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L’industrie française de l’armement s’enrichit sur le dos des dictatures

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Les gouvernements autoritaires comme ceux d’Égypte et d’Arabie saoudite ont financé un boom de l’industrie de l’armement en France. Aujourd’hui, avec la guerre en Ukraine, elle cherche à réarmer l’Europe.

Source : Jacobin Mag, Harrison Stetler
Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

Le président français Emmanuel Macron et le président des Émirats arabes unis Sheikh Mohamed bin Zayed al-Nahyan discutent avec le PDG du groupe Dassault Aviation, Eric Trappier, lors d’un dîner d’État organisé au Grand Trianon du château de Versailles, près de Paris, le 18 juillet 2022. (Christophe Petit Tesson / Pool / AFP via Getty Images)

Tout bien considéré, 2021 a été une autre bonne année pour l’industrie de l’armement en France. Selon le rapport annuel au Parlement publié fin septembre par le ministère des Armées, les entreprises françaises ont vendu pour plus de 11,7 milliards d’euros d’armes et autres technologies liées à l’armée à des États étrangers.

Après une période d’accalmie due à la pandémie, l’année 2021 sera la troisième meilleure année de l’industrie de défense française en termes d’exportations, après 2015 et 2016, qui ont vu respectivement des ventes d’une valeur de 16,9 milliards d’euros et 13,9 milliards d’euros. La rupture par le gouvernement australien, en septembre 2021, de son contrat pour douze sous-marins avec le constructeur français Naval Group a suscité l’inquiétude à Paris quant à l’attrait de l’armement français, et des accusations pas très subtiles de trahison américaine. Le rapport de cette année devrait apporter une certaine consolation : le volume de 2021 confirme la position de la France au troisième rang des exportateurs mondiaux d’armes, derrière les États-Unis et la Russie.

L’Égypte, la Grèce, la Croatie, l’Arabie saoudite et l’Inde complètent la liste des principaux clients de la France. Dans un contexte de tensions maritimes et diplomatiques latentes entre la Grèce et la Turquie, les gouvernements français et grec ont signé un contrat pour la vente de trois frégates (de Naval Group) pour plus de 3 milliards d’euros en septembre 2021. Cette vente fait suite à l’achat par la Grèce, en janvier 2021, de dix-huit avions de combat Rafale neufs et d’occasion.

L’accord avec la Grèce et la vente de douze Rafale d’occasion de l’armée de l’Air française à la Croatie – couplée à une commande de remplacement à la société aéronautique française Dassault – s’inscrivent dans une démarche de la France visant à approfondir les liens militaro-commerciaux au sein de l’Union européenne (UE). Le rapport ministériel se vante de la part croissante des armes françaises qui vont vers les États européens, qui, en tant que part des exportations, est passée d’un peu plus de 10 % en 2012 à plus d’un tiers une décennie plus tard. Il s’agit d’un virage que les fournisseurs militaires français (et leurs relais au ministère de la Défense et au ministère des Affaires étrangères) sont impatients d’accélérer, dans l’espoir de se tailler une part de marché non négligeable dans les achats de l’UE, les États membres augmentant leurs budgets militaires dans le sillage de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

Mais le cœur de l’augmentation des exportations d’armes de la France reste ses partenariats avec des gouvernements non européens, et dans de nombreux cas, autoritaires. L’Égypte, premier client de la France en 2021 avec 4,5 milliards d’euros d’achats, a commandé trente chasseurs Rafale, la dernière opération en date dans le cadre de son partenariat militaire croissant avec le gouvernement français. À l’indignation des défenseurs des droits humains, en décembre 2020, le président autoritaire égyptien Abdel Fattah el-Sisi a été décoré de la Grand-Croix de la Légion d’honneur, l’ordre du mérite le plus élevé de France.

2022 promet d’être une année tout aussi lucrative pour les fournisseurs français. Et surtout pour le fabricant du Rafale, Dassault Aviation, homonyme d’une dynastie politique multigénérationnelle – et sixième fortune familiale de France – dont le dernier rejeton, Victor Habert-Dassault, a remporté le siège de son défunt oncle Olivier Dassault au parlement lors d’une élection partielle en 2021, avec le parti de droite Les Républicains.

En février, les gouvernements indonésien et français ont conclu la vente de six Rafale, la première tranche de ce qui devrait être un marché totalisant quarante-deux chasseurs. La vente de quatre-vingts Rafale aux Émirats arabes unis (EAU) en décembre 2021 sera également prise en compte dans la version 2022 du rapport. Le contrat, ainsi que la vente de douze hélicoptères Airbus, a été officiellement signé en avril de cette année pour la somme rondelette de 17 milliards d’euros, soit près de la moitié du budget annuel de la défense de la France, qui s’élève à 41 milliards d’euros. Il s’agit de la plus importante vente à l’étranger de l’avion à ce jour.

Un manque de transparence

Outre qu’il expose la vision stratégique censée guider les responsables français dans leurs relations avec les gouvernements étrangers, le rapport annuel au Parlement est le seul document public qui comptabilise les exportations d’armes françaises. Ses annexes prétendent donner un aperçu détaillé des ventes françaises, y compris les chiffres transmis aux Nations Unies, conformément au Traité international sur le commerce des armes signé en 2013.

Mais les défenseurs des droits humains et de la transparence affirment que le document est toujours entouré d’opacité et de bureaucratie, en particulier lorsqu’il s’agit d’esquiver les critiques selon lesquelles certaines ventes d’armes bafouent le droit international, en passant des contrats avec des acheteurs qui utilisent les armes acquises contre des civils.

« C’est un rapport promotionnel pour le complexe militaro-industriel français », a déclaré Aymeric Elluin, chargé de campagne à Amnesty International France, à Jacobin. « Ce n’est pas un rapport qui permet un contrôle et une régulation parlementaire. »

Ces dernières années, le gouvernement français a été la cible d’une vague croissante de critiques pour son empressement à traiter avec l’Égypte, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. Le média d’investigation Disclose a révélé en 2019 que ces deux dernières puissances, engagées dans une guerre civile dévastatrice au Yémen, ont utilisé des armes françaises dans des bombardements sans scrupules de civils, au su de responsables du gouvernement français.

En 2021, la France a vendu pour plus de 780 millions d’euros d’armes à l’Arabie saoudite. Mais ce montant ne pourrait pas facilement rendre compte de la poignée d’hélicoptères, de lance-roquettes, de canons et d’autres armes légères qui auraient été vendus à la monarchie, fait valoir Amnesty International dans une note publiée le 26 septembre. L’organisation juge de même que les 230 millions d’euros de ventes annoncées aux Émirats arabes unis sont une sous-estimation, une hypothèse étant que le transfert comprenait des technologies non couvertes par la convention du Traité sur le commerce des armes. « Nous ne savons pas ce que nous avons envoyé aux Émirats arabes unis, ce qui est un problème majeur », déclare Elluin.

Comme pour tous les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, les ventes d’armes sont une composante de la politique étrangère française depuis des décennies. Mais depuis le milieu des années 2010 et la présidence de François Hollande, il y a eu une nette accélération de ce qu’Elluin appelle une nouvelle « diplomatie de l’armement. » Cela s’est particulièrement manifesté dans les relations de la France avec des puissances clés comme l’Inde, ou le trio du Moyen-Orient composé de l’Arabie saoudite, des Émirats arabes unis et de l’Égypte. Initialement mis sur le marché au début des années 2000, le Rafale – actuellement le joyau de la couronne des exportations d’armes françaises – a eu du mal à trouver des acheteurs étrangers jusqu’à la signature en février 2015 d’un contrat historique avec l’Égypte pour vingt-quatre appareils.

La nouvelle « diplomatie de l’armement » de la France s’est avérée opportune, car l’accord avec l’Égypte a coïncidé avec un refroidissement des relations du pays avec les États-Unis. Après la prise de pouvoir d’el-Sisi en 2014, l’administration Obama a imposé un embargo sur les armes de deux ans à l’État égyptien. Les États-Unis restent le fournisseur dominant à travers la région, mais la France a tenté de saisir la tension des relations entre les États-Unis et leurs soutiens moyen-orientaux, et les désirs de ces derniers de diversifier les fournisseurs d’armes.

« Dès qu’il y a une ouverture, les Français s’y engouffrent », déclare Elluin, co-auteur du livre Ventes d’armes, une honte française, paru en 2021.

L’un des arguments soulevés par ceux qui défendent la vente d’armes, même à des puissances autoritaires peu recommandables, est que cela donne à un pays comme la France un moyen de pression pour faire respecter ou poursuivre d’autres priorités. « Ce n’est pas vrai », déclare Elluin. « Depuis 2015 en Arabie saoudite, la diplomatie de l’armement n’a pas donné [à la France] un poids supplémentaire pour que l’Arabie saoudite cesse ses frappes aériennes au Yémen. En Égypte, ce type de diplomatie n’a donné aucun levier pour permettre à la France de changer la nature du régime de Sisi. »

« La diplomatie des armes… n’existe pas vraiment », conclut Elluin. « Il ne s’agit que de marchés économiques, ce qui ne donne aucune influence à la France. De plus, cela donne l’impression que la France est dépendante de ces clients. Sans eux, nous perdrions la capacité de produire nos propres armes. »

En décembre 2021, l’Arabie saoudite a fermé le bureau de l’ONU chargé d’enquêter sur les crimes de guerre au Yémen. L’offensive de charme française et occidentale – le prince héritier saoudien Mohammed Ben Salman a été accueilli à Paris cet été – s’est de même révélée incapable d’arracher aux monarchies du Golfe des augmentations de production de pétrole et de gaz.

On pourrait dire la même chose des relations de la France avec la Russie. Thales – une multinationale française qui produit des technologies et des logiciels militaires sophistiqués – a livré à la Russie près de 7 millions d’euros d’équipements en 2021, malgré l’imposition d’un embargo européen depuis 2014. Entre 2015 et 2020, les fournisseurs français ont livré pour plus de 150 millions d’euros de fournitures à l’armée russe, en exploitant une faille dans l’embargo européen qui protégeait les contrats signés avant 2014.

Autonomie militaire

L’agressivité sur les exportations d’armes répond à ce que les dirigeants français désignent comme une nécessité stratégique. L’armée française, la plus importante de l’Union européenne en termes budgétaires, serait incapable de soutenir par ses propres achats l’ensemble des fournisseurs nécessaires pour équiper une armée moderne. Les exportations sont ce qui permet au pays de conserver une « autonomie » stratégique et militaire – un mot plutôt énigmatique dans le rapport du ministère des Armées au Parlement.

Les ventes de 2021 sont « une bonne nouvelle pour la pérennité d’une industrie nationale indépendante dont nos forces armées sont les premiers bénéficiaires, mais aussi pour l’emploi sur l’ensemble de notre territoire », écrit Sébastien Lecornu, ministre des Armées, dans la lettre d’introduction du rapport.

La « base industrielle et technologique de défense » (BITD) de la France – le réseau de plus de quatre mille entreprises et sous-traitants qui constitue le complexe militaro-industriel du pays – emploie plus de deux cent mille travailleurs. Dans l’ensemble, le BITD français a enregistré des flux de recettes annuelles de 30 milliards d’euros, sur un marché mondial de la défense de plus de 531 milliards d’euros de recettes en 2020, selon l’indice des plus grandes entreprises du secteur établi par l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm.

Depuis l’invasion, les contrats européens avec des fournisseurs américains comme Lockheed Martin et Boeing se sont multipliés – des achats que les Français aimeraient voir réorientés vers le renforcement de « l’autonomie stratégique » de l’Europe, comme le président Emmanuel Macron a longtemps défini sa vision de ce que le bloc doit développer sur le plan diplomatique et militaire. Par exemple, l’achat par l’Allemagne, annoncé en mars 2022, de trente-cinq chasseurs F-35 aux États-Unis est perçu à Paris comme un camouflet aux tentatives dirigées par la France d’approfondir l’intégration militaire par le biais de plans visant à développer des alternatives européennes.

« L’Europe s’est longtemps considérée comme un marché », a déclaré Macron lors de son discours inaugural au salon de l’industrie de la défense Eurosatory en juin 2022, en dehors de Paris, annonçant que l’Europe entre désormais dans une « économie de guerre, dans laquelle, je pense, nous devrons planifier sur le long terme. » Les gouvernements européens vont dépenser et acheter plus de matériel dans les années à venir, et le président-commerçant avait donc un conseil : « Ne répétons pas les erreurs du passé : dépenser beaucoup pour ensuite acheter ailleurs n’est pas une bonne idée. »

Contributeurs

Harrison Stetler est journaliste indépendant et enseignant basé à Paris.

Source : Jacobin Mag, Harrison Stetler – 06-11-2022

Traduit par les lecteurs du site Les-Crises

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Commentaire recommandé

Urko // 02.12.2022 à 13h56

N’oubliez pas le rôle que joue la diplomatie allemande pour nous pilonner sur quasiment tous les dossiers. Le contrat australien a été achevé par les Britanniques et les Américains mais les Allemands avaient savonne la planche pendant des années et des années. L’Allemagne estime qu’il devient temps pour elle d’affirmer sa domination sur l’Europe, après l’avoir assise par Bruxelles interposée, et il ne reste qu’un pays en travers de son chemin, la France, qui n’a plus qu’un atout, son aéronautique (et encore, Airbus leur a permis de faire main basse sur pas mal de choses quasi gratuitement). L’énergie, les infrastructures, la qualité de nos formations, l’industrie : l’état kidnappé par les eunarques depuis vingt ans au moins a déjà tout saccagé.

14 réactions et commentaires

  • Koui // 02.12.2022 à 08h14

    En vendant des armes a n’importe qui, la France finance son industrie de l’armement. C’est un paramètre clé pour garder notre souveraineté. C’est aussi un moyen de renforcer la souveraineté de nos acheteurs qui se libèrent ainsi de la dépendance américaine ou russe. Bien sûr, les armes tuent. Ce sont des objets dangereux. Mais ne pas en avoir est encore plus dangereux. La Russie fabrique des armes correctes et peu chères a la chaîne. Les USA fabriquent des armes excellentes et très coûteuses en grande quantité. Nous vendons des armes de bonne qualité très chères car ce sont presque des prototypes. Leur principale qualité est d’être neutre politiquement.

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    • St Claude François // 02.12.2022 à 09h10

      C’est assez vrai même si il faut ajouter que ces dernières années l’industrie française de l’armement a été largement torpillée par les traitres au pouvoir au profit des USA. (Et Torpillée est le terme le plus adaptée)

      Rappels :
      Les sous marins Septembre 2021 :
      Le groupe français naval groupe subit une annulation de commande de 12 sous marins par l’Australie (un contrat à 56 milliards d’euros à l’époque). Les USA et la perfide albion ont largement provoqué cette crise en violant le droit du commerce international à leur profit…. procès en cours. Naval group va pouvoir enfiler des perles…

      Les bombes 14 janvier 2016 :
      La DGA a attribué à la société Rheinmetall AG, un marché public de bombes MK82 pour un montant de 225 133 693 euros d’une durée de dix ans. La Société Des Ateliers Mécaniques De Pont Sur Sambre, qui fabriquait jusque là les bombes made in france peut désormais enfiler des perles.

      Les armes légères depuis 2001 :
      La manufacture d’arme de Saint-Etienne qui fabriquait le FAMAS a fermé en 2001. En 2016 Nos suprêmes leaders adorés ont préféré le fusil d’assaut allemand HK 416. Adieu le FAMAS….

      En 2020 L’armée française a commandé près de 75.000 pistolets autrichiens Glock pour équiper d’ici à 2022 l’ensemble de ses forces en remplacement des pistolets en service. La Manufacture d’armes de Châtellerault va pouvoir elle aussi enfiler des perles. Adieu MAC 50 et Pamas G1.

      Heureusement il nous restera le nouveau fusil de précision SCAR, fabriqué par le belge FN Herstal pour nos forces spéciales….. LOL !

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      • Urko // 02.12.2022 à 13h56

        N’oubliez pas le rôle que joue la diplomatie allemande pour nous pilonner sur quasiment tous les dossiers. Le contrat australien a été achevé par les Britanniques et les Américains mais les Allemands avaient savonne la planche pendant des années et des années. L’Allemagne estime qu’il devient temps pour elle d’affirmer sa domination sur l’Europe, après l’avoir assise par Bruxelles interposée, et il ne reste qu’un pays en travers de son chemin, la France, qui n’a plus qu’un atout, son aéronautique (et encore, Airbus leur a permis de faire main basse sur pas mal de choses quasi gratuitement). L’énergie, les infrastructures, la qualité de nos formations, l’industrie : l’état kidnappé par les eunarques depuis vingt ans au moins a déjà tout saccagé.

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  • dooggy // 02.12.2022 à 14h18

    Vous pensez que ce serait mieux que ces états achètent des armes Américaines? et mettent à mal des centaines de milliers d’emplois chez nous?
    changez l’homme si vous ne voulez pas de guerre !

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    • Savonarole // 02.12.2022 à 19h32

      Je suis d’accord : des armes pour kikenveut , ça se trouve toujours.
      En même temps , quand il y a de la demande, il y a toujours quelqu’un pour vendre : le marché à horreur du vide. Même la DPKR vends des armes .. enfin eux vu qu’ils peuvent rien vendre légalement de toutes façons , ils sont plus à ça près.

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    • Orhan // 02.12.2022 à 19h45

      Haha si l’emploi était une fin, alors il serait facilement possible d’arriver à éradiquer le chômage, il suffit d’être créatif. Le sujet n’est donc vraiment pas l’emploi, d’autant qu’on pourrait estimer qu’il y a des industries plus utiles aux français à développer chez nous si on avait la même volonté politique que produire des armes pour faire les kékés au G7, au conseil de sécurité, à que sais je encore.

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  • Ellilou // 02.12.2022 à 17h09

    Certains ici, sous couvert de « Bah ma pôv Lucette que veux tu l’homme est ainsi fait, y’aura toujours la guerre… », de défense de la Souveraineté (avec un grand S) et de Realpolitik, acceptent sans trop barguiner la place de la France sur le podium des meilleurs exportateurs d’armes. Je sais: on est pas chez les Bisounours, la guerre c’est pas beau mais ça fait vendre et de toute façon qu’y peut-on? Et bien justement je préférerais que le magnifique pays où je vis soit une force de résolution des conflits, qu’il ait une « force de frappe » diplomatique digne de ce nom et impliquée (un rêve sous le gouvernement du margoulin de l’Elysée qui ne pense qu’à détruire les grands corps d’état)…. »I have a dream »…qui en restera un car au nom de l’emploi (dommage que nos très chers dirigeants n’aient pas pensé ainsi pour toutes les autres industries envoyées sous des cieux socialement et fiscalement plus cléments) on n’y peut que pouic: alors que les propres ouvriers et syndicats de ces mêmes entreprises ne demandent qu’à ce que leur savoir-faire serve dans d’autres domaines moins mortifères et dont ils pourraient être bien plus fiers. Mais ma pôv Lucette que veux tu l’homme est ainsi fait, y’aura toujours la guerre…

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    • Urko // 02.12.2022 à 18h32

      Nous aimerions tous ça, à quelques variantes près. Et vous savez aussi bien que tout le monde que nous n’y pouvons rien et que nous n’y ferons rien : vous le dites vous même du reste. Que voudriez vous ? Que nous fassions un peu mieux semblant de le regretter au fond… La belle affaire. Il y a deux sortes d’hypocrites sur ce sujet : ceux qui se cachent cyniquement derrière leur impuissance et ceux qui reprochent aux premiers de se cacher cyniquement derrière leur impuissance. Ça revient au même, ça ne change rien à la situation. Ah si, la seconde catégorie se croit dotée d’une forme de supériorité d’âme. Ce n’est pas le cas. Elle ajoute seulement de la prétention et de la cuistrerie à son hypocrisie… et à son impuissance.

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      • Ellilou // 06.12.2022 à 15h26

        « …la prétention et de la cuistrerie à son hypocrisie… et à son impuissance. »
        Je ne sais pas si vous me visiez en écrivant ceci mais je ne me sens ni cuistre, ni hypocrite…par contre impuissante, ça oui malheureusement.
        De quel droit me permettrais-je de faire la leçon à qui que ce soit si ce n’est à « nos » dirigeants qui se contrefoutent de mon avis, de mon vote, de ma petite et insignifiante personne. Je remarquais juste que la diplomatie française a eu des grandes heures, que la résolution des conflits exige des participants autrement plus compétents, sérieux et volontaires que les margoulins que nous avons aux manettes et que cette satanée Realpolitik est souvent menée par des gens qui ne souffrent d’aucune façon, ni eux ni leurs proches et bien souvent ni leurs compatriotes, des décisions qu’ils prennent et des armes qu’ils vendent. Nulle leçon de morale, juste un énorme regret et le constat du gâchis humain.

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  • JPP // 02.12.2022 à 23h05

    Le marché de l’armement est totalement pipé à la base fait d’influences politiques gigantesques, de magouilles pas possible, de pots de vins énormes, etc… où nous sommes comme des enfants de choeur. Aussi la France déclinante a de grosses difficultés à essayer de placer sa camelotte mortifère, même quand elle est de très bonne qualité. Il en est ainsi par exemple des Mirages puis des Rafales en aviation nos partenaires européens achetant systématiquement des avions américains. Et il est étonnant qu’après le refus Français d’honorer les porte hélicoptères payés par les Russes il y aient encore des pays pour vouloir nous commander des navires militaires. Le marché des sous marins pour l’Australie à aussi été d’un grand ridicule.
    Et qui va commander nos chars Leclerc ?

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  • SLIL // 03.12.2022 à 11h58

    la Russie les etat unis vendent leurs armes a qui bon leur semble mais la france doit faire passer un examen moral a ses clients
    drole de conception des chose de la part des moralisateurs

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    • Jean-François91 // 04.12.2022 à 11h29

      C’est pourtant Chomsky qui a dit quelque chose comme « je suis états-unien, donc je dénonce en priorité ce dont je suis un peu coresponsable »; ce n’est apparemment pas ce que fait Jacobin Mag

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  • Zeke // 03.12.2022 à 16h16

    1- Ça finance l’industrie, donc les programmes de la défense du pays.
    2- C’est un levier diplomatique.
    3- Si ce n’est pas la France qui vends ça será un autre pays qui le fera. Et a niveau entreprise, a long terme, ça finira pour mettre la clef sous la porte, où pour la nationaliser (donc nous faire payer a nous les contribuables).

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    • Lt Briggs // 06.12.2022 à 13h10

      C’est vrai, mais dans le même temps :
      – ça corrompt la politique française à travers de juteuses commissions et rétro-commissions. Cet argent occulte servant à financer les partis politiques, détruisant ainsi les mécanismes difficilement mis en place pour empêcher ça ;
      – ça consolide les dictatures et donc les maux dont souffrent ces pays : pauvreté, guerres, exodes massifs des populations, instabilité voire chaos ;
      – ça affaiblit les solutions pacifiques de façon générale. On voit que les gigantesques stocks d’armes principalement russes et américains se vident peu à peu, ce qui pourrait favoriser une solution négociée en Ukraine plus que les rodomontades des uns et des autres.

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