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6.septembre.20196.9.2019 // Les Crises

Taux négatifs : Jusqu’où peut-on aller ? Un peu d’économie-fiction. Par Philippe Herlin

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Source : Or.fr, Philipe Herlin, 22-08-2019

Les taux négatifs ne figurent pas dans les manuels d’économie, les grands économistes n’ayant pas envisagé ce scénario qui paraissait complètement aberrant. Pourtant, ils existent bien, depuis des années maintenant, et ils s’étendent. L’Allemagne emprunte désormais jusqu’à 30 ans à taux négatif (-0,5% à 10 ans, -0,004% à 30 ans) et 60% de la dette souveraine de la zone euro, soit 4.800 milliards €, offre des rendements négatifs.

Mais pourquoi des investisseurs achètent-ils ces actifs financiers (acquérir ces obligations leur coûte de l’argent au lieu d’en rapporter) ? Certains le font pour se conformer à des obligations réglementaires (Bâle III incite à détenir des dettes souveraines, considérées comme sûres, plutôt que des actions), mais cela n’explique pas tout. En fait, ces investisseurs pensent que les taux vont encore baisser, et que, par conséquent, ils réaliseront un profit en revendant ces obligations.

Jusqu’où peut-on aller ainsi : -2%, -3% ? Justement, faisons un peu d’économie-fiction et imaginons ce que donnerait un taux négatif de -10% :

Pour l’épargne, c’est catastrophique : vous avez 100.000 € à la banque, l’année d’après 90.000 € (au lieu de toucher des intérêts, vous les perdez), ensuite 81.000 € (-10% de 90.000 €), etc. jusqu’à tout perdre.

Pour le crédit, c’est magique : si vous empruntez 100.000 € sur 10 ans (in fine, c’est-à-dire remboursement du capital à l’échéance), au lieu de verser 10.000 € d’intérêt à la banque, c’est le contraire, la banque vous les verse, et ainsi de suite pendant 10 ans. Au bout de 10 ans, vous vous retrouvez donc avec 200.000 € (les 100.000 € empruntés + 10 fois 10.000 € d’intérêts perçus), vous remboursez les 100.000 € empruntés et vous gardez 100.000 €, que vous avez donc obtenus gratuitement.

Le travail de transformation des banques est inversé, elles puisent dans l’épargne pour payer les emprunteurs. La demande de crédit explose, bien sûr, mais ça ne dure pas longtemps car les épargnants préfèrent vider leurs comptes, afin d’éviter de perdre 10% par an, pour acquérir des actifs tangibles (immobilier, or pour les plus malins, bitcoin), ce qui fait exploser leurs prix au passage. Les banques n’ont plus de ressources et c’est bientôt le credit crunch.

Pour la majorité des ménages, qui ont peu d’épargne et n’empruntent pas ou peu, le déplacement de l’épargne et des liquidités en général vers les actifs tangibles fait exploser les prix de l’immobilier et des matières premières (carburant, électricité, alimentation), ce qui provoque un effondrement de leur pouvoir d’achat.

Mais l’État vient à leur rescousse. Comme emprunter lui rapporte de l’argent, il fait exploser son déficit afin de « soutenir la demande », c’est-à-dire distribuer des allocations à foison. Mais bientôt l’évanouissement de l’épargne fait qu’il n’y a plus d’acheteurs pour sa dette, et c’est la crise pour lui aussi.

Les grosses entreprises empruntent ou lèvent de l’argent comme l’État, mais la fête est bientôt terminée. Les PME voient leurs coûts exploser (matières premières, énergie), leur situation se dégrade, aucune banque ne leur prête de l’argent. La crise économique pointe son nez.

La Banque Centrale Européenne, qui jusqu’ici faisait tourner sa planche à billets à plein régime, voit l’inflation décoller (à cause des matières premières) et décide d’arrêter cette politique. En outre, l’évaporation de l’épargne vers les actifs tangibles n’est rien d’autre qu’une « fuite devant la monnaie » annonciatrice d’une vague d’hyperinflation. La BCE a le choix entre l’hyperinflation (si elle accélère son QE) ou la remontée des taux d’intérêt en territoire positif (si elle l’arrête). Dans les deux cas, une crise dantesque s’annonce. Christine Lagarde décide de tirer à pile ou face.

Nous sommes bien sûr ici dans un scénario limite, le système aura explosé avant, mais finalement il ne fait que caricaturer ce qui se passe en ce moment…

Source : Or.fr, Philipe Herlin, 22-08-2019

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Daniel // 06.09.2019 à 08h00

Le libéralisme viole ses propres principes de survie et se mord la queue.
Dans tous les cas, cela va finir … vite, très vite.
Donc plutôt que d’analyser ce système mourant où le droit de création monétaire a été donné aux banques privées,
qu’attend la puissance publique pour agir en s’inspirant de l’action de F.D.Roosevelt ?
0 – commission d’enquête (commission Pecora) : elle n’est plus nécessaire tellement le système est pourri !
1 – séparation bancaire stricte (Glass Steagall et loi anti trust) : pour pouvoir purger le secteur financier sans impacter l’économie physique avec les vrais personnes
2 – nettoyage des dettes : on ne garde que les dettes liées à une activité réelle des personnes
3 – reprise en main du contrôle de l’émission de monnaie ET planification indicative: Crédit Public productif (la base du New Deal, des 30 Glorieuses et aujourd’hui des Nouvelles Routes de la Soie)
4 – au final, un nouveau système financier : Nouveau Bretton Woods.

Tergiverser sur un système mourant n’amène que du pessimisme, il faut agir … vite

68 réactions et commentaires

  • Barbe // 06.09.2019 à 07h36

    « Les banques n’ont plus de ressources et c’est bientôt le credit crunch ».
    Jusqu’à cette phrase c était clair. Là je m’arrête. Les banques ont elles besoin de ressources ? Le fait de posséder le droit d émettre des lignes de crédit n est il pas suffisant ?
    Pas de besoin de posséder des ressources si je peux en émettre autant que je veux ? Condition ?trouver le bon pigeon.

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    • François Lacoste // 06.09.2019 à 08h09

      Si les banques en étaient là (c’est déjà en partie le cas), il ne nous resterait plus qu’à descendre tous les matins à la cave pour imprimer les billets nécessaires aux achats de la journée.
      C’est absurde diriez-vous, et vous auriez raison…

        +0

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      • Barbe // 06.09.2019 à 08h18

        Et tout ça à cause de l’inflation du droit de propriété, au détriment du travail, le travailleur n’étant plus aussi payé que le rentier. Le droit de propriété est du capital mort ; le capital vivant c’est le travail. B Bertez l’explique bien je trouve.

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    • Fabrice // 06.09.2019 à 08h30

      Le gros soucis c’est qu’à force de prêter on multiplie les défauts de paiement car si même l’intérêt est négatif on doit quand même rembourser le crédit or la situation cocasse c’est que en puisant dans l’épargne on réduit ses fonds propres qui est composé des déposants et des crédits fait à la banque par d’autres organes financiers (ex: BCE,…https://www.pauljorion.com/blog/2012/02/08/les-fonds-propres-bancaires-definition-finalite-et-contradictions-par-pierre-sarton-du-jonchay/) si les défauts deviennent trop importants par rapport aux fonds propres c’est la faillite bancaire bon les banquier se disent pas grave quand on fait des bénéfices c’est pour nous et des dettes pour les états (dexia https://www.franceculture.fr/emissions/superfail/dexia-la-banque-qui-vous-a-coute-6-milliards, monte pashi en Italie,…) mais cela jusqu’à quand !?

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      • RGT // 06.09.2019 à 19h22

        « ses fonds propres qui est composé des déposants et des crédits fait à la banque par d’autres organes financiers… »
        Vous faites là une grossière erreur : Les fonds propres de la banque se résument uniquement à son capital.

        Ensuite il y a quand-même un grosse différence entre les dépôts des clients et les prêts consentis par d’autres banques ou établissements financiers.

        Les dépôts des clients ne sont que de simples créances commerciales bénignes qui peuvent être « répudiées » sans problème (ce qui fait que lorsque vous déposez votre salaire sur un compte courant nous n’êtes PLUS propriétaire de cet argent mais d’une simple CRÉANCE COMMERCIALE, la banque ayant échangé vos fonds contre une créance sans vous en informer – les b***** comptez-vous).

        Par contre un prêt bancaire ou consenti par un organisme financier est une créance PRIORITAIRE qui doit être impérativement remboursée sans délai. Du même niveau de priorité qu’une somme que vous devez à l’état au titre de l’impôt.

        Donc, seuls les clients « basiques » (pas assez influents pour passer entre les mailles du filet) se font ratisser et la banque aura droit à l’annulement pur et simple des créances qu’elle a vis de ses propres clients au titre du « Bail-In » qui a été décidé sans aucune consultation de la population par la « divine » Kommission.

        Si vous n’avez pas compris l’arnaque, je vous conseille d’acheter d’urgence un cerveau.

        Si la loi va dans ce sens, c’est bien parce qu’à la fin les seuls qui puissent se faire plumer sans pouvoir se défendre sont les « moins que rien » qui « ne comptent pas » diraient nos « élites ».

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    • Dbon // 06.09.2019 à 09h12

      Bonjour
      Sans entrer dans les détails du fonctionnement de la création monétaire, les banques sont limitées par les règles prudentielles .
      Leur fonds propres doivent représenter au moins 8% des crédits accordés (en réalité ces règles ne sont pas respectées )
      Et les mecanismes de la BCE.
      Autrement effectivement ça serait trip simple!!!

        +4

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      • Ms // 06.09.2019 à 12h46

        …et pourtant les banques ont lutté de toutes les façons possibles contre ces règles prudentielles en refusant la séparation des banques et en faisant du lobbying contre BAL 3, règles qui auraient permis un système plus durable…
        .. ou la tyrannie du court-termisme …

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    • la vieille gauloise // 06.09.2019 à 10h29

      Sachant que l’ argent est un mythe et que les banques centrales créent de l’ argent à partir de rien ….. Des bons pigeons il y en aura toujours vu que le citoyen lambda est obligé de posséder un compte en banque …..

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    • Chris_84 // 06.09.2019 à 10h50

      Il faut des ressources sinon déséquilibre du bilan BALEIII

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      • Barbe // 06.09.2019 à 11h00

        Cette histoire d’équilibre, permettez moi de dire que c’est une vaste blague ; il n’y a aucun équilibre possible une fois que vous avez donné le droit à des instituts privés d’émettre des lignes de crédits, bref d’émettre de l’argent en présumant que toute la société doit accepter cette nouvelle somme, qui entre dans le circuit pour aussi bien valoriser que dévaloriser ce qui est acquis/vendu.
        C’est à peu près du même ordre que de croire que lorsqu’on achète quelque chose, on paye la chose, et non pas quelqu’un… Les gens continuent de croire que le prix est une information objective : non messieurs dames, le pétrole ne vaut pas tant et tant… il n’y a pas d’un côté ce qui va aux produits et de l’autre ce qui va aux hommes : tout est salaire, même les investissements. C’est toujours et seulement des humains que l’on paye.

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    • Saint Maurice // 06.09.2019 à 11h21

      Les lignes de crédit qu’ont le droit d’émettre les banques sont des promesses de payer. Si vous empruntez au crédit agricole pour acheter une voiture à un client de la BNP, cette dernière n’acceptera pas forcement les lignes de crédits (des promesses) émises par votre banque le crédit agricole mais pourrait réclamer sa mise sous forme de monnaie centrale (dans le jargon bancaire, de la monnaie que les banques ne peuvent avoir qu’en demandant à la banque centrale par emprunt le plus souvent) que les banques secondaires ne peuvent fabriquer

        +2

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    • Dzintox // 07.09.2019 à 01h14

      Bonsoir Barbe,
      Vous avez en partie raison, mais c est beaucoup plus complexe que cela ……
      Dans le monétaire, il existe 3 domaines : M1, M2, M3
      Je ne me rappelle plus à quel domaine exactement correspond je vais revoir pour mieux expliquer…..
      Quand une une ligne est écrite dans une banque suite à un crédit, celle-ci s efface quand celui-ci est remboursé en totalité….
      Le 1er problème c est qu’il y a trop de ligne écrite, donc bulle de crédit.
      Le second est qu il y a trop d argent en circulation, on parle d hypertrophie et de bulle monétaire
      Le 3ème sont des taux négatifs, on pourrait parler de capitalisme qui se transforme en cannibalisme….
      Le 4ème est l utilisation de la planche à billet (Q.E, LTRO etc)
      Le 5ème est le manque de capitaux vis a vis de l endettement des banques, ce qui correspond au leverage (ratio)
      Ce qui fait beaucoup de problèmes et qui vont très mal se passer, l avenir semble bien morose…..
      Un site qui explique tout cela plus précisément (chiffres, graphiques et sources) et intéressant, est le site de jean-pierre chevalier.biz, cette personne est un investisseur monétariste, il a eu un procès suite à l insulte qui a porté à l encontre des dirigeants de la banque de France car il les traitaient de charlot comme ils géraient ( d ailleurs il a gagné son procès)
      Tout va bien se passer, on peut dormir tranquille…..

        +3

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      • Barbe // 07.09.2019 à 10h09

        Merci Dzintox, je vais aller écouter mr chevalier. Est-ce qu’il propose la séparation des banques de dépôts/d’investissements risqués? Ce qui n’est pas encore la nationalisation de toute banque.
        Il y a une hybris d’un côté, et elle produit un rapport de force, qui ne dit pas son nom, une lutte des classes : on fait mine de nous faire accepter des efforts, des sacrifices (les retraites…), alors que si la circulation de l’argent était sous contrôle, tout le monde aurait de quoi jouer. Certes, d’aucuns,tout en haut, en auraient moins pour jouer avec la vie des petits…
        La dérégulation a nécessairement des conséquences sur la vie du plus petit d’entre nous, qui doit suivre le train de la hausse des prix, qui pour moi s’apparente aussi bien à une valorisation qu’à une dévalorisation. Il y a moins d’hypocrisie à avouer que les prix (de tout) peuvent être sous contrôle de la collectivité, quitte à varier sensiblement, que de croire que c’est le marché qui s’en charge pour le bien du plus grand nombre…
        Bref, on ne nous donne pas le choix de la politique à suivre. Alors qu’il y en a plusieurs possibles. Mais bon, les gogos que nous sommes croient qu’il y a tina, ou encore que l’évaluation marchande de quoi que ce soit est une information objective (et non intersubjective : un rapport de force, pour se faire respecter).

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    • RV // 08.09.2019 à 11h43

      « Le fait de posséder le droit d émettre des lignes de crédit n’est il pas suffisant ? »
      La réponse est « non » et sa dernière expression date de la crise de 2008.
      Si la fable urbaine de la création monétaire ex-nihilo par les banques n’était pas une fake-news,
      il n’y aurait pas eu de crise en 2008, les banques se seraient renflouées elle-mêmes !
      Alors que force est de constater que ce sont les Etats et donc les deniers publics qui ont sauvé le système.

        +0

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      • Barbe // 08.09.2019 à 13h38

        Vous répondez par un fait à une question portant sur des principes.
        Mais ce n’est pas la moindre des erreurs de raisonnement, qui vous empêche de voir la connexion entre l’hybris de création de monnaie (ou dette : fausse monnaie, faux capital, capital mort) et crise de 2008…
        Je répondrai donc sur le terrain des faits : après avoir été sauvées, les banques n’ont-elles pas, selon les dires de la plupart des gens, continué la même politique? (spéculation, demande de privatisation, afin d’accéder à la propriété de ce qui est commun, extension donc du domaine de la marchandise…).
        De plus, qui avez vous à la tête du pays? si ce n’est des représentants de la finance, qui ne se cache même plus de vouloir parler au nom de tous…?

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        • Barbe // 08.09.2019 à 20h10

          Je vous prie de démontrer votre thèse. Un seul euro créé par le crédit est un fait embarrassant pour elle.

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  • thierry1thomas@gmail.com // 06.09.2019 à 07h42

    Questions pour l’auteur:

    A l’instar du fait qu’il existe des règles pour que des taux ne dépassent pas un certain seuil (au risque de devenir de l’usure), est-ce qu’il n’existe pas un plafond « naturel » qui empêcherait un tel scénario?

    Est-ce que les banques peuvent légalement nous retirer de l’argent (en dehors des frais) sur l’épargne privée?

    Je pose ces questions, car, jusqu’ici, ce que je vois dans les faits, ce sont des taux très bas pour les épargnants et des taux négatifs pour les emprunteurs, mais (sauf erreur de ma part) pas de taux négatif pour les épargnants…

      +3

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    • obermeyer // 06.09.2019 à 08h43

      Les banques ont trouvé la ruse : elles augmentent peu à peu les frais bancaires , si bien que certains petits comptes sont déjà réellement en négatifs ! Il faut s’attendre à la poursuite de l’augmentation de ces frais , ainsi qu’une baisse prochaine des très faibles rémunérations actuelles .

        +18

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    • Kokoba // 06.09.2019 à 09h53

      D’après ce que j’ai compris, le cas existe déjà pour certains pays (Allemagne).
      Les banques font donc payer à leurs clients un taux négatif sur leur compte courant.
      Il faudrait vérifier en détail ce qu’il en est.

        +2

      Alerter
      • K // 06.09.2019 à 16h58

        En Suisse aussi, j’ai cru comprendre que les banques suisses facturent un interet negatif sur les comptes courants. Donc de plus en plus de déposants retirent leur cash de leur compte courant pour le déposer physiquement dans un coffre (souvent dans la même banque) et ainsi échapper au taux négatif sur leur épargne.
        C’est le retour du bas de laine !

          +1

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        • RGT // 06.09.2019 à 19h46

          Ce qui est scandaleux, c’est que TOUS les citoyens « de base » soient OBLIGÉS par la loi de déposer leurs salaires et leur revenus sur des comptes bancaires.

          Lorsque cette loi est passée en France (c’était sous Giscard il me semble) en échange de cet avantage les banques avaient l’obligation de ne pas faire payer de frais de gestion de compte et les chèques devaient être gratuits.

          Mais bien sûr, les banques qui auparavant tiraient la langue pour attirer les clients et gonfler leurs fonds de réserves fractionnaires (les comptes courants entrent dans le calcul de ce fonds – votre fric ne vous appartient plus) trouvaient qu’elle ne dégageaient pas suffisamment de profits et ont obtenu l’annulation des clauses qui leur permettaient à l’origine cet avantage époustouflant.

          Pour réellement permettre une « libre concurrence » entre les banques il faudrait simplement supprimer l’obligation de dépôt des salaires sur les compte bancaires et payer à nouveau les employés en monnaie fiduciaire (la SEULE garantie par l’état).

          Ne comptez surtout pas sur Macron ou sur un quelconque énarque (surtout s’il est allé grenouiller à Bercy) pour revenir sur cette loi qui a permis aux banques d’amasser des fortunes colossales en faisant fructifier NOS salaires sans nous verser le moindre intérêt.
          Et en nous faisant DE PLUS payer des « frais de gestion de compte » pour des opérations que leur permettent d’accéder à des effets de levier monstrueux et surtout à la « garantie de l’état » en cas de banqueroute qui les renflouera largement au delà de ce que tous les « gueux » auront déposé.

          Où il y a de la gêne…

            +21

          Alerter
          • Malbrough // 07.09.2019 à 09h30

            Il n’y a pas si longtemps il y avait moyen de faire virer son salaire à la Banque de France , celle -ci garantissant les dépôts et ne taxait pas , ni ne pénalisait , les déposants .
            Apparemment la BdF a disparu , ses agences idem et nous sommes pieds et poings liés aux banques privées qui mélangent dépôts et spéculation .
            ( la gestion de la banque postale était également plus rigoureuse , autrefois .
            Aujourd’hui elle est devenue une banque comme les autres , avec un personnel quelque peu dépassé en sus , car non formé pour …)
            Tout cela n’est pas sain .

              +2

            Alerter
        • raloul // 07.09.2019 à 05h37

          Bonjour,

          Il y a effectivement certaines banques, comme la BAS, qui ont commencé à instaurer un intérêt négatif sur les comptes courants, certes minime, depuis quelques années déjà.
          Mais pas toutes les banques suisses l’ont fait, loin de là.
          (C’est d’ailleurs assez « rigolo » d’inscrire une somme négative dans la déclaration d’impôt sous « revenus du capital »).

          La parade des banques est d’augmenter continuellement et sensiblement les frais bancaires.

          J’ai eu une discussion hallucinante avec ma conseillère qui m’avouait qu’elle cherchait à me faire retirer mon épargne, et que sa banque visait à faire partir tranquillement tous les clients qui gardaient quelques milliers de francs roupillants sur un compte d’épargne.
          Pourquoi? parce que la banque en question paye un intérêt négatif non négligeable à la banque centrale, la BNS, et ceci proportionnellement à la taille de son bilan et des avoirs des clients (si j’ai tout bien compris).

          Situation assez paradoxale et cocasse si on la prend avec distance. La banque ne veut plus que des débiteurs, et plus de créditeurs…

          Mais je ne crains rien. Ici, si vraiment les banques font un « bail-il » ou un « haircut » sur les petits épargnants et piquent leur pognon, les gens sortent les fusils d’assaut et ne se laisseront pas tondre impunément, j’en suis certain… à moins de virer « dictature ultramilitarisée en situation d’urgence », les politiques seront forcés de réagir…

            +7

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  • Daniel // 06.09.2019 à 08h00

    Le libéralisme viole ses propres principes de survie et se mord la queue.
    Dans tous les cas, cela va finir … vite, très vite.
    Donc plutôt que d’analyser ce système mourant où le droit de création monétaire a été donné aux banques privées,
    qu’attend la puissance publique pour agir en s’inspirant de l’action de F.D.Roosevelt ?
    0 – commission d’enquête (commission Pecora) : elle n’est plus nécessaire tellement le système est pourri !
    1 – séparation bancaire stricte (Glass Steagall et loi anti trust) : pour pouvoir purger le secteur financier sans impacter l’économie physique avec les vrais personnes
    2 – nettoyage des dettes : on ne garde que les dettes liées à une activité réelle des personnes
    3 – reprise en main du contrôle de l’émission de monnaie ET planification indicative: Crédit Public productif (la base du New Deal, des 30 Glorieuses et aujourd’hui des Nouvelles Routes de la Soie)
    4 – au final, un nouveau système financier : Nouveau Bretton Woods.

    Tergiverser sur un système mourant n’amène que du pessimisme, il faut agir … vite

      +48

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    • MS // 06.09.2019 à 08h11

      Et pour couronner le tout :
      – on supprime l’argent liquide pour ne pas que les français retirent leurs économies des banques en billets
      – on taxe l’immobilier et les actifs tangibles pour qu’ils soient pris entre le marteau et l’enclume et que l’argent investi soit autant saisi que l’argent thésaurisé

      …ce qui est en train d’être fait.

        +36

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    • Océan de sagesse // 07.09.2019 à 22h09

      Ca va finir vite ????
      Le Japon fait ca depuis plus de 20 ans !!!

        +1

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    • Anarkopsykotik // 08.09.2019 à 21h38

      Les capitalistes préféreront le fascisme à votre sociale démocratie. Sans changement radical du système de production, ceux qui ont le pouvoir resteront les même, et leur pouvoir politique empêchera toute avancée significative.

        +4

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    • François // 09.09.2019 à 11h11

      « le droit de création monétaire a été donné aux banques privées »

      Mais pas le droit d’imprimer autant d’argent qu’ils le désirent, il ne faudrait pas confondre, car sinon, ils ne feraient jamais faillite, ce que l’on sait être faux par ailleurs.

      Vous confondez une facilité de trésorerie, comme l’ouverture de crédits très encadrés et soumis à une quantité de fonds propres pour les garantir, et toujours sous contrôle des banques centrales, ce qui permet d’augmenter artificiellement la masse monétaire, avec la création d’argent à partir de rien, qui n’est rien d’autre que de la planche à billet.

      Si j’ai 100 euros, grâce à ce système, je pourrais avec 10% de fonds propres, ouvrir 1000 euros de lignes de crédit, et donc décupler la quantité de personnes pouvant accéder à un crédit. Les 10% servant à couvrir les défauts de tout ceux qui ne les rembourseront pas, et cet argent créé ex nihilo est détruit en bout de chaine par la banque centrale qui l’a autorisé. Ne restent alors que les intérêts, soit le fruit du travail du banquier.

        +0

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      • Haricophile // 10.09.2019 à 15h02

        Nous n’avons pas les mêmes notion concernant le terme «travail»

          +0

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  • Max // 06.09.2019 à 08h46

    Il me semble que les taux faibles ou négatifs actuels engendrent un renforcement de l’épargne, et donc créera ou crée déjà une recession par la faiblesse de la consommation. Vous pouvez donc inciter à l’emprunt par des taux negatifs, si les salaires diminuent, on butera sur le pouvoir d’emprunt des ménages. Donc effectivement, il me semble très probable que la bombe explose avant d’arriver sur des taux à moins 10

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    • K // 06.09.2019 à 17h29

      Ce que vous décrivez est la déflation.
      Je suis d’accord avec vous, il est très très peu probable que les taux d’intérêts puissent descendre jusqu’à -10%/an. Un reset financier mondial surviendrait bien avant d’atteindre ce taux extravagant puisque les déposants préfereaient logiquement retirer leur cash de leur compte plutot que de le voir fondre. (Et je ne pense pas que les gouvernements soient capables d’interdire le cash dans les prochains trimestres; Les Allemands y sont très attachés.)

      Et si les banques n’ont plus de déposants alors elles ne peuvent plus plus accorder de crédits puisque elles sont soumises à des règles prudentielles qui leur imposent de ne pas préter au delà d’un multiple de leurs dépots.
      Et si le crédit se tarrit alors l’économie s’arrête.
      Et si l’économie s’arrête alors la finance s’effondre (puisque les emprunteurs ne peuvent plus honorer leur dette).

      Mais ce seuil devrait être atteint bien avant que les taux ne tombent à -10%.

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      • François // 09.09.2019 à 11h26

        Ce que vous décrivez très justement s’appelle le cout de l’argent, soit la capacité du prêteur à générer une marge. Ce seuil avoisine actuellement les 3% nets. Autrement dit, à -3%, les banques ne feraient que maintenir leurs capitaux sans aucun rendement. Mais comme elles ont des couts de fonctionnement, elles vont grignoter petit à petit leur capital de levier déjà très affaiblit. En fait, elles sont déjà en faillite, et depuis fort longtemps. Ce pourquoi elles attaquent la liquidation massive de leurs employés, avant la grande fermeture générale…

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      • Beatrix // 10.09.2019 à 01h36

        Faut-il encore que l’épargnant puisse retirer son argent. Des restrictions ne sauraient tarder à être instaurées comme une loi, sauf que cette application en force n’aura été voté dans aucun parlement ni n’a été décidé par aucun exécutif. Les états ont cessé depuis longtemps la gestion de l’économie du pays, ils s’en sont débarrassée en la confiant aux banques et à la banque centrale qui a toute latitude et toutes les libertés. Y compris les taux négatifs et les interdictions de gros retraits.

        https://lilianeheldkhawam.com/2015/04/28/la-bns-defie-les-lois-suisses-et-les-droits-individuels-traduction/

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      • Haricophile // 10.09.2019 à 15h05

        Ce n’est pas l’économie qui s’arrête, mais une certaine forme d’économie. On voit ça dans les pays massacrés par l’Otan après les combats : les populations sont bien plus résilientes que votre « économie » (encore un terme pourri par la novlang !).

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    • François // 09.09.2019 à 11h29

      La bombe a déjà explosée, et les taux négatifs impactent absolument toutes les banques, mais également tous les fonds de pension et de retraite. L’inflation est supérieure aux taux de rémunération des placement d’Etat, ce qui se caractérise par une dépréciation de leur capital et équivaut à une perte de pouvoir d’achat. En fait, c’est une impasse. Les banques sont déjà cuites, l’épargne est presque cuit, et les monnaies sont sur le point de s’effondrer…

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  • Phil // 06.09.2019 à 09h30

    Il y a confusion : taux négatif ne veut pas dire taux réel négatif. Les banques investiront sur les autres paramètres du crédit (frais de dossier, assurance…) pour refaire une partie de leurs marges. Emprunter coûtera toujours qqchose au particulier.

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    • K // 06.09.2019 à 17h35

      Depuis la réforme Hamon les emprunteurs ont le droit de changer d’assurance emprunteur après la signature du pret s’ils trouvent une assurance moins chere ailleurs.
      Les banques ne pourront donc pas se refaire sur Les assurances.
      Quant aux frais de dossiers, les banques ne peuvent pas se permettre de les facturer des dizaines de milliers d’euros.

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  • René Fabri // 06.09.2019 à 09h54

    Merci pour cet article très clair et très logique. Ayant passé une vingtaine d’années dans le secteur financier, je prétends connaitre un peu le sujet, et il se trouve que je suis entièrement d’accord avec cette analyse.

    Pour une fois, la faute est très justement attribuée, non pas aux financiers, mais aux dirigeants des Etats-Unis, de l’Europe, et mêmes des pays d’Asie, à cause de la double contrainte qu’ils exercent : 1. Obliger les banques à investir en obligations ; 2. Faire pression artificiellement pour baisser les taux au lieu de laisser faire l’offre et la demande.

    Comme indiqué, la solution pourrait venir des épargnants s’ils retirent leur argent des banques qui suivent ces deux contraintes. Mais ce n’est pas facile. Par exemple, l’immobilier est fortement taxé, donc c’est comme si l’épargnant payait un intérêt à l’Etat pour son capital. Ca revient au même. Le bitcoin sera sûrement taxé bientôt, quand les gouvernants auront pris le contrôle d’internet comme ils le font petit à petit en ce moment.

    Mon hypothèse est que l’épargne restera donc dans les banques, mais qu’il y aura de moins en moins d’épargne, car tout va coûter plus cher, comme l’article l’expose très justement. Et avec la diminution de l’épargne, les taux remonteront forcément, mais en contrepartie, les biens immobiliers commenceront enfin à baisser.

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    • david // 06.09.2019 à 11h02

      Euhhhh
      L’épargne n’est qu’une créance en contrepartie d’une dette.
      Ce sont les crédits qui font les dépots (donc l’épargne) et pas l’inverse.
      Les taux négatifs sont la conséquence du crash de 2008 ; Les dettes non remboursables ont été sauvées par le gigantesque QE mondial. L’idée était d’éviter une perte sur les créances et faire perdurer le système économique mondial (ceux qui ont l’argent le garde, ceux qui n’en ont pas aussi).
      Le seul moyen de crasher l’immobilier est d’arrêter ce QE… sauf que c’est impossible sinon on passe en perte la moitié du PIB mondial…
      Une monnaie créée (dette) ne peut être remboursée que par une nouvelle monnaie créee (dette), l’économie n’est qu’un schéma de Ponzi perpetuel.
      On ne s’en sortira que par l’inflation car c’est uniquement à ce moment qu’on va revenir à la normale.

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      • Barbe // 06.09.2019 à 11h23

        Ok David ; ce sont les crédits qui font les dépôts.
        Bon ben, je vais aller faire un petit emprunt, à crédit.
        Flute, je dois le rembourser.
        Mince, je croyais le posséder comme l’argent que j’épargne.
        ah ok, c’est que cet argent ne vient pas d’un crédit mais du fruit de mon travail.

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        • david // 06.09.2019 à 16h36

          Vous confondez micro économie et macro économie. On ne peut pas raisonner à l’echelle individuelle le système bancaire.
          L’encours de crédit français ou mondial est la seule mesure possible du PIB, en gros la croissance du PIB mondial c’est la croissance de la masse monétaire mondiale donc de la dette.
          Allez à la banque, demandez leur 1 million d’euro pour acheter un chateau en Espagne, ils vous rieront au nez. Maintenant, faites comme un X bien connu, allez voir votre banquier et demandez lui 50 Mds d’€ pour racheter SFR par exemple et bien ils vous les prêtera. Cette action a permis d’augmenter le niveau de dettes rattachées à un actif (SFR), donc c’est bon pour le PIB. Pour le remboursement, on trouvera un montage plus tard pour que ces 50Mds deviennent 60.
          Vous raisonnez comme un employé de SFR !

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          • Barbe // 06.09.2019 à 16h53

            C’est vous qui les confondez, en faisant comme si l’idée selon laquelle les crédits font les dépôts est une idée qui peut passer aisément d’un plan à l’autre (micro et macro dites vous?).
            Peut-être ignorez vous que cette assertion n’a de sens qu’au niveau du bilan des banques, et de leur échange à leur niveau ; elle n’a aucun sens au niveau de l’épargnant : elle a peut-être (si on veut la sauver du non sens total) pour fonction de faire accepter le paradigme : si vous voulez, brave gens, assurer votre épargne, veuillez vivre à crédit… Injonction paradoxale ou folie furieuse.

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      • LS // 06.09.2019 à 13h34

        On peut aussi dire qu’une épargne est un revenu qui n’est pas consommé.
        Les crédits font les dépôts mais vu du niveau agrégé du système bancaire seulement, certainement pas vu du compte de l’épargnant.

        Je suis d’accord avec vous sur les conséquences de 2008 et sur l’état du marché immobilier mais, dans l’absolu, une dette peut également être remboursée par augmentation des gains de productivité (augmentation du PIB s’il n’y a pas d’autre limitation de la croissance des facteurs de production, c’est à dire des ressources naturelles, des capacités d’innovations voire de la démographie).
        Il n’est pas obligatoire de faire appel à l’inflation, cf la réduction de la dette anglaise (de 250 % du PIB à 30%) de 1815 à 1900 dans un contexte de monnaie or avec une faible inflation. Bien sûr, il ne faut pas s’arrêter aux conséquences sociales qui en ont découlé, mais c’est une autre discussion.

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    • Fabrice // 06.09.2019 à 16h19

      Les états ont obligés les banques à prendre des obligations d’Etat aussi parce que le soutien du milieu bancaire a déstabilisés les dettes des Etats, Ex : La Grèce quoi que l’on en dise c’est retrouvé dans cette situation parce qu’elle a été contrainte d’accepter la dette des banques qui allait faire défaut ce qui aurait déstabilisé principalement les Banques Allemandes et françaises.

      Mais nous aussi la dette de l’état a été déstabilisé à la fois par le soutien des banques mais aussi par le fait que l’état à pris le relai des banques qui n’assuraient plus le financement de l’économie réelle, cette crise à approximativement coûté à la France 1500 milliards de PIB https://www.capital.fr/economie-politique/la-crise-de-2008-a-10-ans-voila-ce-quelle-a-coute-a-la-france-1314379 la finance a beau jeu de ne compter que le soutien à leur milieu sans compter les effets secondaires de la crise belle hypocrisie de leur part, qui désormais font la morale sur la dette des états.

      Si cela n’avait que moi les banques aurait été nationalisée le temps de rembourser tous les frais de la crise et les présidents de banques mis en prison, séparation stricte des banques d’affaire et de placement et désormais pour les actionnaires engagement sur leurs biens en cas de nouvelle crise (ce n’est pas moi qui l’invente voir charles Gave, bon pas la nationalisation).

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    • bhhell // 07.09.2019 à 17h47

      Argument libertaire classique: ce n’est pas la faute de la finance. C’est la faute de l’Etat, qui vient à la rescousse. Pourtant, tout vient des bas salaires (Dieu se rit des créatures qui déplorent les effets dont elles chérissent les causes). La financiarisation de l’économie en découle. Croire à une remontée des taux dans ce contexte de gel voire baisse des salaire et fonte de l’épargne est fantaisiste. La dette est exponentielle. La croissance, en revanche, ne l’est pas. Elle n’est d’ailleurs même pas soutenable, mais cela, pas question de l’admettre

      Toute réflexion économique sérieuse devrait pourtant partir du réel, dont voici un aperçu:
      https://www.youtube.com/watch?v=kLzNPEjHHb8

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  • Kokoba // 06.09.2019 à 09h59

    Scénario simple mais qui décrit assez bien la réalité.

    Il est aussi assez probable qu’on ne puisse déjà plus sortir du problème.
    La FED a essayé pendant un moment de faire remonter les taux mais s’est rapidement heurtée à une limite : dès qu’on augmente les taux, c’est la faillite pour tous ceux qui ont emprunté (et ils sont très/trop nombreux vu qu’ils ont profité des taux bas).
    La seule solution est donc de continuer le Quantitative Easing et les taux bas, ce qui alimente le problème, jusquà ce que le système explose.

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    • observateur // 06.09.2019 à 11h33

      Non justement. La FED ou la Banque du Japon de peuvent remonter les taux de base car ceci provoquerait immédiatement un écroulement du marché boursier (actions, obligation d’entreprise, etc) parce que les véhicules a taux fixes (obligation d’état par exemple) deviendraient immédiatement attractifs. C’est la raison principale.
      Le marché boursier sert de valeur (contre-partie) aux retraites dans de nombreux pays et en France sert a garantir l’une des maladies chroniques des épargnants….la sempiternelle assurance-vie.

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    • MS // 06.09.2019 à 12h51

      Oui mais si on laisse les taux bas, c’est la faillite des fonds de pension et des systèmes de retraite par capitalisation qu’on essaie de nos vendre en ce moment, et l’euthanasie des retraités

        +6

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  • Sam // 06.09.2019 à 10h46

    QE, taux négatifs, autant d’artifices pour continuer à injecter massivement de l’argent dans le système parce que le jour où ils arrêtent, le système s’écroule.
    Tout ça garanti par les Etats sinon c’est pas marrant…

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    • Saint Maurice // 06.09.2019 à 11h37

      ce n’est que très moyennement garanti par l’Etat… demandez à Lehman brother et tant d’autres….

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      • Sam // 06.09.2019 à 13h16

        Lehman Brothers, c’est des requins qui se bouffent entre eux.

        Toutes les banques centrales (privées) émettent de la monnaie garantie in fine par les états (publics), qu’elles redistribuent « en interne » pour sauver le système financier via les QE ou les taux négatifs.
        D’ailleurs, ce coté « en interne » (cet argent ne sort pas du circuit financier) permet aussi de ne pas créer « trop » d’inflation malgré l’augmentation de la masse monétaire. Ca permet aussi de sortir 1000 milliards d’€ et de rester discret.

        C’est pour ça aussi qu’ils ne pourraient pas faire un « QE social », comme donner 1000€ à tous les européens qui vivant eux dans l’économie réelle créerait immédiatement une inflation terrible.

        Ca montre aussi toute l’hypocrisie de la pensée libérale : trop d’état, liberté, …, et « en même temps » l’état vu comme un puits sans fond, une source infinie d’argent (public).
        Et l’aspect magique : ce n’est pas les états qui garantissent les banque effectivement, mais la croyance des investisseurs dans les capacités de remboursement des états (capacités pourtant dépassées depuis longtemps).
        Là encore, c’est du vent (personne ne remboursera jamais toutes ces dettes), mais si on arrête d’y croire (ou de faire croire que l’on y croit AAA…), alors le système s’effondre…

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  • Saint Maurice // 06.09.2019 à 11h25

    « Les taux négatifs ne figurent pas dans les manuels d’économie, les grands économistes n’ayant pas envisagé ce scénario qui paraissait complètement aberrant.  »

    Kalecki avait expliqué les taux négatifs avec une simplicité désarmante dans son article « Political Aspects of Full Employment » publié en 1943 et il est surprenant de découvrir son anticipation de la baisse des taux d’emprunts jusqu’à être négatifs et de l’impôt transformé en subvention.

    « Lors de la nouvelle crise, il sera alors nécessaire de réduire encore d’une part, les taux d’intérêt pour que les entreprises et les ménages continuent à emprunter pour échanger, et d’autre part les taux d’imposition afin toujours de permettre les échanges de biens et services.
    Ainsi dans un futur pas si lointain, le taux d’intérêt devra être négatif (puisque même avec des taux proches de zéro, les emprunts n’augmentent toujours pas) et l’impôt sur le revenu devra être remplacé par une subvention au revenu pour que les ménages encore une fois puissent continuer à échanger.
    La même chose surviendrait si on tentait de maintenir le plein emploi en stimulant l’investissement privé : les taux d’intérêt et d’impôt sur le revenu devraient être continuellement réduits.
    (Kalecki)

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  • Saint Maurice // 06.09.2019 à 11h27

    Dans la boite à outils contre la déflation (qui correspond à une diminution de la quantité d’argent disponible pour les échanges et donc à une baisse des prix), les néokeynésiens ont trois outils pour que les ménages et les entreprises augmentent leurs dépenses, les échanges et l’emploi.

    Premier outil : baisser les taux d’intérêt afin de pousser ménages et entreprises à emprunter et à dépenser, c’est tenté (parfois même avec des taux nuls…), mais cela n’a pas marché… Nous l’avons vu, cela a peu d’effet s’aperçoit la banque centrale depuis quelques années, car ce qui compte (dans la vraie vie des gens) pour emprunter, c’est la situation globale du pays et des entreprises et non pas les taux proposés…Quand ça allait bien tout le monde (les gens à l’aise surtout) empruntait et tant pis si les taux étaient élevés, quand ça va mal beaucoup moins, même si les taux sont bas…

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  • Saint Maurice // 06.09.2019 à 11h28

    Deuxième outil : la banque centrale prête (fabrique) de l’argent aux banques secondaires (BNP, Société Générale, crédit agricole…) pour que ces dernières prêtent à leurs tours : c’est cela que l’on nomme le quantitative easing (assouplissement quantitatif), mais cela n’a pas marché…Pour les mêmes raisons…

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  • Saint Maurice // 06.09.2019 à 11h28

    Troisième outil : si personne ne veut emprunter alors il faut leur donner directement de l’argent, on appelle cela la monnaie hélicoptère comme jetée d’un hélicoptère… Et cela peut s’appliquer par exemple par un revenu universel (à partir de l’argent fabriqué par l’État sans achats d’actifs en contrepartie), par l’État comme employeur en dernier ressort (si le plein emploi n’est pas atteint et que des possibilités de production sont présentes)… Cette dernière solution bien connue depuis Friedman en 1969, est seulement médiatisée depuis quelques mois. Auparavant, quiconque en aurait parlé se serait fait traiter de fou…

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    • chr bernard // 06.09.2019 à 11h37

      Cette monnaie hélicoptère (comme toute démarche Keynesienne, au fond ..) a-t-elle un sens dans un monde sans frontière pour les capitaux, les hommes et les marchandises ?
      Cela ne revient-il pas à verser de l’eau chaude dans la mer avant d’y prendre son bain ?

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    • observateur // 06.09.2019 à 11h44

      Cette idée a été publicisé, depuis plusieurs années par les GAFA, par la Silicon Valley qui sont conséquentes. Comment vivre dans un monde ou l’emploi disparaît…en reportant cette allocation de base sur l’état.

        +0

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  • observateur // 06.09.2019 à 11h41

    Les taux d’intérêt négatifs forcent les gens à consommer et la consommation reste le moteur essentiel de l’économie.
    Si la consommation augmente trop, in-fine dans ce cas les épargnants disparaissent, on peut ensuite faire remonter les taux de base….pour combattre l’inflation.

    Les états sont endettés mais les entreprises partout le sont beaucoup plus peu importe le système.

    Les taux de base du livret A (un exemple) sont déjà en territoire négatif quand on les compare avec l’inflation réelle.

      +2

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  • Jérôme // 06.09.2019 à 14h16

    Les taux d’intérêts négatifs sont un syndrome de quelque chose de beaucoup plus profond.

    Même pas d’un excès d’épargne ou d’une manipulation de la politique monétaire par les banques centrales.

    Non, bien plus fondamental, ils illustrent le fait qu’on est en train d’atteindre les limites des mécanismes de fonctionnement de l’économie de marché dans un monde physiquement limité/fini.

    Les gains de productivité et l’augmentation tous azimuts des capacités de production détruisent les marges : on arrive à un stade très avancé de la baisse tendancielle du taux de profit expliquée par Marx.

    On est tout près du mur physique au delà duquel il n’existe plus de perspective de hausse des recettes rentables. Les taux d’intérêts négatifs sont un moyen de prolonger artificiellement et vainement le manège.

    Mais mathématiquement, quand vous devez vous endetter chaque année de 100 pour augmenter vos revenus de seulement 50, vous détruisez en fait de la valeur et des revenus futurs dans une proportion plus importante que vos gains immédiats artificiels.

      +10

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    • Saint Maurice // 06.09.2019 à 16h39

      « on est en train d’atteindre les limites des mécanismes de fonctionnement de l’économie de marché dans un monde physiquement limité/fini. »

      Avec le système actuel d’économie mixte (puisqu’une partie des moyens de production est privée, une autre est publique), avec des impôts pour financer les dépenses de l’Etat, tout peut bien fonctionner (en gardant la quantité d’argent circulant proportionnelle à la quantité de biens et services proposés).

      Le problème est que ce système n’est pas respecté (fraude, optimisation, paradis…) et donc l’Etat est obligé d’emprunter (à ceux qui payent pas tous leurs impôts prévus!!), d’augmenter les impôts de ceux qui les payent…

      Mais à mon sens il n’y a pas de mur physique, juste une arnarque et puis bien sur les problèmes d’énergie +++

        +1

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  • JCH // 06.09.2019 à 15h36

    Quelqu’un peut il m’expliquer en quoi le Bitcoin est un actif “tangible”?
    Il me semblait justement que c’était l’exemple type d’un actif totalement virtuel…

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    • Caton l’Ancien // 09.09.2019 à 11h15

      Les gens qui disent ça le font pour, je crois, trois types de raisons :

      1) La création de Bitcoin est prévue à l’avance donc il ne peut pas y avoir de QE ni aucune « planche à billet » en Bitcoin.
      2) Chaque Bitcoin créé l’est en contrepartie d’un « travail » ie d’un calcul informatique bien précis. Les Bitcoins ne sont jamais créé pour rien.
      3) Ils ont des opinions politiques proches du libertarianisme et tout ce qui contourne l’Etat est, à leurs yeux, digne de toutes les louanges.

      La raisons 3) n’est pas sérieuse. Ceux qui disent 1) et 2) ont à la fois raison et tort :
      * raison au sens où, strictement parlant, 1) et 2) sont vrais (encore que comment des décisions importantes comme un fork sont prises ? Quelles décisions peuvent être prises de cette façon ?).
      * tort car il est très douteux que 1) et 2) suffisent à faire d’un « actif » l’équivalent d’une monnaie.

      Le plus gros problème est qu’objectivement, un bitcoin n’est qu’une donnée informatique. Elle n’a de valeur que parce qu’un nombre suffisant de personnes estiment que cela en a mais vienne le jour où ces gens changeront d’avis et le Bitcoin ne vaudra plus rien. Beaucoup comparent avec la bulle sur la tulipe.

      Un billet de banque (ou une compte en banque informatisé) n’a objectivement aucune valeur non plus mais il y a l’autorité de l’Etat pour forcer les choses : ce n’est qu’à la condition de lui verser des euros que le fisc vous considérera comme quitte ; et les commerçants sont tenus d’accepter vos euros comme moyen de paiement.

        +0

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  • cording // 06.09.2019 à 20h55

    Les banques sont censées respecter des règles prudentielles, que Philippe Herlin nous parle donc du shadow-banking ?
    Les banques qui vous font crédit ouvrent en réalité une ligne de crédit sur leurs comptes qui ne représente aucune réalité. Mais l’emprunteur rembourse en vrai argent d’après ses revenus, donc les banques gagnent en réalité de l’argent.

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  • Irae // 07.09.2019 à 03h36

    Juste une omission dans ce scenario mais qui accentue encore davantage la fuite vers les actifs tangibles l’ensemble (aberrant à mon sens) des prélèvements fiscaux sur les produits de l’épargne. Le salariat étant en conséquence taxé une fois sur les salaires puis une seconde fois sur ses économies.
    Et en effet, au moins en IDF retour notable à la hausse du secteur immobilier.

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  • Irae // 07.09.2019 à 04h11

    En fait je lis tous ces commentaires très instructifs sur le plan théorique mais tout ça me rappelle la crise des TIC.
    On avait cru a un potentiel de croissance infini pour le secteur et cela s’est effondré.
    C’est qu’au-delà de tous les outils, stratégies et savants mécanismes, l’être humain n’a que 2 yeux et un seul cerveau (pour les TIC) une bouche et un estomac…etc.
    Limites que le marketing à coup de design et de mode tente de repousser pour maintenir un cycle frénétique de consommation (c’est-à-dire destruction) ravageur pour la planète.
    Bienvenue en absurdie libérale avec ses fadaises du genre main-invisible.

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  • STOP // 08.09.2019 à 08h49

    Les taux d’intérêts négatifs, c’est très simple à comprendre !

    Si la Valeur est le travail, vous payez pour travailler… Qui n’a pas encore compris ?

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    • julien // 14.09.2019 à 13h29

      C’est ça
      Et comme le pauvre n’a pas d’argent, il n’a pas de travail
      Et comme le riche ne travaille pas il ne paye pas
      Donc pas de travail

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  • Max // 14.09.2019 à 19h07

    Si tout ce ceci est un moyen d’inflater les actifs, dont nos détenteurs et autres exploitants abusent allègrement. Ils gardent tout de même comme règle absolue et limite indépassable, de garder intact la confiance en la monnaie. Laisser filer la déflation et racheter les pertes à prix cassés reste pour moi l’option envisagée. Pour eux souhaitable afin de purger et éliminer du circuit les nons rentables, et les boiteux qui minent l’économie… Un avis éclairé là dessus ?

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