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27.novembre.201427.11.2014 // Les Crises

[Invité] Les illusions perdues d’un jeune journaliste, par Léonard

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Excellent papier d’un jeune journaliste, qui ira apparemment loin 🙂 Son prénom a été changé…

Je m’appelle Léonard. Je suis né quelques semaines avant la chute du Mur de Berlin. Je peux légitimement et insolemment dire que je suis jeune. Je suis journaliste. J’ai intégré une école de journalisme juste après le bac, presque par hasard.

Voici mon histoire.

Hasard et chance

Contrairement à bon nombre de mes camarades, je n’avais jamais ressenti la fibre journalistique auparavant. Je me cherchais. Seule certitude : j’aimais apprendre et restituer. Vulgariser. Expliquer. J’aime la pédagogie. Je me suis d’ailleurs longtemps (et encore?) prédestiné au métier de professeur. Passionné par l’astronomie, les sciences, fidèle lecteur de Sciences et vie et téléspectateur attentif et enjoué de C’est pas sorcier quand j’étais enfant, je pensais me diriger vers un cursus universitaire en biologie. J’étais également passionné par l’Histoire ainsi que par ses consœurs : la géopolitique, la géostratégie. En fait, je crois que j’aimais à peu près tout, hormis les langues étrangères, ce que je regrette amèrement aujourd’hui et tente de corriger petit à petit.

Or, en déambulant sur le Web, je suis tombé à l’époque par hasard sur le programme d’un établissement formant les journalistes de demain. Géopolitique, droit, histoire de la presse, sciences politiques, exercices de style…

Programme alléchant !

Accès restreint

Cette école faisant partie du cercle restreint des structures reconnues par la profession (elles sont 12 ou 13 selon les années), l’entrée y est difficile. Je ne connais pas les chiffres exactes mais il me semble que nous étions peu ou prou un millier à déposer une candidature pour 25 places. Mes bonnes notes au bac en Français et en Histoire m’ont permis de passer la phase de sélection initiale sur dossier. Première petite victoire. Les épreuves écrites arrivèrent quelques semaines plus tard. Un exercice de synthèse de document, un QCM et une photo à légender, si ma mémoire est bonne. Et un adolescent très stressé par ce nouveau monde qui s’ouvrait à lui. Sans grand espoir, je passe les tests. Je me rappelle avoir souri de contentement pendant le QCM : oui, je connaissais Raphaël Poirée pour l’avoir vu gagner de nombreuses courses de Biathlon sur Eurosport étant plus jeune ! Surprise, on me sélectionne pour les épreuves finales d’admission. Fierté des parents. Si je m’arrête là, ce sera avec les honneurs. D’autant qu’une épreuve d’anglais, mon point faible, est prévue. L’autre exercice du jour consiste en un oral de motivation. Étonnamment calme, certain d’être recalé en raison de mon jeune âge (une remarque que l’on me fera tout au long de ma jeune carrière et encore aujourd’hui), je passe les tests sans grande pression. La surprise intervient quelques jours plus tard.

Je suis admis. Diantre.

Des codes et des formats

Une nouvelle vie s’ouvre à moi ! Certains oncles me surnomment déjà en riant le « futur Pujadas » de la famille. Les cours commencent. Intensifs sans être insurmontables. Intéressants sans être déterminants. Je me rends vite compte que mes camarades, disons une bonne moitié, savent qu’ils veulent être journalistes depuis plusieurs années. Ils ont fait des stages, ils ont lu le manuel du pigiste, certains sont déjà correspondants locaux dans leur village, d’autres ont déjà la grosse tête. Une promotion somme toute agréable avec le recul. J’y ai rencontré des personnes passionnantes, étonnantes, stimulantes et des abrutis condescendants. A l’image de la vie quoi. Normal. Rassurant. Personne dans ma famille ou dans nos amis proches n’avait mis un pied dans cet univers journalistique. J’ai dû tout apprendre : les codes, les formats, les genres, l’importance du réseau que je n’ai jamais cultivé avec assez de soin et d’envie. Après des débuts difficiles, je me suis fondu dans la masse. Dans les derniers en langues étrangères, dans les meilleurs en sciences humaines.

Rien ne change.

Naïveté salvatrice

Lors du premier stage de fin d’année, dans un journal de la presse quotidienne régionale, j’avais amusé malgré moi mes collègues en commençant mon article par « Bonjour ». Naïveté originelle salvatrice pour la suite. Salvatrice car l’exercice journalistique requiert, selon moi, une remise en question permanente. Un journaliste « rouille » à partir du moment où il a la certitude d’être arrivé au bout de ses capacités. Où il ne doute plus et pense tout savoir, tout connaître, tout maîtriser. Or, comme me l’a dit un jour un scientifique de l’INRA, « la différence entre un chercheur et un journaliste est simple mais fondamentale : vous ne connaissez rien sur tout, alors que nous connaissons tout sur rien ». Façon de décrire leur spécialisation extrême et notre formation généraliste qui pose des problèmes de compréhension mutuelle. Nous participions à une session sur le journalisme scientifique.

A la fin de ce premier été de stage en presse régionale, j’avais pris confiance en moi. En mes capacités de recherches, de compréhension, d’abnégation parfois. Je me rappelle avoir bataillé des jours pour tenter de découvrir l’origine du nom d’un stade de football local. Des heures passées aux archives départementales à éplucher les comptes-rendus jaunis et rébarbatifs de conseils municipaux d’antan. Tout cela pour découvrir, un peu déçu, que le nom provenait tout bonnement d’un mot patois local signifiant « souche » ou « fossé ». Toujours est-il que j’avais acquis les codes et les us du métier. J’ai compris comment aborder les gens. J’ai compris comment flatter les égos des élus et des chefs d’entreprise. J’ai appris à composer avec la police et la gendarmerie pour obtenir les informations de la page « faits divers ». J’ai aimé aller au tribunal pour écrire des comptes-rendus d’audience que je croyais magnifiques. J’ai adoré arpenté les fêtes de village avec mon calepin et mon appareil photo pour rencontrer les « petites gens » et raconter leurs histoires.

J’ai commencé à aimer mon métier.

Et au milieu, des fils et des ondes

A la fin de la deuxième année, je m’étais spécialisé en radio. C’est aujourd’hui encore mon média de prédilection. Quel pied que ce rapport à la fois distant et intime avec l’auditeur. Juste la voix et le tympan. Et au milieu, des fils et des ondes. J’aime le micro, j’aime le pouvoir de la voix. La radio est un média injuste : un bon timbre, un bon ton, un peu de travail et des rencontres essentielles. Voilà ce qu’il faut pour percer. Des intervenants passionnés à l’école. Des rédacteurs en chefs patients, des collègues aux conseils précieux et gratuits lors des premiers stages, des premières piges. Il y a de tout dans ce métier. Le journalisme m’a ouvert des portes inespérées. Voler en hélicoptère, travailler en Corse, interroger des stars, passer en direct, avoir pour collègues de bureau des figures de la profession, être quelqu’un. Notre métier est grisant. Attendre fébrilement un direct avec ses quelques notes griffonnées, respecter le délai, ne pas bafouiller, recevoir les félicitations du rédacteur en chef, fumer une cigarette pour se calmer, ralentir un rythme cardiaque monté à un niveau anormal. Il y a quelque chose qui ressemble à une dépendance, à une drogue.

Et puis vient la troisième année. Nous passons de la découverte à la spécialisation. De la spécialisation à l’émancipation. On se prend en main. On monte des projets. On cherche du travail. On commence à avoir des contrats de travail. Des piges. On gravit fébrilement mais fièrement les escaliers d’une célèbre radio, on le dit à ses amis, à sa mère, à sa grand-mère admirative. Étonnante période où l’on passe par toutes les émotions. Contentement et honte de soi. On se félicite de savoir faire tout Paris en un minimum de temps, Nagra à l’épaule, aisselles en sueur. On regrette d’être obligé d’aller harceler des acheteurs dans un magasin de jouets pour savoir pourquoi, mais oui pourquoi, le catch est la nouvelle mode dans les cours de récré. C’est Le Parisien qui le dit donc c’est vrai « et même si ça fait deux heures que tu demandes à tout le monde et que personne ne confirme, ni les vendeurs, ni les clients, continue de chercher car on veut un reportage là-dessus pour 18h, alors pas de commentaires, tu es en stage je te rappelle ». C’est une qualité primordiale et indispensable de tout jeune journaliste. Apprendre vite.

A acquérir les bons réflexes et à supporter les frustrations.

La bourse, c’est la vie

J’ai eu une chance énorme. Celle de gagner une bourse. La plupart des grandes radios organisent une sorte de concours pour les étudiants en école de journalisme. Celui qui arrive premier se voit offrir un contrat de travail. Un vrai. Un CDD. Trois lettres dont tous les étudiants rêvent. On devient alors une petite star dans son école. Les élèves des promotions suivantes parlent de vous avec respect : « Il a gagné la bourse… » Vous prenez automatiquement du charme et gagnez de l’intérêt. L’école de la vie.

J’ai ainsi pu travailler comme présentateur dans une grande radio. Formidable expérience pour un jeune homme. Je me rappelle que l’un des responsables de la radio de l’époque, juste avant l’oral final de la bourse, m’avait dit : « Vous êtes beaucoup trop jeune, je ne vous aurais jamais sélectionné ». Première carte de presse. Une sorte de Graal que tous les nouveaux journalistes, moi compris, exhibent comme une carte d’agent spécial les premières semaines. Premiers journaux en direct. Premières bourdes amusantes. J’ai continué à apprendre, énormément. Notre métier a cela de formidable qu’il consiste à apprendre, à lire. Le travail d’un présentateur est composé à 70% de lectures de dépêches et d’articles divers et variés (les 30% restants étant partagés entre le travail d’écriture, de hiérarchisation, de discussion avec le coordinateur, de prises de caféine et de nicotine). A la fin d’une journée de travail, on en a appris autant qu’en une journée de cours intensifs.

Salle de classe permanente, petit paradis pour celui qui aime apprendre.

Étonnante gestion des conflits

Je précise que la critique du journalisme qui suit concerne uniquement l’information nationale et, dans une plus grande mesure encore, l’actualité internationale. Selon moi, la presse locale et régionale, si elle a bien d’autres problèmes (de financements notamment) n’est pas soumise aux effets pervers que je vais tenter de décrire modestement. C’est d’ailleurs vers cette presse que je me tourne actuellement pour régler mon conflit intérieur.

Notre profession est en perpétuelle évolution et en remise en question permanente. Il suffit de se rendre une fois aux Assises du journalisme pour le constater. Les sujets de débat sont nombreux : déontologie, objectivité, moyens techniques, droit à l’image, protection des sources, précarité des pigistes, etc…

Je crois que mes premiers problèmes de conscience sont apparus avec les révolutions arabes et en particulier la guerre en Libye. La fuite de Kadhafi est intervenue au mois d’août, tout à la fin de mon premier vrai contrat de travail. La rédaction étant réduite à cette période, vacances obliges, j’ai suivi le dossier avec attention. J’ai vite constaté que l’AFP (Agence France Presse), qui réalise un travail inestimable pour les rédactions, est géopolitiquement orientée. Je suis convaincu que les journalistes qui écrivaient les dépêches sur la Libye sont de braves types qui font leur boulot le plus honnêtement du monde. Mais les faits sont là. Nous, journalistes, lors d’une guerre, nous prenons partie, malgré nous, pour un camp. Kadhafi était le méchant. Les rebelles, les gentils. Or, s’il est vrai que le guide libyen était un personnage repoussant à bien des égards (lire le livre d’Annick Cojean sur les « Amazones » , esclaves sexuelles de Kadhafi), comme l’est Bachar Al Assad aujourd’hui, le faire passer, à peu de choses près, pour le diable en personne me troublait. En face, les rebelles libyens étaient, eux, présentés systématiquement comme des héros de la liberté, des « justes » menacés par un massacre imminent. Je ne nie pas que bon nombre de manifestants aient été de cette trempe là, mais le manichéisme m’ayant toujours repoussé, j’ai douté.

Mensonges par omission

Quand j’observe la Libye d’aujourd’hui, il semble que l’enthousiasme qui a accompagné la chute du natif de Syrte a été un peu rapide. J’ai douté à l’époque comme j’ai douté ensuite sur la Syrie ou sur l’Ukraine. Je me suis étonné que sur bon nombre de sujets, l’Iran, le Vénézuela, nos agences de presse préférées et si peu nombreuses (il y en a trois principales) relatent certains faits et pas d’autres. Cette orientation est subtile, presque imperceptible. L’AFP ne ment pas, techniquement. Mais elle oriente la pensée par la sémantique et en omettant certaines informations. Je me rappelle très bien d’une dépêche évoquant un discours d’Hugo Chavez. Elle mettait en avant « le soutien » de l’ancien président au guide libyen et son énième critique de « l’impérialisme » américain. L’article résumait la pensée du président vénézuélien de manière très caricaturale, presque grossière. J’ai ensuite visionné l’intégralité de son intervention, traduite par un site indépendant. L’information principale était qu’Hugo Chavez proposait un plan de paix, au nom de l’Amérique latine, avec l’accord des autorités libyennes et le soutien du duo Ligue Arabe – Union Africaine. Est-ce notre égocentrisme qui nous a fait considérer cette information comme d’une importance mineure ? La résolution des conflits est-elle de la seule compétence de l’Occident ? Ou y a-t-il une raison d’ordre géopolitique ? Une information chassant l’autre, le plan de paix du président vénézuélien ne fut jamais évoqué sur notre radio.

L’AFP omet et oriente donc. Et les présentateurs radios suivent. L’AFP et ses deux consœurs (Reuters et AP) sont les bibles des présentateurs. Nous donnons à voir à nos auditeurs (car les présentateurs radios sont esclaves des dépêches qui représentent 90% de leurs sources) un monde orienté. Cela ne veut pas dire que cette orientation est mauvaise mais elle ne devrait tout simplement pas exister dans un travail journalistique sérieux.

Autre carence de ce système relayant l’information. La surexposition de certains acteurs. Combien de fois ai-je ri avec mes collègues de l’inquiétude de Ban-Ki Moon ? Le secrétaire général des Nations-Unies s’inquiète de manière perpétuelle. De tel conflit larvé. De telle catastrophe humanitaire à venir. Son émotion est légitime, bien sûr, mais doit-on attendre qu’une agence de presse cite ce haut responsable pour parler d’une situation alarmante ? Et l’information à mettre en avant n’est-elle pas l’inefficacité et le manque de moyens de l’ONU ? Le fait que Ban Ki-Moon s’inquiète perpétuellement sans avoir les moyens d’agir n’est-il pas le plus inquiétant ? A quoi bon relayer systématiquement ses déclarations si sa marge de manœuvre est si faible ?

Combien de fois nous sommes-nous fait la réflexion, avec mes jeunes collègues, qu’il est bizarre voir révoltant que nous traitions un sujet uniquement quand l’AFP le signale ? Avec un dialogue qui ressemble à celui-ci :

– Bruno (le coordinateur), tu as vu les derniers chiffres de l’INSEE sur la démographie européenne ? C’est intéressant car…

– L’AFP en parle ?

– Euh, non mais…

– Laisse tomber.

Le traitement permanent des « sujets AFP » est une facilité professionnelle qui me paraît néfaste. Aujourd’hui, certains grands journaux nationaux ne traitent plus les sujets internationaux que par le biais de dépêches reprises telles quelles. Pour la valeur ajoutée et la vérification des sources, on repassera. Les responsables de cette situation sont multiples : manque de moyens humains et dictature de l’urgence (les fameuses « breaking news ») en premier lieu.

Inconscience inconsciente ?

Le journaliste est un observateur. Au pire, un commentateur. Il ne doit pas être un militant. Ou alors il doit l’assumer et le dire avec clarté à ceux qui le lisent ou l’écoutent. Or, dans les grands médias généralistes, nous nous flattons d’être indépendants et libres. Mais la base même de notre métier est biaisée par le fait que nous ne disposons pas des outils et des sources nécessaires pour assurer un suivi juste et objectif des situations. Partant de ce constat, nous n’avons tout simplement pas les ressources, le recul et la légitimité pour parler de ces sujets. Et pourtant nous en parlons, avec verve et certitude. C’est une des bases du métier apprise à l’école : « même quand vous ne savez pas de quoi vous parlez, donnez l’impression d’être un expert ». Je ne crois pas que cette orientation soit lié à un quelconque complot ou à un choix assumé. Cela à trait, selon moi, à quelque chose d’un ordre inconscient. Personne ne part du principe qu’il est dans le camp du méchant. Nous faisons partie de l’Occident, avec ses codes, ses références, ses intérêts, sa culture, son histoire. Les journalistes occidentaux, dans leur grande majorité, assument et intègrent donc, ce parti pris originel, cette identité initiale. Le travail d’un journaliste devrait donc être avant toute chose, quand il parle d’un sujet international aussi grave qu’une guerre ou qu’un conflit larvé, de s’oublier.

De sortir de lui-même pour appréhender les situations sous un angle neuf, le plus objectif possible.

Le leurre du journalisme-citoyen comme solution

Je précise également que je pense profondément que les journalistes sont d’une importance capitale et irremplaçable. Avec l’émergence et la formidable montée en puissance des réseaux sociaux, on constate que le journalisme-citoyen a le vent en poupe. C’est une bonne chose. Le journalisme institutionnel, traditionnel est extrêmement critiqué (rappelons qu’il s’agît de l’une des professions les plus détestées) et certains se réjouissent de sa disparition à moyen terme. Je pense d’une part, que ce serait une catastrophe et d’autre part, que cela n’arrivera pas. Pour moi, l’information constitue une matière brute, indigeste. Notre travail consiste à la préparer, la cuisiner, pour que les citoyens puissent la consommer et la digérer. Toute la difficulté de notre travail réside en ce point : simplifier, reformuler l’information sans la travestir ou la déformer. C’est un travail délicat et indispensable, qui s’apprend, qui demande du temps et des efforts.

Le journalisme dit « citoyen » doit être un complément et non un substitut à son aîné.

Prostitués de l’intellect

Quand on regarde la presse occidentale et celle des pays arabes ou des pays en voie de développement sur des sujets aussi variés que le conflit israélo-palestinien, la guerre civile en Ukraine ou la guerre en Syrie, les différences sont frappantes et le constat est clair : nous défendons, malgré nous, des intérêts.

« Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »

Cette phrase, attribuée à l’ancien rédacteur en chef du New York Times, John Swinton, date de 1880. Je ne suis pas le premier à relever qu’elle est d’une confondante actualité. Ayant travaillé dans un pays arabe, la différence d’approche sur certains sujets géopolitiques est très forte. Je constate cependant, et cela me semble important à relever, que la vision sur l’économie mondiale est en revanche la même chez les élites journalistiques arabes et occidentales. L’ultra-libéralisme me semble avoir de beaux jours devant lui car les vives critiques qu’il rencontre sont l’apanage d’hommes isolés ou de groupes qualifiés, au mieux d’utopistes, de penseurs minoritaires et/ou gauchistes, au pire de complotistes. Cela me déprime d’avoir l’impression (fausse certainement) d’être plus à même de conduire un débat ou une interview sur des sujets de relations internationales que mes éminents collègues des chaînes d’information en continu. Sont-ils ignorants à ce point ? Jouent-ils les candides ? Ont-ils peur ? Sont-ils soumis à des consignes, des pressions ? S’autocensurent-ils ? Cela me déprime également de voir les plus brillants de mes anciens camarades en école de journalisme s’être reconvertis, par dépit ou par choix, dans des domaines aussi variés que passionnants. J’ai l’impression que pour réussir dans le journalisme, il ne faut pas être le plus intelligent ou le plus honnête, mais être celui ou celle qui avalera le plus de couleuvres sans tressaillir.

A l’image du monde d’aujourd’hui, peut-être.

Complotiste !

Et cela m’amène à une conclusion pessimiste. Je l’ai dit plus haut. Je suis un homme curieux. Je m’intéresse à peu près à tout et à tous les avis. Je ne pense pas que la légitimé se gagne par la reconnaissance, par les titres ou par les postes. Cette curiosité m’a amené à lire et à écouter des avis extrêmement variés. Certains m’ont fait peur, d’autres m’ont passionné, d’autres encore m’ont questionné. Mais je constate que, loin de créer une émulation naturelle dans toute société démocratique qui se respecte, la contestation et le questionnement de l’ordre économique et géopolitique établi, rencontrent dans l’immense majorité des cas, une limite insurmontable et insupportable : la délégitimation par l’insulte.

Vous estimez que le néoconservatisme américain est une idéologie dangereuse, potentiellement guerrière ? Vous êtes un complotiste ! Vous êtes impressionné par le travail de Naomi Klein sur le capitalisme du désastre ? Complotiste ! Vous trouvez Michel Collon un peu excessif mais redoutable quand il parle des médias mensonges ? Complotiste ! La version officielle des attentats du 11 septembre vous semble un peu légère et vous estimez que nous sommes en droit de nous poser des questions (et d’inciter à lire l’enquête d’Éric Laurent, par exemple) ? Complotiste ! Vous considérez que le traité euro-atlantique devrait être le principal sujet de discussion actuel tant ses implications à long terme sont lourdes ? Calmez-vous, excentrique !

Et maintenant ?

Que dire ? Que répondre face à des insultes et des qualificatifs si lourds de sens et pourtant si vides de contenus ? Pour l’instant, j’ai la chance de ne pas être trop exposé. Ma jeune carrière m’a amené à conduire ces débats en cercles restreints, avec pour conséquences bénignes, de rares énervements passagers entre collègues. Mais je constate qu’il coûte cher de se poser certaines questions dans cette profession. Or, je ne veux pas choisir de camp. Comme Brassens avec l’oncle Martin et l’oncle Gaston. Je ne veux pas choisir entre un système et des rebelles. J’aimerais juste être dans un monde où le débat est une chose reconnue comme importante et capitale. Il me semble qu’au contraire, nous nous dirigeons vers une société vidée de toute émulation de ce type. Une société uniformisée, aseptisée, manichéenne, où, pour reprendre la métaphore de Naomi Klein sur le capitalisme du désastre, des « zones vertes » officielles et adoubées s’affronteront à des « zones rouges » considérées comme menaçantes et maladives.

Des solutions semblent émerger, les gens s’organisent, une portion de la jeunesse bouge, se mobilise. Mais je ne suis pas sûr que cela suffise. Une partie de cette frange se radicalise et se perd. Une autre s’essouffle et abandonne. Une dernière enfin, résiste et invente de nouveaux modes de pensées, d’échanges, de débats (éducation populaire, mouvements politiques, blogs, etc..). Le journalisme tel qu’il existe aujourd’hui doit écouter les critiques et ne pas s’enfermer dans une posture de victime. Les jeunes journalistes ont leur révolution à conduire. Exiger davantage de moyens humains, trouver de nouvelles sources de financement et d’information, refuser la marchandisation de l’information et assumer leurs positionnements idéologiques. Informer, simplifier, raconter, c’est notre métier, notre chance.

A nous de le faire évoluer sans crainte, ni tabou, pour pouvoir le pratiquer honnêtement et plus sereinement.

Léonard (le prénom a été changé)

Commentaire recommandé

Kiwixar // 27.11.2014 à 08h53

« Je précise également que je pense profondément que les journalistes sont d’une importance capitale et irremplaçable. »

Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables.
Vu la malhonnêteté flagrante des journalistes et le contrôle des médias par la finance, les marchands d’armes ou les puissances étrangères, on s’informe de plus en plus par internet. Et pour de plus en plus de gens, uniquement par internet. Ca permet de comparer l’information, les partis-pris et d’être pris de nausée pour tous les mensonges que ces journalopes nous ont fait gober et qui ont amené l’Europe à cet état de misère inféodée, à grands coups de novlangue et d’orwellisme (« l’ennemi c’est Eurasia », « la mondialisation c’est bien », « il faut payer ses dettes », « Poutine est l’antéchrist », « l’organisation de Bruxelles, c’est la paix »).

Il ne reste plus qu’à décider d’appliquer le libéralisme prôné par les journalistes à eux-mêmes en laissant les forces du marché oeuvrer pour le bien commun : pas de subventions aux journaux, pas d’avantages fiscaux aux journalistes.

119 réactions et commentaires

  • Jean Marc // 27.11.2014 à 03h20

    Ceci explique cela. Très intéressante histoire qui traduit bien, de la posture d’auditeur, de spectateur, ou de lecteur que je suis, d’en faire conclusion similaire à celle de « Léonard ». Encore ce soir, sur une chaîne ou Olivier est régulièrement invité entendais-je vanter l’amarggedon expliqué par Mr Jean Pierre PETIT, sans que qu’il ne soit taxé du mouvement de la secte des éconoclastes, et de constater en plus que les politiques mises en place au Japon sont un total échec, alors qu’il y a encore trois semaines, Mr DELAMARCHE l’annonçant était un obsédé du catastrophisme, sans parler du traitement étiquetant qui fut asséné à Mr SANNAT dans l’émission d’hier. Les animateurs se fondent dans la mouvance et adoptent des attitudes circonstancielles dont nous avons de plus en plus l’impression qu’elles servent l’audimat plutôt que d’intérêt au débat. Je suis plus sévère que ‘Leonard’ sur ces nouveaux journalistes qui sont à mon sens atteint du syndrome du lapin crétin, dont il suffit juste de se rappeler qui a allumé les phares. L’information n’est plus une information, l’information est une marchandise et quand est dit une vérité qui a le mauvais ton de rendre invendable la marchandise, on vous taxe de complôtiste ou d’hystérique. La marchandisation est à ce point que les diffuseurs journalistiques soient disant spécialisés nous vendent le projet d’investissement de 315 milliards au même niveau que les déboires de Nabilla avec son compagnon. Personnellement, je pense qu’il reste inutile d’essayer de convaincre un journaliste ou un intervenant en plein syndrôme lapin crétin, la prise de conscience ne se faisant pas intellectuellement, et comme dirait Mr BERRUYER, les faits étant têtus, il faudra attendre qu’on ait la tête dedans pour que ces messieurs réalisent qu’il y a en effet un problème. Et je n’évoque même pas les départements de surveillance des tweets de politiques qui ont certainement mis en place dans chaque rédaction pour nous donner soi-disant des informations en 164 caractères dont ils supposent que cela résume l’information. Vous allez voir que Tweeter va supplanter l’AFP et qu’ils attendront tous la dépêche tweet qui va tomber.

      +23

    Alerter
    • Massalis // 27.11.2014 à 10h59

      En fin un peu de lucidité chez un journaliste (j’espère qu’il n’est pas le seul)
      Je suis de votre avis, cependant plutôt qu’une marchandise je dirai que l’information est un outil de contrôle de l’opinion. L’information est au service des puissants de ce monde et non de la vérité.

        +9

      Alerter
      • Karim // 27.11.2014 à 20h27

        Rien à ajouter, le constat est non seulement assez juste, mais plus largement partagé qu’on ne pense au sein des journalistes. Un journaliste ‘senior’ qui en revient…

          +3

        Alerter
  • MartinL // 27.11.2014 à 05h38

    Très bon texte, bravo à l’auteur !

    « Je ne crois pas que cette orientation soit lié à un quelconque complot ou à un choix assumé. Cela à trait, selon moi, à quelque chose d’un ordre inconscient. »

    Mais l’inconscient peut-être programmé. Il l’est depuis la naissance, par l’assimilation de normes, de règles, de valeurs… Celles-ci sont intériorisées par les hommes et pilotent constamment leur pensée, alors qu’ils croient être objectifs et neutres. Ce n’est pas le cas. Nous sommes manipulés à grande échelle, et il faut de grands efforts de déconditionnement pour le constater.

    Deux livres à lire pour comprendre l’ingénierie sociale et le contrôle mental :
    – Gouverner par le chaos
    – Neuro-esclaves
    Et un autre pour se libérer :
    – Se libérer du connu, de Jiddu Kirshnamurti

    Sans oublier le grand classique de Bernays : Propaganda. Bernays était le neveu de Freud, l’un des grands théoriciens de l’inconscient justement. Voici ce qu’il écrivait dans ce bouquin :

    « Qui sont les hommes qui, sans que nous en ayons conscience, nous soufflent nos idées, nous disent qui admirer, et mépriser, ou ce qu’il faut penser de la propriété des services publics, des tarifs douaniers, du prix du caoutchouc, du plan Dawes, de l’immigration ? Qui nous indique comment aménager nos maisons et comment les meubler, quels menus doivent composer notre ordinaire et quel modèle de chemise il est de bon ton de porter ? Ou encore les sports que nous devrions pratiquer et les spectacles que nous devrions voir, les oeuvres de bienfaisance méritant d’être aidées, les tableaux dignes d’admiration, les argotismes à glisser dans la conversation, les blagues censées nous faire rire ? […] La manipulation consciente, intelligente, des opinions et des habitudes organisées des masses joue un rôle important dans une société démocratique. Ceux qui manipulent ce mécanisme social imperceptible forment un gouvernement invisible qui dirige véritablement le pays. »

    Ne le répétez pas trop, on risquerait de vous qualifier à nouveau de « complotiste », malgré les preuves évidentes ! Ça aussi, c’est le résultat du conditionnement des masses par la propagande.

    “Le mensonge médiatique, ayant monopolisé les appréciations morales, prend la forme du bien tandis que les tentatives de de le dévoiler prennent la forme de mal. »

    Alexandre Zinoviev, dissident soviétique

      +30

    Alerter
  • arnold99 // 27.11.2014 à 06h57

    Un bien bel article qui montre l’uniformisation de la pensée médiatique.

    Il est courant de parler de « guerre de l’information’, et je penses que ce terme permet d’établir une typologie des intervenants depuis le bon petit soldat (journaliste idéaliste) jusqu’au vieux grognard (journaliste à qui on ne l’a fait plus) en passant par le collabo (journaliste adoubé par le pouvoir).

    J’ai trouvé par hasard ce lien
    http://www.google.fr/url?sa=t&rct=j&q=&esrc=s&source=web&cd=7&ved=0CE8QFjAG&url=http%3A%2F%2Fwww.ut-capitole.fr%2Fservlet%2Fcom.univ.collaboratif.utils.LectureFichiergw%3FID_FICHIER%3D1333353762533&ei=V7B2VNmALojcPbaYgLAF&usg=AFQjCNFxBBKqhjWv-liOY9cMW-P5OXwygg&sig2=XLbwvPcwxs_fFNRiz5Fc1w&bvm=bv.80642063,d.ZWU

    sur un texte rédigé par des étudiants de Toulouse sur la liberté d’expression aux USA.

    Sachant la propension de nos gouvernants à importer (à faire gober) tout ce qui vient des US, nous marchons visiblement dans leur pas. Un extrait de la conclusion de ce document

    « On voit bien ici comment le concept de liberté d’expression est instrumentalisé pour servir la cause du marché. Ironiquement ces déréglementations du marché des médias sensés garantir une plus grande liberté d’expression aboutit à une information toujours plus uniforme ; des conglomérats regroupant des actifs diversifiés dans les domaines de l’Internet et de la presse pratiquant couramment le « copier-coller » d’un journal, d’un média à l’autre. »

    « Nous terminerons cette réflexion sur une citation évocatrice du vice-président de la très conservatrice National Rifle Association, Wayne LaPierre, qui résume l’inquiétude de l’opinion américaine :  » Quand les films qu’on regarde, que la musique qu’on écoute, que les produits qu’on achète, que les idées qu’on nous vend sont filtrées, censurées et présentées par les mêmes personnes, on a tout à perdre… Les ondes appartiennent au peuple américain et le rôle de la FCC est de protéger l’intérêt du public, pas les grands magnats des médias qui cherchent à monopoliser le débat public” . »

      +5

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    • fanfan // 27.11.2014 à 12h42

      « C’est sous Reagan que la notion d’intérêt public, qui place le citoyen avant le marché, s’est vue rapidement reléguée aux oubliettes de la révolution libérale. La pression des groupes médiatiques qui ont tenté d’imposer le principe économique de « marché libre » comme moteur de développement d’un « libre marché des idées », a trouvé prise sur une administration qui n’a qu’un but en tête : désengager l’Etat.

        +2

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      • arnold99 // 27.11.2014 à 12h51

        Merci d’avoir lu ce texte que j’ai apprécié,

        Oliver Stone dans ses documentaires ‘Une autre histoire de l’Amérique’ parle lui aussi de la suppression dans la loi de l’obligation d’impartialité, que les journaux ou autres médias doivent refléter l’ensemble des positions sur un sujet.

        La pluralité d’opinions au sein d’un même média (ici et maintenant) est un devoir d’état s’il prétend être démocratique.

          +2

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    • fanfan // 27.11.2014 à 12h43

      A propos du désengagement de l’état, « Réforme territoriale : déforme terri-létale »
      (État-régions-départements-communes >>> Europe-régions-intercommunalités).

      « Évidemment, comme toujours dans cet acte III, le nombre de 13 n’est pas encore stabilisé. Il y aura des débats locaux et des « droits d’options ». (…) Ce qui est grave est le fait qu’elles deviennent autonomes sur les plans normatif et règlementaire. (…)
      Elles disposeront de moyens financiers propres (impôts locaux spécifiques supplémentaires dès 2016) mais aussi de pouvoirs normatifs et réglementaires.
      Ces nouvelles baronnies régionales auront en effet les pleins pouvoirs sur presque toutes les missions publiques jusqu’alors de la responsabilité de l’État. Pour le gouvernement, « il s’agit également d’inviter le législateur comme le pouvoir réglementaire national, à laisser aux régions des marges de manœuvre dans l’application des lois, soit en s’abstenant d’intervenir, soit en habilitant expressément les régions à adapter les règles »
      (…)
      « Depuis la loi du 16 décembre 2010, chaque commune dépend … d’une intercommunalité d’au moins
      5 000 habitants. La réforme territoriale en cours accentue ce processus en imposant un rattachement à au moins 20 000 habitants. Une fois constituées ces intercommunalités urbaines (métropoles) ou rurales (d’au moins 20 000 habitants, donc nécessitant une zone de plusieurs centaines de km2), leurs compétences étant celles des communes (et certaines issues des départements), l’objectif est de passer au suffrage universel direct pour l’élection de leurs exécutifs respectifs. Ce sera alors la fin des 36 000 communes. >>> Tout au bout, l’affichage est de passer d’un élu pour 104 habitants aujourd’hui, à un pour plus de 2 000. (…)
      « Dans la Marne ou en Lozère, il faudrait regrouper plus de 190 communes actuelles pour atteindre ce seuil. Remonter les élus à un échelon d’au moins 20 000 hectares les rend inaccessibles à leurs concitoyens. (…)
      « Les communes, particulièrement les deux tiers d’entre elles à moins de 1 000 habitants, sont les briques du mur de la démocratie. Les supprimer, ainsi que les départements, créerait une désertification de la puissance publique, un abandon de la République au plus proche des citoyens ouvrant alors la voie aux communautarismes, poujadismes et autres populismes. (…)

      « Cette régionalisation-métropolisation éloigne les prises de décision des citoyens et la concurrence entre ces vastes entités va creuser et créer des inégalités territoriales sur le territoire de la République. Il s’agit d’un éloignement sans précédent de la puissance publique. Les routes départementales d’Aurillac deviendront des routes régionales dont la gestion sera décidée à Lyon. Les aides aux personnes dépendantes de Tulle seront gérées de Bordeaux.
      (…)
      « Derrière cet abandon de la République au plus proche des plus démunis, c’est un risque démocratique que représente cette contre-réforme.
      Source http://www.miroirsocial.com/actualite/11003/reforme-territoriale-deforme-terri-letale

        +6

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      • arnold99 // 27.11.2014 à 13h06

        Lorsque les préfectures et sous-préfectures ont été instaurées, la jugeote, le bons sens ont été privilégiés et surtout l’égalité. Vous savez, ce mot porté aux frontons de tous nos édifices publics.

        Le principe d’égalité conduisait à mettre à égale distance de tous, de dis de tous les citoyens les centres de décisions et de justice. Pour mémoire, ils comptaient en durée de trajet (à cheval), déjà la notion d’accessibilité.

        Je vous rejoins dans votre analyse, il serait bon que nos élites s’en soucient de l’accès identiques aux services publics et surtout que les principes républicains dont ils parlent avec des trémolos dans la voix soient mis en avant si l’on veut conserver une République. Déjà, à l’époque cela entrainait des frais…. mais ,la France était à tous les Français ou qu’ils se trouvent sur le territoire malgré le jacobinisme ambiant.

          +1

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      • Homère d’Allore // 29.11.2014 à 10h36

        Je suis heureux de voir que je ne suis pas le seul lecteur régulier de « Miroir Social ». J’avais déjà conseillé ce lien lors d’une précédente discussion.
        J’en profite pour rebondir sur la servilité des organes de presse au service des puissants. Pour des raisons professionnelles, je m’intéresse à la restructuration en cours des boutiques d’opérateurs Télécom. De nombreux emplois sont en jeu et les sommes liées au « traitement social » ou non de ces suppressions d’emplois sont loin d’être négligeables.
        J’ai envoyé des éléments sur ce sujet à la presse économique et/ou nationale directement aux journalistes traitant des questions liées à « l’économie numérique ». Il n’y a eu aucune réaction sauf une journaliste qui m’a avoué au téléphone que c’était un sujet « délicat » !
        Il faut dire que les budgets publicitaires des opérateurs sont énormes et les grands groupes auxquels ils sont rattachés ont des représentants dans la plupart des conseils d’administration du CAC 40 ( principe des noyaux durs).
        Seul « Miroir Social  » s’est fait l’écho de cette situation.
        Pour ceux que ça intéresserait, voici le lien:
        http://www.miroirsocial.com/actualite/10926/la-problematique-des-requalifications-liees-au-droit-du-travail-dans-les-boutiques-d-operateurs-telecom

          +2

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  • yanis // 27.11.2014 à 07h05

    « J’aimerais juste être dans un monde où le débat est une chose reconnue comme importante et capitale. « 

    Le débat est devenu un mythe ,, dans tous les domaines de la société ,

    L’oligarchie n’en veut pas , et fait obstruction à tout débat .

    Ils imposent leurs, vues, leurs discours, sans que la contradiction ne soit tolérée,

    Cela permet une hégémonie médiatique qui écarte tout travail de vérification

    Journalistique .

    Sans oublier un autre mythe , celui de la liberté de la presse complètement vérouillé .

    Comment définir la profession de journaliste ?

    Un canard à qui l’on a coupé la tête et qui continu de courir.

      +25

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    • Loui JULIA // 27.11.2014 à 08h40

      Bonjour,
      Je trouve amusante votre formule « un canard à qui l’on a coupé la tête et qui continue de courir », car ce sont exactement les mots qu’a employés un membre des autorités dirigeant l’une des républiques populaires autoproclamées du Donbass, pour décrire la façon dont fonctionne et agit le gouvernement de Kiev. Sauf qu’il daisait « poule » et non « canard », mais ça reveint au même.

        +12

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      • yanis // 27.11.2014 à 09h39

        comme quoi le donbass victime de crimes de guerre est proche de nos frontières.

          +3

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  • dvd // 27.11.2014 à 08h49

    Je mettrais en garde « Léonard » contre l’esthétique de sa plume ou de sa verve.

    Il a ce talent de savoir exprimer les choses avec fluidité, or l’information n’est en théorie pas le domaine de cette qualité. En théorie disais-je car ceux qui souhaitent contenir des foules et les maintenir dans l’asservissement ont besoin de ces talents pour produire leur story-telling.
    France Info avec « l’histoire du jour », et même des journalistes devenus dissidents qui ont conservé cette dérive d’écrire de « belles histoires » (véridique).

    L’information (la mise en forme) n’est pas l’imagination. Il n’est pas anodin de constater qu’elle s’adresse de plus en plus à l’imaginaire et à l’inconscient (ce qui a été automatisé, engrammé par notre socioculture aurait dit Laborit). Afin de pallier la décroissance réelle elle invente ainsi des univers virtuels pour nous enchanter. Combien de journalistes parlent d’ailleurs de besoin de « réenchanter la vie politique » ?

    Voilà, peut-être un conseil : mettre sa plume au service d’une activité complémentaire, l’écriture de romans, d’essais afin de conserver dans le journalisme son esprit critique à l’abri de l’esthétique qui a pour but de séduire plus que d’informer.

      +16

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    • Alae // 27.11.2014 à 13h55

      « Il a ce talent de savoir exprimer les choses avec fluidité, or l’information n’est en théorie pas le domaine de cette qualité. »

      J’ai pensé précisément le contraire. Pour moi, il est verbeux, plat, sans légèreté ou verve et surtout trop long, mais de gustibus non disputandum.

      Quant à l’information qui ne serait en théorie « pas dans le domaine de cette qualité », allez dire ça dans un pays où le meilleur article de presse jamais écrit est le « J’accuse » de Zola…

      De toutes façons, pour régler le problème, esthétique ou pas esthétique, il suffit que chacun assume son bord idéologique (quand il y en a un), que ceux qui se disent neutres le soient réellement et que, comme le dit Kiwixar, les lecteurs et seulement les lecteurs financent les publications de presse.
      On aurait instantanément de l’air.

        +3

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      • Léonard // 27.11.2014 à 16h29

        Cher monsieur,

        Je suis bien d’accord avec vous, je me trouve aussi, à la relecture, un peu plat et verbeux.
        « Sans légèreté », je vous trouve un peu dur. Difficile d’être léger quand on parle d’un tel sujet…quoique…j’essaierai la prochaine fois, si j’ai un peu de temps, je vous le promets.

        En effet, sachez que j’ai écrit ces quelques mots en très peu de temps, à cause d’une vie professionnelle quelque peu bouleversée, et que je ne maîtrise pas l’exercice de style (c’est une première pour moi que de me confier de la sorte). Je ne prétends pas savoir écrire. Je livre juste un témoignage. Un peu brut, un peu gauche. Je suis sûr que vous m’excuserez.
        D’autant que, je finis par une petite pique, vous semblez aimer les citations latines. On fait plus « léger » et moins « verbeux » en terme de commentaires…. Æquam memento servare mentem !

        Bien à vous.

          +9

        Alerter
        • Alae // 27.11.2014 à 17h53

          Léonard,
          Rassurez-vous, je suis aussi critique avec tout le monde, et plus encore avec moi-même.
          Pour trouver grâce à mes yeux, il faut au moins s’appeler Flaubert…
          J’espère ne pas vous avoir fait de peine et je vous demande pardon si c’est le cas.
          Cordialement.

          PS : Je ne suis pas un monsieur.

            +2

          Alerter
        • sadsam // 28.11.2014 à 21h25

          @Tenez bon Leonard.

          A l’occasion relisez « Bel-Ami », les articles de Maupassant sur la Tunisie, ceux de Loti sur l’opération de Hué, Albert Londres, Henri Béraud, Cendrars, Barrès (ses articles et son roman « Leurs figures ») et combien d’autres.
          L’AFP est menacée par tweeter, comme l’ont écrit des intervenants ci-dessus. Et aussi la presse-système est allée trop loin : il suffit de regarder les commentaires des internautes sous les articles.Il y a même eu des réunions de l’OTAN cet été pour dire que l’alliande a perdu la guerre de l’information.
          Si la presse normale avait été ne serait-ce qu’un tout petit peu plus objective, je n’aurais jamais découvert Les crises en cherchant un peu sur internet.
          Pour prendre un tout petit peu de distance, n’oubliez pas de vous plonger aussi dans les historiens latins, actuels à un point étonnant (Tacite ou Suétone par exemple, je viens de commencer par eux).

            +0

          Alerter
  • Kiwixar // 27.11.2014 à 08h53

    « Je précise également que je pense profondément que les journalistes sont d’une importance capitale et irremplaçable. »

    Les cimetières sont pleins de gens irremplaçables.
    Vu la malhonnêteté flagrante des journalistes et le contrôle des médias par la finance, les marchands d’armes ou les puissances étrangères, on s’informe de plus en plus par internet. Et pour de plus en plus de gens, uniquement par internet. Ca permet de comparer l’information, les partis-pris et d’être pris de nausée pour tous les mensonges que ces journalopes nous ont fait gober et qui ont amené l’Europe à cet état de misère inféodée, à grands coups de novlangue et d’orwellisme (« l’ennemi c’est Eurasia », « la mondialisation c’est bien », « il faut payer ses dettes », « Poutine est l’antéchrist », « l’organisation de Bruxelles, c’est la paix »).

    Il ne reste plus qu’à décider d’appliquer le libéralisme prôné par les journalistes à eux-mêmes en laissant les forces du marché oeuvrer pour le bien commun : pas de subventions aux journaux, pas d’avantages fiscaux aux journalistes.

      +39

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    • Léonard // 27.11.2014 à 16h36

      Je ne me crois nullement irremplaçable monsieur. Vous avez découvert la pourriture de la presse en participant à une grève en étant adolescent ? En vous en tirez un principe général ? Belle leçon de sobriété et d’objectivité…..

      La collecte, la vérification des informations et des sources, leur restitution et hiérarchisation est un métier. Cela s’apprend. Cela ne veut pas dire que les journalistes d’hier seront ceux de demain. cela ne veut pas dire que cette activité est réservée à une caste ou à des intellectuels. Cela ne veut pas dire que la presse ne va pas évoluer, changer, se transformer et peut-être disparaître. Mais il y aura toujours besoin de journalistes.Notre travail consiste uniquement à prendre une manière brute et à la rendre accessible au plus grand nombre. Selon moi, c’est uniquement un travail de pédagogie. Vouloir que les gens s’informent uniquement via les réseaux sociaux est une belle bêtise…mais cela n’engage que moi !

      Pour avoir vécu plusieurs années dans un pays où la presse n’est pas libre du tout, je ne vous le souhaite pas monsieur. Et je suis le premier à critiquer mon activité. Mais soyez un peu plus constructif, aller dans des rédactions de journaux locaux (où je travaille actuellement), vous verrez que 90% des journalistes font admirablement bien leur travail vus les moyens dont ils disposent.

      Je rêve d’un monde où des gens comme vous auraient la charge de nous informer. Ce serait idyllique, j’en suis sûr.

        +3

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      • Kiwixar // 27.11.2014 à 18h10

        « Vous avez découvert la pourriture de la presse en participant à une grève en étant adolescent ? En vous en tirez un principe général ? Belle leçon de sobriété et d’objectivité….. »

        Vous me confondez avec un autre commentateur, car je n’ai jamais écrit cela. Vérifiez vos informations et vos sources (puisque vous êtes un professionnel et que ça s’apprend)(et que ça paraît vraiment difficile).

        « Vouloir que les gens s’informent uniquement via les réseaux sociaux est une belle bêtise »

        Vous déformez mes propos (formation de journaliste?). C’était : « on s’informe de plus en plus par internet. Et pour de plus en plus de gens, uniquement par internet. »
        Internet ne se limite pas aux réseaux sociaux. Il y a aussi les newsgroups, les forums, les sites d’information non-professionnels, dont cet excellent blog.

        « Mais il y aura toujours besoin de journalistes »

        Ce n’est pas un fait, c’est une opinion, et elle est très discutable. Les révolutions technologiques s’accompagnent toujours de la disparition de certains métiers, l’apparition de nouveaux et l’apparition aussi d’amateurs qui sont meilleurs que bien des professionnels, par exemple ceux qui codent du logiciel libre, ou ceux qui confrontent leur précision et leur probité (Berruyer) à l’incompétence et à la malhonnêteté de très nombreux journalistes.

        « Pour avoir vécu plusieurs années dans un pays où la presse n’est pas libre du tout »

        En France? Personnellement, j’ai habité sous 4 dictatures, 2 communistes et 2 militaires. La presse et les médias étaient aussi étroitement contrôlés et « pensée unique » que ce qu’on trouve en ce moment en Otanie.

        Pour rester dans le sujet, la traduction du début de “Apesar de você” de Chico Buarque, écrit pendant la dictature militaire brésilienne (dictature mise en place avec l’aide de “qui vous savez”) :

        Aujourd’hui c’est toi qui commande
        C’est d’accord, il n’y a pas de discussion
        On marche en parlant de côté
        Et en regardant au sol.

        Toi qui a inventé cet état
        Tu as inventé toute cette obscurité
        Toi qui a inventé le péché
        Tu as oublié d’inventer le pardon

        Malgré toi
        Demain sera un autre jour
        Je te demande
        Où est-ce que tu vas te cacher
        De l’énorme euphorie
        Comment vas-tu interdire
        Quand le coq insistera à chanter
        L’eau neuve jaillissant
        Et nous, nous aimant sans cesser

        Quand viendra le moment
        Ma souffrance
        Je te la ferai payer avec intérêts, je le jure
        Tout cet amour réprimé
        Ce cri contenu
        Cette danse dans l’ombre.

          +14

        Alerter
      • Sam Erlaput // 27.11.2014 à 23h11

        … »Notre travail consiste à la préparer, la cuisiner, pour que les citoyens puissent la consommer et la digérer. « …

        Je crois que tout ce qui fait ma profonde aversion pour les journalistes est dit dans cette phrase. Quel mépris pour le citoyen ! Cet abruti est tellement con qu’on doit lui mâcher le travail !…Pour qu’il puisse CONSOMMER l’info !!! Quelle vision du monde ! Et il y a des écoles où on apprend ça ? Vraiment ?

        Sûrement qu’un jour viendra où traiter quelqu’un de « journaliste » sera la pire des insultes, et m’est avis que ce jour n’est pas très lointain.

        Pour ma part je ne réclame que des faits. Je me charge de l’interprétation pour mon compte. Et rapporter des faits, sans les travestir, sans les polluer, ça c’est sûrement un vrai métier. Mais je n’ai pas l’impression qu’il s’apprenne. Nulle part.

        Notez que je ne crois pas plus au journalisme citoyen. J’exècre tous les filtres, quelle que soit leur nature, et d’où qu’ils viennent, puisqu’ils ne sont – toujours – que des outils de manipulation.

          +4

        Alerter
  • dan // 27.11.2014 à 08h55

    A mon avis, les médias qui nécessitent un certain investissement, papier ou audiovisuels, sont tous manipulés. Je m’explique : il me parait inconcevable qu’un financier, institutionnel, étatique ou privé, d’un média quel qu’il soit, se prive de la possibilité de contrôler le contenu politique de l’information qu’il diffuse. Par exemple quand Libération est racheté par Rothchild, c’est bien pour avoir un mot à dire sur son contenu et contrôler ce qu’il diffuse. Et on voit bien ce qu’est devenu ce journal aujourd’hui.

      +16

    Alerter
    • dvd // 27.11.2014 à 09h04

      Oui, aujourd’hui la clef de tout, ce qui symbolise la financiarisation à mon sens bien plus que les revenus exorbitants (dont on parle comme « coupe-feu », pour éviter de changer ce qui tient le système) c’est le financement de l’investissement.

      Et là c’est très simple, à efficacité équivalente (ce qui est finalement pas souvent le cas, les PME étant bien meilleures sur ce point, lobbying mis à part) :
      – soit vous êtes une PME (indépendante) et vous versez 33% de vos revenus en impôts en plus de salaires locaux,
      – soit vous êtes une multinationale et vous payez de l’ordre de 10% après avoir optimisé fiscalement votre organisation financière et RH…

      23 points d’écart qui servent les actionnaires, mais surtout les banques qui prêtent à qui à votre avis ?

        +11

      Alerter
  • pucciarelli // 27.11.2014 à 09h12

    Bonjour Léonard. J’ai été journaliste dans une vie antérieure, je peux donc avancer que votre avenir professionnel risque de connaître des déconvenues avec les convictions qui vous animent, ce dont, je crois, vous êtes conscient. Pour ce qui est de la nécessité d’une presse vraiment professionnelle, on ne peut que vous suivre, surtout si l’on a pris la mesure de la complexité chaotique des réseaux Web. Mais hélas, la vigilance de mise sur la toile doit aussi être exercée à propos des médias main stream. En outre, je reste convaincu que faire ce difficile métier avec honnêteté n’est possible qu’en s’appuyant sur des convictions, voire des parti pris, seuls à même d’organiser une pensée, un regard, de conduire à une analyse structurée mais discutable et présentée comme telle, et, le cas échéant, de la défendre (quand cela est possible!). Il semble que le journalisme a cessé d’être une vocation pour beaucoup de vos collègues, et qu’il est devenu un moyen de faire carrière, au moins dans les « grands médias », ce qui implique moins de courage et d’engagement que de souplesse et de servilité. L’époque veut ça: nous avons les « grandes écoles de journalisme », Science po Paris, l’idéologie et le formatage qui vont avec, et une « grande » presse soumise aux desiderata de ses propriétaires, oligarques puissants, ou à l’Etat néolibéral leur allié. Cette crise du monde médiatique en dit donc tout autant sur ce que le journalisme est souvent devenu, une entreprise de communication, et sur le système politique et économique lui-même qui n’a pas besoin d’un contre pouvoir, surtout pas, mais de relais efficaces pour formater l’opinion. Nous sommes donc devant un problème politique, cette situation insupportable devenant le symptôme criant de l’abaissement du fait démocratique dans nos démocraties. Peut-on encore être journaliste aujourd’hui avec l’exigence d’une pratique intègre? Voilà une question à laquelle je me garde de répondre. Cordialement.

      +22

    Alerter
    • boduos // 27.11.2014 à 12h29

      journaliste? dans quel journal? Léonard dépeint bien l’AFP et ses sœurs contrôlées par le système,là c’est le premier encadrement.
      -vient ensuite le lectorat qu’il ne faut pas brusquer pour le fidéliser dans sa torpeur .
      -viennent ensuite les annonceurs publicitaires qu’ils ne faut pas faire fuir .
      -vient ensuite la régie publicitaire aux mains d’une caste bien connue pour menacer les récalcitrants.
      -pour être respecté et être craint il faut aussi quelques dossiers sous le coude qu’on ne sort pas.
      -reste l’environnement professionnel (collègues,télé d’état,propriétaires du media,environnement local et sa bulle « culturelle » de pressions amicales et obligées.
      autant de réalités quotidiennes pour un journaliste qui lui rognent les ailes et toute liberté.
      heureusement,ce journalisme agonise.Il se défend le dos au mur mais il sait que c’est un combat d’arrière garde.au contraire,sur la toile ,en échangeant ,nous sommes nos propres journalistes et non plus des lecteurs passifs.il faut donc s’attendre à une offensive renforcée sur la censure du net contre cette émancipation nouvelle de l’individu.
      le journalisme à la papa,c’est fini; pour autant,nous devrons nous tenir informés des techniques de manipulation pour décoder les intox.

        +10

      Alerter
  • gerard Colin // 27.11.2014 à 09h35

    Par rapport au journalisme citoyen.
    Les journalistes citoyens sont comme les programmeurs qui publient du open-source à partir de leurs travaux personnels. Ils permettent de fixer au seuil de qualité. Les journalistes n’avaient qu’à cesser de nous vendre de la merde à 10€/kg.

      +7

    Alerter
  • draxredd // 27.11.2014 à 09h35

    Après la malbouffe, le concept de malinfo s’impose, si on veut bien me pardonner la novlangue.
    Mais comme pour la nourriture bio, l’info artisanale faite main est aujourd’hui un luxe inaccessible aux masses.

      +13

    Alerter
    • harvest // 27.11.2014 à 17h00

      Pourriez-vous préciser ce que vous entendez par info artisanale ? Parce que pas mal d’info non orientée est disponible sur le net et gratuite. Mais le luxe dont vous parlez est peut-être lié aux capacités intellectuelles plutôt que pécuniaires; et là je vous rejoint entièrement.

        +3

      Alerter
    • HELLEBORA // 01.12.2014 à 01h53

      Slow food versus fast food / slow info vs fast info ?

        +0

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  • Kiwixar // 27.11.2014 à 09h50

    « Complotiste! »

    Je pense qu’il faut cesser de s’émouvoir de l’épithète « complotiste » et au contraire l’accepter avec sérénité, en expliquant que « tout est complot, rien n’est complot, tout dépend du degré de connivence ».

    Il est beaucoup plus facile pour quelques centaines de familles richissimes de s’entendre entre elles et de coopter un 2eme cercle influent d’ « idiots utiles » (Le Siècle, Bilderberg, Young Leaders, etc) que pour 7 milliards de personnes de lutter contre elles alors qu’elles pensent surtout à faire bouillir la marmite, si ce n’est simplement survivre. Ces quelques centaines de familles, par contre, ont le contrôle de l’imprimante à billet, beaucoup de temps libre pour s’organiser, et évidemment le contrôle des medias (et des « démocraties » de l’Otanie).

    Paradoxalement, l’ennemi de ces oligarques, c’est la conjonction du temps libre des gueux et d’internet pour s’informer. Des gueux avec du temps libre, ce sont les chômeurs, parce que quand on bosse, qu’il faut récupérer les gamins à l’école et cuisiner, on est trop crevé pour s’informer de manière valable. Quand les gueux commencent à montrer des signes d’éveil (exemple 1936, ou actuellement, les gens qui commencent à s’interroger sur la création monétaire dans des mains privées, et la loi de janvier 1973), il faut les envoyer au front. Donc « l’ennemi c’est l’Eurasia ».

      +36

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    • Sam Erlaput // 27.11.2014 à 23h15

      Voir des complots partout, c’est une maladie.
      N’en voir nulle part, c’est de la connerie !

        +4

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  • dvd // 27.11.2014 à 09h50

    On va mettre ça sur la soif de la découverte et de l’aventure 😉

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  • FL // 27.11.2014 à 09h52

    Il me semble l’avoir déjà trouvé ici, « à la bonne table d’Olivier » mais pour ceux qui ne l’aurait pas encore parcouru ou mieux lu…
    http://www.leboucher.com/pdf/balzac/b_bal_j.pdf

      +1

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  • Ythaq // 27.11.2014 à 10h14

    Merci pour votre témoignage très intéressant et agréable à lire.
    Pour revenir sur John Swinton, vous pourrez trouver ci dessous une citation plus complète (en anglais désolé) qui laisse entendre que la désinformation, au moins (déjà?) à cette époque, était semble-t-il plus dûe à des pressions et de l’auto censure qu’à la naiveté, l’ignorance ou un parti pris inconscient.

    John Swinton donc:

    Here is what John Swinton, a well known prominent Journalist and a contributing writer for the New York Times said at his private retirement party one night in 1890 where he was the guest of honor. Someone asked him to make a toast to the Independent Press. Here is what he stated:

    There is no such thing, at this date of the world’s history, in America, as an independent press. You know it and I know it.

    There is not one of you who dares to write your honest opinions, and if you did, you know beforehand that it would never appear in print. I am paid weekly for keeping my honest opinion out of the paper I am connected with. Others of you are paid similar salaries for similar things, and any of you who would be so foolish as to write honest opinions would be out on the streets looking for another job. If I allowed my honest opinions to appear in one issue of my paper, before twenty-four hours my occupation would be gone.

    The business of the journalists is to destroy the truth, to lie outright, to pervert, to vilify, to fawn at the feet of mammon, and to sell his country and his race for his daily bread. You know it and I know it, and what folly is this toasting an independent press?

    We are the tools and vassals of rich men behind the scenes. We are the jumping jacks, they pull the strings and we dance. Our talents, our possibilities and our lives are all the property of other men. We are intellectual prostitutes.

    (Source: Labor’s Untold Story, by Richard O. Boyer and Herbert M. Morais, published by United Electrical, Radio & Machine Workers of America, NY, 1955/1979.)

      +5

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    • gotoul // 27.11.2014 à 13h15

      En voilà une partie au moins traduite en français :

      « Il n’existe pas, à ce jour, en Amérique, de presse libre et indépendante. Vous le savez aussi bien que moi. Pas un seul parmi vous n’ose écrire ses opinions honnêtes et vous savez très bien que si vous le faites, elles ne seront pas publiées. On me paye un salaire pour que je ne publie pas mes opinions et nous savons tous que si nous nous aventurions à le faire, nous nous retrouverions à la rue illico. Le travail du journaliste est la destruction de la vérité, le mensonge patent, la perversion des faits et la manipulation de l’opinion au service des Puissances de l’Argent. Nous sommes les outils obéissants des Puissants et des Riches qui tirent les ficelles dans les coulisses. Nos talents, nos facultés et nos vies appartiennent à ces hommes. Nous sommes des prostituées de l’intellect. Tout cela, vous le savez aussi bien que moi ! »
      Source :
      http://libertescheries.blogspot.fr/2013/01/la-citation-du-jour-john-swinton-et-la.html

        +6

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  • reneegate // 27.11.2014 à 10h32

    Plutot rassurant de lire des journalistes intègres, mais aussi l’occasion de souligner la responsabilité de chacun à témoigner :
    http://www.la-lef.fr/la-chute-du-mur-de-berlin-et-une-multitude-de-murs-occidentaux/

    Les commentaires sur ce site sont aussi une grande source d’informations mais aussi de vécu et de ressenti. En ce sens ils sont tout à fait complémentaires au travail des journalistes et des analystes tels que O. Berruyer.

      +3

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  • nebul_eu // 27.11.2014 à 10h42

    on aime les transcriptions ici, donc l’exercice consiste à transcrire 12 minutes de programmes pub comprise d’un media d’info courant… que vous aimez bien.

    relisez, étonnant non.
    alors ensuite que ce soit orienté soit, restons en à qui paie et qui veut écouter ce type de messages.

    La conclusion , continuez à dormir , on s’occupe de tout.

    On en reparle quand la carte de journaliste sera attribuée à ceux qui tirent moins de 10% de leur revenus de leurs publications.

      +0

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  • Daniel // 27.11.2014 à 10h46

    Le journalisme atlantiste peut parfois nous surprendre. « Le Figaro » m’a surpris ce matin en dénonçant (par un papier signé Philippe Juvin) l’hypocrisie des États européens qui critiquent la livraison (ou non) des BPC Mistral à la Russie. Ledit auteur ose même parler de « l’hypocrisie des Américains » (oh, sacrilège !), mais surtout celle des Polonais, des Allemands et des Baltiques qui veulent empêcher la vente des BPC français mais « qu’achètent du gaz russe et des arments américains ».

    En fait, les enjeux majeurs du feuilleton Mistral russes se trouvent plutôt dans l’avenir des chantiers de Saint-Nazaire mais aussi dans le montant effrayant des dédommagements (on parle d’un chiffre de 3 milliards d’euros) qui couterait à l’Etat français.

    Cependant, la critique du Figaro – à part le petit rappel « anti-Poutine » (quand-même!) – on aurait pu l’avoir trouvée sur n’importe quel site d’information indépendant (comme celui-ci) et c’est cela le plus étonnant. Comme quoi…

    En voici le lien (si jamais) : http://www.lefigaro.fr/vox/monde/2014/11/26/31002-20141126ARTFIG00338-livraison-des-mistral-la-foire-aux-hypocrites.php

      +12

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    • dvd // 27.11.2014 à 10h58

      C’est à se demander si le rôle des médias mainstream n’est pas de créer une histoire commune à chaque groupe social pour les canaliser.
      On aura soin de flatter le « progrès » à Libé ou à l’OBS, « l’efficacité et la croissance » au Figaro ou au Point, etc.

      Internet vient faire exploser cela, quoi que certains « dissidents » sont encore très réticents à aller chercher des infos (à la rigueur je veux bien le comprendre au vu de la faiblesse de certains sites) mais pire des analyses de groupes que l’on stigmatise très vite.

      Une information n’est pas dirigée par essence elle est une information, d’où qu’elle vienne, quelle que soit la personne qui la donne.
      A noter que bcp de sites sont ce que j’appelle des remonteurs d’ascenseurs. Je m’explique, une stratégie du système (qui se doit d’être crédible, même à minima) est de noyer les informations gênantes ou permettant une analyse systémique dans un flux de (beep !) …onneries (le mariage et le bébé de la princesse, la dispute des sous-fifres, les petites affaires, etc.). De nombreux sites repositionnent ces infos en « bonne » place, tout simplement.

        +1

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    • Balthazar // 27.11.2014 à 11h07

      Le figaro vous a surpris.
      1/ Qui possède le figaro ?
      2/ Qui va perdre un méga contrat d’armement en Inde suite à cet alignement sur Oncle Sam ?
      Réponse : c’est la même personne.

        +30

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      • Daniel // 27.11.2014 à 11h38

        Par les temps qui courent j’ai été un peu étonné de ce papier au Figaro, certes, mais tout en sachant que, comme l’a bien dit dvd ci-dessus, la presse-Système fait toujours un double jeu avec le lecteur. Toutefois il y est aussi clair le message du « achetez français », « achetez Dassault »…

          +3

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    • arthur78 // 27.11.2014 à 11h18

      Pourquoi la lituanie peut elle livrer des armes à l’Ukraine et pas la France à la Russie.

      Francois Heisbourg dont on sait qu’il a des intérêts outre-manche pourrait il nous l’expliquer.

      François Heisbourg ?@FHeisbourg Nov 24
      A way of forcing NATO’s reluctant hand: @defense_news: Lithuania Pledges Military Aid for Ukraine http://bit.ly/1r3ALh7

      Strobe Talbott ?@strobetalbott 30 juil.
      President, Brookings Institution
      Re PT, @FHeisbourg pushed EU support for France in canceling Mistral sale. http://on.ft.com/1nV65pC via @FT Good on him! Hope Hollande heeds.

      A un moment donné il faudra faire la liste de tous les enfoirés qui jouent contre la France pour une puissance étrangère et pour des intérêts bassement mercantiles. Bouh qu’ils sont laids …

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    • Anne // 27.11.2014 à 13h12

      Dassault, propriétaire du Figaro ne veut pas perdre le marché des rafales avec l’Inde, qui porte sur des milliards… et qui risque d’être remis en cause par l’affaire des Mistrals, qui fait perdre toute crédibilité à la France en tant que fournisseur.

      Alors faire pondre dans son torchon un article moins aligné sur le courant atlantiste mainstream, pour défendre ses intérêts particuliers ça vaut coup, et puis à quoi bon posséder un journal si cela ne permet pas de temps en temps de défendre ses intérêts ?

      Et puis, ménager la chèvre et le chou, c’est tout benef d’ailleurs, cela fera croire aux naïfs que son torchon donne la parole à des opinions diverses ce qui est un bon alibi pour faire croire à l’expression libre de voix non complètement alignées, ….et un peu de baume au cœur à ceux qui en ont marre de n’entendre qu’un son de cloche sur tout l’éventail de la presse française, ils pourront croire à tort qu’il y a encore de l’espoir pour une expression plus libre plus diverse.

      La voix des oligarques est uniforme jusqu’au moment où leurs intérêts particuliers sont en jeu.

        +12

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      • Anne // 27.11.2014 à 13h14

        Mon commentaire répond à celui de Daniel un peu plus haut qui fait bien d’ailleurs allusion à Dassault…

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        • Daniel // 27.11.2014 à 14h22

          Merci, Anne, je l’avais déjà compris. Tout à fait en accord avec votre avis aussi. On comprend mieux maintenant les raisons du « voyage de la dernière minute » de Jean-Yves le Drian à New Delhi le 1er décembre prochain. Salutations.

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          • boduos // 27.11.2014 à 16h31

            Le Drian (snoopy) va se déplacer pour rien,un membre éminent des Brics ne va pas acheter très chers des rafales dont il n’est pas assuré de l’après vente si L’OTAN,en cas de tension, fronce les sourcils sur flamby ,le doigt sur la couture du pantalon.
            Initiative intelligente et iconoclaste à prendre faire:emmener MLP dans ses bagages qui assurerait l’Inde de l’après vente à compter de 2017 quoiqu’il advienne.
            alors Olivier et Serge,vous savez ce qu’il vous reste à écrire dans le Figaro…

              +1

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            • Daniel // 27.11.2014 à 18h09

              Surtout quand on sait que l’Inde est un traditionnel partenaire militaire de la Russie, l’Etat indien collabore même dans la fabrication de certains modèles de chasseurs Sukhoï.

              D’ailleurs, je suis toujours étonné de cette « offensive » commerciale de Dassault en Inde, surtout quand on sait que les russes préparent pour au plus tard 2017 un « super » (dit-on) chasseur furtif de 5ème génération – le Sukhoï T-50 – et dont le prix sera nettement inférieur à celui d’un Rafale.

              https://www.facebook.com/photo.php?fbid=10152852134611678&set=a.10150294029661678.381794.775051677&type=1&theater

              Mais peut-être que ce papier du Figaro (et qui a été vite mis aux archives !) pourra changer le vent en faveur de Dassault… 🙂

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    • Julian // 27.11.2014 à 15h46

      Philippe Juvin se souvient peut-être qu’avant d’avaler les couleuvres du retour de notre pays dans le Commandement militaire de l’OTAN, il a été un président du mouvement des jeunes gaullistes (UJP) ardent défenseur de la ligne… »sortie de l’Otan » du Général !

      On ne renie pas tout à fait ses enthousiasmes de jeunesse !

      Cela dit, on ne peut que se réjouir de constater une certaine prise de conscience.

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    • sadsam // 28.11.2014 à 21h45

      @merci pour ce lien Daniel

      Mais cela ne remonte pas la cote des journalistes car il s’agit d’une tribune d’un député européen.

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  • Judabrutus // 27.11.2014 à 11h00

    Tout d’abord une référence littéraire qui n’a pas pris une ride : « Bel -ami » de Maupassant, lequel savait de quoi il parlait pour avoir longtemps pataugé dans la mare aux canards. À le lire, on comprend que le problème de l’insuffisance morale et intellectuelle de la tribu des augures ne date pas d’hier.
    En fait, le mal me paraît congénital, ou plutôt structurel, pour employer un terme à la mode : d’un strict point de vue sociologique l’institution journalistique est une instance régulatrice qui participe du maintien d’un certain ordre socio – politique, de là qu’il n’y a pas de quoi s’ indigner quand on surprend la profession en flagrant délit de mensonge par omission ou de falsification de la parole d’autrui ; qui se serait offusqué, au XIXe, que M. le Curé ne fût pas un rebelle ? Les journalistes servent les maîtres de ce monde comme les jésuites servaient le pape, en chiens fidèles qui savent qui remplit leur gamelle. La seule alternative à cette situation est d’apprendre à se passer d’eux, ce qui, à notre époque, est tout à fait possible : l’information dont ils croient nous priver se niche toujours quelque part dans un recoin du net. Au reste cette époque qui est la nôtre n’est pas sans analogie avec le XVIII e, lorsque circulaient, à travers un subtil maillage de réseaux, des billets manuscrits sulfureux et des imprimés de contrebande au nez et à la barbe des services de police et de leur cohorte de » mouches « ( cf les travaux d’A. Farge sur l’opinion publique au XVIIIe).
    pour nous résumer, je dirais qu’en termes de « théorie de l’information », l’information institutionnelle aujoud’hui comme hier n’est plus qu’un assemblage de bruits et de blancs chargé de brouiller la clarté toujours simple de la vérité, le fait que le journalisme – citoyen ajoute du bruit au bruit , ne peut qu’avoir des conséquences salutaires, même lorsqu’il ne s’ agit que de rumeurs, dans la mesure où le public hypnotisé par l’écran ou le prestige de la carte de presse, ne peut pas ne pas se poser de questions, lesquelles, à la longue, deviendront les bonnes questions. Il faut donner du temps au temps!

      +3

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  • Balthazar // 27.11.2014 à 11h09

    A l’auteur :
    « L’AFP ne ment pas, techniquement ».
    Encore un effort pour ouvrir les yeux, ce blog aide bien quand même.

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    • harvest // 27.11.2014 à 17h08

      Exact, le mensonge par omission n’en est pas moins mensonge. Allons Léonard, on y est presque.

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  • Ivan // 27.11.2014 à 11h09

    Analyse intéressante mais bien naïve dans ses propositions, et qui continue néanmoins à défendre une vision du journaliste comme « gate keeper », c’est pourtant cette position qui est aujourd’hui complètement périmée. Je ne reviendrai pas sur le constat, assez juste, du malaise de la profession qui ne débouche cependant pas sur une remise en cause de la vision professionnelle du métier qui est pourtant le coeur du problème. Lorsque je lis :
    « Notre travail consiste à la préparer, la cuisiner, pour que les citoyens puissent la consommer et la digérer. Toute la difficulté de notre travail réside en ce point : simplifier, reformuler l’information sans la travestir ou la déformer. »
    Je me dis que les médias français sont encore loin de faire leur révolution pour apporter une information digne de ce nom à leurs lecteurs. L’idéal mis en avant par ce jeune journaliste, à savoir « simplifier, reformuler, préparer, cuisiner » pour que les citoyens puissent « consommer » et « digérer » l’information, est précisément la source de la nullité de l’information délivrée par les médias, particulièrement en France (les médias anglo-saxons font un petit peu mieux). La recherche d’un produit, d’un angle de traitement, et d’un formatage en fonction des impératifs rédactionnels du système massmédiatique expliquent en grande partie l’impossibilité qu’il y a aujourd’hui à accéder à une compréhension des événements politiques ou économiques par le biais du journalisme de storytelling dominant.
    Ce constat n’est pas nouveau et était déjà énoncé par Neil Postman dans son ouvrage de référence : « se distraire à en mourir ». Ce sont précisément les impératifs professionnels de production journalistique qui débouchent sur le mal-info généralisé, en partant de postulats et de représentations erronés sur les finalités du métier et les « attentes » et « capacités » du public qui revient globalement à simplifier jusqu’à la caricature, à décontextualiser, et à adopter des angles de traitements réducteurs.
    On a donc aujourd’hui une information à deux vitesses, avec un système médiatique incapable d’informer le grand public et d’amener une compréhension de l’actualité, essentiellement par simplification, et « cuisine » journalistique, de l’autre nous avons assisté à l’émergence d’une sphère informationnelle alternative constituée par les médias indépendants natifs d’internet, qui s’inspirent massivement d’un modèle militant et amateur. Il faut inclure dans cette sphère tous les blogs d’insiders qui permettent un accès direct à l’information sans passer par le maltraitement journalistique. Il y a donc une information à deux vitesses, un système médiatique largement destiné aux masses et fabricant de l’ignorance, et une sphère indépendante, composée également de nombreux médias étrangers en langue anglaise, accessible à une population mieux formée, plus éduquée, et qui pourra en retirer une véritable compréhension…

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    • Léonard // 27.11.2014 à 17h29

      Vous mélangez tout.

      Comprenez-moi bien : « préparer l’information pour que le lecteur puisse la digérer » est une image. Vous l’aviez compris, je suppose. Cela veut uniquement dire que notre travail se situe entre le travail d’artiste et celui de chercheur. Sur le fond et la forme.

      Si vous espérez que le citoyen lambda puisse suivre, à travers des blogs et les réseaux sociaux, les millions d’informations quotidiennes qui agitent le monde, bonne chance ! Les journalistes à tout niveau (agences, correspondants locaux, détachés, desk) ont la charge de faire le tri. Puis, viens la prose de celui qui sera chargé de traiter le sujet. C’est une suite de filtres. Et c’est là toute la difficulté et tout le problème.

      Vous avez l’air de penser que dans le monde de demain (ou dans un monde parfait), les gens s’informeront grâce à un Internet libre et non censuré, renvoyant la vieille presse diabolique au vestiaire…. Quelle naïveté ! S’il y a bien un endroit où l’information est biaisée, orientée, c’est le web ! A partir du moment où quelqu’un tape sur les lettres d’un clavier, qu’il propose sa pensée, son point de vue (même en rapportant benoîtement les faits), il oriente le lecteur. Ce n’est pas le support ou les personnes qui sont en débat selon moi. Les questions primordiales restent : l’information est-elle un bien de consommation ou un service d’intérêt général ? A ce titre, faut-il subventionner la presse ou la laisser aux mains du marché ? Si oui, comment s’assurer de sa diversité ?
      L’idée d’une presse complètement menottée aux mains de méchants patrons est ridicule et ce sont toujours les gens qui n’y connaissent rien qui délivrent cet argument. Les journalistes sont peu censurés. Ils se censurent eux-mêmes. Et c’est bien le problème.
      Nous verrons dans 10-15 ans quel sera l’état de la presse. Je suis sûr que le papier aura disparu pour votre grand bonheur…..et que les titres se feront de plus en plus rares….le nombre de journalistes encartés aura certainement diminué aussi…..Et beaucoup se réjouiront sans doute de cet état de fait…. J’attends pour ma part avec fébrilité ce monde de blogs par milliers et de déchaînement sans limite via le web. Je suis content de lire Courrier International, le Monde diplomatique tout en cliquant sur Slate, Arte.fr ou les-crises. Je vous assure que certains journalistes font bien leur travail.

      Enfin, pourquoi opposer systématiquement distraction et information sérieuse (et donc, alternative !!) ? Un de sites les plus en vogue ces derniers temps est Legorafi. Participe t-il au délitement du monde médiatique ? Pour être tout à fait honnête avec vous, le problème des gens qui se revendiquent de l’alternative, de la révolution qui vient et toutes ces conneries (mon école de pensée, c’est Georges Brassens, je suis un réac), c’est qu’ils manquent sensiblement d’humour et d’auto-dérision. Comprendre le monde, c’est impossible. Il est trop grand, trop vaste. Notre boulot, c’est de donner des faits et de permettre à tous de se poser des questions avec le maximum d’éléments pour alimenter leur réflexion.

        +2

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      • Ivan // 27.11.2014 à 19h31

        Je ne mélange rien. C’est bien les impératifs de la production journalistique qui produisent la bouillie que l’on appelle information et qui ne permet précisément pas une compréhension des événements. Je vous renvoie à l’excellente analyse de Neil Postman.
        Je n’espère pas que le citoyen lambda puisse s’informer via les médias indépendants et les blogs, c’est pourquoi j’ai parlé précisément de système médiatique à deux vitesse, le citoyen lambda étant précisément, pour l’instant, condamné à la mésinformation massive.
        Je pense que vous méconnaissez l’éco-système du web, qui demande certes, une certaine expertise, mais qui permet d’accéder aux sources originales, et donc à une information non maltraitée. Les meilleurs médias sont actuellement natifs d’internet, comme par exemple l’excellent Basta ! ou le site du CADTM, sans compter les médias anglo saxons comme le New Eastern Outlook ou Zero Hedge… J’ajoute que les blogs spécialisés animés par les insiders sont sans conteste des sources d’information bien supérieures qualitativement et livrent des analyses sans commune mesure avec la presse mainstream, bien qu’effectivement on puisse parfois trouver de bons papiers dans cette dernière, il suffit de lire le blog de Jacques Sapir, par exemple, pour s’en rendre compte.
        Enfin, la prétendue objectivité reste l’éternel cache sexe de la misère journalistique, il n’y pas d’objectivité lorsqu’on travaille sur des dépèches AFP. Je préfère de loin un journaliste citoyen et engagé qui s’assume publiquement, c’est beaucoup plus honnête.
        Enfin je terminerai en disant que le subventionnement de groupes de presses appartenant aux principales banques et marchands d’armes de ce pays est un scandale et la cerise sur le gâteau d’un système parfaitement corrompu. C’est ce qui permet à un Lagardère, un Dassault ou un Bernard Arnaud de défiscaliser les pertes de leurs journaux via des holdings tout en continuant à engranger les subventions et multipliant les plans sociaux. Vous trouvez ça très utile à la diversité des opinions, permettez moi de ne pas être d’accord et de vous suggérer la lecture salutaire de l’ouvrage de référence de Jean Stern « les patrons de la presse nationale »…

          +10

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        • Ivan // 27.11.2014 à 20h11

          Pour être complet j’ajouterai qu’empiler les faits ne mène en rien à leur compréhension. C’est au contraire tout le travail de contextualisation de ces derniers qui peut mener à cette dernière, ce que s’interdisent globalement les grands médias au nom de la « clarté » de l’impératif de « concision » ou de « l’angle d’attaque » (story telling) sensé accrocher le lecteur (mais non l’informer véritablement des tenants et aboutissants). C’est ce travail qu’on peut retrouver dans les médias indépendants et qui fait leur succès mérité. Il faut noter à cet égard que de nombreux sites professionnels font très bien ce travail, qui n’ont pas pour vocation première l’information journalistique, et suppléent à cet égard très bien la presse nationale, je pense notamment aux sites économiques comme la chronique Agora ou le contrarien matin qui parviennent également à adopter un ton « ludique » tout en réalisant ce travail de contextualisation. Il faut remarquer également que la presse étrangère s’en sort mieux que nous, des journaux comme le temps.ch ou l’express.be publient d’excellents papiers d’analyse tout en restant accessibles.
          Le journalisme de dépêche ultra majoritaire en France est de toute façon condamné à court terme par la robotisation.

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      • Alae // 27.11.2014 à 21h14

        « L’idée d’une presse complètement menottée aux mains de méchants patrons est ridicule et ce sont toujours les gens qui n’y connaissent rien qui délivrent cet argument. Les journalistes sont peu censurés. Ils se censurent eux-mêmes. Et c’est bien le problème. »

        Pardon, mais j’ai une amie ex-journaliste dans un grand journal (le Figaro), qui me parlait d’une véritable chape de plomb. Et je vous assure qu’elle n’a rien d’une révolutionnaire et encore moins d’une frontiste, mais trop, cétait trop, et elle a fini par craquer.
        Les pressions pour écrire dans le sens souhaité par la rédaction ne sont peut-être pas énoncées en toutes lettres, mais elles poussent irrésistiblement la personne à une autocensure permanente.

        Soit le journaliste est déjà dans le moule à son arrivée (j’en connais aussi, et ils sont d’une médiocrité intellectuelle rare), soit il se retrouve vite en apnée. Ou dehors.

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      • Andrea // 28.11.2014 à 16h25

        Leonard, dans votre univers, idéalement, d’accord, dans le sens que le journalisme, ou de façon plus générale, la mise en forme plus brève et simple d’un flot de données, d’infos, de faits, d’opinions, d’événements, etc. est un travail nécessaire, et il serait souhaitable, selon une certaine perspective, que cela soit accompli par des personnes formées qui ont une conscience professionelle.

        Le hic c’est que ces belles paroles vides peuvent cacher tout et son contraire.

        La divulgation et transmission de l’info aura toujours lieu de tte manière (voir twitter .. jusqu’au livres d’histoire bidon..)

        Le problème général, c’est que l’information politique (en prenant celle-ci pour la plus cruciale), nationale ou internationale, est supposément passée de relativement ‘factuelle’ et ‘neutre’, en gros, descriptive, sans parti pris — ceci est contestable, voir la Yougoslavie, la chute du Mur, l’invasion de l’Iraq —> à une exercise plus ouvert, flagrant, de propagande ou la censure et le contrôle ‘soft’ sont nécessaires et deviennent palpables – AFP, qui rapporte, le boss, red-en-chef, il faut suivre la ligne, on met en forme, etc.

        Des jeunes journalistes comme vous le notent, le ressentent. Tant mieux. Et ensuite…alors? Question sincère. Merci pour votre témoignage.

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  • BigMag // 27.11.2014 à 11h16

    Superbe texte.
    La signature qui cache votre nom en dit long.
    Je partage à peu près intégralement l’ensemble des opinions données dans ce texte (et respecte les informations). Néanmoins, finalement même de l’intérieur, vous vous posez la question entre l’effet « systémique » et une corruption (partielle, la corruption totale étant écartée).
    Parfois la réplique »quand il y a un doute, c’est qu’il n’y a pas de doute » arrive à me convaincre dans ce genre de situation, mais c’est un argument extrêmement faible.

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  • arthur78 // 27.11.2014 à 11h39

    Aujourd’hui il y a un problème en France et ailleurs c’est la force de frappe de l’industrie informatique américaine (Micrososoft, google , NSA …)

    On ne joue plus a armes égales, les USA peuvent détruire n’importe quel député ou sénateur avec un seul claquement de doigt .

    Il n’y a donc qu’une seule mesure importante à prendre, se désengager de la surveillance US, pour cela il faut reconquerir notre indépendance numérique … c’est une question de volonté, le général de Gaulle serait la , ce serait déja fait …

    SI on ne fait rien cela ira de pis en pis … j’en veux pour preuve qu’une commission internationale a été créé en debut d’année pour imaginer le futur d’internet. A la tête de cette commission on a mis Carl Bildt , ce qu’on peut imaginer de pire comme faucon a la solde des ricains… ALors si on ne fait rien, ils resserreront le garrot a chaque nouvel minute qui passe. Messieurs les politiques, on a besoin de vous , il y aura de la casse , il y aura des morts, mais c’est le moment de savoir si vous êtes digne de nos poilus … ou pas …

    https://www.ourinternet.org/#press/cigi-and-chatham-house-launch-global-commission-on-internet-governance-chaired-by-swedens-carl-bildt

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    • Ardèchoix // 27.11.2014 à 13h20

      @Arthur 78
      Nos hommes politiques ne sont pas dignes de nos poilus , simplement des généraux qui donnaient les ordres pour la boucherie .

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    • Anne // 27.11.2014 à 15h24

      C’est pour ça que le gouvernement français a vendu Alstom aux américains. Il existait pour ça de bon relais et un travail de longue haleine avec le programme des « Young leaders » dont Clara Gaymard de General Electric et Hollande ont fait partie, (entre anciens on s’entraide et on remercie les généreux sponsors).

      question naïve : est ce bien vrai que ces heureux lauréats sont pourvus d’un compte de la banque Lazard à Genève ? ou bien est ce de la pure médisance ?

      Car c’est quand même troublant ce fort pourcentage d’anciens Young leaders dans le gouvernement à commencer par Hollande, (et ça ressemblerait bien aux zuniens de nous avoir refilé un tel boulet comme président… )
      Ils étaient tranquilles après ça, pas de risque de discours à la Villepin aux Nations Unis. Ils ne voulaient pas que les french fries leur restent de nouveau coincées dans le gosier. Ils ont voulu être prudents les néocons…

      Ils ont dû se tordre de rire les ricains : aprés Sarkozy leur serviteur zèlé. Ils ont fait la courte échelle à Hollande… Pour les Français les zuniens ne veulent que des cocus… Ils doivent penser qu’ils sont à notre image…pas flatteur pour nous….
      Maintenant ils veulent mettre en orbite Juppé, mais ils ont de la réserve avec le contingent qu’ils ont formé.

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  • dvd // 27.11.2014 à 11h48

    Aujourd’hui l’information sert à produire pour dominer.
    Si on se sort de cette logique on peut aussi relativiser les conséquences des dérives de l’information à l’échelle individuelle.

    On devrait surtout comprendre ce que notre cerveau fait de ces informations…
    Ça y est… je refait du prosélytisme laboritien 😉

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  • coinfinger // 27.11.2014 à 11h52

    Là , je verrais bien un théme journalistique : une enquéte sur les Agences de presses : AFP , Reuters , etc …Oule filtrage des informations plus généralement . Pour ce jeune journaliste se pose alors un conflit d’intérét , dans le sens inverse de celui pris habituellement , s’il le faisait : sa carriére serait terminée avant méme d’avoir commencé .
    Meilleure est la solution dy ‘traitre’ , théorisée il y a déjà longtemps du temps de Sartre , mais qui fait mode aujourd’hui : je sers , pendant X temps et aprés je dénonce , je balance : wikileaks , Snowden , Ulfolke , etc … C’est trés porteur . Et payant , quoique risqué , quoique ….
    Vu le perte de crédibilité du mainstream , c’est peut étre là la la solution , comme la télé-réalité pour la télé Nabilla , elle a méme balancé ceux qui l’ont pojété sous les projecteurs , avec sa chronique nouvelle , elle se faisait une vertu …
    Eh ! oui : l’alimentaire , quoi . Allo ? . Sentiment personnel là immédiat , on vient de me proposer ( c’est pas en France , mais va savoir , une esclave sexuelle pour 500 euros , c’est en Europe .)
    Je vous trouve bien protégés , les uns et les autres , en France , à discuter des questions médiatiques . Et sont des femmes , qui organisent ce trafic , qui utilsent de pauvres filles souvent poussées par leur méres , à trouver des revenus , parce qu’elles mémes débordées . Allo ! le féminisme là il est où , à part sur les antennes en Occident .
    Que faire pour ne pas étre contraint à la prostitution , sans le savoir ( c’est progressif la prise de conscience ) , parfois pas tant que çà . Surtout si on est jeune et pas protégé .

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    • Andrea // 28.11.2014 à 16h42

      Coinfinger écrit: .. je verrais bien un théme journalistique : une enquéte sur les Agences de presses : AFP, Reuters, etc.

      Un rêve qu’il faudrait poursuivre. Ces agences sont 100% opaques et ont en même temps 100% de crédibilité, d’acception, etc.

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  • Koui // 27.11.2014 à 11h55

    Même ce grand bol d’eau tiéde est trop corrosif. Il doit être dévérsé sous pseudonyme pour ne pas nuire à son auteur. JFK et Bayrou sont les révolutionnaires de notre temps.

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    • Léonard // 28.11.2014 à 16h46

      Alors que votre commentaire si constructif et malin, lui, a été signé avec courage.

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      • koui // 28.11.2014 à 19h47

        Je ne fais pas de l’ironie. Même les modérés ont peur de s’exprimer ouvertement dans ce système.

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      • Lysbethe Levy // 29.11.2014 à 01h06

        Bonsoir

        En tout cas bravo à Olivier, sur asi, il parait qu’il a pulvérisé le petit chercheur « canapé et patates », « bière chaude »..Syrie, Ukraine, Higgins/Brownle blogueur soit disant indépendant a pris l’eau. une grand succès. Quel panache. Suis hyper contente..la vérité finira bien par triompher.

        Shalom.

          +0

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  • coinfinger // 27.11.2014 à 12h03

    J’ai essayé de corriger mes fautes , çà n’ a pas repris , désolé . Je cherche les raisons , la psychologie de ceux qui servent le Mal , volontairement . Pourquoi ? Là où je suis c’est plus clair les différences ethniques ( on va dire ) ne ce sont que peu estompé , ce sont les descendants de ceux qui faisait autrefois le commerce d’esclaves , qui renouent avec la pratique de leurs ancétres .
    Là où je butte c’est que çà passe aussi à l’intérieur de la famille de la victime , quoique d’une maniére hypocrite , et d’autant plus pernicieuse . Je sais , et pas abstraitement , que çà , se transmet la servitude , mais là , à ce point çà m’interpelle . D’autant que j’ai vécu des cas en France , avec quand méme au moins mille ans de civilisation .

      +3

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  • BigMag // 27.11.2014 à 12h16

    Ah, et puisque j’aime ce blog et que le sujet est tout à fait pertinent, voici une idée de solution pour une « future démocratie imaginaire » :
    Je pars du principe qu’un média a trois dépendances essentielles :
    – ses propriétaires, qui ont le droit de détruire la structure, de changer son personnel et particulièrement son dirigeant (et par voie de fait, ainsi lui donner des ordres directs)
    – ses financiers (autres que propriétaires) : les annonceurs, qui peuvent exercer une pression, et aujourd’hui l’état qui peut attribuer ou non des subventions (massives ses jours-ci).
    – le dirigeant de la structure qui peut imprimer sa volonté, filtrer les sujets et impacter grandement via son recrutement.

    Voici ma proposition :
    – L’état donne à chaque citoyen, régulièrement, des coupons d’une certaine valeur, qui ne peuvent être dépensés que pour acheter des « média » (journaux, chaines TV, …). Cela garanti un accès aux média pour tous. Il reste toujours possible d’acheter des média avec la monnaie en vigueur (euro).
    – Les média n’ont pas de propriétaire. Ils ont une forme proche des associations actuelles.
    – Les média ne véhiculent plus de publicité (base de la faillite des grands journaux syndicalistes fin 19ème siècle). Ils se financent uniquement sur leur vente. Le marché étant garanti par les coupons distribués.
    – La direction et le recrutement sont décidés par élection ou tirage au sort (après filtrage, le concept soit être raffiné).

    Bien sûr, ce n’est pas une solution du domaine du réel. Ce n’est pas Valls ou Hollande qui pousseront pour ça, même s’il y avait une pétition avec 10M de votes. C’est juste pour dépasser la critique et voir si on est en mesure de proposer mieux.

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    • Anne // 27.11.2014 à 13h33

      Ça semble une trés bonne idée.
      Je pense que la plupart des gens seraient d’accord pour cette solution
      Car :
      -ils n’achètent plus la presse
      -le métier de journaliste est l’un des plus méprisé, puisque les journalistes aux yeux des gens sont des fanfarons de mèche avec des politiques corrompus ou incompétents.

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      • yanis // 27.11.2014 à 16h15

        @anne .n’oublions pas les banquiers qui les financent , pour mettre à la tête de l’étât,

        celui qu’ils ont choisis , de nos jours un président de la république, un sénateur,

        un député , est un produit bancaire dont la promotion est faite par les médias meanstream

        qui appartiennent aux groupes bancaires.
        sans médias , pas de carrière politique.

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  • coinfinger // 27.11.2014 à 12h51

    Un ajout , je risque d’étre mal compris par ces couches moyennes Françaises qui se croient à l’abri .
    Celle qu’on me propose , non seulement elle bien foutue , mais elle parle aussi Français et Anglais
    ( un peu mais mieux que moi je ne parle leur langue ) , parce qu’on me respecte et on sait que j’ai du gout .
    çà leurs posent pas de pb , c’est comme Porochenko qui dit , en gros , conquérir le Donbass , çà va couter cher . Comme çà c’est bussiness , mais il va de soi que çà subsume , d’autres dimensions incommensurables . Les Allemands çà les fait réfléchir , mais les néocons US non , ils croient qu’ils ont encore la planche à billets . Mais avant que les néocons réalisent les dégats , en supposant que ce soit possible , pour eux de réaliser quelque chose ,il y aura des dégats .
    Bon , ils sont loins de tout çà , en Amérique , ( croient-ils ) , mais la Terre est de plus en plus ronde , et çà va leur revenir comme boomerang ,plus vite , qu’ils ne l’imaginent .
    Entre temps ils se croient intouchables , et çà fait du mal qu’il faudra longtemps à guérir , le corps est plus lent que l’esprit , qui se targue d’aller plus vite .

      +1

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  • Jean // 27.11.2014 à 13h18

    Très intéressant !

    « J’ai vite constaté que l’AFP (Agence France Presse), qui réalise un travail inestimable pour les rédactions, est géopolitiquement orientée…L’AFP et ses deux consœurs (Reuters et AP) sont les bibles des présentateurs. Nous donnons à voir à nos auditeurs (car les présentateurs radios sont esclaves des dépêches qui représentent 90% de leurs sources) un monde orienté »

    « manque de moyens humains et dictature de l’urgence…nous n’avons tout simplement pas les ressources, le recul et la légitimité pour parler de ces sujets. Et pourtant nous en parlons, avec verve et certitude »

    Si on rajoute la phrase de Moustik : « l’information, c’est vous qui la vivez, c’est nous qui en vivons », plus déduction fiscale de 7.650 eur réservée aux journalistes et assimilés, alors on comprend mieux que le monde ne s’améliore pas.

    – Orientation politique des agences de presse (noyautage).
    – Grands médias aux mains d’oligarques (organisation du travail pour être certain que l’information soit issue majoritairement, exclusivement des agences de presse noyautées).
    – Journalistes tenus par les sentiments financiers dans un monde en crise (esclavage moderne).

    Le monde a besoin de sincérité, de vérité, de sérieux dans tous les domaines (travail, commerce, alimentation, politique, médecine, religion, amitié, famille, couple,…).
    Quelque soit le domaine, si on n’a pas l’équivalent « Gagnant-Gagnant », par l’égoïsme de certains, alors c’est l’ensemble qui vas droit dans le mur au final.

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    • boduos // 27.11.2014 à 16h57

      merci@miclav
      c’est très révélateur ces réactions sur un media bobo de gauche et surtout révélateur qu’on ne les modère pas.
      un virage est entrain d’être pris pour permettre à flamby de faire sa rotation sur la Russie.(publication de sondage,libre expression pour les politiques favorables à la livraison des mistral ,mise en veilleuse de Fabius et de BHL ) sous toutes réserves…..

        +0

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    • Alae // 27.11.2014 à 20h42

      @miclav
      Depuis – il est 20h40 – ils ont battu le rappel des trolls, qui sont à la peine pour ramener tout ce petit monde dans le droit chemin des odes à l’Otanie et de la haine anti-Poutine.
      Peine perdue, à mon sens.

        +0

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  • millesime // 27.11.2014 à 13h39

    il y en a une (soit disant journaliste) qui ferait bien de lire ce post, c’est Caroline FOUREST
    sans commentaire

      +1

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  • fanfan // 27.11.2014 à 13h42

    Info : Le Parlement européen lors de sa session plénière à Strasbourg a voté contre une question de confiance à la Commission européenne, présidée par Jean-Claude Juncker. Cette résolution a été soutenue par les 101 députés, 461 personnes étaient contre.

    La question de confiance à la CE a été soumise au vote à l’initiative d’«eurosceptiques » et de parlementaires en dehors des factions qui les ont joints en raison du scandale de fraude fiscale au Luxembourg.
    Lire la suite: http://french.ruvr.ru/news/2014_11_27/Le-Parlement-europeen-a-rejete-un-vote-de-confiance-a-la-CE-8681/

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  • CanisLupus // 27.11.2014 à 13h44

    Si il persiste dans le journalisme, il n’aura qu’une seule voie, et pour peu de temps : l’Internet. Par contre pour manger il faudra trouver autre chose. Ce seul texte lui ferme les portes de toutes les rédactions. On ne va pas gâcher des décennies d’écrémage, de sélection de larbins serviles, de mise au pinacle d’idiots arrogants pour les rêves d’un adolescent un peu plus malin que les autres. Le but de cette chute culturelle et intellectuelle c’est la domination par l’avilissement, car les idiots n’enseignent que des idioties. Les dominants, eux, parlent parfaitement le double langage. Conseil aux autres adolescents plus malin que les autres : fermez là, montez les échelons, décrochez les médailles, encaissez les traitements et un jour… souvenez vous de vos rêves. Sachez feindre la cupidité, cela vous ouvrira des portes. Le plus dur sera de renoncer au confort avec lequel l’empire vous aura acheté. Ne laissez jamais la flamme mourir, c’est l’étincelle qui allume la mèche.

      +6

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    • MartinL // 27.11.2014 à 17h31

      Si tout le monde la ferme, rien ne changera. Et ce sera même pire. Il ne faut plus avoir peur de parler et de tenter de trouver des solutions alternatives pour s’en sortir. Nous n’avons plus qu’un choix : la liberté ou l’esclavage !

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    • Robert Shaw // 29.11.2014 à 08h43

      Très belle dernière phrase, d’un propos que je partage pleinement pour avoir vécu cet aspect du système de l’intérieur… La vérité éclate toujours à la fin.

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  • Casquette // 27.11.2014 à 13h53

    Bien d’accord avec notre jeune journaliste , si le futur est à l’information made in Twitter/FB on est mal barrés , je ne lis plus certains sites , pure player en tête à cause de cette volonté de faire l’info à partir de tweets polémiques totalement débiles.
    Les réseaux sociaux sont très bien pour relayer l’info mais pas pour la faire ,encore maintenant certains confondent l’organe avec sa fonction.
    Faut dire que c’est moins prise de tête de surfer sur le net que de se rendre aux Archives , comme c’est moins chiant de reprendre des tweets que de se farcir 100pages de PDF.

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  • Theoven // 27.11.2014 à 14h03

    Etant moi-même porteur d’une carte de presse (qui prend la poussière depuis quelques années déjà), je ne peux qu’aller dans le même sens que Leonard. Mais en étant infiniment plus radical que lui. Je suis plutôt de la catégorie de ceux pour lesquels le métier de journaliste était véritablement une vocation, mais j’ai intégré la profession à un âge plus avancé que lui, après un parcours universitaire assez long.

    Pour moi, la messe est dite, le journalisme est mort et enterré. Il a été étranglé, étouffé, carbonisé depuis bien longtemps par ceux (et ils sont nombreux) dont l’intérêt est de faire en sorte que le « bien penser » soit majoritaire (que dis-je, exclusif). C’est vrai dans tous les domaines : politique, international, économique, culturel, sportif, et même médical et scientifique.

    Il n’existe aujourd’hui plus AUCUN journaliste « visible » qui ait le moindre atome de conscience professionnelle ou tout simplement d’intégrité. Ceux que j’ai pu croiser dans ma carrière qui défendaient l’honneur de la profession sont soit morts dans des circonstances pas toujours très claires, soit ont cessé leur activité sous le poids des procès engagés contre eux par des cohortes de salopards encravatés, soit encore se sont reconvertis après avoir fait le constat qu’ils n’arriveraient à rien d’autre que de se ruiner la santé à se battre contre des moulins à vent.

    Le bilan est pourtant facile à faire : tous les supports sont la propriété de marchands d’armes et de banquiers, supports dont la survie est assez largement financée par nos impôts. Les « grranndss journalissssses » forment une caste indéboulonnable issus des mêmes milieux et dont la longévité ne cesse de faire rire le monde entier (Alain Duhamel a commencé son sinistre parcours alors que Brejnev et Khrouchtchev régnaient sur le Kremlin). La collusion avec le milieu politique atteint des sommets (presque toutes les femmes journalistes « nationales » sont en couple avec un homme politique de premier plan). Sans compter la surreprésentation de certaines « catégories » de Français (et la quasi absence de certaines autres) qu’il faut faire semblant de ne pas voir…

    Les jeunes générations ne sont pas plus brillantes : pour l’essentiel, nous avons affaire à des ambitieux égocentriques médiocres, incultes, feignants, qui trouvent dans cette voie un bon moyen de faire carrière sans trop d’efforts puisqu’il leur suffit de se comporter comme des bons « petits soldats du journalisme » (cf. François Ruffin). Signe des temps, ceux qui « réussissent », outre les mégapistonnés façon Drucker et Poivre d’Arvor (la liste est longue), sont presque tous issus de Sciences-Po Paris (autrement baptisée » la fabrique de larves »)… qui a largement remplacé l’ENA dans la liste des pires nuisances pour l’avenir de ce pays.

    Et comme le dit un peu plus haut Ivan, le mythe du journaliste 4e pouvoir ou gardien de la démocratie n’est qu’une aimable plaisanterie. Et le « journalisme citoyen » qui se développe sur Internet n’est en aucune façon un recours, il est largement aussi orienté que dans les médias classiques.

    J’en reviens d’ailleurs à un passage de la lettre de Leonard où il nous dit ne pas vouloir choisir un camp. Sauf que dans ce milieu, ne pas choisir un camp, c’est déjà choisir un camp : si tu ne fais pas allégeance à la doxa libéralo-libertaire-atlantiste, tu seras au mieux ignoré, au pire écrabouillé.

      +25

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    • Timothée // 27.11.2014 à 15h02

      Excellente réponse, équilibrée (autant que je puisse en juger) et aussi instructive que l’article original.
      Merci.

        +1

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    • Anne // 27.11.2014 à 15h36

      Merci,
      Tout est dit dans votre commentaire, et la messe est dite pour l’information qui informe.

        +1

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      • Anne // 27.11.2014 à 15h50

        J’ajouterais. dans le même sens que le commentaire précédent, et sans vouloir être cruelle envers la jeunesse, que ce témoignage est plus intéressant que l’article original.
        Merci Théoven.

          +2

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    • Max Berthy // 28.11.2014 à 19h17

      Pour illustrer le propos, n’oublions-pas comment Denis Robert est passé plusieurs fois dans la broyeuse déchiqueteuse…

        +1

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  • Guillaume81 // 27.11.2014 à 14h20

    Léonard cite Swinton en 1880. On pourrait remonter plus loin : il faut lire les pages que Balzac consacre aux journalistes dans les Illusions perdues, un délice…

      +3

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  • fanfan // 27.11.2014 à 14h38

    Mikhail Gamandiy-Egorov

    La France ou plutôt son gouvernement a définitivement prouvé aux yeux de tous, et surtout de son propre peuple, l’asservissement aux intérêts étasuniens. Et la question n’est pas d’être pro-russe ou pro-étasunien. La France est un pays capable de mener sa propre politique bien que, il faut le rappeler, historiquement et stratégiquement, elle a toujours été bien plus proche de la Russie. Passons. La question qui importe ici c’est que l’administration Hollande a définitivement montré que les intérêts outre-Atlantique l’emportent de loin sur les intérêts nationaux de la France.

    Lire la suite: http://french.ruvr.ru/2014_11_27/La-Russie-se-passera-bien-des-Mistral-7457/

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    • Robert Shaw // 29.11.2014 à 08h54

      Quand la réthorique en usage remplacera le terme, au choix (homme politique, journaliste, grand patron) par traître, tout commencera à rentrer dans l’ordre. La guerre silencieuse d’aujourd’hui est avant tout une guerre des mots.

      Ils ne sont pas simplement ou exclusivement incompétents. Ils sont responsables de leurs actes et partant, coupables de haute trahison.

      Les sanctions légitimes qui s’imposent devront redevenir légales.

        +0

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  • Barbabule // 27.11.2014 à 14h51

    Bienvenue Leonard, vous êtes un « trentenaire ».

    Suffisamment cultivé et curieux pour remettre en question la cuisine, mais aussi cynique et sceptique, puisque il faut bien se nourrir, vous taper tout de même dans le plat.

    Si la question morale vous tarabuste, dites vous qu’on est tous pareil, on ne vote plus on s’en fout, en soirée quand le débat vire à gauche, on sort des arguments « de droite » et on y croit. Puis quand la discussion tire à droite, on ressort les arguments « de gauche » et on y croit tout autant. On regarde BFM business parce que les chiffres, eux au moins, ont la décence de ne pas mentir (juste d’être manipulés par des robots), et que si le coup de Trafalgar arrive, c’est là qu’on le verra arriver.
    C’est trop difficile d’expliquer aux gens qu’on peut parler d’immigration, de dette, d’euro sans avoir des envies marine, parce que ces sujets ont des répercussions dans la vie de tous les jours mais qu’ils sont tabous.

    Y’a pas de solutions, même en PQR vous vous trouverez face au dilemme et puis de toutes façons les vieux vont mourir et les politiques et les associatifs n’ont pas de familles assez étendues pour contribuer de la même façon au volume des ventes.

    Faut rigoler, faut rigoler
    Avant qu’le ciel nous tomb’ sur la tête
    Faut rigoler, faut rigoler
    Pour empêcher le ciel de tomber

      +0

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  • theuric // 27.11.2014 à 15h53

    Mais il est vrai que les deux poids, deux mesures de Médiapart peuvent laisser à penser que le front National n’est pas la bête grise, voire noire que je me plais à voir.
    Hormis le fait que ce pourrait être une manipulation croisée dans un sens, U.S., dans un autre, Russie, ou dans les deux sens, U.S. et Russie, voire téléguidée par l’européenne-union, comme le dirait Jolitorax.
    Il n’est plus que de patienter pour voir si c’est cette dernière idée ou une autre qui était la bonne, cela par l’affrontement les puissances internes à ce parti.
    Quoi qu’il en soit, le raminagrobis père attend son heure tapit dans l’ombre.
    Là encore, il y a deux forces qui s’affronte dans ce genre de situation, celle qui y croit et celle qui en profite…

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  • Julian // 27.11.2014 à 16h10

    Le démontage du mécanisme « d’orientation » par l’AFP, Reuters et Associated est pertinent.

    « L’ AFP ne ment pas, techniquement. Mais elle oriente la pensée par la sémantique et en omettant certaines informations. »

    J’ajoute que la tonalité très « orthodoxe » de la production de l’Agence facilite grandement la manœuvre.

    Un rédacteur unique (éventuellement contrôlé par son chef du service) oriente donc la quasi totalité de la mise en écho d’une information donnée, fut-elle de portée considérable,s’agissant par exemple de la guerre civile en Ukraine…mise en écho par des centaines de duplicateurs : rédacteurs-papier ou présentateurs radio et télé, éditorialiste…

    Immense pouvoir d’influence !

    Car, avec l’effet boule de neige, la dépêche est reprise, la plupart du temps sans modification et pour argent comptant par les rédactions écrites, audio et télé.

    L’ensemble du témoignage est de qualité. Parfois émouvant.

    Merci à Olivier pour l’avoir publié.

    A Léonard je rappelle cordialement la toujours d’actualité invitation de Malraux : « Courage et Culture ».

      +3

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    • Stéphane Grimier // 27.11.2014 à 17h18

      “L’ AFP ne ment pas, techniquement. Mais elle oriente la pensée par la sémantique et en omettant certaines informations.”
      .
      Ils sont gentils ces journalistes, mais même quand ils avouent, ils se disculpent.
      Le mensonge par omission est UN MENSONGE, surtout si c’est pratiqué sciemment, ce qui est le cas, point final.

        +3

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  • theuric // 27.11.2014 à 17h04

    Tiens, l’un de mes commentaires fut supprimé, comme d’autres précédemment, d’ailleurs.
    Quoi qu’il en soit je n’en ai cure, je n’ai fait que profiter du sujet pour affiner ma pensée sur les processus de manipulations sur le plan de l’inconscient social.
    Je vais simplifier mon idée:
    ( Un mensonge répété fini toujours par être cru par le menteur lui-même, c’est le piège du mensonge d’état.)
    Aujourd’hui j’y rajouterais: …et économique.

      +4

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    • theuric // 27.11.2014 à 17h10

      Et pour le plaisir je vous confie deux autres de mes aphorismes:

      Toutes dominations emploient trois subterfuges sous des formes parfois subtiles, parfois vulgaires:

      -La féminisation de l’homme;

      -L’infantilisation de l’homme et/ou de la femme;

      -L’animalisation de l’homme, de la femme et/ou de l’enfant.

      Quand on y songe, la publicité infantilise souvent et les extrêmes droites animalisent, seuls les enfants croient en la dualité du bien et du mal, les adultes, non.

        +1

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  • Stéphane Grimier // 27.11.2014 à 17h14

    « Pour moi, l’information constitue une matière brute, indigeste. Notre travail consiste à la préparer, la cuisiner, pour que les citoyens puissent la consommer et la digérer. Toute la difficulté de notre travail réside en ce point : simplifier, reformuler l’information sans la travestir ou la déformer. C’est un travail délicat et indispensable, qui s’apprend, qui demande du temps et des efforts. »
    .
    Je ne suis tout simplement pas d’accord avec cette vision paternaliste du journalisme. Je crois que ces gens se donnent beaucoup trop d’importance, et a une tendance trop forte à prendre les gens pour des imbéciles incapable de comprendre sans prédigestion. Meme avec ses illusions perdues, j’y vois toujours de la condescendance et une surestimation maladive.
    .
    La réalité est que les gens n’y comprennent rien à cause de la simplification à outrance frisant le manichéisme extreme que ces gens s’estime devoir faire. Ils se font passer pour une conséquence alors qu’ils sont une des principales causes.
    .
    Il s’agit en fait ici de faire passer la réalité dans le prisme de la pensée pensable, ni plus ni moins.
    Si cette forme de journalisme devait disparaitre (on toujours peut rever), je ne la pleurerais surement pas…

      +1

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  • Surya // 27.11.2014 à 17h41

    Ayant été interviewé il y a un an et demi par France Info, il faut savoir que les rédactions ça tourne à grands coups de CDD et de stagiaires. Ce qui m’a le plus surpris : la petite journaliste qui m’explique qu’ils fonctionnent avec AFP et Associated Press, et qui me sort « oui AP c’est pas très fiable pour les news françaises ».

    Et à aucun moment elle ne s’est dit que c’était la même qualité pour les news étrangères que pour les news françaises 🙂

      +1

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  • theuric // 27.11.2014 à 18h23

    Je fut aussi interrogé par deux jeunes et charmantes élèves journalistes qui apprenaient le maniement de la presse télé-vidéo.
    Je répondis, certes, à leurs question puis leur fis aussitôt la remarque suivante:
    « Qui observe transforme, là se trouve le secret de votre métier! »
    Comment voulez-vous en effet que la présence d’un micro ou d’une caméra n’agisse pas d’une quelconque manière sur la personne interrogée ou simplement enregistrée?
    Et croyez-vous que le regard que pose le caméraman et le journaliste sur ce qu’il observe en tant que professionnel soit similaire à celui que l’un des deux porterait sur la même scène hors du champ de son travail?

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  • vladimirK // 27.11.2014 à 19h36

    Si les rédactions en France recopient mot pour mot les dépêches AP, AFP et Reuters, quid des envoyés spéciaux et des envoyés permanents ?

    Comment expliquer leurs partis pris ?

      +0

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  • David D // 27.11.2014 à 20h30

    Pour des raisons économiques et sociétales (moindres ventes, analphabétisme en hausse, évolutions démographiques avec de nouvelles déterminations culturelles et comportementales, concurrence d’internet, développement de journaux gratuits), la lecture du journal et de l’article bien fait s’effondre, le journaliste n’est plus qu’un prestataire de services ! La logique commerciale de l’info suit la même pente que l’histoire de la chanson populaire! Dans les années 60, les chansons de qualité dominaient la tête des ventes, cela s’est déréglé dans les années 70. Pour l’information, on se rend compte que les gens peuvent se contenter du mode zapping des grands titres pour la plupart et que l’info sérieuse se mélange très bien avec la frivolité, et on voit les périodes successives d’avachissement : années 90 puis années 2000, et puis le présent!
    Dans ce cadre d’une info consommation sans prise de tête fournie par des prestataires de services, les manipulateurs ont beau jeu et les patrons des journaux reprennent un contrôle qu’ils n’ont pas toujours eu sur ce qui s’écrivaient dans la presse!
    Autre problème : sur les sujets sociétaux sensibles, une correction de pensée a été étudiée et mise en place, et maintenant, après les galops d’essai réussis que cela a procuré, elle s’applique à tout, car ça y est nous sommes passivement familiarisés aux caprices étranges de ce mode d’enrégimentement! Nous acceptons l’irrationnel et la montée des contradictions internes dans les choix politiques. Le jeu est uniquement de se faire bien voir. Politiques et journalistes y sont sensibles.
    Quant à l’idée de complot, je n’aime pas les raccourcis. Bien sûr qu’il y a un travail américain et bancaire, bien sûr que la finance, l’Union européenne, le traité transatlantique, la crise ukrainienne, montrent qu’à l’évidence il y a de la manipulation, mais la manipulation est fondée sur la séduction et la crédulité, ce qui fait qu’il y a bien dans les problèmes qui nous préoccupent autre chose que des vendus pilotés par les américains, il y a aussi le laisser-aller (un truc très français au plan collectif, la société française a horreur des talents et des génies qu’elle recèle, alors qu’ils sont exaltés en Angleterre), la politique de l’Autruche, la bêtise réelle des gouvernants qui n’est pas une mince affaire, la foi aveugle dans la science des études alors que même ce qu’on a appris doit être envisagé comme une modélisation qu’il est légitime d’interroger, le pourrissement progressif de toute institution, parti, etc, par les modes de cooptation qui finissent par faire leurs nids, le fait que les habitudes politiques créent une histoire et des inerties!
    S’il est évident que les créations de l’Otan et de l’Union européenne ont été pilotées par les Etats-Unis en réponse à la mainmise sur l’Europe de l’est par l’URSS en 1945, et que finalement cela cachait un usage bien dévoyé de la part des américains de ce type d’alliances, les têtes européennes sont farcies de convictions atlantistes, la génération de Juppé, plus que celle de Le Maire, et celle de Le Maire plus que celle des jeunes d’aujourd’hui !
    Il y a un cynisme sur la crise ukrainienne, et une mauvaise foi des politiques qui d’ailleurs ne s’intéressent pas à l’international en général, mais il faut rester sur un mode d’analyse ne cessant surtout pas d’associer la bêtise, l’inertie, la fainéantise collective, les croyances têtues à la manipulation bien réelle d’officines et de pions américains. L’identification seulement d’un complot c’est du narcissisme d’analyse inopportun. Il est d’ailleurs sensible que des politiciens protestent contre les sanctions à l’égard de l’Ukraine, il faut travailler à ce que l’abcès crève à force de débat public. Le manipulatoire n’est pas tout puissant, loin s’en faut!

      +2

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    • boduos // 27.11.2014 à 21h51

      le manipulatoire n’est pas tout puissant grâce a l’inertie du bon sens commun mais l’intention reste totale chez le manipulateur.
      les blancs,les omissions et les silences de l’AFP signalés par notre journaliste »Léonard » sont tout aussi manipulateurs dans la construction du jugement du journaliste donc du lecteur.
      il faut une perspicacité hors norme ou une expérience chevronnée pour reconstituer le puzzle .La (nouvelle)mise en réseau de nos différentes intuitions (weltanschauung)y participe et peut mettre en échec la désinformation.

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  • bluetonga // 27.11.2014 à 20h31

    Léonard,

    Merci pour le texte. Comme vous l’aurez remarqué, la joute est rude sur ces forums !
    Je fais partie de ceux qui trouvent vos positions sensées, méritoires, appréciables, mais trop timide, trop timorées. La réponse de Theoven un peu plus haut me convient mieux : plus cynique, plus directe, et je le crains, plus exacte. L’âge, sans doute, l’amertume des combats perdus contre les moulins à vents.

    Vous avez raison de défendre le journalisme. C’est une fonction respectable, et même indispensable pour tout qui a une prétention au fonctionnement démocratique. Et c’est précisément ce qui explique l’ampleur de nos désillusions et de nos colères populaires (populistes) dans les forums et les fils de commentaires.

    Nous sommes trahis, nous sommes trompés, nous sommes cocus. Les journalistes, qui nous avaient promis de nous aimer et de nous être fidèles, nous les citoyens, de nous épouser pour le meilleur et pour le pire, couchent avec les puissants, sous notre nez, avec ostentation (et assez littéralement d’ailleurs, comme le fait remarquer Theoven). Ils se vautrent dans le stupre du mensonge, de la manipulation, de la falsification. Et pour quoi donc cela? Pour un petit salaire de pigiste, un CDD, une aumône ! Et bien heureux de la ramasser dans la boue des colonnes et la fange des ondes. Avec une courbette même! Les presstitutes (pour reprendre la formule cruelle de Roberts) qui ont la chance de passer à la télé obtiennent parfois des émoluments nettement plus avantageux, et le privilège de manger à la table des princes. Mais ça dure ce que ça dure, et quand on devient vieux, on passe moins bien à l’écran (surtout les femmes). Les bouffons sont virés quand ils ne sont plus drôles. Il y en a plein d’autres sur le pas de la porte, en train de faire le pied de grue quand ce n’est pas la grue tout court.

    Vous le dites vous-mêmes, les journalistes s’autocensurent. Ils sont bien dressés, ils savent de quel côté la tartine est beurrée. Evidemment que Bouygues, Lagardère ou Dassault ne passent pas en personne dans les rédactions contrôler ce qui s’y dit. Pas la peine. Ils sont très très riches : ils payent des gens pour ça. Et le plus beau est qu’il n’ont même pas besoin de leur faire part de leurs souhaits, les autres ont compris. C’est pour ça qu’ils ont eu la place. C’est le consentement consensuel du kapo au chef de camp.

    Oui les journalistes désinforment. Consciemment, inconsciemment, c’est selon. Non pas seulement, comme vous le dites, parce que prendre la parole c’est déjà prendre position, mais le plus souvent pour plaire (ou ne pas déplaire) à qui verse le salaire. Oui, vous les journalistes avez accepté de vendre un produit, et ce produit vous l’avez rationalisé, optimisé, comme la malbouffe ; toujours la même présentation, toujours les mêmes ingrédients, il n’y a que le cornichon qui change. Et maintenant que les gens se détournent de ces informations fabriquées, traitées, pasteurisées, colorisées, édulcorées, vous vous lamentez sur la crise de la presse.

    Et bien, voyez-vous, la presse, elle est indigeste. Et elle surcharge la pensée de mauvaise graisse.

    Aussi les gens préfèrent-ils cultiver leur potager et faire leur cuisine eux-mêmes, pour reprendre votre métaphore. Sur leurs blogs. Vous dénigrez le « journalisme citoyen » sous prétexte qu’il est le fait d’amateurs dénués d’objectivité.

    En fait, Léonard, c’est tout le contraire. Ceux qui participent à ces forums et qui s’y expriment régulièrement sont souvent des experts en quelque chose. Ils ont souvent voyagé, vécu ailleurs, travaillé dans toutes sortes d’environnements. Ils ont bourlingués. Ils parlent les langues, ils traduisent. Ceux qui traînent sur ces forums en savent souvent très long. Pas tout le temps, pas sur tout, pas partout, la qualité des sites est inégale, mais souvent. Si je fréquente les-crises, c’est plus encore pour les commentaires que pour les articles. Parce que régulièrement je suis orienté vers d’autres sources intéressantes, et j’ajoute des pièces à mon puzzle.

    Et la raison pour laquelle nous sommes nombreux à venir nous échouer ici, est simplement que nous cherchons le débat et l’objectivité. La vraie, pas celle vendue en boîte médiapress avec l’étiquette 100 % de bien-pensance garantie encartée. Personnellement, je suis trop vieux pour les contes de fée à la disney, surtout quand je me retrouve à la fin avec de gros bobards coincé dans la cavité rectale : la démocratie en Irak, en Bosnie, en Somalie, en Afghanistan, en Libye, en Syrie, je crois que j’ai compris et que je vais changer de mode d’information. Il n’y a plus rien qui passe, même avec beaucoup de gelée de pétrole pour aider. L’Ukraine, là, ça coince carrément.

    Rien de personnel, Léonard, dans cette courte diatribe. Votre démarche m’est sympathique, et je la crois sincère. A mon avis elle va encore mûrir. Vous allez vous theoveniser. D’ici là, pourquoi ne pas vous lâcher plus régulièrement sur internet avec nous ? Vous pouvez même dire tout ce que vous voulez. Rien à perdre, tout à gagner. Après tout, un coming-out est un coming-out. Autant en profiter. Ça restera entre nous. On continuera de vous appeler Léonard. Je m’appelle bien Bluetonga.

      +13

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    • Kiwixar // 27.11.2014 à 21h22

      C’est excellemment dit, Bluetonga ! C’est exactement le fond de ma pensée (et de celle de beaucoup de gens)…
      On comprend le naufrage des journalistes professionnels : « des professionnels ont construit le Titanic, des amateurs ont construit l’Arche de Noé ».

        +7

      Alerter
    • Robert Shaw // 29.11.2014 à 09h19

      Votre usage des métaphores « organic » est salutaire ! L’hybris délirante de nos sociétés en perdition amorce sa phase d’autodestruction. Le retour à l’équilibre passe par des voies complémentaires. Le retour à la terre, à l’authenticité, au plaisir de prendre son temps. Ce qui signifie, prendre un plus grand soin de son corps, pour avoir l’esprit suffisamment clair et de faisant, être en mesure de voir la réalité telle qu’elle est et alors la transformer à son image. Le complexe militaro-industriel, la finance, Big Pharma, le complexe agro-industriel, les presstitués, tous concourent à détruire l’humain en nous, en nous dressant les uns contre les
      autres. Conscient de leurs abjections et de leurs mécanismes d’application, il ne tient qu’à nous, une fois informés, d’agir en connaissance de cause.

      Je vous rejoins tout à fait ainsi que Theuric dans sa position cynique, mais cruellement objetive.

        +0

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  • CLAUDE // 27.11.2014 à 20h47

    La presse c’est tout simplement aider à « gouverner par le consentement » – une grosse machine à manipuler les esprits.
    Le système est bien fait.
    mais il n’y a pas que la presse car les pseudos économistes font la même chose.
    Je m’inquiète lorsque j’entends que les choses vont s’arranger …
    Tant qu’il n’y aura pas une catastrophe pour prouver aux gens que tout cela n’était que manipulation intellectuelle, cela perdurera car il faut absolument nous persuader de boire la bonne parole,pour faire mieux passer le poison.
    L’esprit critique ne s’apprend que par notre histoire collective et individuelle.
    Quand on voit que les parents collent leurs bambins devant la télé, que le niveau scolaire est au plus bas, que les adultes préfèrent passer leur samedi dans les temples de la consommation, je me dit que tout cela a encore de beaux jours.
    Bientôt nous vivrons dans un monde de zombies. Bienvenue dans les jeux vidéos.

      +3

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  • RGT // 27.11.2014 à 22h54

    @ Léonard.

    Bienvenue au club !!!

    Je ne travaille pas du tout dans le journalisme, mais il me semble que les pratiques sont les mêmes partout.

    Quand j’étais jeune, je fourmillais d’idées et je lâchais ma créativité débridée sur mon lieu de travail…
    Je voulais tout améliorer, et je savais que mes propositions étaient excellentes.

    Et PAF !!!

    On m’a vite rappelé à l’ordre. Il ne faut jamais remettre en cause les us et coutumes de la profession, surtout si cette remise en cause peut démontrer les erreurs endémiques…

    En fait, je pense que le principal problème provient du fait que ceux qui sont actuellement reconnus comme de « grands professionnels » passeraient pour des buses…

    Alors, comme il faut bien se nourrir (c’est hélas la première cause du travail, ne l’oublions pas), on laisse ses idéaux de côté et on fait comme les autres (même si l’on reste persuadé d’avoir raison).

    Quand un « grand » nous « suggère » de faire une connerie, on se contente de se couvrir (avec une preuve irréfutable => parapluie) et on part allègrement dans le mur en chantant !!!

    Et si le « grand » essaye de nous faire porter le chapeau concernant le désastre, on ressort les « dossiers compromettants » pour le convaincre de trouver un autre bouc-émissaire (c’est cruel pour l’autre bouc-émissaire, mais de toutes façons le « grand » s’en sortira blanc comme neige).

    Si vous avez la chance de pouvoir trouver quelques moments de « liberté » et faire ce que vous jugez juste, profitez-en.
    Sinon, considérez que vous faites un travail « alimentaire » en attendant d’avoir suffisament de « bouteille » pour faire tourner la roue dans le sens que vous trouvez juste.

    Et surtout, quand vous serez « vieux et reconnu », je vous en prie, aidez les jeunes à réaliser leurs rêves.
    Ne serait-ce que pour vous « venger » de toutes les « humiliations » que vous aurez subies.
    C’est un peu ce qui me pousse à continuer à bosser aujourd’hui.

    P.S. Si vous faites carrière dans un média audio ou audiovisuel, ce n’est pas grave, mais si vous comptez travailler dans la presse écrite je vous conseille vivement de réviser votre grammaire. A l’oral certaines fôtes passent inapperçues mais à l’écrit ça choque un peu (participe-passé/infinitif et pluriel entre autres).

    Bonne chance !!!

      +4

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    • theuric // 27.11.2014 à 23h27

      Ce que vous montrez là est, j’en suis convaincu, la raison première de l’effondrement de l’U.R.S.S..
      L’effet Peter à tous les niveaux.
      C’est cela que le système économique mondial ne va pas tarder à s’effondrer.
      A tous les niveaux, vous dis-je, à tous les niveaux.
      Mais pour tout reconstruire il faudra des professionnels de haute valeur et inventifs.

        +2

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      • Robert Shaw // 29.11.2014 à 10h12

        C’est exactement le principe qui m’est venu à l’esprit en lisant l’excellent commentaire de Bluetonga à la suite du vôtre. Pour en expérimenter les effets dévastateurs à un niveau local, je peux vous assurer – précaution d’usage bien vaine en réalité, tant vous en percevez si bien la portée – que Peter et ses clones ont littéralement envahi toutes les sphères décisionnelles, et pas seulement dans le privé. L’administration francaise a atteint un niveau de « kafkaïsme » et de corruption, sans precédent !!! Ce qui m’amène aux mêmes conclusions que vous. Le Système n’en a plus pour très longtemps. Car, non seulement nous avons affaire à de patentés … incompétents de surcroîts pour la plupart (même dans leur mission qui consiste à faire l’inverse de ce pour quoi ils sont payés en réalité, parce que leurs agissements, ils les dissimulent si mal) mais en plus, à des lâches, pour qui être forts avec les faibles et faibles avec les forts constitue la maxime de vie, la plus à même à les définir en tant qu’individus.

          +2

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  • theuric // 27.11.2014 à 23h12

    L’obéissance est au centre de cette réflexion.
    Ainsi le chef d’une tribut amazonienne fit remarquer au blanc lui demandant de déplacer son peuple, qu’il ne le pouvait pas sans l’accord de tous les hommes.
    La question aussi n’est pas de savoir si oui ou non Hitler était fou mais de savoir pourquoi tant de gens, pas seulement allemand et pas seulement des sots, loin de là,, obéirent à un fou.
    Obéir n’est pas un état naturel des êtres humains mais le résultat d’une violente contrainte psychologique sur lui qu’il est possible de faire remonter à la plus tendre enfance, contrainte héritée de parent à enfant, d’ainé à puiné, durant de longues générations, parfois des millénaires.
    Pourquoi obéissons-nous?
    Parce que l’existence sociale est souvent plus importante que l’existence physique et que dans chaque famille où une domination stricte existe entre le parent et l’enfant, ce dernier comprend très vite qu’il risque l’ostracisme de ne pas vouloir obéir, donc de souffrir d’une mort sociale, dut-elle n’être que symbolique, cela suffit largement.
    De plus, l’obéissance fonctionne toujours en une échelle hiérarchique où il est nécessaire que chaque personne soumise puisse soumettre à son tour au risque, sinon, de graves perturbations psychiques, la perversité étant là le moindre des maux.
    (C’est la raison de la tendance des hautes hiérarchies en une croyance en une instance supérieure, la nation, Dieu, la mission, etc…, c’est également la raison d’une tendance pervers de certains personnages hauts placés, ne trouvant pas de limite à leurs actions.)
    Là se trouve l’origine des discours de méfiance que les hommes peuvent avoir des femmes, discours à la dureté accentuée lorsque la société fonctionne sur une stricte subordination.
    Cette domination archaïque du masculin sur le féminin se montre facilement par le dimorphisme sexué, or l’intelligence, elle asexuée, nécessite, pour son plein développement, que s’établissent des relations d’égalités entre les personnes, bien que cela mène inéluctablement à terme à un partage sexué des tâches et métiers.
    En fait, obéir diminue les capacités mentales de la personne assujettie parce qu’elle est déresponsabilisée et dès lors infantilisée, au moins en parti, de ses décisions de vie.
    Cette facilité de vie due à cette déresponsabilisation génère un sentiment de plénitude par le confort que cela crée: l’assujetti n’est pas astreint au choix, il a à obéir et c’est tout.
    Quand je faisais mon service militaire il était coutume de dire: « réfléchir c’est déjà désobéir! ».

    Le problème que soulevait la société libérale et, surtout aujourd’hui, celle dite néolibérale est celle de croire, parce qu’il s’agit d’une croyance, que le seul intérêt humain véritable est celui de la richesse d’argent et que la seule reconnaissance de ses paires est celle du seul discours partagé.
    La crainte des idées excentriques provient du mal être dû au fait de tricher face à l’intérêt réel de son métier, soit faire l’acte social de faire ce pour quoi ce métier existe, ainsi que ne pas pouvoir rechercher, en tant que reconnaissance sociale, le particularisme d’une pensée indépendante et inventive.
    Ou dit autrement, de ne rechercher que son petit intérêt propre au détriment de l’intérêt général.
    Paradoxalement, du-moins le semble-t-il, une personnalité indépendante d’esprit ne peut que se conduire que pour le seul intérêt général quand l’obéissance sous toute ses formes ne mène qu’à se centrer essentiellement sur sa petite personne: son pur ego et narcissisme.

      +1

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