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28.mai.201828.5.2018 // Les Crises

L’ère des fausses vidéos commence, par Franklin Foer

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Source : The Atlantic, Franklin Foer, 09-04-2018

La manipulation numérique de la vidéo peut faire en sorte que l’ère actuelle des « fausses nouvelles » (Fake News) semble vieillotte

Edmon de Haro

Dans un sombre recoin de l’internet, il est possible de trouver des actrices de Game of Thrones ou d’Harry Potter engagées dans toutes sortes d’actes sexuels. Ou du moins pour le monde, les formes charnelles ressemblent à ces actrices, et les visages des vidéos sont bien les leurs. Tout ce qui se trouve au dessous du cou appartient à des femmes différentes. Une intelligence artificielle a presque cousu sans couture les visages familiers dans des scènes pornographiques, un visage échangé pour un autre. Le genre est l’une des formes les plus cruelles et les plus envahissantes de vol d’identité inventées à l’ère d’Internet. Au cœur de la cruauté se trouve l’acuité de la technologie : un observateur occasionnel ne peut pas facilement détecter le canular.

Ce développement, qui a fait beaucoup agité la presse technique, est l’œuvre d’un programmeur qui porte le nom de hack « Deepfakes ». Et ce n’est qu’une version bêta d’un projet beaucoup plus ambitieux. L’un des compatriotes de Deepfakes a déclaré au site Motherboard de Vice en janvier qu’il a l’intention de démocratiser son travail. Il veut affiner le processus, l’automatiser davantage, ce qui permettrait à n’importe qui de transposer la tête désincarnée d’un coup de cœur, d’un ex ou d’un collègue de travail dans un clip pornographique existant en quelques étapes simples. Aucune connaissance technique ne serait nécessaire. Et parce que les laboratoires universitaires et commerciaux mettent au point des outils encore plus sophistiqués à des fins non pornographiques – des algorithmes qui cartographient avec précision les expressions faciales et imitent les voix – les faux sordides vont bientôt acquérir une vraisemblance encore plus grande.

L’Internet a toujours contenu les graines de l’enfer postmoderne. La manipulation de masse, du piège à clic aux robots russes en passant par le stratagème addictif qui régit le fil d’actualité de Facebook, est la devise du média. Il a toujours été un lieu où l’identité est terriblement fuyante, où l’anonymat engendre la grossièreté et la confusion, où les escrocs peuvent voler les contours mêmes de l’identité. A cet égard, la montée des deepfakes [ technologie utilisant une intelligence artificielle permet de coller le visage d’une personne sur celui d’une autre, NdT] est le point culminant de l’histoire d’Internet jusqu’à ce jour – et probablement seulement une version de basse qualité de ce qui est à venir.

Vladimir Nabokov a écrit un jour que la réalité est l’un des rares mots qui ne signifie rien sans guillemets. Il a été sardonique en soulignant un point fondamental sur les perceptions relatives : Quand vous et moi regardons le même objet, comment savez-vous vraiment que nous voyons la même chose ? Pourtant, les institutions (médias, gouvernement, universités) ont aidé les gens à s’unir autour d’un consensus – enraciné dans une foi en la raison et l’empirisme – sur la façon de décrire le monde, bien qu’il s’agisse d’un consensus fragile qui s’est effiloché au cours des dernières années. Les médias sociaux ont contribué à l’avènement d’une nouvelle ère, permettant des rencontres individuelles avec les actualités qui confirment les préjugés et éliminent les faits contraires. Le président actuel a encore accéléré l’arrivée d’un monde au-delà de la vérité, fournissant l’imprimatur de la plus haute fonction à la fausseté et à la conspiration.

Mais bientôt cela pourra sembler un âge d’innocence. Nous vivrons bientôt dans un monde où nos yeux nous tromperont régulièrement. Autrement dit, nous ne sommes pas si loin de l’effondrement de la réalité.

Nous nous accrochons à la réalité d’aujourd’hui, nous la désirons même. Nous vivons encore beaucoup dans le monde d’Abraham Zapruder. C’est-à-dire que nous vénérons le genre de séquences brutes illustrées par le film 8 mm amateur de l’assassinat de John F. Kennedy, que le drapier de Dallas a capté par hasard. La vidéo inédite a acquis une autorité hors du commun dans notre culture. C’est parce que le public a développé un cynisme aveuglant et irrationnel à l’égard des reportages et autres documents que les médias ont manipulés et traités – une réaction excessive à un siècle de publicité, de propagande et de nouvelles hyperboliques à la télévision. L’essayiste David Shields appelle notre voracité pour le fait brut la « faim de réalité ».

Un comportement scandaleux suscite l’indignation de masse de la manière la plus fiable lorsqu’il est « enregistré ». De telles vidéos ont joué un rôle décisif dans l’organisation des deux dernières élections présidentielles américaines. En 2012, un barman, lors d’une collecte de fonds en Floride pour Mitt Romney, a subrepticement appuyé sur le bouton enregistrement de sa caméra tandis que le candidat dénonçait « 47 pour cent » des Américains, tous partisans d’Obama, comme étant des personnes affaiblies à charge du gouvernement fédéral. On peut faire valoir avec force que ce clip capturé furtivement a ruiné sa chance de devenir président. Les remarques n’auraient certainement pas été enregistrées avec une telle force si elles avaient simplement été griffonnées et retranscrites par un journaliste. La vidéo – avec son angle de caméra indirect et le cliquetis ambiant des couverts et des serveurs passant à côté avec des serviettes pliées – était beaucoup plus puissante. Tous ses accessoires témoignent de ses origines inattaquables.

Donald Trump, contre toute attente, s’est remis de la cassette d’Access Hollywood, dans laquelle il se vantait d’avoir agressé sexuellement des femmes, mais cette cassette a éveillé les passions et la conscience du public comme rien d’autre dans la course présidentielle de 2016. La vidéo a également été le déclencheur immédiat de nombreuses autres conflagrations sociales récentes. Il a fallu de longues séquences de vidéos de surveillance montrant le « running back » [« arrière courant », est un joueur de football américain évoluant dans l’équipe offensive, NdT] de la NSL [National Football League, NdT] Ray Rice en train de traîner sa femme inconsciente hors d’un ascenseur d’hôtel, pour obtenir de la ligue une réponse significative à la violence domestique, malgré une longue histoire d’abus de la part des joueurs. Puis il y a eu l’assassinat en 2016 de Philando Castile par un policier du Minnesota, envoyé en streaming sur Facebook par sa petite amie. Tous les rapports dans le monde, quelles que soient les statistiques accablantes et les anecdotes bouleversantes, n’ont pas réussi à provoquer l’indignation face à la brutalité policière. Mais la terrifiante diffusion de son assassinat comme à l’abattoir dans son Oldsmobile a fait gronder le public et a conduit les politiciens, et même quelques commentateurs conservateurs purs et durs, à reconnaître enfin le genre d’abus qu’ils avaient longtemps négligés.

Les vidéos fabriquées créeront de nouveaux soupçons sur tout ce que nous regardons. Les politiciens exploiteront ces doutes.

Tout cela nous amène au cœur du problème. Il est naturel de faire confiance à ses propres sens, de croire ce que l’on voit – une tendance écrite en dur que l’âge à venir de la vidéo manipulée exploitera. Considérez les récents point d’inflammabilité dans ce que l’Université du Michigan, Aviv Ovadya, appelle « l’infopocalypse » – et imaginez à quel point ils auraient été pires avec une vidéo manipulée. Prenez le Pizzagate, puis ajoutez des images concoctées de John Podesta reluquant un enfant, ou pire. Les faussetés vont soudainement acquérir une toute nouvelle intensité émotionnelle explosive.

Mais le problème n’est pas seulement la prolifération des mensonges. Les vidéos fabriquées créeront de nouveaux soupçons compréhensibles sur tout ce que nous regardons. Les politiciens et les publicistes exploiteront ces doutes. Lorsqu’il est enregistré pendant une malversation, un coupable déclarera simplement la preuve visuelle comme étant une fabrication malveillante. Le président, semble-t-il, a déjà été le pionnier de cette tactique : même s’il a initialement concédé l’authenticité de la vidéo d’Access Hollywood, il jette maintenant en privé le doute sur le fait que la voix sur la bande est la sienne.

En d’autres termes, la vidéo manipulée détruira en fin de compte la foi en notre lien le plus fort avec l’idée d’une réalité commune. Comme Ian Goodfellow, un scientifique de Google, l’a déclaré à la Technology Review du MIT : « C’est un peu un coup de chance, historiquement, que nous pouvons nous fier aux vidéos comme preuve que quelque chose s’est vraiment passé. »

L’effondrement de la réalité n’est pas une conséquence involontaire de l’intelligence artificielle. Il s’agit depuis longtemps d’un objectif – ou du moins d’un jeu – de certains des architectes technologiques les plus célèbres. À bien des égards, le récit de la Silicon Valley commence au début des années 1960 avec l’International Foundation for Advanced Study, non loin des légendaires laboratoires d’ingénierie regroupés autour de Stanford. La Fondation s’est spécialisée dans les expériences avec le LSD. Certains des techniciens qui travaillaient dans le quartier n’ont pas pu résister à l’envie de faire eux-mêmes un voyage psychédélique, sans doute au nom de la science. Ces développeurs voulaient créer des machines qui pourraient transformer la conscience de la même façon que les médicaments. Les ordinateurs ouvriraient aussi une brèche dans la réalité, éloignant l’humanité de la banalité quotidienne et grise de Leave It to Beaver America [série américaine,diffusée entre 1957 et 1963,qui raconte le quotidien de Theodore Cleaver surnommé « Beaver », garçon de 10 ans, et de sa famille, son grand-frère et ses parents, NdT], et l’amenant vers un état d’esprit beaucoup plus « groovy » et holistique. Steve Jobs a décrit le LSD comme « l’une des deux ou trois expériences les plus importantes » de sa vie.

Les clips vidéo faux mais réalistes ne sont pas le point final de l’évasion de la réalité que les technologues voudraient nous faire avaler. L’apothéose de cette vision est la réalité virtuelle. L’objectif fondamental de la RV est de créer une illusion globale d’être dans un autre endroit. Avec ses lunettes et ses gants, il se propose de tromper nos sens et de subvertir nos perceptions. Les jeux vidéo ont commencé le processus de transporter les joueurs dans un autre monde, en les injectant dans un autre récit. Mais si les jeux peuvent être très addictifs, ils ne sont pas encore totalement immersifs. La RV a le potentiel de transporter plus complètement – nous verrons ce que nos avatars voient et ressentons ce qu’ils ressentent. Il y a plusieurs décennies, après avoir essayé la technologie naissante, le pamphlétaire psychédélique Timothy Leary l’appelait « le nouveau LSD ».

La vie pourrait être plus intéressante dans les réalités virtuelles à mesure que la technologie émerge de son enfance ; les possibilités de création pourraient être étendues et améliorées de façon merveilleuse. Mais si le battage autour de la RV finit par se concrétiser, alors, comme l’ordinateur personnel ou les médias sociaux, elle deviendra une industrie massive, avec l’intention de rendre les consommateurs dépendants pour son propre profit, et peut-être dominée par une ou deux entreprises exceptionnellement puissantes. (Les investissements de Facebook dans la RV, avec l’achat de la start-up Oculus, ne sont guère rassurants).

La capacité de manipuler les consommateurs augmentera parce que la RV crée de la confusion sur ce qui est réel. Les concepteurs de VR ont décrit certains consommateurs comme ayant des réactions émotionnelles si fortes à une expérience terrifiante qu’ils arrachent ces lunettes de protection pour s’échapper. Des études ont déjà montré comment la RV peut être utilisée pour influencer le comportement des utilisateurs après leur retour dans le monde physique, les rendant plus ou moins enclins à des comportements altruistes.

Les chercheurs allemands qui ont tenté de codifier l’éthique de la RV ont averti que son « caractère global » introduit « des possibilités de formes nouvelles et particulièrement puissantes de manipulation mentale et comportementale, en particulier lorsque des intérêts commerciaux, politiques, religieux ou gouvernementaux sont à l’origine de la création et du maintien des mondes virtuels ». Comme l’écrit le pionnier de la RV Jaron Lanier dans ses mémoires récemment publiées, « Jamais un médium n’a été aussi puissant pour la beauté et aussi exposé à l’horreur. La réalité virtuelle nous mettra à l’épreuve. Elle amplifiera notre caractère plus que les autres médias ne l’ont jamais fait. »

La société trouvera peut-être des moyens de faire face à ces changements. Nous apprendrons peut-être le scepticisme nécessaire pour y naviguer. Jusqu’à présent, cependant, les êtres humains ont montré une susceptibilité quasi infinie à se faire duper et escroquer – tombant facilement dans des mondes qui correspondent à leurs propres croyances ou à leur propre image de soi, peu importe à quel point ces croyances sont excentriques ou totalement erronées. Les gouvernements ont été lents à relever les défis sociaux créés par les nouvelles technologies et préféreraient éviter celui-ci. La question de savoir ce qui constitue la réalité n’est pas seulement épistémologique ; elle est politique et impliquerait de déclarer que certaines croyances profondément ancrées sont spécieuses.

Peu d’individus auront le temps ou peut-être la capacité de faire le tri entre une affabulation élaborée et la vérité. Notre meilleur espoir est peut-être d’externaliser le problème, de restaurer l’autorité culturelle à des validateurs de confiance ayant reçu une formation et des connaissances : journaux, universités. Peut-être que les grandes entreprises technologiques comprendront cette crise et assumeront aussi ce rôle. Puisqu’ils contrôlent les points d’accès les plus importants aux nouvelles et à l’information, ils pourraient plus facilement écraser les vidéos manipulées, par exemple. Mais pour jouer ce rôle, ils devraient accepter certaines responsabilités auxquelles ils ont jusqu’à présent largement résisté.

En 2016, alors que la Russie utilisait Facebook pour influencer l’élection présidentielle américaine, Elon Musk s’est confié sur sa compréhension de la vie humaine. Il a parlé d’une théorie, dérivée d’un philosophe d’Oxford, qui est à la mode dans son milieu. L’idée est que nous vivons réellement dans une simulation informatique, comme si nous étions déjà des personnages dans un film de science-fiction ou un jeu vidéo. Il a déclaré lors d’une conférence : « Les chances que nous soyons dans la « réalité de base » sont d’une sur des milliards ». Si les dirigeants de l’industrie qui préside à notre information et espère façonner notre avenir ne peuvent même pas concéder l’existence de la réalité, alors nous avons peu d’espoir de la sauver.

Source : The Atlantic, Franklin Foer, 09-04-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Bolivarien // 28.05.2018 à 07h26

 » En 2016, alors que la Russie utilisait Facebook pour influencer l’élection présidentielle américaine  »
Ecrire un article sur les fausses vidéos en utilisant des fausses nouvelles, trop forts les Zuniens !

Bien avant Nabokov et ses guillemets de la réalité, Platon exposait « l’allégorie de la caverne « . Mais ce sont des références qui échappent à ce  » pays qui est passé de la barbarie à la décadence , sans avoir connu la civilisation …. »

31 réactions et commentaires

  • Fabrice // 28.05.2018 à 06h56

    La vérité est toujours la version acceptée majoritairement mais souvent imposé par un minorité elle se rapproche de ce que me disait un ami sur la folie qui n’est qu’un écart important par rapport à un norme communement admise.

    Le plus dangereux dans cette histoire c’est que si chacun vit dans un réalité différente ou sur une vérité sur laquelle plus personne ne peut se fier à minima c’est la fin de notion de vivre ensemble qui va tomber en déliquescence.

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  • Bolivarien // 28.05.2018 à 07h26

     » En 2016, alors que la Russie utilisait Facebook pour influencer l’élection présidentielle américaine  »
    Ecrire un article sur les fausses vidéos en utilisant des fausses nouvelles, trop forts les Zuniens !

    Bien avant Nabokov et ses guillemets de la réalité, Platon exposait « l’allégorie de la caverne « . Mais ce sont des références qui échappent à ce  » pays qui est passé de la barbarie à la décadence , sans avoir connu la civilisation …. »

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    • gotoul // 28.05.2018 à 10h24

      À propos de l’affaire Trump/ Russie/ Facebook voir cet article: https://www.monde-diplomatique.fr/2018/05/RIMBERT/58617
      ( L’équipe d’Obama a utilisé les mêmes techniques à chacune de ses 2 campagnes électorales et on ne tarissait pas d’éloges pour encenser ce procédé révolutionnaire).

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      • Zeugma // 28.05.2018 à 14h35

        Il n’y a pas qu’aux USA que les big datas sont utilisées pour les élections

        J’avais entendu dans un reportage des Matins de France Culture que l’équipe d’en Marche utilisait les mêmes techniques utilisées que celles d’Obama. Je n’ai pas retrouvé le lien de cette émission mais celui-ci intéressant sur France Inter
        https://www.franceinter.fr/politique/les-technologies-bigdata-au-service-de-la-campagne-electorale.

        Et en continuant à naviguer, j’ai trouvé cet article des Echos, qui nous informe que presque tous les candidats de la présidentielle française 2017 ont fait appel à des spécialistes de l’utilisation massive de données personnelles pour la campagne présidentielle !
        https://www.lesechos.fr/19/04/2017/lesechos.fr/0211988461344_comment-le-big-data-s-est-invite-dans-la-campagne-presidentielle.htm

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        • Dominique // 30.05.2018 à 17h45

          « Il n’y a pas qu’aux USA que les big datas sont utilisées pour les élections »
          Elles ont été exploitées massivement par une société anglaise au profit de Donalde Trump. C’est officiel et connu de tous. Cependant, les journaleux n’ont encore que « les bots russes » à la bouche ! La poutre et la paille…

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  • Aladin0248 // 28.05.2018 à 07h53

    @Bolivarien sur la prétendue influence russe : vous m’avez enlevé le commentaire de la bouche ou plutôt du clavier ! D’une façon générale la fabrication de fausses vidéos après celles de fausses déclarations audio utilisant la voix de personnalités connues est un pas de plus dans le brouillage de l’information internet. Peu à peu, on va ruiner totalement la confiance des gens pour ce nouveau média. Ce ne sont pas des lois prétendument « anti-fake news » visant en fait la protection et la domination de la propagande du Système qui vont arranger les choses. C’est une pierre de plus apportée au chaos généralisé.

      +24

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  • Le Marsouin // 28.05.2018 à 08h51

    « Notre meilleur espoir est peut-être d’externaliser le problème, de restaurer l’autorité culturelle à des validateurs de confiance ayant reçu une formation et des connaissances : journaux, universités. »

    Ne se demandent-ils donc jamais pourquoi ils ont perdu la confiance des gens ?

    Quand comprendront-ils que cette défiance n’est que le fruit de leur multiples mensonges, erreurs et trahisons ?

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    • V_Parlier // 28.05.2018 à 17h34

      En effet, surtout quand ces « validateurs de confiance » récupèrent des photos et vidéos publiées sur des réseaux sociaux ou plateformes par les protagonistes qui leur plaisent, concluant ainsi que ceux qui ne plaisent pas mentent.

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  • Rond // 28.05.2018 à 08h51

    L’homme repousse sans cesse ses limites, même dans le secteur très concurrentiel de la bêtise. Il n’est même pas nécessaire qu’un besoin ait été exprimé. Le fait qu’une chose imaginée soit possible suffit pour qu’elle soit expérimentée. Étique, morale, humanité, -liste très largement non exhaustive- ne sont que foutaises passéistes. Soyons modernes ! Mais qui pilote ce bateau ivre ?
    Du même tonneau que le billet suivant (Skripal). Je ne lirai donc qu’en diagonale. Ma capacité à absorber les monstruosités sans nom de notre monde (je ne trouve pas de mot suffisamment fort), a atteint ses limites.
    Question aux membres de l’équipe des Crises : Ne pourriez-vous pas, de temps en temps, pour que nous puissions souffler, nous soumettre des articles plus bucoliques mais tout aussi instructifs, bien sûr ?

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  • Master8 // 28.05.2018 à 09h30

    Je suppose que le philosophe auquel le texte fait référence est Nick Bostrom. Celui ci estime que les chances que nous soyons déjà dans une réalité virtuelle sont fortes (1/3 ou 1/5 je ne sais plus) pas celles que nous soyons dans la réalité de base sont faibles ! Musk est dans la démesure. Mr Phi a fait une vidéo intéressante sur le sujet https://monsieurphi.com/2017/06/17/largument-de-la-simulation-de-nick-bostrom-argument-frappant-1/
    C’est très troublant…

      +2

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    • Seraphim // 29.05.2018 à 11h24

      On peut s’amuser à se faire peur; la dessus tout le monde se retrouve, les « mainstream » et les « alternatifs », les « réalistes » et les « conpirationnistes ». Mais en quoi les élucubrations de Nick Bostrom, transcrites en direct ou en négatif, apportent-elles un quelconque progrès par rapport à la philosophie de Berkeley (mort en…1753!).
      Tout ce qui peut être dit sur l’irréalité du monde l’a été, de Platon à Hegel (pour qui la seule réalité est l’Esprit). Et même avant de Bouddha à Ponce Pilate…
      Les vantardises sur la « RV » ne sont que de bien pauvres resucées de vieilles idées; ou plutôt, une fois de plus, la transcription en marketing de la philosophie classique. Aucune chance que cela ne modifie en quoique ce soit nos vies, qu’elles soient dans l’ennui ou dans la tragédie!

        +2

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  • andrea naz // 28.05.2018 à 09h47

    Restons-en à l’écrit! l’écrit peut être faux, naturellement, mais il n’a pas le même impact émotionnel et il nous laisse le temps de rapprocher ce que nous lisons de ce que nous savons, démêler le vrai du faux!

      +3

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  • Kiwixar // 28.05.2018 à 10h05

    Je vois un point positif à tout ça : les politiciens compromis par des puissances étrangères via des (vraies) vidéos prises dans des situations inconvenantes (pantalon baissé, ou de train de renifler un rail de coke financier) pourront désormais prétendre que ce n’est pas eux. Ils ne seront plus obligés de trahir leur pays.

      +6

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    • V_Parlier // 28.05.2018 à 17h36

      C’est vrai que la médaille a deux côtés 😀

        +1

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  • TomDoe // 28.05.2018 à 10h56

    Entièrement d’accord avec cet article. D’ailleurs j’en parlais encore récemment avec Luke Skywalker et Han Solo à bord du Faucon Millenium 😀

      +5

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  • vert-de-taire // 28.05.2018 à 11h58

    Bon article.

    L’immense succès de la vidéo comme occupation-sollicitation de nos cerveaux est déjà une révolution plus que mentale.
    Nos cerveaux conditionnés pour survivre dans notre cadre de vie ne sont pas armés à subir massivement du virtuel, une plongée enveloppante.

    Rappel analogique, peut-être impropre mais j’en doute, nombre de circuits sont les mêmes quand on imagine et quand on fait. Notre cerveau fait difficilement la différence entre le réel et le pensé. De nombreuses expériences démontrent une capacité à reconstruire le passé (notre mémoire) sans en être conscient à partir de faits plus récents.

    Autrement-dit je crains hautement que l’on prenne de plus en plus le virtuel pour le réel sans même en être conscient.
    Notre participation au monde (réel) comme acteur responsable et raisonnable est donc remis en question. Nos références de réflexions pouvant être inconsciemment et fortement faussées par nos ‘savoirs’.

    Étant trompés , nos comportements (idées, jugements, actions, ..) perdent leur pertinence vis – vis du réel, lequel est assez difficile à cerner par ailleurs. Ceci n’est pas nouveau, j’en conviens (par exemple un des sujets de Don Quichotte) mais le phénomène prend une autre dimension avec le temps passé à regarder des vidéos, films, simulations, jeux, à s’immerger en images et sons.
    Les succès des VoD et des jeux ont certainement des effets, encore imprévisibles.
    Le phénomène s’amplifie avec la vidéo truquée POUR tromper !
    Sachant que nombre discours politiques parviennent à nous tromper …

      +3

    Alerter
  • Olaf Reujojo // 28.05.2018 à 12h39

    Nous vivons de toutes façons dans un « fake world », où tout est fait pour que les apparences soient préservées, au détriment de la profondeur et de la pertinence. Publicité, marketing, communication, design, etc : on y est exposé en permanence et plus personne ne s’en émeut.
    Rien de bien surprenant, vu que, déjà, la base des échanges et interactions entre personnes est depuis fort longtemps de la « fake money », déconnectée de tout et acceptée par tous, du fait de la simple « confiance » (certes forcée par l’imposition du cours légal…).
    Ainsi, fake news, fake video, fake ce que vous voulez… et bientôt des robots en guise de « fake humans » pour tous les usages que vous pouvez imaginer… ce n’est que la simple et logique continuation des choses.

      +7

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  • JC // 28.05.2018 à 12h56

    Tout ce que craint la CIA, c’est que la manipulation des masses devient bon marché, ils perdent leur avantage. Peut-être que si Facebook et la « manipulation russe » avait existait, de grands massacres auraient été évités ? Parce que c’est ça qui compte plus que tout le reste, empêcher les crimes, assurer la sécurité des peuples, des gens, c’est le préalable à la liberté (y compris celle d’être contre la liberté), et tout le reste.

      +0

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    • Seraphim // 29.05.2018 à 11h28

      Parceque le « dossier Steele » c’est pas bon marché peut-être ? Des putes fictives dans un hotel fictif faisant des actes fictifs, sans film même. Juste une mise en scène de transmission de dossier le long d’une chaine d’espions!

        +0

      Alerter
  • RV // 28.05.2018 à 13h19

    Cette analyse aboutit à la proposition d’une censure !
    Le remède ne serait-il pas pire que le mal ?

    Par ailleurs les faux en tout genre existent depuis que l’homme « communique ».
    La fascination de l’image animée a commencée avec Méliès, puis la télévision a pris le relais et enfin les « vidéos » aujourd’hui et bientôt la RV. A quand l’holographie grand public ?

      +0

    Alerter
  • Bobby // 28.05.2018 à 15h09

    Pour être exact, il faudrait rappeler que même un vidéo non truquée, si elle montre « une vérité » ne montre pas « la vérité ». Cas typique : la scène dans le désert, et … boum le projecteur !

      +2

    Alerter
    • Albon // 29.05.2018 à 12h32

      Yes! « Il n’y a pas d’images justes, il y a juste des images. » J.L. Godard

        +1

      Alerter
  • Marc // 28.05.2018 à 17h03

    Si vous voulez voir à quoi ressemble l’utilisation de  » Deepfakes » : https://hackernoon.com/exploring-deepfakes-20c9947c22d9

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    Alerter
  • Sébastien // 28.05.2018 à 17h29

    Ça fait bien longtemps que le pouvoir attribue des actes et des intentions aux gens qu’il veut détruire, ou a contrario à ceux qu’ils veux encenser.
    Cet article n’est qu’un de plus dans le tas pour nous faire croire que c’est la technologie qui nous manipule. Balivernes et billevesées.
    Qu’est-ce qu’une tête collée sur le corps d’un autre va changer? Les gens vont s’habituer à y être complètement indiffèrent. Et encore faut-il s’y intéresser, ce que visiblement l’auteur a fait pour nous éclairer! Merci donc d’en faire la promotion tout en dénonçant le phénomène.
    Et oui pourquoi mélanger ces fausses vidéos avec le sujet des vidéos amateurs brutes? Les gens ne savent pas faire la différence? Le faux ne peut que prendre l’apparence du vrai. L’oeil et le cerveau apprennent d’instinct à faire la différence. Ceux qui sont dupés avec les moyens « à l’ancienne » seront dupés à nouveau. Les autres auront appris et se seront adaptés selon la loi de la sélection naturelle. Qu’est-ce qui change au fond? Rien.

      +0

    Alerter
  • Sébastien // 28.05.2018 à 17h30

    Ça fait bien longtemps que le pouvoir attribue des actes et des intentions aux gens qu’il veut détruire, ou a contrario à ceux qu’ils veux encenser.
    Cet article n’est qu’un de plus dans le tas pour nous faire croire que c’est la technologie qui nous manipule. Balivernes et billevesées.
    Qu’est-ce qu’une tête coller sur le corps d’un autre va changer? Les gens vont s’habituer à y être complètement indiffèrent. Et encore faut-il s’y intéresser, ce que visiblement l’auteur a fait pour nous éclairer! Merci donc d’en faire la promotion tout en dénonçant le phénomène.
    Et oui pourquoi mélanger ces fausses vidéos avec le sujet des vidéos amateurs brutes? Les gens ne savent pas faire la différence? Le faux ne peut que prendre l’apparence du vrai. L’oeil et le cerveau apprennent d’instinct à faire la différence. Ceux qui sont dupés avec les moyens “à l’ancienne” seront dupés à nouveau. Les autres auront appris et se seront adaptés selon la loi de la sélection naturelle. Qu’est-ce qui change au fond? Rien.

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  • Alexxx // 28.05.2018 à 18h25

    La loi doit limiter la technologie. De la même façon qu’une imprimante ou un photocopieur ne peut pas reproduire un billet de banque. Ce n’est pas parceque l’ordinateur personnel est capable de faire tourner une application que celle ci doit être libre d’accès. C’est à nous de résister au chant des sirènes avec des bouchons de cire et de dire non au puçage humain, au deeplearning généralisé, au port d’arme, et peut être hélas (ou pas) à la réalité virtuelle. On pourrait très bien avoir des autorisations basées sur une licence, permis, etc…

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    • lvzor // 04.06.2018 à 16h21

      Et un permis pour écrire dans les forums, vous y avez pensé?

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  • Duracuir // 28.05.2018 à 20h18

    Merci Olivier pour ce rire du jour.
    Rarement lu un tel ramassis de c…

    Le mec parle de fausse vidéo et il nous balance que « La Russie, en 2016, influençait l’élection US sur Facebook »….

    Excellent nouvelle au contraire, ça va complètement démonétiser les « preuves » vidéo, réduire à néant l’efficacité judiciaire de la télésurveillance, couper l’herbe sous le pied de générations entières de petits espions domestiques.
    Excellent. Totalement excellent.
    Demain, n’importe qui devant un enregistrement accablant pourra dire: « c’est un faux ». Et c’est tant mieux.

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  • SanKuKai // 29.05.2018 à 11h07

    Pourquoi s’embêter avec la technique, l’intelligence artificielle et de fausses vidéos? Même des montages bidons et basse qualité, suffisent á convaincre nos journalistes et concitoyens.
    Exemple: prenez 2 ou 3 casques blancs, faites les courir dans tous les sens dans un hôpital tout en aspergeant les enfants avec de l’eau.
    Et hop, vous avez une preuve vidéo “irréfutable” d’attaque chimique.

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  • ledufakademy // 31.05.2018 à 23h52

    Je profite de ce cable sur les fausses news pour vous prévenir que Wikipedia est infesté par la propagande : vous n’aurez qu’une version des faits … je l’ai moi-même subit à mes dépends.
    https://www.soverain.fr/laffaire-philip-cross/?cn-reloaded=1

    Bonus pour toi Olivier, tu vas adorer !
    https://www.upr.fr/actualite/une-nouvelle-affaire-skripal-ridiculises-par-une-fake-news-quils-nont-pas-verifiee-le-monde-et-toute-la-presse-occidentale-pris-en-flagrant-delit-de-complotisme-anti-russe

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