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10.octobre.201810.10.2018 // Les Crises

Ce que j’ai appris au cours d’une journée passée avec Gideon Levy, le journaliste le plus controversé d’Israël. Par Robert Fisk

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10Source : The Independent, Robert Fisk, 30-09-2018

Le journalisme et Israël sont intimement liés dans la vie de Gideon Levy. Sa relation d’amour-haine avec le journalisme se mêle à l’horreur que lui inspire la voie où s’est engagé son pays.

Gideon Levy dans son jardin. Photo Nelofer Pazira

Gideon Levy, le plus provocateur et le plus haï des journalistes de Haaretz, a quelque chose d’un philosophe-roi bien que, assis dans son minuscule jardin de la banlieue de Tel-Aviv, son chapeau de paille protégeant du soleil ses yeux bruns malicieux, il ait l’air sorti d’un roman de Graham Greene. Courageux, subversif, mais accablé ─ dans son style âpre et intransigeant – c’est le genre de journaliste qu’on vénère ou qu’on déteste. Les philosophes-rois à la Platon sont peut-être nécessaires à notre santé morale, mais pas bons pour le stress. Ainsi, pour avoir dit la vérité, des compatriotes israéliens l’ont menacé de mort ; et c’est là la récompense la plus prestigieuse qu’on puisse décerner à un journaliste.

Il adore le journalisme mais son déclin l’atterre. Son anglais parfait s’altère parfois quand il entre en fureur. Par exemple, quand il constate l’absence de réaction face aux informations des journaux : « En 1986, j’ai écrit un papier sur une bédouine palestinienne qui avait perdu son bébé après avoir accouché à un poste de contrôle. Elle avait essayé de traverser à trois points de contrôle (israéliens) différents, sans succès, et avait dû accoucher dans sa voiture. Les Israéliens ne l’avaient pas laissée amener le bébé à l’hôpital. Elle avait dû l’amener à pied (!) sur deux kilomètres jusqu’à l’hôpital Augusta Victoria de Jérusalem-Est. Le bébé en était mort. Quand j’ai publié cette histoire ─ je n’irai pas jusqu’à dire qu’Israël « a retenu son souffle », mais cela a causé un énorme scandale, le gouvernement en a discuté, et deux officiers ont été traduits en justice… »

Par la suite, Levy a révélé dix autres histoires de femmes qui avaient perdu leur bébé à des postes de contrôle israéliens. « Et aujourd’hui, tout le monde s’en moque. Je peux bien les publier, ces histoires n’intéressent plus personne, même ceux qui se donnent la peine de les lire. Cette situation est devenue totalement « normale », totalement justifiée. Maintenant nous trouvons une justification pour tout. La déshumanisation des Palestiniens a atteint un point tel que cela nous est devenu complètement égal. Sans aucune exagération, je peux te dire que si un chien israélien est tué par des Palestiniens, cela fera plus de bruit dans les médias israéliens que si 20 jeunes Palestiniens de Gaza sont abattus ─ sans raison ─ près de la clôture de séparation par des tireurs de Tsahal. La vie des Palestiniens a perdu toute valeur. Il existe tout un système de diabolisation, de déshumanisation, tout un système pour justifier que “nous” avons toujours raison et que nous ne pouvons jamais avoir tort. »

Ensuite Levy s’en prend à la brigade des cœurs sensibles. « Je parle ici des libéraux. Il y a des Israéliens qui se réjouissent de toute mort de Palestinien. Mais les libéraux vous trouvent des tas d’arguments rien que pour avoir la conscience tranquille et ne pas se sentir gênés : “Tu ne peux pas savoir ce qui s’est passé là-bas, tu n’y étais pas, et tu sais, tu ne vois qu’un aspect de la question…” Et il est devenu très difficile de raconter ces histoires, c’est le plus frustrant. Ils voient des tireurs d’élite abattre un enfant qui agitait les bras. À la télé, ils montrent des soldats abattant une infirmière en uniforme d’infirmière, une jolie infirmière. Ils voient une enfant de 15 ans aller en prison pendant huit mois pour avoir giflé un soldat. Et ils justifient tout ! »

On comprend pourquoi on lui a attribué un garde du corps, il n’y a pas très longtemps. « Tu sais, Robert, on m’a dit pendant tant d’années : “Essaie d’être un peu plus modéré… Dis des choses patriotiques. Dis de bonnes choses sur Israël.” Tu sais, au bout du compte, on dit et on écrit ce qu’on pense, et on ne pense pas aux conséquences. Et je dois dire, très franchement, que le prix que doit payer un journaliste russe ou turc est bien plus élevé. N’exagérons rien. Je reste un citoyen libre, et si j’ai toujours la liberté entière, je dis bien la liberté entière d’écrire tout ce que je veux, c’est surtout grâce à mon journal, qui me soutient sans réserve. »

« Tu sais, mon rédacteur-en-chef est peut-être le seul au monde qui soit prêt à payer des millions en termes de résiliations d’abonnements pour un seul article que j’ai écrit, qui ose dire à un abonné qui s’en prend à moi : “Vous savez, Haaretz n’est peut-être pas le journal qu’il vous faut !” Trouve-moi un autre rédacteur-en chef comme celui-là ! Je suis tout à fait libre. Je dis tout ce que je ressens et tout ce que je pense. »

Ce qui en dit long sur Israël ainsi que sur le rédacteur-en-chef de Levy. Mais Israël n’échappe jamais à son scalpel. « Le pire fléau que nous ayons à combattre est l’indifférence. L’apathie, qui est si répandue en Israël. Alors, si j’arrive à les secouer, même un peu, à leur faire peur, à les mettre en colère contre moi… tu sais, je pense souvent que si je les mets si en colère, ça montre qu’au fond de leur conscience, ils savent que la maison brûle, que quelque chose a mal tourné. Mais il arrive qu’on ait peur, surtout la veille de la publication d’un article. Je me dis toujours : “Oh, ne suis-je pas allé trop loin cette fois-ci ?” Et puis, quand je me relis, je me dis toujours : “J’aurais dû taper plus fort ! Je pense toujours que je ne suis pas allé assez loin.”

Le journalisme et Israël sont intimement liés dans la vie de Gideon Levy. Sa relation d’amour-haine avec le journalisme se mêle à l’horreur que lui inspire la voie où s’est engagé son pays – où ses parents, fuyant l’Europe, se sont réfugiés alors que c’était encore la Palestine. « La seule chose qui me manque vraiment – c’est très personnel – j’avais ramené mes meilleures histoires de la bande de Gaza. Ça fait maintenant 11 ans qu’on m’empêche d’y aller – parce que, depuis 11 ans, Israël ne laisse plus les Israéliens entrer à Gaza, même s’ils ont la double nationalité. Même s’il était possible d’aller à Gaza, très, très peu d’Israéliens s’en donneraient la peine. Peut-être que le Hamas les empêcherait de passer. C’est une décision du gouvernement israélien contre laquelle les journalistes israéliens n’ont jamais protesté – sauf moi. Parce qu’ils s’en fichent – le porte-parole de l’armée [israélienne] leur dit tout ce qu’ils doivent savoir – pourquoi se donneraient-ils la peine d’aller à Gaza ? »

Mais, pour Levy, c’est un problème professionnel. « C’est une très lourde perte, parce que les histoires les plus fortes se passaient à Gaza, et encore maintenant. Et le fait que je ne puisse pas y aller… je veux dire, je me demande souvent, “dans quel endroit du monde est-ce que tu préférerais aller ? À Bali ?” Et je me réponds toujours la vérité. “À Gaza. Donnez-moi une semaine à Gaza, maintenant. Je n’ai besoin de rien d’autre”. »

Les blogs n’ont pas la crédibilité des journaux, dit Levy. « Mais je dis aux jeunes gens – s’ils me demandent – Allez-y. Le journalisme est un métier merveilleux. Je n’avais pas décidé d’être journaliste. Je voulais devenir premier ministre. Je voulais devenir, soit chauffeur de bus, soit premier ministre . Je n’ai jamais pu y arriver. Oui, il faut des qualités de meneur d’hommes. Le chauffeur de bus, c’est lui qui conduit. Je veux dire par là qu’on dicte aux autres ce qu’ils doivent faire. Mais je répète toujours aux jeunes gens : “Vous ne trouverez pas d’autre profession qui vous offre autant d’opportunités. Vous n’avez besoin que d’une chose – avant tout, il faut être curieux.” C’est une qualité plutôt rare, bien plus rare qu’on le pense, parce que nous, les journalistes, nous pensons que tout le monde est aussi curieux que nous. »

Beaucoup d’Israéliens sont pessimistes de nature, surtout Levy. « Écoute, on parle maintenant de 700 000 colons juifs. Il n’est pas réaliste de penser que quiconque va faire évacuer 700 000 colons. Et sans une évacuation totale, aucun État palestinien n’est viable. Tout le monde le sait et tout le monde répète la même rengaine parce que ça arrange tout le monde – l’Autorité palestinienne, l’UE, les USA – “deux États, deux États”, et comme ça on peut maintenir l’occupation encore pendant cent ans, à penser qu’il y aura un jour une solution à deux États. Ça n’arrivera plus jamais. Nous avons manqué ce train-là, et il ne repassera jamais. »

Revenons à Gideon Levy et aux péchés du journalisme moderne. « Regardons les choses en face – maintenant c’est dans les réseaux sociaux que ça se passe. Notre journalisme se meurt. Il suffit maintenant de savoir écrire un tweet très sophistiqué. Et pour ça, on n’a besoin de se déplacer – on peut rester assis dans son salon avec un verre de whisky, et on peut être très, très sophistiqué, avec un peu d’humour, et beaucoup, beaucoup de cynisme – parce que c’est ça, le problème principal. Je veux dire que les journalistes, sauf une toute petite poignée, ne s’intéressent qu’à une chose : se faire mousser. Je suppose qu’il y a des exceptions. Je n’en connais pas en Israël. Je n’en connais pas en Cisjordanie. Il y a des militants. Il y a beaucoup de jeunes militants, vraiment adorables. »

Levy est d’accord pour dire qu’Amira Hass, elle aussi de Haaretz, qui vit en Cisjordanie palestinienne, est son égale, au moins en âge – il a 65 ans – et qu’« elle fait vraiment progresser le journalisme en vivant parmi les Palestiniens. Je crois que c’est vraiment sans précédent– une journaliste qui “vit chez l’ennemi”. Elle paie cher, d’ailleurs, le fait de vivre là-bas, dans la mesure où on lui accorde moins d’importance ici [en Israël]. »

Mais le journalisme est très fréquemment l’objet des critiques de Levy. « Nous avons des jeunes gens qui vont dans les zones de guerre – uniquement pour montrer leur courage. Ils sont allés en Irak, ils sont allés en Syrie, ils sont allés en Iran. Ils reviennent généralement avec des selfies pris à la réception de leur hôtel ou sur un prétendu champ de bataille. Quand je suis allé à Sarajevo en 1993, je suis aussi allé à la recherche de l’injustice. Je ne me suis pas contenté de “couvrir les événements”. J’ai cherché le “mal” inhérent à la guerre. On a beaucoup vu le mal à Sarajevo. J’ai vu des choses à Sarajevo que je n’ai jamais vues ici – des vieilles femmes qui creusaient le sol, pour trouver des racines à manger à défaut d’autre chose. J’ai vu ça de mes propres yeux. Pas dans les territoires occupés [par Israël] – on ne voit pas ça ici. »

Les correspondants étrangers ne sont guère mieux traités. « Je vois des journalistes, aujourd’hui même, près de la clôture électrifiée qui entoure Gaza, des journalistes qui peuvent entrer dans Gaza – en ces mois de tueries qui ont fait près de 200 victimes non armées. Ils se tiennent bien à l’écart. Entrer dans Gaza n’est pas dangereux pour les journalistes étrangers. Mais je vois que même la BBC – et même Al-Jazeera de temps en temps, Al-Jazeera est bien meilleure, évidemment – diffuse ses reportages depuis une colline au sud d’Israël. Et, bien sûr, Ils obtiennent des images des médias sociaux, de journalistes locaux. Mais ce n’est pas la même chose. »

Étant moi-même un critique systématique d’Israël, de l’iniquité de sa politique colonialiste de vol de territoires et du traitement indigne qu’il fait subir aux Palestiniens, je me sens bizarrement en contradiction avec lui – pas tant en raison de sa condamnation des journalistes, mais à cause de sa volonté stupéfiante de détruire la vitrine d’Israël. Est-ce vrai que les lecteurs israéliens s’intéresseraient plus à la mort d’un chien israélien qu’au massacre de 20 Palestiniens? Sont-ils aussi ignorants qu’il l’affirme ? Il y a un petit côté « O tempora, o mores » chez lui[1].

« Israël est en train de devenir une des pays les plus ignorants de la planète, » dit ce Cicéron de 65 ans. « Quelqu’un a dit qu’il vaut mieux maintenir les gens dans l’ignorance… La jeune génération ne sait rien sur rien. Essaie de parler à des jeunes d’ici – ils sont ignares. Même les choses les plus élémentaires : demande-leur qui était Ben Gourion, demande leur qui était Moshe Dayan. Demande-leur ce qu’est la “Ligne Verte”. Demande-leur où est Jénine. Rien. Même avant qu’on leur lave le cerveau, l’ignorance crasse – une partie de ce qu’ils savent est totalement faux. »

« Parle à un jeune Israélien moyen : un garçon de café européen parle mieux l’anglais que lui, » affirme-t-il. Ce que les jeunes Israéliens savent sur l’Holocauste et les voyages à l’étranger « consiste principalement en un voyage scolaire à Auschwitz, au cours duquel on leur a expliqué que la puissance est la seule chose qui compte – la puissance militaire, c’est la seule garantie, rien d’autre que la puissance militaire ; et qu’Israël a le droit de faire tout ce qu’il veut après l’Holocauste. C’est ce qu’on leur apprend. Mais ça n’a aucun rapport avec le savoir. »

Oui, dit notre philosophe-roi, il y a « une frange étroite d’intellectuels brillants », mais une étude récente a montré que la moitié des jeunes Israéliens reçoivent une éducation digne du Tiers Monde. Nous – et ici je m’inclus dans la génération de Levy– sommes venus au monde après « des événements très dramatiques ». La Seconde Guerre mondiale. Dans ce cas précis, la fondation de l’État d’Israël. Ses parents, en fuyant l’Europe, « se sont sauvés à la dernière minute ».

« Nous avions le poids de l’histoire à porter, et il n’existait ni Twitter ni Facebook pour l’effacer. Aujourd’hui c’est plus vide, en fin de compte, en termes d’évènements historiques. Même dans cette région du monde. Que se passe-t-il ici ? Rien – ou toujours la même chose. Cinquante années d’occupation, mais rien d’essentiel n’a changé. Le cadre reste exactement le même… bien sûr, il y a plus de colonies, bien sûr, l’occupation est plus brutale, et bien sûr, on a moins le sentiment que ce n’est que provisoire. Il est désormais très clair que ce ne sera pas provisoire. Ça fait partie de la nature même d’Israël. »

J’ai demandé à Levy si le système électoral représentatif n’était pas ce qui vaut à Israël ces coalitions gouvernementales consternantes. « Elles sont ce que nous sommes, » répond-il d’une voix lugubre. « Et Israël est très nationaliste, très à droite et très religieux – bien plus qu’on ne le pense – et le gouvernement israélien est un reflet très fidèle du peuple israélien. Et Netanyahou est la meilleure vitrine d’Israël. Il est bien trop éduqué pour Israël – mais à ses yeux, c’est ça, Israël. La puissance, la puissance, la puissance – préserver le statu quo pour l’éternité, ne jamais faire confiance aux Arabes. Ne croire en aucun accord possible avec les Arabes, jamais. Et vivre uniquement de l’épée, dans un état de guerre total. »

Les rapports avec les USA sont simples. « Je ne sais pas si les gens se rendent compte à quel point Netanyahou dicte leur politique aux USA. Tout ce qu’ils décident aujourd’hui – l’UNRWA [l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine], toutes les coupes budgétaires – tout ça vient d’Israël. Trump s’en moque. Tu crois qu’il savait ce qu’était l’UNRWA avant cela ? Le racisme est devenu politiquement correct. » Alors, à quel moment est-ce que ça a dérapé ? « Tout d’abord, en 1967, ce fut la plus grande faute. C’est là que tout commence. Si tu veux, tu peux dire 1948 – parce que 1948 ne s’est pas arrêté en 1948, jamais. Nous aurions vraiment pu ouvrir un nouveau chapitre. » Il y a encore des exemples de grands hommes, insiste-t-il, même dans le monde d’après la Seconde Guerre mondiale. Nelson Mandela est un de ceux-là.

Mais le journaliste le plus irascible et le plus irritant d’Israël ajoute : « peut-être que nous sommes trop vieux, que nous sommes aigris et jaloux, que nous pensons être les meilleurs… » Au point culminant de son discours, juste derrière nous un énorme chat blanc, totalement paniqué, saute par-dessus la haie du jardin, poursuivi par un chat gris encore plus énorme, crachant, prêt à mordre et soulevant un tourbillon de feuilles et de poussière. Dans mon esprit, le chat blanc représente les ennemis de Gideon Levy. Et, malgré ses 65 ans, vous devinez facilement qui le plus gros des deux chats me rappelle.

NdT

[1] « O tempora, o mores » (Ô temps, ô mœurs), formule employée par Cicéron dans les Catilinaires, discours prononcés contre le conspirateur Catilina, où il s’indignait contre la décadence morale de son époque. La formule a été abondamment reprise, parfois ironiquement, dans la littérature mondiale (Egar Allan Poe, Anton Tchékhov, etc.) et en France, par Molière dans sa préface aux Précieuses Ridicules (en français), et dans deux des albums d’Astérix, Le Bouclier arverne et Astérix en Corse (en latin). La première phrase des Catilinaires (début de l’Exorde comminatoire) est universellement connue de tous les latinistes de France et de Navarre : « Quousque tandem abutere, Catilina, patientia nostra ? Quamdiu etiam furor iste tuus nos eludet ? (Jusques à quand, Catilina abuseras-tu de notre patience ? Pendant combien de temps encore cette folie furieuse qui est la tienne nous échappera-t-elle ?) » Voir la version bilingue des Catilinaires : http://remacle.org/bloodwolf/orateurs/catilinaire1.htm

Source : Robert Fisk, 30-09-2018

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Fabrice // 10.10.2018 à 06h57

Ce journaliste courageux subit ce que j’appelle l’inversion des valeurs humanistes, la promotion du repli sur soi, de la condamnation de l’empathie envers la souffrance des autres.

Tout est incitation à justifier toutes les mesures qui repoussent les autres quitte à les faire disparaître par toutes les exactions possibles et imaginables.

Je crains que Gideon Levy ne soit une voie perdue dans le désert de la conscience Israëlienne mais aussi de nos pays car ce syndrôme de justifier voir de normaliser l’injustifiable progresse aussi chez nous.

29 réactions et commentaires

  • Fabrice // 10.10.2018 à 06h57

    Ce journaliste courageux subit ce que j’appelle l’inversion des valeurs humanistes, la promotion du repli sur soi, de la condamnation de l’empathie envers la souffrance des autres.

    Tout est incitation à justifier toutes les mesures qui repoussent les autres quitte à les faire disparaître par toutes les exactions possibles et imaginables.

    Je crains que Gideon Levy ne soit une voie perdue dans le désert de la conscience Israëlienne mais aussi de nos pays car ce syndrôme de justifier voir de normaliser l’injustifiable progresse aussi chez nous.

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    • Fritz // 10.10.2018 à 07h15

      Se justifier : c’est la porte de l’enfer, pour soi comme pour les autres.

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  • Alfred // 10.10.2018 à 07h18

    Est ce qu’un jour Haaretz servira de modèle aux torchons que sont le monde Libé et le fig? Quel rédacteur en chef en France peut arriver à la cheville de celui d’Haaretz?
    Gideon Levy, Amira Hassan et Robert Fisk font partie des derniers dinosaures qui pourraient ressembler à la définition du mot journaliste. C’est un peu les 3% de chocolat véritable dans la crème « au chocolat ». Quand ils auront disparu rien n’empêchera plus le monde entier de prendre le Nutella pour du vrai chocolat.
    Merci à eux et merci pour la traduction.

      +30

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  • Bellot // 10.10.2018 à 07h26

    « C’est la connaissance qui libère ».
    A lire cet entretien, je me dis que, en Israël comme ailleurs dans le monde, ceux qui ont intérêt à maintenir l’espèce humaine en esclavage l’ont très bien compris.

      +12

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  • Pierre D // 10.10.2018 à 07h58

    Levy, Haas, les nouveaux historiens, Avnery, Warschawski, Enderlin, B’Tselem et bien d’autres ont disparus du petit théâtre médiatique français en tant que « nouveaux antisémites ».

      +13

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  • Eric83 // 10.10.2018 à 08h19

    En complément, un autre article de Robert Fisk, paru sur un autre site, et concernant Amira Hass :
    : « J’ai demandé à la seule journaliste israélienne basée en Palestine de me montrer quelque chose de choquant – et voilà ce que j’ai vu ».

    « Montrez-moi quelque chose qui va me choquer, ai-je demandé à Amira Hass. La seule journaliste israélienne qui vit en Cisjordanie – ou en Palestine, si vous croyez encore en ce mot si peu orthodoxe – m’a donc emmené sur une route à l’extérieur de Ramallah qui dans mon souvenir était une autoroute qui conduisait à Jérusalem. Mais maintenant, sur la colline, elle se transforme en une route à l’abandon, à moitié goudronnée, bordée de magasins fermés par des volets rouillés et des ordures. La même odeur putride d’égouts à l’air libre plane sur la route. L’eau puante stagne, verte et flasque, en flaques au pied du mur. Ou Mur avec une majuscule… »

      +4

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  • BrunO // 10.10.2018 à 08h23

    Juste pour amender la traduction de « Quamdiu etiam furor iste tuus nos eludet » :

    « Combien de temps ta folie nous défiera-t-elle ? »

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  • Wollaston // 10.10.2018 à 08h33

    Une femme qui perd son enfant a un poste de contrôle peut être un accident, un disfonctionnement.
    10 femmes c’est une stratégie eugénique.
    Mais dire cela – ou rapporter ce Monsieur dit en occident – fait de vous un «antisémite» même si vous êtes Juif (cf : norman Finkelstein).
    Comment sortir de ces inversions accusatoires?comment faire taire la voix de nos «journalistes, philosophe, politique» communautaire qui empêchent la parole vrai?

      +12

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  • la vieille gauloise // 10.10.2018 à 08h40

    Je suis de plus en plus persuadée que les choses changeront qu’ avec le changement de génération…les trentenaires fonctionnent sur un autre logiciel , il n’ y a qu’ à l’ observer autour de nous …..

      +1

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    • Alfred // 10.10.2018 à 13h36

      Cela n’a rien d’évident. Le changement de génération c’est aussi la disparition des kiboutz (en tant que tels) et la transformation des moshav. C’est la disparition de la gauche en israel (comme ailleurs d’ailleurs; la vraie gauche hein pas la gauche consumériste passée à la moulinette yankee de type « multisectorielle »). Peut être trois générations plus tard par retour de balancier mais pour l’instant c’est encore et toujours la descente aux enfers..

        +6

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    • Sam // 11.10.2018 à 09h42

      « La jeune génération ne sait rien sur rien. Essaie de parler à des jeunes d’ici – ils sont ignares ».

      « Même avant qu’on leur lave le cerveau, l’ignorance crasse – une partie de ce qu’ils savent est totalement faux ».

      M. Levy semble assez pessimiste sur les nouvelles générations…

        +4

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  • Duracuir // 10.10.2018 à 09h18

    Dans l’Histoire, jamais un pays à la fois raciste, ségrégationniste et colonialiste n’a pu perdurer en l’état.
    Israel, pendant 60 ans a vécu sur la sympathie qu’il inspirait dans le monde occidental.
    Aujourd »hui, le roi est nu, méprisé, détesté, haï.
    Personne ne peut nourrir de sympathie pour un état qui utilise des canons, des chars et des bombes contre une population civile, surtout au nom de la race.
    Personne ne peut nourrir de respect pour un état qui aligne des dizaines de snippers derrière une butte et donne l’ordre d’assassiner posément des enfants et des femmes, des ados qui ne représentent aucun danger par centaines.
    Beuuurk.
    Il ne tient que par la force.
    Et la force ne dure pas.
    Personnellement, j’ai adoré Israel. Aujourd »hui il me donne envie de vomir.

      +20

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    • Sandrine // 10.10.2018 à 15h07

      Mouais, je ne sais pas. L’histoire de la colonisation des territoires indiens par les colons américains est un contre-exemple.
      Il est vrai que les Palestiniens ont des soutiens un peu plus puissants que les Indiens qui n’ont guère su s’unir ni susciter de compassion internationale. Quoique.

        +4

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      • Duracuir // 10.10.2018 à 20h54

        Et à l’époque du massacre des Indiens, l’Europe entière massacrait et pillait à qui mieux mieux, on rafflait en Afrique pour vendre des esclaves, l’Espagnol massacrait aussi des Indiens, les Britanniques exterminaient du Maori, de l’Aborigène, du Kenyan, Soudanais, Zulu, et ne traitaient pas beaucoup mieux les Irlandais; les Hollandais exterminaient les Hottentots, la France génocidait le tiers de la population algérienne et saignait à blanc l’Afrique de l’Ouest, les Portugais pas mieux au Bresil et en Angola et même les Belges martyrisaient le Congo. Pendant ce temps là, les Russes avançaient à marche sanglante vers l’Ouest et en Asie centrale. Personne pour faire la leçon aux autres. Ces temps là ont heureusement changé. Israel est seul et même si les gouvernants les soutiennent(y compris en Russie) les peuples eux peuvent de mon en moins supporter leur crimes.
        Israel est devenu une insulte à la marche de l’Histoire.

          +5

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        • Fédor // 12.10.2018 à 07h36

          Vos litanies larmoyantes à propos du colonialisme européen mériteraient de se heurter à une démonstration plus nuancée, surtout à propos des Français en Algérie et des Russes en Asie. Les premiers s’attachaient à endiguer des opérations de piraterie en occupant les beyliks d’Alger qui servaient de dépôt aux forbans barbaresques. Les seconds, quant à eux, se contentaient de consommer leur douce vengeance contre les pillards turco-mongols qui terrorisaient, spoliaient, et décimaient leurs compatriotes jusqu’au règne salutaire d’Ivan le Terrible (en faisant abstraction du cas spécifique du Khanat de Crimée sous influence ottomane).

          Autrement dit, je vous ferais grief d’amalgamer des situations objectivement incomparables et de nourrir des jugements à l’emporte-pièce sur des pays qui ne repoussaient pas tout leurs frontières pour les mêmes raisons. Si les Peaux-Rouges nord-américains sont indubitablement des victimes de l’histoire coloniale occidentale, leur sort n’a rien de comparable aux populations arabophones de la régence d’Alger et l’expansion russe vers l’Est représentait un mouvement de contre-offensive stratégique en vue de mettre en un terme au spectre de l’hégémonie tyrannique des Mongols. Et les Tatars, n’en déplaise à certains, restent l’archétype de l’ennemi héréditaire dans l’esprit de nombreux Russes.

          Avec ce point de vue plus équilibré, je pense que nous progressons déjà mieux sur le sentier de la compréhension mutuelle.

            +3

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  • Gabriel // 10.10.2018 à 09h33

    « Le racisme devient politiquement correcte » : cela résume bien un retours du Darwinisme social propre à l’esprit colonial. Ce Darwinisme social – le fait de penser qu’il est « naturel » que l’ethnie, l’origine ou le type détermine la moralité et les droits des hommes – justifia les politiques du pire (suivez mon regard). La religion est instrumentalisée pour justifier la politique de la droite Israélienne au prix de son aliénation, au point qu’on ne sache plus qui est l’œuf et qui est la poule : la religion semble devenu un moyen de justifier l’indifférence. La droite créé les problèmes pour mieux imposer ses solutions : et lorsque c’est dieu qui commande, il n’y a plus de débat.

      +8

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    • Sandrine // 10.10.2018 à 10h58

      Je crois plutôt que le problème est que Israël confond Etat et Dieu. C’est une forme moderne des idolâtries inlassablement dénoncée par les prophètes dans la bible.
      C’est une des caractéristiques principales du fascisme avec l’impérialisme et le militarisme – que l’on retrouve également à l’état brut en Israel.
      [modéré]

        +7

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  • Chris // 10.10.2018 à 10h28

    Quand je lis :
    « Le pire fléau que nous ayons à combattre est l’indifférence. L’apathie, qui est si répandue en Israël.
    les journalistes, sauf une toute petite poignée, ne s’intéressent qu’à une chose : se faire mousser.
    Même avant qu’on leur lave le cerveau, l’ignorance crasse – une partie de ce qu’ils savent est totalement faux. »
    Je fais le même constat chez nous : ça fait peur !!!
    La conception américaniste de l’Europe occupée a vidé les cerveaux, éviscéré la diversité culturelle et anesthésié les consciences.
    Vive le popcorn, le porno, les bagnoles, les discos, les burgers OGM-hormonés, la connexion GSM « smartisée » aux réseaux vide-ordures narcissiques, les treks labellisés, la dope sous toutes ses formes, la rubriques des chiens écrasés qui ne devraient pas l’être : des hallucinés asexués, lobotomisés et pleurnichards embarqués dans un monde fictionnel.
    On n’a jamais tant parlé de « valeurs » depuis qu’elles ont été évacuées par un système exclusivement centré sur le fric, les rapines, le viol des corps et des consciences scientifisé.

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  • Kokoba // 10.10.2018 à 10h59

    Il existe encore quelques grands hommes dans ce pauvre monde mais ils sont tellement peu nombreux.
    Et vous remarquerez qu’il ne peut exister que parce qu’il a au dessus de lui quelqu’un qui le soutient inlassablement.

    Cà doit être très dur pour des personnes comme çà de voir la dérive d’Israel.

    Un pays qui ne vit que par la puissance et pour la puissance.
    Autrefois, ce pouvait être acceptable quand Israel était sur la défensive (en partant du principe que l’établissement d’Israel était une bonne chose ce que certains pourraient discuter).
    Mais maintenant, cette puissance est entièrement orientée vers l’agression et la domination.

    Pour l’instant, le résultat est convainquant : Israel s’étend et conquiers des territoires.
    Mais viendra un temps (peu être pas si lointain) où le rapport de force changera.
    Viendra un jour où les USA seront challengés dans une crise mondiale.
    Ce jour-là, le jour où les USA ne pourront plus les soutenir de toute leur puissance, Israel se retrouvera bien seul face à des peuples et des pays qu’il aura construit en ennemis irréductibles.

    Comme dit dans l’article, il fut un temps où Israel pouvait régler le problème : après s’être établi solidement, il fallait accepter de s’auto-limiter et travailler à vivre en bon voisinage.
    Mais le train est passé et il ne reviendra pas.

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  • Jimpy37 // 10.10.2018 à 11h05

    Ces pauvres gens ne comprennent peut-être pas que dans un pays assiégé par, et en guerre permanente avec, ses voisins arabes depuis 1948, les coeurs s’assèchent et s’endurcissent plus rapidement …
    Un chrétien compatissant
    (en sens inverse, j’attends avec impatience – depuis plusieurs décennies – qu’un historien/sociologue/géopoliticien (?) explique avec des faits précis comment le peuple palestinien « de base » *** sert, pour les pays arabes du Proche-Orient et du Golfe, de « monnaie d’échange » avec l’Occident depuis plus d’un demi-siècle)

    *** les Palestiniens éduqués et/ou fortunés ayant, eux, refait leur vie en Europe, dans les Emirats ou en Amérique du Nord depuis bien longtemps !

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    • Alfred // 10.10.2018 à 14h50

      Je n’ai pas compris votre concept de palestiniens monaie d’échange. Pourriez vous expliquer ?
      (Vous devriez quand même remarquer que les cœurs étaient moins secs quand les risques étaient bien plus importants. Je trouve au contraire que les cœurs se sont asséchés quand le risque a diminué. Au début il s’agissait d’hommes en conflit. Maintenant il s’agit de sur hommes et de sous hommes.)

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      • Jimpy37 // 10.10.2018 à 17h03

        Depuis 1948, les puissances pétrolières du Golfe – essentiellement l’Arabie S, les EAU et le Qatar – mais aussi jusqu’à naguère l’Irak (de Saddam), l’Iran (du Shah) et la Syrie (de « Papa Hafez »), voire même le Liban multiconfessionnel, se sont présentées au monde occidental « coupable » d’avoir installé Israël sur le territoire occupé précédemment par les Palestiniens comme les « défenseurs » et les « protecteurs » de ces derniers, exigeant EN COMPENSATION des armes, de l’argent et un peu de puissance diplomatique.
        Si « Sabra et Chatila » vous rappelle quelque chose, ce fût le cas typique où quelques dizaines de milliers de Palestiniens pauvres et ignorants parqués dans des camps immondes ont été utilisés par le gouvernements arabes de l’époque contre des biens et des services donnés par Etats-Unis, Royaume-Uni et France qui se payaient ainsi une bonne conduite (s’achetaient une bonne conscience ?) comme les monarchies du Golfe.
        Alors que ces pauvres malheureux – maintenant parqués dans la cocotte-minute gazaouite – auraient pu – à l’époque ! – être facilement exfiltrés du territoire et intégrés dans les démocraties d’Europe occidentale et d’Amérique du Nord (rappel utile: à l’époque = années 1980, l’Europe n’avait pas encore subi l’envahissement islamique et le début de « Grand Remplacement » qui se sont accélérés depuis le début du XXIème siècle)

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        • Kita // 11.10.2018 à 16h24

          « territoire occupé par les Palestiniens » c’est comme si vous disiez en parlant du siècle des lumières : Louis 14 occupait le territoire français !

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          • J M Parnet // 12.10.2018 à 08h51

            Historiquement, les Juifs ont « occupé » (= résidé sur) ce territoire bien avant les Palestiniens (et surtout bien avant l’invention-même de l’islam)

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            • lon // 13.10.2018 à 10h30

              Vous avez raison , d’ailleurs je milite pour le droit au retour des tribus celtes qui occupaient l’Alsace avant la main-mise germanique

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            • J M Parnet // 13.10.2018 à 14h37

              Quel humour décapant ! Je me marre, je me marre …

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            • lvzor // 13.10.2018 à 21h37

              « Historiquement, les Juifs ont “occupé” (= résidé sur) ce territoire bien avant les Palestiniens (et surtout bien avant l’invention-même de l’islam) »

              Vous semblez confondre des choses différentes. Par définition, les Palestiniens sont de tous temps les habitants de la Palestine ; quant à l’invention du judaïsme, elle est nécessairement ultérieure, même si antérieure à l’invention de l’islam. Au surplus, la Bible narre que les Hébreux ont pris possession de ce territoire alors même qu’il était habité par d’autres… dont les rescapés sont peut-être encore là, même s’ils ont changé de religion.

              Votre « historiquement » est donc plus que sujet à caution, pour le dire avec toute la modération dont je suis capable.

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        • lon // 13.10.2018 à 10h35

          ben voyons, pour régler le problème palestinien suffit de les « exfiltrer » vers de nouveaux pays d’accueil …je t’envoie un réfugié palestinien contre un nouveau colon juif , en plus ils bénéficieront des avantages de la démocratie libérale , alors quoi ?

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      • Fabrice // 10.10.2018 à 18h04

        Exact on l’a vu avec la guerre froide quand un conflit idéologique risquait de provoquer un conflit mondial, le capitalisme mettait la pédale douce et cherchait à maintenir les peuples occidentaux en paix en achetant leur docilité maintenant que la menace communiste n’existe plus nous avons un neoliberalisme qui réclame 100% du gâteau et même au-delà.

        Le résultat est plus sanglant pour les palestiniens mais le raisonnement est le même, vae victis est le terme adéquat.

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