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19.décembre.202219.12.2022 // Les Crises

Ministre ukrainien négationniste du massacre de Polonais pendant la 2e GM : Varsovie s’indigne d’une telle nomination

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Des personnalités du gouvernement polonais ont condamné comme « inacceptable » la décision de l’Ukraine de nommer un ministre qui a récemment nié que le leader nationaliste Stepan Bandera était responsable du massacre de Polonais de souche et de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale et a cherché à justifier sa collaboration avec l’Allemagne nazie.

Source : Notes From Poland, Peter Kononczuk
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

La semaine dernière, il a été annoncé qu’Andrij Melnyk, qui occupait jusqu’à récemment le poste d’ambassadeur d’Ukraine en Allemagne, serait nommé ministre adjoint des Affaires étrangères.

En juillet, Melnyk a provoqué l’indignation en Pologne lorsqu’il a déclaré que « Bandera n’était pas un meurtrier de masse de Juifs et de Polonais » et a soutenu que la persécution des Ukrainiens par les Polonais faisait apparaître la Pologne comme un ennemi au même titre que l’Allemagne nazie et l’Union soviétique.

Entre 1943 et 1945, l’organisation UPA de Bandera a mené une opération de nettoyage ethnique qui a entraîné la mort de près de 100 000 Polonais, ainsi que de Juifs et d’autres minorités ethniques. La plupart des Polonais considèrent ces massacres comme un génocide, et le Parlement les a reconnus comme tels. Mais l’Ukraine nie que ce soit le cas.

Melnyk a déclaré par la suite qu’il « regrettait » ses propos, tout en ajoutant que la plupart des Ukrainiens avaient une opinion positive de Bandera, rapporte le média Interia.

À l’époque, le ministère ukrainien des Affaires étrangères a pris ses distances par rapport aux remarques de Melnyk, affirmant qu’il s’agissait de « sa propre opinion et qu’elle ne reflétait pas la position du ministère des Affaires étrangères de l’Ukraine ». Peu après, il a été démis de ses fonctions d’ambassadeur à Berlin.

Cependant, la semaine dernière, il a été annoncé que Melnyk avait été nommé ministre adjoint.

Cette décision a suscité une réaction de colère de la part de Varsovie. C’est un « choix malheureux », a déclaré le vice-ministre de l’Intérieur Błażej Poboży.

« Il n’est pas possible d’accepter des politiciens qui introduisent le récit banderiste dans la sphère publique », a déclaré Andrzej Dera, un conseiller principal du président polonais Andrzej Duda, cité par le quotidien Dziennik Gazeta Polska.

« C’est un mauvais signal », a ajouté le vice-Premier ministre et ministre de la Défense Mariusz Błaszczak. « Je crois que, outre la personne concernée [Melnyk], une autre personne – le responsable du Kremlin – est heureuse de cette décision… Je suis donc surpris. »

La Russie a souvent cherché à attiser les tensions entre la Pologne et l’Ukraine en raison de leur histoire parfois trouble, notamment les massacres de Polonais de souche par des nationalistes ukrainiens pendant la guerre.

S’adressant à Wirtualna Polska, le vice-ministre polonais des Affaires étrangères, Paweł Jabłoński, a réitéré la position de son ministère selon laquelle les commentaires précédents de Melnyk étaient « inacceptables » et a exprimé l’espoir qu’il « change son approche de l’évaluation de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. »

Dans le même temps, Artur Dziambor, député du parti d’extrême droite polonais Confédération (Konfederacja), a déclaré au média Onet que « la nomination de cet homme est quelque chose que les Polonais peuvent considérer comme une gifle », surtout après que la Pologne « s’est avérée être la meilleure amie de l’Ukraine en Europe » depuis l’invasion russe.

La Pologne a accueilli plus de réfugiés ukrainiens que tout autre pays, tandis que le gouvernement polonais a été l’un des principaux soutiens de l’Ukraine dans le conflit, transférant plus d’équipements militaires à Kiev que n’importe quel pays autre que les États-Unis.

Ce mois-ci, dans un nouveau signe d’amélioration des relations, il a été annoncé que les autorités ukrainiennes avaient autorisé des spécialistes polonais à fouiller et exhumer les tombes de Polonais de souche tués par des nationalistes ukrainiens dans un village pendant la Seconde Guerre mondiale.

Crédit de l’image principale : Bundestagsfraktion Bündnis 90/Die Grünen/Wikimedia Commons (under CC BY 2.0)

Peter Kononczuk

Peter Kononczuk est rédacteur en chef de Notes from Poland. Il était auparavant journaliste pour l’Agence France-Presse (AFP) à Londres et à Varsovie.

Source : Notes From Poland, Peter Kononczuk, 23-11-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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13 réactions et commentaires

  • un citoyen // 19.12.2022 à 08h29

    « Melnyk a déclaré par la suite qu’il « regrettait » ses propos, tout en ajoutant que la plupart des Ukrainiens avaient une opinion positive de Bandera, rapporte le média Interia. »
    => « la plupart », c’est erroné. Si je prends par exemple les résultats des élections législatives en Ukraine en 2012, les meilleurs scores pour svoboda étaient de 30% à 35% (inférieur donc à 50% bien qu’inquiétant), concentrés dans certains oblasts autour de Lvov/Lviv, entre 5% et 10% dans ceux du centre et moins de 5% à l’Est et au sud (https://www.les-crises.fr/u37-du-snpu-a-svoboda/ -carte au milieu de la page-)
    Lors des élections législatives de 2019, c’est beaucoup moins : entre 5% et 10% pour les mêmes trois oblasts en Galicie et moins de 5% partout ailleurs ( https://fr.wikipedia.org/wiki/Svoboda_(parti_ukrainien) -carte en bas de la page- )

    Une coquille dans l’article : « La Pologne a accueilli plus de réfugiés ukrainiens que tout autre pays […] »
    Juste si c’est tout autre pays allié à l’Ukraine. C’est la Russie qui en a accueilli le plus. ( https://fr.statista.com/statistiques/1295718/nombre-refugies-guerre-ukraine-europe/ )

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  • Auguste Vannier // 19.12.2022 à 09h00

    Que peut-on attendre d’autre du sytème politique Ukrainien actuel?
    On ne peut pas oublier qu’il résulte en grande partie d’un coup d’état violent soutenu par les plans geopolitiques des USA.
    L’idéologie bandériste et sa réécriture de l’Histoire est largement assumée par les courants politiques qui dominent le gouvernement de ce pays par ailleurs « martyrisé » au nom de la volonté Atlantiste de ruiner la Russie.
    C’est l’Europe qui court à la ruine sur fond de violence et de destructions probablement irréversibles…Le négationisme quel qu’il soit n’y changera rien, comme le fait de le dénoncer formellement tout en favorisant sa diffusion en raison d’objectifs purement « politiciens ».

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  • Fox 23 // 19.12.2022 à 09h25

    La stature de « héros » de Bandera est tellement assimilée par le gouvernement ukrainien – et une bonne partie de la population de la moitié ouest du pays – qu’il semble même qu’une avenue de Kiev porte son nom.
    On a les héros qu’on mérite.

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    • Garibaldi2 // 20.12.2022 à 03h35

      Oui, la plus grande avenue de Kiev a été baptisée du nom de Stepan Bandera. Admirez comment ’20 minutes’ tente de relativiser ce scandale : https://www.20minutes.fr/monde/3244155-20220301-guerre-ukraine-artere-kiev-rebaptisee-nom-responsable-nazi-prudence
      Ce n’est pas anecdotique, ’20 minutes’ est plus lu que ‘Le Monde’ et il serait même  »la marque de presse d’info no 1 au quotidien » d’après Wikipedia : https://fr.wikipedia.org/wiki/20_Minutes_(France)

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      • chb // 26.12.2022 à 20h43

        En 2016, un grand boulevard de Kiev a été rebaptisé du nom de Bandera. Ce changement de nom est particulièrement obscène puisque la rue mène à Babyn Yar, le ravin où les nazis, aidés de collaborateurs ukrainiens, ont exterminé 33 771 Juifs en deux jours, dans l’un des plus grands massacres individuels de l’Holocauste. Le Centre Simon Wiesenthal et le Congrès juif mondial ont tous deux condamné cette initiative. (in 3w.legrandsoir.info/monuments-aux-collaborateurs-nazis-en-ukraine.html, qui inventorie les monuments érigés en Ukraine en honneur de leurs collaborateurs nazis )

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  • POPOV // 19.12.2022 à 09h31

    Le régime polonais commence à se réveiller….. Depuis 9 ans, l’occident encourage les néonazis ukrainiens, d’abord en les armant pour provoquer un putsch qui n’avait rien de démocratique, ensuite en les encourageant à chasser de l’ukrainien russophone, et maintenant en faire des héros, voire des martyres, à Marioupol, Lyssichank, Bakmut.
    La Pologne joue un double jeu dans la crise ukrainienne. Certains disent même qu’elle attend le moment opportun pour annexer les provinces de Lviv et Yvano Franco.
    L’affaire du missile ukrainien tiré sur le territoire polonais en vue d’accuser les russes avait laisser une certaine amertume dans ces deux États.
    Désormais, le sombre passé ukrainien commence à déranger certains membres du camp de la Vertu. Cette nouvelle brèche risque-t-elle de se transformer en nouveau front?

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  • Snjor // 19.12.2022 à 10h12

    Erreur dans l’article : le pays ayant accueilli le plus de réfugiés depuis février est la … Russie (la moitié des réfugiés d’après le HCR de l’ONU).

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    • moshedayan // 21.12.2022 à 11h00

      Ce que l’Occident sait officiellement – le régime soviétique a combattu les résidus de Banderistes armés dans les forêts et villages jusqu’en 1951 – les dates exactes des derniers combats sont en fait inconnues, pas claires même dans les archives du NKVD… banderistes aidés par des parachutages de l’OSS -…CIA … mais l’Occident ignore , même sous Staline, les autorités sovukrainiennes n’ont jamais décidé la déportation de 200 000 ukrainiens -familles comprises pour fait de collaborations-banderistes – alors que pour les Tatars de Crimée, les Tchétchènes ou Tcherkesses… bien moins de précautions… et qu’avec l’arrivée de Khrouchtchev, après 1953….amnistie pour près de 60 000 Ukrainiens « kollabos » et dès les années 1956….nombreux de ces anciens « nationalistes » anciens bandéristes se retrouvaient !! dans des organes de direction soviétique régionaux ! Le régime soviétique a ménagé les banderistes et l’Histoire des Ukrainiens -frères…. On voit le résultat maintenant…! Tout ça pour mieux digérer la Galicie « polonaise »… Que les Polonais se démerdent maintenant… ( ce n’est que maintenant que des archives du NKVD sur la question « ukrainienne » sont révélées, comme aussi les vengeances de Polonais sur les Ukrainiens aussi…

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  • Foxy // 19.12.2022 à 12h03

    Tiens, on nous aurait menti. On croyait que la dénazification de l’Ukraine n’était qu’une fake news de Poutine… Il y aurait donc un fond de vérité dans ses propos ?
    PS : second degré 😉

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  • Jeremia // 19.12.2022 à 12h39

    Encore une fois l’UE montre sa partialité. D’un côté elle vote en urgence et sans débat la qualification du holodomor comme génocide (une décision de circonstance, ça n’a échappé à personne), et de l’autre elle se tait quand des négationnistes de génocide sont élus à des postes influents.

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    • RGT // 19.12.2022 à 19h50

      Sauf que le fameux holodomor a été organisé non pas par un russe mais par un géorgien (Staline) et qu’il y a eu beaucoup plus de victimes de cette famine en Russie et dans d’autres républiques de l’ex-URSS qu’en Ukraine…

      Ceux qui chouinent le plus fort concernant ce massacre (en oubliant bien sûr l’origine du tortionnaire et le nombre de victimes russes) sont bien-sûr soit bandéristes soit pro anglo-OTAN (voire les deux).

      J’espère que les polonais commenceront à connecter les quelques neurones en leur possession et finiront par comprendre que les russes (qu’ils haïssent depuis 7 siècles car ils leur résistent) ne sont pas si méchants que ça à condition qu’on les respecte et qu’on ne vienne pas leur imposer quoi penser.

      Il haïssent les russes mais n’ont aucune haine contre les allemands et les ukrainiens (bandéristes) qui ont pourtant été largement pires à l’encontre des polonais…

      Pardon, contrairement aux russes, ces derniers sont dans le « camp du Bien ».

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  • pyrrhogaster // 22.12.2022 à 18h12

    Sans prendre position je voudrais rappeller quelques faits :
    Stepan Bandera a été arrêté par les allemands le 5 juillet 1941 à Cracovie et n’est plus jamais retourné en Ukraine. On appelle « bandéristes » , les membres de l’OUN-B une organisation de libération de l’Ukraine qu’il avait fondée et dirigée. Mais leurs horribles massacres ont été perpétrés à une époque où il ne les dirigeait plus.
    Il est certain que l’OUN a demandé l’aide des allemands nazis pour conquérir l’indépendance de l’Ukraine mais elle ne l’a pas obtenu car Hitler ne voulait pas d’une telle indépendance.
    Au total, selon wikipedia « la pratique d’une collaboration avec l’Allemagne nazie bien que proclamée dans la déclaration d’indépendance de l’Ukraine n’a jamais véritablement eu lieu ».

    Je voudrais aussi citer un passge du livre « Au nom de tous les miens » paru il y a 50 ans. C’est le récit stupéfiant de la vie d’un juif polonais qui a survécu à toute la guerre et en particulier au ghetto de Varsovie tout en participant à bien des combats. Il dénonce les ukrainiens comme les pires tortionnaires des juifs polonais.
    Les 40 ans qui vont de la révolution russe à la mort de Staline ont vu tellement d’atrocités et tellement de passion qu’il nous est très diffficile de juger…

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  • Garibaldi2 // 25.12.2022 à 03h59

    Au modérateur : pourquoi avoir supprimé mon post sur l’article très documenté du site forward.com ?

    https://forward.com/news/462916/nazi-collaborator-monuments-in-ukraine/?amp=1

    Le site  »forward.com » est d’obédience juive, il soutient Zelesnky, mais en ce qui concerne la complaisance dont bénéficient les néo nazis en Ukraine, forward.com la dénonce dans cet article très documenté avec photos à l’appui.

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