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3.mars.20163.3.2016 // Les Crises

Les calculs de la Russie à l’heure du cessez-le-feu en Syrie, par Alain Gresh

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Source : Orient XXI, Alain Gresh, 01-03-2016

Il règne à Moscou une certaine fébrilité au lendemain de l’annonce par les présidents Vladimir Poutine et Barack Obama, le 22 février, d’un cessez-le-feu en Syrie. Entré en vigueur le samedi 27 février à minuit, relativement bien respecté pour l’instant, il a été entériné par le Conseil de sécurité de l’ONU. Contrairement au scepticisme qui prévaut en Occident, on veut croire ici, sans optimisme exagéré que, selon la formule du président russe, « c’est un vrai pas en avant dans l’arrêt du bain de sang ».

Entretien de Vladimir Poutine avec Bachar Al-Assad (de dos). en.kremlin.ru, 21 octobre 2015.

Entretien de Vladimir Poutine avec Bachar Al-Assad (de dos).
en.kremlin.ru, 21 octobre 2015.

Le massif immeuble « stalinien », au centre de Moscou, dominé par une haute tour, abrite le ministère des affaires étrangères. Des centaines de fonctionnaires se pressent ce matin pour rejoindre leurs postes. Dans son bureau, Mikhail Bogdanov, ministre adjoint des affaires étrangères, parfait arabisant, évoque les conversations que Vladimir Poutine aura ce même jour avec ses homologues à travers le monde, en premier lieu les chefs d’État syrien, iranien, saoudien et avec le premier ministre israélien : tous ceux qui, de près ou de loin, sont intéressés au dossier syrien. Bogdanov a été ambassadeur à Tel-Aviv et au Caire et plusieurs fois en poste à Damas. Il est, depuis octobre 2014, le représentant spécial du président pour le Proche-Orient et l’Afrique.

Pour lui, les choses sont claires : « Il n’y a pas de solution militaire à la crise syrienne. » Mais il ajoute : « Nous ne voulons pas faire apparaître les choses comme plus faciles qu’elles ne le sont ; beaucoup de forces, à l’intérieur et à l’extérieur de la Syrie sont hostiles à ce processus et insistent pour un départ anticipé du président Assad. Mais rappelons-nous les conséquences d’une telle stratégie en Libye et en Irak. » Bogdanov accorde la priorité à la coordination, pas seulement politique, avec les États-Unis : un centre commun de collectes de données pour le suivi du cessez-le-feu sera mis en place afin de déterminer des objectifs militaires « acceptables » et d’identifier des « groupes terroristes ».

« Nous avons été étonnés de l’engagement personnel de Poutine,explique l’un des spécialistes russes du Proche-Orient qui requiert l’anonymat. Il a accepté des concessions, notamment le fait que les seuls mouvements désignés comme terroristes soient l’organisation de l’État islamique (OEI) et Jabhat Al-Nosra », alors que, jusqu’à présent, Moscou demandait que soient aussi mis sous ce label d’autres groupes. « Même nos militaires, portés par les succès de ces dernières semaines, ont été pris de court », affirme cette même source.

Que se passera-t-il si des groupes comme Ahrar Al-Cham ou Jaish Al-Islam, qui combattent aux côtés de Jabhat Al-Nosra, acceptent le cessez-le-feu ? « Nous étudierons leur déclaration et leurs intentions », répond Bogdanov, qui rappelle toutefois que Moscou a accepté la présence à Genève aux dernières négociations de paix de Mohammed Allouche, dirigeant de Jaish Al-Islam — le frère de Zahran Allouche, le dirigeant de ce groupe, tué dans un bombardement russe.

BILAN POSITIF POUR MOSCOU

À Moscou, on est convaincu que la décision de l’automne 2015 d’intervenir militairement a joué un rôle décisif pour ouvrir une nouvelle page et éviter la répétition du scénario libyen, qui reste un épouvantail pour les Russes. Décidée en septembre par Poutine lui-même, elle a inversé les rapports de force sur le terrain, même si elle s’est heurtée, dans un premier temps, à des résistances inattendues. Un dirigeant de premier plan du Hezbollah rencontré à Beyrouth en décembre 2015 nous l’avait confirmé : les Russes pensaient obtenir rapidement d’importants succès, ils n’y sont pas parvenus. Face à ces difficultés imprévues, à l’incapacité de l’armée syrienne à profiter de leur couverture aérienne et sans aucun état d’âme, ils ont décidé d’une escalade avec l’usage de bombardements massifs sans souci du sort des populations civiles. Dès fin décembre, la situation s’inversait et l’armée syrienne, réorganisée par eux, avançait vers Alep1.

Le bilan humain de cette campagne a été désastreux, toutefois les Russes ont obtenu les résultats qu’ils espéraient. Ils se sont imposés aux États-Unis comme des interlocuteurs incontournables dans la crise, surpassant le rôle des Iraniens. Ils ont consolidé le régime syrien et lui ont permis de se retrouver en meilleure posture dans les négociations à venir. Ils ont expérimenté leurs armes les plus modernes ; entre autres, leurs chasseurs Su-35S, leurs chars T-90 et les missiles balistiques tirés de la mer Noire. Et le coût de cette campagne reste relativement limité — environ 3 milliards de dollars prévus pour l’année 2016 sur un budget militaire de 44 milliards2. La Russie a aussi pu installer une base militaire moderne à Lattaquié, sa première base permanente dans la région depuis la fin de son alliance avec l’Égypte3. Elle a enfin imposé à Damas de prendre en main la réorganisation de l’armée régulière, dont elle pense qu’elle doit être préservée à tout prix et fournir peut-être demain la colonne vertébrale de l’État syrien unitaire. On insiste ici sur le fait que toute solution politique devra éviter les mesures prises par Washington en Irak après 2003 : dissolution de l’armée et du parti Baas. « Et les Américains cette fois-ci sont d’accord avec nous », ajoute Bogdanov.

LES « MAUVAIS COUPS » DES DIRIGEANTS DE DAMAS

À ce stade deux interprétations peuvent être faites du cessez-le-feu : de la poudre aux yeux pour tromper les Occidentaux et permettre d’autres avancées vers la reconquête de toute la Syrie par Bachar Al-Assad ; ou l’expression de la volonté russe d’aller vers un véritable accord politique, qui suppose un compromis.

Lors d’une conférence organisée par le centre Valdai à Moscou les 26 et 27 février, qui a regroupé de nombreux spécialistes russes et étrangers du Proche-Orient, on a pu entendre différents points de vue, y compris russes. Un ancien ambassadeur a ainsi dressé un portrait flatteur du président syrien, affirmant qu’il serait facilement réélu et qu’il dirigerait le pays à l’avenir. Cela ne semble pourtant pas refléter la position officielle, beaucoup plus « prudente ». Un officiel nous a fait part de sa crainte de « tricks »(mauvais coups) du gouvernement de Damas. Un incident récent illustre un climat parfois tendu entre les deux alliés. À la suite d’une déclaration d’Assad affirmant que son objectif était la reconquête de tout le territoire, Vitaly Churkin, représentant la Russie à l’ONU a riposté, le 18 février : « Nous avons investi très sérieusement dans cette crise, politiquement, diplomatiquement et aussi militairement. Nous voudrions donc que le président Assad prenne cela en compte. » Et le 24 février, la porte-parole du ministère des affaires étrangères russe Maria Zakharova déclarait, suite à l’annonce par les autorités syriennes d’élections législatives le 13 avril, que Moscou insistait pour qu’il y ait un processus politique débouchant sur une nouvelle Constitution et ensuite des élections.

C’est que le triomphalisme n’est pas à l’ordre du jour à Moscou. Certes, l’armée syrienne a remporté des succès, mais au prix de destructions massives. À supposer même qu’elle reconquière tout le pays — ce qui est peu probable, les Russes refusant un enlisement —, qui paierait la reconstruction, évaluée à plusieurs centaines de milliards de dollars ? La Russie, en pleine crise économique due à la chute des cours du pétrole, en serait bien incapable. Pourrait-elle réussir en Syrie alors que les États-Unis ont échoué en Irak ? Dès le 1er octobre, dans sa déclaration devant le gouvernement pour expliquer son engagement en Syrie, Poutine insistait : « Nous n’avons aucune intention de nous impliquer profondément dans le conflit. (…) Nous continuerons notre soutien pour un temps limité et tant que l’armée syrienne poursuivra ses offensives antiterroristes. »

D’autre part, Moscou ne veut pas couper les ponts avec Washington ni avec l’Union européenne (les sanctions adoptées au lendemain de la crise ukrainienne pèsent très lourd). Elle sait aussi qu’elle s’est isolée des grands pays du Golfe, notamment de l’Arabie saoudite dont elle a condamné l’intervention au Yémen et avec laquelle elle cherche à maintenir un dialogue — notamment, mais pas seulement, pour stabiliser le prix du pétrole. Régulièrement annoncé comme imminent, le voyage du roi Salman à Moscou est sans cesse reporté, de même que la signature d’un achat d’armes russes.

MÉFIANCE À L’ÉGARD DE TÉHÉRAN

Quant aux relations avec l’Iran [… ]

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Commentaire recommandé

DUGUESCLIN // 03.03.2016 à 03h18

Le président Poutine a dit qu’il combattrait les terroristes jusqu’au bout et il le fera.
Pour le moment il a toujours fait ce qu’il a dit.
Par contre les groupes armés, pseudo opposition, qui combattent au côté des terroristes seront mis dans le même panier.
De sorte que chacun devra se déclarer et il deviendra plus facile de faire le tri et de connaître les positions de chacun sur le terrain de même que leur position politique vis à vis du gouvernement syrien. Donc de rendre plus efficace la lutte contre daech.
Il est impossible que la Russie accepte une partition de la Syrie, pas plus que celle de l’Ukraine, qui ressemblerait à une Corée du Sud contre une Corée du nord. Ou à Taiwan contre la Chine.
La Russie est en position de force et se met dans le camp de ceux qui veulent un règlement politique, apparaissant dans le camp de la paix, sans lâcher le combat contre daech.
Quand aux sanctions elles sont lourdes pour tous les européens.

38 réactions et commentaires

  • vincent // 03.03.2016 à 01h20

    C’est compliquer tout ceci, l’occident semble en passe de l’emporter, quelque coup fourré durant les négociation, un petit incident et c’est repartie, la russie est Affaiblie, Poutine désavoué, les USA encore une fois victorieux, et les peuples encore une fois grand perdant de toutes ces folies.

    Après je ne vois pas pourquoi on reproche à la Syrie de vouloir reprendre son territoire, cela devrait être une clause non négociable, la Charte de l’Atlantique ne stipule t’elle pas que les nations s’engagent uniquement pour reprendre les territoires occupés,restaurer leur souveraineté légitime, et ne prétendent pas à quelconque expansion? Pourquoi cela serait différent aujourd’hui? Les Islamiste d’aujourd’hui sont les nazis d’hier. Quand aux bombardements, oui c’est atroce y a des morts, m’enfin je rappel qu’en France y a des Ville comme Caen, Lorient, qui ont été complètement rasé, et Monté Cassino en Italie peut aussi témoigner de la violence des bombardements, c’est le prix de la guerre moderne hélas, mais on ne pourra jamais gagner de telles conflits sans y mettre les moyens.

    Je rappel aussi que les premiers concernés restent et demeure les Syriens, or j’ai pas le sentiment que leur point de vue soit bien relayé dans cet article, on nous dit qu’ils veulent une complète victoire, reprendre leur territoire, c’est légitime non? Pourquoi cela apparaît comme un problème?

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    • Fallouh // 03.03.2016 à 07h27

      « USA encore victorieux » ?pas d’accord !
      FMI peut être oui malheureusement pour un pays qui était peu ou pas endetté avant la guerre!
      Bien sûr reprendre tout le territoire Syrien à l’EI,et à Al-Nosra ,n’est pas un problème,au contraire c’est légitime!
      Effectivement ceux qui ont pays le prix cher,ce sont les Syriens ,morts blessés ,déplacés,migrants,perte vertigineuse dans leur niveau et qualité de vie,n’oublions pas l’embargo imposé…
      c’est à eux de décider de leur sort !!!

        +19

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      • vincent // 03.03.2016 à 10h54

        Je reprend ce qui a été dit plus bas, si ils sont victorieux à partir du moment où le FMI se fait garant de financer la reconstruction, ils sont aussi victorieux par la notion d’anti état, soulever par Renaud 2.

        Renaud 2 :“deep state” hein pas du peuple évidemment) quand ils ne parviennent pas à obtenir ce qu’ils veulent, c’est-à-dire vassaliser un Etat, est de créer un “anti-Etat” à ses portes. Il en va ainsi des exemples donnés par Duguesclin : l’Ukraine est l’anti-Russie, Taïwan est l’anti-Chine, le Pakistan est l’anti-Inde (en remontant un peu dans le passé), etc…
        Voilà pourquoi toutes les missions que l’on considère comme des échecs : Afghanistan, Irak, Lybie, sont en fait des succès car le but est de détruire l’Etat et non d’apporter un soutien à la population »

        Et la solution, une de celle proposer par Kadhafi serait des banques mondiales alternative, une pour chaque continent, dédiée à la reconstruction; FM africain, FM Asiatique, FM Européen; Il y aurait beaucoup moins de dépendance, et plus de confiance je crois.

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      • Chris // 03.03.2016 à 10h58

        Ce que les Pentagone et CIA n’ont pas pu, le FMI le réussira en mettant la Syrie en esclavage économique sur la dette souveraine. Donc, les USA sont gagnants sur tous les tableaux, comme d’hab.
        Assad a déjà dit qu’il ne permettrait aux pays qui ont mené la guerre contre la Syrie de « contribuer » à sa construction. Mais le pourra-t-il ?

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    • Vadim de Chevreuse // 03.03.2016 à 11h25

      La reprise immédiate de tout le territoire par Assad aurait pu constituer une clause non-négociable, si la chose dépendait de Bachar seul et s’ il pouvait en assurer l’accomplissement par ses propres moyens. A partir du moment où ce sont les russes qui assurent la viabilité et la progression de cette armée, ce sont les conditions raisonnables qu’ils imposent qui deviennent « clauses non-négociables ». Et leur intérêt est aussi, tout en progressant sur le terrain, de se diriger vets une trêve, de rester dans le champ du droit international, de contraindre l’ONU à soutenir les principales décisions prises, de ne pas se voir accrocher au le cul les casseroles de crimes contre l’humanité. Il est parfaitement normal que, dans ce contexte, il leur arive de réfréner les pétulences de Bachar qui se sent pousser les ailes. Les russes fonctionnent à un niveau de prudence et de prévoyance qui n’est pas celui de Bachar, bien qu’il faut lui rendre son dû pour son sang froid et sa constance.

        +9

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    • Vadim de Chevreuse // 03.03.2016 à 11h27

      Je ne comprends pas votre analyse désabusée – péssimiste « que de toute manière l’occident est en passe de l’emporter ». Pour le moment c’est le contraire qu’on observe sur le terrain: les US jouent le jeu comme jamais jusqu’à présent, et semblent même tenir la Turquie en laisse. La voix de la France, cette furie sans vergogne, qui a toujours mis de l’huile sur le feu dans cette guerre, n’est plus du tout audible. A force de ne rien pouvoir faire en Syrie, elle semble s’ intéresser davantage à la Lybie. Oui, il y a toujours un grand risque de « coups fourrés », comme vous dites. Mais que proposez-vous? Laisser son péssimisme l’emporter, ne rien faire et laisser l’occident de gagner cette guerre? Poutine s’ est toujours battu jusqu’au bout.

      Eh oui, « c’est compliquer ».

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  • Spectre // 03.03.2016 à 02h54

    À supposer même qu’elle reconquière tout le pays (…), qui paierait la reconstruction, évaluée à plusieurs centaines de milliards de dollars ?

    Le pays devra s’endetter, et nul doute qu’il se trouvera de généreux “bienfaiteurs” pour fluidifier la future transition avec un “plan Marshall” … Ce n’est pas pour rien si guerre rime avec affaires.

    En tout cas, vu comment ce merdier est parti, on en a encore pour une bonne décennie. La question de l’après sera tout aussi brûlante que les évènements actuels ; dans un conflit avec autant de parties prenantes, tout le monde réclamera sa part du gâteau à l’arrivée. Sans compter que le “camp du Bien” voudra envoyer Assad à la CPI.

    Quant au plan B de Kerry dont parle l’auteur à la fin de l’article, ne serait-ce pas plutôt le plan original… à savoir la partition de la Syrie ?

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  • DUGUESCLIN // 03.03.2016 à 03h18

    Le président Poutine a dit qu’il combattrait les terroristes jusqu’au bout et il le fera.
    Pour le moment il a toujours fait ce qu’il a dit.
    Par contre les groupes armés, pseudo opposition, qui combattent au côté des terroristes seront mis dans le même panier.
    De sorte que chacun devra se déclarer et il deviendra plus facile de faire le tri et de connaître les positions de chacun sur le terrain de même que leur position politique vis à vis du gouvernement syrien. Donc de rendre plus efficace la lutte contre daech.
    Il est impossible que la Russie accepte une partition de la Syrie, pas plus que celle de l’Ukraine, qui ressemblerait à une Corée du Sud contre une Corée du nord. Ou à Taiwan contre la Chine.
    La Russie est en position de force et se met dans le camp de ceux qui veulent un règlement politique, apparaissant dans le camp de la paix, sans lâcher le combat contre daech.
    Quand aux sanctions elles sont lourdes pour tous les européens.

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    • Renaud 2 // 03.03.2016 à 08h55

      Dans un de ses billets (je ne sais plus lequel) Dmitry Orlov explique que la tactique des US (du « deep state » hein pas du peuple évidemment) quand ils ne parviennent pas à obtenir ce qu’ils veulent, c’est-à-dire vassaliser un Etat, est de créer un « anti-Etat » à ses portes. Il en va ainsi des exemples donnés par Duguesclin : l’Ukraine est l’anti-Russie, Taïwan est l’anti-Chine, le Pakistan est l’anti-Inde (en remontant un peu dans le passé), etc…
      Voilà pourquoi toutes les missions que l’on considère comme des échecs : Afghanistan, Irak, Lybie, sont en fait des succès car le but est de détruire l’Etat et non d’apporter un soutien à la population. Je crois d’ailleurs que c’est le titre de l’article : Defeat is victory, comme quatrième « statement » inspiré de 1984 d’Orwell : War is peace, Freedom is slavery, Ignorance is strength.
      Désolé pour les anglicismes, l’article a été traduit sinon.

        +25

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  • DUGUESCLIN // 03.03.2016 à 03h43

    La diplomatie russe est toujours d’accepter les négociations qui vont dans le sens des prétentions des atlantistes pour en faire ressortir la duplicité et les piéger à leur propre jeu. Voir les accords de Minsk.
    Tout laisse penser que la Syrie sera libérée et rendue aux syriens qui décideront eux-mêmes de leur sort, ce qui est le but rechercher par l’Iran, l’Irak et la Russie qui préfèrent une Syrie souveraine qu’une Syrie soumise aux atlantistes menaçant leur propre intégrité. De ce fait ils sont alliés pour longtemps.
    Quand à la reconstruction, dans un pays pacifié et stable les investisseurs ne manqueront pas.
    Je pense qu’il faut nuancer l’analyse d’Alain Gresh.
    A suivre donc.

      +32

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  • DUGUESCLIN // 03.03.2016 à 04h04

    Dire que la Russie ne veut pas couper les ponts avec l’UE et les Etats-unis est une évidence, la diplomatie russe n’a jamais cessé de tendre la main, elle parle de partenaires et non d’ennemis.
    La diplomatie russe se fait sur le long terme et s’inscrit dans l’histoire qui est faites de revirements.
    On commence à l’observer. Mais l’objectif d’un monde multipolaire n’est pas du tout abandonné, au contraire. Les soutiens ne manquent pas dans le monde et gagnent en importance.
    Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage (La Fontaine). Je pense que cela s’applique à la diplomatie russe.

      +33

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  • Nerouiev // 03.03.2016 à 04h24

    Pour faire simple, cette guerre à pris ses origines dans le refus d’Assad du projet de gazoduc Qatar/Nabucco, lui préférant celui de l’Iran. Ce projet Qatari est bien sûr anti Russe pour les USA. Comment l’oublier dans une quelconque négociation favorable à la Russie, ce qui arriverait fatalement avec toute partition du pays qui se solderait par une victoire indirecte de la Turquie, dont Poutine ne veut certainement pas.
    S’il y a partition c’est avec les Kurdes avec entente avec le projet iranien pour le gaz. N’oublions pas non plus les secheresses à répétition et le besoin de céréales. Le coût de la reconstruction peut en partie venir de l’énergie et de son droit de passage.

      +24

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    • Niya // 03.03.2016 à 06h13

      Le retour au statu quo antérieur serait trop hasardeux ?
      Un état fédéral est une des pistes évoquées par les russes.

      http://www.lorientlejour.com/article/973272/la-partition-de-la-syrie-selon-moscou-gage-aux-kurdes-ou-pression-contre-les-turcs-.html

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      • DUGUESCLIN // 03.03.2016 à 07h14

        Effectivement un état fédéral serait une solution possible, comme les russes le proposait en Ukraine. Ce qui donnerait aux kurdes une forme de reconnaissance tout en sauvant l’unité du pays.
        La Turquie fera, si c’est le cas, tout pour faire échouer ce plan.
        Mais la partition, non, ni la Syrie ni la Russie n’accepteront. Ce serait contraire au but rechercher et illogique après tout ces efforts. Je ne crois pas qu’il y ait de « deal » possible dans ce sens.

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    • Astrolabe // 03.03.2016 à 17h59

      à Neroueiv. Très juste et n’oublions pas non plus que le conflit en Irak a déplacé en Syrie plus d’un millions de migrants fuyant la guerre. Je ne connais pas le chiffre exact, mais c’est beaucoup pour ce pays. D’autant plus que les immigrés d’Irak n’étaient certainement pas neutres religieusement et politiquement.

        +2

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  • Pierre Van Grunderbeek // 03.03.2016 à 06h23

    J’ai beaucoup de respect pour Alain Gresh et notamment pour sa compétence et son honnêteté dans ses analyses sur le Moyen-Orient. Je crois cependant qu’il n’est pas un spécialiste en géopolitique et que comme presque tous les journalistes français, il n’a pas encore pris conscience que la diplomatie russe a évolué en même temps que la modernisation de son armée.
    Ce n’est pas parce que la Russie ne veut pas humilier les Occidentaux qu’elle va faire des compromis qui sont contraires à son but affiché qui est d’éliminer les islamistes radicaux qui pourraient venir un jour déstabiliser le Nord-Caucase.
    Personnellement, je ne perçois aucune fébrilité à Moscou. Les Russes temporisent pour donner du temps à chacun de se positionner par rapport au cessez-le-feu mais ils ne resteront pas passifs si les négociations de Genève piétinent.

      +39

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    • grog // 03.03.2016 à 22h53

      Bonsoir, je partage votre avis lorsque vous dites qu’ Alain Gresh « n’a pas encore pris conscience que la diplomatie russe a évolué » – j’en veux pour preuve ce lapsus révélateur prononcé à plusieurs reprises il y a quelques semaines lors d’une conférence à l’Institut français d’Erbil, au Kurdistan d’Irak : « URSS » pour désigner la Russie de Poutine !

      Cette conférence s’intitulait « 100 ans après Sykes-Picot  » mais Gresh a un peu déçu l’auditoire kurde en disant que l’idée d’Etat nation était dépassée et dangereuse !

      Pour un compte rendu de cette conférence, c’est par ici :

      http://leblogdegrog.blogspot.com/2016/02/faut-il-changer-les-frontieres-de-lirak.html

        +4

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  • Charles Michael // 03.03.2016 à 06h53

    Dans cet article le titre est le message: la Russie calcule, donc.

    se serait plutot rassurant qu’une grande puissance calcule (réfléchisse, planifie, envisage les résultats ) mais là c’est pas bien.
    quelques affirmations sur les lourdes pertes civiles, la genèse de cette boucherie, malgré un ton relativement modéré et dans une grande mesure un souci d’information de qualité, cet article est bien biaisé.
    subtilement, mais biaisé il est
    et c’est le drame typiquement d’une gauche intellectuelle, complétement déboussolée, si totalement perdue qu’elle approuve in finae les visées néo-coloniales.

    Alain Gresh, je connaissais ce nom, j’ai été faire un tour sur wikipedia:
    https://fr.wikipedia.org/wiki/Alain_Gresh

    ce ni chèvre ni chou me rappela donc pourquoi je ne lis plus le Monde (trop) Diplomatique

      +35

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    • Kaemo // 03.03.2016 à 11h21

      Pour une fois qu’un article ne crache pas sur la politique de la Russie et louerai presque l’action de Poutine, je te trouve médisant.

      Je vais me faire l’avocat du diable.

      Tu reproches à l’auteur de biaiser l’article tout en faisant remarquer que l’article essaie d’être factuel et modéré. Je te mets au défi d’écrire un article complétement neutre : ton vécu, tes racines, ta formation transparaîtront systématiquement. Tu le reconnais toi même, ici, le biais est plutôt faible.

      Tu reproche à l’auteur d’être ni chèvre ni chou; je le traduis par
      – d’une part ne pas être expert dans le domaine. Mais en même temps, on critique systématiquement les experts quand ils interviennent (à tord ou plus souvent à raison).
      – d’autre part de ne pas avoir un avis engagé sur la question. Et là, je ne suis pas persuadé que ce soit l’objectif premier d’un journaliste. C’est plutôt de retransmettre les faits / événements en apportant une explication / un regard critique tout en restant le plus neutre possible.

      « Dans cet article le titre est le message: la Russie calcule, donc. ». Dire une banalité n’a pas forcement valeur de critique. Certains moutons et chèvres de lecteurs pourraient enfin comprendre qu’en fait, les russes sont pas tous des ânes.

      Pourquoi voir systématiquement le mal partout et dénigrer l’ensemble de la presse? (Oui, ce blog est rempli de contrexemples…).

        +4

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    • Astrolabe // 03.03.2016 à 18h12

      à Charles Michael. J’allais le dire !!! Je ne lis plus le monde diplo dont je me suis désabonné après plusieurs années de lecture fidèle. Depuis le début du conflit avec l’Ukraine, je vois ressortir tous les vieux antagonismes trotzkistes et le Poutine-Russie- bashing est devenu systématique. Pour ce qui concerne la Russie et Poutine, les « experts » du monde diplo sont très souvent d’une mauvaise foi qui rejoint les grandes lignes de la Propaganda Staffel à laquelle je reviens toujours car elle est l’exemple même de la calomnie et du harcèlement politique impunis auxquels personne ne se livrerait à l’encontre des US. Raison: vous êtes fichés et vous ne pouvez plus voyager comme vous voulez. Curieusement, mise à part sa liste noire,en réponse à celle du BAO, la Russie continue à délivrer des visas même à ceux qui crachent régulièrement dans la soupe.

        +11

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  • Milsabor // 03.03.2016 à 08h21

    Le plan B de Kerry pourrait bien être le pourrissement de la situation en Syrie comme en Ukraine. Gagner du temps permettrait de relancer l’économie américaine par le réarmement massif de l’OTAN financé par l’UE. Cela contraindrait la Russie à financer un effort d’armement symétrique qui l’amènerait à la faillite comme l’avait fait Reagan avec son bouclier anti-missiles. La stratégie du pourrissement n’affecte que peu l’image des USA dans la guerre de communication, tandis que les dommages collatéraux des bombardements sur les populations civiles nuisent le plus à la Russie. Enfin le temps ne peut qu’aggraver les divergences au sein de la coalition Russie-Syrie-Iran-Hezbollah comme le montre cet article.

      +8

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    • Charles Michael // 03.03.2016 à 09h16

      Milsabor,

      Ben non justement,

      la situation militaire n’est justement pas en train de pourrir, et cette suspension des hostilités (pas donc un cessez le feu) n’empêche pas la progression des force R+6 et des Kurdes sur tous les fronts. Les frappes aériennes restent autorisées sur ISIL et AlNostra.
      questions bombardements sur les civils, vous êtes tombé dans le sempiternel panneau de la propagande MSM: à ce jour ces accusations reposent sur des suppositions.

      Dans les derniers jours beaucoup de petits groupes autour de Damas ont signé l’accord Russo-US et 2.500 ont dépossé les armes profitant de la proposition d’amnistie.

      La Turquie d’Erdogan bave mais l’Otan clairement s’est désolidarisée (du coup pour compenser Breedlove agite ses bottes en Europe menacée d’invasion ?!?). Les Saouds, bons à rien militaires continuent à faire des bruits mais aucune action n’est prévue.

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    • Furax // 03.03.2016 à 13h51

      L’UE ne va financer aucun réarmement. Les budgets défense de la quasi-totalité des pays européens ont entamé l’os. Et en plus de nombreux pays européens sont tombés dans l’arnaque du siècle, j’ai nommé le programme du F35 qui ne vole que dans les films hollywoodiens de science-fiction, et qui va complètement siphonner les capacités de financement de leur défense.

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  • lievin // 03.03.2016 à 08h31

    pardon (suite)
    « la » cause, je devrai dire les causes qui font que l’occident européen (la France en particulier !) n’a pas ou plus de vision « claire de la situation du monde…
    en premier je dirai : sa mise sous tutelle outre atlantique fausse les esprits sauf les esprits sains et clairvoyants

    Tout un système « mort vivant cérébralement » sous perfusion.

    qui y retrouverait ses petits ?

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    • Deres // 03.03.2016 à 10h26

      Je pense que la mise sous tutelle atlantique est très exagéré. Sur sa politique au moyen-orient, je pense que l’influence des pays du Golfe, principalement par les biais financiers, souvent directement via notre nomenklatura est beaucoup plus importante. Les USA sont très importants dans nos décisions mais surtout car nous sommes fortement dépendant de leurs choix et de leurs soutien s militaire et diplomatique. Il ne dictent pas notre stratégie de politique étrangère mais limitent nos possibilités par leurs vétos ou leur absence de soutiens.

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      • Charles Michael // 03.03.2016 à 15h22

        Et à quoi sert donc l’Otan ? aujourd’hui dans l’après Guerre Froide et la dissolution de l’URSS ?

        En plus bien sur de vendre des armes US, dont des avions pré-achetés par la Hollande, l’Allemagne, L’UK, l’Italie comme le F35 (f comme Flop), l’Otan et ses hystériques a poussé à l’élargissement à l’Est de l’UE, jusqu’en Ukraine.
        le Grand Jeu US est surtout d’éviter que la géographie et le poids des ressources énergétiques ne rapprochent le bloc UE-Otan de l’Eurasie.
        Le Tafta achévera la soumission.

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  • Nerouev // 03.03.2016 à 09h37

    N’empêche qu’après avoir bien désagrégé daesh, et en ayant exhibé son arsenal, montrer enfin maintenant à la population le plaisir de la paix, c’est tout de même un joli coup dans son ensemble. Et surtout sans perdre les objectifs initiaux en conservant l’unité de la Syrie avec ou sans fédéralisation, et un pied de nez à la Turquie qui ne s’est toujours pas excusée.

      +13

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  • Asian // 03.03.2016 à 09h38

    Je ne sais pas si ce sont des calculs ou autre chose mais il suffit de regarder ce qui se passe sur le terrain pour juger des actions des uns et des autres. Quelqu’un va crier à la propagande russe mais je dirais que c’est une vision russe des choses et si on veut être objectifs, on ne peut pas la négliger. Voici des officiers russes du groupe de coordination qui assistent à la signature des accords de paix dans plusieurs villages dans les provinces de Hamas, Homs, Damas.
    http://www.vesti.ru/doc.html?id=2727001#/video/https%3A%2F%2Fplayer.vgtrk.com%2Fiframe%2Fvideo%2Fid%2F1489272%2Fstart_zoom%2Ftrue%2FshowZoomBtn%2Ffalse%2Fsid%2Fvesti%2FisPlay%2Ftrue%2F%3Facc_video_id%3D672615

      +7

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    • Asian // 03.03.2016 à 10h01

      Pour ceux qui ne comprennent pas la langue de Tolstoï 😉 l’officier russe explique que l’accord de paix engage les opposants armés à ne pas lutter contre l’armée régulière, à coopérer avec Damas dans le processus de paix, à laisser les autorités officielles syriennes revenir dans les villages. Il s’agit des dizaines de petits villages qui se joignent à l’accord et selon l’officier le travail est très compliqué et minutieux. La journaliste italienne témoigne des résultats positifs sur le terrain. On peut voir une distribution de l’aide humanitaire et l’intervention des médecins militaires russes auprès des enfants.

        +14

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      • Asian // 03.03.2016 à 10h49

        Un point important à ajouter, l’officier a précisé que le plus compliqué c’était d’entrer en contact avec les différents groupes d’opposition et les difficultés sont liées également aux spécificités ethniques et religieuses de différents acteurs. Cela me rappelle le sketch des inconnus sur le Moyen Orient (calvinistes sunnites modérés 🙂 etc) En tout cas la Russie se montre patiente car elle-meme a plus de 150 ethnies…

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  • Deres // 03.03.2016 à 10h22

    Ce qui est très intéressant avec les points de vue russes est qu’ils sont souvent très nuancés. On est très loin du discours occidental habituel toujours très manichéens, à base de gentils angéliques et de méchants ignobles, d’ennemis mortels et d’alliés indéfectibles. Les relations complexes et les intérêts divergents sont acceptés comme des faits et utilisés pour avancer. Il est quand même étonnant de voir que la langue de bois et le mensonge institutionnel n’est pas du tout là où on l’attend le plus … Mais cela est peut être aussi un des effets de la propagande que nous subissons en interne ! Peut être que notre liberté est plus grande en France, mais uniquement au sein de notre cage alors que dans certains autres pays, il y a plus d’interdit mais pas de cage …

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    • Astrolabe // 03.03.2016 à 18h28

      A Deres. Tout à fait. Et il suffit de regarder les émissions russes (talk-shows notamment) pour voir que le débat est très animé et que les questions de lUkraine et de la Syrie sont violemment débattues entre politiques, journalistes et spécialistes avec des visions très développées. Ce n’est absolument pas le cas en France. Sans parler du Mali, de la Centrafrique, de la Lybie, de l’avion algérien, etc, sujets sur lesquels le silence radio est total: secret défense !!!!!! Silence dans les rangs.
      Mais Alain Gresh ne dira pas ça. Il préfère lancer des affirmations sans citer ses sources: je suppose que le « désastre humanitaire » (certainement pas totalement faux) lui vient de la célèbre ONG-bidon OSDH ou des américains dont on attend toujours les fameuses preuves sur le MH17 ou la présence militaire russe massive en Novorossia, et maintenant les terribles dégâts humanitaires en Syrie: nous voulons des preuves tangibles, sinon c’est calomnie et compagnie.

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      • Wilmotte Karim // 04.03.2016 à 00h03

        « Mais Alain Gresh ne dira pas ça. Il préfère lancer des affirmations sans citer ses sources: je suppose que le “désastre humanitaire” (certainement pas totalement faux) lui vient de la célèbre ONG-bidon OSDH  »

        Ou de ses contacts sur place?

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  • Alae // 03.03.2016 à 11h37

    Article symptomatique de l’argumentation sinueuse d’une certaine gauche libérale russophobe, qui m’a instantanément remis en mémoire la raison pour laquelle je n’ai pas acheté plus d’un exemplaire du Monde Diplo. C’est du Jorion ou du Mediapart en version délavée.
    La plupart des données présentées comme factuelles relèvent des habituelles accusations des officines occidentales : les Russes, qui « n’ont pas remporté d’importants succès » (juste de quoi obliger les Américains à la négociation, une première), ont « massivement bombardé des civils », « le bilan humain de cette campagne a été désastreux » (il le sait comment ? L’Occident et l’Observatoire Syrien des droits de l’homme, organisme composé d’un seul homme basé en Angleterre et financé par l’UE, l’affirment sans preuves ; les Russes le nient), « La Russie a aussi pu installer une base militaire moderne à Lattaquié, sa première base permanente dans la région » (non. Ils avaient Tartous), « isolation des « grands pays du Golfe » (en quoi ne pas être copain avec les Saoud serait-il un problème ?), « sanctions qui pèsent très lourd » (mais pas sur l’UE ?), « enlisement des Russes » (quel enlisement ?), etc. J’arrête là, mais sous ses apparences benoîtes de neutralité, il court un sacré tropisme UE-Arabie Saoudite dans tout cet article.

      +33

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  • Reality // 03.03.2016 à 15h37

    Je rejoins DUGUESCLIN dans son analyse.
    Poutine est légaliste, europhile et nationaliste.
    Dans cet imbroglio, la grande perdante reste la Turquie. Erdogan est acculé : soit il laisse faire au risque de voir les kurdes s’émanciper, soit il agit (mais comment ?) en sournois pour trouver des justifications à l’action. Sa position reste très délicate ; si quelque chose bouge, cela viendra du coté d’Ankara. Poutine effectue ici un coup d’échec et a tout intérêt à laisser le coup venir.
    Quant à l’Arabie Saoudite, elle voudrait bien jouer au grand, mais en a-t-elle les moyens politiques (déjà scotchée au Yémen) et la crédibilité suffisante pour engager au Moyen Orient ?
    Concernant l’Europe, Poutine conscient qu’une part importante de l’opinion de l’Europe de l’ouest a son soutien endosse le rôle de « sauveur » en tentant de contenir la pression migratoire. Pour l’Europe de l’est, cela est plus nuancé. Entre une Pologne toujours en quête de son démon Russe (et du coup pro-atlantiste), une Hongrie conquise, une Tchéquie attentiste, le jeu est pluriel.
    Concernant les USA, en gestation électorale, ils endossent le rôle du nouveau « sage », confirmant une volonté politique de désengagement vis à vis du Proche Orient. Mais à lire les déclarations tantôt apaisantes, tantôt provocantes, Poutine sait que les States n’hésiteront pas à saper sa crédibilité (voir pire) pour l’affaiblir.
    Assad devra bien se faire au « wait and see » de Vladimir.

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  • David D // 03.03.2016 à 16h56

    Le cessez-le-feu me semble gagnant pour les russes : ralentissement d’attaques sur des régions qu’on peut s’aliéner à force et ralentissement du bain de sang, possibiité soi-même de souffler et de réévaluer un nombre de variables important voire de le réduire, possibilité de distinguer les opposants qui acceptent la trêve et ceux qui rejoignent Al-Nosra, Daesh, possibilité de frapper exclusivement les terroristes déclarés, possibilité aussi d’observer les flux migratoires civils et de considérer leur redistribution jusqu’à apaisement des tensions car il faudra bien une région sunnite, une région ceci, une région cela et une région kurde. Il y a des tensions à digérer. Autre point : Poutine fait comprendre à Assad que même s’il le soutient il faut tenir compte de ceux qui l’aident, les russes puis les iraniens et les kurdes. Idée d’une région kurde au sein de la Syrie. Contrôle pris sur les envies guerrières de l’Otan, de la Turquie et de l’Arabie Saoudite. Et enfin, avec les kurdes et l’état syrien, progrès des valeurs dans les populations, notamment bédouines où avec le travail des femmes les idées progressistes ont de quoi faire évoluer rapidement les choses.

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  • Pampita // 04.03.2016 à 01h12

    J’ai connu Alain Gresh mieux inspiré..Il antidate des déclarations (président iranien le 25 septembre alors qu’il dira le contraire quelques semaines plus tard), exagère des différends franchement mineurs. La réalité est que le 4+1 (Russie, Ira, Irak, Syrie + Hezbollah) a totalement retourné la situation en quelques mois. Le cessez-le-feu coupera l’herbe sous le pied des Occidentaux en les forçant à distinguer nettement les djihadistes des « rebelles modérés » :
    http://www.chroniquesdugrandjeu.com/2016/02/treve-syrienne-les-russes-en-force-les-turcs-sous-pression.html

    Quant aux Saoudiens, ils ne se rallient à rien du tout puisqu’ils tentent d’ouvrir un second front au Liban nord pour attaquer Lattaquié !

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