systèmes. Pour être plus précis, nous sommes des systèmes adaptatifs complexes.

Un système existe chaque fois que plusieurs éléments interagissent avec les autres de quelque manière que ce soit.

Un système complexe existe lorsque les relations entre ces éléments conduisent le système pris comme un tout à afficher des schémas de comportement qui sont qualitativement au-delà et qui ne peuvent être réduits aux propriétés de ses composantes.

Un système évolutif complexe existe lorsque le système dans son ensemble est capable de se restructurer, de changer – s’adapter – en changeant le comportement de ses composantes, afin de survivre.

Un organisme biologique est un système évolutif complexe. Des millions d’années d’évolution ont eu lieu parce que des systèmes vivants complexes ont pu s’adapter à leur environnement. L’une des façons d’y parvenir est de traiter l’information provenant de leur environnement et de la traduire par des mutations génétiques. Les organismes qui l’ont fait avec succès avaient les meilleures chances de s’adapter à leur environnement et de survivre. La survie et l’évolution de l’espèce humaine – de la civilisation humaine – est, bien entendu, plus qu’un simple cas de production d’un ensemble approprié de mutations génétiques. C’est parce que nous faisons des choix sur la façon dont nous organisons nos sociétés.

Lorsqu’un système évolutif complexe est particulièrement mis à l’épreuve par ses conditions environnementales, il entre dans une phase de crise. La crise remet en question les structures existantes, les relations existantes et les modèles de comportement dans un système.

Si la crise s’intensifie, elle peut atteindre un seuil qui peut miner l’intégrité de l’ensemble du système. En fin de compte, soit le système s’adapte en se restructurant, ce qui conduit à un « changement de phase » vers un nouveau système, un nouvel équilibre stable, soit il régresse.

L’une des choses importantes que nous faisons en tant qu’organismes vivants est d’extraire l’énergie de notre environnement, qui est ensuite traitée pour alimenter notre activité. Nous nous distinguons nettement de la plupart des autres organismes biologiques grâce à notre intelligence, nous sommes capables d’interagir avec notre environnement d’une manière tout à fait unique. Cela implique de manipuler des choses dans notre environnement pour développer de nouveaux outils qui permettent d’extraire et d’exploiter plus efficacement l’énergie pour développer diverses structures et activités qui répondent à nos besoins et désirs.

Une caractéristique importante de la civilisation humaine est que sa croissance a été rendue possible par cette capacité d’extraire des quantités croissantes d’énergie excédentaire – énergie qui n’est pas nécessaire pour extraire l’énergie elle-même, mais qui peut donc être utilisée pour d’autres usages.

Nous sommes des organismes biologiques qui, simultanément, coexistent avec des expériences psychologiques, sociales et spirituelles – c’est-à-dire, portant des vies mentales, des pensées et des souvenirs dans un contexte social où nous prenons des décisions et portons des jugements basés sur notre interprétation des « valeurs » de « bien » et de « mal », de « bon » et de « mauvais ».

Nous sommes aussi intégralement interconnectés les uns avec les autres et avec d’autres espèces à travers un réseau complexe de vie qui comprend, dans son intégralité, le système terrestre – ou, s’inspirant du chimiste James Lovelock, Gaia, un étonnant système naturel d’autorégulation qui est finement réglé pour le maintien de la vie telle qu’on la connaît.

En allant plus loin, nous savons aussi qu’au niveau des particules fondamentales, nous et l’univers tout entier sommes (méta ?) physiquement interconnectés dans l’espace-temps par une intrication quantique d’une manière que nous ne comprenons pas encore totalement ; et que l’acte d’observation et de mesure joue un rôle fondamental dans la manifestation de ce qui est réel. Bref, il y a déjà eu un changement de paradigme dans notre compréhension scientifique du monde, mais relativement peu en sont conscients, et encore moins en ont exploré les ramifications.

La biologie évolutive et les cycles de vie de multiples civilisations humaines à travers l’histoire nous enseignent qu’au cœur de la capacité de survie se trouve une capacité fondamentale : la capacité d’évoluer sur la base d’une appréhension précise de l’environnement.

Bien que nous ayons de nombreux désaccords sur la composante comportementale des valeurs morales, nous sommes généralement incapables d’agir sans y faire référence d’une manière ou d’une autre. Nous avons tendance à prendre des décisions basées sur ce que nous considérons comme étant « juste » ou « bon ».

Il est maintenant clair, cependant, que les catégories comportementales morales dominantes associées au paradigme dominant de l’organisation sociale sont dysfonctionnelles. Elles reflètent en fait des modèles de comportement qui contribuent directement non seulement à la déstabilisation et à la destruction de la civilisation, ainsi qu’à l’extinction de multiples espèces, mais potentiellement à l’anéantissement même de l’espèce humaine.

Si nous prenons une valeur morale ou éthique pour représentative d’un mode ou d’un modèle de comportement particulier, nous pouvons conclure de notre situation civilisationnelle actuelle que le système de valeurs prédominant fondé sur l’auto-maximisation par accumulation matérielle sans fin est fondamentalement défectueux, en décalage avec la réalité et objectivement contre-productif. Inversement, les valeurs que l’on pourrait associer à des comportements de plus grande collaboration et de plus grande coopération qui semblent reconnaître les êtres vivants comme interconnectés, comme l’amour, la générosité et la compassion (impliquant des modèles comportementaux dans lesquels la maximisation de soi et le souci du tout sont considérés comme complémentaires plutôt que conflictuels), auraient une fonction évolutionnaire objective pour l’espèce humaine.

Cela nous donne une idée de la façon dont de meilleurs modèles de comportement sembleraient s’aligner sur les valeurs éthiques. Plus précisément, cependant, la clé de l’adaptation évolutive par le biais de nouveaux modèles comportementaux plus éthiques est l’accès à l’information sur notre environnement avec des ramifications directes pour notre comportement.

Les adaptations évolutives se produisent sur la base de nouveaux comportements et capacités qui émergent de nouvelles mutations génétiques. Les mutations génétiques sont porteuses de nouvelles informations extrêmement complexes. Mais elles ne peuvent produire les informations les plus utiles pour les adaptations que si elles reflètent les défis qui émergent dans l’environnement naturel et s’y adaptent.

Un organisme qui ne parvient pas à convertir de façon cohérente des informations complexes sur son environnement en adaptations physiques appropriées ne peut pas évoluer en fonction des circonstances et sera donc incapable de survivre à mesure que la pression augmente.

Le premier enseignement que nous pouvons en tirer est qu’une évolution réussie ne peut se produire sans le traitement d’informations précises à partir et sur la relation d’une personne avec son environnement naturel.

Cela a des implications particulièrement profondes lorsqu’on l’applique aux êtres humains.

L’espèce humaine est la seule sur la planète capable d’adopter consciemment des modes et des modèles de comportement entièrement différents basés sur notre compréhension de nous-mêmes et du monde naturel. Cette capacité consciente, que nous pourrions considérer comme une caractéristique essentielle de l’intelligence humaine, a permis aux êtres humains de développer un large éventail d’outils qui extraient et emploient l’énergie excédentaire pour exercer rapidement une domination croissante sur le monde naturel au fil des siècles, pour aboutir au système civilisationnel qui existe aujourd’hui.

Ce qui conduit à son tour à la conclusion suivante : l’objectif de l’adaptation comportementale exige que nous demeurions ouverts à de nouvelles informations pertinentes – des informations utiles à notre évolution, qui peuvent nous accompagner dans nos processus d’adaptations et nous aider à éviter les catastrophes qui compromettent notre évolution.

Tout comme chaque être humain est un système adaptatif complexe à une échelle microscopique, les différents collectifs de l’espèce humaine, qu’il s’agisse de groupes, d’institutions ou d’organisations, sont des systèmes adaptatifs complexes plus vastes, qui fonctionnent tous comme des sous-systèmes du système adaptatif macro complexe qui est la civilisation humaine mondiale dans son ensemble.

Il existe donc une interconnexion indélébile entre chaque être humain et le système mondial plus large dont il est une partie. Les macrostructures du système civilisationnel mondial émergent des modèles de comportement qui se produisent aux échelles sous-systémique (régionale et nationale) et micro (individuelle). À leur tour, ces macrostructures contraignent et configurent ces modèles.

Dans un sens très réel, ce qui se passe dans le monde « là-bas » n’est donc pas entièrement séparé et distinct de ce qui se passe « ici » chez l’individu. Dans une certaine mesure, ce qui se passe « dehors », aussi éloigné ou odieux que cela puisse paraître, est susceptible de refléter les processus que les individus vivent en eux-mêmes et dans leur propre vie, et vice versa. Les incohérences au niveau mondial sont susceptibles de trouver leurs pendants aux niveaux régional, national et individuel.

Quand nous voyons une incohérence dans le monde, il se peut bien qu’elle reflète ou réfracte d’une certaine manière nos propres incohérences – peu importe à quel point nous pouvons apparemment ne pas les aimer ou y être opposés.

2 – Intelligence et prise de décision

Pour survivre et prospérer, les êtres humains doivent être capables de s’adapter aux changements environnementaux. Dans la civilisation mondiale complexe d’aujourd’hui ; s’adapter aux changements environnementaux implique l’adaptation d’un large éventail de processus sociaux, économiques, politiques et culturels, qui s’inscrivent tous dans un contexte plus profond de systèmes énergétiques et environnementaux.

Cela exige en outre que nous développions des capacités analytiques et empathiques pour traiter l’information de manière à pouvoir distinguer l’information inexacte, inutile, dysfonctionnelle et inadaptée de l’information exacte, utile, fonctionnelle et adaptée.

Bref, il est impossible de prendre des décisions judicieuses et saines sans être en mesure de traiter l’information qui se rapporte à ces décisions.

La leçon clé est qu’une information complète, exacte et holistique est essentielle pour tout individu, organisation ou société afin de s’adapter à son environnement changeant, de survivre et de s’épanouir. La fonction de l’intelligence ici est claire : la sagesse – s’engager dans son environnement dans toute sa complexité stupéfiante ; permettre la prise de décision qui sous-tend les adaptations comportementales à cet environnement.

2.1 Le modèle cognitivo-comportemental dominant : les boucles fermées

Dans le contexte de la civilisation industrielle moderne du XXIe siècle, le volume de données produites et partagées a considérablement augmenté, mais peu de ces données se traduisent par des connaissances pertinentes, utiles et exploitables au sujet du monde.

L’incapacité à traiter cette avalanche d’informations complexes pour en tirer des perspectives sur le monde avec des implications claires pour l’action est potentiellement fatale, car cela signifie que la capacité d’adaptation aux conditions du monde réel est extrêmement réduite.

Au XXe siècle, les flux d’information étaient beaucoup plus centralisés, largement dominés par les médias et les conglomérats d’édition. Les flux d’information étaient principalement pyramidaux [du sommet vers la base, NdT] et hiérarchiques. Alors que les normes de qualité étaient souvent plus rigoureuses, bien définies et appliquées de manière cohérente, l’information était souvent biaisée par le fait qu’elle était créée de manière indélébile par les structures dominantes du pouvoir.

Dans le modèle du XXIe siècle qui a émergé à l’ère du Big Data et des plates-formes sociales, les règles du jeu de l’information se sont transformées. Bien qu’il existe encore des supports centralisés pour la production de l’information, leur portée s’affaiblit. Simultanément, de nouveaux mécanismes décentralisés de production et de diffusion de l’information sont devenus omniprésents. Bien que décentralisées dans leur portée, ces plates-formes sont également soumises à des cercles de pouvoir concentriques fortement liés.

Submergés par les biais cognitifs, les humains ont tendance à s’orienter vers des flux d’information qui confirment leurs croyances et leurs pratiques existantes. Par conséquent, les flux d’information sont devenus de plus en plus polarisés à mesure que des communautés se forment, créant différentes bulles d’opinions idéologiques qui se renforcent mutuellement, et il n’existe aucun mécanisme pour intégrer les connaissances entre ces différents sous-ensembles idéologiques.

Cela a créé des bulles d’idéologie polarisée, sapant toute capacité d’intelligence collective. Nous aimons souvent penser que nous sommes au-delà de ces limites, mais c’est une illusion. Éviter les contraintes des biais idéologiques est une pratique qui exige une vigilance constante et une approche stratégique de l’information.

Il est de plus en plus largement admis que le modèle d’information dominant entretient ces boucles fermées d’informations qui sont souvent mutuellement exclusives. Cela entrave en fait la capacité de recevoir de nouvelles informations.

D’importants volumes d’informations finissent par être traités au sein de boucles fermées préexistantes, renforçant ainsi les mêmes préjugés et idées préconçues de longue date. En l’absence de nouvelles informations, la capacité de comprendre la complexité réelle du système mondial dans son ensemble s’évapore en grande partie.

La plupart des médias ne comprennent pas vraiment le monde parce qu’ils le voient à travers un ensemble spécifique de lentilles, de préjugés ou de perspectives. En tant que telles, les informations qu’ils produisent sont soit fragmentées, déroutantes et accablantes, soit elles sont passées au crible sous l’angle d’un cadre idéologique qui préfigure constamment la perspective dans la même série de croyances et de valeurs.

Il y a, par conséquent, une capacité réduite à saisir comment des événements ou des incidents particuliers peuvent avoir des répercussions indélébiles sur d’autres questions ; comment ils émergent de forces et de tendances plus profondes ; et comment ils sont susceptibles d’avoir une incidence en termes de nouvelles forces et tendances.

En fin de compte, plutôt que de donner aux personnes, aux organisations, aux entreprises ou aux gouvernements les moyens d’agir de manière productive dans le monde, le modèle d’information dominant tend à les submerger de deux états cognitifs seulement : la désorientation complète ou le biais idéologique.

Souvent, l’état cognitif passe d’un mode à l’autre, se renforçant de lui-même. La désorientation s’accompagne d’une dépendance à l’égard d’anciens liens idéologiques confortables, liés à des réactions comportementales familières. En cas d’échec, la désorientation s’installe de nouveau, jusqu’à ce que les attaches puissent être remontées à la surface ou reconstruites en n’en changeant que l’emballage.

Les consommateurs n’ont souvent pas d’autre choix que de réagir à court terme aux stimuli de l’information encadrés par une idéologie ou une opinion étroite. Les décideurs politiques, les chefs d’entreprise, les citoyens et les militants du changement sont donc toujours en retard, toujours en train de réagir, toujours en train de lutter pour rattraper leur retard, toujours derrière la courbe.

En lisant ceci, vous pourriez être tenté de vous concentrer sur la façon dont ces dynamiques négatives se manifestent dans les organisations, les agences consultatives, les partis politiques, les gouvernements, les organisations à but non lucratif et les entreprises qui vous semblent problématiques. Mais même si c’est important, c’est également facile. Tout d’abord, et c’est le plus impactant, il faut discerner la manière dont ces dynamiques se déroulent dans les organisations, les réseaux et les groupes que vous soutenez ou auxquels vous êtes affilié.

Si vous le faites correctement, vous commencerez à voir comment non seulement ceux que vous soutenez, mais aussi vous-même, s’engagent dans des pratiques et des modèles de comportement qui renforcent les boucles d’information fermées.

En retour, vous serez en mesure de constater que ce sont ces boucles d’information fermées qui sont responsables de comportement négatifs et autodestructeurs qui ne changent pas et qu’il est impossible de changer.

Ces boucles d’information fermées et ces modèles comportementaux fixes font partie de la même matrice de dysfonctionnement – que ce soit dans votre esprit, votre famille, votre communauté, votre entreprise ou votre société.

3 – Le modèle évolutif : des nœuds ouverts d’engagement

Ceux d’entre nous qui s’engagent à donner le meilleur d’eux-mêmes, à l’espèce humaine et à toutes les espèces de la terre qui survivent et prospèrent ensemble, doivent explorer différentes approches.

Ces approches, pour réussir, devront comporter les caractéristiques suivantes.

3.1 Faire la distinction entre ce qui est connu et ce qui ne l’est pas

Nous avons besoin dès le départ d’un système rigoureux qui fait sens, conçu pour distinguer les faits du mensonge. Cela exige de fonder tous nos efforts de création de sens de manière tout à fait consciente dans un système logique axiomatique, en toute conscience. Il n’est pas nécessaire que ce soit un processus explicite et visible, bien que cela puisse être utile, mais il faut qu’il soit systématique.

Un système logique axiomatique implique l’application d’une méthode logico-déductive pour tester nos propres hypothèses et croyances par rapport à nos expériences du monde. Pour ce faire, il faut établir clairement quels sont nos points de données entrants, tant à l’interne qu’à l’externe, afin de déterminer la base factuelle et les hypothèses qui sous-tendent nos croyances. Derrière chaque argument ou position que nous défendons, il y a les hypothèses que nous faisons. En les faisant remonter à la surface, nous exigeons de nous-mêmes de faire de notre mieux pour valider ces hypothèses dans des données réelles, afin que ces hypothèses soient soit irréfutablement vraies dans un sens logique soit validées empiriquement ; et si nous ne pouvons pas les valider, alors nous sommes en mesure de le reconnaître et de réagir en conséquence. Idéalement, nous voulons en arriver à un point où nos hypothèses de base sur le monde sont irréfutablement vraies d’un point de vue logique ou validées empiriquement.

Dans le passé, nous avons trouvé utile d’appeler ces points de données « axiomes » (s’inspirant des travaux des premiers mathématiciens grecs) ; d’appeler les nouvelles informations qui émergent de l’analyse de ces axiomes « connaissances » ; puis d’utiliser ces connaissances pour définir les possibilités « d’actions ».

En bref, cette structure tripartite cherche à identifier ce que nous savons vraiment, à le séparer de ce que nous ne savons pas ou réalisons comme étant faux ; à tirer parti de ces connaissances dans l’ensemble du « système des systèmes » pour développer de nouvelles perspectives dans le système ; et à tirer parti de ces nouvelles perspectives – nouvelles connaissances – pour développer un nouveau cadre pour accompagner des décisions éclairées en vue d’actions visant à une adaptation au monde.

Dans le même ordre d’idées, nous voulons nous assurer de développer de nouvelles informations sur le monde sur la base d’une analyse systémique et holistique de ces axiomes. Cela exige une approche qui cherche à éviter les erreurs cognitives courantes, telles que les généralisations, les fausses inférences, les analogies injustifiées et autres erreurs souvent associées aux biais cognitifs. Dans la mesure du possible, nous voudrons nous assurer que nos nouvelles idées sur le monde sont formulées de manière à ce qu’elles correspondent le plus possible aux points des données axiomatiques que nous recueillons.

Une théorie ou une inférence est-elle réellement étayée par des données empiriques ?

Les données étayent-elles spécifiquement et entièrement l’inférence ou seulement partiellement ?

Y a-t-il des spéculations et des hypothèses supplémentaires dans le cheminement de l’inférence, des hypothèses qui ne sont pas entièrement fondées sur les données disponibles ?

L’inférence est-elle vraiment cohérente ou contient-elle des contradictions et des tensions?

Est-elle cohérente avec d’autres domaines du savoir ?

Lorsque nos croyances ne peuvent plus être directement dérivées de nos axiomes, alors elles ont cessé d’être des idées et sont devenues de l’idéologie. Dans ce cas, nous devons nous demander d’où viennent exactement ces idées et pourquoi nous insistons pour y croire.

3.2 Un écosystème de connaissances partagées

Une autre chose dont nous avons besoin dès le départ, c’est d’un nouveau cadre d’analyse de la réalité – quelle qu’elle soit de notre point de vue – à travers un cadre systémique complexe explicitement conçu pour s’engager dans la réalité du monde en tant que « système de systèmes ».

Un système logique axiomatique sera de peu d’utilité s’il est appliqué dans un contexte d’information fermé – dans ce cas, il ne serait même pas ouvert à de nouvelles informations, de véritables données nouvelles en dehors du périmètre de sa propre boucle de connaissances, et même si ces données arrivaient, elles seraient simplement auto-sélectionnées comme étant pertinentes. Un nœud ouvert d’information exige, de par sa nature même, une lentille multidisciplinaire qui peut diriger l’information à l’extérieur de la zone de confort de sa propre « expertise » ou de son approche disciplinaire.

Ainsi notre premier objectif est de développer nos capacités cognitives pour commencer à percevoir le monde comme un système complexe de systèmes ouverts et interconnectés. Ce cadre met en évidence les interconnexions systémiques inhérentes entre et à travers de multiples domaines sociaux, économiques, politiques, psychologiques, culturels, énergétiques, écologiques, technologiques, industriels et autres, ainsi qu’entre les principaux problèmes et défis et les parties prenantes.

Cela exige un effort de mise à niveau pour renforcer nos capacités cognitives dans nos propres contextes. D’abord et avant tout, cela signifie que nous devons nous former en tant qu’individus. D’autre part, il s’agit d’examiner comment cela peut être réalisé dans le contexte organisationnel des institutions dans lesquelles nous travaillons et intervenons.

L’élaboration d’une objectif multidisciplinaire pour voir le monde comme un « système de systèmes » aura inévitablement des limites au niveau individuel et exigera donc un engagement constant avec une expertise intersectorielle des disciplines. Elle exige également des cadres holistiques capables d’assurer un engagement intersectoriel efficace, en s’appuyant sur une compréhension empirique validée des systèmes du monde réel.

L’objectif suivant est de faire exactement le contraire de ce que nous faisons dans des boucles fermées d’information. Les boucles fermées d’information sont renforcées par les comportements actifs des individus qui choisissent eux-mêmes l’information en fonction de leurs partis-pris pré-établis. Cela tend à renforcer les récits polarisés. Cela renforce également les boucles d’information internes fermées qui maintiennent des croyances et des valeurs préférées et familières, bloque la capacité d’accepter et de traiter de nouvelles idées sur le monde et enferme l’individu dans un cycle de schémas comportementaux dysfonctionnels auxquels il ne peut échapper.

L’approche inverse consisterait à exploiter et à intégrer des points de vue multiples et dissonants pour explorer des flux d’information disparates et souvent déroutants sur des questions particulières, en tant que mécanisme central. Au lieu d’éviter, de contester, de dénigrer et d’excommunier des points de vue contraires, cette approche exige de retenir ces points de vue pour tirer parti de leurs enseignements respectifs.

Cette approche repose sur un axiome fondamental : que notre point de vue, peu importe à quel point nous pensons qu’il est « juste », est en fin de compte faillible, limité et dérivé d’un ensemble limité de données. Peu importe tout ce que nous faisons pour corriger cette situation, notre perspective sera toujours limitée. Cela signifie qu’à tout moment, notre perspective sera toujours exactement la même : une vision du monde, et non une image vraie, complète et exacte. Pour corriger cette situation, il faut une approche stratégique continue de l’information qui s’appuie sur un modèle de fonctionnement intégrant de multiples approches contradictoires.

Par conséquent, nous devons intégrer un processus – que ce soit en tant qu’individus ou en tant qu’organisations – pour faire face aux dissonances entre des points de vue opposés. De vraies idées ne peuvent être développées qu’en appliquant un système logique axiomatique pour discerner les faits de l’imposture d’une manière qui doit être cohérente sous tous ses angles.

Dans le modèle d’aujourd’hui, il est devenu une tendance dominante pour les gens qui se situent à l’intérieur de boucles fermées d’information particulières, que ce soit « à gauche », « à droite », « au centre » ou quoi que ce soit d’autre, de ne crier qu’au mensonge contre d’autres boucles fermées d’information qui s’opposent à la leur propre. Dans ce cas, il est même souvent considéré comme déloyal d’invoquer le mensonge ou le manque d’intégrité parmi les producteurs d’information auxquels on est attaché. C’est le symptôme d’un profond déclin civilisationnel de notre capacité collective en matière d’intégrité de l’information.

Cette approche garantit que les échecs et les failles de son propre cadre idéologique seront systématiquement ignorés et sous-estimés. Il s’agit avant tout d’une stratégie d’effondrement cognitif interne dont le résultat inévitable sera une dislocation croissante du système complexe des systèmes qu’est le monde réel. Elle représentera simultanément un déclin moral de la plus haute importance, dans lequel l’obsession des torts de « l’Autre » devient un substitut commode à l’obligation de rendre compte de ses propres pratiques cognitives et partis-pris en examinant l’intégrité de sa propre boucle fermée d’information.

Une autre approche, et la seule qui peut maintenir la possibilité d’une évolution adaptative tout en évitant l’effondrement cognitif et moral, est un nœud ouvert de contrat informationnel qui cultive spécifiquement une ouverture authentique à d’autres boucles d’information qui donnent un sens, y compris celles avec lesquelles elle est fondamentalement en désaccord. Cette ouverture n’est pas inconditionnelle. Elle ne peut conserver l’authenticité épistémologique qu’en exerçant un système de logique axiomatique qui permet d’accéder à des connaissances valables provenant d’autres boucles d’information tout en rejetant leurs défauts, leurs échecs et leurs incohérences. De même, cette ouverture doit être capable de tirer parti des connaissances externes pour éliminer les défauts, les échecs et les incohérences dans son propre cadre.

Ainsi, au lieu de boucles d’information fermées, polarisées et s’excluant mutuellement qui servent des préjugés préexistants qui se renforcent mutuellement, nous cultivons des nœuds ouverts et croisés d’engagement humble, critique et réfléchi dans lesquels l’information nouvelle peut provenir de perspectives multiples et être destinée à tous les points de vue.

3.3 Trouver sa force dans l’ici et maintenant

Cela permet un engagement profond et riche en contexte dans de multiples disciplines, sur de multiples questions en reliant des points. Cet effort cherche à naviguer, à l’aide d’une approche axiomatique, dans tout le paysage des données et de l’expérience disponibles pour développer tout un ensemble de connaissances systémiques qui peuvent être comprises dans leur contexte systémique plus large, plutôt que simplement comme des questions ou incidents disparates ou désordonnés.

Le corpus de connaissances qui en résulte est donc constitué de multiples points de vue, avec différents regards générés par différents nœuds ouverts d’information et d’élaboration de sens. L’ensemble de ces connaissances à travers de multiples nœuds et perspectives peut ensuite être exploité pour soutenir le développement de l’intelligence collective de systèmes entiers, renforçant la capacité à prendre des décisions saines et à agir avec cohérence dans le monde qui favorise des comportements d’adaptation et d’évolution.

L’impératif est d’identifier des points focaux où des actions pertinentes peuvent être entreprises – pour travailler sur les domaines où nous conservons le pouvoir, plutôt que de nous plaindre des domaines où nous manquons de pouvoir. En tirant parti des connaissances pour créer le changement ici et maintenant, dans nos propres corps, esprits, contextes et communautés, nous trouvons notre véritable pouvoir.

4 – Les dynamiques éthique et spirituelle de l’intelligence collective

L’examen de ces approches divergentes en cognition comportementale que sont les boucles fermées et les boucles ouvertes met au jour une série d’observations importantes. Nous pouvons résumer celles-ci à quelques observations éthiques clés, en prenant en compte le fait que les valeurs éthiques sont les signifiants de schémas comportementaux favorables ou défavorables, et que ces derniers seraient le reflet de notre orientation spirituelle.

4.1 De l’intérieur vers l’extérieur

Dans un premier temps il faut nous rappeler que les incohérences à grande échelle émergent en définitive des incohérences à petite échelle. Ainsi, quand nous voyons les malheurs qui touchent le monde et nous scandalisent – des formes de profondes incohérences qui provoquent une grande souffrance chez d’autres êtres vivants – ces incohérences ne sont pas simplement des horreurs détachées de nous.

La faille cognitive majeure consiste à voir ces incohérences comme ne faisant absolument pas partie de nous. Bien que, dans une certaine mesure, cela soit le cas, elles représentent aussi des tendances et des traits profondément ancrés de nos propres comportements. Et bien qu’il soit important d’affronter ces incohérences et de tenter de les modifier, faire cela sans simultanément prendre soin de régler nos incohérences personnelles, qui sont probablement présentes dans nos vies dans des contextes interpersonnels et sociaux très différents, ne produirait à la fin du compte aucun changement réel.

4.2 La force dans l’humilité

La seconde observation concerne la nécessité de l’humilité. En reconnaissant que l’ être humain est profondément faillible avec des limitations intellectuelles fondamentales, nous acceptons et embrassons le fait selon lequel nous disposons toujours d’un point de vue particulier de la réalité, peu importe qu’il soit juste en lui-même elle ne constitue jamais « la vérité ». Il nous faut alors résister à la tentation de l’orgueil de vouloir défendre nos propres convictions. Orgueil et certitude renforcent les circuits fermés d’informations en partant du principe que nous sommes familiarisés avec « l’entière vérité » et n’avons plus besoin de rechercher ou de découvrir des sources d’informations qui nous seraient peu familières.

En adoptant une humilité implacable, nous devenons plus ouvert à l’égard de l’inconnu et recherchons ce qui pourrait peut-être nous mettre mal à l’aise.

Ainsi plutôt que de nous isoler dans un cocon d’idées qui nous sont confortables et familières, nous cherchons constamment à nous mettre au défi, à vérifier nos hypothèses et nos points de repères.

Et au lieu de chercher à vérifier ou réfuter les opinions des autres, notre priorité est d’apprendre de leurs opinions et de nous débarrasser des oripeaux de nos préjugés.

Si nous n’adoptons pas cette humilité implacable, alors nous ne sommes pas vraiment intéressés par ce qui est réel. Nous nous attachons au lieu de cela à « avoir raison ». Ceci s’apparente en fait à une sorte d’égoïsme anxieux, qui nous garantit, finalement, d’être déconnecté du réel.

4.3 La vraie bataille

Une troisième observation est le fait que les circuits d’information fermés qui se développent à travers le monde, telles des métastases, reflète de près la neurophysiologie interne de l’individu. Ces circuits fermés sont en fait des prolongements collectifs de nos propres schémas de pensées, de communications et de comportements de groupe. Et en tant que tel, nous les retrouvons profondément ancrés dans les processus cognitifs internes qui nous paraissent souvent évidents et que nous remettons rarement en question (peu importe que nous soyons capables ou pas d’examiner les incohérences des puissantes structures présentes dans le monde).

Le parallèle le plus immédiat est cette voix intérieure à laquelle nous nous identifions, le « je », ce flot intérieur sans fin de nos pensées. Oui, cette voix intérieure que nous appelons « moi » et qui ne s’arrête jamais de parler, de commenter, de sentir, de juger, de réagir et ainsi de suite.

Efforcez-vous de vous placer dans un état de pleine conscience l’espace d’un instant, regardez et écoutez votre voix intérieure pendant un moment et vous remarquerez que le flot infini de la pensée ne s’arrête jamais, tel une machine incessante ou un « lapin Duracell » fou sous stéroïdes. Il ne s’arrête ni ne se tait. Quand vous essayez de l’arrêter, de le pousser à se concentrer, de le diriger, il serpente autour des obstacles et trouve un moyen de refaire surface et de reprendre sa dynamique interne.

Bienvenue dans votre boucle fermée d’information intérieure.

Ce flot de la pensée et de l’émotion, auquel nous avons l’habitude de nous identifier, ce n’est pas « vous » – c’est bien sûr une partie de vous, mais le fait que vous ayez conscience de ce flot d’une manière qui vous permet dans une certaine mesure de vous en distancier et d’en avoir une certaine maîtrise démontre que vous, votre conscience, votre capacité de discernement, constituent bien plus que la somme de vos pensées et de vos ressentis.

Quoi qu’il en soit, cette boucle fermée intérieure est le résultat neurophysiologique d’une combinaison de facteurs : votre héritage génétique, le vécu de votre mère lorsque vous étiez dans son utérus, les stimuli de votre cadre social et de votre cadre de vie depuis la naissance, l’éducation reçue durant votre enfance, les relations avec vos parents, vos frères et sœurs, votre famille en général, puis plus tard avec vos professeurs et vos amis, et les expériences variées de la vie au cours de toutes ces phases.

Dans une grande mesure, la manière avec laquelle nous nous comportons ou nous réagissons dans nos rapports aux autres, en tant qu’adulte, est le produit de schémas comportementaux appris, qui se sont développés ainsi. Ces schémas sont des habitudes ancrées. Ils trouvent à leur tour leurs racines dans des structures de la pensée et de l’émotion, qui se sont construites sur nos premières réactions aux stimuli de notre cadre social et de notre cadre de vie. Et ainsi, la manière dont nous établissons des rapports avec nos parents et notre fratrie contribue à créer des cadres inconscients de croyances et d’émotion sur ce que nous sommes et sur le monde, cadres qui définissent notre comportement pour des années à venir, si ce n’est pas jusqu’à la fin de notre vie.

L’anxiété et les inquiétudes vécus dès le plus jeune âge, détermineront nos comportements au travail, dans nos relations ou dans des situations sociales pendant des années – ce que quelqu’un peut dire aujourd’hui passe par le filtre d’un enfant qui aura vécu une forme de traumatisme ou de négativité. Même si la situation d’aujourd’hui est complètement différente, nous finissons par extraire du passé ce traumatisme ou cette négativité.

En bref, nous passons une grande partie de notre vie dans des boucles fermées d’informations, d’émotions et d’actions, qui sont dysfonctionnelles, et desquelles nous ne pouvons nous échapper. C’est souvent parce que nous avons rarement conscience de ce que nos réactions ne sont pas nécessairement rationnelles, mais sont déclenchées par d’anciennes boucles fermées de pensées et de comportements.

(L’une des caractéristiques des boucles fermées d’information extérieures que nous avons vu précédemment, est la tendance que nous avons à voir très facilement les failles dans les boucles d’information autres que la notre, tout en refusant d’exposer notre propre boucle à un tel examen. Une chose que nous faisons systématiquement.)

Cet ensemble d’activité mentale, que j’appelle parfois « trains de pensées », a tendance à fonctionner selon une volonté tenace qui lui est propre. Ces trains de pensées sont propulsés en suivant leur propre logique, ils se projettent en avant sans jamais s’arrêter. Lorsque nous nous identifions à ces trains de pensées , nous n’avons plus le contrôle. De fait, nous devenons les esclaves de notre propre système neurophysiologique, les marionnettes de notre propre histoire, des automates dont les actions révèlent les mêmes schémas et boucles comportementaux se répétant perpétuellement. En fait, nous sommes tels des zombies prisonniers d’une séquence connue d’actions et de réactions.

4.4 Comment sortir des boucles fermées d’informations

L’ensemble des trains de pensées a été largement étudié par les traditions spirituelles et religieuses ainsi que par les théories de la psychologie et de la psychanalyse. Il est parfois décrit comme une structure complexe – Freud l’envisageait comme une entité tripartite composée du ça (les pulsions inconscientes), du surmoi (la conscience morale) et du moi, lequel fait office de médiateur entre les deux premiers, et auquel nous nous identifions.

Ces concepts sont, dans une certaine mesure, légitimes, cependant, une approche plus judicieuse serait de reconnaître que cet ensemble de trains de pensées se trouve à la croisée des chemins entre le moi, cette conscience que nous définissons comme le « je », et la voix intérieure qui se manifeste sous la forme de l’enchaînement continu du fil de la pensée couplé aux émotions. Nous sommes conscients des « trains de pensées », auxquels généralement nous nous identifions, et nous considérons qu’ils sont une représentation du « je », sans comprendre, en général, leurs causes profondes.

A cet égard, l’idée géniale de Freud résidait dans le fait que nous contribuons peu à l’élaboration des « trains de pensées » – ceux-ci se développent continuellement, répondant aux stimuli extérieurs sur la base d’une programmation codée en dur, résultat d’années d’exposition aux stimuli environnementaux, sociaux et génétiques.

Ce n’est que lorsque nous commençons à porter une partie de cette programmation à l’attention de notre conscience et que nous nous permettons d’examiner comment nos « trains de pensées » sont inconsciemment entraînés, que nous sommes en mesure de nous libérer de nos anciennes boucles fermées d’informations et de comportements, et de choisir vraiment de nouvelles manières d’agir, qui ne seraient pas déterminées par le carcan des comportements acquis, des peurs, des cycles de pensées négatives et des dysfonctionnements cognitifs fixés en nous à travers nos expériences passées.

Pour Freud, la conscience morale du surmoi chez l’individu était simplement composée de notions apprises à travers sa socialisation. Selon lui, le moi finit par servir de point d’inflexion et de champ de bataille entre les pulsions inconscientes (le ça) qui propulsent un faisceau intriqué de trains de pensées (le moi) et les impératifs moraux de la société (réfracté par le surmoi).

4.5 La conscience et la connaissance intuitive du réel

Freud n’avait cependant pas totalement raison. Bien que les interprétations des catégories et les préceptes moraux soient certainement le résultat de la socialisation de l’humain, les catégories en elles-mêmes, la notion de bien et de mal, la justice, la compassion, la générosité etc, sont universellement reconnues par tous les êtres humains tout au long de l’histoire de l’humanité, dans toutes les cultures, toutes les religions et chez les athées.

Nous nous trouvons en face de preuves empiriques irréfutables, qui confirment que la conscience morale – et les valeurs de coopération, d’amour, de gentillesse, etc, qu’elle recouvre – reflète des modèles de comportements collaboratifs et synchronisés, qui à leur tour impliquent l’existence d’un paradigme d’unité et de responsabilité humaine à l’égard de la planète, en contradiction avec le paradigme dominant.

Ce dernier est constitué de modèles comportementaux, de structures associées de type politique, économique et culturel et d’un système de valeur et d’hypothèses idéologiques coextensifs, qui participe de l’auto-maximalisation individuelle à travers l’accumulation matérialiste sans fin et la gratification. Si la trajectoire ultime d’un statut quo du paradigme dominant se trouve dans l’effondrement et l’extinction de la civilisation, le paradigme d’une unité et responsabilité humaine, quant à lui, représente la seule manière d’éviter une telle fin.

Ceci indique que les actions d’ordre éthique ont bel et bien une fonction évolutionniste objective coextensive à la survie de l’espèce humaine. Les valeurs éthiques ne sont donc pas uniquement des produits de la socialisation de l’humain.

Elles sont le reflet d’une structure ontologique plus profonde qui englobe les rapports entre les êtres humains et la nature.

Ce que Freud appelait le surmoi n’est en fait que le moi profond de l’esprit de l’humain, qui est lui-même intrinsèquement et intuitivement conscient de sa relation directe avec la terre, le vivant, la vie elle-même et le cosmos, connaissance partiellement induite par la fonction latente de l’état de conscience aussi appelé conscience, la faculté d’appréhender les valeurs éthiques.

Lorsque nous nous autorisons à voir nos trains de pensées pour ce qu’ils sont vraiment, nous découvrons leurs éléments moteurs. Le fait de voir cette « programmation » de nos comportements appris, de nos pensées, de nos émotions, de nos réactions et contre-réactions, est une condition préalable pour pouvoir nous en défaire.

Nous permettons alors à notre moi de comprendre ce moi plus profond, dont la conscience latente est en phase avec la terre, la vie et le cosmos, et de s’engager dans une action vraiment libre de tout carcan à travers une auto-réalisation éthique en phase avec la terre, la vie et le cosmos.

Bien sûr, ceci ne se résume pas à une simple introspection mais demande une ouverture sur l’extérieur – en se détachant des vieilles croyances et habitudes dysfonctionnelles, l’humain est désormais ouvert à un dialogue régénérateur avec ce qui est réel ; et dialoguer avec ce qui est réel demande une attention vigoureuse et renouvelée pour le réel, qui comprend la reconnaissance des connections physiques et métaphysiques profondes de l’individu avec la terre, la vie et la cosmos.

A l’inverse, l’incapacité de voir ces trains de pensées pour ce qu’ils sont, ne conduit qu’à une crise interne et un effondrement.

Les trains de pensées sont souvent incapables de réagir de manière sensée avec le monde réel car ils ne réagissent pas au monde tel qu’il est mais aux constructions, aux perceptions et aux émotions limitées qu’ils ont du monde, ancrées dans les expériences passées. Ils provoquent des schémas comportementaux qui ne permettent pas de se connecter avec ce qui est réel, et sont donc destructeurs et inefficaces.

Cela peut conduire à toute sorte de défaillances : des problèmes psychologiques, des dépressions, des problèmes de santé mentale, ainsi que des ruptures dans nos relations, que ce soit au sein du foyer ou au travail, dans une relation amoureuse, entre parents ou dans une fratrie.

Source : Photo d’Irina Iriser de Pexels

5 – Il n’y a pas d’affranchissement social sans affranchissement de soi.

Vous ne pouvez pas libérer le monde quand votre esprit, vos pensées et votre corps sont entravés dans les mailles de vos propres illusions. Ce qui se produit à l’échelle du microcosme de l’individu se prolonge à l’échelle du macrocosme de la société.

Lorsque nous regardons l’appareil dominant des communications de masse aujourd’hui au sein de l’espèce humaine, nous pouvons voir très clairement comment il fonctionne et essentiellement comme une extension de nos dysfonctionnements internes au niveau du moi.

Les boucles fermées de partage d’informations autoréférentielles sur les médias sociaux sont le prolongement du tourbillon fermé et insulaire de pensées qui composent le moi et se renforcent les unes les autres.

Tout comme en interne, les boucles d’information fermées ont tendance à impliquer des cycles répétés de dysfonctionnement, impliquant souvent des crises et des effondrements, en externe, elles ont des corrélats similaires. Dans les sociétés et les communautés, dans les organisations et les institutions, les boucles fermées ont tendance à impliquer des hypothèses idéologiques qui se renforcent mutuellement. Il en résulte des comportements fixes dans les organisations et les groupes, et des dynamiques dysfonctionnelles qui tendent à exclure les idées et les comportements qui remettent en question ou sapent la légitimité de ces modèles fixes et les cadres de pensée limités sur lesquels ils reposent.

Les boucles fermées offrent peu de possibilités d’apprentissage organisationnel réel, car tout ce qui se trouve en dehors de ce que l’on suppose déjà « connu » est largement exclu. L’organisation est ainsi condamnée à l’échec lorsqu’elle est confrontée à de nouveaux défis dans le monde réel, car elle est alors incapable de s’adapter – il n’y a pas de capacité d’adaptation au changement lorsque l’organisation manque de l’ouverture cognitive fondamentale requise pour comprendre la nature de ce changement et sa dynamique.

Les boucles fermées ont donc un caractère cancérigène. Elles tendent à conduire à la fossilisation institutionnelle et à la stagnation. Lorsque le changement survient, il peut conduire à une crise institutionnelle et à un effondrement, et peut aussi déclencher le recours à des modèles mentaux et comportementaux familiers mais limités et imparfaits, qui peuvent bien être intégralement liés aux causes de la crise, mais qui sont néanmoins poursuivis. Le résultat pourrait en être de remettre à plus tard – si les vraies questions d’adaptation profonde ne sont pas abordées, cela garantit une résurgence de la crise.

Une approche en nœud ouvert, en revanche, implique une conscience de soi organisationnelle – une introspection critique capable de voir les structures, les intérêts, les processus et les hypothèses qui déterminent les comportements organisationnels du statu quo, de les voir tels qu’ils sont.

Le fait de voir cette « programmation » structurelle du comportement organisationnel, des pensées, des émotions, des réactions, des préjugés inconscients, des traumatismes inconscients et des contre-réactions est la condition préalable pour que les agents clés de l’organisation se libèrent de cette programmation structurelle, et permettent ainsi à l’organisation en tant qu’accumulation de ces agents de se libérer pour choisir une voie véritablement nouvelle et régénérative.

Il ne suffit pas de voir les choses de cette façon. Il est également essentiel de s’engager avec l’environnement au sens large, de le voir et de le comprendre vraiment, au-delà du paradigme dépassé de l’ancienne idéologie organisationnelle, mais maintenant pour ce qu’il est. Cela exige une approche axiomatique qui s’adapte intentionnellement à ce qui est réel – la terre, la vie et le cosmos – en s’engageant dans de multiples perspectives, disciplines, optiques, paradigmes, afin de voir ce qui est réel comme un système entier, un système de systèmes.

Sur cette base, une nouvelle capacité de régénération émerge: cette capacité implique une capacité renouvelée à comprendre ce qui est réel et qui s’améliore continuellement sur la base d’une autocritique rigoureuse et bienveillante et d’un engagement externe essentiel ; une compréhension qui renforce le développement de nouvelles valeurs et comportements adaptatifs conçus pour mieux correspondre à ce qui est réel.

Cela permet à l’organisation de prendre conscience de son potentiel à manifester un caractère plus profond en tant qu’expression de l’intelligence collective, dont la conscience latente est alignée sur la terre, la vie et le cosmos, et d’entreprendre ainsi une action véritablement libre par une auto-réalisation éthique qui est en accord avec la terre, la vie et le cosmos.

5.1 Un nouveau paradigme

Les réponses adaptatives exigent de prendre de nouveaux engagements radicaux en pensée et en action, et d’y donner suite. C’est le socle fondateur de l’intégrité humaine.

Dans le vieux paradigme de la boucle fermée, nous avons peut-être toutes sortes d’engagements et d’intentions conscients, mais ceux-ci sont souvent déjoués en raison de l’élan effréné des modèles de pensée et des cycles comportementaux appris. Celles-ci peuvent surgir de façon inattendue et diriger notre comportement réel d’une manière dont nous ne sommes pas toujours pleinement conscients, même lorsque nous prenons des décisions conscientes qui vont à son encontre. Si nous ne prenons pas conscience de ces facteurs internes, nous ne pouvons pas être libres de voir à quel point ils nous affectent, et nous ne pouvons pas nous en affranchir par la suite.

Lorsque nous les soumettons à la lumière de la connaissance, nous devenons libres de nous élever au-dessus d’eux. Mais s’élever vraiment au-dessus d’eux n’est possible qu’en créant de nouvelles voies de pensée adaptatives et de nouveaux modèles comportementaux qui s’alignent sur le réel. Pour ce faire, il faut prendre de nouveaux engagements à l’égard de ce qui est réel. En respectant ces engagements, nous créons de nouvelles voies conceptuelles qui reflètent la réalité et de nouveaux modèles de comportement ou habitudes qui s’adaptent à la réalité.

La condition préalable à cela est de prendre conscience de la boucle fermée des trains de pensée qui dirigent le comportement. Il s’agit de voir et de se défaire de ses illusions en reconnaissant les responsabilités que nous avons réellement (souvent inconsciemment) prises à travers nos comportements et leurs conséquences dans notre vie et celle des autres.

Nous pouvons constater que les idéaux pour lesquels nous aimons croire que nous sommes engagés font partie d’un masque que nous présentons aux autres et même à nous-mêmes, un bouclier pour les insécurités internes développées à partir d’une foule de traumatismes passés. Nos engagements comportementaux réels pourraient bien être simplement d’avoir « raison » ; ou d’être forts ; d’être « intelligents » ou « cool » ; d’être « appréciés » et « acceptés » ; d’être « sûrs » ; ou à l’exact opposé de ceux-ci, selon la façon dont notre passé a tissé notre composition neurophysiologique.

Quand nous réalisons que ces attaches subliminales liées à nos boucles fermées de pensée et d’action causent en fait notre destruction et celle des autres de différentes manières ; nous sommes capables de nous en libérer.

Il est essentiel de les voir telles qu’elles sont et, dans ce processus, de les laisser partir. Sur cette base, nous pouvons être prêts à prendre librement des engagements véritablement nouveaux et porteurs d’adaptation.

Pour les organisations, le processus est à peu près le même – la stratégie et la vision organisationnelles doivent être recalibrées et redéfinies sur la base d’un ensemble renouvelé d’objectifs, d’engagements et de valeurs qui définissent une nouvelle mission. Cette mission doit à son tour s’appuyer sur une évaluation globale des systèmes qui va au-delà de l’analyse abstraite traditionnelle SWOT [SWOT : Strength, Weakness, Opportunity, Threat (force, faiblesse, opportunité, menace), NdT] pour aboutir à une approche qui sollicite des données pluridisciplinaires débouchant sur une telle analyse systématique et holistique.

Le fondement de l’intégrité montre à quel point les réponses adaptatives exigent une transcendance et une transformation de l’égoïsme.

L’ego n’est pas aboli, mais transformé en un véhicule pour faire naître un moi supérieur et meilleur, plus en harmonie avec ce qui le dépasse, et dans lequel il est intégré.

Nous passons du réductionnisme au holisme, de l’auto-absorption à l’interconnexion mutuelle, de l’affliction de la séparation et de l’aliénation à l’abondance de la synchronicité et de la coopération, de la guerre de l’information fragmentée discordante et conflictuelle à la communication inclusive, synergique et co-créative. Nous passons d’une dynamique dégénérative d’effondrement chaotique à des flux complexes de revitalisation régénérative.

Les voies d’action ouvertes par ce processus devront traduire une transformation de l’orientation des valeurs en changements structurels profonds.

La pratique d’extraire et d’accumuler de l’énergie pour concentrer la richesse matérielle et le pouvoir entre les mains de quelques-uns ne peut que nous détruire tous avant la fin du siècle.

Ces changements métaboliques devront donc nous réorienter d’une relation d’exploiteur et de prédateur envers notre environnement et entre nous, vers une relation basée sur la parité ; d’une sur-accumulation et centralisation de la richesse et du pouvoir, vers un ensemble de formes propres, mutualistes, régénératrices et distributives de consommation des ressources, de la production, de la propriété et du travail qui nous font passer dans un système énergétique humain et terrestre durable et enrichissant pour tout ce qui le constitue.

Fondamentalement, un changement constructif du système consiste à transformer notre relation métabolique collective profonde avec la terre, la façon dont nous extrayons et mobilisons l’énergie dans tous les domaines de notre vie à travers nos structures économiques, sociales, politiques, et culturelles. Si nous ne parlons pas cette langue, nous ne faisons que bricoler.

6 – Les stratégies pour changer de système

Lorsque les systèmes connaissent une crise due à l’incapacité de s’adapter aux changements environnementaux, la crise est existentielle. Soit le système évolue grâce à une adaptation qui exige une appréhension précise de l’environnement qui mobilise les adaptations comportementales, soit il régresse et s’effondre finalement.

Cette période indéterminée implique un passage progressif à ce qui pourrait devenir un nouveau système, mais qui évoluera ou régressera. Dans ce cas, l’évolution consiste en un renouvellement individuel, organisationnel ou civilisationnel ; l’alternative est une forme de régression individuelle, organisationnelle ou civilisationnelle qui se traduit par un premier pas vers un long déclin.

Nous sommes actuellement au milieu d’un changement de phase mondial qui signale que l’ordre, le paradigme et le système de valeurs dominants sont dépassés et insoutenables. L’effondrement du système mondial a entraîné un renforcement et une accélération de l’indétermination dans les structures et sous-systèmes politiques, économiques, culturels et idéologiques. Nous en faisons l’expérience dans la confusion croissante entre tous ces systèmes, en particulier dans la dislocation « post-vérité » de nos systèmes d’information dominants.

Une réponse adaptative exige le plus grand nombre possible de composantes du système mondial pour embrasser notre mission évolutive en tant qu’individus, familles, organisations, communautés, sociétés, nations, institutions internationales, et en tant que civilisation et espèce.

Cela nécessite une approche sur plusieurs fronts impliquant la coordination d’acteurs à différentes échelles – à la fois une pression externe de « résistance » par le bas combinée à une action d’engagement de haut niveau, calibrée avec l’objectif spécifique d’amener les agents clés à prendre conscience de l’ensemble du système. Cela suppose également de cibler des structures spécifiques et de modifier l’orientation cognitive des personnes dont les pensées et les comportements sont les fondements microcosmiques de ces structures.

Lorsqu’une organisation ou une structure particulière atteint un point de basculement en termes de changement cognitif des personnes qui la composent, ce n’est qu’à ce moment-là que la structure organisationnelle au sens large devient vulnérable au changement authentique.

D’autres perspectives se dégagent ici.

Tout d’abord, la nature étroitement liée des structures sociales, la nature interconnectée des systèmes, implique que le pouvoir de l’action individuelle est beaucoup plus important qu’on ne le pense.

Bien sûr, d’une part, il est important d’adopter une approche pragmatique qui accepte les limites de son propre pouvoir. Une seule personne ne peut pas changer tout le système à elle seule. Cependant, une seule personne peut agir d’une manière qui contribue au changement du système et le catalyse, que ce soit à court terme ou, très probablement, à long terme.

La nature interconnectée des systèmes signifie que les conséquences des décisions d’une personne dans un contexte social auront un effet d’entraînement en cascade avec la possibilité inhérente d’influencer tout un système.

L’importance de cet impact dépendra d’un certain nombre de facteurs :

Dans quelle mesure l’action fait-elle partie d’un nouveau paradigme d’un point de vue systémique ?

Dans quelle mesure fait-elle appel à d’autres composantes du système, les mobilise-t-elle et les pousse-t-elle vers des modalités qui brisent les paradigmes et créent de nouveaux paradigmes – et pas seulement des actions fragmentaires, mais une transformation globale en intention consciente, en vision et en modèle comportemental ?

Dans quelle mesure ces nouveaux modèles de pensée et de comportement émergents contribuent-ils à l’émergence de nouvelles structures – de nouveaux modèles collectifs de pensée et de comportement orientés vers la vie, la terre et le cosmos ?

Après avoir exécuté les processus décrits jusqu’à présent, la tâche consiste à choisir – sur la base d’une évaluation systémique et holistique de soi-même, de son contexte socio-organisationnel et de l’ensemble des systèmes (politique, culturel, économique, etc.) – la voie de l’action adaptative et transformatrice.

L’orientation de l’action que l’on choisira sera différente pour différentes personnes et dépendra entièrement de qui l’on est et du contexte complet des relations environnementales, sociales, politiques, culturelles, économiques, familiales et autres dans lequel on s’inscrit.

Sur la base de cette évaluation, des voies et des possibilités d’action variables deviendront claires. La voie choisie doit être conçue de manière à mobiliser le meilleur de vos compétences, expériences, ressources et réseaux disponibles pour transformer (dans la mesure du possible) votre moi et ensuite tirer parti de ce mouvement interne dans votre contexte spécifique pour explorer la perspective de créer (autant que possible) des tendances et comportements qui peuvent jeter les bases de l’émergence de nouvelles structures et systèmes paradigmatiques dans votre contexte particulier.

La discussion qui précède illustre cependant une certaine logique à ce processus. Le travail préparatoire exige une voie d’action dans la poursuite de la transformation de la création de sens et de l’exploitation de l’information dans votre contexte social en guise de première étape. Cela exige naturellement de dépasser les généralisations abstraites et de se concentrer concrètement sur votre situation existante et réelle dans un contexte territorialisé.

L’étape suivante consiste à en tirer parti pour créer un dialogue génératif à travers de multiples perspectives dans votre contexte social, organisationnel ou institutionnel afin de générer un véritable éveil de la conscience de systèmes entiers pertinents pour ce contexte territorialisé.

L’étape finale consiste à prendre conscience de la structure actuelle du système et de ses défaillances dans ce contexte spécifique, en vue de mettre au jour les points de pression et les possibilités d’action transformatrice par l’analyse de scénarios :

A quoi ressemblerait un nouveau système, une nouvelle structure, une nouvelle façon de vivre et de travailler, une nouvelle façon de vivre et d’être en relation avec la vie, la terre et le cosmos dans cette localité, pour cette famille ou cette communauté ?

Comment prendre des mesures concrètes pour y parvenir, pour construire ce nouveau paradigme par la construction et l’adoption de nouvelles formes d’intention, de réflexion et de comportement ?

Que se passerait-il si nous n’adoptions pas ces mesures ?

L’un des enseignements qui en ressort est qu’il n’est pas possible de changer le système en se désengageant de ce système. Bien que l’application de pressions sur le système puisse parfois fonctionner, cela peut aussi être contre-productif et produire des résultats involontaires dans lesquels les agents puissants qui bénéficient du système réagissent simplement en essayant d’écraser et de neutraliser la puissance de ces efforts de « résistance ». Souvent, en déclenchant de telles réactions militarisées, les approches traditionnelles de « résistance » aboutissent à elles seules à un cycle d’autodestruction dans lequel elles ne peuvent gagner, étant donné que la « résistance » ne peut jamais égaler la puissance écrasante des réactions militarisées qu’elles provoquent toujours.

Cela ne signifie pas que la « résistance » traditionnelle n’est pas sans valeur, mais elle montre qu’en tant que seule stratégie de changement, elle est susceptible d’échouer.

Le changement de système exige une gamme complète d’approches stratégiques à plusieurs niveaux. L’application d’une pression de « résistance » peut être un levier utile et approprié à certains moments. De façon plus générale, des stratégies d’engagement critique sont également nécessaires. Il s’agit d’entrer dans les structures et les systèmes que l’on souhaite changer et d’y appliquer les nouveaux modèles d’intention et d’action ; de trouver des occasions d’appliquer notre processus en plusieurs étapes de création de sens, de collecte d’information, de communication et de dialogue, d’éveil (afin de reconnaître le besoin de transformation) et enfin de s’engager sur la voie d’un changement de paradigme pour faire évoluer ce système vers une nouvelle configuration adaptative.

Les efforts de changement de système doivent être entrepris par les personnes et les organisations en reconnaissant explicitement que nous vivons actuellement un changement global de phase, où existe une opportunité sans précédent de s’engager dans l’acte de semer des graines microcosmiques pour le changement macrocosmique.

L’objectif de ces efforts devrait être de poursuivre les activités qui permettent d’atteindre des niveaux d’impact menant au seuil de basculement afin de pousser des sections clés du système vers un nouvel état stable.

Pour cela, il est nécessaire d’établir de nouveaux niveaux de coordination au sein du système entre de multiples groupes, organisations, institutions, classespour planter les germes d’un nouveau réseau transversal entre sociétés et communautés à travers lequel de nouveaux canaux de communication, de partage et d’apprentissage peuvent être développés pour transmettre une conscience cognitive revitalisée basée sur des systèmes complets qui font sens. Sur cette base, les structures adaptatives émergentes, les institutions, les pratiques et les modèles comportementaux peuvent être partagés, explorés et proto-typés dans de multiples contextes territoriaux.

Chaque individu, groupe et organisation qui s’engage pour un monde meilleur doit intégrer dans sa constitution interne un processus qui intègre cette pratique adaptative et évolutive. Si ce n’est pas une priorité à un certain niveau, c’est que vous êtes engagé dans un autre projet (inconsciemment ou non) et vous devez vous efforcer de découvrir lequel et pour quelle raison.

Inutile de dire que les systèmes et les structures qui insistent pour résister à de tels efforts de changement finiront par s’effondrer pendant le changement de phase.

Une autre idée fondamentale qui se dégage ici est qu’il est tout à fait inutile de s’engager dans un effort pour changer le monde, le système ou tout autre contexte social extérieur à vous, sans avoir commencé par vous-même.

C’est un processus continu, une discipline constante. Parce que le microcosme et le macrocosme sont en fin de compte des reflets l’un de l’autre. Le monde extérieur est une construction et une projection des mondes intérieurs.

Plus concrètement, si vous n’avez même pas commencé à comprendre comment votre moi, vos pensées, vos schémas comportementaux et votre neurophysiologie sont reliés par l’ensemble du système, afin de devenir vraiment libre de manifester un moi vraiment choisi, vous ne serez jamais équipé pour vous engager dans un effort significatif pour modifier le système.

Au lieu de cela, votre lutte pour changer les externalités deviendra un champ de projection pour vos dysfonctionnements internes et au lieu de contribuer au changement du système, vous apporterez involontairement des tendances égoïstes régressives dans le renforcement de la dynamique systémique dominante et enracinée au nom de la « résistance ». Après avoir inconsciemment intériorisé les valeurs et les dynamiques régressives externes du système que vous n’appréciez pas, vous finirez par promouvoir ces mêmes dynamiques dans votre « activisme ».

Les efforts pour appeler au pouvoir n’ont aucun sens si vous n’avez pas renversé le tyran en vous. Cela nécessite une autoformation intensive et continue, ainsi qu’un engagement externe continu dans votre contexte socio-organisationnel.

Abandonnez les boucles fermées pour devenir un nœud ouvert. Embrassez votre interconnexion ontologique avec toute forme de vie, la terre et le cosmos et découvrez votre moi comme leur expression consciente ; et dans cette découverte, assumez votre responsabilité existentielle envers la vie, la terre et le cosmos, devenant ainsi celui que vous êtes vraiment. Considérez-vous comme responsable. Grandissez et manifestez-vous dans votre propre vie et votre propre contexte. Acceptez votre responsabilité dans les relations brisées autour de vous, reconnaissez les manques de loyauté dans vos engagements, faites amende honorable et trouvez de nouveaux engagements authentiques. Et apportez cette intégrité, cette humilité et cette clairvoyance émergentes dans un effort renouvelé pour construire des visions et des pratiques qui changent de paradigme dans le cadre dans lequel vous pouvez réellement agir. Et vous planterez une graine dont le seul destin sera de s’épanouir inexorablement.

Le défi le plus immédiat qui nous attend est peut-être de faire face à l’effondrement inévitable de l’ancien paradigme, à l’intérieur comme à l’extérieur, et d’accepter ce que cela signifie. Au premier abord, cela peut sembler être quelque chose qui génère un profond chagrin. Et en effet, la disparition de l’ancien apportera inévitablement d’immenses dévastations et souffrances – les dangers de cette reconnaissance sont qu’elle conduit à l’une ou l’autre de deux réactions émotionnelles extrêmes, le déni optimiste ou le pessimisme fataliste. Ni utiles, ni justifiées par les données disponibles, elles renforcent toutes deux l’apathie. Elles sont dépourvues de vie. L’acceptation de la disparition de l’ancien paradigme, lorsqu’elle est correctement ancrée dans la vie elle-même, est la condition préalable à l’entrée dans une nouvelle vie, une nouvelle façon de travailler, de jouer et d’être en harmonie avec la vie, la terre et le cosmos ; c’est la condition préalable pour trouver le pouvoir de commencer à co-créer de nouveaux paradigmes.

Dr Nafeez Ahmed est le rédacteur fondateur d’INSURGE Intelligence. Nafeez est journaliste d’investigation depuis 17 ans, précédemment au journal The Guardian, où il a rendu compte de la géopolitique des crises sociales, économiques et environnementales. Nafeez parle du ‘changement global du système’ pour VICE Motherboard. Il a des articles dans The Independent on Sunday, The Independent, The Scotsman, Sydney Morning Herald, The Age, Foreign Policy, The Atlantic, Quartz, New York Observer, The New Statesman, Prospect, Le Monde diplomatique, etc. Il a remporté à deux reprises le Project Censored Award pour ses reportages d’investigation, a figuré à deux reprises dans la liste des 1000 londoniens les plus influents du Evening Standard et a remporté le prix Naples, le prix littéraire le plus prestigieux d’Italie créé par le Président de la République. Nafeez est également un universitaire interdisciplinaire largement publié et cité qui applique l’analyse de systèmes complexes à la violence écologique et politique. Il est chercheur à l’Institut Schumacher.

Source : Insurge Intelligence, Nafeez Ahmed, 11-01-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Anarkopsykotik // 20.04.2019 à 22h12

Tremble jbb, les marxistes viennent pour ta brosse à dents ! Ils veulent te réduire à l’état de fourmi interchangeable !

65 réactions et commentaires

  • Téji // 20.04.2019 à 07h42

    whaou !
    Je n’ai lu que le début puis en diagonale, n’ayant pas le temps nécessaire dans l’immédiat…
    Mais ce texte, certes long, me fait penser par certains côtés aux travaux de Roddier, et il me semble vraiment intéressant !
    Je prendrai le temps d’y revenir, mais dès maintenant merci de l’avoir traduit et de nous le proposer !

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    • un citoyen // 20.04.2019 à 11h35

      Un peu réticent au début (l’impression de lire un tract d’une organisation sectaire avec de belles images, mais je me suis rendu compte qu’elle était faussée) puis j’ai trouvé que c’était de plus en plus intéressant avec de bonnes idées dont surtout les circuits d’information fermés et l’harmonie à trouver entre son monde intérieur et l’extérieur (le ‘connais-toi toi-même’ dans la Grèce antique et le rapport aux autres).
      Assez long mais ça en vaut largement le détour. A lire.

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  • Gérard // 20.04.2019 à 10h33

    Article génial,
    Cette vision holistique des choses est de nature à nettoyer nos propres visions du monde et de son fonctionnement dans toute sa complexité.
    A mon sens, et à ce moment de crise mondiale qui agite les individus, les systèmes et la planète, il montre une direction réellement génératrice de changements de paradigmes.
    Sachant que « l’énergie suit la pensée », plus de gens intégreront intimement ce genre de concept, mieux cela sera pour nous tous.

      +10

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  • DidierF // 20.04.2019 à 10h56

    Je considère ce texte aussi long qu’essentiel. C’est dire…

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  • Marie // 20.04.2019 à 11h10

    Quelqu’un de plus intelligent que moi pourrait-il donner une définition lisible et compréhensible (un comble !) de l’expression : « intelligence collective »?

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    • Sandrine // 20.04.2019 à 12h22

      Je ne me risquerait pas à donner une définition de l’intelligence collective d’autant que je n’ai fait pour l’instant que parcourir rapidement le texte. Mais l’Idée , à mon avis, est qu’il faut dépasser la conception de l’intelligence humaine en termes « d’organismes séparés  » et penser en termes de continuum et d’interdépendance.
      Les trois premières parties du texte essaient de donner un fondement scientifique à cette idée.
      La quatrième partie du texte (qui me paraît la plus intéressante) explicite les implications concrètes de cette vision des choses.

      Pierre Teilhard de Chardin avait essayé aussi de théoriser l’intelligence collective: il appelait ça, je crois, la «noosphere «  en référence au « noos » (l’Intellect chez les Grecs anciens, sorte de raison universelle, intermédiaire entre l’âme et l’Un-bien)

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    • Amora // 20.04.2019 à 12h37

      Marie, pour comprendre l’intelligence collective, remplacez le mot collectif par cognitif. Un exemple simple d’intelligence cognitive sont : Les fourmis, les abeilles, les termites ou les guêpes, qui ont la faculté de répartir dynamiquement les tâches en fonction des besoins de la colonie et ce, de manière totalement distribuée, sans aucun contrôle central. Cela implique l’existence de castes au sein des colonies.

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      • Sandrine // 20.04.2019 à 13h44

        Ce ne sont pas des castes. Pablo Servigne explique que la fourmilière fonctionne comme une sorte d’organisme (avec des cellules qui ont toutes des fonctions différentes)

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        • JBB // 20.04.2019 à 19h01

          C’est sûr que la fourmilière doit faire rêver les marxistes en herbe. Pas de propriété privée. Égalité parfaite . Dévouement total au système. Négation de l’individu…

            +5

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          • Anarkopsykotik // 20.04.2019 à 22h12

            Tremble jbb, les marxistes viennent pour ta brosse à dents ! Ils veulent te réduire à l’état de fourmi interchangeable !

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    • Haricophile // 20.04.2019 à 21h59

      Une des formes, voir les théories autour des automates/robots cellulaires, de https://fr.wikipedia.org/wiki/Jeu_de_la_vie et tout ça. C’est plus simple a analyser que les comportements humains.

      Voir aussi, pour être plus biologique, regarder les études sur les fourmis/abeilles/termites, ou encore sur les plantes dont les études récentes apporte des merveilles étonnantes quand a leur capacités collaboratives.

      Mais si je devais garder un concept, pour moi : Le bien (l’intelligence collective) se centre sur le long terme et la collaboration, le mal ce centre sur le court terme et l’individualisme.

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    • lvzor // 22.04.2019 à 20h20

      « Quelqu’un de plus intelligent que moi pourrait-il donner une définition lisible et compréhensible (un comble !) de l’expression : “intelligence collective”? »

      C’est comme l’eau en poudre (on la dissout dans un verre d’eau et on a un verre d’eau — merci Dubillard), mais en plus bête.

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    • Blabla // 26.04.2019 à 10h27

      en général, on entend par là la capacité à modifier collectivement la société, c’est à dire sans prise de décision individuelle (et sous-entendu avec pour résultat d’augmenter le « bien être » de la dite société)

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  • Genuflex // 20.04.2019 à 11h15

    Enfin !
    Cela est inspiré des travaux de Regenesis et d’autres sur le développement régénératif. Cela va être un long travail d’aculturation en France, car à ma connaissance, en dehors d’Edgard Morin, peu se sont penché sur la théorie des systèmes complexes comme clef de compréhension de notre monde. Dans mon domaine, l’architecture, les ouvrages principaux sur les patterns, la systémique, ne sont même pas traduits en français, et decriés sans même être lus. J’interviens chaque année auprès d’étudiants en architecture à ce propos, pour semer des graines, et susciter des vocations.
    Les acteurs français du developpement durable (on devrait l’appeler l’ecologie capitaliste), rejettent en bloc ces idées. On en est encore a la phase de tourner en ridicule la permaculture, par exemple, alors qu’il semble évident que cela fait partie de notre avenir commun. Bref tout ce petit monde est, comme dit l’auteur, pris dans une boucle fermée peu féconde. Il y a du boulot !
    Merci les crises pour la publication.
    Si certains lecteurs sont interessés, prenons contact.

      +14

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    • Barbe // 20.04.2019 à 12h02

      Pardon
      mais qu’y a-t-il d’autre que de la philosophie là dedans?
      Vous savez cette discipline d’exposition globale, synthétique et analytique, de mise à nu, de mise à l’aise, qui permet de faire tomber les masques et les peurs?
      Je parle de celle qu’on enseigne au lycée et ailleurs, pas de la vogue communicationnelle ayant cours sur les plateaux télés, dont Onfray n’a été qu’un énième fossoyeur, après les nouveaux venus…

        +3

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      • Genuflex // 20.04.2019 à 12h19

        Si la philosophie se définie comme un cadre mental nous permettant d’appréhender la réalité du monde qui nous entoure, alors oui, on peut parler de philosophie.
        Pourquoi votre question semble contenir quelque chose de réducteur à ce propos ? pensez vous quotidiennement de cette manière ? Moi, il m’a fallut, et il me faut encore, beaucoup de travail, intellectuel, et sur moi, pour faire agir cette manière de penser dans ma vie réelle. En revanche, si c’est une façon d’écarter cela d’un revers de main, c’est un peu court comme argument. Si vous voulez bien développer.

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  • Barbe // 20.04.2019 à 12h27

    J’ai l’impression que si ça vient d’ailleurs ça a de la valeur : on cite beaucoup d’auteurs US. On leur fait une place, pas tant à cause du contenu de ce qu’ils disent, que parce que c’est un nouveau marché à conquérir.
    Bref, on (je ne sais d’où vient cet auteur) découvre quelque chose qui fonctionne depuis… depuis…

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    • Genuflex // 20.04.2019 à 13h00

      De mon expérience, et dans mon petit monde, la différence de résultat sur le réel suivant la manière de pensée d’un architecte (accompagné de toute une équipe) est une évidence. Et j’ai des exemples à foison.
      L’échec du développement durable est quoi d’autre, si ce n’est une erreur de raisonnement ?

      Pour ma part, je ne connais pas cet auteur particulièrement. je pense qu’il puise dans un terreau qui a 50 ans maintenant. Ce dont je me réjouis, c’est que la réflexion dépasse le cadre d’un petit milieu, et s’expose donc à la critique collective. C’est très bien comme ça.

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  • Wakizashi // 20.04.2019 à 12h56

    J’ai lu en diagonale aussi, mais certains éléments me font tiquer. Nafeez Ahmed fait référence à des notions scientifiques aussi bien que spirituelles, ce qui est tout à son honneur, mais c’est dommage que ce soit pour nous réduire ensuite à des « systèmes », aussi complexes et évolutifs soient-ils. La question de la nature du réel (et de l’être humain) est certainement un des plus grands mystères qui soit, et si prétendre y répondre est déjà présomptueux, prétendre que la réponse est accessible au mental est carrément une gageure…

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    • Genuflex // 20.04.2019 à 13h45

      Pour quelles raisons être un système serait réducteur ? Que sommes nous de plus ? Si vous voulez bien prolonger votre pensée…

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      • Wakizashi // 20.04.2019 à 15h06

        Ce que je veux dire, c’est que « système » n’est qu’un mot, un concept, une image mentale que l’on plaque sur le réel. Or que soit la science ou les traditions spirituelles, toutes nous enseignent que le réel en soi est inaccessible à la pensée. En physique, toute mesure est la projection de la fonction d’onde sur une observable : on n’observe jamais le réel en soi ; on observe des projections dans une base donnée. Les physiciens en sont ammenés à parler de « réel voilé » (d’Espagnat), de principe d’incertitude, d’énoncés à objectivité faible, etc. La science effectue des représentations du réel, mais elle ne nous dit pas ce qu’est le réel. En pretendant que nous sommes ceci ou cela, nous confondons la carte et le territoire ; nous réduisons le territoire à la carte.

        Plus simplement, croire que le réel est accessible à la pensée est un acte de foi. On fabrique des images et l’on prétend ensuite : « c’est ça que l’on est ». Nous nous identifions à l’image que nous avons nous-mêmes fabriquée. Jusqu’à ce qu’une nouvelle image vienne remplacer ou modifier la précédente… Mais sachant que les images que nous avons de nous-mêmes changent tout au long de la vie, comment peut-on croire un seul instant qu’elles recouvrent un quelconque caractère de réalité ? Quel caractère de réalité peut avoir « quelque chose » qui change tout le temps ?

        Nous vivons dans un monde rempli d’images, un monde conceptuel, et ce faisant nous passons complètement à côté du réel. Question subsidiaire : QUI perçoit les pensées ?

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        • LS // 20.04.2019 à 19h24

          Presque toutes les références scientifiques de ce monsieur me font tiquer. Je pense qu’ils ne les maîtrise pas. Ceci dit, on peut avoir une lecture au second degré (d’autant qu’il s’agit d’une traduction je pense difficile) et interpréter ses propos.

          Oui un système est un concept abstrait qui n’existe que dans la tête du modélisateur et pas dans « la réalité » comme les concepts d’objet, de sujet, de phénomène…
          Néanmoins peut-on modéliser sous forme de « système complexe » un être humain avec un formalisme suffisamment détaillé (mais de taille fini) et dont la sortie serait indiscernable à l’observation objectivé du comportement régulier d’un être humain doté du libre arbitre avec des moyens d’observations aussi grand que l’on veut. C’est une interprétation possible de « un humain est un système ». On adhère ou pas mais je pense qu’il vaut mieux le comprendre comme cela et c’est compatible du reste de son discours.

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          • Wakizashi // 22.04.2019 à 08h08

            Effectivement on adhère ou pas. Il faudrait en premier lieu être capable de définir si nous sommes dotés ou non du libre-arbitre : si ce que l’on nomme « conscience » est une propriété émergente du cerveau, ou du corps disons (on trouve des réseaux de neurones dans le système digestif et dans le cœur), alors l’existence du libre-arbitre est difficilement défendable, puisque dans ce cas tous nos actes, pensées, émotions etc. sont déterminés par les réactions électrochimiques issues du cerveau (du corps).

            Ensuite et surtout, même si l’on est capable de modéliser parfaitement les manifestations de la conscience, pourrons-nous dire que nous avons fabriqué de la conscience et que donc nous savons ce que c’est, que c’est cela que l’on est, ou juste que nous avons imité la conscience ?

            On est en plein dans le hard problem (de Chalmers).

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        • Yannis // 21.04.2019 à 16h01

          Votre question est anbigüe et vaste : quels types de pensées, celles formulées et partagées ou celles qui demeurent en soliloque dans notre espace mental ?

          Sinon la définition de la réalité, qui est considérée comme bien plus mouvante et subjective que le réel (réalité en moi / réalité en soi, selon Kant) traverse toute l’histoire de la philosophie, la motive certainement mème. Mais d’une part le postmodernisme a tendance a brouiller toutes les cartes surtout lorsqu’il s’agit de représentation, d’autre part vous le soulignez les avancées scientifiques nous posent beaucoup de nouveaux questionnement concernant la validité, la stabilité du réel ou ce que l’on nomme ainsi et de tout ce qu’il englobe ; et il me semble que, comme vous le soulignez dans votre post, celui-ci est de plus en plus sujet, lui aussi, à caution

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          • Wakizashi // 22.04.2019 à 07h50

            « Votre question est anbigüe et vaste : quels types de pensées, celles formulées et partagées ou celles qui demeurent en soliloque dans notre espace mental ? »

            Peu importe le type de pensée. Le point important est que toute pensée, tout concept est une représentation du réel, et non le réel. C’est la confusion entre la représentation et ce qui est représenté que je souligne.

            Pour donner un exemple, la philosophie (occidentale) est traversée par de nombreuses et doctes descriptions et considérations au sujet du néant. Or par définition, le néant n’est rien. Comment peut-on décrire le rien ? Comment peut-on disserter au sujet de rien ? Si l’on veut être crédible, on ne peut rien dire du rien. Dès le moment où l’on en parle en en faisant un concept dans notre tête, on est déjà en train d’en faire « quelque chose », un objet mental. Un concept avec lequel on fait joujou.

            C’est un exemple extrême, mais il illustre bien un phénomène récurrent : quel que soit ce dont on parle, nous avons tendance à confondre le réel avec nos concepts à propos du réel. En l’occurrence ici, nous êtres humains sommes devenus des « systèmes évolutifs complexes ». C’est beau comme concept, ça brille, c’est complexe, ça fait intelligent… sauf que l’on n’est pas plus avancé : le mystère de l’existence humaine demeure un mystère.

            Pour qui le monde existe-t-il ? On est capable de décrire les réactions de fusion nucléaire au cœur des étoiles, mais on ne sait toujours pas « comment la lumière jaillit du regard » (selon l’expression de Pierre Lévy).

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            • Yannis // 22.04.2019 à 22h01

              Intéressante réponse merci. J’ai envie de vous répondre que c’est justement là, dans le regard – et donc dans l’alchimie de notre esprit – que se produit le point de bascule dans notre rapport au réel. Les Grecs avaient fait des hypothèses sur le phénomène de la vision… qui se rapproche des théories de « construction de sa propre réalité » par la psy.

              Un sujet d’étude et d’écriture en cours, avec mes modestes connaissances et découvertes : https://lapartmanquante.com/2018/12/28/quoi-la-realite/

              https://lapartmanquante.com/2019/04/03/besoin-de-realite/

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            • Wakizashi // 23.04.2019 à 07h47

              Merci à vous aussi pour votre lien (c’est bien vous l’auteur de cet excellent blog ?)

              2 remarques pour le regard et « notre rapport au réel » :

              – Je fais vite, mais nous avons en général tendance à conditionner notre bien-être aux situations. Pourtant, quand on observe bien, on constate que notre bien-être dépend non pas des situations, mais du regard que nous portons sur elles. Ce qui est a été engendré par l’univers entier : simple constat de l’existence d’une chaîne causale aux ramifications infinies pour toute situation existante. Pour reprendre les mots d’un sage, quand nous réalisons que c’est l’univers dans son entier qui a engendré ce qui est, alors nous voyons la folie qu’il y a à y résister.

              – Sur le réel, peut-on vraiment considérer qu’il y a une dichotomie entre un réel extérieur et nous qui aurions des « rapports » avec ce réel ? D’une part nous faisons partie du réel, sinon nous ne serions pas (tautologie). D’autre part, existe-t-il un monde extérieur à notre conscience, extérieur à nous-mêmes ? Jusqu’à preuve du contraire, tout ce que nous percevons est perçu au sein de notre conscience. Empiriquement, nous ne pouvons pas affirmer qu’il existe un « extérieur » à notre conscience. Donc, y a-t-il vraiment un sujet et un objet ? Autrement dit, le réel en soi est-il objet ou sujet ? Lequel est causalement antérieur à l’autre ?

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            • Yannis // 23.04.2019 à 20h00

              Merci pour votre appréciation du blog, oui j’en suis le principal contributeur.

              Sur la réalité, je n’esn suis pas encore à la synthèse et conclusion. L’idée de « se transformer, évoluer » est intéressante mais entrebaille des portes ouvertes… Je serai plus réservé avec cette vague du mindfullness qui fera de nous des surhommes, disposant pleinement de toutes ses ca`pacitès cognitives et reflexives… tel qu’elle est diffusée par des coauche en entreprise, pour accroitre productivitè et rentabilitè. le soucis d’une meilleure comprñehension du monde restant loin derrière, on reste à vivre dans sa forteresse.

              Mais je retiens que cette réflexion dègage deucx pôles forts, celui de la transcendance, cad que la raison de notre présence sur terre se trouve au dessus de nous, hors de nous, ou de l’immanence qui donne aux êtres vivant leur entière autonomie, comprenant le spirituel, sacré et métaphysique.

              Une autre piste pour traiter de notre iclusin totale dans ce monde-matrice et oeuvre est le monisme.

              Autant d’axes que je développe dans cette sèrie de publications, à mesure de mon temps libre…

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            • Wakizashi // 24.04.2019 à 08h33

              A mon avis, il convient de distinguer réalité et réel. Réel : ce est en soi, qui ne dépend que de lui-même, qui est immuable. Réalité : ce qui est relatif, le monde phénoménologique où « la seule chose qui ne change pas est le changement ».

              Sur le mindfulness (la pleine conscience ?), le capitalisme s’est toujours emparé des belles choses pour les retourner à son profit en les dévoyant. Cela dit, le mot « surhomme » me semble inadapté : il s’agirait plutôt du passage de mental humain à être humain… retrouver l’être derrière le penseur.

              La condition humaine, c’est d’être immergé dans la pensée. Il suffit de s’assoir pendant 1h et d’observer la respiration pour le constater : très vite, l’attention n’est plus dirigée vers le souffle, elle est happée par les pensées. Et cela peut durer 15, 20, 25 min avant que l’on réalise soudain qu’on est parti dans nos pensées… on est comme hypnotisés par nos pensées, incapable de se concentrer sur une chose aussi simple que le souffle.

              Tout le monde a déjà croisé quelqu’un qui parle tout seul dans la rue, et dans ce cas on se dit que le type est fou. Mais c’est pourtant ce que l’on fait en permanence dans notre tête : on parle tout seul, sans cesse, de façon totalement compulsive. A un point tel que l’on ne fait que très rarement attention à ce qui est présent, au son de l’oiseau qui chante dehors, au goût de ce qu’on mange, ou tout simplement à ce que nous dit notre interlocuteur : en général, au lieu de l’écouter en lui accordant notre attention pleine et entière, on est déjà en train de penser à ce qu’on va lui réponde…

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              Alerter
  • Armel // 20.04.2019 à 13h10

    2 idées me sont venues à la lecture de ce texte nécessaire (merci au blog de l’avoir publié):
    – remplacer le contrôle par la confiance: en découlent les notions du « laisser faire » et de l’apprentissage par l’erreur tout en encourageant les initiatives;
    – reconnaître la mort. Peut être en lui substituant le mot métamorphose.

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  • Jules Vallés // 20.04.2019 à 15h06

    «  »Cette approche repose sur un axiome fondamental : que notre point de vue, peu importe à quel point nous pensons qu’il est « juste », est en fin de compte faillible, limité et dérivé d’un ensemble limité de données » »

    J’en conclus donc logiquement que ce que nous dit Nafeez Ahmed est sujet à caution, que c’est SON point de vue, et que ce que j’en conclus est sujet à caution, car c’est MON point de vue…!!!
    Nous voilà revenus au doute systématique de Descartes, et, au fond à notre impuissance à déterminer une conduite « adaptée » face à la complexité du monde !

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    • Serge F. // 20.04.2019 à 18h55

      Un axiome n’est pas un point de vue personnel. Il s’agit d’une affirmation dont la véracité est acceptée par un grand nombre d’individus. Cette affirmation est indémontrable, mais elle peut être automatiquement remise en cause si une seule déduction qui en découle s’avère être fausse par l’observation.

        +2

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  • alain maronani // 20.04.2019 à 15h33

    Si vous le pouvez lisez donc la version originale…en anglais..la traduction est pénible..Le texte me fait penser a un sermon.

    Un choix disoms bizarre. Un site mené par des gens obsédés par la technologie, les sartups, de la publicité rédactionelle.. les chroniques habituelles sur la diversité, les LBGT, la tarte à la crème qui accompagne TOUJOURS cette propagande des objets et gadgets. Quelques exemples

    Votre voiture pour collecter des données (big data)
    https://medium.com/asecuritysite-when-bob-met-alice/could-your-car-become-a-great-data-miner-and-discovery-new-frontiers-of-data-c3f262867b1e

    Self Help (un endroit des libraires et libraires américains..Français je ne sais pas) ou règne l’idiotie
    https://medium.com/topic/self

    Le jour de la Terre vive les réseaux informatiques..qui rendent le monde vert..
    https://medium.com/sap-innovation-spotlight/on-earth-day-digital-networks-turning-global-commerce-a-brighter-shade-of-green-7bf0f11d4cf1

    La suite est du même tonneau, des propagandistes, (des zélotes ?) de ce qui est précisément en train de détruire la socialité, le climat, l’entre-soi, le nomadisme sans limite au dépend de la proximité…C’est typiquement
    le prechi-precha pas New Age mais Silicon Valley

    Ceci me fait penser au magazine Wired…

      +7

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    • grumly // 20.04.2019 à 16h42

      Medium est une plateforme pour poster des articles, par exemple quand vous n’avez pas votre propre blog. C’est un site qui a été crée par ceux qui ont fait Twitter, il y a quelques fonctions sociales pour promouvoir d’autres articles ce qui fait que ça peut être intéressant de poster là plutôt que sur votre propre blog. Un peu comme Youtube pour des articles.

        +3

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    • Serge F. // 20.04.2019 à 18h32

      Vous vous êtes donc coltiné la lecture en français et en anglais de cet article. Quel courage ! De ces lectures fastidieuses, vous n’avez retenu qu’une critique du support sur lequel il a été publié ?! N’auriez-vous rien d’autre à dire sur le sujet de l’article ? Au sujet du mensonge, par exemple, qui gangrène toutes les sphères de la société, un petit mot, non ?

        +5

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      • alain maronani // 20.04.2019 à 19h06

        En anglais seulement…je ne lis jamais les traductions mon anglais me le permet. Rien à dire sur l’article Herr Professor ! Passer son temps à commenter la nature du vide…en fait je l’ai lu (?) en 5 minutes, le ton prechi-precha Silicon-Valley-on-va-révolutionner-le-monde (en travaillant 90 heures par semaine..) .fait apparent dès le début. Le mensonge qui gangrène…pas vraiment nouveau…

          +4

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        • Serge F. // 21.04.2019 à 19h56

          Vous avez écrit que la traduction est pénible (et non pas les traductions au sens large) alors que maintenant vous affirmez que vous ne lisez jamais les traductions. Vous être incohérent.

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          • Jourdain // 22.04.2019 à 10h13

            Plus que pénible; Tres mal traduit, plein de mots sont mal appropriés dans la traduction ! trop de mots inutiles alourdissent en plus la lecture
            On a tous du mal à finir !

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            • Serge F. // 22.04.2019 à 14h56

              Je suis d’accord avec vous. Cet article est écrit dans un style trop lourd et il est bien trop long. Mais ce n’est pas sa traduction qui est en cause.

              « Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement,
              Et les mots pour le dire arrivent aisément. […]
              Hâtez-vous lentement, et, sans perdre courage,
              Vingt fois sur le métier remettez votre ouvrage
              Polissez-le sans cesse et le repolissez ;
              Ajoutez quelquefois, et souvent effacez. » Nicolas Boileau, L’art poétique (Chant I), 1674

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              Alerter
  • un citoyen // 20.04.2019 à 16h58

    Pour info, le lien vers Insurge-intelligence, dont Nafeez Ahmed est le rédacteur fondateur, à la fin de l’article ne fonctionnant pas, voilà le bon : https://medium.com/insurge-intelligence

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  • Jourdain // 20.04.2019 à 19h07

    QU EST CE QUE C EST « chiant » à lire ! Et pourtant c’est passionannt le sujet.
    C’est un chercheur, rien d ‘étonnant.

    Si la crise s’intensifie, elle peut atteindre un seuil qui peut miner l’intégrité de l’ensemble du système. En fin de compte, soit le système s’adapte en se restructurant, ce qui conduit à un « changement de phase » vers un nouveau système, un nouvel équilibre stable, soit il régresse.
    la phrase à retenir. je n’ai pas fini je reviend dans les prochains jours

    PS : par contre, je ne vois pas l’intérêt de parler des violences faites aux femmes, laissant entendre que la violence viendrait des femmes ! or la violence originelle vient souvent des femmes.

      +4

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  • JOURDAIN // 20.04.2019 à 19h16

    Qu est c eque c’est mal exprimé et développé !

    « Dans la civilisation mondiale complexe d’aujourd’hui ; s’adapter aux changements environnementaux implique l’adaptation d’un large éventail de processus sociaux, économiques, politiques et culturels, qui s’inscrivent tous dans un contexte plus profond de systèmes énergétiques et environnementaux. »

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  • le rebelle des babors // 20.04.2019 à 20h44

    azul (c’est bonjour en langue Amazigh),
    la lecture de ce papier (comme l’a remarqué Mme ou Mr Téji) peut se faire en 4D. Moi j’ai choisi :du but( la finalité) et retour vers le début.
    Ce papier doit à mon sens faire l’objet d’une large diffusion car il intéresse tous les individus et toutes les couches sociales.
    Il semble être une remise en cause de SOI, des AUTRES et surtout des luttes( querelles) engagées entre Humains qui se détestent- alors qu’ils devaient s’aimer

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  • Suzanne // 20.04.2019 à 21h59

    Très intéressante l’idée que de nos dysfonctionnements individuels peut émerger un dysfonctionnement sociétal général.
    Et j’aime aussi la réflexion sur les courbes fermées dans lesquelles nous tournons constamment à cause entre autres, mais pas seulement, des plateformes publicitaires. Desquelles nous n’arrivons pas à sortir, alors qu’il le faudrait pour pouvoir faire évoluer sa pensée.

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    • Serge F. // 22.04.2019 à 03h39

      Rien d’extraordinaire. Le monde est chaotique. Une modification à petite échelle peut provoquer un effet à grande échelle (effet papillon).

      La réflexion sur les courbes fermées est très bien décrite dans l’ouvrage « La démocratie des crédules » de Gérald Bronner (professeur de sociologie à l’université Paris-Diderot, membre de l’Académie nationale de médecine, de l’Académie des technologies et de l’Institut universitaire de France).

      Vous pouvez aussi (re)lire Montaigne « sur l’art de la conversation » dans ses essais, livre III, chapitre VIII.

      Le changement intérieur ne suffira pas pour changer le monde. Il faudra bien s’attaquer aux grosses structures humaines qui sont en train de le détruire, et nous avec.

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  • André Chenet // 20.04.2019 à 22h50

    Rarement lu un « essai » aussi prodigieux, condensé, substantiel concernant à la fois notre situation dans le monde et le devenir global de l’humanité. De nombreuses tentatives ont été élaborées par des « sages », des mystiques, philosophes métaphysiciens et même des poètes. Cette réflexion nous conduit à voir qui nous sommes et ce que nous sommes au-delà des croyances et des conditionnement. J’y retrouve une somme de connaissance extraordinaire éprouvée, expérimentées dans ce domaine d’interdépendance nous reliant les uns les autres à la vie, à la terre et au cosmos comme le rappelle à plusieurs reprises Haffez Ahmed. J’y retrouve encore les enseignements profonds du bouddhisme tchan -ou zen), du soufisme, et d’une psychanalyse hors dogmes. En lisant je me suis souvenu de penseurs tels que Powys, Reich, Krishnamurti, H. Miller, T. Leary; A. Huxley … J’ai dit prodigieux parce qu’ici est résumé le b.a. ba de toute quête humaine en vue d’une très haute civilisation basée sur l’humilité et la compassion, la tolérance et la générosité. Merci infiniment pour ce présent inestimable/ A lire et à relire jusqu’à la quintessence.

      +5

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    • Serge F. // 22.04.2019 à 03h50

      Attention de ne pas vous laissez emporter par le syncrétisme ou le courant New Age !

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      • André Chenet // 22.04.2019 à 14h07

        Je m’en contrefous. Et il me suffit de lire le cursus de Naffeez Ahmed pour comprendre que sa quête personnelle vise au bien collectif et à un renouveau de l’humanité. Rien de dogmatique dans ses propos. Le mot holistique lui-même qu’il emploie fréquemment est à prendre dans la définition qu’en donne le Larousse: « En épistémologie ou en sciences humaines, relatif à la doctrine qui ramène la connaissance du particulier, de l’individuel à celle de l’ensemble, du tout dans lequel il s’inscrit. » Bien à vous, Serge F.

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        • Serge F. // 22.04.2019 à 20h57

          Libre à vous de mélanger différentes traditions religieuses comme l’islam (au travers du soufisme) et le bouddhisme, mais cela ne peut que créer de la confusion. On ne peut pas se réfugier à la fois dans Dieu et dans Bouddha, il faut faire un choix.

          Pour moi, nous ne devons pas être à la recherche d’un renouveau de l’humanité, mais juste développer l’homme véritable qui est en nous.

          Théodore Monod et Jean-Marie Pelt étaient deux grands savants humanistes du XXe siècle. Ils étaient aussi deux très bons amis dans la vie. En 1999, au détour d’une discussion qu’ils ont eu tous les deux, Théodore Monod confia ceci à Jean-Marie Pelt :

          « Vous comprenez, on pourrait essayer tous les systèmes économiques, politiques, on pourra faire toutes les réformes qu’on veut, il n’y a rien qui marchera vraiment bien si les hommes ne sont pas décidés à se respecter et à s’aimer, il n’y a rien qui marchera jamais. Donc, il faut que ce changement ait lieu maintenant et, s’il n’a pas lieu maintenant, eh bien, l’humanité sera foutue, voilà. »

          Pas besoin d’un long discours, tout est dit (ou plutôt rappelé) dans cette confidence de Théodore Monod. L’intellect ne sert à rien dans l’histoire, seul le coeur doit parler. L’homme occidental est malheureusement bien trop rationnel.

          Bien à vous aussi André. 🙂

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          • Yannis // 22.04.2019 à 22h12

            « Le cœur a ses raisons que la raison ne connaît point. » de Pascal demande cependant à être révisé un peu. Car c’est un dialogue permanent entre coeur et esprit qui nous permet de tenir debout, certains de travers. Et à còté du « pur esprit », il me semble que dans les arts on a particuliérement fouillé coeur et passions depuis queques siècles, pour en révéler les grandeur et les abîmes. Reste peut-ètre encore à comprendre comment fonctionne son propre coeur ? Et il n’y aura jamais de méthode suffisemment personnalisée…

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          • André Chenet // 22.04.2019 à 22h34

            Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit Serge F. Dans cet essai ou plutôt cette exploration, j’ai retrouvé des passages qui m’ont fait pensé aux enseignements bouddhistes et soufistes. Le bouddhisme n’étant pas une religion au sens où nous l’entendons en occident, mais une pratique philosophique très pragmatique, selon les maîtres du zen (« Si vous rencontrez un Bouddha, tuez-le » recommandait l’un d’eux à ses élèves) . Quant au soufisme, il diffère profondément de l’islam exotérique de par la dimension sacrée (mystique) qu’il confère à la transe, l’union avec la totalité et en cela rejoint le bouddhisme. Je n’ai pas le temps ici de développer. Des concepts des sciences cognitives m’ont aussi sauté aux neurones pendant que je lisais cet article, mais je ne suis pas un spécialiste en cette matière et sur cet aspect de la pensée de Naffez Ahmed, je laisse le soin à des gens plus avisés que je ne le suis de nous éclairer.

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            • Serge F. // 23.04.2019 à 20h21

              Dans la préface du livre « La Guérison Ultime » de Thoubtèn Zopa Rinpoché, il est écrit :

              « Tandis que certaines des pratiques contenues dans ce livre peuvent être adaptées pour une pratique bouddhique ou non bouddhique, la plupart d’entre elles supposent que le pratiquant a pris refuge en le Bouddha, Dharma et Sangha. »

              Dans son ouvrage « Les très saintes faveurs ou les dons sanctifiés », Cheikh Ahmad al-Alawî, grand maître soufi, écrivit :

              « Mais il aurait convenu de chercher refuge auprès de Dieu par crainte de Dieu comme disait le Prophète (§) : « je cherche refuge auprès de Toi par crainte de Toi » car lui Seul Est L’Utile (Nâfi’) et Lui Seul peut nuire (Dhâr), et ceci, aux yeux du gnostique, est l’apogée de la réalisation (spirituelle), car il voit que le Vrai est la source de la Vérité du TOUT. »

              https://drive.google.com/file/d/1qco5WXk6uEWJC1isxBDRs8IfVfEJBT-Y/view

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            • André Chenet // 24.04.2019 à 06h07

              Effectivement, il existe maintes branches issues du bouddhisme et plusieurs ont pris une forme religieuse institutionnelle dont le bouddhisme tibétain est la plus spectaculaire en occident et sans doute une des plus nocives puisque fondée sur des ordres monastiques tout-puissants dont le Dalaï Lama est le chef suprême, considéré comme un dieu vivant . Le bouddhisme originel, au contraire, favorisait la laïcité et une tolérance basée sur la compassion. Au IIIe règ S av JC, le long règne de l’empereur Ashoka, converti au bouddhisme, fut une ère de paix et de prospérité exceptionnelle pour l’Inde.

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  • isslou // 21.04.2019 à 00h32

    Texte de haute volée intellectuelle et d’une teneur fondamentale en rapport avec la survie de notre espèce mise en danger par le système néolibéral que je fustige régulièrement dans mes discussions.

    J’ai l’impression d’avoir été sorti de mon corps pour un voyage de réflexion à travers et en symbiose avec l’humanité, la planète terre et le cosmos.

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  • Bouddha Vert // 21.04.2019 à 00h49

    Réflexion et développements très intéressants mais en quoi son invitation à suivre son chemin pourrait elle répondre, comme prétendument dans l’introduction, aux  » pressions grandissantes sous forme de destruction de l’environnement, la prédominance de la guerre, les risques d’annihilation nucléaire, les inégalités croissantes, la xénophobie croissante, l’autoritarisme croissant, les dangers des chaînes logistiques, les marchés volatiles, les épidémies de maladies mentales, la violence armée, la violence contre les femmes représentent tous à la fois des failles dans notre modèle actuel et les possibilités de le dépasser. » etc…
    J’avoue être interloqué par sa démarche, il me semble que ce monsieur prend conscience de la dynamique de notre évolution et, par peur, se saoule d’une « solution » purement intellectuelle.
    Pense-t-il disposer d’une machine pour éveiller notre humanité ou la peur lui fait elle oublier que le monde n’est pas un amphi, pas plus qu’un livre?
    Oserais je dire navrant?

      +3

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  • Catalina // 21.04.2019 à 08h34

    « Pense-t-il disposer d’une machine pour éveiller notre humanité  »
    a aucun moment l’auteur ne nous invite à trouver une machine, bien au contraire, il nous invite à l’introspection et nous apporte le confort de savoir que les trains de pensées, (l’ego ?), bouffent une grande partie de notre énergie. Le sachant, on peut les admettre sans s’y impliquer, ce qui laissse de la place à autre chose, à du nouveau.
    Pourquoi les femmes battues ? sans doute parce que c’est un exemple parlant des boucles fermées. Combien de questions autour du soi-disant « masochisme » de nombre de ces femmes, la boucle fermée apporte une réponse intelligente, il me semble. Un mécanisme dont il est difficile de sortir et là, l’auteur apporte encore une réponse, inutile de lutter contre cette boucle fermée, en prendre conscience est la clé pour enclencher un changement.
    L’humilité est indispensable, elle permet de voir les erreurs, de dépasser la culpabilité afin d’accéder à des changements pertinents.

      +1

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  • Xavier // 21.04.2019 à 17h48

    Je n’ai pas apprécié ça : « Donc vous voulez changer le monde. Alors, prenez un verre, asseyez-vous et attachez votre ceinture pour plonger profondément dans la dynamique de la transformation du système. Le système que vous combattez est en vous. ».

    Je n’ai pas du tout aimé ça…
    «  Il s’agit d’une boîte à outils concrète, écrite comme une ressource de base et une feuille de route pour tous ceux qui veulent vraiment travailler pour un monde meilleur. Si vous n’êtes pas dans cet état d’esprit, ce document n’est pas pour vous. »

    On démarre par de la manipulation…
    « On est forcé d’adhérer à un projet creux : « changer le monde ».
    Je n’aime pas les religions.

    Pas de référence biologique suffisante à ce qui fait de nous des dominants.
    Laborit est allé bien plus loin il y a 45 ans…
    A ce rythme là on est pas près de changer quoi que ce soit.

      +3

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  • Serge F. // 21.04.2019 à 20h43

    L’article aurait pu être beaucoup plus court, car de quoi parle-t-il dans le fond ? De l’ouverture d’esprit, de la bienveillance, des bienfaits de l’écoute, des méfaits de la crédulité et du mensonge, ainsi que des bienfaits de l’humilité. Toutes ces choses ont été enseignés par de nombreux grands sages depuis des siècles et de manière beaucoup plus agréable à lire.

    Le pire des défauts humains est, à mes yeux, le mensonge. Le dernier en date, que je viens de repérer, vient d’un tweet récent de Raphaël Enthoven :

    https://twitter.com/Enthoven_R/status/1117661270600237057

    Ce texte sur les 3 religions abrahamiques vient de son ouvrage « Morales provisoires » (2018). Il ne fait que recycler une de ses chroniques d’Europe 1 diffusée le 30 mai 2017, à l’époque où il travaillait encore pour cette radio. Cette chronique a été retranscrite sur son compte Facebook :

    https://www.facebook.com/raphaelenthovenofficiel/posts/le-juda%C3%AFsme-selon-voltaire-ce-peuple-doit-nous-int%C3%A9resser-puisque-nous-tenons-de/1520277571351673/

    Enthoven fait dire à Voltaire ce qu’il n’a pas dit (tout comme Eric Zemmour fait dire à Chateaubriand ce qu’il n’a pas dit non plus dans sa formule « détruisez le christianisme et vous aurez l’Islam »). Le pire du mensonge est dans ce passage sur le christianisme :

    « Une religion absurde, « qui adore un juif mais qui déteste les juifs » ; qui pratique « le blasphème de dire que 3 dieux font un Dieu ; qui mange, enfin, ce Dieu qu’elle adore, et, pour seul hommage, rend à la selle son créateur… » »

    Quand on consulte le « Dictionnaire philosophique » de Voltaire, à l’entrée « De Diodore de Sicile, et Hérodote », le philosophe des Lumières critique un ouvrage de Henri Estienne en ses mots :

    « Il [Henri Estienne] ose les appeler [les catholiques], dans son discours préliminaire, théophages, et même théokèses. »

    Dans un renvoi en bas de page au sujet du mot théokèse, Voltaire écrit :

    « Théokèse signifie « qui rend Dieu à la selle », proprement « ch… Dieu » : ce reproche affreux, cette injure avilissante n’a pas cependant effrayé le commun des catholiques ; preuve évidente que les livres n’étant point lus par le peuple, n’ont point d’influence sur le peuple. »

    https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=uiug.30112042280054;view=1up;seq=445

    Comme le « Dictionnaire philosophique » n’est point lu par le peuple, rien d’étonnant que personne n’ait relevé le grossier mensonge d’Enthoven.

      +1

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    • Serge F. // 22.04.2019 à 00h37

      Dans son ouvrage « Morales provisoires », Raphaël Enthoven donne pour source des soi-disant dires de Voltaire : « Voltaire, Oeuvres complètes, Bibliothèque Angelica, 1875, p. 327-403 ». Faut-il donc aller en Italie, à la Bibliothèque Angelica, pour vérifier ce qu’il a écrit ? Heureusement, non. On peut consulter ces ouvrages ici :

      https://catalog.hathitrust.org/Record/100802867

      Les oeuvres complètes de Voltaire, dans cette édition, sont en 13 volumes. Ne me dites pas que Raphaël Enthoven a pu trouver une édition de 1875 contenant les 13 volumes condensés en un seul ouvrage à la Bibliothèque Angelica qui ferait forcément plus de 7000 pages ! Il a même le culot de nous donner les pages où l’on peut trouver le passage qu’il cite sur le judaïsme (pour les deux autres religions, il ne donne pas de renvoi) !

      Pour ceux que ça intéresse, je leur conseille de lire la partie du « Dictionnaire philosophique » de Voltaire consacrée à la tolérance, vous y découvrez des choses bien plus intéressantes sur les 3 religions abrahamiques vues par le philosophe des Lumières que la misérable et fausse interprétation qu’en fait Raphaël Enthoven :

      https://babel.hathitrust.org/cgi/pt?id=uiug.30112042263399;view=1up;seq=278

        +0

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  • Renaud // 21.04.2019 à 22h42

    En très raccourci, je crois que, le sens que je perçois de cet article m’amène à certains investigateurs, tant scientifiques que spirituels, voire artistiques.
    Scientifiques, ainsi, Henri Laborit, sur le strict plan neurologique, a été très élucidant.
    Mais aussi dans cette approche fournie, il y a le dépassement de la logique classique du tiers-exclu : A est A et ne peut être autre chose dans le même temps, cette logique-là, certes, n’est pas fausse, mais elle est désormais supplantée par la logique dite du tiers-inclu où A et non-A peuvent ‘cohabiter’ (voir, – entre autres -, l’œuvre magistrale de l’épistémologue Stéphane Lupasco).
    Spirituel, je pense que certains grands saints catholiques, et aussi des noms comme Arnaud Desjardins, Eckhart Tolle, Swami Kriyananda, et d’autres, les principes suprêmes de l’existence du Tao ou T’ai Tchi d’où sort le livre chinois des transformations le Y King, et encore d’autres voies et voix.
    (suite prochain message)

      +3

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  • Renaud // 21.04.2019 à 22h43

    (suite message précédent)
    Artistique, par exemple, Salvador Dali, bien plus sérieux qu’il le montrait, obnubilé par la découverte de la relativité par Einstein (ce qui lui fit peindre son fameux tableau des Montres Molles) et il était tout autant obnubilé par la mécanique quantique.
    Mais encore, tous nous connaissons des gens avec lesquels nous ne nous entendons absolument pas, pas d’atome crochu aucun. Celui-là ou celle-là me débecte et me font fuir. Et bien, il faut bien se rentrer dans la tête que, nous-mêmes, provoquons sans doute les mêmes révulsions chez d’autres. Comme ça, cela relativise un peu notre égo et notre superbe et nous fait mieux jouir de la Vie.
    Il y aurait tant d’autres choses à dire, mais ce serait trop long.

      +2

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  • JOURDAIN // 24.04.2019 à 09h54

    Vous dites :
    Ce n’est que lorsque nous commençons à porter une partie de cette programmation à l’attention de notre conscience et que nous nous permettons d’examiner comment nos « trains de pensées » sont inconsciemment entraînés, que nous sommes en mesure de nous libérer de nos anciennes boucles fermées d’informations et de comportements, et de choisir vraiment de nouvelles manières d’agir, qui ne seraient pas déterminées par le carcan des comportements acquis, des peurs, des cycles de pensées négatives et des dysfonctionnements cognitifs fixés en nous à travers nos expériences passées.

    Facile à dire : ce n’est pas toujours possible, car on n’est pas des surhommes !!!!

      +1

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