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14.septembre.202014.9.2020 // Les Crises

George Orwell : le journalisme appliqué à la littérature

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Source : Le Comptoir, Ludivine Bénard

Si George Orwell est principalement connu en France pour « 1984 » et « La ferme des animaux », il paraît impossible, au vu de la diversité et de la qualité de ses autres écrits, de le réduire au statut de romancier. Car c’est une somme d’articles en tout genre que l’homme nous aura laissés à sa mort, le 21 janvier 1950. Des reportages, des chroniques, des analyses politiques…
Toute cette production journalistique a nourri les romans et essais du socialiste mais ne semble pas avoir passionné ses biographes, Bernard Crick ou Simon Leys par exemple, qui ont eu plus largement à cœur – et on les comprend – de rendre compte des combats politiques de l’écrivain, contre l’impérialisme et le totalitarisme, pour le socialisme et l’avènement d’une société décente.
Pourtant, la carrière journalistique d’Orwell, véritable témoin de son époque, qui a vécu l’impérialisme anglais en Birmanie, la guerre d’Espagne et la Libération de Paris, se révèle un outil précieux pour comprendre, au plus près, l’homme et sa pensée.

« D’après tout ce que je sais, il se peut que, lorsque ce livre [Animal Farm] sera publié, mon jugement sur le régime soviétique soit devenu l’opinion généralement admise. Mais à quoi cela servirait-il ? Le remplacement d’une orthodoxie par une autre n’est pas nécessairement un progrès. Le véritable ennemi, c’est l’esprit réduit à l’état de gramophone, et cela reste vrai qu’on soit d’accord ou non avec le disque qui passe à un certain moment. » Orwell, 1945

L’œuvre orwellienne est impressionnante. En cumulant les carrières d’écrivain et de journaliste dans une sorte de paranoïa artistique, Orwell s’est livré, comme foule de monstres sacrés de la littérature avant et après lui, du comte de Mirabeau à Romain Gary, en passant par Émile Zola, Antoine de Saint-Exupéry ou Albert Camus, à un exercice périlleux.

Si la mission du journaliste, dans une définition très péguyste, doit se limiter à « dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité, dire bêtement la vérité bête, ennuyeusement la vérité ennuyeuse, tristement la vérité triste », la littérature ne saurait se subordonner à telles considérations et peut, à tout loisir, explorer l’imaginaire et en faire ressortir les plus grandes fantaisies. Deux missions que tout oppose, a priori. Pourtant, le plus grand écrivain du XXe siècle, comme il est qualifié au Royaume-Uni, sut se faire l’un et l’autre, à chaque fois brillamment.

Et bien que son biographe le plus célèbre, Bernard Crick, voie en lui un romancier et un essayiste hors pair mais un journaliste quelconque, certains, à l’instar du journaliste Marc Mentré, qui a largement inspiré cet article, estiment que c’est le travail colossal sur chacun de ses articles qui a permis au socialiste d’affiner son style mais aussi ses idées. Le journaliste Eric Blair et le romancier George Orwell n’ont donc rien d’un docteur Jekyll et M. Hyde.

Mieux, Blair veut être Orwell, comme le souligne Bernard Crick : « Cette part d’Orwell de lui-même était pour Blair une image idéale qu’il devait essayer d’atteindre : une image faite d’intégrité, d’honnêteté, de simplicité, de conviction égalitaire, de vie frugale, d’écriture dépouillée et de franc-parler ; en un mot, l’idéal d’un homme déterminé à tout prix à énoncer des vérités pas bonnes à dire. »

« Orwell était foncièrement vrai et propre ; chez lui, l’écrivain et l’homme ne faisaient qu’un – et dans ce sens, il était l’exact opposé d’un homme de lettres »

De l’amour de la langue anglaise à la théorie de la « vitre transparente »

Orwell a toujours su qu’il serait écrivain. Mais, pendant longtemps, non seulement il ne sut pas COMMENT écrire mais pire, il ne sut même pas QUOI écrire. Il apprit donc, comme on apprend à jouer d’un instrument. Inlassablement, il écrivait et réécrivait, revenant sans cesse sur chaque mot, chaque phrase.

Il apprit avec les autres écrivains, se forçant à apprendre par cœur des passages entiers qu’il recopiait. Avec, toujours, un seul but : parvenir à un style d’écriture limpide, clair, précis, débarassé de toute fioriture inutile. Orwell, l’amoureux de la langue anglaise, a vite compris que la simplicité de cette langue, qui a peu de conjugaisons et pas de déclinaisons, est à double tranchant.

Voilà pourquoi Orwell se fera le chantre d’une écriture aseptisée, luttant « sans cesse contre l’approximation, contre l’obscurité, contre le leurre des adjectifs décoratifs, contre l’invasion des racines latines et grecques et, surtout, contre les expressions toutes faites et les métaphores éculées qui encombrent la langue ». Il a longuement abordé ces problèmes dans Pourquoi j’écris (1946), à l’époque où il commence la rédaction de 1984 et où l’idée de novlangue germe en lui.

Le langage, vecteur de la pensée, ne peut être abîmé sans que celle-ci n’en pâtisse. Maltraiter la langue, c’est tuer la pensée. Dans Two Cheers for Democracy, l’écrivain E. M. Forster rappelle à quel point Orwell est attaché à un usage correct de la langue : « Orwell avait une passion pour la pureté de la prose. […] Si la prose se dégrade, la pensée se dégrade, et toutes les formes de communication les plus délicates se trouvent rompues. La liberté, disait-il, est liée à la qualité du langage, et les bureaucrates qui veulent détruire la liberté ont tous tendance à mal écrire et à mal parler, à se servir d’expressions pompeuses ou confuses, à user de clichés qui occultent ou oblitèrent le sens. » Des propos qui ne sont pas sans rappeler le fameux « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde » d’Albert Camus.

« Une chose particulièrement frappante dans l’article du Pr Bernal, c’est l’anglais à la fois pompeux et avachi dans lequel il est écrit. Ce n’est pas par pédantisme que je le signale : les relations qu’il y a entre les habitudes de pensée totalitaires et la corruption du langage constituent une question importante qui n’a pas été suffisamment étudiée. »

L’écriture orwellienne visera donc, dans une éthique très journalistique au fond, la simplicité, la force, la vérité et la clarté. « Bannir le pittoresque au profit de l’exactitude.[…] La bonne prose est comme une vitre transparente », assène-t-il. L’art de l’auteur culmine dans son propre effacement, le style orwellien s’oublie : ne reste que le propos, froid comme l’acier.

Ce style naît avec son premier roman, Dans la dèche à Paris et à Londres (1933), témoignage de ses expériences dans la misère sociale et la précarité du sous-prolétariat. Pour Simon Leys, « Orwell a créé là une forme neuve qu’il devait dans la suite porter à sa perfection […] et qui demeure, dans l’ordre purement littéraire, sa contribution stylistique la plus originale : la transmutation du journalisme en art, la recréation du réel sous le déguisement d’un reportage objectif, minutieusement attaché aux faits. »

Il poursuit, dans ce qui s’avère être les plus belles pages de sa biographie : « Ce que l’art invisible et si efficace d’Orwell illustre, c’est que la « vérité des faits » ne saurait exister à l’état pur. Les faits par eux-mêmes ne forment jamais qu’un chaos dénué de sens : seule la création artistique peut les investir de signification, en leur conférant force et rythme. L’imagination n’a pas seulement une fonction esthétique, mais aussi éthique. Littéralement, il faut inventer la vérité. »

Orwell, critique littéraire qui dégaine plus vite que son ombre

En 1928, George Orwell, rentre de Birmanie, où il s’était engagé dans la police impériale des Indes — une expérience qui fera de lui un anticolonialiste convaincu. C’est le début de son activité de critique littéraire, qui le mènera entre autres à la BBC, où il diffuse des émissions culturelles, puis à la direction des pages littéraires de l’hebdomadaire de gauche travailliste The Tribune.

Si certains écrits l’enthousiasment, ceux de Henry Miller lui donnant par exemple « envie de tirer une salve d’honneur de vingt-et-un coups de canon », d’autres au contraire l’exaspèrent au plus haut point, jusqu’à tirer, à balles réelles, sur certaines revues. « Il l’accrochait à un arbre et vidait le chargeur de son pistolet sur cette cible improvisée jusqu’à ce qu’il n’en restât plus rien. » Et les coups n’étaient pas moins forts quand le critique trempait la plume dans la plaie. En témoigne par exemple cet extrait : « A Hind Let Loose est, comme tous les livres de Montague, ennuyeux et creux.

Encore une de ces auteurs « pétillants d’esprit » — tout en bulles et rien en goût, comme l’eau de Seltz. » Ou celui-ci, à propos d’Angel Pavement, un roman de J.B. Priestley, écrivain connu, primé et adulé à l’époque : « Il suffit de comparer ces six cent pages honnêtement ficelées aux autres romans de Londres pour se demander aussitôt avec incrédulité s’il est vrai que quelqu’un a réellement pu prendre un jour M. Priestley pour un maître. Si rien dans son œuvre n’est rédhibitoire, on cherche en vain la lueur de beauté, le moindre semblant de profondeur de beauté, le moindre semblant de profondeur de pensée, le brin d’esprit, capable de laisser une trace dans la mémoire. »

Orwell, contrairement à foule de ses confrères, ne mâche pas ses mots. Une franchise qu’il expliquera une dizaine d’années plus tard, à la BBC. Pour lui, durant les années 1930, la « critique vraiment judicieuse, scrupuleuse, honnête, traitant l’œuvre d’art comme une valeur en tant que telle, a vu son exercice devenir à peu près impossible ».

Et Orwell de pointer une seule raison à cette déroute : l’écrasement de la littérature par la propagande. « Dans un monde où fascisme et socialisme se livraient un combat sans merci, tout individu conscient devait choisir son camp, et ses convictions devaient inévitablement se refléter dans ses écrits mais aussi dans ses jugements littéraires. » En ressort une mise en garde, plus qu’actuelle si on en croit les réactions après la sortie de Soumission, de Michel Houellebecq : « Nos jugements esthétiques sont toujours affectés par nos croyances et nos préjugés. »

Tout homme qui voudra émettre un jugement sur une oeuvre devra au préalable s’affranchir de tous ses poncifs. Et c’est parce que l’honnêteté d’Orwell est d’abord intellectuelle que l’écrivain pourra affirmer sans crainte : « Le péché mortel, c’est de dire : « X est un ennemi politique donc c’est un mauvais écrivain » ».

Conscient (et donc libéré) de ses préjugés, Orwell expliquera ainsi, dans Politique contre littérature, qu’entre « l’approbation des opinions d’un écrivain et le plaisir que procure son œuvre », il faut savoir raison garder :

« Si l’on est capable de détachement intellectuel, on peut apprécier les mérites d’un écrivain avec lequel on est en profond désaccord, mais cela est tout autre chose que d’éprouver du plaisir.[…] Si un livre vous irrite, vous heurte ou vous alarme, vous n’y trouverez aucun plaisir, quels qu’en soient les mérites. S’il vous semble réellement pernicieux, susceptible d’exercer une quelconque influence dangereuse, vous serez probablement porté à élaborer une théorie esthétique lui déniant tout mérite. La critique littéraire actuelle consiste dans un large va-et-vient frauduleux entre deux systèmes de valeurs. Et cependant le phénomène opposé peut également se produire : le plaisir peut l’emporter sur la désapprobation, même si l’on reste parfaitement conscient de son désaccord avec ce qui le procure. »

Orwell reporter : la nécessité de la vérité

Si l’écriture d’Orwell est sans cesse tiraillée entre l’exercice politique et l’exercice stylistique, l’homme est plus prompt à l’action dès que l’urgence se fait sentir. Ainsi, en 1937, il rejoint les milices du POUM (Parti ouvrier d’unification marxiste) pour combattre les nationalistes de Franco. S’il y était en simple citoyen et qu’il n’a absolument rien écrit sur place, c’est son retour en Angleterre, où la désinformation circule éhontément, qui le poussera à témoigner.

Aucun mot, aucune parole ne circule en effet pour expliquer à quel point les soviétiques ont trahi la cause républicaine en Espagne, les commissaires politiques du Komintern ayant été sur le front pour assurer la répression au sein des forces communistes dissidentes, telles que les trotskistes et les militants du POUM. Orwell, qui aura été grièvement blessé par une balle fasciste, manqua ensuite de peu la répression soviétique. Celle-ci le poursuit à Londres, où les publications progressistes bien-pensantes censurent ses commentaires, participant de la réécriture de l’Histoire. Pour la première fois, Orwell est directement confronté au mensonge totalitaire, qui lui fera dire ces mots : « L’Histoire s’est arrêtée en 1936. »

Comme François Bordes le décrit dans les pages qui lui sont consacrées dans Radicalité : 20 penseurs vraiment critiques, Orwell est « animé par la volonté d’écrire et de raconter, de témoigner et de dénoncer ». Qu’étaient ces plongées dans les bas-fonds du prolétariat sinon les prémices d’enquêtes diverses, de reportages ? Comment ne pas rapprocher cette volonté de savoir, de connaître et de dénoncer avec la volonté des reporters de guerre, entre autres, dont le métier, souvent vécu comme une passion, consiste à informer ceux qui justement n’y sont pas, de donner à voir et à comprendre ? En mai 1945, l’occasion fait le larron : il devient envoyé spécial de l’Observer et couvre la Libération de la France et l’avancée des troupes alliées en Allemagne.

Son travail, excellent, est méticuleux et argumenté, ses reportages, dix-neuf au total, sont poussés et prolongés par des essais et des tribunes. Le journaliste Marc Mentré rapporte, très justement, l’avis du biographe d’Orwell, Bernard Crick, quant à son activité de reporter. Un avis plus que mitigé : « Écrire des reportages et écrire des essais sont deux choses très différentes. Il est curieux que les journaux fissent appel à lui plutôt pour les pages d’actualité que pour des articles moins fréquents mais de facture plus longue. Orwell accomplit ce travail avec sérieux, mais sans mettre en jeu sa propre personnalité […] le résultat final était une colonne qui, bien qu’écrite avec professionnalisme, aurait tout aussi bien pu être faite par beaucoup d’autres. Il mérita son salaire mais ne fut pas particulièrement brillant. » Un avis que Mentré remet en cause avec moult arguments, et on ne saurait que lui donner raison.

De l’enquête journalistique au roman

« Lorsqu’on lit les reportages d’Orwell sur la France, on est frappé par l’excellente connaissance qu’il avait du contexte politique français, et des enjeux qui se posent au pays à la Libération, ainsi que sa capacité à expliquer une situation complexe à ses compatriotes. […] Il s’avère être un excellent reporter. Il sait raconter, mais aussi distancier et contextualiser, comme dans cet étonnant article Les paysans bavarois ne connaissent pas la guerre où il décrit d’abord un paysage rural et tranquille […] avant d’enchaîner : « une question se pose encore et encore. Dans quelle mesure ces paysans, de toute évidence simples et doux, qui se rassemblent à l’église le dimanche matin habillés sobrement de noir, sont-ils responsables des horreurs des Nazis ? » »

De la destruction des villes par les bombardements aux problèmes logistiques entraînés par l’accumulation des prisonniers de guerre, Orwell se montre lucide et visionnaire. Allant jusqu’à envisager la future division de l’Allemagne.

« Aujourd’hui, l’idée que la Russie, la France et les Anglo-Américains sont plus ou moins hostiles les uns envers les autres et veulent des politiques différentes semble largement répandue. Il est très dangereux de laisser cette idée s’ancrer, et l’échec dans le fait de définir à l’avance les zones d’occupations, ainsi que la pratique des différentes armées de lever leur drapeau national dans les zones qu’ils occupent, l’a encouragée. »

Si Crick estime que « jouer au correspondant de guerre fut […] dangereux pour sa santé et d’aucune aide véritable pour son œuvre », Mentré note avec justesse que toutes ces expériences ont forcément eu un impact sur son œuvre, allant jusqu’à rapprocher la description du corps de Winston Smith, après ses interrogatoires dans 1984 — « Ce qui était vraiment effrayant, c’était la maigreur de son corps. Le cylindre des côtes était aussi étroit que celui d’un squelette. Les jambes s’étaient tellement amincies que les genoux étaient plus gros que les cuisses. » — à ceux des rescapés des camps.

Ou encore, cet exemple d’article, Vers l’unité européenne, paru dans le numéro de juillet-août 1947 de Partisan Review, où il analyse ce que serait, selon lui, le monde avec des superpuissances dotées de l’arme atomique, un monde qui ressemble trait pour trait à celui dépeint dans 1984, où Oceania, Eurasia et Estania ne peuvent se vaincre.

« Le monde partagé entre deux ou trois super-États, dont aucun ne pourrait l’emporter sur les autres et qu’aucune rébellion interne ne saurait renverser. Selon toute probabilité, leur structure serait hiérarchisée, avec une caste de demi-dieux au sommet et des esclaves à la base ; l’anéantissement complet des libertés dépasserait tout ce que le monde a connu jusqu’ici. Au sein de chaque État, on créerait le conditionnement psychologique approprié en coupant toutes les relations avec le monde extérieur et en simulant une guerre permanente avec les États rivaux. Des civilisations de ce type pourraient rester statiques pendant des milliers d’années. »

« Un pays a les journaux qu’il mérite »

On a vite fait de dire qu’Orwell est d’actualité. Simon Leys, en commençant sa biographie, estime que « ce mort continue à nous parler avec plus de force et de clarté que la plupart des commentateurs et politiciens dont nous pouvons lire la prose dans le journal de ce matin ». S’il est un domaine où l’homme s’est particulièrement montré visionnaire, et pour rester dans la droite ligne de cet article, c’est celui de la presse, et plus particulièrement sur la liberté d’expression.

Déjà, il remarque que la presse de qualité est beaucoup moins lue que les tabloïds et autre presse racoleuse. Comment ne pas penser à toutes les aides à la presse déversées chaque année lorsqu’on lit ces lignes, vieilles pourtant d’il y a plus d’un demi-siècle : « Aucune commission royale ne parviendra à améliorer sensiblement la presse à gros tirage, quels que soient les moyens de contrôle dont elle se dote. Nous aurons une presse populaire et sérieuse et véridique le jour où l’opinion publique l’exigera activement. » ?

L’écrivain en arrive à cette conclusion, implacable : « Ce qu’on ne dit pas assez souvent, c’est qu’un pays a les journaux qu’il mérite. » Un véritable appel, plus qu’actuel, à pousser les gens à aller s’informer pour de vrai, sans jamais se laisser aller à la facilité du prêt-à-penser que certaines rédactions servent aux lecteurs sur une assiette.

Déjà, il note que la liberté d’expression sera protégée par le peuple, et non par la loi. Comment ne pas penser à tous ces chiens de garde du système, détenteurs (et cumulards) des titres de presse français ? « Le fait que la presse soit aux mains d’un petit nombre de personnes a des effets très semblables à ceux d’une censure étatique. »

Comment oublier que les lois d’après 1945 interdisant la concentration des titres de presse ont toutes été bafouées et oubliées en moins de temps qu’il ne faut pour l’écrire ? Quelle presse aujourd’hui peut affirmer être totalement indépendante et ne pas être totalement soumise aux difficultés économiques ?

Et pour conclure, ces quelques lignes, où chacun y verra l’actualité qu’il voudra. Orwell revient sur l’arrestation et la condamnation de cinq vendeurs de journaux et de revues de gauche pour entrave à la circulation. Ce qui lui fait dire ces quelques mots : « Aucun vendeur de journaux et de brochures ne devrait en aucun cas être inquiété. Que telle ou telle minorité soit en cause — qu’il s’agisse des pacifistes, des communistes, des anarchistes, des Témoins de Jéhovah ou de la Légion des réformateurs chrétiens, qui a récemment déclaré que Hitler était Jésus-Christ — est une question secondaire. »

Source : Le Comptoir, Ludivine Bénard

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Commentaire recommandé

Vincent // 14.09.2020 à 10h10

Je doute que mon commentaire passe la modération, mais lire de tels mensonges me pousse à tenter quand même l’aventure.

Lisez « Une histoire Birmane » et vous verrez tout le bien qu’Orwell pensait de la colonisation. L’honnêteté intellectuelle et existentielle qui l’ont poussé à critiquer un système dont les évènements l’ont fait complice pour un temps semble vous échapper totalement. C’est pourtant un témoignage inestimable.

Le vieux mensonge à propos d’Orwell collaborant avec les services britanniques a été depuis longtemps réfuté, à de nombreuses reprises, même si la presse française qui lui est notoirement hostile ressort « l’affaire » régulièrement. Lisez « Orwell face à ces calomniateurs », qui détaille comment un article parfaitement mensonger du Guardian a été monté en épingle par quelques « intellectuels » prétendûment de gauche, en grande partie parce que leur parcours sinueux ne peut pas se réclamer de la même rigueur. L’intégrité d’Orwell, jusqu’à ce jour indubitable, agace beaucoup leurs petits esprits d’intrigants. Du pur ressentiment.

43 réactions et commentaires

  • calal // 14.09.2020 à 07h37

    L’écrivain en arrive à cette conclusion, implacable : « Ce qu’on ne dit pas assez souvent, c’est qu’un pays a les journaux qu’il mérite. »

    A titre de comparaison, l’allemagne a des journaux televises tres courts de 15-20 minutes et une presse papier qui ne coule pas tandis que la france a la « grande messe » du journal de 20h qui dure 45 minutes et une presse papier que pas grand monde ne lit.

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    • LibEgaFra // 14.09.2020 à 08h07

      L’Allemagne comme la France a une presse aux ordres pour relayer les mensonges de la cia.

      Piqûre de rappel:

      https://duckduckgo.com/?t=ffsb&q=udo+ulfkotte+cia&ia=web

        +12

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      • Rémi // 14.09.2020 à 12h47

        La presse allemande est surement aux ordres, mais elle sombre moins dans le courtisianisme. J’ai déjà vu un présentateur télé contrer le patron de VW en trois questions. On était loin de l’homme qui a voyagé dans la caisse.
        Je dirait que la presse Allemande a su garder sa dignité même si au final elle fait le même travail que la francaise. Mais en 15 minutes elle n’a pas besoin de se vautrer dans la fange pour remplir son journal.

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        • Pierre Darras // 14.09.2020 à 17h40

          Vous n’avez jamais lu la Bild Zeitung la parole. 🙂

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  • LibEgaFra // 14.09.2020 à 08h04

     » Le monde partagé entre deux ou trois super-États, dont aucun ne pourrait l’emporter sur les autres et qu’aucune rébellion interne ne saurait renverser. Selon toute probabilité, leur structure serait hiérarchisée, avec une caste de demi-dieux au sommet et des esclaves à la base ;  »

    Exactement le projet de Nietzsche avec un empire européen, destiné à être le maître du monde.

    N’est-ce pas ce que nous sommes en train de vivre, mais avec une ue vassale de de l’hégémon yankee?

    Sauf qu’un de ces super-états essaie toujours et encore de l’emporter…

      +3

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  • Urko // 14.09.2020 à 08h07

    Bien des sujets abordés par le papier semblent très actuels, notamment la censure de fait à laquelle aboutit la concentration des médias entre quelques mains, mais le plus important me paraît l’allusion au fait que les porteurs du totalitarisme usent toujours d’un langage trafiqué pour singer la complexité voire la démarche scientifique. Pour ceux qui croient volontiers les intuitions de Orwell, cela fournira un indice supplémentaire sur les progressistes extrémistes – toujours friands de termes tels que « système de domination », d’études « de genre », d’écriture inclusive et autres cuistreries de guignols dont certains ont d’ailleurs avoué avoir truqué les résultats de leurs études – et de ce à quoi leur projet mène inéluctablement : au totalitarisme le plus féroce.

      +8

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    • X // 14.09.2020 à 11h33

      Oui. C’est un effet collatéral de la religion du scientisme, promue d’ailleurs par les tout premiers socialistes Saint-Simon et Comte (sous le nom de « nouveau christianisme »)
      Peut-on à votre avis pousser l’analogie avec l’actuelle crise sanitaire que nous traversons ? Et avec la crise écologique ?

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  • JM Bourget // 14.09.2020 à 08h34

    Orwell, flic en Inde puis agent des services britanniques. Dénonçant Chaplin et Katherine Hepburn comme « communistes »…. Ami de la CIA et de l horrible Koesler…joli coco.

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    • LibEgaFra // 14.09.2020 à 08h45

       » Ami de la CIA et de l horrible Koesler…joli coco. »

      Que reprochez-vous à Koestler?

        +2

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      • Fernet Branca // 14.09.2020 à 21h59

        Orwell une victime de l’environnement de sa naissance l’Empire sur lequel le soleil ne se couche jamais.Quant à savoir s’il a collaboré avec les services secrets britanniques il faudra attendre encore un peu les archives sont ouvertes après un siècle au Royaume Un, à la différence des USA qui croyant être le camp du bien declassifient après 30 ans.

          +1

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    • Vincent // 14.09.2020 à 10h10

      Je doute que mon commentaire passe la modération, mais lire de tels mensonges me pousse à tenter quand même l’aventure.

      Lisez « Une histoire Birmane » et vous verrez tout le bien qu’Orwell pensait de la colonisation. L’honnêteté intellectuelle et existentielle qui l’ont poussé à critiquer un système dont les évènements l’ont fait complice pour un temps semble vous échapper totalement. C’est pourtant un témoignage inestimable.

      Le vieux mensonge à propos d’Orwell collaborant avec les services britanniques a été depuis longtemps réfuté, à de nombreuses reprises, même si la presse française qui lui est notoirement hostile ressort « l’affaire » régulièrement. Lisez « Orwell face à ces calomniateurs », qui détaille comment un article parfaitement mensonger du Guardian a été monté en épingle par quelques « intellectuels » prétendûment de gauche, en grande partie parce que leur parcours sinueux ne peut pas se réclamer de la même rigueur. L’intégrité d’Orwell, jusqu’à ce jour indubitable, agace beaucoup leurs petits esprits d’intrigants. Du pur ressentiment.

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      • degorde // 15.09.2020 à 05h20

        Désolé mais l’appartenance et le rôle de Orwell à l’IRD créé par Bevin comme instrument de propagande anticommuniste en 1946 est avéré notamment par un excellent ouvrage « Who Paid the Piper » de Frances Stonor Saunders. Cet ouvrage explique comment était employé Orwell et combien il recevait. A lire absolument

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        • degorde // 15.09.2020 à 05h48

          Autre ouvrage qui évoque le lien d’Orwell et sa dépendance avec l’IRD « The Migthy Wurlitzer » de Hugh Wilford. Notamment les pages 108 et suivantes où est expliquée la promotion de « Animals’Farm » par les services de renseignements américains qui ont financé les traductions et même une bande dessinée. Le coût de l’opération fut de 500 000 dollars sur lesquels la CIA a contribué à hauteur de 300 000 dollars en 1954 pour l’adaptation à travers une société écran « Touchstone Inc ».
          L’ouvrage est plein d’autres exemples concernant Orwell

          Encore une fois un ouvrage jamais traduit en français à cause d’un véritable véto littéraire. Cependant pour ceux qui lisent l’anglais on le trouve assez facilement.

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      • degorde // 15.09.2020 à 05h34

        Le lien d’Orwell avec les services britanniques aurait été réfuté et à de nombreuses reprises ? Quand ? Par qui ? Ca n’est pas précisé.
        Par contre ses liens avec l’IRD sont attestés par l’ouvrage dont j’ai rappelé le titre un peu plus haut. A lire absolument donc, notamment le passage page 295 à 298 sur la génèse de son livre « la ferme des animaux ». Edifiant. tout le reste est à l’avenant. Orwell n’est pas un cas isolé puisque à la même époque environ 400 journalistes et intellectuels étaient stipendiés par les services occidentaux notamment l’IRD et la CIA à travers l’organisation connue sous le nom de « Congress for Cultural Freedom »; les personnes intéressées y trouveront des informations sur Raymond Aron notamment et bien d’autres figures connues du monde culturel français.
        Il est facile de réfuter les liens d’Orwell car cet ouvrage n’a pas été traduit en français ou l’a été mais est désormais introuvable. De même n’a pas été traduit le livre de Richard Aldrich « The Hidden Hand » qui explique le recrutement de personnages comme Orwell.

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        • Grd-mère Michelle // 15.09.2020 à 12h12

          Merci de ces infos intéressantes…
          Pouvez-vous nous dire: sur base de quels arguments (à part la rétribution) ces auteurs étaient-ils recrutés? (Si cela se trouve dans les livres en anglais que vous avez eu la chance de lire)
          On pourrait ainsi déterrer les racines profondes de l’anti-communisme… ce qui permettrait sans doute de critiquer plus formellement le capitalisme…

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          • X // 15.09.2020 à 15h08

            Pour vous donner une idée du type d’ »info intéressantes » que nous divulgue @degorde, je vous suggère la lecture de cet article http://www.librairie-tropiques.fr/2019/11/permanence-et-transformations-de-l-imperialisme-ideologique.html

            L’intérêt de cet article réside dans le fait qu’il nous fournit en annexe, un scan des pages consacrées à Orwell dans le livre de Frances Stonor Saunders « Qui mène la danse » ; il ne s’agit pas des « pages 108 et suivantes » vantées par @degorde » mais des pages 302 à 308. On y lit que la CIA a transformé les œuvres de Orwell APRES sa mort, trahissant délibérément le propos d’Orwell qui voulait, dans ses œuvres, dénoncer non pas le seul communismes mais TOUS les régimes à visée totalitaire (y compris capitalistes, donc).

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            • X // 15.09.2020 à 17h31

              Je viens de relire le message de @Desgorde, plus haut a 05:48 et je réalise qu’il conseille 2 autres livres, en anglais effectivement. Et que la citation des pages concerne ces livres.
              Autant pour moi (je pensais répondre à son post du15/09 a 05:36)

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            • X // 15.09.2020 à 17h46

              Mais quoiqu’il en soit ces livres ne sont pas « introuvables », on peut facilement les acheter sur Amazone.

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            • degorde // 16.09.2020 à 07h51

              Vous finassez, ca n’est pas un argument. Celà étant ça dépend des éditions. Vous devriez savoir que le livre de Saunders a connu plusieurs tirages et que le titre diffère selon l’édition américaine ou britannique.
              La CIA a adapté ses oeuvres, mais il n’empêche que le livre démontre bel et bien les liens d’Orwell avec l’IRD. Ceci n’est pas réfutable.
              Pourquoi croyez vous qu’ils aient dépensé autant sur ses oeuvres ?

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          • degorde // 16.09.2020 à 07h54

            En fait le recrutement d’intellectuels comme Orwell et de tas d’autres avait lieu dans un cadre plus vaste qu’on appelle « non communist left policy »; le principal critère était la participation de ces écrivains et journalistes à des polémiques contre le mouvement communiste avant guerre et parfois leur propre appartenance passé au mouvement communiste avec lequel ils avaient rompu. Vous trouverez plus de détails sur tout ca dans « Hidden Hand » de Aldrich ou les ouvrages de Frank Costigliola.
            A propos demandez vous pourquoi ces ouvrages ne sont jamais traduits. Cordialement

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        • X // 15.09.2020 à 14h10

          Ce livre n’a pas été traduit en français ? Vous voulez parler de «  qui mène la danse? La CIA et la guerre froide culturelle »?
          Ce bouquin est pourtant en vente sur Amazon et plein d’autre sites…

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          • degorde // 16.09.2020 à 07h49

            A quel prix ? il n’a été édité en français qu’une fois. Actuellement les seules copies disponibles qui subsistent se vendent autour de 300 euros

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            • X // 16.09.2020 à 10h08

              Oui. Ok. Mais vous dites que cet ouvrage dit « combien il recevait ». Or on ne lit rien de tel dans les pages scannees que l’article de la librairie tropique met en ligne.
              Et pour cause. Les raisons qui ont poussé Orwell à faire sa liste ne sont pas claires. Il se peut qu’il ait été manipulé.
              Je ferais également remarquer que quelques années plus tôt, c’était une grande gloire pour les résistants français de collaborer avec les services secrets britanniques et qu’ils sont encore célébrés pour cela aujourd’hui… Bien sûr les œuvres d’Orwell ont toujours laissé penser que lui ne mangeait pas de ce pain là. Mais malgré tout je trouve cette affaire de liste relativement anecdotique; ça ne suffit pas à discréditer sa pensée.

              Et en tout cas, il n’y a aucune preuve concernant l’influence des services secrets anglo-saxons lors de la genèse de « la ferme des animaux » comme votre message du 15/09 a 05:48 le suggère.

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        • Vincent // 19.09.2020 à 11h25

          J’ai déjà cité le livre où l’histoire de la liste établie par Orwell est racontée comme elle doit l’être : il avait une liste établie par lui pour ses besoins personnels, qu’il a communiquée à une amie pour lui éviter de s’adresser à des stalinistes plus ou moins convaincus pour écrire de la propagande anti-communiste. Point. Il n’y a pas de secret, pas de scoop. Orwell n’aurait rien renié publiquement de ce que comporte cette liste, qui n’avait d’ailleurs aucun intérêt pour les services secrets britanniques, puisque les personnes citées étaient connues et leurs opinions aussi.

          Avez-vous lu Orwell ? Vous semblez éprouver un intérêt compulsif pour tout ce qui pourrait minimiser la sincérité de son engagement, mais aucun pour son œuvre : huit romans (tous intéressants), dont deux sont devenus des classiques de la littérature mondiale, des centaines d’articles et de lettres, de critiques de livres, etc, un engagement politique sans aucune ambiguïté, et une postérité intellectuelle immense.

          Mais la seule chose qui vous intéresse, c’est une histoire de caniveau qui ne contient rien et que vous essayez de faire passer pour une révélation, en citant des livres introuvables d’auteurs quasi-inconnus. Orwell défendait une ligne anti-stalinienne ET anticapitaliste. On peut discuter de l’opportunité de ses choix et des compromis qu’il a dû trouver avec la social-démocratie de l’époque, mais encore faudrait-il connaître les convictions qu’il défendait et pourquoi. Et le fait que la CIA ait détourné ses œuvres à des fins de propagande ne change rien à l’affaire.

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    • Urko // 14.09.2020 à 11h07

      Je pensais que ces racontars avaient été depuis longtemps oubliés, mais non. Étonnant que des mensonges aussi grossiers prospèrent encore. Mais à l’heure où prolifèrent les Savonarole et autres Beria des réseaux sociaux, la disqualification de l’adversaire non par des arguments mais par de la moraline de bac à sable connaît une seconde jeunesse… Dommage.

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      • degorde // 16.09.2020 à 19h44

        Quels mensonges ? Regardez donc ceci
        https://orwell.ru/a_life/list/english/e_list

        et ces ouvrages si le coeur vous en dit :
        Richard J. Aldrich, The Hidden Hand : Britain, America, and Cold War Secret Intelligence (John Murray, 2001) ;
        James Smith, British Writers and MI5 Surveillance, 1930-1960 (Cambridge University Press, 2013), en particulier le chapitre sur Orwell et Arthur Koestler, p. 110-151 ;
        Andrew Defty, Britain, America and Anti-Communist Propaganda, 1945-1953 : The Information Research Department (Routledge, 2004)

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  • Theoltd // 14.09.2020 à 09h42

    Un pays a les journaux qu’il mérite. Et les blogs aussi…..

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  • Pierre Darras // 14.09.2020 à 09h48

    La Ferme aux Animaux est avec les Misérables et Les Raisins de la Colère, le meilleur pamphlet que j’ai jamais lu.
    L’analyse est d’une justesse terrible et s’applique à tous les totalitarismes.
    Cependant, dans sa haine du stalinisme, Orwell jette le bébé avec l’eau du bain. C’est le stalinisme qui a vaincu l’horreur absolue nazie. C’est le stalinisme qui a tellement terrifié les ploutocrates qu’ils ont crée ce capitalisme à visage humain qui agonise depuis la fin de l’URSS. En 1990, l’URSS a laissé une population en bonne santé, avec un niveau d’étude très satisfaisant, des infrastructures de bon niveau et des entreprises qui se sont avérées finalement trésor rentable une fois offerte à des voyous pour des queues de cerise
    Et en Chine, si l’application du capitalisme fut effrayante au début, tout à fait orwellienne, il faut reconnaître qu’aujourd’hui, les Chinois n’ont jamais été aussi heureux dans leur histoire. Ils peuvent voyager en masse et étudier à l’étranger, nulle émigration massive vers la paradis occidental .
    Orwell est resté statique. En fait, un vrai
    conservateur à l’ancienne sauce anglaise.

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    • degorde // 15.09.2020 à 05h36

      Je souscrit à votre commentaire; du reste vous devriez lire l’ouvrage de Frances Stonor Saunders « the cultural cold war » pour y découvrir les liens d’Orwell avec les services de renseignement britanniques et leur division de propagande anti communiste mise sur pied à partir de 1946. On y découvre la génése de son ouvrage « la ferme des animaux » et « 1984 ». Edifiant.

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  • RGT // 14.09.2020 à 09h48

    « combats politiques de l’écrivain, contre l’impérialisme et le totalitarisme, pour le socialisme et l’avènement d’une société décente »

    Il était pour un « Socialisme » au sens anarchiste du terme, c’est à dire SANS une autorité centralisée qui décide de tout à la place des citoyens.

    Anarchisme qui l’a conquis pendant la guerre d’Espagne quand il a constaté que ce système politique était le plus égalitaire qui puisse exister, contrairement aux « républiques » (« démocratiques » ou pas) qui ne sont que des dictatures imposant à tous les citoyens le « bon vouloir » des « élites ».

    Lisez simplement ses œuvres, de « La ferme des animaux » à « 1984 » et vous comprendrez immédiatement, si vous prenez un tant soit peu de recul, que les dérives qu’il dénonçait n’étaientt pas une critique du bolchevisme ni du nazisme mais simplement de TOUT système politique centralisé, qu’il soit « démocratique » ou pas.

    Je sais, je me répète, mais à mon âge on a tendance à radoter.

    Tant que les humains seront sous le joug de dirigeants (« élus » tous les 5 ans ou pas) et n’auront pas la possibilité de dire « STOP » à chaque instant la situation ne fera qu’empirer.

    Il suffit de voir la répression globale (étatique, policière, médiatique) qui s’est déchaînée contre les « gilets jaunes » pour comprendre l’évidence : La plus grande crainte de ces « élites bienveillantes » (tous partis confondus, de la « drouaaate » à la « gôôôôche ») est simplement de perdre leurs « avantages acquis » leur permettant d’imposer leurs volontés à la population sans que celle-ci n’ait la moindre possibilité de s’y soustraire.

    Quant aux « révolutions », relisez simplement « la ferme des animaux » et vous comprendrez qu’elles ne sont qu’une fumisterie destinée à permettre à une « caste » de devenir « calife à la place du calife ».

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    • Pierre Darras // 14.09.2020 à 10h09

      Les anarchistes, et autres gauchistes ont toujours été, de fait, les meilleurs alliés des ploutocrates .

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      • LibEgaFra // 14.09.2020 à 11h22

        «  »permettre à une « caste » de devenir « calife à la place du calife ».

        Cf. Pareto et sa théorie de la circulation des élites.

        « Les anarchistes, et autres gauchistes ont toujours été, de fait, les meilleurs alliés des ploutocrates . »

        De même que les anti-capitalistes, les trotskystes, les communistes, les syndicalistes, les socialistes (?), les soumis et les insoumis, sans parler des fascistes. Bref à ce compte-là, il ne restera bientôt plus que les ploutocrates eux-mêmes pour faire la révolution. Il s’y emploie déjà (cf. Macron)… à leur profit.

        Et la conscience de classe, bordel !

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        • Pierre Darras // 14.09.2020 à 17h42

          Oui, d’ailleurs ils ont même privatisé le communisme.

            +2

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      • degorde // 16.09.2020 à 19h45

        Sans compter le lumpen prolétariat, il suffit de relire Marx

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    • Grd-mère Michelle // 14.09.2020 à 15h33

      « Tant que les humains seront sous le joug de dirigeants(« élus » tous les cinq ans ou pas), et n’auront pas la possibilité de dire « STOP » à chaque instant, la situation ne fera qu’empirer. »

      D’abord, il faudrait que les humains comprennent que les élections conduisent à attribuer une charge de pouvoir rétribuée(temporaire, à reconsidérer en fonction des actes politiques accomplis) à des « représentant-e-s » sensé-e-s suivre les directives de la majorité des votant-e-s, et non à des « dirigeant-e-s » qui les méprisent et les abusent.
      Dans ce cadre démocratique, il est possible de révoquer judiciairement tout qui bafoue les lois du pays, et, électoralement, tout qui ne conforme pas ses actes d’élu-e-s à la volonté populaire.

      Pour que cela arrive et fonctionne, il serait nécessaire de prôner l’HONNÊTETÉ des divers médias et des nombreux organismes d’information et d’éducation/enseignement chargés(aussi rétribués par nos soins) de nous aider à établir nos choix.

      Ce qui fait empirer la situation, c’est la CONFUSION, sans doute de plus en plus programmée, qui obscurcit l’intelligence naturelle(capable d’identifier les besoins communs réels, indispensables à l’équilibre/la santé d’une société et du phénomène de la vie en général) de générations entières, afin de diviser pour régner.

      Les graves périls environnementaux peuvent provoquer un sursaut d’intelligence et de solidarité dans la masse des opprimé-e-s. Il est plus que temps!

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      • Grd-mère Michelle // 15.09.2020 à 13h55

        Ah oui… c’est vous qui « détestez l’écriture inclusive, tout en la préférant aux alternatives politiques autoritaires voire fascisantes…. »
        C’est ce que je qualifierais de « processus de révolution permanente individuelle »…
        terme utilisé en recherche spirituelle(ou « intellectuelle ») longtemps avant son utilisation politique.

        Veuillez bien excuser, svp, l’humble obstination d’une femme qui, au soir de sa vie, tente d’exister en tant que telle dans des débats à propos de l’avenir de sa progéniture, et en solidarité avec ses sœurs humaines brimées, en pratiquant l’écriture inclusive en français(ma langue maternelle que j’apprécie pour son immense complexité, et que je défendrai de toutes mes forces vis-à-vis du « globish » normatif).
        Rien de « féministe » là-dedans, étant donné que la pratique de l’écriture inclusive souligne régulièrement les erreurs des femmes qui tentent de copier les hommes dans des pulsions funestes de compétition et/ou de vengeance(dirigeant-e-s).

        Le patriarcat est certainement le plus ancien et répandu totalitarisme, s’étant accaparé l’évolution des langues qui, plus que tout, édifient notre espèce et peuvent nous aider chaque jour à devenir un peu plus humain-e-s, plus intelligent-e-s(un peu moins « bêtes », plus capables de comprendre notre état de petits mammifères parlants et de surmonter nos instincts).

        La confusion n’est pas le résultat de la complexité(qui peut induire diverses convictions claires et précises) mais celui du mensonge et de l’omission, plus ou moins conscients mais souvent destinés à masquer des objectifs inavouables.

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    • Grd-mère Michelle // 14.09.2020 à 15h44

      La seule vraie révolution, c’est la révolution permanente, autant d’une société que de chacun-e des individus qui y trouve refuge et doit pouvoir œuvrer à sa transformation continuelle.

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      • X // 14.09.2020 à 16h34

        Vous êtes sérieux ou bien vous tournez en dérision le progressisme ?
        N’est-ce pas d’ailleurs Marx qui attribuait cette propension à la révolution permanente au capitalisme libéral?

        PS: en vous lisant je crois avoir enfin décelé la vraie raison d’être de l’écriture inclusive : agresser le lecteur en lui mettant en permanence sous les yeux l’idée de lutte des sexes…

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  • Brosse a Dante // 14.09.2020 à 23h30

    « George Orwell : le journalisme appliqué à la littérature »
    C’est une assez bonne definition d’Orwell

    Il a tres bien vu certains mécanismes, il a compris ce qui c’est passé du moins mécaniquement, philosophiquement c’est une autre histoire. C’est un descripteur du passé, qui regarde en arrière comme un journaliste. Il a fait du journalisme.

    Mais il manquait d’imagination, et pour cette raison il a été incapable d’imaginer ce qui va se passer. Les romanciers sont souvent bien plus lucide et anticipateurs, comme Franz Kafka.

    Huxley a beaucoup mieux perçu ce qui nous pend au nez, quand le machinsime s’empare du corps. Un changement qui rend obsolète toute grille de lecture politique hérité du 20e.

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    • Grd-mère Michelle // 16.09.2020 à 15h18

      « Huxley a beaucoup mieux perçu ce qui nous pend au nez… »
      Oui, intéressant et amusant aussi le roman « Jouvence » qui, mine de rien et au travers d’une étude des mœurs de son temps, nous mène à la découverte d’une expérience trans-humaniste délirante.

      À lire aussi, « Un bonheur insoutenable » de Ira Levin, qui, parmi les romans d’anticipation que j’ai lus, me semble le plus proche de notre époque à tendance hyper-numérisée.

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  • degorde // 16.09.2020 à 08h02

    Il n’est pas question, du moins pour moi, de nier le talent d’Orwell. Loin de là.
    On rappellera simplement qu’il l’a prostitué, ce qui n’est pas la même chose.
    Il n’est même pas un poil à gratter mais son parcours est intéressant à connaître et nécessaire d’être connu. Il est bon que certains rappellent ses engagements et compromissions.
    ce qui ne veut pas dire qu’on refuse de tirer les conséquences des dictatures du siècle, loin de là.

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    • X // 16.09.2020 à 11h22

      « Il l’a prostitue ». Qu’est-ce qui vous autorise à dire ça? Dans le livre de Saunders il n’est pas question de sommes touchées par Orwell de la part des services secrets US ou GB pour écrire ce qu’il a écrit. Bizarre qu’elle soit passée à côté de ça si c’est avéré.

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  • Grd-mère Michelle // 17.09.2020 à 14h41

    Au modérateur: (Olivier?)
    Je constate que vous avez supprimé ma réponse à quelqu’un qui critiquait, encore une fois, mon choix de l’écriture inclusive(ainsi que la critique en question).
    Mais vous n’avez pas supprimé le commentaire de X du 14/9 à 16h34 (auquel je répondais en même temps, si vous ne l’aviez pas compris) qui m’accuse de vouloir « agresser le lecteur en lui mettant en permanence sous les yeux l’idée de lutte des sexes ».
    Dois-je comprendre que vous êtes d’accord avec lui (auquel cas vous n’avez pas du tout compris ma réponse)?
    J’avais essayé d’expliquer le plus sincèrement et honnêtement possible les raisons de mon choix obstiné, et je me sens profondément blessée, exclue de ces débats en raison de mes « différences », dont mes positions souvent « radicales »(qui cherchent à identifier les racines des causes et des effets de la problématique abordée) que vous considérez probablement « hors sujet », tout en laissant place à d’interminables tergiversations sur des détails somme toute insignifiants(ceci n’est pas un reproche…chacun-e passe son temps à lire ce qu’il/elle veut!)

    Votre modération se révèle ainsi dans la droite ligne du « formatage des esprits » qui est, quelque part, le sujet de cet article, et intentionnelle(car elle doit vous prendre un temps fou!)
    À moins que vous n’agissiez que systématiquement, par réflexe « partisan »…
    Dommage, car le choix des articles que vous proposez est rare et inspirant (trop nombreux, un par jour suffirait et permettrait de les lire/suivre tous).

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