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16.octobre.201816.10.2018 // Les Crises

Chomsky : J’ai visité Lula, le prisonnier politique le plus célèbre du monde

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Source : The Intercept, Noam Chomsky, 02-10-2018

 

Photo : Heuler Andrey/AFP/Getty Images; Fabio Vieira/FotoRua/NurPhoto via Getty Images

Les prisons rappellent la célèbre observation de Tolstoï sur les familles malheureuses : Chacune « est malheureuse à sa manière », bien qu’il y ait quelques traits communs – pour les prisons, la prise de conscience déprimante et accablante que quelqu’un d’autre a une autorité totale sur votre vie.

Mon épouse Valeria et moi venons de visiter une prison pour voir celui qui est sans doute le prisonnier politique le plus en vue de notre époque, une personne d’une importance sans équivalent dans la politique mondiale contemporaine.

En comparaison avec les prisons américaines que j’ai pu voir, la prison fédérale de Curitiba, au Brésil, n’est ni répugnante ni étouffante – mais la barre n’est pas placée bien haut. Rien de comparable avec les quelques-unes que j’ai visitées à l’étranger – Très loin de la chambre de torture israélienne de Khiam, dans le sud du Liban, qui a été réduite en poussière pour faire disparaître ce crime, et très loin des horreurs indicibles de la Villa Grimaldi, de Pinochet, où ceux qui survivaient aux séances de torture à répétition, finement conçues, étaient jetés à moisir dans une tour – un moyen de s’assurer que les premières expériences néolibérales, sous le regard des économistes les plus en vue de l’école de Chicago, ne soient pas perturbées par des voix discordantes.

Néanmoins, c’est une prison.

Le prisonnier auquel nous avons rendu visite, Luiz Inácio Lula da Silva – universellement connu sous le nom de « Lula » – a été condamné à la prison potentiellement à vie, à l’isolement, sans accès à la presse ou aux revues et avec des visites limitées un jour par semaine.

Le lendemain de notre visite, un juge, invoquant la liberté de la presse, a accédé à la demande du plus grand journal du pays, Folha de São Paulo, d’interviewer Lula, mais un autre juge est rapidement intervenu et a annulé cette décision, alors que les criminels les plus violents du pays – les chefs de milice et les trafiquants de drogue – sont régulièrement interviewés dans les prisons.

Pour l’appareil du pouvoir brésilien, il ne suffit pas que Lula soit en prison : ils veulent s’assurer que la population, à la veille des élections, n’entende pas parler de lui, et apparemment il est prêt à employer tous les moyens pour atteindre cet objectif.

Le juge qui a annulé la permission n’innovait pas. Il y a eu un précédent quand Antonio Gramsci a été condamné en 1926 par le gouvernement fasciste de Mussolini, le procureur a déclaré : « Nous devons empêcher son cerveau de fonctionner pendant 20 ans. »

« L’histoire ne se répète pas, mais elle rime souvent », comme l’a fait remarquer Mark Twain.

Le linguiste et militant américain d’extrême gauche Noam Chomsky s’entretient avec des militants du Parti des Travailleurs après avoir rendu visite à l’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva, le 20 septembre 2018 au Brésil. Photo : Heuler Andrey/AFP/Getty Images

Nous avons été rassurés, mais pas surpris, de constater qu’en dépit des conditions de détention éprouvantes et des erreurs judiciaires scandaleuses, Lula reste un homme plein d’énergie, optimiste quant à l’avenir et qui a beaucoup d’idées pour faire faire dévier le Brésil d’une trajectoire qui s’annonce désastreuse.

Il y a toujours des excuses pour justifier l’emprisonnement – parfois valables, parfois pas – mais il est souvent utile d’en déterminer les causes réelles. C’est le cas en l’espèce. L’accusation principale portée contre Lula, basée sur les dépositions d’hommes d’affaires condamnés pour corruption dans le cadre d’un plaider coupable [dans un tel cadre, les accusés bénéficient de réductions de peines en contrepartie de témoignages à charge contre d’autres personnes, NdT], est qu’on lui aurait offert un appartement dans lequel il n’a jamais vécu. Ce qui n’est guère accablant.

Le crime présumé est pratiquement indiscernable au regard des standards brésiliens – et il y a à dire sur ce concept, sur lequel je reviendrai. Cela dit, la peine est tellement disproportionnée par rapport au crime supposé qu’il est tout à fait approprié d’en chercher les raisons. Il n’est pas difficiles d’en trouver. Le Brésil fait face à des élections d’une importance cruciale pour son avenir. Lula est de loin le candidat le plus populaire et remporterait facilement une élection équitable, mais ce n’est pas ce que préfère de la ploutocratie.

Bien que ses politiques, pendant son mandat, aient été conçues pour s’adapter aux préoccupations de la finance nationale et internationale, il est méprisé par les élites, en partie sans doute en raison de ses politiques d’intégration sociale et de prestations pour les défavorisés, mais d’autres facteurs semblent jouer un rôle : avant tout la simple haine de classe. Comment un travailleur pauvre, qui n’a pas fait d’études supérieures, et qui ne parle même pas un portugais correct peut-il être autorisé à diriger notre pays ?

De la gauche vers la droite, le ministre brésilien des Affaires étrangères Celso Amorim, le président brésilien Luis Inacio Lula da Silva, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan et le ministre turc des Affaires étrangères Ahmet Davutoglu se serrent la main avant la signature à Téhéran, lundi 17 mai 2010, de la convention visant l’exportation vers la Turquie de l’essentiel de l’uranium enrichi en Iran, dans le cadre d’un échange de combustibles nucléaires qui pourrait apaiser l’impasse internationale au sujet du programme nucléaire contesté du pays, alors que les pressions s’intensifient en faveur de sanctions plus sévères. (AP Photo/Vahid Salemi)

Alors qu’il était au pouvoir, Lula était toléré par les puissances occidentales, malgré quelques réserves. Son succès n’a pas soulevé l’enthousiasme quand, avec son ministre des Affaires étrangères Celso Amorim, ils ont propulsé le Brésil au centre de la scène mondiale, commençant à réaliser les prédictions d’il y a un siècle selon lesquelles le Brésil allait devenir « le colosse du Sud ». Certaines de leurs initiatives ont été sévèrement condamnées, notamment les mesures qu’ils ont prises en 2010, en coordination avec la Turquie, pour résoudre le conflit au sujet du programme nucléaire iranien, contre la volonté affirmée des États-Unis de diriger l’événement. Plus généralement, le rôle de premier plan joué par le Brésil dans la promotion de puissances non alignées sur les occidentaux, en Amérique latine et au-delà, a été accueilli fraîchement par ceux qui ont pour habitude de dominer le monde.

La candidature de Lula étant frappée d’interdiction, il y a un réel risque que le favori de la droite, Jair Bolsonaro, soit élu à la présidence et accentue sérieusement la politique réactionnaire du président Michel Temer. Temer, qui remplace Dilma Rousseff depuis sa destitution, dans une précédente étape du « coup d’État en douceur », dans le plus grand des pays de l’Amérique latine, au terme de poursuites ridicules.

Bolsonaro se présente comme un autoritaire dur et brutal et comme un admirateur de la dictature militaire, qui va rétablir « l’ordre ». Une partie de son attrait réside dans le fait qu’il se fait passer pour un homme nouveau qui démantèlera l’establishment politique corrompu, que de nombreux Brésiliens méprisent pour de bonnes raisons. C’est, comme dans d’autres parties du monde, une réaction aux attaques néolibérales des générations précédentes. Bolsonaro affirme qu’il ne connaît rien à l’économie, laissant ce domaine à l’économiste Paulo Guedes, un produit ultralibéral de l’école de Chicago.

Guedes est clair et explicite sur sa solution aux problèmes du Brésil : « tout privatiser », soit l’ensemble de l’infrastructure nationale (Veja, 22 août), afin de rembourser la dette des prédateurs qui saignent à blanc le pays. Vraiment tout, de façon à être bien certain que le pays va péricliter jusqu’à l’insignifiance et devenir le jouet des institutions financières dominantes et des plus fortunés. Guedes a travaillé pendant un certain temps au Chili sous la dictature de Pinochet, il peut donc être utile de rappeler les résultats de la première expérience du néolibéralisme de Chicago.

L’expérience, initiée après le coup d’État militaire de 1973 qui avait préparé le terrain par la terreur et la torture, s’est déroulée dans des conditions quasi optimales. Il ne pouvait y avoir de dissidence – la Villa Grimaldi [centre de détention et de torture de la région de Santiago, utilisé par la police politique de Pinochet, NdT], entre autres, s’en est bien occupée. L’expérimentation était supervisée par les superstars de l’économie de Chicago. Elle a bénéficié d’un énorme soutien de la part des États-Unis, du monde des affaires et des institutions financières internationales. Les planificateurs économiques ont également eu la sagesse de ne pas se mêler des affaires de Codelco, la plus grande société minière de cuivre au monde, qui a fourni une base solide à l’économie.

Des femmes agitent des mouchoirs blancs pour exiger la démission du président Salvador Allende à Santiago du Chili, le 5 septembre 1973. Photo : PA

Pendant quelques années, l’expérience a été très bien accueillie, puis le silence a régné. Malgré des conditions presque parfaites, en 1982, les « Chicago boys » avaient réussi à faire s’effondrer l’économie. L’État a dû reprendre en charge une grande partie de l’économie, plus encore que pendant les années Allende. Des plaisantins ont appelé ça « la route de Chicago vers le socialisme ». L’économie, en grande partie remise aux mains des dirigeants antérieurs, a refait surface, non sans séquelles persistantes de la catastrophe dans les systèmes éducatifs, sociaux, etc.

Pour en revenir aux préconisations des Bolsonaro-Guedes pour fragiliser le Brésil, il est important de garder à l’esprit la puissance écrasante de la finance dans l’économie politique brésilienne. L’économiste brésilien Ladislau Dowbor rapporte, dans son ouvrage A era do capital improdutivo [L’ère du capital improductif, NdT], que lorsque l’économie brésilienne est entrée en récession en 2014, les grandes banques ont accru leurs profits de 25 à 30%, « une dynamique dans laquelle plus les banques font des bénéfices, plus l’économie stagne » puisque « les intermédiaires financiers n’alimentent pas la production, ils la ponctionnent ».

En outre, poursuit M. Dowbor, « après 2014, le PIB a fortement chuté alors que les intérêts et les bénéfices des intermédiaires financiers ont augmenté de 20 à 30% par an », une caractéristique systématique d’un système financier qui « ne sert pas l’économie, mais est servi par elle. Il s’agit d’une productivité nette négative. La machine financière vit aux dépens de l’économie réelle. »

Le phénomène est mondial. Joseph Stiglitz résume la situation simplement : « Alors qu’auparavant la finance était un mécanisme permettant d’injecter de l’argent dans les entreprises, aujourd’hui elle fonctionne pour en retirer de l’argent ». C’est l’un des profonds renversements de la politique socio-économique apportés au monde par l’assaut néolibéral, avec la forte concentration de la richesse entre les mains d’un petit nombre alors que la majorité stagne, que les prestations sociales diminuent et que le fonctionnement de la démocratie est manifestement fragilisée au moment même où le pouvoir économique est de plus en plus concentré, toujours plus aux mains d’institutions financières prédatrices. Il y a là la principale source du ressentiment, de la colère et du mépris à l’égard des institutions gouvernementales qui balayent une grande partie du monde, et souvent appelé – à tort – « populisme ».

C’est l’avenir projeté par la ploutocratie et ses candidats. Il serait contrarié par un nouveau mandat à la présidence de Lula, qui répondait aux exigences des institutions financières et du monde des affaires en général, mais pas suffisamment pour notre époque de capitalisme sauvage.

Le candidat à la présidence brésilienne Jair Bolsonaro lors du premier débat présidentiel avant l’élection générale du 7 octobre, sur la chaîne de télévision Bandeirantes à Sao Paulo, au Brésil, le 9 août 2018. Photo : Nilton Fukuda/Estadao Conteudo/Agencia Estado via AP

On pourrait s’attarder un instant sur ce qui s’est passé au Brésil pendant les années Lula – « la décennie d’or », selon les termes de la Banque mondiale en mai 2016. Au cours de ces années, l’étude de la banque rapporte :

Les progrès socio-économiques du Brésil ont été remarquables et mondialement reconnus. A partir de 2003 [début du mandat de Lula], le pays est reconnu pour son succès dans la réduction de la pauvreté et des inégalités et pour sa capacité à créer des emplois. Des politiques novatrices et efficaces visant à réduire la pauvreté et à assurer l’intégration de groupes qui, auparavant, étaient exclus, ont sorti des millions de personnes de la pauvreté.

De plus :

Le Brésil a également assumé des responsabilités mondiales. Il a réussi à poursuivre sa prospérité économique tout en protégeant son patrimoine naturel unique. Le Brésil est devenu l’un des plus importants donateurs émergents, avec des engagements importants, en particulier en Afrique subsaharienne, et un acteur majeur dans les négociations internationales sur le climat. La trajectoire de développement du Brésil au cours de la dernière décennie a montré qu’une croissance fondée sur une prospérité partagée, mais équilibrée dans le respect de l’environnement, est possible. Les Brésiliens sont fiers, à juste titre, de ces réalisations saluées sur la scène internationale.

Du moins certains Brésiliens, pas ceux qui détiennent le pouvoir économique.

Le rapport de la Banque mondiale rejette le point de vue répandu selon lequel les progrès substantiels étaient « une illusion, créée par le boom des produits de base, mais insoutenable dans l’environnement international actuel, moins clément ». Elle répond à cette affirmation par « un « non » ferme. Il n’y a aucune raison pour que ces gains socio-économiques récents soient effacés ; en réalité, ils pourraient bien être amplifiés avec les bonnes politiques. »

Le 2 juin 2015, des manifestants liés aux syndicats ont organisé une manifestation sur l’avenue Paulista, à l’ouest de São Paulo, contre le chômage et la hausse des taux d’intérêt. Photo : J. Duran Machfee/Estadao Conteudo/Agencia Estado via AP

Les bonnes politiques devraient comprendre des réformes radicales du cadre institutionnel hérité de la présidence Cardoso, qui a été maintenu pendant les années Lula-Dilma, avec satisfaction des exigences de la communauté financière, notamment une faible imposition des riches (souvent évitée entièrement par la fuite massive des capitaux vers les paradis fiscaux) et des taux d’intérêt exorbitants qui ont apporté à quelques privilégiés des fortunes considérables et attiré les capitaux vers la finance, au détriment des investissements productifs. La ploutocratie et le monopole médiatique accusent les politiques sociales d’assécher l’économie, mais en fait les études économiques montrent que l’effet multiplicateur de l’aide financière aux pauvres a stimulé l’économie alors que ce sont les revenus financiers produits par les taux d’intérêt usuraires et autres cadeaux à la finance qui ont provoqué la véritable crise de 2013 – une crise que « les bonnes politiques » auraient permis de surmonter.

L’éminent économiste brésilien Luiz Carlos Bresser-Pereira, ancien ministre des Finances, décrit succinctement le déterminant majeur de la crise en cours : Pour ce qui est de bloquer les dépenses publiques tout en maintenant les taux d’intérêt à un niveau élevé, « il n’y a pas de raison économique ; la cause fondamentale des taux élevés au Brésil est le pouvoir des prêteurs et des financiers » avec ses conséquences dramatiques, appuyé par le corps législatif (élu avec le soutien financier des entreprises) et le monopole des médias qui relaient essentiellement la voix des intérêts privés.

Dowbor fait valoir que tout au long de l’histoire moderne du Brésil, les remises en question du cadre institutionnel rétrograde ont conduit à des coups d’État, « à commencer par le renvoi et le suicide de Vargas [en 1954] et le putsch de 1964 » (fermement soutenu par Washington). Il y a de bonnes raisons de penser que la même chose s’est produite pendant le « coup d’État en douceur » en cours depuis 2013. Cette campagne des élites traditionnelles, désormais focalisées sur le secteur financier et servies par une forte concentration médiatique, a pris son envol en 2013 lorsque Rousseff a cherché à ramener les taux d’intérêt extravagants à un niveau raisonnable, ce qui menaçait de faire baisser le torrent d’argent facile pour le petit nombre qui pouvaient se permettre de jouer sur les marchés financiers.

La campagne actuelle visant à préserver le cadre institutionnel et à revenir sur les acquis de « la décennie glorieuse » exploite la corruption à laquelle le Parti des travailleurs de Lula, connu sous le nom de PT, a participé. La corruption est bien réelle, et grave, même si le fait de diaboliser le PT est une pure instrumentalisation, en regard des écarts de conduite de ses accusateurs. Et comme nous l’avons déjà mentionné, les accusations portées contre Lula, même si l’on devait les reconnaître, ne peuvent être prises au sérieux pour justifier la peine qui lui a été infligée dans le but de l’exclure du système politique. Tout cela fait de lui l’un des prisonniers politiques les plus importants de la période actuelle.

La réaction récurrente des élites face aux menaces qui pèsent sur le cadre institutionnel de l’économie sociopolitique au Brésil trouve son pendant dans la riposte internationale contre les remises en cause, par le monde en développement, du système néocolonial hérité de siècles de destruction par l’Empire occidental. Dans les années 1950, au début de la décolonisation, le mouvement des pays non alignés a cherché à faire son entrée dans les affaires mondiales. Il a été rapidement remis à sa place par les puissances occidentales. En témoigne dramatiquement l’assassinat du leader congolais, très prometteur, Patrice Lumumba par les dirigeants historiques belges (en devançant la CIA). Ce crime et les violences qui ont suivi ont mis fin aux espoirs de ce qui devrait être l’un des pays les plus riches du monde, mais qui reste « l’horreur ! L’horreur ! » avec une forte participation des tortionnaires historiques de l’Afrique.

Néanmoins, au fur et à mesure que progressait la décolonisation, la voix agaçante des victimes historiques n’a cessé de s’élever. Dans les années 60 et 70, la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement, avec la participation d’économistes brésiliens, a mis en avant des plans pour un nouvel ordre économique international, dans lequel les préoccupations des « sociétés en développement » – la grande majorité de la population mondiale – seraient examinées. Cette initiative a été rapidement écrasée par la régression néolibérale.

Quelques années plus tard, au sein de l’UNESCO, les pays du Sud ont appelé à un nouvel ordre international de l’information qui ouvrirait le système mondial des médias/communication à des acteurs extérieurs au monopole virtuel occidental. Cela a déchaîné une réplique extrêmement violente qui a traversé tout le spectre politique [occidental, NdT], avec des mensonges éhontés et des accusations ridicules et finalement le retrait du président américain Ronald Reagan, sous de faux prétextes, de l’UNESCO. Tout cela a été dévoilé dans une étude accablante (donc peu lue) par les spécialistes des médias William Preston, Edward S. Herman et Herbert Schiller (Hope and Folly [L’espoir et la folie, NdT]).

L’étude menée en1993 par le « South Centre » [Centre du Sud, ONG de pays en développement qui joue un rôle d’observateur pour le compte de l’ONU, NdT], qui montrait que l’hémorragie de capitaux depuis les pays pauvres vers les pays riches s’était accompagnée d’exportations de capitaux vers le FMI et la Banque mondiale, qui sont désormais « bénéficiaires nets des ressources des pays en développement », a également été effectivement passée sous silence. Il en a été de même de la déclaration du premier « Sommet du Sud », qui avait rassemblé 133 États en 2000, en réponse à l’enthousiasme de l’Occident pour sa nouvelle doctrine d’« intervention humanitaire ». Aux yeux des pays du Sud, « le soi-disant « droit » d’intervention humanitaire » est une nouvelle forme d’impérialisme, « qui n’a aucun fondement juridique dans la Charte des Nations unies ni dans les principes généraux du droit international ».

Sans surprise, les puissants n’apprécient guère les remises en cause, et disposent de nombreux moyens pour y répliquer ou pour les réduire au silence.

Il y aurait beaucoup à dire sur la corruption endémique de la politique latino-américaine, souvent solennellement condamnée par l’Occident. Il est vrai, c’est un fléau, qui ne devrait pas être toléré. Mais elle n’est pas limitée « aux pays en voie de développement ». Ce n’est pas seulement une aberration quand de gigantesques banques sont contraintes, par dizaines, à payer des amendes de milliards de dollars (les poursuites contre JPMorgan, Bank of America, Goldman Sachs, the Deutsche Bank, Citigroup), typiquement à l’issue d’accords négociés à l’amiable, donc sans que qui que ce soit ne soit légalement coupable de leurs activités criminelles qui détruisent des millions de vies. Remarquant que « les multinationales américaines ont de plus en plus de difficultés à ne pas basculer dans l’illégalité », le London Economist du 30 août 2014 a comptabilisé 2163 condamnations d’entreprise entre 2000 et 2014 – et ces multinationales sont nombreuses à Londres et sur le continent [européen].

La corruption couvre toute une gamme, depuis les énormités déjà abordées ci-dessus jusqu’aux plus petites mesquineries. Le vol des salaires, une épidémie aux États-Unis, en donne un exemple particulièrement obscène et instructif. On estime que les deux tiers des travailleurs à bas salaire sont volés sur leur rémunération chaque semaine, tandis que les trois quarts se voient voler tout ou partie de la rémunération pour leurs heures supplémentaires. Les sommes ainsi volées chaque année sur les salaires des employés excèdent la somme des vols commis dans les banques, les stations-service et les commerces de proximité. Il n’y a pratiquement pas d’actions coercitives. Le maintien de cette impunité revêt une importance cruciale pour le monde des affaires, à tel point qu’il est une des priorités du principal lobby entrepreneurial, le American Legislative Exchange Council (ALEC), qui bénéficie des largesses financières des entreprises.

La tâche principale de l’ALEC est d’élaborer un cadre législatif pour les États, ce qui est facile car, d’une part les législateurs sont tributaires du financement par les entreprises et, d’autre part, les médias s’intéressent peu au sujet. Des programmes méthodiques et soutenus de l’ALEC sont donc capables de faire évoluer les contours des politiques pour l’ensemble du pays sans préavis, ce qui constitue une attaque furtive contre la démocratie avec un effet significatif. L’une de leurs initiatives législatives consiste à faire en sorte que les vols de salaires ne soient pas soumis à des contrôles ni à l’application de la loi.

Mais la corruption, qui est un crime, qu’elle soit massive ou minime, n’est que la partie émergée de l’iceberg. La corruption la plus grave est légale. Par exemple, le recours aux paradis fiscaux qui drainent environ un quart, voire davantage, des 80 000 milliards de dollars de l’économie mondiale, créant un système économique indépendant exempt de surveillance et de réglementation, un refuge pour toutes sortes d’activités criminelles, ainsi que l’évasion fiscale. Il n’est pas non plus techniquement illégal pour Amazon, qui vient de devenir la deuxième société à dépasser les 1000 milliards de dollars de valeur, de bénéficier d’allègements fiscaux sur les ventes. Ou que l’entreprise utilise environ 2 % de l’électricité américaine à des tarifs très préférentiels, conformément à « une longue tradition américaine de transfert des coûts depuis les entreprises vers les plus démunis, qui consacrent déjà aux factures de services publics, en proportion de leurs revenus, environ trois fois plus que ne le font les ménages aisés », rapporte la presse économique.

Il y a des exemples à n’en plus finir.

Un exemple important est l’achat d’élections, un sujet qui a été étudié en profondeur, en particulier par le politologue Thomas Ferguson. Ses recherches, ainsi que celles de ses collègues, ont montré que l’éligibilité du Congrès et de l’exécutif est prévisible avec une précision remarquable à partir de la variable unique des dépenses électorales, une tendance très forte qui remonte loin dans l’histoire politique américaine et qui s’étend jusqu’aux élections de 2016 (Ferguson, Golden Rule ; Ferguson et al, Industrial Structure and Party Competition in an Age of Hunger Games : Donald Trump and the 2016 Presidential Election, document de travail no 66, janvier 2018, Institute for New Economic Thinking). La transformation de la démocratie formelle en un instrument entre les mains de la fortune privée est parfaitement légale, et non la corruption, contrairement au fléau latino-américain.

Des électeurs américains font la queue devant un bureau de vote à Alexandria, en Virginie, le 8 novembre 2016. Photo : Alex Wong/Getty Images

Bien sûr, l’ingérence dans les élections reste à l’ordre du jour. L’ingérence présumée de la Russie dans les élections de 2016 est un sujets majeur à l’heure actuelle, un sujet d’enquêtes acharnées et de commentaires endiablés. En revanche, le rôle écrasant du monde de l’entreprise et des fortunes privées dans la corruption des élections de 2016, selon une tradition qui remonte à plus d’un siècle, est à peine reconnu. Après tout, il est parfaitement légal, et même approuvé et renforcé par les décisions de la Cour suprême la plus réactionnaire de ces derniers temps.

L’achat d’élections n’est pas la pire des interventions des entreprises dans la démocratie américaine immaculée, par ailleurs polluée par les hackers russes (avec des résultats indétectables). Les dépenses de campagne atteignent des sommets, mais elles sont éclipsées par le lobbying, qui représenterait environ 10 fois ces dépenses – un fléau qui s’est rapidement aggravé dès les premiers jours de la régression néolibérale. Ses effets sur la législation sont considérables, le lobbyiste allant jusqu’à la rédaction littérale des lois, alors que le parlementaire – qui signe le projet de loi – est quelque part ailleurs, occupé à collecter des fonds pour la prochaine campagne électorale.

La corruption est effectivement un fléau au Brésil et en Amérique latine en général, mais ils restent des petits joueurs.

Tout cela nous ramène à la prison, où l’un des prisonniers politiques les plus importants de la période actuelle est maintenu en isolement pour que le « coup d’État en douceur » au Brésil puisse se poursuivre, avec des conséquences probables qui seront graves pour la société brésilienne et pour une grande partie du monde, vu le rôle potentiel du Brésil.

Le Brésil peut continuer sur sa lancée, c’est-à-dire, si ce qui se passe ne soulève pas d’opposition.

Photo du haut : L’ancien président Luiz Inácio Lula da Silva d’adresse à des sympathisants au siège du Syndicat des Métallurgistes où une messe catholique a été célébrée en mémoire de sa défunte épouse Marisa Letícia le 7 avril 2018 à São Paulo, Brésil.

Source : The Intercept, Noam Chomsky, 02-10-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Kess // 16.10.2018 à 10h25

Ouaip, non, vraiment, l’affaire Fillon n’a rien à voir avec Lula … même pas dans l’état d’esprit ou dans la forme ou dans l’effet.

Lula a été condamné pour s’être fait donner un appartement par une compagnie brésilienne qui a corrompu les 3/4 de la classe politique brésilienne … et en particulier Temer qui est au pouvoir. Les faits légaux: il n’a pas été prouvé que Lula a tiré profit de l’appartement, il ne s’y est rendu qu’une fois et l’appartement n’est pas à son nom, on ne sait pas non plus contre quelle contrepartie il l’aurait obtenue. En gros, y a que l’entreprise qui déclare lui avoir donné l’appart comme base de condamnation. Lula est toujours très populaire et aurait sans doute gagné les élections si il n’avait pas été en prison. Il a mené des politiques qui ont enrichi les classes les plus pauvres de la population et ont redressé le pays.

Fillon au contraire, est condamné en premiére instance par l’opinion publique, les faits sont multiples et bien documentés (si la justice prend son temps, c’est qu’elle attend de tout avoir). Le rôle de la justice dans sa défaite est d’avoir marginalement augmenté le nombre de papiers de presse sur ses affaires, mais la mise en examen était légitime. Et je préfére que mon pays juge de la moralité des hommes qui se présente au plus hautes fonctions, surtout quand les faits sont indiscutablement établis. Fillon enfin est impopulaire, il perdrait même au élections municipales de son village. Il a servi de premier ministre sous un gouvernement d’austérité qui a appauvri les francais les moins fortunés et qui a amplifié la parole raciste.

On peut essayer de comparer, mais c’est mettre un gros, un énorme focus, sur le fait que la justice intervienne …

Lula, c’est comme Fillon, ou comme Cahuzac, comme Dassault, comme Berlusconi, comme Nixon … Tout est pareil, à cause de la justice AAAAAAH

32 réactions et commentaires

  • Duracuir // 16.10.2018 à 08h30

    L’instrumentalisation de l’institution judiciaire(je n’ose dire « justice ») à des fins politiques devient une méthode comme une autre de révolution de couleur. Plus besoin de foules plus ou moins rémunérées en orange ou bleu ou autre, des juges bien pourris ou imbus d’idéologie font ça en col blanc. Une cuillérée de magistrat dévoyé, une louche de politicien « d’opposition » bien véreux, un saladier de médias propriété d’oligarques, et le tour est joué sans une goutte de sang.
    Même en France nous avons eu notre putsch médiatico-juridique avec l’affaire Fillon. Quoiqu’on en dise, et quoiqu’on pense du bonhomme et de ses frasques, balancer une boule puante trois mois avant l »élection mère contre le candidat le plus probable, c’est déjà moyen, mais un parquet financier, créé à peine 18 mois plus tôt, qui s’auto-saisit en une heure et fait une mise en examen en trois semaine(record absolu de la rapidité de l’histoire de la magistrature hexagonale) pour finalement n’avoir pas avancé d’un pouce un an et demi après, et tout ça avec une hystérie totale médiatique et le coeur des vierges effarouchées des plus pourris de la politique… C’est le Bresil en plus petit.

      +52

    Alerter
    • Kess // 16.10.2018 à 10h25

      Ouaip, non, vraiment, l’affaire Fillon n’a rien à voir avec Lula … même pas dans l’état d’esprit ou dans la forme ou dans l’effet.

      Lula a été condamné pour s’être fait donner un appartement par une compagnie brésilienne qui a corrompu les 3/4 de la classe politique brésilienne … et en particulier Temer qui est au pouvoir. Les faits légaux: il n’a pas été prouvé que Lula a tiré profit de l’appartement, il ne s’y est rendu qu’une fois et l’appartement n’est pas à son nom, on ne sait pas non plus contre quelle contrepartie il l’aurait obtenue. En gros, y a que l’entreprise qui déclare lui avoir donné l’appart comme base de condamnation. Lula est toujours très populaire et aurait sans doute gagné les élections si il n’avait pas été en prison. Il a mené des politiques qui ont enrichi les classes les plus pauvres de la population et ont redressé le pays.

      Fillon au contraire, est condamné en premiére instance par l’opinion publique, les faits sont multiples et bien documentés (si la justice prend son temps, c’est qu’elle attend de tout avoir). Le rôle de la justice dans sa défaite est d’avoir marginalement augmenté le nombre de papiers de presse sur ses affaires, mais la mise en examen était légitime. Et je préfére que mon pays juge de la moralité des hommes qui se présente au plus hautes fonctions, surtout quand les faits sont indiscutablement établis. Fillon enfin est impopulaire, il perdrait même au élections municipales de son village. Il a servi de premier ministre sous un gouvernement d’austérité qui a appauvri les francais les moins fortunés et qui a amplifié la parole raciste.

      On peut essayer de comparer, mais c’est mettre un gros, un énorme focus, sur le fait que la justice intervienne …

      Lula, c’est comme Fillon, ou comme Cahuzac, comme Dassault, comme Berlusconi, comme Nixon … Tout est pareil, à cause de la justice AAAAAAH

        +59

      Alerter
      • Aksavavit // 16.10.2018 à 16h07

        On n’est pas obligé de prendre l’équation « Lula = Fillon » au pied de la lettre pour voir l’embrouille qu’a constituée l’«affaire Penelope».
        Comme Duracuir, je pense qu’il peut très bien s’être agi d’une ruse pour dégager la route à Macron sur sa droite.
        Dans le même ordre d’idées, l’«affaire Diallo-DSK» était également une manipulation évidente pour lui barrer la route de la présidentielle de 2012 (mais là, il est impossible de savoir si la manip venait de Sarkozy ou de Hollande, qui y avaient tous les deux intérêt).
        Cela n’implique aucune affection particulière de ma part ni pour Fillon ni pour DSK.

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        • Kess // 16.10.2018 à 16h38

          Si je sais quelque chose contre vous et que vous êtes un opposant poitique, j’attendrais le meilleur moment pour m’en servir (ce que vous appelez embrouille est au pire de la stratégie).
          Et dans le cas DSK, je préfèrerais ne pas commenter, mais vous tombez dans le complotisme en affirmant que DSK s’est fait manipulé «  »de manière évidente » pour violer une femme de chambre. Sarkozy, Hollande, ou « ses pusions sexuelles malsaines » y avaient intérêt. Qui est le coupable?

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          • Fritz // 17.10.2018 à 07h02

            « Fillon au contraire, est condamné en première instance par l’opinion publique », humm… Disons une opinion bien formatée au profit de Macron, le candidat sans tache de l’oligarchie (Fillon roulait pour le Medef, mais il avait des aspects déviants, comme sa volonté d’apaiser le jeu avec la Russie).

            Et ne vous en déplaise, @kess, une « Justice » bien vérolée a fait le jeu de Macron tout au long de « l’affaire Pénélope ». Écrire qu’elle a « marginalement augmenté le nombre de papiers de presse sur ses affaires », c’est se moquer du monde.

            Maintenant, je ne pleure pas la déconfiture de Fillon. Si ce monsieur avait eu un peu de dignité, il aurait refusé d’appeler à voter Macron au soir du 23 avril.

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            • Kesse // 17.10.2018 à 09h02

              Arrêter de voir le formatage et le complot partout. 23% des votants ont voté Macron … Les 77% restant n’ont pas voté massivement Fillon. De quelle manière la justice fut-elle vérolée dans l’affaire Pénélope? Quand on accuse, on donne au moins un élément à charge et non pas seulement le mobile. Du coup, c’est votre post qui semble ne pas être juste

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    • Ben // 16.10.2018 à 10h36

      Eh bien nous y sommes.
      Castaner acte 1 scène 1. Perquisition chez Mélenchon et bon nombre de ses amis politiques. Ordinateurs saisis chez tout le monde. Voir Facebook de Mélenchon.
      La prédiction d’Emmanuel Todd sous forme de boutade lors de sa dernière intervention filmée et diffusée sur ce site semble se réaliser : l’avenir du macronisme ne se limite pas à l’alliance de « la droite » + « la gauche ». Il faut y ajouter l’extrême droite. Du PS au FN. C’est en bonne voie.

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      • Kess // 16.10.2018 à 14h00

        Vous m’avez par les sentiments. Ok, Mélenchon, c’est plus pareil que Lula, même si il faut garder la mesure des proportions en terme d’ennui judiciaire … Les perquis’ vont faire flop, très vraisemblablement. Car on est encore un peu dans un état de droit, contrairement au Brésil.

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      • Alfred // 16.10.2018 à 21h25

        Vous prenez vos fantasmes pour des réalités en incluant le fn dans la méchante macronie (et il resterait plus que lfi c’est ça ?). Pas de bol. Castaner est aussi célèbre pour sa prédictiin de guerre civile: c’est lui qui a dit, s’adressant au fn, si vous arrivez au pouvoir les quartiers ne l’accepteron pas et vous rzjeterons par la violence (en gros).
        Le lumpenproletariat agité par les oligarques ça a comme un air de déjà vu. C’est marrant ça mais c’était dans les fameuses années trentes. Fichtre les rôles sont inversés !
        Ce sera intéressant de voir la réaction de la gauche. Trouvera elle la violence légitime?
        Voilà en tout cas ce qui nous pensons au nez avec ce type au ministère de l’intérieur pour organiser les futures élections truquées de notre République Bananiere. Oui truquées. Si vous avez le moindre doute ou trouvez cela excessif rappelez vous que les arrondissements ce truc de Lyon sont les seuls endroits de France où il y a eu zéro (00000) blancs ou nuls à la dernière présidentielle. Cela est statistiquement impossible et n’est jamais arrivé ailleurs. Élections truquées et en plus par des imbéciles. (Ils auraient pu au moins en laisser quelques centaines).
        Bref un mec donc la compétence essentielle est l’obéissance au bon endroit, ça promet.

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    • Paul // 16.10.2018 à 14h36

      Ce brave citoyen Fillon aurait il acheté sa  » charge  » à la couronne…?
      Je ne pense pas !
      Par-contre il à effectivement payé son titre de  » Gentleman Farmer  »,qui lui va si bien,avec le budget de la République.

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  • Sam // 16.10.2018 à 09h03

    Un sujet est rarement abordé à propos du Brésil, c’est l’extrême insécurité. Ils sont champions du monde du taux d’homicide : 25/100000, soit 5 fois plus qu’aux US pourtant doués pour cette discipline.
    6 tués par heure, plus de 60000 par an, plus d’un demi million en 10 ans.
    https://www.lepoint.fr/monde/bresil-plus-d-un-demi-million-d-homicides-en-dix-ans-05-06-2018-2224395_24.php

    Corruption et peur, les deux visages du fascisme.

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    • Bellefontaine // 17.10.2018 à 18h51

      Mais après l’élection de Jair Bolsonaro ?

      Les Brésiliens sont vraisemblablement bernés par les opportunistes qui ont profité de l’immense rancoeur soulevée par la dénonciation des scandales de corruption pour orienter l’opinion publique vers Bolsonaro (46 % l’ont choisi au premier tour). Mais qu’adviendra-t-il lorsqu’ils découvriront que ce Bolsonaro les ramène aux  » belles années  » de la dictature et à leur rabaissement social et économique, eux que la pauvreté et l’injustice révoltent déjà.

      Les grandes manifestations des dernières années contre leurs politiques corrompus ne se répèteront pas dans la joie. Les Brésiliens connaissent la violence depuis longtemps :

      « Selon les chiffres de l’ONG Forum brésilien de sécurité publique, le Brésil a dénombré près de 300.000 victimes d’homicides entre 2011 et 2015. Soit 160 par jour et une toutes les 9 minutes. » — Le Figaro, 28/10/2016

      Misère !

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  • christian gedeon // 16.10.2018 à 11h01

    Rien sur Dilma Roussef? J’ai admiré le président Lula. Vraiment. Et dans le contexte,il a fait un boulot formidable. Notamment avec sa très courageuse réforme agraire. Et çà,ce n’était pas gagné d’avance.hélas,il a aussi commis deux erreurs terribles. Se mettre à dos l’oligarchie sans vraiment l’attaquer de front,ce qui est très paradoxal. Et ne pas traiter,base électorale oblige,le terrible problème de l’insécurité des grandes villes brésiliennes. Bien au contraire. Sa successeur,Mme Roussef a si j’ose dire doublé la mise de ce point de vue,en laissant aller pour compenser les expropriations liées au Mundial,et aussi et surtout,en n’ayant pas courage politique de renoncer à cette aberration financière,qui a surenrichi les oligarchies du bâtiment,et plongé le Brésil dans la crise qu’il connaît.(sans compter que l’humiliante défaite de la Seleçao n’a pas arrangé les choses,le foot faisant partie de la politique au Brésil) Une éventuelle élection de Bolsonaro se joue là,et pas ailleurs. Bien sûr les méchants sont les financiers et les oligarques,personne ne le conteste. mais ce n’est opas comme çà que le ressent le peuple brésilien qui a jadis voté Lula ou Roussef..Ce que ce peuple voit,c’est qu’en définitive ses rêves ont volé en éclat. Et ses votes pour Bolsonaro,personnage quand même passablement inquiétant pour le coup,n’est que le reflet du rêve atomisé.

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    • Sam // 16.10.2018 à 11h45

      « Se mettre à dos l’oligarchie sans vraiment l’attaquer de front,ce qui est très paradoxal. »

      Cela m’avait frappé avec Chavez aussi, ainsi que les Kirchner, voire avec Mélenchon…
      Une fois le pouvoir atteint, la gauche reste « institutionnelle », faisant confiance au « processus électoral » et à la « conscience politique du peuple ».
      Et alors même que son combat portait sur la corruption, elle ne l’attaque pas frontalement, se contentant de légiférer un cadre dont se fout la corruption…

      Chavez, lors du coup d’État de 2002, aurait pu faire une vraie purge dans l’oligarchie, mêlée à tous les niveaux de ce coup d’État raté. Il n’en a rien fait, laissant les médias aux mains de l’oligarchie alors même que l’occident lui reprochait de museler les médias et d’opérer une purge dans l’oligarchie…

      De même, les politiques de répartition de la richesse ont l’effet pervers de grossir une classe moyenne qui s’empresse de voter à droite : le partage, ca s’arrête à nous…

      Bref, c’est pas gagné…

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  • Frene // 16.10.2018 à 12h41

    En tant que brésilienne et libre d’esprit, ayent vécu et analysant la situation, je dit que vos positions sont typiquement progressistes et pas trop objectives. Lula et sa clique ont commis des délis qui n’auraient jamais été acceptés en Europe. En plus, la decadente moral, culturel et financière a été sans précédent pendant la gestion de son partie, le ténébreux PT. Est-ce que cela est bon pour des tosques nations du Sud et pas tolérable pour vous, les Européens ?

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    • tachyon // 16.10.2018 à 13h35

      Quels déli(t)s ? Des faits s’il vous plaît …

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      • Frene // 16.10.2018 à 15h04

        Cherchez par l’internet et vous allez voir que ceux sont dix actes de corruption, des inombrables actes de « lavage de l’argent », des actes de corruption, qui ont achevées le fleuron de notre industrie – la Petrobrás, enrichissement personnelle et de sa famille, utilisation de l’argent publique pour soutenir de terribles dictatures, rapprochement avec des pays hors la lois ou même terroristes, mise en place d’une organisation qui attentait contre les intêrets nationaux brésilien et d’autres nations de l’Amérique Latine – le « Foro de SP », à part le fait que pendant le gouvernement du PT les écoles et les recherches ont été légués à l’ostracisme tout en faisant croire que le PT veillait pour les pauvres. Des miettes ont été distribuées aux plus pauvres pour leur assurer des votes, comme ceux que Haddad a eus le dernier 7 oct. Mais, enfin le peuple ouvre ses yeux ! J’espère que le nouveau président et son équipe sauront honorer l’espoir qui le peuple brésilien deposite dans leur projet. Ça vas aller, « se Deus quiser »!

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        • Serge WASTERLAIN // 16.10.2018 à 19h07

          On ne demande pas une liste de doléances, mais une liste de faits précis et sourcés !
          Il me semble que ce n’est pas trop demander lorsqu’on souhaite que soient justifiées des accusions graves comme le ‘’détournement d’argent pour soutenir des états terroristes’’…

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  • booster // 16.10.2018 à 13h40

    Il faut toujours se méfier des personnes, actes etc… encensés par les médias, comme Lula ou Obama. En général c’est tout le contraire, ce sont à minima des fourbes aux ordres.

      +6

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  • Frene // 16.10.2018 à 15h05

    Cherchez par l’internet et vous allez voir que ceux sont dix actes de corruption, des inombrables actes de « lavage de l’argent », des actes de corruption, qui ont achevées le fleuron de notre industrie – la Petrobrás, enrichissement personnelle et de sa famille, utilisation de l’argent publique pour soutenir de terribles dictatures, rapprochement avec des pays hors la lois ou même terroristes, mise en place d’une organisation qui attentait contre les intêrets nationaux brésilien et d’autres nations de l’Amérique Latine – le « Foro de SP », à part le fait que pendant le gouvernement du PT les écoles et les recherches ont été légués à l’ostracisme tout en faisant croire que le PT veillait pour les pauvres. Des miettes ont été distribuées aux plus pauvres pour leur assurer des votes, comme ceux que Haddad a eus le dernier 7 oct. Mais, enfin le peuple ouvre ses yeux ! J’espère que le nouveau président et son équipe sauront honorer l’espoir qui le peuple brésilien deposite dans leur projet. Ça vas aller, « se Deus quiser »!

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  • Dws // 16.10.2018 à 16h20

    C’est fous comme cette article sur la prison de Lula est dépourvu de réalité (visité en personne La prison) tous médias qui ne sont pas de gauche ont montres dans les journaux télévisé que Lula reçois dans un espèce de hôtel de préfecture la plus pars de ses allié politique, dont Hadad et que c’est lui qui donne conseille et conferances. Lula à été élu à cause dans vide politique après FH Cardoso qui lui avait entamé des réforme et fait rentré le Brésil dans le 21 siècle. Depuis Lula à été réélu puis à placé sa candidate Dilma à la présidence, (qui a été viré démocratiquement) il a placé sont candidat Hadad au 2eme tour, c’est vraiment parce que les brésiliens n’en peuvent plus qu’ils choisissent
    Un vraie changement radical tous en rappelant à l’europe que l’extrême droite brésilienne n’a pas le même héritage que celui d’Europe. Alors pour un homme innocent ou presque c’est pas possible.

      +3

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  • Myrkur34 // 16.10.2018 à 17h56

    Je sais bien que comparaison n’est pas raison mais souvenez vous de la Grèce qui après avoir adopté l’Euro sous les acclamations des laudateurs de service et organisé les JO de 2004 et parti en déconfiture seulement quatre plus tard pour une décennie d’austérité.
    Le brésil a organisé la coupe du monde de football en 2014 et les JO en 2016. Et pendant toutes ces années, la situation politique s’est détériorée de plus en plus. Vu que le Brésil a accédé au top 10 des puissances économiques mondiales, les dégâts possibles d’une déstabilisation de ce géant seront autrement plus mortifères et délétères pour l’Amérique du Sud et l’ensemble de la planète que les soubresauts post-frontières du Venezuela.

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  • clauzip12 // 17.10.2018 à 00h50

    Je ne sais si cela a été dit plus haut,j’y vois la patte de la CIA et donc des USA.
    L’Amérique du sud est en cours de destabilisation et de renversement de tous les gouvernements un tant soi peu à gauche.
    L’Argentine est également dans une situation économique dangereuse,elle sera vraisemblablement amenée à vendre ses bijous au privé.
    Les gisement de Patagonie pourraient changer de main pour tenter de rembourser la dette.
    Inutile de préciser que le FMI est sur les tas!

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  • abo // 17.10.2018 à 04h55

    Le lawfare, c’est une nouvelle méthode pour chasser les dirigeants qui dérangent les Etats-Unis, il s’agit de l’utilisation offensive de la loi, d’abord les médias bombardent médiatiquement la cible puis des juges prennent le relais. Il y a eu la condamnation sans preuve de Jorge Glas le vice président d’Équateur et le referendum pour ostraciser Correa. Les poursuites contre Cristina Fernandez Kirchner en Argentine alors que le président Macri a plein d’affaires aux fesses, ce président suis la politique qui a conduit l’Argentine à la crise de 2001, et CFK est en tête des sondages ils veulent la mettre en prison pour l’empêcher de se présenter aux présidentielles de 2019 comme Lula.

    Quand au fasciste Bolsonaro il est très dangereux, depuis le premier ses partisans ont commis 70 agressions. Et ses partisans votent avec un pistolet. : https://www.youtube.com/watch?v=i6Y5q1O6HfI

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    • jdautz // 18.10.2018 à 10h49

      C’est ce qui a de bien avec la CIA, c’est ce qui permet de détecter facilement quand ils sont a la manœuvre, ils utilisent les mêmes procédés partout, comme les « révolutions » en technicolors.

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  • Christobal // 17.10.2018 à 08h43

    Dire que Lula gagnerait s’il était candidat me paraît bien optimiste. Les retours que j’ai d’amis ayant travaillé dans des favelas sont peu favorables au PT. Bon nombre de gens vivant en favelas soutiennent le candidat d’extrême droite tandis que les trafiquants de drogue lui sont hostiles… L’exaspération populaire vis à vis de la corruption et de l’insécurité et la déception vis à
    Vis du PT sont telles qu’il me paraît difficile à Lula de convaincre les gens modestes.

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    • jdautz // 18.10.2018 à 10h52

      Peut-être aussi qu’on ne les aide pas a choisir, comme chez nous d’ailleurs avec notre produit lessivier devenu Président et les classes modestes soutenant l’alternative la pire pour eux qui est l’extrême droite.

      Le résultat d’une très très longue opération pour casser les mouvements sociaux.

        +0

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  • Christobal // 17.10.2018 à 13h27

    Ça me paraît optimiste de penser que Lula libre gagnerait. Les retours que j’ai eus d’amis ayant côtoyé les quartiers populaires et qui ont gardé là bas des contacts sont assez clairs. Une partie des favelas vote le candidat d’extrême droite tandis que les trafiquants de drogue lui sont hostiles et menacent ses partisans… Le discrédit du PT, à tort ou à raison, est tel, ainsi que le ras le bol populaire vis à vis de la corruption et de l’insécurité, qu’il semble difficile de renverser la vapeur.

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  • UnLecteur // 17.10.2018 à 20h12

    Il y a une erreur dans la traduction du titre : 
    Le titre en anglais est «I just visited Lula, the world’s most prominent political prisoner. A « soft coup » in Brazil’s election wile have global consequences».
    Le titre en français serait plutôt : «J’ai visité Lula, le prisonnier politique le plus célèbre du monde. Un coup d’État « doux » durant les élections aux Brésil aura des conséquences globales».

    Avec le titre actuel («J’ai visité Lula, le prisonnier politique le plus célèbre du monde. Un coup d’État ‘doux’ au Brésil une élection aura des conséquences globales»), on ne comprend pas le lien entre le mot Brésil et le mot élection.

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  • alain le gargasson // 21.10.2018 à 23h01

    La réponse sur ce que veut le PT, le communisme!!!!
    https://www.youtube.com/watch?v=V6XXmjeJUoM

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