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26.juin.201826.6.2018 // Les Crises

Les assassinats ciblés, à la mode Donald Trump. Par Kelley Beaucar Vlahos

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Source : The American Conservative, Kelley Beaucar Vlahos, 04-06-2018

Les États-Unis bombardent des peuples un peu partout sur la planète, selon des règles à géométrie variable et dans la plus totale opacité.

Des aviateurs inspectent des drones MQ-9 Reaper alignés sur le tarmac du 49e Aircraft Maintenance Squadron, sur la base aérienne d’Holloman au Nouveau Mexique, le 16 décembre 2016 (photo US Air Force par J. M Eddins Jr.).

Quand un commando de marine [américain] a été tué et trois autres blessés durant un raid au centre du Yémen début 2017, les Américains ont demandé : « Que faisons-nous là-bas ? » Quand trois soldats des Forces spéciales ont été tués dans une embuscade lors d’une patrouille au Niger, au pays, certain ont dit : « Que faisons-nous dans ce pays ? »

Ces deux embuscades, tendues vraisemblablement par des combattants d’al-Qaïda et de l’État Islamique, ont soulevé d’importantes questions sur la présence militaire américaine dans des pays auxquels n’avons pas déclaré la guerre, cependant, comme d’habitude, les indignations publiques n’ont pas permis d’y voir plus clair. L’activité militaire américaine – en particulier des attaques aériennes et des raids au Moyen Orient et en Afrique, sans parler de l’Afghanistan – n’a pas seulement accéléré avec le gouvernement Trump, mais les assassinats ciblés sont désormais pratiqués avec un minimum de contraintes et de transparence. Même en comparaison de la situation sous la très secrète administration Obama.

Pour faire court, il y a beaucoup d’actions militaires en cours sur le terrain dont le public américain n’a pas connaissance – au moins jusqu’à ce qu’un événement horrible survienne ou que des officiels soient obligés d’abattre leurs cartes, et même dans ce cas, ils ne dévoilent que le stricte minimum.

En début d’année, le journaliste d’investigation Nick Turse, mis sur une liste noire par l’US African Command [commandement de l’armée américaine pour l’Afrique, NdT] car considéré comme « non légitime » a rapporté que les USA avaient des forces spéciales actives dans 149 pays dans le monde – une augmentation de 150 % par rapport aux années George W. Bush. Mais qu’en est-il dans le ciel ? Nous n’en avons que quelques indices troublants. Selon le Bureau of Investivative Journalism [l’ONG Bureau du journalisme d’investigation, NdT] , l’administration Trump a lancé plus de 160 attaques au Yémen et en Somalie en 2017. C’est respectivement 100 % et 30 % de plus qu’un an plus tôt sous l’administration Obama, qui, pourtant était très fan des drones. Les attaques en Afghanistan au 1er janvier atteignaient les mêmes niveaux que la « vague » de 2009-2010, et nous savons tous à quel point cela fonctionne bien.

Depuis janvier, le Bureau a enregistré 27 frappes mortelles au Yémen, 14 en Somalie et plus de 50 en Afghanistan sur la même période.

Pour comprendre le contexte, l’administration Obama a mené 563 attaques secrètes au Pakistan, en Somalie et au Yémen durant ses deux mandats, contre 57 sous Bush. Obama n’a reconnu qu’entre 64 et 116 décès civils durant cette période, mais le Bureau affirme que la réalité est plutôt entre 380 et 801 fois plus élevée.

Mais l’administration actuelle reste pratiquement muette sur le sujet. Jeudi, le Department of Defense [le ministère des armées, NdT] a publié un Rapport au Congrès au titre de la National Defense Authorisation Act [Loi d’autorisation de la Défense nationale, qui encadre le budget militaire] pour l’année 2017. Le ministère était censé recenser chaque attaque – date, heure et lieu – ayant été confirmée (ou raisonnablement suspectée de…) comme ayant entraîné des pertes civiles, ainsi que le nombre de décès, à la fois civils et côté combattants, pour l’année 2017. Le rapport est sorti avec 30 jours de retard et, sans surprise, est très loin des attendus.

Ce qu’il révèle est que, sur 10.000 attaques militaires en 2017 (typiquement par drones, avions d’attaque AC-130 Hercules, missiles et chasseurs-bombardiers), le Ministère était en mesure de confirmer approximativement 499 civils tués et 169 blessés. Il s’agit des opérations Inherent Resolve (Irak, Syrie), Freedom’s Sentinel (Afghanistan) ainsi que de celles au Yémen, en Somalie et en Libye. Le Ministère prétend ne disposer d’aucun chiffre sur les pertes civiles résultant des frappes en Libye et en Somalie, alors que nous savons que les attaques se sont intensifiées dans ces deux pays sous Trump, et que, selon des observateurs indépendants, plus de 10 civils ont été tués en Somalie en 2017.

Le rapport indique également que le ministère de la Défense dispose de 450 autres signalements de victimes civiles qu’il n’a pas encore été en mesure d’expertiser, de sorte que le nombre réel de morts civils est probablement beaucoup plus élevé. De plus, le rapport ne précise pas le nombre total de combattants décédés ni le contexte des décès – date, heure, lieu. Au contraire, ils sont regroupés sous forme de totaux qui ne permettent pas de discerner, dans chaque pays, les cas de figures.

« Le rapport du ministère de la Défense sur les pertes civiles souffre de manquements flagrants, dont le non-respect manifeste de l’obligation légale de fournir le nombre de victimes parmi les combattants et de répertorier toutes les opérations dont on a des raisons de soupçonner qu’elles ont causé des pertes civiles », a déclaré Rita Siemion, conseillère juridique de Human Rights First [Les Droits de l’homme d’abord, ONG américaine].

Autre déception, le mandat du Congrès ne porte que sur les frappes militaires américaines – nous n’avons toujours aucune idée du nombre d’opérations de drones de la CIA dans chacun de ces pays sous Trump [La CIA n’étant pas un organe militaire, NdT]. Cette information devait être consignée dans un rapport annuel de la Maison-Blanche sur tous les civils et combattants tués lors de frappes aériennes antiterroristes américaines en 2017. Le rapport était exigé en vertu d’un décret signé par Obama en 2016. Pourtant, l’échéance du 1er mai est passée, et les autorités politiques ont laissé entendre que, selon un porte-parole qui s’est entretenu avec le Washington Post, « le décret qui exige le rapport sur les pertes civiles est en cours d’examen » et pourrait être « modifié », voire « annulé ».

De plus, « les exigences décrétées (EO : Executive order NdT)par l’administration précédente en matière d’information du public reposaient sur les politiques de lutte contre le terrorisme menées par Obama, dont beaucoup ont été abandonnées pour permettre aux militaires s’adapter à des menaces en constante évolution ».

Regardons ça de plus près. L’administration Trump n’a jamais rendu publiques les nouvelles règles d’engagement, mais on a longuement rapporté en septembre que les directives politiques présidentielles de l’ère Obama (très certainement vagues, mais les seules règles en vigueur depuis leur publication en 2013) seraient assouplies selon deux axes principaux. Le premier est que les cibles des missions dites « létales », qui, sous Obama, devaient constituer « une menace persistante et imminente » pour les Américains, sont élargies pour inclure de simples soldats djihadistes « sans compétences spéciales ni commandement », selon le New York Times. En d’autres termes, cela inclurait maintenant ceux qui ne représentent pas une menace imminente.

Deuxièmement, les attaques de drones et les raids au sol ne seraient plus soumis à un contrôle de sécurité de haut niveau. Un élément crucial – à savoir que les frappes n’auraient lieu que s’il y avait une « quasi-certitude » que les civils ne seraient pas blessés – est resté en vigueur (bien qu’aucune des deux administrations n’ait jamais expliqué quelles sont les normes pour atteindre ce niveau de garantie).

« L’administration Trump a adopté une nouvelle politique, sans toutefois la rendre publique, ni même en diffuser une fiche d’information déclassifiée ou un résumé, ou ne serait-ce qu’en reconnaître l’existence », a déclaré Siemion à TAC (le journal The American Conservative) lors d’une entrevue la semaine dernière. « Nous ne savons même pas si elles sont appliquées ».

Pour compliquer les choses, ces règles, si elles existent, ne s’appliquent qu’aux pays jugés en dehors de la « zone de conflits actifs ». Sinon, ce sont les lois de la guerre qui s’appliquent, et elles sont beaucoup moins contraignantes. Ces théâtres de guerre comprennent l’Afghanistan, l’Irak et la Syrie et, depuis l’année dernière, certaines parties du Yémen et de la Somalie. Sans oublier que l’AUMF (Autorisation d’emploi de la force militaire permet au président de prendre pour cible l’État Islamique, Al-Qaïda ou leurs « forces associées » à tout moment, sans avoir besoin de préciser clairement comment ces forces sont définies, ni où elles sont prises pour cibles.

Toutefois, il est difficile de comprendre pourquoi cela empêcherait la Maison-Blanche de publier un décompte des victimes en vertu du décret (qui, soit dit en passant, ne couvre que les opérations CT en dehors du théâtre des opérations) d’ici le 1er mai. Un porte-parole de la Maison-Blanche a déclaré au Washington Post : « il n’y a pas eu d’augmentation du nombre de victimes civiles en 2017 », ce qui est assez étonnant. Dans son rapport de 2016, Obama n’a reconnu qu’un seul décès de civil, une annonce largement relayée par des groupes extérieurs. Compte tenu de l’augmentation des frappes au Yémen, en Somalie et en Libye après Obama, l’idée qu’il n’y aurait qu’une seule mort civile là-bas semble fantaisiste. Malheureusement, comme les deux administrations se renvoient la balle en chipotant – à l’intérieur ou l’extérieur du théâtre des opérations, militaires ou CIA – comme moyen de dissimuler en communiquant des totaux, il est impossible d’être tout à fait certain de ce qui s’est passé réellement.

C’est exactement ce qu’ils cherchent. Ceux qui tentent de compter au moyen de rapports en libre accès sont coincés : ils n’arrivent pas à faire passer le message à un public qui se distrait dans un cycle d’actualités de 24 heures, davantage obsédé par la tempétueuse Daniels [l’actrice X avec laquelle Trump aurait eu une liaison, NdT] et le Russiagate que par le fait que dans des endroits comme l’Irak et la Syrie, où nous ne sommes pas techniquement « en guerre », et ou les États-Unis et leur coalition ont mené près de 30 000 attaques aériennes au cours des quatre dernières années.

Au moment où nous parlons, selon la journaliste Rebecca Gordon, l’Africom (Commandement Américain pour l’Afrique : Ndt) est en train de construire dans la ville d’Agadez, au Niger, une toute nouvelle base pour accueillir des drones, pour un coût de 110 millions de dollars. « Il s’agira bientôt la nouvelle pièce maîtresse dans la guerre non déclarée des États-Unis en Afrique de l’Ouest », dit Gordon. « Avant même l’ouverture de la base, des drones armés américains s’envolent déjà de la capitale du Niger, Niamey, après avoir reçu l’autorisation du gouvernement nigérien de le faire, en novembre dernier ».

Le plus grave, c’est que nous en sommes à la troisième administration qui met en œuvre et intensifie les programmes d’assassinats ciblés de ce type, sans que l’efficacité de ces pratiques ait jamais été discutée. Songez à ces dizaines de milliers de frappes aériennes, à ces milliers de vies détruites, et aucune évaluation honnête de la réussite, ou de la riposte (retour de flamme), quelle qu’elle soit. Washington aime débattre de la politique contre-terroriste, mais sans surprise, personne ne suggère que l’idée d’assassinat ciblé devrait être entièrement réexaminée.

« Nous l’avons fait, et nous continuons à le faire, sans prendre prendre le temps de vérifier si c’est efficace. Non seulement nous dépensons des milliards de dollars, et des américains ont perdu la vie et toutes sortes d’autres personnes ont également perdu la leur », a dit Siemion, « mais peut-être que tout ça est contre-productif, et que nous payons un prix très élevé pour quelque chose qui ne fait qu’aggraver la menace ».

Considérant Trump, qui a publié des déclarations notoirement muettes sur le ciblage des familles de terroristes et se demandant à haute voix pourquoi un opérateur de drone a « attendu » avant de larguer une bombe sur une cible syrienne, il n’y a pas beaucoup d’espoir qu’un tel examen puisse avoir lieu bientôt. « Par défaut », se lamentait Siemion, « tout est sur pilote automatique ».

Kelley Beaucar Vlahos est rédacteur en chef de The American Conservative.

Source : The American Conservative, Kelley Beaucar Vlahos, 04-06-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

L’Africain // 26.06.2018 à 08h22

Je peux attester que des drones américains se baladent en Afrique centrale, où je vole fréquemment.
Il m’est arrivé d’entendre la conversation un peu ubuesque, entre un opérateur de drone américain (à l’accent prononcé…) et un contrôleur aérien de Bangui, en Centrafrique.
De toute évidence, le contrôleur n’avait pas connaissance du survol du pays par le drone, et l’opérateur expliquait qu’il avait une autorisation de survol que, malheureusement, il avait pour l’instant égarée. Il a indiqué au contrôleur qu’il venait de Niamey, passerait « 2 à 3 heures à survoler Bangui, puis retournerait à Niamey ».
Comme il n’y a pas de couverture radar sur beaucoup de ces pays, c’est cool pour les américains.
Je me suis bien demandé si j’avais rêvé (l’article me montre que non) et pourquoi diable les américains opèrent la-bas.
L’odeur de pétrole, de minerais et autres matières essentielles peut-être…
Bref, l’impérialisme continue

21 réactions et commentaires

  • Barbe // 26.06.2018 à 05h41

     » L’administration Trump n’a jamais rendu publiques les nouvelles règles d’engagement, mais on a longuement rapporté en septembre que les directives politiques présidentielles de l’ère Obama (très certainement vagues, mais les seules règles en vigueur depuis leur publication en 2013) seraient assouplies  » m évoque l idée que le congrès déjà n avait pas été informé de l extension de la guerre au Cambodge…
    Ça commençait par là la privatisation du commun. Mourir pour des industriels et des banquiers…
    Reconnaître la belle connerie qu est toute privatisation de ce qui est commun est nécessaire.

      +11

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  • Pierre D // 26.06.2018 à 06h02

    Comme quoi, tout n’était pas mauvais sous Obama…

    « A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire »… vaincre quoi au juste?

    Il est vrai que sous Bush les émigrés formaient le plus gros des « boys » et l’armée était un puissant outil d’intégration… alors.

      +1

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  • Wakizashi // 26.06.2018 à 07h29

    « le journaliste d’investigation Nick Turse […] a rapporté que les USA avaient des forces spéciales actives dans 149 pays dans le monde »

    Je ne cherche pas à remettre en question la véracité de cette affirmation, mais des forces spéciales américaines dans 149 pays dans le monde, ça me paraît totalement dingue comme chiffre. Sachant qu’il y a environ 195 pays en tout sur la planète, ça voudrait dire que les 3/4 des pays du monde ont sur leur sol des forces spéciales américaines en activité. Sachant en plus que les forces spéciales sont (au sens strict du terme) des corps d’élite extrêmement rares, que seul quelques pays en sont dotés (France, Grande Bretagne, USA, Russie, Israël, et je crois que c’est à peu près tout), ça paraît d’autant plus dingue…

    Etant donné ces chiffres, la liste des pays n’ayant pas de forces spéciales US sur leur sol est bien plus vite dressée… question à 100 balles : la France fait-elle partie des heureux élus ?

      +2

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    • pedrito // 26.06.2018 à 09h59

      A en croire la carte présentée dans l’article source, oui la France est sur la liste. En même temps en tant qu’état vassal cela n’a rien de surprenant… http://www.tomdispatch.com/images/managed/sof2017_large.jpg

        +7

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      • Le Minotaure // 27.06.2018 à 00h29

        Je suis d’accord avec votre propos sur les 149 pays. Par contre la plupart des armées nationales un peu substantielles alignent des forces spéciales. J’ai récemment lu un numéro de DSI sur les conflits en mer de Chine. Tous les pays du coin présentent des forces spéciales. La France dispose d’un effectif d’environ 4000 hommes regroupés dans le COS (voir la liste approximative dans l’article wikipédia https://fr.wikipedia.org/wiki/Commandement_des_opérations_spéciales )

          +0

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  • Weilan // 26.06.2018 à 07h31

    Bref, le congrès US ne serait pas tenu au courant (et le public encore moins) de ces « exécutions » par drones interposés.

    Même si comparaison n’est jamais raison, nos parlementaires et sénateurs hexagonaux sont ils plus tenus au courant des aller et venues des forces spéciales françaises ? Je n’en ai pas l’impression. On sait qu’elles sont présentes en Syrie et au Sahel, mais qu’en est il du Yemen où elles auraient été signalées ? Réponse: secret-défense voyons ! Circulez, il n’y a rien à voir…

      +17

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  • TC // 26.06.2018 à 07h45

     » Dans son rapport de 2016, Obama n’a reconnu qu’un seul décès de civil, une annonce largement relayée par des groupes extérieurs. »

    « Considérant Trump, qui a publié des déclarations notoirement muettes sur le ciblage des familles de terroristes et se demandant à haute voix pourquoi un opérateur de drone a «attendu » avant de larguer une bombe sur une cible syrienne ».

    Quand on vous dit que ces gens sont des malades mentaux ! Et ces gens-là osent prétendre que si le reste du monde ne les aime pas, c’est parce qu’il envierait leur « exceptionnalisme » ?!

      +12

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  • Fritz // 26.06.2018 à 07h47

    Les États qui utilisent des drones ou des « forces spéciales » pour tuer à leur guise, un peu partout dans le monde, se protègent par du blabla « règles d’engagement », « menace pour nos concitoyens », « défense ». Disons les choses clairement : ces États pratiquent le terrorisme technologique, bien plus lâche que le terrorisme des attaques-suicides.

    Parly, pourquoi tu tousses ?

      +21

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  • L’Africain // 26.06.2018 à 08h22

    Je peux attester que des drones américains se baladent en Afrique centrale, où je vole fréquemment.
    Il m’est arrivé d’entendre la conversation un peu ubuesque, entre un opérateur de drone américain (à l’accent prononcé…) et un contrôleur aérien de Bangui, en Centrafrique.
    De toute évidence, le contrôleur n’avait pas connaissance du survol du pays par le drone, et l’opérateur expliquait qu’il avait une autorisation de survol que, malheureusement, il avait pour l’instant égarée. Il a indiqué au contrôleur qu’il venait de Niamey, passerait « 2 à 3 heures à survoler Bangui, puis retournerait à Niamey ».
    Comme il n’y a pas de couverture radar sur beaucoup de ces pays, c’est cool pour les américains.
    Je me suis bien demandé si j’avais rêvé (l’article me montre que non) et pourquoi diable les américains opèrent la-bas.
    L’odeur de pétrole, de minerais et autres matières essentielles peut-être…
    Bref, l’impérialisme continue

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    • Koui // 26.06.2018 à 10h48

      Les mercenaires russes seraient en Centrafrique et ce pays voudrait acheter des armes chinoises. Les américains sont donc en reperages.

        +5

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      • Ellilou // 26.06.2018 à 13h27

        Votre première phrase est au conditionnel, votre seconde ne l’est pas 😉

          +4

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  • RGT // 26.06.2018 à 08h25

    « comme les deux administrations se renvoient la balle en chipotant… »

    Bien sur, ce ne sont pas les mêmes administrations… c’est du foutage de gueule.

    Seuls les « décideurs » ont été changés, mais les « exécutants » sont restés et ce sont eux qui décident réellement.

    Dans toute administration, les politiques font de beaux discours mais au final les hauts fonctionnaires indéboulonnables continuent à faire de qu’ils veulent.
    En ayant l’assurance de pouvoir rejeter la responsabilité de leurs actes et de leurs décisions sur le principe qu’ils se contentaient « d’obéir aux ordres ».

    C’était bel et bien la stratégie de défense des responsables nazis lors du procès de Nuremberg, mais malheureusement ça n’a pas marché comme ils le souhaitaient et de nombreux responsables ont été sanctionnés.

    Et ce problème ne se pose pas seulement aux USA, il est généralisé sur toute la planète.

    Les « Sacro-Saintes Administrations » sont intouchables car elles sont « au service de l’État ».

    Combien de crimes impunis menés par ces hauts fonctionnaires ont été commis, ne serait-ce que depuis la fin de la seconde guerre mondiale ou tout le monde répétait en cœur : « Plus jamais ça ».

    C’est assez intéressant car lorsqu’un gouvernement prend une décision qui va à l’encontre des intérêts propres de ces administrations elles trouvent toujours les moyens de faire de la résistance en plaçant judicieusement des petits grains de sable aux endroits qui bloquent totalement la machine en attendant que le gouvernement recule ou que de nouvelles élections balayent les « ignobles individus » qui ont commis ce crime de « lèse majesté ».

      +6

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  • Duracuir // 26.06.2018 à 08h44

    c’est carrément délirant. Ce n’est plus de la guerre, ce n’est plus de l’assassinant, c’est carrément de la dératisation. Un géant attaque impunément de ses 12000 mètres d’altitude et ses 10 000 km de distance et extermine les lilliputiens qui pourraient déranger sa tranquillité. Immonde. Tout à fait nouveau dans l’Histoire humaine.

      +16

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  • Hannibal Genséric // 26.06.2018 à 10h19

    Pourquoi « Skynet » de la NSA tue des centaines d’innocents… par erreur
    Le programme informatique Skynet, basé sur l’Intelligence Artificielle , est un outil de surveillance dans les mains de la NSA, l’Agence nationale de la sécurité américaine. Le programme récolte des métadonnées, comme par exemple les noms, les fréquentations, les amis, les habitudes et les localisations GPS, etc. dans l’objectif d’identifier et de traquer des personnes soupçonnées (par le programme informatique) d’être « terroristes potentiels ». L’ayant fait, le programme les frappe avec des missiles tirés par des drones appelés Terminator, comme dans le film de même nom.
    https://numidia-liberum.blogspot.com/2018/06/pourquoi-skynet-de-la-nsa-tue-des.html

      +7

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  • Koui // 26.06.2018 à 11h13

    Les tirs ne sont pas revendiqués et les morts ne sont pas comptabilisés. Les révéler à partir de source interne est une violation du secret défense et tout le reste n’est que mensonges. Un jour, on apprendra que les meurtres étant décidés par un algorithme, il ne sont de la responsabilité de personne en particulier. Il n’y a ni crime, ni « coupable » et encore moins d’information « vérifiée par une source fiable ». Le droit international, le droit de la guerre, le droit pénal des pays concernés, les droits de l’homme, le droit à l’information, tout cela est inapplicable. Si vous accusez Trump de crime en complicité avec Macron, c’est du complotisme de la fake news inspiré par Moscou. Et il y aura peut être un algorithme pour évaluer jusqu’à quel point vous êtes non pertinent.

      +6

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  • Louis Robert // 26.06.2018 à 11h37

    « … présence militaire américaine dans des pays auxquels n’avons pas déclaré la guerre »?

    *

    Karl Rove: « Nous sommes un Empire, désormais. Nous faisons l’Histoire. »

    Depuis longtemps officiellement déclarée, la guerre du « full spectrum dominance » est perpétuellement menée.

      +4

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  • Haricophile // 26.06.2018 à 11h49

    Un voleur peut tout casser pour voler et causer un préjudice sans commune mesure avec le montant du vol, il n’en a rien a faire, c’est pas lui qui paye. Comme par exemple la nouvelle tendance consistant a brûler les magasins après le vol a Grenoble. Ça a déjà fait deux morts et des dégâts considérables pour voler un peu d’argent. Ils s’en foutent.

    Là c’est pareil, ils ne seront jamais sanctionné pour ça, même pas blâmé de manière officielle. N’oubliez pas que nous parlons de sociopathe qui n’ont donc aucune empathie. Ça leur fait autant d’effet sur leur conscience que d’avoir tué quelques insectes.

      +4

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  • Le Rouméliote // 26.06.2018 à 12h09

    « Le plus grave, c’est que nous en sommes à la troisième administration qui met en œuvre et intensifie les programmes d’assassinats ciblés de ce type, sans que l’efficacité de ces pratiques ait jamais été discutée.  » Donc, Trump n’a rien inventé et ne fait que poursuivre la politique menée par ses prédécesseurs ; donc, pourquoi le titre « Les assassinats ciblés, à la mode Donald Trump » ? On pourrait remonter à la guerre de la frontière quand, en 1916, sous le président démocrate Wilson, le général Pershing franchissait la frontière mexicaine pour poursuivre Pancho Vila qui avait attaqué la ville américaine de Columbus. Il essayait bien de zigouiller le Mexicain !

      +3

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  • Myrkur349 // 28.06.2018 à 17h34

    Discours connu d’Eisenhower en fin de mandat, mais une piqûre de rappel ne fait pas de mal. A quand, en prime time dans le 20 heures de nos chaînes nationales? 1961 !
    https://www.youtube.com/watch?v=dXcM6-pOvgw

    Et pour les drones et le soi-disant assassinat ciblé, loin des yeux et en silence, loin du coeur.
    https://www.youtube.com/watch?v=hRJFvtvTGEk

      +0

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