Les Crises Les Crises
21.avril.201921.4.2019 // Les Crises

Le droit est-il en train d’étouffer la démocratie ? Par Olivia Dufour

Merci 305
J'envoie

Source : La gazette du palais, Olivia Dufour, Bertrand Mathieu, 12-09-2017

Entretien avec Bertrand Mathieu, professeur à l’école de droit de la Sorbonne (Paris 1), vice-président de l’association internationale de droit constitutionnel, ancien membre du Conseil supérieur de la magistrature

Certes inséparable de la démocratie, le droit n’est-il pas en train de se dresser contre elle au risque de la détruire ? C’est la question stimulante que pose le constitutionnaliste Bertrand Mathieu dans son essai Le droit contre la démocratie ? Ce livre poursuit la réflexion entamée par l’auteur en 2015 sur l’évolution de nos institutions dans Justice et politique : la déchirure ?

Gazette du Palais : Le titre de votre dernier livre,Le droit contre la démocratie ?, interpelle. En quoi le droit peut-il être opposé à la démocratie ?

Bertrand Mathieu : L’idée de ce livre est ancienne et part de la volonté de comprendre la désaffection qui frappe la démocratie. Les citoyens oscillent entre révolte et désintérêt parce qu’ils s’aperçoivent que le vote n’embraye plus sur la décision politique. Le droit est la condition de la démocratie et il détermine les modalités de son exercice mais il peut, en cas de dérive, l’encadrer et la contraindre de telle manière qu’elle soit étouffée.

Gaz. Pal. : Pourquoi et comment ce déséquilibre s’opère-t-il ?

B. Mathieu : L’une des causes est le développement du droit supranational. Il ne s’agit pas d’un jugement de valeur à l’égard de l’Union européenne – je suis au demeurant convaincu de l’intérêt de l’Europe –, mais d’un simple constat. On estime que près de 80 % de la législation nationale est directement ou indirectement contrainte par le droit européen. Or, contrairement à une idée reçue, ce droit n’est pas produit démocratiquement. Une démocratie suppose en effet l’existence d’un peuple, sur un territoire, doté d’un État au sein duquel l’exercice des pouvoirs est organisé sous une forme démocratique. Or, il n’y a pas d’État européen, pas plus que de peuple qui prendrait des décisions. Certes, le Parlement européen est élu mais cela ne suffit pas à faire de l’Union européenne une démocratie. Plus largement, les citoyens ont très bien compris que les décisions, voire les choix de société, sont prises par des oligarchies juridictionnelles (notamment la Cour européenne des droits de l’Homme), économiques ou financières dépourvues de légitimité démocratique. En d’autres termes, la règle de droit à laquelle nous nous soumettons est le produit de puissances non démocratiques. Et le même phénomène peut être observé au niveau national avec le développement des autorités administratives indépendantes qui, elles aussi, édictent des normes en dehors du cadre démocratique.

Gaz. Pal. : Dans votre livre, vous dénoncez surtout l’hypertrophie des droits de l’Homme. Pourtant, plus les droits individuels s’élargissent et gagnent en intensité plus cela incite à considérer qu’une démocratie est saine et évoluée…

B. Mathieu : Mais c’est en réalité le contraire ! Aucune société ne se bâtit durablement sur l’individualisme. Une erreur courante consiste à considérer que démocratie et droits de l’Homme forment un tout indissociable. En réalité, les droits fondamentaux sont simplement les valeurs sur lesquelles les démocraties libérales ont décidé de s’appuyer. Poussés à l’extrême, ils mènent nécessairement à l’éclatement de la notion d’intérêt général. À partir du moment où une société est fondée sur des individus pour lesquels tout désir devient un besoin et tout besoin devient un droit, on n’arrive plus à formuler un intérêt général. Or la formulation de l’intérêt général est l’objet même du jeu démocratique. Les droits fondamentaux tels qu’ils sont interprétés font prévaloir jusqu’à l’absurde la primauté de l’individu sur le collectif. Et ces droits entrent en conflit les uns avec les autres. Plus vous étendez la liberté de la presse, plus vous réduisez le droit au respect de la vie privée et inversement. La notion de progrès est donc largement illusoire puisque les avancées obtenues par les uns pèsent sur les autres. Les rapports sociaux ne s’insèrent plus dans une dimension collective, historique et institutionnelle, mais se réduisent à des relations interindividuelles et les institutions ne sont plus que des prestataires de services et de droits individuels. De fait, la démocratie ne parvient plus à assurer la stabilité et un certain bien-être collectif. Mais comme les individus ont toujours besoin de se retrouver ensemble, ils reforment des communautés à l’intérieur de la communauté nationale qui s’est désagrégée, c’est le communautarisme. Et le paradoxe final, on le voit bien avec l’Islam politique, c’est qu’une communauté peut mettre en cause la conception même des droits de l’Homme. Le système débouche sur une impasse. Il est incapable de gérer le rapport individu, communauté, intérêt collectif. Il perd toute cohérence.

Gaz. Pal. : Vous allez même plus loin en évoquant une véritable idéologie des droits de l’Homme dressée contre la démocratie…

B. Mathieu : Cette conception quasi religieuse des droits de l’Homme aboutit à limiter la liberté d’expression, pourtant indispensable à la démocratie. Les lois mémorielles, la pénalisation de certaines opinions, la pression du politiquement correct constituent une nouvelle forme de censure qui, sous couvert de protéger les droits fondamentaux, ne fait que conforter l’idéologie d’une élite intellectuelle et politique auto-proclamée. Les droits de l’Homme dont l’objectif à l’origine consiste à protéger les individus contre l’État sont devenus un outil d’un totalitarisme d’autant plus dangereux qu’il s’insinue progressivement sous la forme d’une police de la pensée.

Gaz. Pal. : Le juge en tant que gardien de ces droits hypertrophiés devient lui-même un facteur de déstabilisation de la démocratie, estimez-vous…

B. Mathieu : La fonction du juge est d’abord d’appliquer la loi, mais il devient aujourd’hui presque exclusivement le défenseur du citoyen contre l’État. Et ça aussi, c’est un élément d’affaiblissement de la démocratie dans la mesure où la justice est en principe un pouvoir de l’État et non un pouvoir dans l’État. On l’a vu lors des dernières élections présidentielles. L’affaire Fillon a soulevé deux questions essentielles liées au respect de la séparation des pouvoirs. D’abord la justice est intervenue au sein de l’Assemblée nationale sans obtenir l’autorisation de son bureau. Ensuite, s’il est vrai qu’aucune règle n’impose aux juges une retenue en période électorale, une suspension du temps judiciaire en période électorale relève de la logique même de la séparation des pouvoirs. Cette situation a conduit à une exacerbation du conflit entre les pouvoirs qui n’est pas satisfaisante. La justice est en passe de devenir un contre-pouvoir à l’État. Or, la conception d’un juge bras armé de la société, ou de l’individu, contre l’État est profondément anti-démocratique.

Gaz. Pal. : La démocratie participative pourrait-elle être la solution ?

B. Mathieu : En théorie, c’est une belle idée puisqu’il s’agit d’associer le peuple aux décisions. Mais en pratique, le plus souvent, ça ne marche pas car ce sont les militants, les lobbys, qui s’expriment et non pas le peuple dans son ensemble. On l’a vu à l’occasion d’une question sur la fin de vie. Qui s’est exprimé ? Les pro et les anti-euthanasie. Ce qui nous ramène à un système oligarchique dans lequel s’expriment uniquement ceux qui savent et d’où sont exclus ceux qui ne vont ni sur internet ni aux conférences citoyennes. En revanche, cette participation peut éventuellement fonctionner au niveau local.

Gaz. Pal. : Mais alors, comment remettre la démocratie sur les rails ?

B. Mathieu : Je suis globalement assez pessimiste, mais on peut quand même tenter d’imaginer des solutions. Je crois à la nécessité de l’Union européenne mais il faut clarifier ce qui relève de la compétence de l’Union et ce qui appartient aux États afin que les électeurs sachent clairement lorsqu’ils votent ce que la personne qu’ils élisent aura le pouvoir de faire concrètement. Une autre solution consiste à raviver le référendum, à condition bien sûr que la question soit dépourvue d’ambiguïté et que l’on tienne compte du résultat du vote, ce qu’on a refusé plusieurs fois de faire pour Notre-Dame-des-Landes, la Grèce, ou encore la construction européenne. À l’inverse, je ne crois pas que la pétition constitue réellement un remède en raison de son manque de transparence, ce qui nous ramène au problème de la démocratie participative et donc à l’oligarchie.

 

Propos recueillis par Olivia Dufour

Source : La gazette du palais, Olivia Dufour, Bertrand Mathieu, 12-09-2017

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Fabrice // 21.04.2019 à 08h15

Le problème du droit c’est que l’on voit qu’il n’existe plus une justice unique mais à deux vitesses (si cela a vraiment existé mais là cela devient flagrant) .

Des procédures d’urgences ou préventives pour les gilets jaunes et combien de procédures aboutis pour les fraudes, compromissions ou contre les responsables de la crise de 2008 ?

Trop c’est trop l’illusion est rompu seule la peur de ce qu’il suivrait en désordre empêche les gens de remettre l’existant en cause mais cela peut il durer longtemps ?

60 réactions et commentaires

  • Caliban // 21.04.2019 à 07h05

    Deux maux identifiés par le juriste :
    • la soumission du Droit national aux traités internationaux
    • la montée / promotion de l’individualisme

    Si le premier constat semble incontestable (et le second un peu douteux), il faudrait peut-être pousser davantage la réflexion. Et très certainement, M. Mathieu le fait-il dans son ouvrage.

    Les Traités internationaux ne sont pas de façon intrinsèque contre la démocratie, c’est leur soumission au principe d’utilité économique qui pose problème :
    • la Charte de San Francisco ne pose aucun problème du point de vue démocratie
    • contrairement au TFUE et aux traités économiques qui organisent la globalisation (l’UE paraît à ce titre avoir remplacé l’OMC)

    Et à y regarder de plus près, les « technocrates de Bruxelles » qui portent les coups les plus durs contre la démocratie / souveraineté populaire sont des juristes. Et au quotidien. C’est tout le travail de la CJUE et que décrit avec précision le Pr Alain Supiot par exemple (https://www.lemonde.fr/idees/article/2008/01/24/voila-l-economie-communiste-de-marche-par-alain-supiot_1003152_3232.html)

    Bref, la dépossession des peuples de leur démocratie me semble s’opérer par l’instrument du Droit (d’accord avec l’auteur) mais parce que le Droit est lui-même soumis à l’idéologie du principe d’utilité économique. Pour le dire vite, la croyance selon laquelle :
    • le Droit doit servir l’économie
    • et que celle-ci, libérée des « entraves » normatives, va en retour automatiquement prospérer et ruisseler sur le bon peuple

      +12

    Alerter
    • Ananymous // 21.04.2019 à 09h41

      Pas tout a fait.
      Les droits de l homme sont devenus une religion obscurantiste.
      Avec son clergé editocrate.
      Son dogme abrutissant.
      Son inquisition et ses lettres de cachet.

      Quant au principe d’utilité économique… Oui car c est la superstructure matérialiste qui rend possible le réel.
      Ceci étant dit, ces traités et lois prennent elles mêmes naissance d un sous jacent idéologique.

      Comme dirait un certain « previsionniste » que vous reconnaîtrez peut être. Le futur court/moyen terme est contraint par le « faisable » matériel. Le futur moyen/long terme est déterminé par l idéologie et le civilisationnel.

      C est triste à dire. Mais il semble que les invariants historiques existent. Le pouvoir et la doxa du moment secretent de tout temps les collabo, les opportunistes et les lâches.

      Ceci ne doit pas nous empêcher de voir les idéologies méta politiques à l oeuvre. Et qui font l histoire.

      Il est clair pour moi qu’ il y a crise globale. Matérielle et idéologique. Et que la crise à venir fera péter les politiques individualistes et de minorités victimaires.

      Les véritables questions, tout le monde le sent bien, c est quand est ce que ça va péter ? Et que viendra-t-il après ? En évitant de phantasmer un espèce d âge d or passé qui ne reviendra pas.

      Et sur ce point le travail idéologique voire spirituel est indispensable pour reconstruire un projet.

      C est là où l on comprends pourquoi toute idéologie alternative est diabolisee.
      Et c est bien là que se situe le véritable combat politique.

        +18

      Alerter
    • Patrick // 21.04.2019 à 14h09

      l’individualisme ne pose pas de problème en lui-même , ce qui pose un problème c’est que toute envie d’un individu ou d’une catégorie d’individus devient immédiatement un « droit à » . Ce n’est plus le « droit de  » mais le « droit à « .
      Dans un système sain, chaque individu a le droit de faire ce qu’il veut , mais à lui de se débrouiller dans le respect du droit ( ne pas voler, ne pas nuire aux autres ) .
      Tu as le droit d’avoir un logement , mais à toi de te débrouiller pour l’obtenir.
      Tu as le droit d’avoir des enfants , mais débrouille toi pour les faire et les éduquer.

      En général , ça calme !! ça évite les caprices et les gaspillages.

        +7

      Alerter
  • Xavier // 21.04.2019 à 07h22

    Dire le droit est un enjeu essentiel pour décider où l’on va.
    La privatisation du secteur pour sécuriser les investissements est devenue une force de lobbying qui infléchit les lois.
    Tout passe par là et c’est au fond en lien avec la détention de l’information devenue capitale.

      +7

    Alerter
  • politzer // 21.04.2019 à 07h38

    On sait, mais pas ce savant bonhomme, que le droit n est que l expression juridique de la domination de classe et que la démocratie n est démocratique que pour les classes dominantes et leurs alliées qui organisent l exploitation du travail salarié et qui s en partagent pacifiquement le produit ou qui en récupèrent des miettes.
    En ces temps d’élargissement (mondial, du moins pour le monde capitaliste ) de l exploitation qui affecte aussi de plus en plus les couches moyennes, nos petits bourgeois emportés avec leur progéniture dans le maelstrom de la société libérale découvrent avec horreur les affres du chômage de la baisse de leur pouvoir d’achat et de leur éviction du système « démocratique réservé » cf la négation du vote de 2005 . Du coup 85% des citoyens ont soutenu les revendications de Gilets jaunes ! Le cauchemar de Macron, qui se réveillera tôt ou tard mais plus tôt qu’il ne l espère avec une sévère gueule de bois !

      +15

    Alerter
  • Hervé // 21.04.2019 à 07h49

    En parallèle avec cette discussion, Je voudrais citer le livre de Muriel Fabre-Magnan, « L’institution et la liberté », qui analyse avec précision les limites de cette liberté individuelle et des pièges du conscentement par contrat. Où il est démontré que le judiciarisation de notre société est un piège dans lequel notre libre arbitre se fait enfermer.

      +4

    Alerter
  • Fabrice // 21.04.2019 à 08h15

    Le problème du droit c’est que l’on voit qu’il n’existe plus une justice unique mais à deux vitesses (si cela a vraiment existé mais là cela devient flagrant) .

    Des procédures d’urgences ou préventives pour les gilets jaunes et combien de procédures aboutis pour les fraudes, compromissions ou contre les responsables de la crise de 2008 ?

    Trop c’est trop l’illusion est rompu seule la peur de ce qu’il suivrait en désordre empêche les gens de remettre l’existant en cause mais cela peut il durer longtemps ?

      +21

    Alerter
    • Caliban // 21.04.2019 à 09h54

      Puis-je me permettre de vous faire remarquer que vous confondez Droit et Justice ?

      Que la Justice puisse être instrumentalisée ne fait guère de doute. Mais que les règles de Droit (lois, règlements, …) entrent en contradiction avec les principes démocratiques est un sujet bien plus vaste.

      D’ailleurs, si vous observez attentivement les discours du personnel politique (européistes-béa mis à part), vous remarquerez qu’il est de plus en plus question de Droit, de Constitution et de Traités.

      La Loi est au coeur des débats :
      • certains font reposer tout leur discours sur le n° des articles des traités internationaux et de la constitution française (je ne nomme personne, je crois qu’il n’est pas compliqué de retrouver de qu’il s’agit)
      • d’autres exigent la désobéissance aux Traités européens
      • et les gilets jaunes que vous évoquez se mobilisent sur le RIC (soit, de près ou de loin, sur la question constitutionnelle remise au goût du jour par Etienne Chouard)

      Toutes ces prises de position politiques ont un point commun, le rétablissement de la Loi en tant qu’expression de la volonté populaire et qui prémunit les citoyens contre l’anarchie néo-libérale faite de
      • la « loi du plus fort »
      • et du mythe de l’autorégulation des marchés, qui précisément – avec le néo-libéralisme – soumet le Droit à son profit (principe d’utilité économique, cf plus haut, https://www.les-crises.fr/le-droit-est-il-en-train-detouffer-la-democratie-par-olivia-dufour/#comment-574153)

        +13

      Alerter
  • Spélaïon // 21.04.2019 à 08h28

    La fin de vie ? En tant que pro-euthanasie, je ne me considérais pas comme oligarque ; ni comme sachant.
    Comme citoyen, peut-être ? Et aussi comme juriste, sans doute.
    Et je ne pense pas être particulièrement individualiste en disant que ma vie m’appartient.

      +4

    Alerter
    • Caliban // 21.04.2019 à 09h36

      Vous semblez ne pas avoir compris le propos.

      La CCNE organise régulièrement des débats autour de la fin de vie (https://www.ccne-ethique.fr/fr/actualites/plateforme-nationale-pour-la-recherche-sur-la-fin-de-vie-0). Les citoyens ne semblent pas saisir en masse l’opportunité pour s’exprimer, seules les associations qui militent soit pour le développement des soins palliatifs soit pour la légalisation de l’euthanasie se mobilisent.

      M. Matthieu évoque ce cas à titre d’exemple et y voit une des limites de la « démocratie participative ». Il ne qualifie pas d’oligarques ou d’individualistes les personnes qui s’intéressent au sujet, cela n’aurait pas de sens.

        +8

      Alerter
      • Spélaïon // 21.04.2019 à 10h56

        Il est tout-à-fait exact que les citoyens ne saisissent pas en masse l’opportunité pour s’exprimer. Ils seraient pourtant 95% favorables à l’euthanasie. La voila bien, la crise de la démocratie. Une impasse ?
        Certains sont persuadés que le referendum d’initiative citoyenne va nous ramener la peine de mort.
        Si seules les associations se mobilisent, ce n’est pas de leur faute. Elles ne prennent la place de personne, puisqu’il n’y a personne.

          +2

        Alerter
      • Caliban // 21.04.2019 à 14h42

        « Ils seraient pourtant 95% favorables à l’euthanasie. »

        Attention à vos affirmations, vous pourriez donner l’impression que la question :
        • est simple
        • et que si l’euthanasie n’est pas légalisée en France, c’est un déni de démocratie

        Vous devriez « tiquer » un peu lorsqu’il y a un tel consensus. 95% ce n’est pas crédible sur ce genre de question. Il y a un biais dans ce sondage, organisé par une association qui justement milite pour la légalisation de l’euthanasie (https://www.admd.net/articles/sondages/sondage-ifop-95-des-francais-favorables-au-droit-leuthanasie.html). Par exemple, elle ne pose pas la question du développement des Soins palliatifs et donc propose à la personne sondée cette alternative terrible :
        • préférez-vous souffrir comme un chien
        • ou bien être euthanasié pour abréger les souffrances

        Pour complexifier le débat – c’est-à-dire lui rendre justice – il est indispensable de se tenir informé et de bien définir les termes : https://www.aspfondatrice.org/conseil-detat-defavorable-a-la-legalisation-de-leuthanasie-et-le-suicide-assiste/

          +6

        Alerter
        • Spélaïon // 21.04.2019 à 19h04

          Mon cher Caliban,
          Une fois de plus, vous avez tout à fait raison : La question est plus que simple ; elle est inexistante. L’euthanasie est un droit bafoué (par la religion, par le pouvoir, par le mandarinat et par un certain laisser-aller français teinté d’anarchisme mais bien plus encore [hélas !] de renoncement).
          C’est effectivement un déni de démocratie que de ne pas légaliser l’euthanasie.
          Dans les années 1950, on mourrait chez soi et l’euthanasie se pratiquait – discrètement, bien entendu. Pourquoi diable meurt-on à l’hosto aujourd’hui ?
          Au début des années 1960, la télévision française et son émission-phare « Cinq colonnes à la Une » a dû renoncer à traiter l’euthanasie, suite à une censure ignoble. Le sujet précédent « La prostitution » avait pourtant bel et bien été envoyé sur les ondes.
          Au sujet de l’alternative laissée aux citoyens, vous êtes bien mal informé.
          Une association « Mouvement Libre Choix » lui laisse celui :
          – de l’euthanasie (ou du suicide assisté) ;
          – de s’acharner à survivre ;
          – ou de choisir les soins palliatifs (qui ne sont donc pas considérés comme des ennemis).
          Un choix ternaire, donc.
          Je n’ai pas le sentiment de militer en écrivant cela ; tout au plus celui d’enfoncer une porte ouverte.
          Le temps des débats est révolu.

            +2

          Alerter
          • Wakizashi // 22.04.2019 à 12h25

            « Le temps des débats est révolu. »

            Je vais me faire l’avocat du diable, mais restreindre le débat sur l’euthanasie à une opposition entre gens honnêtes d’un côté et idéologues ou religieux en face est assez binaire pour le coup. Il y a quand-même quelques réticences à l’euthanasie qui méritent d’être discutées. Il me semble que l’argument principal est le danger des abus, et on peut légitimement se demander où s’arrête l’euthanasie et où commence le permis de tuer. Vous savez, pour toucher l’héritage de la vieille grand-mère casse-couilles par exemple.

            De même, c’est une chose de débrancher quelqu’un (acte « passif » si je puis dire, pour des patients artificiellement maintenus en vie), c’en est une autre de faire absorber une substance qui tue. Est-ce qu’on se limite au « débranchement », ou est-ce qu’on fait les deux ? Et que fait-on pour les patients qui ne peuvent pas s’exprimer (en général parce qu’ils sont inconscients) ? Ou pour ceux qui sont manifestement incohérents, irrationnels, bref ceux qui ont perdu les pédales ?

            Non, vraiment, prétendre qu’il n’y a pas débat est au minimum très osé…

              +3

            Alerter
            • Spélaïon // 23.04.2019 à 19h49

              En fait le débat a déjà eu lieu. Au sein des associations militantes pour l’euthanasie et le suicide assisté. Ce ne fut pas un débat « grand public », hélas.
              Tout le monde est pour. Pas 95% ; tout le monde. Comment être contre, à moins d’être idéologue religieux, comme vous dites ?
              Quant aux dérives possibles, il n’y a qu’à voir dans les pays du Nord, où l’euthanasie fonctionne depuis quelque vingt ans. Qu’on me cite une seule dérive !
              Il est vrai que ces pays sont démocratiques, à l’opposé de la France.
              Et nous voici revenu au thème de ce débat : le droit contre la démocratie. Sauf que là il s’agit de lois scélérates.

                +0

              Alerter
            • Wakizashi // 24.04.2019 à 07h33

              « En fait le débat a déjà eu lieu. Au sein des associations militantes pour l’euthanasie et le suicide assisté. »

              Ah, le débat a déjà eu lieu entre gens qui sont tous d’accords… et vous dites que tout ces gens sont du même avis ? Sans blague, ça m’étonne…

              Et si on faisait un grand débat sur l’interdiction de la chasse au sein des fédérations de chasseurs, vous pensez qu’ils seront nombreux à être pour ?

                +0

              Alerter
            • Spélaïon // 24.04.2019 à 09h26

              Tous d’accord ? Sûrement pas. Ce sont des gens ouverts, qui s’intéressent à la chose.
              À la différence du vulgus pecus qui l’ignore, en attendant que ça lui tombe dessus.

                +0

              Alerter
            • Wakizashi // 24.04.2019 à 11h04

              Il faudrait savoir : hier soir, « tout le monde est pour », ce matin, « Tous d’accord ? Sûrement pas. »

              Globalement vous semblez confondre opinion et vérité en fait. En la matière comme dans tous les débats éthiques en général (qui vont se multiplier avec la croissance technologique), il n’y a pas de vérité révélée. On fait ce qu’on peut face à deux options contradictoires, on essaye en conscience de trouver un équilibre le plus juste possible.

              Quand quelqu’un arrive en mode binaire (bourrin) comme vous le faites dans ce genre de débat sensible, avec le camp du bien d’un côté et le camp du mal de l’autre, comme si justement il y avait une vérité évidente qui crève les yeux et à laquelle tout le monde devait se rallier, la seule chose que cette personne obtient est le conflit ouvert ou la fuite des contradicteurs.

              Bref, aucun effet positif : si vous voulez convaincre vos contradicteurs, stratégiquement vous faites fausse route. Sans compter qu’en ce qui me concerne, je n’ai pas d’avis arrêté sur la question… Ce n’est pas comme si vous étiez face à quelqu’un du « camp d’en face ».

              La seule question que j’ai envie de vous poser est donc : est-ce que vous admettez la POSSIBILITE que des abus aient lieu en cas de légalisation de l’euthanasie ?

                +0

              Alerter
        • Caliban // 21.04.2019 à 22h37

          « Le temps des débats est révolu. »

          Vous croyez donc réellement que 95% des Français sont favorables à ce que l’on donne volontairement la mort à un malade ? Rien ne vous met la puce à l’oreille lorsque vous lisez un tel chiffre ?

          Pour être précis voici la question posée pour (volontairement) obtenir un tel résultat :

          « Certaines personnes souffrant de maladies insupportables et incurables demandent parfois aux médecins une euthanasie, c’est-à-dire qu’on mette fin à leur vie, sans souffrance. Selon vous, la loi française devrait-elle autoriser les médecins à mettre fin, sans souffrance, à la vie de ces personnes atteintes de maladies insupportables et incurables si elles le demandent ? »

          3 réponses au choix :
          • Oui absolument = 52%
          • Dans certains cas = 43%
          • Non = 5%

          Et hop ! Question habilement formulée pour rendre la réponse « Non » absurde / inhumaine puis on additionne les deux autres choix pour obtenir 95%.

          Pas la peine non plus d’épiloguer sur la fiabilité d’un tel sondage … des cases à cocher pour un sujet qui de toute évidence nous concerne tous dans notre intimité…

          Et inutile également de voir ce que donne la légalisation de l’euthanasie à l’étranger …

          Enfin, si le débat est clos pour vous,
          • rien ne sert de questionner les énigmatiques « maladie insupportable » de la question et « dans certains cas » de la réponse,
          • ni de demander ce qu’en pense le corps médical en charge de pratiquer le geste ultime sur leur patient.

          J’admire les personnes qui ont des raisonnements si simples qu’on se demande à la fin où il est passé … le raisonnement 🙂

            +5

          Alerter
          • Spélaïon // 22.04.2019 à 09h51

            « Ce sujet nous concerne tous dans notre intimité ».
            Dès lors, pourquoi l’État et la loi s’en mêlent-ils ? Nous avons une controverse juridique, me semble-t-il…
            Le corps médical aura à faire face à l’euthanasie comme il a eu à faire face à l’avortement (clause de conscience).
            Mais on pourrait se passer du corps médical. C’est le cas en Suisse, où ce sont des bénévoles qui fournissent la substance létale que le « suicidanr » absorbe. Voir le très beau film « Le choix de Jean » vraisemblablement disponible sur internet.
            Les résultats de la législation de l’euthanasie à l’étranger sont exemplaires. Aucune dérive.

              +1

            Alerter
            • Véro // 23.04.2019 à 20h32

              aucune dérive ? Comment le savoir ?
              Les débats sur le sujet sont loin d’être clos.
              De nombreuses personnes ne sont pas favorables à l’euthanasie sans être des idéologues ou des extrémistes religieux.
              Les risques d’abus existent. Pour diverses raisons.
              Et sur ce sujet il faut être particulièrement prudent.

                +0

              Alerter
            • Spélaïon // 24.04.2019 à 09h21

              Grâce à la Belgique, aux Pays-Bas, au Luxembourg, à la Confédération Helvétique et à quelques autres, nous avons quelque vingt années de recul et pouvons ainsi constater l’inexistence de quelque dérive que ce soit. N’est-ce pas suffisant ?

                +0

              Alerter
            • Caliban // 24.04.2019 à 09h49

              Un exemple parmi d’autres (https://www.alliancevita.org/2017/06/euthanasie-en-belgique-bilan-de-15-ans-de-pratique/)
              « La loi belge n’exige pas que la personne soit en phase terminale d’une maladie grave et incurable, objectivement évaluée par le corps médical. Pour les médecins concernés comme pour la Commission nationale de contrôle, la perception subjective de la souffrance devient donc progressivement le seul critère pris en compte. Ce qui laisse la porte ouverte à des interprétations de plus en plus larges et des dérives choquantes, au nom du respect de l’autonomie individuelle. »

              Sans exprimer une opinion (rien ne nous oblige à en avoir, hein) : c’est SOUS VOS YEUX. La légalisation de l’euthanasie
              • pose des problèmes de conscience (comment pourrait-il en être autrement ?!)
              • le débat est loin d’être clos
              • des dérives existent

              Votre propos n’est peut-être pas l’objectivité des échanges mais d’asséner vos certitudes aux autres. Dommage collatéral assez typique de l’opinion reine … 😯

                +0

              Alerter
            • Spélaïon // 24.04.2019 à 10h06

              Mon propos est d’extérioriser le débat qui a déjà eu lieu en divers comités OUVERTS.
              Il serait temps que le grand public s’en mêle.
              La loi belge me convient ; ses critères seront sans doute rapidement élargis.
              Quant à mes certitudes, j’ai fini par les acquérir peu à peu, mais je ne déteste pas les confronter à celles des autres.

                +0

              Alerter
            • Caliban // 24.04.2019 à 11h12

              « Il serait temps que le grand public s’en mêle. »
              Ben, je croyais le débat clos ?

              « Mon propos est d’extérioriser le débat »
              En commettant dès le départ un hors-sujet vis à vis de l’article proposé ? C’était donc volontaire et non pas une mauvaise compréhension de lecture ?

              Votre opinion ne regarde que vous, et d’ailleurs vous êtes le seul ici à vous complaire dans sa répétition militante …

                +0

              Alerter
          • Caliban // 23.04.2019 à 10h26

            « Ils seraient pourtant 95% favorables à l’euthanasie. »
            « Le temps des débats est révolu »
            « Aucune dérive. »

            … et à part ça « Je n’ai pas le sentiment de militer en écrivant cela » 😉

              +0

            Alerter
  • weilan // 21.04.2019 à 08h35

     » Cette conception quasi religieuse des droits de l’Homme aboutit à limiter la liberté d’expression, pourtant indispensable à la démocratie. Les lois mémorielles, la pénalisation de certaines opinions, la pression du politiquement correct constituent une nouvelle forme de censure qui, sous couvert de protéger les droits fondamentaux, ne fait que conforter l’idéologie d’une élite intellectuelle et politique auto-proclamée. Les droits de l’Homme dont l’objectif à l’origine consiste à protéger les individus contre l’État sont devenus un outil d’un totalitarisme d’autant plus dangereux qu’il s’insinue progressivement sous la forme d’une police de la pensée. »
    L’essentiel est dit et bien dit.
    Encore faut-il noter que la France est championne toutes catégories des lois mémorielles, du politiquement correct et de la pénalisation de certaines opinions jugées non conformes. La « patrie des droits de l’homme » vraiment ?

      +16

    Alerter
  • jo // 21.04.2019 à 08h50

    LE  » même phénomène peut être observé au niveau national avec des associations diverses, notamment les féministes intégristes, qui, elles aussi, imposent des lois en dehors du cadre démocratique. »

      +7

    Alerter
  • jmathon // 21.04.2019 à 09h14

    Une application laïque (comprendre démocratique) du principe de subsidiarité répond, me semble-t-il, à l’apparente contradiction évoquée dans l’article.
    La première question devient alors possiblement « Qui connaît ce principe ? ». Les réponses à cette question peuvent alors devenir des pistes… (r)évolutionnaires.
    Peut-être qu’une autre expression pour l’évoquer serait de nature à le faire mieux connaître ?
    Des idées ?
    Il y aurait bien « Liberté, Égalité, Fraternité » mais je crains que cette expression ait été quelque peu dévoyée.
    « Autonomie, Équité, Solidarité » est ma première contribution.

    Mais tout cela n’est-il pas que la compréhension de ce que « responsabilité » signifie appliqué du champ personnel jusqu’au champ social ?
    Et là, la partie devient plus difficile car il conviendrait d’en finir avec les petits « arrangements » que nous faisons entre nous (ce nous étant multiple et varié) mais peut-être surtout d’abord avec nous même.

      +0

    Alerter
  • Fritz // 21.04.2019 à 09h36

    « Or, contrairement à une idée reçue, ce droit [européen] n’est pas produit démocratiquement ­» (B. Mathieu).

    En effet : il n’y a pas de séparation des pouvoirs au niveau de la Commission européenne. C’était l’un des deux motifs fondamentaux d’irrecevabilité du Traité de Maastricht, irrecevabilité défendue par Philippe Séguin devant l’Assemblée nationale, le 5 mai 1992. Il ajoutait : « Aucune assemblée ne peut déléguer un pouvoir qu’elle n’exerce qu’au nom du peuple ».
    Si nos députés étaient attachés à la démocratie, ils auraient voté l’irrecevabilité, et nous serions libérés du droit supranational.

      +13

    Alerter
  • jmk011 // 21.04.2019 à 09h45

    Même dans la devise de notre République la contradiction est là : trop de liberté tue l’egalité (traités européens, système capitaliste en général, renard libre dans le poulailler libre) et inversement trop d’égalité tue la liberté (système soviétique). Et actuellement c’est le trop de liberté qui domine dans les pays occidentaux, cf. la phrase de Juncker à propos de la supériorité des traités par rapport aux désirs des peuples.
    Tous les pays ont besoin à la fois de liberté et d’égalité, c’est la grande contradiction qu’il convient de résoudre aujourd’hui. Et ce n’est pas en restant dans l’UE « pour la changer de l’interieur » que l’on pourra résoudre le problème.

      +8

    Alerter
    • Patrick // 21.04.2019 à 13h49

      Egalité signifie égalité de tous devant la loi , pas plus.
      Cela n’a rien à voir avec l’égalitarisme qui règne actuellement.
      Si les hommes sont libres alors ils ne sont pas égaux. Si ils sont égaux alors c’est qu’ils ne sont pas libres.

        +3

      Alerter
      • jmk011 // 21.04.2019 à 14h07

        C’est exactement ce que j’ai dit, en tout cas ce que j’ai voulu dire.

          +1

        Alerter
  • Fritz // 21.04.2019 à 09h50

    Pourquoi avez-vous effacé mon commentaire de 9h 36 ?

      +4

    Alerter
  • RGT // 21.04.2019 à 10h01

    « Le droit est-il en train d’étouffer la démocratie ?  »

    Oui, et depuis le début de l’invention des « tables de la Loi ».

    Pensez-vous sincèrement que ceux qui ont le privilège de dicter les lois vont se gêner pour ne pas faire passer en priorité celles qui les favoriseront vis à vis de la masse grouillante des cafards moins que rien ?

    Toute loi, pour être LÉGITIME devrait être approuvée par au moins 90% de la population…
    Certes, certains me répliqueront qu’il serait alors difficile de faire fonctionner l’appareil législatif.
    Mais quelle est donc l’utilité d’une pléthore de lois obscures dans lesquelles les délinquants (surtout en col blanc) peuvent aller puiser pour trouver l’article d’exception qui contredit une autre loi plus généraliste et leur permet de passer entre les gouttes ?

    Il faudrait revenir à l’essentiel, un nombre minimum de lois, associé à une utilisation plus que parcimonieuse de la jurisprudence, qui devrait être prise en compte dans la modification des lois à condition de ne pas alourdir ce système et le transformer en mammouth bien gras comme c’est le cas actuellement.

    Finalement, « tu ne tueras pas », « tu ne volera pas », « tu n’arnaqueras pas », « tu ne feras pas bosser les autres pour des prunes », « tu n’abuseras pas de ton pouvoir pour contraindre les autres », « tu ne feras pas chier les autres », « tu ne dégraderas pas le bien commun » me semble un bon début.
    Ces 7 articles sont suffisants pour couvrir 99,99% des cas de litiges.
    Et tout le monde pourrait les comprendre et les appliquer à l’exception des 0,01% qui sont actuellement au dessus des lois.

      +5

    Alerter
    • Patrick // 21.04.2019 à 13h51

      eh oui !! 10 règles écrites sur 2 tablettes.
      Il suffit d’aller sur Legifrance.fr pour se rendre compte du désastre. Les sociétés finissent toujours par s’effondrer à cause de leur complexité, on va finir par y arriver.

        +3

      Alerter
  • chr bernard // 21.04.2019 à 10h11

    Je suis juriste de profession (et même, magistrat !) et je partage en tout point les opinions de Monsieur Mathieu.
    La genèse des règles juridiques n’a plus rien de démocratique, en ce sens qu’un nombre considérable de règles auxquelles nous sommes soumis procèdent de la mise en oeuvre de « grands principes’.
    Ceux-ci sont déterminés par la Convention Européenne des droits de l’Homme ou le Traité de fonctionnement de l’Union Européenne ; or ces grands principes sont tellement vagues et flous (droit au procès équitable, libre circulation, liberté religieuse..) que la règle juridique réelle (celle qui a un contenu concret) est créée par les juges qui doivent l’appliquer (qui plus est, des juridictions supranationales, composées de magistrats ‘hors-sol’, surpayés et sous taxés..)

      +12

    Alerter
    • Caliban // 21.04.2019 à 14h51

      Merci pour votre point de vue informé.

      Ne pensez-vous pas, qu’en plus des problèmes démocratiques que pose le principe de supra-nationalité, il n’y a pas plus globalement (c’est à dire quelque soit la région du monde considérée) et plus profondément une soumission du Droit au prétendues « lois du marché ».

      Alors que dans la théorie libérale classique la loi est hétéronome, elle est devenue avec l’ultra-libéralisme un produit de spéculation. On parle de « law-shopping », avec des effets concrets et délétères pour la vie de la Cité, par exemple :
      • l’expansion des domaines couverts par les tribunaux d’arbitrage (privatisation de la Justice)
      • la possibilité pour les firmes de choisir le Droit le moins coûteux (optimisation fiscale, paradis fiscaux …)

        +2

      Alerter
      • chr bernard // 21.04.2019 à 15h08

        @Caliban : certes le droit actuel, dans sa teneur, est marqué par l’idée que l’économie est une science et qu’elle donne le « la » ; de manière plus générale, le droit est toujours le fruit d’un rapport de force.
        Cependant, si la genèse du droit (sans parler ici de son contenu) est truquée, il n’y aucune chance que le rapport de force soit favorable à une majorité populaire (plutôt qu’aux ploutocrates qui nous gouvernent actuellement) et qu’on se débarrasse de ce fantasme qui veut que l’économie doive dicter la loi, sa loi…
        Les grands principes (et en particulier l’Europe et son allié de charme, le droit-de-l’hommisme) sont un biais faisant découler le droit non plus d’un débat politique (l’Europe des traités a tué le Politique — dans le sens le plus noble du terme, bien sûr, car la politicaille ne rêve que de terminer sa carrière au parlement européen, véritable cimetières des éléphants) mais des lois du marché que vous citez opportunément.

          +3

        Alerter
  • Bèbert le Fou // 21.04.2019 à 10h26

    La critique des droits de l’homme de Bertrand Mathieu me fait un peu penser à celle de Marx. Pour ce dernier, les droits et les libertés individuelles des démocraties bourgeoises ne seraient qu’illusoires, vides de signification et purement formelles. « Les droits de l’homme par opposition aux droits du citoyen, ne sont rien d’autre que les droits du membre de la société bourgeoise, c’est-à-dire de l’homme égoïste, de l’homme séparé de l’homme et de la collectivité. » Dans un système libéral, chaque avancée des « droits de l’homme » se paie par une autre aliénation. Ainsi, les femmes ne se sont libérées du patriarcat que pour tomber dans le piège de la mode.
    Par ailleurs, je comprends mal son soutien à l’Europe alors que sa critique de l’Europe, réellement existante, est radicale : 80% des lois sont faites par des oligarchies juridictionnelles (notamment la Cour européenne des droits de l’Homme), économiques ou financières dépourvues de légitimité démocratique. Pourquoi continue-t-il à soutenir ce truc du Diable ? Ou alors, il faudrait qu’il nous dise ce qu’il entend par Europe. Peut-être est-ce dans le livre ?
    Je pense qu’il a raison d’être pessimiste.

      +3

    Alerter
    • Patrick // 21.04.2019 à 13h54

      « Ainsi, les femmes ne se sont libérées du patriarcat que pour tomber dans le piège de la mode  » ????
      ça n’a rien à voir avec un système libéral , la preuve ça existe dans notre société sociale-démocrate bien éloignée d’un système libéral, à la fois sur le plan de la politique ( de l’état !! toujours de l’état ) et sur le plan économique ( des dépenses, des dettes , des subventions !!! )

        +3

      Alerter
  • rama // 21.04.2019 à 11h06

    D’accord et pas d’accord avec l’auteur du texte.
    Sur la place du droit international dans notre droit. C’est exact que de plus en plus de normes proviennent de sources supranationales. Cependant, la France est libre de ratifier comme de dénoncer les traités internationaux. Actuellement, il y a une controverse devant les prud’hommes pour savoir si le plafonnement des indemnités de licenciement illégitime instauré en 2017 est conforme à la convention 158 de l’OIT. Le medef s’était prononcé, de longue date, pour une dénonciation par la France de cette convention. C’est long,mais possible.
    Le même raisonnement est fait par les partisans de la dénonciation des traités européens.
    Donc le droit international, c’est comme le cholestérol : il y le bon et le mauvais, et la France peut le choisir. C’est un choix de politique nationale, et c’est pourquoi l’élection européenne est importante.
    Concernant le rôle du juge, pas d’accord avec l’auteur. Le problème principal n’est pas selon moi le pouvoir trop grand d’interprétation du juge (on ne peut plus concevoir un juge comme une simple bouche de la loi), mais au contraire son musellement et son instrumentalisation par le pouvoir politique, comme l’a montré l’affaire Fillon. A ce titre, la CEDH pousse les pays à garantir une justice indépendante du pouvoir politique.

      +3

    Alerter
    • chr bernard // 21.04.2019 à 15h18

      « .. cependant la France est libre de ratifier comme de dénoncer les traités… »

      C’est quoi, c’est qui « la France » ?
      Votre réflexion me fait penser à la réponse des Eurocrates, chaque fois qu’on critique la Commission, les directives… ; cette réponse consiste à dire que c’est le conseil des ministres qui valide la politique dénoncée, donc les États, pas les institutions européennes.

      Mais, je répète : c’est quoi, c’est qui les États ?
      La genèse antidémocratique du droit a déjà fait son œuvre (lentement, sournoisement : depuis les arrêts Van Gendt de la CJUE jusqu’au TFUE) aux profits de tous ceux qui (dans les Etats) ont intérêt à voir ce droit et cette société dominer la démocratie ; le droit est déjà soumis à ces normes et ne pas les respecter est donc devenu illégal.

      Quant à dénoncer les traités, demandez donc aux Grecs, aux Italiens et aux anglais ce qu’ils en pensent : les Etats ont déjà été éviscérés et privés de leurs nerfs, surtout ceux qui sont dans l’Euro… cela revient à s’agiter pendu par le cou à un noeud coulant.

      Bref votre réflexion est assez théorique.

        +3

      Alerter
      • rama // 21.04.2019 à 16h22

        La France en temps que personne juridique de droit international. Le gouvernement grec a choisi, contre son peuple de rester dans l’euro. Il faut juste bien choisir ses représentants.
        De toute façon, l’euro va s’effondrer comme un château de carte.

          +2

        Alerter
  • Jourdain // 21.04.2019 à 11h41

    Les droits tels qu’ils sont interprétés font prévaloir jusqu’à l’absurde la primauté de l’individu sur le collectif  » Vrai, mais ce n’est pas n’importe quel individu ! Soit c’est le représentant d’une minorité.. non représentative, soutenu par les partis anti républicains LRPS, et là il n’y a pas de contre pouvoir du juge et de la Justice, souvent d’accord avec les politiques, soit ce sont des sujets peu sensibles politiquement, et là il peut y avoir contre pouvoir des juges et de la Justice. On est tous baisés à la fin, et la démocratie encore plus !
     »

    en résumé, soit la Justice prend parti pour les minorités décadentes, avec la complicité des politiques, soit quand elle va à l’encontre des politiques, mais ce n’est pâs sur des sujets graves et sensibles souvent, j’ai remarqué. En tout cas ce n’est pas normal !

      +3

    Alerter
  • arturo // 21.04.2019 à 11h47

    « ça ne marche pas car ce sont les militants, les lobbys, qui s’expriment et non pas le peuple dans son ensemble »
    solution: tirage au sort

      +2

    Alerter
  • Julien // 21.04.2019 à 12h20

    Pourquoi à chaque fois les personnes interrogées sur un sujet en lien avec l’Europe se sentent obligées de se justifier constamment « mais je suis pour l’Europe hein … » Beh oui si il avait dit je suis contre cette Europe il aurait été étiqueté de fasciste ou europhobe et se ferai démonter. Donc oui notre démocratie n’en est plus une et le délit d’opinion est devenu la règle. Personnellement je ne suis Ni fasciste ni nationnaliste mais qui ici peu dire ce que l’Europe nous a apporté de positif ? Réponse rien. Et cela va empirer avec le temps et des mecs comme macron au pouvoir.

      +7

    Alerter
    • Fritz // 21.04.2019 à 12h38

      A ces esprits timorés, on peut rappeler que les nazis et les collaborateurs se réclamaient hautement de « l’Europe », du « nouvel ordre européen », etc.
      Et nul ne peut suspecter la sincérité de ces européens convaincus. Pierre Laval en faisait partie.

        +5

      Alerter
  • Le Rouméliote // 21.04.2019 à 12h22

    « Ce droit n’est pas produit démocratiquement ». Tout est dit ! C’est toujours pareil en dictature : où était le Conseil d’État quand Vichy a imposé l’étoile jaune ? La Cour Suprême d’Afrique du Sud a bien validé l’apartheid, ce me semble…
    Il faut donc bien sortir de la dictature européenne par un frexit dur !

      +1

    Alerter
    • Fritz // 21.04.2019 à 15h44

      Ce n’est pas Vichy qui a imposé le port de l’étoile jaune. Ce sont les Allemands.

        +6

      Alerter
      • astap66 // 21.04.2019 à 18h47

        Oui, mais Vichy a mis ses préfets et sa police au service des allemands. Il faut lire « Industriels et Banquiers sous l’occupation », d’Annie Lacroix-Riz, ou « La justice déshonorée », de Virginie Sansico.
        Cette dernière, dans son ouvrage, a montré les continuités entre les pratiques d’une magistrature bourgeoise, hantée par le « maintien de l’ordre » contre les ouvriers organisés, depuis les « lois scélérates » contre les « anarchistes » de 1893-1894, sous la IIIe République (que la jurisprudence de la Cour de Cassation a étendue aux communistes puisqu’ils pronaient « le dépérissement de l’Etat »), et celles qu’elle adoptera ensuite sous le Régime de Vichy.
        Théorie et pratique du droit, entre la République des décrets-lois Daladier et la « drôle de guerre », ont fait plus qu’annoncer Vichy. Ils l’ont rendu possible.
        Les juifs, qui venaient de toute l’Europe se réfugier en France, c’étaient les « migrants » d’aujourd’hui. Ils étaient, même avant guerre, l’objet de nombreuses poursuites (faux papier, séjour irrégulier…).
        En fait, après l’occupation, les poursuites contre les juifs et les communistes n’ont pas constitué une rupture, mais une continuité.
        Le premier ministre de la justice de Pétain était ainsi l’un des plus éminents juristes universitaire, spécialiste du droit constitutionnel, Joseph Barthelemy.

          +4

        Alerter
      • Jérôme // 21.04.2019 à 19h23

        Certes, mais le statut des juifs, c’est bien un acte librement pris par le gouvernement de Vichy et validé par le conseil d’Etat.

          +1

        Alerter
  • Karim Wilmotte // 21.04.2019 à 13h27

    Et c’est le non respect du droit, et des droits de l’Homme, qui permet (de tenter) d’écraser les Gillets Jaunes.

    Problème, cela va à l’encontre de la position du monsieur. C’est du cherring picking. On a donc ici une énième figure obscurantiste.

    C’est gens préparent les outils intellectuels qui font les Orban et Le Pen. Soit, la continuation du néo-libéralisme en feignant de s’occuper du peuple via une AUTRE politique des valeurs (mais ici, des valeurs « traditionnelles »).

    Les Valeurs de l’Ordre et de la Tradition (largement inventée) contre les Valeurs du Progrès et de l’Ouverture. Mais surtout, surtout, éviter de discuter de POLITIQUES CONCRÈTES, des conséquences précises, des conflits qui traversent la société.

      +0

    Alerter
    • chr bernard // 21.04.2019 à 15h09

      … ne pas confondre droits de l’homme avec abus des droits de l’homme…

        +5

      Alerter
    • Alfred // 21.04.2019 à 17h41

      Les « valeurs », les uns et les autres (les gentils et les méchants) s’assoient dessus comme ça les arrange car c’est mou, flasque et confortable. Les principes par contre c’est invariable, dur et contondant. C’est par ce que c’est efficace que ce n’est plus du tout à la mode. (Mais certains appliquent des principes comme d’autres font de la prose: sans le savoir).

        +4

      Alerter
  • astap66 // 21.04.2019 à 14h11

    « Dans la production sociale de leur existence, les hommes nouent des rapports déterminés, nécessaires, indépendants de leur volonté ; ces rapports de production correspondent à un degré donné du développement de leurs forces productives matérielles. L’ensemble de ces rapports forme la structure économique de la société, la fondation réelle sur laquelle s’élève un édifice juridique et politique, et à quoi répondent des formes déterminées de la conscience sociale. Le mode de production de la vie matérielle domine en général le développement de la vie sociale, politique et intellectuelle. Ce n’est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, c’est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience (…)  » (Marx, dans sa préface à sa contribution à la critique de l’Economie Politique)
    L’édifice juridique des droits de l’homme est donc au service d’un mode de production, le mode de production capitaliste. Il se heurte à une contradiction: la nécessité de domestiquer le force de travail, de s’accaparer les ressources, de maintenir en conséquence un « ordre social » qui nie les droits humains (droit à la vie, à un emploi, à la santé, à la liberté) des classes dominées et exploitées. Et cette contradiction ne pourra être dépassée que par la supression de ce rapport d’exploitation capitaliste. Seule condition d’une liberté effective de tous.

      +4

    Alerter
  • Louis Robert // 21.04.2019 à 14h31

    Le droit sans la justice, c’est l’asservIssement et l’oppression légaliste à la dérive que nous connaissons, dissimulés sous l’arrogance hautaine, méprisante, de cette toge ridicule, ornée de vaines décorations.

      +2

    Alerter
  • jifising // 21.04.2019 à 17h47

    Quels sont les exemples a l’appui de l’inflation des droits individuels ? …Rien d’evident pour etayer cette hypothese.

    On percoit plutot un empilement heterogene de minorites qui rappelent inlassablement a l’attention l’exercice de droits fondamentaux, voire moraux a leur egard (egalite, justice, dignite, tolerance…). Cela sans toujours s’inquieter des consequences et des empietement eventuels sur les droits correlatifs d’autres collectifs.

    On continue d’accumuler par ailleurs une profusion de lois nationales et supra-nationales dont la coherence et la pertinence sont indechiffrables pour tous les citoyens et meme pour leurs representants elus democratiquement.

    Quant a la technocratie, accusee de tous les maux, elle commence souvent au quartier, au village, pas a Bruxelles.

    S’il y a faillite sociale ou democratique, ne faudrait-il pas renforcer l’education citoyenne aux principes du droit et refrener la compulsion des machines parlementaires a produire toujours plus de lois ?

    On oublie enfin que le droit individuel est d’essence negative : il consiste a etre protege contre l’invasion des « droits » de groupes ou d’organisations (parti,associations, etats…) qui useraient de positions dominantes, de pretextes moraux, voire de contrainte pour s’imposer a tous comme des absolus.

    En cela, le droit individuel ne sera jamais assez defendu.

      +2

    Alerter
  • RMM // 22.04.2019 à 21h51

    « Et le paradoxe final, on le voit bien avec l’Islam politique, c’est qu’une communauté peut mettre en cause la conception même des droits de l’Homme. »
    Les mettre en cause pour mieux – s’en servir, comme l’avait si bien compris et
    énoncé si clairement le Frère musulman Youssef al-Qaradâwî:
    « Avec vos lois démocratiques, nous vous coloniserons.
    Avec nos lois coraniques, nous vous dominerons. »
    Et Hamdane Ammar aussi:
    « Les occidentaux n’ont d’yeux que pour l’islam qui leur a imposé son agenda, alors tous ceux qui veulent s’en libérer doivent changer de fusil d’épaule et ne plus faire confiance aux champions des droits de l’homme qui les mènent en bateau
    pour mieux préparer leur égorgement. »
    Mais qui écoute? Quel leader occidental entend ces avertissements? Ou ceux d’Alexandre Bortinikov (chef de la Sureté russe) au sujet des 1,500 combattants de Daesh désormais de retour dans leurs pays d’origine en Europe?
    http://www.interfax-religion.com/?act=news&div=15059
    Personne n’écoute. Tous suicidaires…

      +0

    Alerter
  • Blabla // 26.04.2019 à 12h51

    Nous sommes dans le paradoxe de la femme battue :

    à chaque mauvais coup, on se plaint du manque de démocratie dû à l’invasion des traités de l’UE ultralibéraux et des conventions droitsdelhommistes dans notre droit ou de la connivence entre nos dirigeants, la finance apatride et les médias de plus en plus abrutissants (ensemble qui a le culot de se désigner sous le nom d' »élite ») …. pour affirmer son attachement à la Construction Européenne (ce qui fait un chantier de quelques décennies sans aboutir : visent-ils à battre les 107 ans de Notre Dame de Paris?) et aux saints Droits de l’Homme!

    Et qu’advient-il? Comme une femme battue se plaignant mais refusant de quitter son bourreau (tout en réclamant « qu’il change »), la situation se dégrade inexorablement, jusqu’à la mort si l’on ne change pas!

    La pauvreté, les conflits internes (sociaux, religieux, sociétaux, politiques) et même le recul de la technologie se poursuivront tant qu’on n’osera pas dire qu’il faut s’en séparer

      +0

    Alerter
  • Afficher tous les commentaires

Les commentaires sont fermés.

Et recevez nos publications