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1.avril.20191.4.2019 // Les Crises

L’avenir de notre politique répressive mondiale. Par Graham E. Fuller

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Source : Graham E. Fuller, 29-01-2019

Lorsque l’on regarde la scène mondiale, les perspectives des sociétés démocratiques semblent de plus en plus sombres (j’éviterai ici une discussion complexe sur les définitions du terme « démocratique », simplement pour constater le large éventail de démocraties qui existent, chacune à sa manière). Toutefois, plusieurs facteurs clés conduisent presque tous les pays – certains plus rapidement que d’autres – vers l’État de surveillance et le renforcement des contrôles nationaux – suffisamment pour que la tendance générale paraisse claire, ce qui est inquiétant.

La première raison de cette tendance est simplement parce qu’elle est possible.

La technologie est la principale force qui facilite et alimente l’émergence et la longévité des régimes autoritaires. La capacité d’écouter et d’enregistrer les appels téléphoniques est bien sûr la technologie de votre grand-père. Mais ces dernières années, l’Internet offre une profusion stupéfiante de ressources exploitables dans lesquelles les individus – la plupart du temps de leur plein gré – fournissent tous les types connus de renseignements personnels dont n’importe quel Big Brother ou État autoritaire aurait jamais pu rêver. Nous offrons nos visages, d’autres parties de notre anatomie, des données personnelles de toutes sortes, y compris des photos souvent intimes, nos appétits sexuels préférés, nos opinions politiques, nos affiliations sociales, ce que nous lisons et regardons, nos activités quotidiennes, nos achats, toutes nos données financières, nos amis, contacts et même ennemis.

En Chine, c’est l’État qui collecte assidûment ces données à ses propres fins politiques ; en Occident, Facebook, Google et d’autres médias sociaux recueillent également des données minutieusement, mais principalement à des fins d’exploitation commerciale. Mais quelle qu’en soit l’intention, tout cela fournit de nombreux outils de manipulation politique et offre d’innombrables possibilités d’action répressive de l’état.

Nos politiques sont en outre manipulés à chaque occasion par des forces nationales et étrangères. C’est naïvement simpliste -et peut-être réconfortant – de penser que nous pouvons tout simplement imputer la manipulation extérieure de la politique américaine à la seule Russie. Si seulement c’était le cas. En réalité, les principaux responsables de la manipulation de la politique américaine sont, à travers l’argent, les réseaux privés et l’action politique, en particulier de la part d’états comme Israël et l’Arabie Saoudite, avec leur impact massif sur notre politique et leur soutien généreux aux « think tanks » amis. Et nous avons une pléthore de sociétés privées à l’étranger, comme Cambridge Analytica et Psy-Group, une société israélienne spécialisée dans la manipulation d’élections pour le compte de tiers, qui fait actuellement l’objet d’une enquête menée par le FBI pour des activités aux États-Unis. https://www.timesofisrael.com/israeli-firm-proposed-social-media-manipulation-campaign-for-trump-report/ Nous devenons de tristes victimes dans un monde où nous pouvons à peine discerner ce qui est « réel ». Tout cela pour l’opinion publique en démocratie.

Bref, la surveillance et la manipulation technologiques atteignent une vitesse de développement et de pénétration imprévisible il y a une décennie encore. Il y a quelques années, j’ai écrit un blog satirique et ironique suggérant que le temps était venu pour les organisations de sécurité américaines de commencer à installer des caméras de télévision dans toutes les pièces des maisons privées – « ceux qui n’ont rien à cacher politiquement n’ont rien à craindre ». (5 mars 2016 : grahamefuller blog – « Let’s Move Security into the Home ! » 5 mars 2016).

Pour une bonne analyse des aspects techniques de ces développements, voir Journal of Democracy, janvier 2019, volume 30, numéro 1, The Road to Digital Unfreedom. http://carnegieendowment.org/files/201901-Feldstein-JournalOfDemocracy.pdf

Une deuxième raison principale de l’expansion de la surveillance politique et sociale est la nature de plus en plus complexe et sensible du monde moderne de la haute technologie – une autre particularité liée au facteur technologique. Les sociétés humaines créent des institutions et des infrastructures de plus en plus complexes et sont donc de plus en plus vulnérables aux perturbations. Le piratage informatique, les logiciels malveillants et les cyberattaques rendent le fonctionnement de systèmes techniques complexes comme les réseaux électriques, les systèmes de distribution d’eau, les systèmes de soins de santé et le transport aérien, pour n’en nommer que quelques-uns, plus vulnérables que jamais auparavant. L’État sera contraint d’exercer une vigilance de plus en plus grande contre les perturbations ou les attaques potentielles de ce type, d’abord de la part d’ennemis étrangers, mais de plus en plus aussi de forces intérieures radicalisées ou même d’individus, et le concept de définition de l’« ennemi » est en constante évolution.

Nous constatons régulièrement que la politique entraîne une polarisation, une frustration et une colère croissantes. Le discours social devient de plus en plus brutal – encore une fois facilité par la technologie et la capacité d’une personne à s’exprimer de façon violente (et souvent de façon anonyme) devant un public qu’elle ne connaît même pas. Les sociétés complexes ne peuvent pas être gérées de cette façon.

L’État autoritaire ou libéral contemporain ne peut tolérer de telles vulnérabilités qui peuvent conduire à une rupture économique et sociale dévastatrice – même par les actes de quelques individus. Oubliez la Chine – jetez un coup d’œil aux multiples organisations de sécurité massive aux États-Unis qui nous surveillent maintenant – presque en dehors de tout contrôle depuis le 11 septembre 2001. Peut-on sérieusement croire que ces « avancées » en matière de sécurité seront un jour réduites à néant ? Le Royaume-Uni est un leader mondial dans l’utilisation des moniteurs de télévision publique dans les rues. En effet, la plupart des gens sont même favorables à une telle surveillance, car elle peut contribuer à entraver la violence, le terrorisme ou la criminalité et à accélérer la capture des coupables.

Et puis nous avons la force contraignante de la nature humaine : dans le premier ordre des besoins humains, il y a un besoin compréhensible de sécurité personnelle – des individus, des familles, des biens et des quartiers. Les gens accueillent favorablement la technologie de surveillance qui peut faciliter une telle sécurité. (Rappelez-vous, « les innocents n’ont rien à craindre de la surveillance »). Et pourtant aujourd’hui, les analyses non conventionnelles, en particulier celles de gauche, éveillent la méfiance des entreprises de médias et sont des cibles potentiellement à exclure. Et qu’en est-il de leurs lecteurs ?

Bien entendu, le terrorisme a été l’un des principaux moteurs de l’édification d’un état de surveillance partout, dans des sociétés répressives aussi bien que libérales. Peu de politiciens oseront prétendre que les menaces nécessitant une surveillance reculent ; de plus en plus d’institutions, étatiques et privées, ont intérêt à maintenir la « menace » à l’avant-plan, en particulier dans l’Amérique militaro-sécuritaire.

La pensée la plus effrayante de toutes est que l’avenir de la « démocratie » pourrait bien résider dans l’intention de l’état de maintenir, contrôler et façonner la « pratique démocratique » comme un autre mécanisme de contrôle social. La « démocratie illibérale » est un phénomène croissant. Plus les « élections » peuvent être utilisées comme une distraction – le pain et les jeux – plus le public peut essentiellement être distrait de la recherche et de l’examen radical des maux sociaux et politiques.

Aux États-Unis, les campagnes électorales commencent dès le lendemain de la fin des élections pour déterminer qui sera le prochain candidat. L’ordre politique américain fonctionne maintenant en mode électoral perpétuel – peut-être la phase la plus téméraire de la gouvernance démocratique. Les courses de chevaux politiques se déroulent 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, elles offrent des possibilités d’histoires d’intérêt personnel, de données statistiques, de scandales, de spéculations sur les gagnants, de sondages et d’analyses passionnantes sur le candidat qui a le plus de chances de gagner des fonds de campagne. (En réalité, il ne s’agit guère plus que de l’adulation du public à l’égard des mécanismes et des compétences impliqués dans la corruption politique. Et n’oubliez pas que « l’argent, c’est maintenant la liberté d’expression », selon la Cour Suprême, – c’est certainement le plus Orwellien qui soit.

Curieusement, comme de nombreuses statistiques le démontrent, nos vies en général deviennent de plus en plus sûres à bien des égards – une plus grande protection contre la maladie, la criminalité et même la guerre dans la plupart des endroits – les gens sont plus soucieux de protéger leur vie entière afin que « rien de mal ne puisse arriver ». (Il y a tout juste cent ans, de telles aspirations étaient considérées comme utopiques).

Les gens choisiront presque toujours la sécurité plutôt que l’anarchie et la violence. Qui ne le ferait pas ? L’état qui peut assurer la sécurité gagnera le match. La perte d’une certaine liberté d’expression, d’action, vaut la peine par rapport aux horreurs de l’anarchie. (Les Chinois, qui ont vécu près d’un siècle de violence politique la plus flagrante, sont les derniers à vouloir revenir à un tel régime).

La démocratie devient ainsi un luxe de plus en plus coûteux et difficile à manier. Pour l’état, eh bien, il suffit de garder les pièges de la démocratie, de la laisser servir de distraction et de s’assurer que les vrais problèmes fondamentaux ne sont pas abordés – en faisant appel à des questions sociales émotionnelles et sensibles comme la peur des étrangers, les pauvres et les programmes sociaux « agressifs » des minorités politique, sociale, raciale et sexuelle.

Quelle pourrait être, en fin de compte, la force la plus importante de la démocratie ? Elle réside peut-être dans la capacité de « jeter les salauds à la porte » – un instrument politique grossier, mais peut-être le plus important de l’arsenal de la démocratie. Pourtant, souvent, même à ce moment-là, rien ne change vraiment.

Cynique ? Pas vraiment. Tout cela reflète peut-être simplement la nature de l’animal politique humain et la nature de la technologie future : limiter le choix aux questions bruyantes et imprévisibles qui ne mettent pas vraiment en cause le système fondamental ou la structure du pouvoir. Débattre sur l’utilisation transsexuelle des toilettes, la répression du symbolisme religieux public (crèches à Noël), les monuments de la guerre civile, la vie des riches et célèbres, les enquêtes de destitution à longueur d’année, le divertissement toujours meilleur et les séries télé. Évitez juste les problèmes de fond.

Dans la mesure où la plupart d’entre nous préféreront, en fin de compte, une gouvernance qui offrira un ordre, des systèmes économiques calmes et vivables, la répression de la criminalité et du terrorisme, alors l’avenir des régimes libéraux ouverts semble compromis. Ce n’est que lorsque les régimes et les gouvernements seront parvenus à un stade d’incompétence massive dans la fourniture de ces éléments de base ou dans l’exercice d’une brutalité généralisée que l’action politique de masse refera peut-être surface – mais la technologie au service de l’état sera toujours plus efficace que la technologie au service de l’action politique de masse et de son organisation.

Fait troublant, c’est peut-être l’autocratie institutionnalisée, dont la Chine est un exemple de premier plan, qui sera en mesure de relever les défis futurs avec un peu plus d’habileté. La Chine a été dévastée par le « pouvoir personnel » d’un seul homme aux mains de Mao Zedong dans le passé, mais le nouvel ordre chinois qui fait autorité semble plus institutionnalisé. Il ne s’agit plus d’une règle strictement personnelle, mais d’une organisation politique profondément enracinée comme le Parti communiste chinois, qui peut en principe évacuer l’incompétence dans l’intérêt de préserver la « légitimité » du parti et de l’État en répondant aux besoins sociaux fondamentaux sans être trop préoccupé par le débat, les mécontents et les fauteurs de troubles étant traités en conséquence. Pourtant, des points d’interrogation subsistent même ici alors que Xi Jinping cherche peut-être à personnaliser la règle, mais la politique reste toujours rationnelle.

Une perspective déprimante ? Pas si vous privilégiez l’ordre, la sécurité et la satisfaction des besoins sociaux et économiques minimaux de la grande majorité de la population. Dans de nombreux états du monde, on a la chance d’en bénéficier.

Graham E. Fuller est un ancien haut fonctionnaire de la CIA, auteur de nombreux livres sur le monde musulman ; son premier roman est « Breaking Faith : Un roman d’espionnage et la crise de conscience d’un Américain au Pakistan » ; son deuxième roman est BEAR – un roman d’éco-violence.

Source : Graham E. Fuller, 29-01-2019

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Fabrice // 01.04.2019 à 08h21

Nous retrouvons souvent dans ce texte le fameux « si vous n’avez rien à cacher vous n’avez rien à craindre » sous entendu de notre surveillance mais non je suis désolé je veux préserver ma vie privée être sûr que mes relations, opinions, consultations restent bien ma propriété, sous mon contrôle que personne ne dévoile ou utilise ces informations contre moi ou mon cercle d’amis ou famille, ne commercialise ce qui a de plus intime comme ma santé, mes tendances sexuelles, mes mensurations pour ne pas les voir apparaître lors de contrats d’assurance, nouvelles carrières ou sur des publicité affichant le dernier vêtement qui correspond à ces critères.

Quand on vous balance cette phrase on vous parle de terrorisme ou de mafias n’hésitez pas à leur rappeler ces autres points et autres que j’oublie qu’ils omettent de spécifier .

21 réactions et commentaires

  • James Whitney // 01.04.2019 à 07h35

    C’est impressionnant combien la lutte des classes n’existe pas pour Monsieur Fuller.

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  • Fabrice // 01.04.2019 à 08h21

    Nous retrouvons souvent dans ce texte le fameux « si vous n’avez rien à cacher vous n’avez rien à craindre » sous entendu de notre surveillance mais non je suis désolé je veux préserver ma vie privée être sûr que mes relations, opinions, consultations restent bien ma propriété, sous mon contrôle que personne ne dévoile ou utilise ces informations contre moi ou mon cercle d’amis ou famille, ne commercialise ce qui a de plus intime comme ma santé, mes tendances sexuelles, mes mensurations pour ne pas les voir apparaître lors de contrats d’assurance, nouvelles carrières ou sur des publicité affichant le dernier vêtement qui correspond à ces critères.

    Quand on vous balance cette phrase on vous parle de terrorisme ou de mafias n’hésitez pas à leur rappeler ces autres points et autres que j’oublie qu’ils omettent de spécifier .

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    • Graindesel // 01.04.2019 à 09h20

      « Nous retrouvons souvent dans ce texte le fameux “si vous n’avez rien à cacher vous n’avez rien à craindre” »

      Chaque fois que j’entends ou je lis cette phrase, je demande à son auteur:

      – Dans ce cas vous ne verrez aucun inconvénient à me transmettre tous vos noms d’utilisateur et mots de passe.

      Curieusement ils ne le font jamais. Auraient-ils quelque chose à cacher?

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      • Haricophile // 01.04.2019 à 16h08

        Le « rien a cacher » de ces gens fonctionnent comme un vulgaire et sordide peep-show. Totalement dissimulés et anonymes derrière le trou de serrure, ils matent la fille a poil qui montre tout. Et encore, la nana du peep-show a conscience de ce qui se passe.

        Ça me rappelle un truc qui était sorti il y a quelques années, ou certains se posaient des questions sur certains opérateurs de la NSA qui passaient beaucoup de temps a contempler les enfants des « cibles » nus dans leur salle de bain….

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    • François // 02.04.2019 à 06h28

      Le problème que je connais hélas trop bien pour en avoir subit avec ma famille les conséquences pendant plus de 20 ans n’est pas ce qu’on a à se reprocher, mais ce que l’on va vous reprocher.

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  • jules vallés // 01.04.2019 à 08h47

    « La première raison de cette tendance est simplement parce qu’elle est possible. »
    Voilà, tout est dit, la tendance naturelle des dominants, c’est de conserver par TOUS les moyens, et à n’importe quel prix, leurs privilèges,prérogatives, avantages, et bien sur, dominance, quel que soit le système politique…

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  • Graindesel // 01.04.2019 à 09h37

     » l’Internet offre une profusion stupéfiante de ressources exploitables dans lesquelles les individus (…) fournissent tous les types connus de renseignements personnels dont n’importe quel Big Brother ou État autoritaire aurait jamais pu rêver. »

    Et quel est cet « État autoritaire » qui grâce à ses nombreuses (17) agences de renseignements fait « mieux » que Big Brother?

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Communaut%C3%A9_du_renseignement_des_%C3%89tats-Unis

    Il semblerait que le secret de la correspondance soit de l’histoire ancienne quand les courriels (privés!) peuvent être interceptés et stockés par lesdites agences.

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  • charles // 01.04.2019 à 11h14

    > Bref, la surveillance et la manipulation technologiques atteignent une vitesse de développement et de pénétration imprévisible il y a une décennie encore.

    Pour un ancien membre de la CIA cette phrase m’interpelle. Soit je ne comprend pas la menace dont il parle, elle serait d’un ordre diantrement plus grave que ce que je crois déjà savoir, soit il découvre la lune.

    Son discours est très américain en cela qu’il semble opposer deux issues, soit l’état ultra autoritaire, soit l’anarchie totale. Pas de demi mesures. Et comme ce ne sont pas des choix il en finit par acclamer le modèle « d’autocratie institutionnalisée » au nom de « l’ordre, la sécurité et la satisfaction des besoins sociaux et économiques minimaux de la grande majorité de la population. Dans de nombreux états du monde, on a la chance d’en bénéficier. »
    Encore une fois, il n’est proposé qu’un choix binaire, comme si l’état du monde tel qu’il est fut toujours et serait à jamais, qu’étant un échec, il mènerait à une conclusion inévitable, une dictature qui ne dit plus son nom puisqu’elle devient une « autocratie institutionnalisée ».

    Moi je pense qu’il faut plutôt commencer à s’interet sur l’état de l’influence chinoise en europe. Ils ont beaucoup trop de pognons entre leurs mains pour continuer de faire aussi peu de bruit. et puis si les us sont effectivement en perte de vitesse, on constate l’essor de la nouvelle route de la soie. bref, la dictature soft macronienne me semble inspirée, a minima.

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  • Louis Robert // 01.04.2019 à 12h56

    « Graham E. Fuller est un ancien haut fonctionnaire de la CIA… ». À lire son texte attentivement, on n’en doute pas.

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  • normac // 01.04.2019 à 13h04

    La technologie est le produit des noces du capital et de la science, apparue à la fin du XVIIIe siècle pour servir l’essor des forces productives/destructives et la volonté de puissance de la technocratie. Avec les conséquences que chacun peut aujourd’hui voir par lui-même, non seulement pour les bases naturelles de notre vie, mais en termes d’asservissement et d’aliénation à la machinerie technosociale (Cf. T. Kaczynski, La Société industrielle et son avenir (Encyclopédie des nuisances, 1998)). De la technique à la technologie, il y a rupture et saut qualitatif. Cette opposition qui fait appel aux notions de «seuil» et de «passage à la limite», recoupe celle établie par Ivan Illich dans La Convivialité, entre technique vernaculaire (autonome) et technologie hétéronome (autoritaire).

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    • normac // 01.04.2019 à 13h05

      La technocratie n’est pas au service de l’Etat, ni du Capital; elle asservit l’Etat et le Capital à ses intérêts et à sa volonté de puissance illimitée. Savoir, c’est pouvoir. Les puissants peuvent ce qu’ils veulent dans les limites de réalités qu’ils transforment, notamment au moyen de la science. Leur projet actuel, connu sous le terme publicitaire de «transhumanisme», vise une mutation de la lutte de classes en lutte d’espèces – entre des hommes «augmentés» par la technologie (modifications génétiques et cyberorganismes), et une «sous-espèce»: les chimpanzés du futur (selon le cybernéticien Kevin Warwick) : Cf. Pièces et main d’œuvre, Manifeste des Chimpanzés du futur contre le transhumanisme (Éditions Service compris, 348 pages ; 14×20 cm ; ISBN 979-10-94229-99-6)
      https://chimpanzesdufutur.wordpress.com/

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    • normac // 01.04.2019 à 13h13

      « La volonté d’«améliorer» l’espèce humaine par les moyens de la science inscrit le transhumanisme dans la tradition eugéniste du milieu scientifique depuis les Lumières. On a donné des noms variés – «viriculture», «mégalanthopogénésie», «aristogénie» – à une même idée : l’homme moderne serait façonnable à loisir par ceux qui maîtrisent la science et les machines. Pour les eugénistes d’après la Seconde guerre mondiale, les camps nazis et l’eugénisme en acte des Lebensraumen, difficile de reprendre ce terme, mais pas question de renoncer à l’idée. Le techno-jésuite Teilhard de Chardin le réaffirme dans son Phénomène humain (publié en 1955): il faut, dit-il, mettre «la main sur le Ressort même de l’Evolution». Son ami, le biologiste anglais Julian Huxley (frère d’Aldous), propose en 1957 le mot de «transhumanisme». Un nouveau nom pour un projet inchangé. (…) Comme le dit le transhumaniste américain James Hughes : «L’objectif du transhumanisme est de remplacer le naturel par le planifié». Le transhumanisme est un projet de maîtrise totale du monde et de l’humain. Or une telle maîtrise n’est possible qu’en remplaçant la naissance par la fabrication, la vie par le fonctionnement, le naturel par l’artifice, le vivant par la machine – en détruisant notre humanité. C’est un anthropocide que fomentent les ennemis de l’humain, au nom de leur volonté de toute-puissance.
      http://www.piecesetmaindoeuvre.com/IMG/pdf/entretien_avec_sciences_critiques.pdf

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      • Haricophile // 01.04.2019 à 16h17

        Je ne vois pas les classes qui nous écrasent si préoccupés par l’amélioration de leur connaissances. Pour moi le moteur de tout ça c’est tout simplement la convoitise. Et la convoitise a été oubliée par Einstein dans sa citation, bien plus que la bêtise elle tend vers l’infini parce que plus elle dévore et plus elle a faim.

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      • Haricophile // 01.04.2019 à 16h32

        Je l’ai déjà dit ici et je le répéterais : Les « transhumanistes » sont les descendant directs des « eugénistes » et on sait ce que valent ces porteurs de théories puantes, qui ont inspiré entre autres le Nazisme et inspirent encore le deep-state US.

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  • douarn // 01.04.2019 à 16h07

    2 000 TWh/an, c’est la consommation électrique mondiale due au fonctionnement du digital. C’est égal à la demande en électricité totale de la Russie et de l’Inde réunies. Si internet était un pays, il serait le troisième plus gros consommateur derrière les États-Unis et la Chine.

    2025, Huawei prévoit que 20 % de l’électricité planétaire sera mobilisée par les activités digitales

    2040, c’est la date à laquelle, au vu de la croissance du numérique (surveillance, IA, appareils connectés, véhicules autonomes, peut être le transhumanisme, …), l’énergie requise pour les besoins en calcul numérique pourrait dépasser la production énergétique mondiale… si rien n’est fait pour limiter cette consommation (rapport de Cédric Villani sur l’IA, mars 2018).

    Il faudra choisir, je crois. Soit on veut que tout le monde puisse encore accéder aux ressources de manière à peu près équitable à un horizon de 10-15 ans. Soit je prolonge à gros trait la tonalité de cet article et j’en déduis que de potentiels futurs seigneurs s’accapareront ce qui reste de ressource à nos détriments (surveillance, répression numérique, …) et peaufineront élaboration d’une société néoféodale dont on peut peut être en voir les bases.

    https://www.science-et-vie.com/technos-et-futur/streaming-bitcoin-ia-le-delire-energetique-48593

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    • Haricophile // 01.04.2019 à 16h27

      C’est mignon de citer ce chiffre, assez discutable d’ailleurs, mais il ne s’agit pas tant d’accéder aux ressources que DE CONSOMMER des ressources ! Comme pour toutes les autres ressources énergétique, le gaspillage capitaliste est a l’œuvre, et on pourrait réduire, au pifomètre et en étant très prudent, de 80% cette consommation dès aujourd’hui en se préoccupant de ce qui est utile au gens et non générateur de profits et de satisfaction marchande.

      Je me souviens avoir vu un reportage ou ils parlaient (de mémoire, a vérifier) d’un bâtiment « bioclimatique » avant l’heure construit dans les années 30 a Berlin et ou les habitants consomment quelque chose comme 60€ de chauffage par an.

      On pourrait aussi parler dans le même genre des ressources alimentaires et des gens volontairement affamés pendant qu’on jette des millions de tonnes de bouffe produite a grands frais énergétiques …

      Le problème n’est pas l’outil, le problème n’est pas la capacité technique, le problème est ce que notre société fait de ces outils et de cette capacité technique. Et c’est à ce moment qu’une grosse crise de misanthropie m’assaille…

        +2

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      • douarn // 01.04.2019 à 20h00

        Tout est discutable par ailleurs et tel un lampadaire pour un poivrot, une statistique est tout autant un point d’appui pour celui qui la présente (moi y compris), qu’un point d’éclairage.

        Avec 80%, votre pifomètre est étalonné pour un mode de vie à la française. Cela me semble OK, mais cela ne l’est plus pour un étatsunien ou un Qatari.

        D’accord avec vous, il serait sain de réduire nos conso par tous les moyens. Ne serait ce que pour des considérations climatiques (2°C) tout en préservant une espérance de vie d’environ 80 ans, un français consommant environ 4 TEP/an devrait ramener sa conso à 1 TEP/an, soit ce qu’utilise un costaricain. Etes vous prêts?
        Cela serait très très très dur pour un français aisé, probablement beaucoup moins pour un français plus modeste. Mais que dire de l’etatsunien moyen qui brûle 8 TEP/an… Qu’est ce qu’il disait l’autre déjà ? le mode de vie aux USA n’est pas négociable, c’est ça? Dans ce cas, soyez sûr que l’étatsunien aisé ou n’importe quel citoyen aisé ne voudra lâcher son mode de vie confortable et dispendieux en ressources. Il exigera une surveillance (surveillance video, IA, appareils connectés, …) de tout ce petit monde et exigera d’infliger des punitions numériques (telles qu’en Chine) si les comportements des citoyens les plus modestes ne sont pas socialement acceptables à leurs yeux.

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        • chb // 02.04.2019 à 00h52

          « Notre mode de vie n’est pas négociable » : cette forte maxime ne concernait apparemment qu’une partie des étatsuniens. Le phénomène des inégalités qui mine la société sur une planète en voie d’épuisement touche bien aussi le pays le plus puissant, et pas seulement les migrants qui sont pointés comme classe dangereuse. Fracture sociale, lutte des classes et conflit de civilisations sont autant de sources de menaces contre lesquels les privilégiés entendent se protéger en excluant, en surveillant, en réprimant pour mieux spolier et par là perpétuer la gabegie du 1%.
          « Notre mode de vie n’est pas négociable », c’était l’annonce d’une guerre sans merci, pas seulement contre les islamistes et les communistes et les étrangers, mais contre tous ceux qui ces temps-ci perdent leur espoir de vie décente (sans parler de confort ou de sécurité) et de liberté.

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  • yann // 02.04.2019 à 06h26

    Un bon point de depart : Chaque fois qu’il vous est demandé une information personnelle (Par votre banque, l’administration, un site internet, etc…) , demandez :
    1- Une liste exhaustive des personnes qui auront accès à ces informations.
    2- Les informations équivalentes concernant les personnes de la liste énumérée en 1.

    On vous le refusera. Alors demandez pourquoi, et insistez tant que vous n’êtes pas satisfait de la réponse. Le but du jeu étant de faire perdre un maximum de temps. 1 minute de perdue = 1 point.

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    • chb // 03.04.2019 à 08h29

      Certes. Mais l’empilement de législation liberticide, dont certains aspects sont décrits dans l’article, n’en est pas moins opérant. Et mondial.
      Votre proposition d’action individuelle me fait penser aux appels à ne plus consommer, à retirer un max des comptes bancaires, à ne plus payer ses impôts, à tricher sur ci ou ça… Mais dans la mesure où 99% des citoyens jouent quand même le jeu, le grain de sable anti-système a un impact au mieux marginal. Votre jeu à vous (« 1 minute de perdue = 1 point » !) me semble négligeable, hors une satisfaction personnelle éventuelle.

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  • M2FraJM // 03.04.2019 à 08h55

    Vivre caché à la vue de toutes et tous,telle est l’équation .

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