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28.mai.201828.5.2018 // Les Crises

The Independent : « Que nous puissions prouver ou pas l’implication de Moscou dans le cas Skripal n’a aucune importance »

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Très intéressant article illustrant les dérives d’un système où le respect de principes fondamentaux – tel que pouvoir prouver ses accusations – semble être de l’histoire ancienne…

Source : Independent, 04-04-2018

Bien que ça n’ait pas aidé, le directeur de Porton Down [centre de recherche militaire, NdT] avait parfaitement le droit de déclarer que son établissement était incapable de déterminer l’origine de l’agent neurotoxique utilisé dans l’attaque contre les Skripal. L’intervention de Gary Aitkenhead a provoqué la suppression d’un tweet du Foreign Office et a causé un embarras certain pour Boris Johnson, le secrétaire aux affaires étrangères le plus prompt à blâmer les Russes.

Lors de sa visite en Turquie, Vladimir Poutine était presque joyeux en mettant en avant le dernier rebondissement de cette histoire. Malgré tout, les Russes maintiennent leur guerre de propagande contre la Grande-Bretagne, en concoctant des offres d’aide à l’enquête en apparence raisonnables mais insincères, y compris en appelant à une réunion d’urgence de l’Organisation pour l’Interdiction des Armes Chimiques (OIAC).

Rien de tout ceci ne change l’écrasante probabilité que l’agent neurotoxique « Novichok » provienne de Russie et que, comme le Premier Ministre l’a déclaré le mois dernier, les autorités russes étaient directement ou indirectement responsables de cet épisode. L’agent neurotoxique, selon Proton Down, est de qualité militaire et d’un type qui peut être uniquement utilisé par une agence gouvernementale.

C’est la Russie, durant l’époque soviétique, qui a développé la famille d’agents dit « Novichok », et c’est un ancien espion russe qui était la cible. Il est inconcevable que quiconque autre que les Russes aurait eu la capacité et le mobile pour organiser un complot aussi élaboré. Nous avons également le précédent du meurtre d’Alexander Litvinenko à ajouter à la liste des indices pointant vers la Russie.

La réponse des Russes à tout ceci est « prouvez le », comme s’il s’agissait d’un tribunal. Même sur une exigence légale telle qu’être au-delà de tout doute raisonnable ou dans l’équilibre des probabilités, les Russes sont pleinement coupables. Pourtant un standard légal de preuve n’est pas requis pour que des pays en tirent un jugement et mettent en œuvre les actions appropriées, comme de nombreux amis et alliées de la Grande-Bretagne à travers le monde l’ont fait.

À nouveau, les Russes jouent finement en insistant, en toute mauvaise foi, sur une preuve impossible à obtenir. Quelques-uns, comme Jeremy Corbyn, à différents points de cette affaire, semblent avoir suivi cette ligne, leurs soupçons contre les agences de renseignement occidentales prenant le pas sur leur bon sens. Pourtant, indépendamment des « dossiers douteux » qui ont pu être fabriqués par le passé, les faits du cas de Salisbury ne sont pas mis en doute.

Les Russes sont en meilleure position lorsqu’ils affirment que les relations avec l’Occident dérivent vers une nouvelle Guerre froide. Ceci, bien sûr, n’est dans l’intérêt de personne, mais il paraît inévitable que la Russie s’engage dans de telles actions et menaces, et envahisse ses voisins.

L’affaire Skripal est une cause, une conséquence et un symbole de la rupture complète des relations entre la Russie et l’Occident. Depuis l’effondrement de l’Union soviétique et du Bloc de l’Est il y a un quart de siècle, la Russie a perdu un empire et a échoué à trouver un nouveau rôle. Sous Vladimir Poutine, le pays semble décidé à reprendre son ancien rôle et revenir à son style. Il est difficile d’imaginer comment une nouvelle détente pourrait se produire dans de telles circonstances.

Source : Independent, 04-04-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Kiwixar // 28.05.2018 à 06h20

Die lügenpresse (la presse menteuse) dans toute sa splendeur, mentant sur les points principaux (« qualité militaire » et les deux sont tombés malades des heures plus tard, la Russie seule capable de fabriquer ça) et sur le principe (pas besoin de preuve). Tous les points gênants (contredisant la VO) soigneusement omis.

De la propagande de guerre méritant un tribunal d’après-guerre, et des condamnations en adéquation avec ce crime qui est le pire de tous car il les contient tous.

40 réactions et commentaires

  • robert pierron // 28.05.2018 à 05h17

    Plus c est gros plus ça passera semble être la morale de cette stupiditè hors norme. Inutile d argumenter, on ne discute pas avec Goebbels.

      +93

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    • Kess // 28.05.2018 à 11h52

      « Même sur une exigence légale telle qu’être au-delà de tout doute raisonnable ou dans l’équilibre des probabilités, les Russes sont pleinement coupables. »

      Whaou … Je pense que le jounaliste devrait donner les chiffres, ça serait plus clair.

      Il ya 95% de chances que les russes soient coupables selon les données rassemblées depuis le début de l’affaire et seulement 5% de chances qu’on arrive à le prouver. Cette symétrie 95/5 est typique des manipulations anti-démocratiques russes et après méta-analyse (cf article meta-analysis, wikipedia), porte leur probabilité de culpabilité à 99 pourcent. Les tests en soufflerie ont prouvé la robustesse des résultats aux variations des commentaires politiques. quod erat demonstrandum, veni vidi vici y errare humanum est.

        +8

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      • Deres // 31.05.2018 à 14h20

        La culpabilité n’est pas une statistique. Les statistiques ne fonctionnent que sur des nombreux cas, pas sur un essai individuel. Le résultat d’un lancer de dé est certes statistique, mais sur un lancer, sa valeur est fixe.
        Soit les russes sont les commanditaires, soit ils ne le sont pas. En fixant un seuil statistique arbitraire élevé sur quelque chose qui ne l’est pas, cela revient à dire que de toute façon les russes sont coupables … Pour avoir 95% de chance de culpabilité russe, il faudrait analyser trous les crimes mondiaux et montrer que 95% sont le faits des russes. J’attends de voir cette étude …

          +3

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  • Kiwixar // 28.05.2018 à 06h20

    Die lügenpresse (la presse menteuse) dans toute sa splendeur, mentant sur les points principaux (« qualité militaire » et les deux sont tombés malades des heures plus tard, la Russie seule capable de fabriquer ça) et sur le principe (pas besoin de preuve). Tous les points gênants (contredisant la VO) soigneusement omis.

    De la propagande de guerre méritant un tribunal d’après-guerre, et des condamnations en adéquation avec ce crime qui est le pire de tous car il les contient tous.

      +111

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    • Pascalcs // 28.05.2018 à 07h38

      Oui, la « qualité militaire » n’est plus ce qu’elle était. Décidément tout se dégrade à vitesse grand V dans notre vaste monde, à commencer par le QI des éditorialistes.

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    • Patrick // 28.05.2018 à 13h42

      « en même temps  » , c’est rassurant de voir que le plus efficace des poisons militaires ( tu prononces le nom , tu tombes malade !! ) rend malade au bout de plusieurs heures et on s’en remet au bout de quelques semaines.
      La guerre NBC n’est plus ce qu’elle était.

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      • . // 29.05.2018 à 23h02

        oh oui!il faut dire qq chose,plus c »est gros mieux ça passe chez la majorité des auditeurs de radio,et lecteurs de torchons et spectateur de TV!
        C’est ce résultat qui est visé,toucher le plus grand nombre pour influencer les opinions et permettre l’acceptation de ce qui va suivre qui conduit à toujours plus de violence et guerres à des fins économiques essentiellement.

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  • Mich // 28.05.2018 à 06h28

    Et dire que j’avais (sans forcément toujours être d’accord) une plutôt bonne opinion de « The Independent ».

      +11

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    • Alfred // 28.05.2018 à 07h14

      Tout pareil. Mais c’est terminé.
      Les victimes secondaires de cette affaire sont décidément nombreuses. Tellement nombreuses qu’il n’est pas certains que les instigateurs y gagnent à la fin.

        +19

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      • Guasilas // 28.05.2018 à 16h33

        Mais plus personne ne le lit.
        C’est devenu le Liberation anglais. Leurs commentaires ne resonnent que parce qu’ils sont seuls dans leur bocal.

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    • linus // 28.05.2018 à 20h43

      The Independent est un journal qui publie régulièrement des points de vue contradictoires… Ils ont par exemple accordé beaucoup d’importance au démenti de Porton Down et utilisent la plupart du temps ‘alleged’ quand ils parlent de l’affaire Skipral, ou de l’attaque chimique de Douma. Baser son jugement sur ce seul article est une erreur à mon avis. Et c’est aussi grâce à eux, ne l’oublions pas, que l’on peut lire régulièrement Robert Fisk, une voix capitale sur le Proche-Orient.

        +3

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  • Nerouiev // 28.05.2018 à 07h08

    Si on fait le bilan, c’est le monde anglo-saxon qui est complètement braqué contre la Russie. Que voudrait-il qu’il n’a pas et qui se trouve en Russie ? Peut-être tout simplement faire une dernière flambée consumériste à leur grand profit dans un monde unipolaire ?

      +20

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    • Kiwixar // 28.05.2018 à 07h36

      Les régions productrices d’hydrocarbures (Russie, Moyen-Orient) directement connectées aux régions consommatrices (Asie, Europe). Pipelines et gazoducs pour les hydrocarbures et trains chinois rapides pour le paiement (or, marchandises, biens de conso, biens industriels).

      Les puissances maritimes (US, RU) avec leurs moyens de coercition obsolètes (porte-avions) et leurs prouesses bureaucratiques (F-35) seront complètement marginalisées. Intéressant de voir ce que va faire le Japon, et notamment les négociations en cours avec la Russie sur les îles Kouriles.

      Russie/Japon : « on vous rend les Kouriles si les troupes US quittent le Japon » ?
      Chine/Corée : « on dénucléarise la Corée du Nord et on permet la réunification si les troupes US quittent la Corée du Sud » ?

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  • Aladin0248 // 28.05.2018 à 07h38

    De toute évidence l’affaire Skripal est bien foireuse et son odeur mène plutôt du côté d’officines occidentales. Mais même si elle était claire et accusait réellement la Russie, on ne voit pas pourquoi elle devrait poser un jalon vers un conflit militaire majeur avec ce pays. On peut reprocher ce qu’on veut à Poutine, mais certainement pas une politique extérieure belliqueuse d’autant plus que les armées de l’OTAN sont à ses frontières. L’affaire démontre la folie de nos dirigeants : ils veulent la guerre (souvent pour faire diversion à l’exposition de leurs turpitudes). Mais comme à l’habitude il leur faut fabriquer de toute pièce les prétextes qui en feront attribuer la responsabilité du déclenchement à l’autre. Ce n’est pas nouveau (Lusitania, Pearl Harbour, Golf du Tonkin, couveuses koweïtiennes, ADM de Sadam, et j’en passe). C’est une vielle habitude. J’espère encore qu’une justice immanente rattrapera ces criminels.

      +58

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  • René Fabri // 28.05.2018 à 07h46

    Les dernières nouvelles sont :

    1. Une petite déclaration lue par Yulia Skripal le 23 mai, filmée par l’AFP. Elle y parle avec des mots très vagues, parlant de « nerve agent » au lieu de novichok, ne donnant aucun détail sur ce qui s’est passé, n’accusant personne, demandant juste qu’on la laisse tranquille.

    2. Après l’expulsion de 23 diplomates russes au Royaume Uni, le 14 mars, 700 autres russes vivant en Angleterre sont menacés d’expulsion, selon une information d’Amber Rudd, ancienne ministre de l’intérieur (Home Secretary), le 21 mai. Leurs visas sont en cours d’examen. La personnalité la plus célèbre d’entre eux est Roman Abramovitch, propriétaire du club de football de Chelsea. Il serait donc enfermé en Russie (« trapped in Russia ») selon la presse britannique (ou dans les Caraïbes, selon d’autres sources).

      +6

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    • wesson // 28.05.2018 à 11h41

      Après avoir accueilli les Russes mal enrichi ayant fui l’affreux Poutine (en fait, après avoir surtout accueilli leur pognon), les Anglo-Saxons décident tout simplement de mettre tout ce monde dehors, d’autant que ceux-ci ont la nostalgie du pays qui tout bien considéré n’est pas si mal que cela.

      Bref, les oligarques get out, mais on vas quand même vous faire les poches avant de vous laisser rentrer au pays les gars !

        +18

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  • Rond // 28.05.2018 à 08h25

    Que nous puissions, ou pas, prouver la culpabilité de l’accusé, n’a aucune importance. La probabilité suffit, surtout si elle est écrasante. Construction idéologique Orwellienne ciselée par du « bon » travail de journaliste …
    Nous avons le coupable idéal. Les martiens peuvent venir tout saccager, ils ne seront pas inquiétés.
    Lire ça chaque jour, à supposer que ce torchon soit quotidien, peut provoquer des dégâts neurologiques gravissimes.
    Amis terriens, obéissez à vos maîtres et craignez d’avoir la moindre peccadille à vous reprocher ; à commencer par la syllabe « russ » dans votre nom, ou pas. Peu importe !
    Soupir …

      +27

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    • Haricophile // 28.05.2018 à 23h02

      Un résumé beaucoup mieux écrit :

      Sire, répond l’Agneau, que Votre Majesté
      Ne se mette pas en colère ;
      Mais plutôt qu’elle considère
      Que je me vas désaltérant
      Dans le courant,
      Plus de vingt pas au-dessous d’Elle ;
      Et que par conséquent, en aucune façon,
      Je ne puis troubler sa boisson.
      Tu la troubles, reprit cette bête cruelle,
      Et je sais que de moi tu médis l’an passé.
      Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?
      Reprit l’Agneau ; je tette encor ma mère
      Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.
      Je n’en ai point. C’est donc quelqu’un des tiens.

        +6

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  • bluetonga // 28.05.2018 à 08h52

    Les Britanniques perdent leur légendaire sang-froid face à l’avènement de l’humour russe. Le label « novichok » fait désormais fureur en Russie où divers produits s’en emparent : huile, vodka, détergent…

    Le Sun quant à lui ne trouve pas ça drôle :

    https://www.thesun.co.uk/news/6146633/russia-novichok-vodka-jibe-salisbury-poisoning/

    Qu’il est doux et plaisant de contempler les abominables petits menteurs pathologiques surpris en rase campagne le slip sur les chevilles se redresser en pleurant et brailler qu’ils observaient les fourmis.

      +16

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    • bluetonga // 28.05.2018 à 09h10

      Et avant de trop se laisser déprimer par cette prose, je recommande à tous d’aller jeter un coup d’œil aux commentaires des lecteurs de l’article original sur le site de l’Independant. Le moins que l’on puisse dire est que le scepticisme prévaut. A mon avis, Skrypal, un mensonge trop loin. L’opinion publique britannique se retourne lentement mais sûrement contre les médias.

        +21

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  • Kallas // 28.05.2018 à 08h58

    « La réponse des Russes à tout ceci est « prouvez le », comme s’il s’agissait d’un tribunal. Même sur une exigence légale telle qu’être au-delà de tout doute raisonnable ou dans l’équilibre des probabilités, les Russes sont pleinement coupables »

    Dans les relations international on n’accuse pas sans preuves, à moins qu’on la joue à « l’Américaine ».
    Notre continent sombre de plus en plus dans la médiocrité.

      +25

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  • Sharivan // 28.05.2018 à 10h39

    Des preuves???? Mais vous êtes bouchés ou quoi?
    Si les russes c’est les méchants et que nous sommes les gentils, pas la peine d’avoir fait polytechnique pour savoir qui a fait le coup ?

      +23

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    • nulnestpropheteensonpays // 28.05.2018 à 11h09

      surtout que c’est de cette manière que réfléchi une grande partie du peuple …

        +9

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  • Louis Robert // 28.05.2018 à 12h01

    “Que nous puissions prouver ou pas l’implication de Moscou dans le cas Skripal n’a aucune importance” — The Independent.

    The Independent?

    Ça ne s’invente pas!…

      +10

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  • rticle // 28.05.2018 à 12h08

    L’article date du 4 avril. Depuis on en sait beaucoup plus, à commencer par le rétablissement des deux victimes.
    Proposer cet article aujourd’hui me semble un peu tard. L’independant aurait-il puiblié la même chose avec le recul?
    Par contre, la réaction des lecteurs est l’aspect le plus intéressant. A part quelques trolls (qui accusent finalement la grande majorité des lecteurs d’être un troll de Poutine, lol), personne ne se laisse prendre, même à l’époque.
    Sans aller dans les datils, l’argumentaire de cet article me laisse sur le cul. Comment peut-on oser publier un torchon pareil à la face du monde?
    PS: erreur sur pseudo, lire scc

      +8

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  • Vladimir K // 28.05.2018 à 15h44

    Ce qui est intéressant, c’est que le mode opératoire de « l’affaire Skripal » ressemble trait pour trait à la tentative d’assassinat du chef du Hamas (Khaled Meshaal) par le Mossad en Jordanie en 1997 : utilisation d’un poison dans la rue, ratage de l’opération, la victime se remet miraculeusement (le Mossad a dû fournir l’antidote).

    D’ailleurs, si l’on prend la peine de lire les archives du KGB, ce dernier préférait les accidents de la route impliquant des camions aux poisons. Le « parapluie bulgare » que l’on nous présente souvent en exemple dans les médias en ce moment, ben lui était justement… bulgare.

      +6

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    • Pinouille // 28.05.2018 à 16h34

      Il y a eu une autre précédent: Alexandre Litvinenko mort par empoisonnement au polonium 210 en 2006 sur le territoire britannique.
      Espion russe, puis transfuge qui a élu domicile aux Royaume Uni et qui n’a cessé de critiquer la politique de Poutine.
      Bien évidemment, les russes ont officiellement nié toute implication dans ce meurtre et ont dénoncé une orchestration visant à les discréditer.
      Compte tenu du process de fabrication du polonium 210 (irradiation du bismuth dans le cœur d’un réacteur nucléaire), certains ont avancé que son utilisation constituait la signature russe: « personne ne peut prouver que c’est nous, mais tout le monde le sait. Tenez-vous le pour dit. »
      Les similarités avec l’affaire Skripal (incluant les difficultés/impossibilité à avancer les preuves nécessaires à l’incrimination russe) sautent aux yeux. Dans ce contexte, l’exaspération britannique est compréhensible…

        +1

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      • René Fabri // 28.05.2018 à 19h14

        L’affaire Litvinenko est maintenant élucidée. Tout le monde, même le kremlin, reconnait que les coupables sont deux Russes, principalement Lugovoy accompagné de Kovtun. Mais ce n’est pas Poutine, ni le KGB, ni le FSB, ni Russie Unie. Le motif est la jalousie, car Litvinenko et Lugovoy, deux anciens agents de sécurité qui étaient collègues, ont eu des destins différents. Litvinenko a eu une vie dorée en s’exilant à Londres et en devenant garde du corps de Berezovski, alors que Lugovoy a travaillé dur pour obtenir quelques contrats de sécurité peu lucratifs. De plus Lugovoy est un nationaliste, membre du LDPR, aigri de voir les entreprises occidentales obtenir les meilleurs contrats. Tout est expliqué dans le rapport du juge Owen, résumé sur la page https://www.wikialbert.fr/pag/l/x/e/l_empoisonnement_d_alexandre_litvinenko_au_polonium_210.htm

        C’est très différent du cas Skripal, car Skripal en Angleterre n’est lié à aucun oligarque et ne cherche pas à nuire à la Russie, contrairement au clan Berezovski. Par contre, Skripal est, highly likely, employé du grand laboratoire chimique militaire de Salisbury, appelé Porton Down, sinon il n’a rien à faire dans cette petite ville éloignée de Londres et des autres Russes. Et Skripal s’est, higly likely, empoisonné tout seul en voulant jouer avec du novichok, que possède Porton Down ou que lui aurait rapporté sa fille.

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        • chb // 29.05.2018 à 01h58

          Oui, highly likely, à condition de supposer aussi que les Skripal ont réellement été empoisonnés. Or, pour le moment, cette affaire repose essentiellement sur ce que presse et gouvernement en ont dit. Les deux miraculés eux-mêmes, quoique plutôt en forme après leur assassinat, n’ont pas de liberté de parole, et l’enquête est évidemment partiale avec des accusés qui n’ont accès ni aux pièces du dossier, ni aux victimes dont au moins une ressortissante de Russie…
          Sachant que cela a été instrumentalisé par les accusateurs pour relancer la guerre froide, c’est tout le dossier qui manque terriblement de crédibilité.

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        • Pinouille // 29.05.2018 à 07h32

          Vous arrivez manifestement à croire que 2 individus particuliers peuvent se procurer l’une des matières les plus radioactives au monde, sans aucun concours gouvernemental… Moi pas.
          https://bibliobs.nouvelobs.com/en-partenariat-avec-books/20160923.OBS8654/comment-deux-agents-de-poutine-ont-empoisonne-litvinenko.html

          Wikialbert…

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          • patrick // 29.05.2018 à 08h19

            Après l’effondrement de l’URSS tout était à vendre. Litvonenko et ses potes étaient aussi connus pour avoir faire de la contrebande de matières nucléaires
            c’était dans The Independent de l’époque, depuis ils ont oublié qu’ils avaient publié ça

            https://www.independent.co.uk/news/uk/crime/litvinenko-smuggled-nuclear-material-426266.html

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            • Pinouille // 29.05.2018 à 09h30

              « Litvonenko et ses potes étaient aussi connus pour avoir faire de la contrebande de matières nucléaires »… Pour le compte du FSB, oui:
              « Mr Litvinenko told him about the operation for the FSB security service, the successor to the KGB. »

              Entendons nous bien: il n’existe pas de preuve formelle de l’implication du gouvernement russe dans le meurtre de Litvonenko. Il n’en existera pas plus pour la tentative de meurtre des Skripal. Mais les faisceaux d’indices et la similarité de la démarche (emploi de matériel extrêmement rare et spécialisé faisant office de signature) ne peut laisser le RU indifférent. C’est là que la diplomatie entre en jeu: il ne s’agît pas d’un tribunal avec juge, procureur, avocat et preuves. Chacun est dans son rôle et produit son discours: la Russie s’appuie sur l’absence de preuve et crie à la conspiration, et le RU bâtit le sien, évidemment fragilisé par cette absence de preuve.

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          • René Fabri // 29.05.2018 à 09h35

            A Pinouille, vos objections sont intéressantes, et montrent que vous avez étudié le dossier, mais pas assez en profondeur. Il faut lire le rapport du juge Owen, qui est très sérieux.

            L’article du Nouvel Observateur se base sur le livre de Luke Harding. Malheureusement, cet auteur est lié au clan Berezovski. Le juge Owen, lui-même, bien qu’il soit anti-russe, a reconnu que ces informations ne sont pas fiables, et il en a été déçu.

            Par exemple ils ont prétendu qu’il y aurait eu une « signature » du polonium ingéré par Litvinenko, ce qui est faux (et à nouveau dans l’affaire Skripal, la « signature » du novichok a été mise en avant par ce clan, alors qu’elle n’est techniquement pas réaliste).

            Par ailleurs, l’article est mensonger en affirmant que Litvinenko aurait reconnu qui l’avait tué. Lisez le résumé que j’évoquais, qui est beaucoup plus précis, et que vous dénigrez injustement. Litvinenko n’a désigné que Scaramella, et il s’est trompé, comme l’ont montré toutes les traces radioactives. L’article fait croire que la lettre accusatrice contre le Kremlin viendrait de Litvinenko, alors qu’elle a été écrite par George Menzies, un avocat à la demande de l’américain de la CIA, Alex Goldfarb. C’est très bien détaillé dans le rapport du juge Owen.

            Ensuite, le polonium n’est pas fabriqué dans les centrales nucléaires, mais dans des laboratoires universitaires ou des entreprises disposant d’une sorte de petit accélérateur de particules. Ces labos sont beaucoup moins contrôlés et surveillés que les centrales nucléaires.

            Enfin, renseignez-vous sur le LDPR. La Russie est immense. Le gouvernement de Moscou ne contrôle pas tout, surtout à l’époque d’Eltsine, et même encore actuellement. Certaines régions, notamment certains endroits de Sibérie, sont sous le contrôle de mafias associées au LDPR.

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            • Pinouille // 29.05.2018 à 11h05

              @René Fabri
              Je rend hommage à votre effort de pédagogie et à vos réponses mesurées.
              Et je dois bien admettre ne pas avoir étudié le dossier en profondeur.
              Je me permets toutefois de citer votre propre source wikialbert : « Enfin Sir Robert Owen déclare que Lugovoy et Kovtun n’ayant aucun motif personnel, ils ont donc agi sur ordre du FSB, avec l’approbation de Patrushev, chef du FSB, et du président Poutine »
              Phrase qui fait écho à ce que l’on peut trouver dans la presse: http://www.rfi.fr/europe/20160121-poutine-accusation-mort-espion-kgb-alexandre-litvinenko-fsb-conclusions-enquete-lond
              Ce qu’il faut amha en retenir, c’est que, quoi qu’on en pense individuellement, le gouvernement britannique a officialisé sa position vis à vis de cette affaire: Poutine est impliqué dans ce meurtre.
              La survenance d’un deuxième cas (Skripal) présentant des similarités incontestables avec le premier, déclenche naturellement les réactions britanniques que l’on a pu constater.

              NB: un accélérateur de particules peut très probablement produire des particules de polonium 210. Mais je doute fortement qu’il puisse le faire dans des quantités suffisantes pour tuer quelqu’un (µg, voire mg). Il n’est tout simplement pas fait pour cela. La production de polonium 210 en quantité létale nécessite de fortes radiations que seul un réacteur nucléaire peut fournir.

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  • jean-pierre KAYEMBA // 28.05.2018 à 16h44

    Les Britanniques et leurs amis ne nous ont toujours pas dit quel est l’intérêt des Russes de tuer ces gens .Si les poisons militaires russes sont d’une efficacité telle qu’un vieux peut y résister des heures,qu’en penser de son action sur un jeune soldat bien entraîné et en parfaite condition physique? Toute personne raisonnable en déduirait qu’avec de telles armes,nous n’avons rien à craindre de Russes; or c’est à la conclusion inverse qu’aboutissent et nos journalistes,et nos politiques. Allez y comprendre quelque chose.

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  • moshedayan // 28.05.2018 à 20h37

    Les Anglais ont inventé un nouveau scénario « Gleiwitz » et mon idée, peut-être erronée, est qu’ils veulent avec l’OTAN déclencher un incident majeur dans la Baltique, vers Kaliningrad pour tester la potentialité d’un « conflit local » et gêner « North stream 2 »

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    • patrick // 29.05.2018 à 08h21

      La prochaine coupe du monde de foot pourrait être le bon moment pour déclencher quelques incidents , et les occasions ne manquent.
      On parie sur quoi ? l’Ukraine ? la Syrie ? la Baltique ?

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  • Analphabête // 29.05.2018 à 01h55

    On nous dit qu’il « paraît inévitable que la Russie s’engage dans de telles actions et menaces, et envahisse ses voisins. »

    Au contraire, je pense que les russes ont bien compris qu’il n’y a pas d’avenir à s’inviter là où on est pas le bienvenu. Pour preuve on a les refus par la Douma d’accepter les demandes d’intégration de la Transnistrie, et plus récemment des républiques séparatistes du Donbass,

    La Crimée fait figure d’exception, mais la Crimée est très très russe.

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    • Dominique // 30.05.2018 à 17h35

      Pour moi, cette phrase est la plus grave de l’article. Elle tend à faire peur, ou plutôt à terroriser les populations, et elle fait cette accusation non seulement sans aucune preuve, mais sans aucun argument. Elle tombe du ciel, comme ça, sans aucun rapport de cause à effet avec ce qui précède. Que la rédaction du journal ait laissé passer ça, en dit long sur ce qu’est le journalisme aujourd’hui. Même dans les discussions de comptoir, on essaye de ne pas dire de bêtises pareilles, sinon, le compère semi-alcoolisé avec lequel on discute va nous traiter à juste titre de tout un tas de noms d’oiseaux.

        +1

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  • NemoPlusJuris // 29.05.2018 à 22h45

    « … emploi de matériel extrêmement rare et spécialisé faisant office de signature ».

    N’est-ce pas. De même que si l’on trouvait sur le poignard planté dans le cœur de la victime cette inscription : « propriété inaliénable du FSB. En cas de perte, prière de bien vouloir ramener cet objet immeuble le Loubianka, place Loubianka, Moscou. Merci ».

      +2

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