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29.janvier.202229.1.2022 // Les Crises

Joe Biden est le parfait joker du complexe militaro-industriel

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Joe Biden a signé un budget de la défense record, alors même que son programme national est à la traîne. Nous avons droit à toutes les dépenses du Pentagone et à tous les coups de sabre contre la Chine, mais à aucun des programmes sociaux censés transformer la société.

Source : Jacobin Mag, Stephen Semler
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le Président Joe Biden s’adresse au personnel de l’US Air Force à la RAF Mildenhall dans le Suffolk, 2021. (Joe Giddens / PA Wire via Getty Images)

Cette semaine, Joe Biden a promulgué son premier budget militaire – le National Defense Authorization Act for Fiscal Year 2022 – qui augmente les dépenses de « défense » plus que même sous Donald Trump. La facture de 778 milliards de dollars du projet de loi confirme que Biden a l’intention de poursuivre le même schéma de « nouvelle Guerre froide » que l’administration précédente.

Dans sa stratégie de défense nationale de 2018, le département de la Défense de Trump a promu l’idée que les États-Unis sont enfermés dans une course aux armements avec la Chine et la Russie, affirmant que « le moyen le plus sûr de prévenir la guerre est d’être prêt à en gagner une. » Pour atteindre cet objectif stratégique mal défini, des figures centrales de l’establishment de la politique étrangère ont recommandé de gonfler le budget militaire de 3 à 5 % par an.

Le budget du Pentagone présenté par Biden répond à cette demande. À cet égard au moins, c’est comme si Trump n’avait jamais quitté ses fonctions.

La différence entre la course aux armements de Trump et celle de Biden était censée être que cette dernière entraînerait une hausse proportionnelle des dépenses sociales. Biden a fait campagne sur des dépenses de 7000 milliards de dollars sur une décennie – soit 700 milliards de dollars par an, en moyenne – pour les infrastructures civiles, les transports, le climat, les soins de santé, l’éducation et d’autres programmes sociaux.

Une fois en poste, le plan de Biden était de battre le rappel contre la Chine, déclenchant un effet de rassemblement autour du drapeau qui convaincrait le Congrès – y compris les conservateurs – de budgétiser à la fois l’économie et la compétition militaire. Comme l’a déclaré un assistant démocrate du Congrès à Vox, au cours des premiers mois de la présidence Biden, « la meilleure façon de mettre en œuvre un programme progressiste est d’utiliser la Chine [comme] une menace. »

L’administration Biden a fait de son mieux pour mettre cette théorie en action. Lorsque Biden a présenté son projet de loi sur les infrastructures en mars, il a davantage évoqué la Chine que le climat. Plus récemment, le porte-parole de la Maison Blanche, Andrew Bates, a décrit la loi « Build Back Better » comme un élément essentiel de la concurrence entre les États-Unis et la Chine, avertissant que « la Chine nous dépasse » dans des investissements tels que la pré-maternelle. Le projet de loi, a déclaré Bates, « constituerait l’un des meilleurs investissements dans la compétitivité américaine, l’un de ceux qui changent le plus la vie. »

Mais l’expérience du « guerrier froid » Biden a échoué. Alors que les dépenses militaires augmentent comme prévu – le budget de Biden alloue près de 40 milliards de dollars de plus que l’administration Trump, 170 milliards de dollars de plus que le dernier budget d’Obama et 5 % de plus que ce qu’il avait annoncé lors de sa campagne – moins de 8 % des fonds que Biden cherchait à obtenir pour son programme national ont été versés.

Sur la base d’une moyenne annuelle, Biden n’a fourni que 55 des 700 milliards de dollars qu’il avait promis pour les infrastructures humaines et physiques pour l’année fiscale 2022. Le projet de loi sur les infrastructures a été adopté, mais seulement après avoir été amputé de plus des trois quarts. La loi Build Back Better a été coupée en deux pour pouvoir être adoptée par le Congrès, mais elle a été mise en suspens faute de soutien. Biden n’a réussi à convaincre aucun Républicain – ni même certains membres de son propre parti – de la soutenir.

Dans sa déclaration d’opposition à Build Back Better, le sénateur Joe Manchin (D-WV) a renversé le scénario de Biden en citant la concurrence avec la Chine comme raison de s’opposer au projet de loi. Manchin a déclaré que cela entraverait la capacité des États-Unis à répondre à « l’incertitude géopolitique croissante alors que les tensions augmentent avec la Russie et la Chine. »

La guerre des nerfs contre la Chine à des fins de politique intérieure était une idée abominable dès le départ. Mais le fait qu’elle n’ait même pas fonctionné devrait inciter les progressistes du Congrès à s’opposer à la posture de Guerre froide à la Biden. À sa place, les progressistes devraient proposer une alternative qui comble le fossé entre les dépenses militaires et non militaires – et qui indique clairement laquelle des deux catégories peut réellement assurer la « sécurité. »

Au sujet de l’auteur

Stephen Semler est cofondateur du Security Policy Reform Institute, un groupe de réflexion sur la politique étrangère américaine financé par la base.

Source : Jacobin Mag, Stephen Semler, 30-12-2021
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Fabrice // 29.01.2022 à 07h40

Il est intéressant qu’on a vu un populiste extrême dans ses propos mais ne provoquant pas de guerre être remplacé par un monsieur propre qui est posé mais qui se dirige lentement vers des conflits et des provocations dangereuses.

Les vrais fous dangereux ont appris à jouer avec nos a priori pour développer et faire avancer leur théories de nuisances à tel points que la majorité en est à les promouvoir en pensant agir pour le bien en oubliant que l’enfer est pavé de bonnes intentions, et que désormais leurs sens et perceptions de la réalité sont manipulés non plus pour percevoir ce qui est mais ce que ces tristes sires veulent que nous pensions.

L’apocalypse pour eux est bien dans le sens de ce terme qui est la révélation or autant ils démultiplient les efforts pour que leur réalité perdure ont voit que les failles font que cette réalité promus s’effondre de plus en plus, le danger c’est que seront ils prêt à faire pour que la réalité ne supplante pas la leur ? et c’est là que je frissonne car ils ont prouvé qu’il peuvent aller jusqu’au pire car la réalité se confrontera forcément à un moment ou un autre à leur monde fantasmé (ou cauchemardé).

12 réactions et commentaires

  • Fabrice // 29.01.2022 à 07h40

    Il est intéressant qu’on a vu un populiste extrême dans ses propos mais ne provoquant pas de guerre être remplacé par un monsieur propre qui est posé mais qui se dirige lentement vers des conflits et des provocations dangereuses.

    Les vrais fous dangereux ont appris à jouer avec nos a priori pour développer et faire avancer leur théories de nuisances à tel points que la majorité en est à les promouvoir en pensant agir pour le bien en oubliant que l’enfer est pavé de bonnes intentions, et que désormais leurs sens et perceptions de la réalité sont manipulés non plus pour percevoir ce qui est mais ce que ces tristes sires veulent que nous pensions.

    L’apocalypse pour eux est bien dans le sens de ce terme qui est la révélation or autant ils démultiplient les efforts pour que leur réalité perdure ont voit que les failles font que cette réalité promus s’effondre de plus en plus, le danger c’est que seront ils prêt à faire pour que la réalité ne supplante pas la leur ? et c’est là que je frissonne car ils ont prouvé qu’il peuvent aller jusqu’au pire car la réalité se confrontera forcément à un moment ou un autre à leur monde fantasmé (ou cauchemardé).

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  • popcorn // 29.01.2022 à 08h14

    Démocrates ou républicains, BIDEN ou TRUMP, c’est toujours bonnet blanc et white bonnet

      +7

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  • Louis // 29.01.2022 à 09h22

    Et oui, lorsque certains parlent de quitter le commandement intégré de l’OTAN cela me semble recevable. Désormais le pouvoir a migré des Etats-Nations à la haute finance et à certains complexes industriels..

      +13

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  • Thierry Balet // 29.01.2022 à 10h08

    Entre Wall Street, Hollywood et le complexe militaro-industriel, c’est fou le chenit que l’Oncle Sam est capable de nous produire…..

      +3

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  • Myrkur34 // 29.01.2022 à 10h16

    Avec les subventions/aides déguisées aux géants du civil comme Boeing qui ont aussi leur annexe militaire, certains avanceraient plutôt le chiffre de 1000 milliards de dollars pour 2022.
    Mais bon coté paille et poutre, la France est prête à envoyer des centaines de militaires en Roumanie par rapport à la crise ukrainienne.
    Vous savez, ce pays florissant économiquement grâce à l’Europe néo-libérale et qui par vase communicant a entraîné la destruction de l’industrie française en 20 ans. (de 23% de la population active à 12%).
    Donc nous allons risquer la vie de soldats français pour un pays qui nous appauvrit à vitesse grand V par la concurrence déloyale sur les salaires et les charges. Et pour un pays, l’Ukraine, aux mains d’oligarques et de mafieux à la petite semaine. C’est quand même grandiose la solidarité européenne et Otanesque.
    Sous couvert d’une Europe fantasmée (qui restera de l’ordre du fantasme), par nos chers énarques bien à l’abri de tout, nous devenons et sommes devenus la garde prétorienne de la clique luxembourgeoise et si l’on réfléchit bien des lobbies français pour le Yémen avec l’Arabie Saoudite/E.A.U, le Mali pour le pré carré français de l’ancienne AOF/AEF, et à se demander bientôt pour la Roumanie si ce n’est pas juste pour sauver les usines de SUV de Renault …. Regardez donc pour le scandale Orpéa, 15 millions d’euros (100 millions de francs !)proposé au journaliste pour qu’il abandonne son brûlot.

      +15

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    • john // 29.01.2022 à 14h59

      S-v-p, n’écrivez pas salaires et charges, mais salaires et cotisations sociales.

        +6

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  • RGT // 29.01.2022 à 11h37

    « Les promesses électorales n’engagent que ceux qui les croient »…

    Le premier à avoir prononcé cette phrase était un « divin élu » (dont j’ai oublié le nom, si quelqu’un s’en souvient il pourra l’ajouter en réponse) au début du XXème siècle, et tous ceux qui ensuite se sont engagés dans une carrière politique en ont fait leur mantra.

    Tout « élu » (suite à la propagande ravageuse de ses « mécènes ») a l’obligation, une fois à son poste, d’être pris d’amnésie afin de glisser sous le tapis tout ce qu’il avait annoncé lors de sa campagne.

    Quant à notre « zupiter » il a quand-même réussi, grâce à la propagande nauséabonde de ses « amis », de faire campagne sans ne jamais faire la moindre promesse ni de présenter le moindre « programme »…

    N’oubliez jamais qu’une « république » n’a JAMAIS été une « démocratie ».
    Et la structure même de ce mode de gouvernance est même totalement à l’opposé du respect de la volonté de la population.
    C’est bien pour ça que ce système de gouvernance a été adopté pour remplacer les monarchies absolues afin de garantir aux « élites » de ne jamais être importunées par les « moins que rien ».

    Que « Saint Joe », « Zupiter » ou n’importe quel autre dirigeant d’une « ripouxblique » se comporte de cette façon n’a rien d’irrationnel : Les « institutions républicaines » sont faites pour ça.
    Et dans les « monarchies parlementaires »,c’est strictement pareil : Le monarque n’est qu’un pantin qui n’a aucun pouvoir.

      +8

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    • Seth // 29.01.2022 à 19h14

      @ RGT

      La phrase citée est attribuée à feu le petit père Queuille mais à été reprise un nombre incalculabe de fois et à tous propos par tout un tas de monde depuis.

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  • martin // 29.01.2022 à 13h45

    Il est certain que l’actionnariat de Lookheed souhaite sinon la guerre du moins la tension armée. Mais pour eux aussi, les choses se passent mal. Ainsi, les USA, utilisant la loi CATSA, ont empêché les indonésiens et les égyptiens d’acquérir le prodigieux Sukhoi 35, qui assure une suprématie aérienne au pays qui le possède. Du coup, les avions déjà produits par Sukhoi ont été vendus à l’Iran. Conséquence? Les accords d’Abraham s’effondrent, car l’Iran damera désormais le pion aux aviations émirati et israélienne. Pendant ce temps, tout le monde veut du matériel russe et les matériels américains sont déligitimés.
    Mais ces gens ne comprennent pas l’essentiel. Dans un conflit USA-Russie, les matériels américains seront mis hors-service en un temps record. Plusieurs simulations, faites par la RAND, par exemple, l’ont amplement prouvé depuis des années. Pendant ce temps, la Russie continue à demander que ses impératifs de sécurité soient respectés. Pour les russes, ce n’est pas négociable, ils sont prêts à approfondir des opérations déjà bien engagées.

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  • Mickael Jackunin // 31.01.2022 à 14h13

    Biden et le congrès font la politique de leurs donateurs, pas sur que ça plaise tant que ça à leurs électeurs qui au lieu de voter ont fini par trouver d’autres moyens d’actions.
    Tiens Biden avait promis de s’occuper du salaire minimum fédéral, il l’a pas fait. Résultat : les gens au salaire minimum abandonnent leurs postes en masse pour aller chercher de meilleurs salaires, j’ai pas dit démissionner hein ; ils se barrent sans demander leur reste laissant les employeurs le plus dans la merde possible et se rue sur le web pour « name & shame » leurs anciens exploiteurs.
    Face à l’incapacité de leurs politiques , les gens en font de fait de la politique.
    Une nouvelle sécession ? Il va faire quoi Alzheimer quand il y aura 90% de syndiqués chez Amazon , il va envoyer la bleusaille ou des aliens dans les dépôts ?

      +0

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